Bulletin électronique trimestriel de la Société d’histoire de la région de Terrebonne

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA RÉGION DE TERREBONNELA FOURNÉE 148, rue Saint-André Terrebonne, Québec, J6W 3C3 Volume XV n° 2 Décembre 2016 - février 2017 www.shrt.qc.ca

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PATRIMOINE La Maison Jean- L’Arbre des généreux (campagne Notre Baptiste Dupré, côte de Terrebonne histoire parmi la vôtre) – 2015 (À lire en page 3) À lire en page 19.

AU SOMMAIRE

TERREBONNE • RETOUR SUR PHOTO : VERS 1915, RUE SAINT-ANDRÉ, AU COIN DE SAINT-PIERRE Chronique de Claude Blouin, historien, qui met en évidence les transformations de certains sites du territoire de la Ville de Terrebonne. Dans cette li- vraison, il examine la rue Saint-André vers 1915. Suite à la page 7

SHRT-RADIO : AMIEL, UN PATRIOTE IGNORÉ DE ’37 Première émission du radio-roman de Grichon, Nouveau conseil d’administration élu le 11 février 2016 (© Gilles Fontaine, photographe) commandité par le Cie de tabac Terrebonne, et diffusé par la station CHLP-La Patrie, en 1937. Suite à la page 9

ESSAI : PANORAMA HÉRALDIQUE DE LA FAMILLE MASSON D’origine modeste, Joseph Masson, seigneur de Ter- rebonne, avait-il un blason?, par Thomas de la Mar- nierre, étudiant en histoire et guide-animateur. Suite à la page 14 Rue Sainte-André, entre 1910 et 1915 (SHRT) Normand Brière, administrateur

GÉNÉALOGIE : PETITS CONSEILS POUR BIEN DE- NOTRE PROCHAINE MARRER (par Normand Brière, généalogiste) CONFÉRENCE La façon de faire de la recherche en généalogie a Le jeudi 5 janvier 2017 grandement évolué et s’est modernisée au cours des à 19 h 30. 20 dernières années Tous les détails à la Suite à la page 18 page 20.

La Fournée, vol.XV, n° 2, Décembre 2016 - février 2017 | © Société d’histoire de la région de Terrebonne ISSN 2291-5087 LA FOURNÉE PAGE2

Le mot du président «ÇA BOURDONNE. ON NE CHÔME PAS À LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE…»

QUE LE TEMPS passe donc vite! nancement nécessaire à la réalisation grammation, quelqu’un qui saura nous C’est déjà le moment de vous de sou- de cette activité et à André Fontaine et concevoir un programme de conféren- haiter de joyeuses fêtes et… «le paradis son équipe de comédiens qui ont livré 4 ces qui suscite l’intérêt des membres; à la fin de vos jours», comme on disait émouvantes représentations, à l’exté- un comité de programmation vient dans le temps. rieur, par 5 degrés au mercure. Nous épauler le responsable. Enfin, notre continuons d’être présents sur le terri- vice-président, Gilles Fontaine, va quit- Ça bourdonne toire et de faire rayonner le patrimoine ter le CA en raison de ses activités pro- L’automne 2016 a été fort capti- au sein de diverses associations ou co- fessionnelles de journaliste. Un bon vant à la Société d’histoire. La confé- mités de travail. Bref, ça ne chôme pas président n’est rien sans appui, je solli- rence du 22 septembre, présentée par à la Société d’histoire. cite donc l’aide d’un éventuel bras l’historien Stéphane Tessier, nous a droit! N’hésitez pas à communiquer permis d’accueillir de nombreux visi- Du sang neuf, SVP avec moi pour en discuter. Manifestez- teurs et voisins, qui sont venus décou- Non, ça ne chôme pas. Mais je vous, SVP! vrir les grandes lignes de l’histoire de dois être honnête avec vous, le petit Saint-François-de-Sales. Le 27 octobre, groupe de bénévoles qui alimente cette Assistance aux conférences notre député fédéral, Michel Boudrias, grande ruche est de plus en plus es- On observe qu’au cours de la der- nous a livré un beau témoignage de sa soufflé. Nous avons grandement besoin nière année l’assistance aux conféren- carrière militaire en Afghanistan tout de sang neuf. Je m’adresse à vous per- ces est en baisse. Rien de dramatique, en nous décrivant de belles pages d’his- sonnellement. Nous aurons lors de la mais juste assez pour susciter un ques- toires du Royal 22e Régiment lors de la prochaine assemblée générale du 9 tionnement de la part des membres du Première Guerre mondiale. Le 24 no- février prochain, à combler plusieurs CA. Encore une fois, on veut votre avis. vembre dernier, David Ledoyen nous a postes au sein du conseil d’administra- Y a-t-il une raison qui explique votre fait plonger dans le quotidien des sol- tion. Nous avons particulièrement be- absence récente ou régulière à nos con- dats du régiment de Carignan-Salières soin d’une personne pour prendre en férences mensuelles? Que peut-on faire et leur équipement. Les visites de Six charge le volet des communications; pour vous y voir plus souvent et régu- pieds sous terre se sont poursuivies en cette personne sera appuyée d’un comi- lièrement? octobre, toujours à guichet fermé. Les té. La SHRT fait beaucoup d’activités En terminant, permettez-moi au ateliers d’histoire vont bon train. Notre qui doivent être promues (dépliant, nom des membres du conseil d’admi- petite équipe de recherche en histoire affiche, publicité, communiqué, confé- nistration de vous transmettre nos et en généalogie planche à fond sur rence de presse, site Web, Facebook, meilleurs vœux des fêtes et une année l’étude du recensement de Terrebonne etc.). C’est pourquoi, il nous faut une 2017 exceptionnelle. Fidèle à notre de 1921. Et que dire de la merveilleuse personne disposant de certaines con- tradition, je vous donne rendez-vous activité Au Feu! qui fut présentée les 18 naissances dans ce domaine pour me- pour notre «Veillée des Rois», le 5 jan- et 19 novembre dernier. Ce fut formi- ner à bien la visibilité de la SHRT et de vier prochain, à 19h30 à la chapelle du dable. Un merci tout particulier à ses activités. Nous avons également Collège Saint-Sacrement. Claude Blouin qui a su trouver le fi- besoin d’un responsable de la pro- Claude Martel, président

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M.-F. Despatie, J.-M. Robitaille, Marc Lincourt, Claude Blouin, André Fontaine et Claude Martel (Le Revue) Les fondateurs (c. 1985)

L’ARBRE DES GÉNÉREUX Fondateurs et mécènes, 1985

Œuvre originale de l’artiste terrebon- Avant : N. Gouger, M. nien Marc Lincourt, l’Arbre des généreux a Lachapelle-Desjardins, été dévoilé en grandes pompes à la Mai- son d’histoire, le 13 novembre 2015. Jocelyne Caron; Plusieurs personnalités et un grand Arrière: C. Blouin, A. nombres de donateurs avaient répondu Despatis et D. Hardy. à l’invitation du comité du financement, sous la présidence de Mme Marie- Comité financement France Despatie. Une centaine de per- «Notre histoire parmi la sonnes, familles ou entreprises ont ins- vôtre» crits leur nom dans l’arbre (tronc ou feuillage) moyennant une contribution Marie-France Despatie et de 250$, 500$ ou 1000$. Nicole Boisvert, avec la La campagne de financement, inti- complicité de Gloria Élias, tulée Notre histoire parmi la vôtre, a duré Normand Brière et Arthur quelque 16 mois et avait pour but de Heppell (trésorier) ramasser suffisamment de fonds pour l’achat de matériel de numérisation de documents sous micro-formes, la réali- sation d’activités à grand déploiement et ultimement la publication d’une histoire de Terrebonne. Dévoilement de l’Arbre des généreux Arts à la trace 2015 «L’Arbre est une représentation 13 nov. 2015 (Photo ©Diane Legault) symbolique portant les donateurs et les familles qui ont fait Terrebonne» ; on y Note de l’éditeur Finaliste pour le prix Patrimoine de retrouve des milliers de noms, depuis les Tous les hyperliens sont actifs. Ils vous permettent de l’année 2016 racines jusqu’au feuillage. compléter votre information. Il suffit de cliquer.

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Représentation d’Au feu, à la Maison d’histoire et dans les rues du Quartier historique (Photo ©Mélanie Vallières) Normand Brière, administrateur

AU FEU! 2016 «obscurs» et du sens à leurs propos. Ils ont Natif de Terrebonne et été leurs voix, leurs gestes, leurs émotions. représentant une branche de Les deux soirées (4 représentations) des 18 Dans l'ordre habituel : et 19 novembre ont été un très grand suc- la 8e génération de Brière à 1) Logan Pelletier (enfant de choeur), Élora y vivre, Normand s’intéresse cès. Quelque 111 participants ont fait un Pelletier (Thérèse Rochette, enfant); voyage dans le temps rempli d'émotions, à l’histoire locale, mais plus 2) Sylvie Petit (Florida Rochette), Marie- particulièrement à la grâce à nos dix comédiens, l'animateur, Danielle Beaudin (Alexina Jacques), Caro- l'équipe technique et les bénévoles. La So- généalogie, passe-temps qu’il line Moïse (Georgeline Ouimet), Dominic pratique depuis une vingtaine ciété d’histoire tient à exprimer toute sa Pelletier (Marcel Richard), Laurelou Cha- gratitude à l’équipe, tout particulièrement à pleau (Albertine Labelle) et François-René d’années. Laurelou Chapleau, Caroline Moïse et An- Despatis L’Écuyer (Napoléon Gauvreau); Ayant vu son père dré Fontaine qui ont su coordonner l’en- 3) Normand Nantel (Bonaventure Brière), s’impliquer dans plusieurs semble de l’oeuvre avec Claude Blouin. Des Stéphane Poudrier (Joseph Limoges), Nor- mouvements politiques et remerciements particuliers s’adressent à mand Ouimet (Eugène Labelle), Gilles Fon- communautaires, il lui a notre équipe de bénévoles à l'accueil : Lor- taine (curé Sinaï Comtois) et André Fon- semblé normal d’en faire raine Lafrenière, Muriel Chaurette, Thérèse taine (guide animateur). autant, le moment de la Levac, Carole Limoges et Yvan Goyette. Nos comédiens ont pu donner leur retraite venu. C’est pourquoi, On ne peut passer sous silence tout le pleine mesure grâce aux 111 spectateurs étant devenu membre de la travail de l'équipe technique qui a mis en attentifs, à la fois ravis et émus aux larmes, SHRT en 2012, il en place les accessoires d'animation, d'évoca- parfois : 111 fois merci d'avoir accepté notre tion de l'incendie et d'éclairage : François devient un des invitation. administrateurs en 2014. Il Lavoie et Yvon Jean. Ni le travail alerte de Cette édition de l’événement a été ren- l'équipe de sécurité qui a fait en sorte s’engagea alors à développer due possible grâce à nos commanditaires et le volet généalogie et s’investit qu'aucun incident n'est venu gâcher le fête : donateurs : André Fontaine, conseiller du Normand Brière et Claude Martel. Si toute à l’aménagement des salles district 12, le restaurant Grizzly’s Pasta Grill de recherche de la Maison l'équipe d’Au feu était en forme et dynami- de Terrebonne, Enviroservices de Terre- que, il faut rendre grâce à Laurelou Cha- bonne, la Librairie Lulu de Mascouche et la d’histoire. Plusieurs projets pleau et Sylvie Petit qui ont préparé et servi Pharmacie Julie Lauzon Familiprix Extra en lien de la généalogie, plus des buffets «à la hauteur». du secteur Lachenaie de Terrebonne. particulièrement celle des On doit une fière chandelle à celles et Grand merci et à l'an prochain! familles de Terrebonne, ceux qui ont donné vie à ces personnages sauront l’occuper pour encore bien des années à venir.

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Le 3 novembre 2016, la SHRT accueillait l’AQIP lors d’un 5 à 7 ayant pour thème Le patrimoine…autrement. Raymond Paquin, trésorier

LE 5@7 DE L’AQIP Les Arts à la trace est un circuit piéton- Le benjamin d’une famille nier qui arrime les arts visuels, la musique et solidement implantée dans le La SHRT avait le bonheur et le plaisir d’ac- le théâtre à l’histoire et au patrimoine. En Vieux-Terrebonne depuis les cueillir les membres de l’Association québé- dehors des sentiers habituels, il fait décou- années 1930, Raymond a fait coise des interprètes du patrimoine (AQIP), ses études primaires à l’école St- vrir le riche patrimoine bâti du Quartier dont elle est membre depuis 2013, lors d’un Louis, puis à la régionale historique, ses personnages d’autrefois, ses 5 à 7 tenu le jeudi 3 novembre 2016. L’évé- Duvernay comme on appelait à artistes. l’époque notre commission nement, qui rassemblait quelque 25 per- Au feu! est une visite guidée animée trai- scolaire. Par la suite, ce fut sonnes essentiellement de la région de tant de l’incendie du 1er décembre 1922, l’exode à Montréal, puis à Montréal, avait pour thème Le patrimoi- Sherbrooke où il a obtenu une qui provoque des rencontres avec une di- ne…autrement. Il était transmis en direct par licence en droit. Devenu avocat, zaine de personnages ayant vécu les événe- il est entré au service de web caméra sur la page Facebook de l’asso- ments : des témoins qui racontent leur per- l’Association des hôpitaux du ciation. ception de la tragédie et leurs mésaventures. Québec, dans laquelle il a fait À cette occasion, Claude Blouin et An- l’essentiel de sa carrière Une occasion aussi de découvrir le «bas du dré Fontaine de SHRT ont présenté les professionnelle dans le domaine village» avant et après le grand incendie. événements Les Arts à la trace (tenu en mai) et des ressources humaines. Parallèlement, le mari de Au feu! (tenu en novembre), considérés L'AQIP est un organisme sans but lu- Francine, enseignante auprès comme des moyens innovateurs de faire cratif, légalement constitué en 1977 et re- des tout-petits et le papa de découvrir et d’interpréter le patrimoine. trois belles filles, gymnastes et connu par le ministère de la Culture, des trampolinistes au club Viagym, Communications et de la Condition fémi- il s’est tout naturellement nine du Québec. impliqué dans la gestion du Elle a mission de faire connaître le mé- club dont il est le président. tier d'interprète du patrimoine au Québec; Retraité, il partage ses activités entre ses tâches de tuteur à la elle fait la promotion des bonnes pratiques Téluq, son implication au sein du métier. du conseil d’administration de Elle regroupe des personnes, des entre- l’Association des pharmaciens prises ou des organismes désireux de mettre d’établissement de santé et à la SHRT comme trésorier. Pour en commun leur expérience professionnelle ne pas perdre ses racines et de parfaire leur connaissance en commu- terrebonniennes (!) et les faire nication du patrimoine. grandir si possible.

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Nos conférences mensuelles – Saint-François-de-Sales, le Royal 22e régiment, Régiment de Carignan-Salières

SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES LE ROYAL 22E RÉGIMENT RÉGIMENT DE CARIGNAN-SALIÈRES

Le 22 septembre, en la magnifique Le 27 octobre, à l’approche du mois Le 24 novembre, David Ledoyen et chapelle Saint-Tharcisius du Collège des vétérans, c’est devant une assistance Mario Lacelle ont présenté à quelque Saint-Sacrement, avait lieu la première des plus attentionnée que M. Michel 35 personnes le régiment de Carignan- conférence mensuelle de la saison Boudrias a livré sa conférence portant Salières dans sa réalité de l'époque. 2016-2017. L’historien et conteur sur le « Royal 22e Régiment ». Il fit Après avoir survolé le contexte politi- Stephane Tessier a présenté un aperçu part de ses connaissances en histoire que de la France au début du règne de de l’histoire de Saint-François-de-Sales militaire en décrivant l’évolution de la Louis XIV et de l'administration du de l’île Jésus, depuis le premier établis- participation des « Canadiens-fran- Colbert, David Ledoyen a abordé les sement d’un Charbonneau à la pointe çais » au sein des armées, au fil des types d'organisations militaires pour en est de l’île jusqu’à aujourd’hui. Près de siècles passés. La bataille de Cource- arriver précisément à l'organisation du 80 personnes ont assisté à la présenta- lette (France) a été citée en exemple régiment. En deuxième partie, les deux tion dont plusieurs membres de la So- afin de démontrer le courage et la per- animateurs ont présenté et expliqué en ciété d’histoire et de généalogie de l’Île sévérance de ce bataillon de volontaires détail les diverses parties de l'uniforme Jésus. Il en est ressorti que la paroisse a francophones. Depuis ce temps, la ré- et l'armement spécifique du régiment; toujours été le parent pauvre de la sei- putation du régiment n’est plus à faire. seules les piques ont été laissées en gneurie, quelqu’en ait été le seigneur, Lui-même ancien combattant en France. Les soldats étaient armés d'une depuis les Jésuites jusqu’au Séminaire Afghanistan, M. Boudrias décrivit ses épée, d'un mousquet à mèche ou d'un de Québec. Sur le site de la SHGIJ, on occupations tout en expliquant les en- fusil et d'une baïonnette. En dernière peut lire : «L’histoire de Laval com- jeux auxquels il a eu à faire face lors de partie, il a été question des activités du mence en 1636 alors que la Compa- cette mission. Photos, cartes et unifor- régiment au . Cinq forts furent gnie des Cent Associés concède l’île mes ont également été présentés au construits sur la rivière Richelieu, de- aux Jésuites. L’île restera à l’état sau- public présent. puis Sorel jusqu'à l'île Lamothe (sur le vage jusqu’à son acquisition par Fran- lac Champlain). Malgré les difficultés Courcelette çois Berthelot en 1672 qui l’échangera rencontrés et l’inefficacité apparente à Mgr de Laval pour l’île d’Orléans en des incursions en territoire iroquois, un 1675. Son nouveau propriétaire, Mon- traité de paix (document perdu) a été seigneur François Montmorency de signé en 1667 avec les Cinq Nations Laval cèdera sa seigneurie au Sémi- iroquoises, qui dura jusqu'en 1684. naire de Québec, en 1680 pour lui as- Dix-sept années de paix qui permirent surer les moyens financiers nécessaires la relance de la colonie canadienne à la poursuite de sa mission.» mise à mal par les Iroquois.

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TERREBONNE • RETOUR SUR PHOTO Vers 1915, rue Sainte-André, au coin de Saint-Pierre 2

3

4 par Claude Blouin, historien 1

Suite de la page 1 2 - MAISON CHARLES RATEL la galerie et le balcon ornementé sur la Cette maison de bois et de brique a été rue Saint-André. La partie sur Saint- construite par le marchand Charles Pierre, avec une imposante tourelle en Ratel au milieu des années 1860. De saillie et abritant un magasin, dont 1880 à 1917, elle a appartenu à des l’entrée principale est en encoignure, résidents de Montréal, pour finalement est l’œuvre de J. Edouard Brière; il l’a être vendue à Marcel Richard, barbier construite en 1905. Il y exploitait un et «marchand de chaussures» de Terre- magasin de vêtements prêts-à-porter. bonne. En 1922, le grand incendie a 4 - MAISON LOUIS RATEL entièrement détruit l’immeuble. Marcel Ce bâtiment en brique de deux étages Richard a reconstruit le bâtiment ac- a été construit entre 1871 et 1878 par tuel avec le soutien financier de la Ville 1 - RUE SAINT-ANDRÉ Louis Ratel, commerçant, frère de de Terrebonne. Son fils Fernand et son Terre battue, trottoirs en béton tout Charles (voir 2) : il comportait des lo- petit-fils Pierre y ont tour à tour exploi- gements à l’étage et un magasin au rez- récents, absence d’automobiles, crottin té un restaurant et une tabagie, en plus de cheval, cette photo a toute les appa- de-chaussée. En 1912, Florida Drain- d’un salon de «barbier» dans un édifice rences d’une mise en place, en ce jour ville, épouse du médecin Louis-David du milieu des années 1910. La rue a été attenant, jusqu’en 1998. Rochette, achète le bâtiment. Peu tracée entre 1765 et 1780 par Jean- 3 - MAISON LAJEUNESSE-BRIÈRE après, le magasin de «marchandises Baptiste Dupré, qui lotit la portion de C’est avant 1891 que le menuisier Ed- sèches» est transformé en une pharma- sa terre au sud de la rue Saint-Louis et mond Lajeunesse a construit l’immeu- cie. En 1922, l’immeuble est aussi dé- en vendit les lots qui ne furent mis en ble en bois et brique dont on aperçoit truit par le «grand incendie». valeur qu’après 1850.

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DOCUMENT VEDETTE Lettre de Louis Riel à L. F. R. Masson (1872)

Louis Riel, 1874 (SHSB 19556)

CONTEXTE coucher sur le papier les notes que j’aurais été si heureux de L’amnistie lui étant refusée par le gouvernement canadien et vous communiquer au long, avant aujourd’hui. faute d’alternative, Riel accepte 1000$ pour s’exiler. Il arrive Lorsque vous voulez nous défendre si généreusement je vou- à Saint-Paul (Minnesota) le 2 mars 1872, pour revenir au drais vous avoir fourni les renseignements dont vous auriez Canada dès la fin de juin de la même année : il se porte à besoin. nouveau candidat aux élections fédérales dans le district de Abonasiem [sic] Delorme pourra me dire par lettre les notes Provencher, au Manitoba. Élu, il est expulsé de la Chambre qui pourraient vous être utiles. Je vous envoye par Monsieur des communes. En 1875, le premier ministre Alexander Delorme quelques unes trop mal écrites pour les mentionner Mackenzie lui accorde l’amnistie à condition qu’il ne re- sans m’excuser. vienne pas au Canada avant cinq ans. C’est à nouveau l’exil. Monsieur, veuillez agréer mes souhaits pour le bon arrange- Claude Blouin, historien ment des affaires de votre Province du Bas-Canada qui est TRANSCRIPTION tout notre appui, qui nous aime et que nous aimons : c’est le pays de nos pères. St Paul 4 Avril 1872 Mes respects s’il vous plait à votre dame et famille que je n’ai J’ai vu avec reconnaissance et beaucoup de plaisir la lettre pas l’honneur de connaitre : aussi bien Je me rappelle tou- que vous écriviez à notre ami Mons. Royal à la fin de 71, jours de ma bienfaitrice, Madame votre mère demandant des informations au sujet de la Convention de Novembre, Fort garry, 69 et de la convention Janvier-février Et croyez moi votre respectueux serviteur, au Fort Garry 70. Vous ne serez pas surpris de m’entendre dire que depuis la prise de possession du pays par le Canada, tout le temps que j’ai passé à la Rivière Rouge, j’ai dû le passer comme vie de camp, de là ne pouvant guère écrire il m’a été difficile de Source : http://archivesshsb.mb.ca/fr/permalink/archives139188

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SHRT-RADIO : Amiel. Un patriote ignoré de ’37 RADIO-ROMAN HISTORIQUE ÉCRIT PAR AURIEL GRICHON ET DIFFUSÉ SUR LES ONDES DE LA STATION CHLP-LA PATRIE, EN 1937 Commandité par la Cie de Tabac Terrebonne

Suite de la page 1 ritage ira aux patriotes, puisque main- PRÉSENTATION tenant Amiel n’a plus assez de santé pour " prendre part à leurs activités ". «Radio-roman composé de quinze La plupart des émissions sont cons- émissions, Amiel présente, dans le cadre truites à partir d’une conversation entre des événements de 1837-1838, les aven- deux ou trois personnages au plus, qui tures d’un jeune Français vivant à Saint- sont souvent les témoins ou les porte- Denis-sur-Richelieu. Parce qu’il est or- parole de l’histoire : Amiel décrit avec phelin, d’origine inconnue par surcroît ferveur l’assemblée des Six Comtés, à (un Indien l’a, jadis, découvert par ha- laquelle il a assisté ; M. Thouin brosse à sard dans une barque échouée sur le sa fille le tableau de la victoire des pa- rivage), qu’il est sans le sou et, surtout, triotes à Saint-Denis, et de leur défaite à parce qu’il est patriote, c’est-à-dire con- Saint-Charles ; le pillage de Saint- damné par l’Église, il se voit refuser par Eustache est rapidement évoqué. On monsieur Thouin le privilège de pour- loue les mérites de Chénier, Chevalier suivre ses fréquentations avec sa fille, de Lorimier entre en scène, on nomme Josette. Amiel tente donc d’éclaircir le monseigneur Lartigue… Chaque partie mystère de sa naissance, et sa bravoure de ce texte, destiné à la radio, est précé- le lance au milieu du danger. Blessé à la dée d’un bref épisode narratif qui pré- bataille de Saint-Denis, le héros est tiré sente l’émission et qui rappelle, dans un de sa cachette par Josette et, conduit court résumé, la situation. De même, La Cie de Tabac Terrebonne par un bon ami « Sauvage », il va pour- chaque émission se termine par une Fondée en 1920 et établie sur la rue suivre sa lutte contre les Habits Rouges, série de questions destinées à créer un Saint-Louis, un peu à l’Est de la rue cette fois-ci, dans le Nord, auprès de suspense chez l’auditeur et à l’inviter à Chapleau, la Compagnie de tabac appar- Girod et de Chénier. Après le pillage de revenir à l’écoute. tenait à M. Achille Chartrand; en 1937- Saint-Eustache, il s’enfuit aux États- Écrit à l’occasion du centenaire des 1938, Marie-Anna Brouillet, son épouse, Unis. C’est de Plattsburgh, où il est soi- événements de 1837, Amiel fut publié a écrit trois radio-romans sous le pseudo- gné pour sa blessure et pour le typhus, par la compagnie de Tabac de Terre- nyme d’Auriel Grichon. qu’il reçoit de Josette des lumières sur sa bonne, qui profita de l’occasion pour naissance et la nouvelle d’un héritage donner le nom d’" Amiel " à l’un de ses qui l’attend. C’est dans cette ville aussi nouveaux mélanges de tabac.» que la pièce s’achève sur le mariage du Yvan Lévesque héros avec Josette ; la cérémonie réunit Tiré de : Maurice Lemire, dir., Dictionnaire le bienfaiteur d’Amiel, son plus proche des œuvres littéraires du Québec, tome II 1900- parent, Charles Amiel. monsieur 1939, Montréal, Fidès, 1980, p. 40. Thouin et les autres. Une partie de l’hé-

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SHRT-RADIO : Amiel. Un patriote ignoré de ’37

PREMIÈRE ÉMISSION

En cette année de 1837, l'année des Troubles, vivait à Saint- Denis un jeune Français nommé Amiel. Une veuve riche du temps, madame Meilleur, l'avait adopté tout jeune, à la prière de son neveu, Jésuite. Ce dernier, l'ayant un jour découvert à Caughnawaga [aujourd’hui Kahnawake] et reconnu pour un Blanc, avait réussi à se le faire donner en échange d'une certaine quantité de bon tabac canadien. C'est en souvenir de cet exploit que, plus tard, la Cie de Tabac Terrebonne devait donner ce nom d'Amiel au tabac à pipe bien connu qu'elle a lancé sur le marché. Le Sauvage propriétaire affirmait avoir trouvé l'enfant dans une embarcation échouée sur la rive, après un naufrage, et il re- mit fidèlement au Jésuite un paquet de linge et quelques objets aussi trouvés dans la barque. C'est en procédant à l'examen de ce petit bagage que le père Meilleur avait trouvé le nom de son protégé: François Amiel. En ce moment, notre héros qui a terminé cette année son cours d'étude, rend justement visite à une certaine Madame La- mouche que nous avons bien l'honneur de vous présenter :

«Mme Lamouche.—En v'là t'y du Amiel.—Si on m'entendait? J'en d'autre chose que des assemblées et mouvement!… Tout le monde est par aurais un vrai plaisir, Mme Lamou- des discours. groupes ici et là dans le village… Je che. Amiel.—Savez-vous, d'abord, n'y comprends rien… Qu'est-ce donc Mme Lamouche.—C'est à voir. Je combien ils étaient à écouter les ora- qui les a montés comme ça tout d'un pense que tu en aurais plus de misère teurs? coup? … que de plaisir, mon petit. Mme Lamouche.—Cent ?... Deux Amiel.—Vous ne suivez pas les Amiel.—Je ne rougirai jamais de cents ?... événements, Mme Lamouche?… dire que deux liens nous rattachent à Amiel.—Ajoutez-en mille, chère Mme Lamouche.— Eh bien quoi, la vie ; notre Langue et notre Foi. Mme Lamouche. D'après le journal les événements?… Je ne suis per- Mme Lamouche.—À quoi que ça La Minerve que j'ai ici, en poche, ils sonne, pas plus les événements qu'au- sert de se fâcher et puis de faire de étaient 1200. Et un enthousiasme!... tre chose… grands discours ?… Et des applaudissements !... Amiel.—Vous ignorez donc pas Amiel.—Si vous aviez, comme Mme Lamouche.—Ce n'est pas que les Canadiens en ont assez de se moi, assisté à l'assemblée de Saint- étonnant, alors, que tes gens d'ici en faire traiter eu inférieurs et que la Ours, l'autre jour, justement le 7 der- soient revenus aussi excités… dernière vexation de ceux qui nous nier, vous auriez vous-même con- Amiel.—Il fallait entendre notre gouvernent, la fameuse question des fiance que des jours meilleurs vont docteur Nelson proclamer que le subsides, pourrait bien mettre le feu bientôt luire. gouvernement actuel « est un gou- aux poudres?… Mme Lamouche.—Comment ce- vernement méprisable, oublieux des Mme Lamouche.—Les Anglés, on la? traités, injuste envers nous. Ils veulent ne peut toujours pas les envoyer puis- Amiel.—Vous verrez, dans quelque la rébellion?…Eh bien, ils l'auront. qu'ils sont les maîtres . . . temps, qu'après les colères et les dis- Mme Lamouche.—La Rébellion… Amiel.—Ils ne le seront peut-être cours vient l'action. Et, alors, malheur La Rébellion… Qu'est-ce que tu en- plus longtemps… aux oppresseurs !… tends par là? Mme Lamouche.—Hé... Tais- Mme Lamouche.—Qu'est-ce qu'ils Amiel. —La guerre, si vous aimez toi!… Si on t'entendait !… ont tant raconté à votre assemblée de mieux. Saint-Ours… Assemblée ici, assem- Mme Lamouche.—Tu n'y vas pas blée là… On n'entend plus parler à petit frais, mon jeune homme …

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SHRT-RADIO : Amiel. Un patriote ignoré de ’37

Amiel.—Ecoutez ... Je vais vous l'amour et l'obéissance à l'Angle- Mme Lamouche.—Vous êtes tous lire ce que dit la Minerve de cette terre… des tapageurs. assemblée du 7 mai, à Saint-Ours. . . Amiel.—Et, de la part de l'Angle- Amiel. —Ils veulent nous écraser et Amiel (il lit).—En cette année, Séraphin terre, protection ainsi que garantie de nous réduire à l'esclavage. Ecoutez Cherrier fut nommé président et M. Boucher- liberté. Or, si l'une des parties ne fait encore : Proposé, cette fois, par E. Belleville secrétaire — Les résolutions sui- pas honneur à sa promesse, ce traité Durocher secondé par le capitaine vantes ont été adoptées avec enthousiasme. devient nul. Voyons maintenant ce Côté : Que le peuple de ce pays a long- —Remarquez bien : Proposé par le Doc- qui se passe dans le pays. temps attendu justice de l’administration teur Nelson. Mme Lamouche.—Ce qui se coloniale d’abord, du gouvernement métropo- Mme Lamouche.—Proposé… passe… Ce qui se passe… Eh bien? litain ensuite, et toujours inutilement Oui, oui, proposé… Amiel.—Dans les circonstances Mme Lamouche.—Les hommes… Amiel.—…Et secondé par M. J. Au- présentes, nous pouvons bien admet- c'est tous pareils, il n'y a pas de jus- ger… «Nous voyons avec la plus vive indi- tre que le gouvernement a violé le Contrat tice. gnation les Résolutions proposées à l’adop- Social et que c’est pour nous un gouverne- Amiel.—On verra, Madame. Pen- tion de la Chambre des Communes, le 6 ment oppresseur et de force et notre soumis- dant trente ans, la crainte a brisé quelques- mars dernier… sion dépend de leur sympathie… unes de nos chaînes, pendant que l’amour Mme Lamouche.—Oui, j'ai bien Mme Lamouche.—De la sympa- désordonné du pouvoir nous en imposait des entendu : Tu as dit Proposé. Proposé et thie… Ce n'est pas avec cela qu'on plus pesantes puis adopté, ça fait deux. peut gagner des coppes. Mme Lamouche.—Je trouve, moi, Amiel.—Voyez Mme Lamouche. Amiel.—Voyez une autre proposi- que vous êtes tous des chicaniers et Je continue ma lecture. Ces résolutions tion suggérée par M. Moyen et se- que les affaires ne vont pas aussi mal seraient de la part des Communes et du Gou- condée par Marchesseault, de Saint- que vous le prétendez. vernement qui les a proposées, une violation Charles : que le machiavélisme qui, depuis Amiel.—Bien, vrai, Mme Lamou- flagrante de la Capitulation, des Traités et la Session, a accompagné tous les actes du che, vous n'êtes pas difficile. des Actes constitutionnels qui ont été octroyés gouvernement et… Mme Lamouche.—Je ne sais pas au pays Mme Lamouche.—Ils ne savent ce qui se passe ailleurs mais ici, à Mme Lamouche.—Octroyé... pas faire autre chose que de critiquer, Saint-Denis, les affaires marchent que Qu'est-ce que ça veut dire ce mot-là. que de jaser… c'en est une bénédiction et le village … octroyé !... Amiel.—Ils disent que c’est un gou- augmente à vue d'œil. Amiel.—Disons : accordé, si vous vernement de mauvaise foi et qu’il inspire Amiel.—Pourtant le plus grand préférez. très peu de confiance et beaucoup de mépris nombre des orateurs du 7 mai étaient Mme Lamouche.—Et qu'est-ce pour les hommes qui commandent à un des d'ici ou des environs… que c'est qu'ils nous ont accordé? peuples les plus grands et les plus nobles de Mme Lamouche.—Oui…oui… Amie!.—Ces actes et ces traités la terre… Amiel.—Par exemple : M. Des- portaient des obligations récipro- Mme Lamouche.—Mais, enfin, à chambault, le capitaine Jalbert, MM. ques… quoi que tu veux en venir avec tout ce Ducharme et Tétrault… Mme Lamouche.—Quelles obliga- jargon? Ce n'est pas ce qui nous don- Mme Lamouche.—C'est tous des tions, par exemple? Dis un peu… nera des coppes… pareils . . . Amiel.—De notre part: amour et Amiel.—C'est cela… Car, si les Amiel.—Charles Lebeau, M. Oli- obéissance à l'Angleterre . . . choses devaient continuer à aller aussi vier, M. Labarre, Cormier de Saint- Mme Lamouche.—Ça me fait l'ef- mal, vous en verriez rarement des Ours, Joseph Dudevoir... fet que ce n'est pas ce qui t'étouffe, coppes, Mme Lamouche. Mme Lamouche.—Encore… En- core…

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SHRT-RADIO : Amiel. Un patriote ignoré de ’37

Amiel.—Puisque la malheureuse qu'un garçon comme moi qui a de de plusieurs trèfle… Ah ! Ah ! Déses- situation du pays ne vous intéresse l'instruction et bon pied bon œil n'ar- poir complet!!! pas … rivera pas, lui aussi, à faire son che- Amiel.—C'est très consolant. Ne Mme Lamouche.—Je m'y intéres- min sans être obligé de débuter avec vous gênez pas, Mme Lamouche, serais bien si j'y comprenais quelque un sac de coppes sous le bras?… pendant que vous y êtes. Mais ne chose mais avec tous vos grands dis- (rire d’Amiel) verriez-vous pas, quelque part, une cours, vous embrouillez tellement Mme Lamouche.—Je n'ai qu'un petite dame de cœur qui mettrait un peu l'affaire qu'on ne sait plus où trouver conseil à te donner : c'est de changer de bleu dans mon ciel ? la droite et puis la gauche ; on pense tes opinions si tu veux être bien vu Mme Lamouche.—La dame de qu'on s'en revient et puis on s'en va. par le père de Josette. Je le connais. coeur, ce serait Josette, comme de Ça marche pas… Ça marche pas … J'ai travaillé assez longtemps pour raison. Eh ! Mais… La voilà qui ar- Amiel.—En manière d'excuse, lui… Inspecteur pour le gouverne- rive en personne !... Mme Lamouche, je vais alors vous ment, il en gagne des coppes… Amiel.—Vite Mme Lamouche, poser une question plus simple : Jo- (Ah! Ah! rire de Mme Lamouche) serrez ces cartes menteuses pendant sette n'est-elle pas ici ? Amiel.—Monsieur Thouin est un que je vais moi-même ouvrir la porte Mme Lamouche.—Tiens… brave homme . . . à la plus belle fille de Saint-Denis ! Tiens… Ah! le voilà le tourment?… Mme Lamouche.—Dis donc, en Si Josette est ici… Te souviens-tu, attendant que Josette arrive, est-ce Les peu encourageantes prédic- quand tu étais petit, tu te contentais que ça ne t'amuserait pas que je te tions de la cartomancienne se réa- de venir jouer aux dominos ou à dise la bonne aventure? quelqu'autre jeu avec elle… Amiel.—Allez-y Mme Lamouche. liseront-elles? De quoi demain (rire d’Amiel) Ça fera passer le temps. sera-t-il fait pour Amiel et ses Mme Lamouche.—… maintenant Mme Lamouche.—Espère une concitoyens? Passons au deuxième que te voilà devenu jeune homme et minute que j'aille quérir mes cartes. qu'elle-même a atteint ses 18 ans, tu (elle marche en fredonnant) épisode et nous le verrons.» cherches à faire ton orateur pour te Mme Lamouche.—Voilà. Coupe donner de l'importance à ses yeux. Je en trois, pour commencer. Note : Le patriote Amiel a bel et bien existé. te vois venir, mon garçon… (bruit des cartes) Antoine Amiel, dit Lusignan, âgé de soixante ans, est mort au combat, le 23 novembre 1837, Amiel.—Je n'ai pas objection à ce Amiel.—C'est fait. durant la bataille de Saint-Denis où il résidait. que vous me voyez venir… Mme Lamouche.—Oh ! L'as de On raconte qu’atteint par une balle anglaise, il Mme Lamouche.—N'oublie pas cœur… Présage de bonheur! Mais tomba et mourut dans les bras de son fils [Ga- que Josette est une bien jolie fille et suivi du 7 de pique… Désappointe- briel], qui faisait le coup de feu à ses côtés. que celui qui voudra l'approcher a ment prochain. besoin d'en avoir des coppes… Amiel.—Dites donc : désappointement Émissions 2 et 3 dans la prochaine livraison de Amiel.—A vous entendre, on croi- récent. La Fournée. rait que l'argent est le dieu de la na- Mme Lamouche.—Voyage inat- Pour entendre la chanson promotion- ture… tendu… Troubles certains… nelle du tabac à pipe Amiel (1937), cli- Mme Lamouche.—En tous cas, Amiel.—Vous voulez donc m'em- quez ici. des coppes et des écus, c'est bien utile! pêcher de dormir, Mme Lamouche? Amiel.—Vous avez bien su vous Mme Lamouche.—Grands démê- présenté par débrouiller vous-même, dans la vie, lés… Vie mouvementée… Peines Claude Blouin, historien sans autres ressources que vos disposi- certaines … L'as de carreau précédé tions naturelles… Ne croyez-vous pas

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Architecture – Les styles « vernaculaire américain », « Arts & Crafts » et « Bungalow »

COTTAGE VERNACULAIRE (1890-1945) grandes maisons de style néoclassique, fin, on note la présence de hautes che- mais les matériaux et le balcon aména- minées gé à l’étage permettent de distinguer BUNGALOW (1910-1945) qu’il s’agit bien de vernaculaire indus- triel. Enfin, vers 1930, apparaît la va- riante de cottage avec toit à croupes ou à demi-croupes. ARTS & CRAFTS (1910-1940)

Popularisé à partir de plans par catalo- gue, il s’agit généralement de petit cot- tage unifamilial, qui était abordable On associe aujourd’hui le bungalow à pour les familles ouvrières. Malgré sa la maison de banlieue moderne, à un relative simplicité, voire sobriété, ce étage, avec un toit en pente faible. Mais style combine certains éléments d’élé- celle-ci est en fait un dérivé lointain du gances de la maison pittoresque. On véritable bungalow créé en Californie retrouve parfois un plan de maison en au début du XXe siècle. En 1908, la « L » avec des galeries. Le plan classi- Il nous arrive de la campagne anglaise, firme Radford de Chicago popularise que présente une élévation de 1½ étage en ce sens, c’est davantage un mouve- un catalogue avec des dizaines de plans à 2½ étages. La toiture a des pentes ment qu’un style architectural. Il ex- répondant aux besoins de petites fa- variables, le plus souvent à deux ver- ploite l’idée de la campagne romanti- milles. Les plans s’apparentent un peu sants, à pente moyenne. Le mûr-pignon que. Dans ce monde industriel, on re- au style Arts and Crafts, mais simplifié, est souvent orienté vers la voie publique vient aux sources en favorisant une à un étage ou un étage et demi sur- avec des retours de corniches, lui don- architecture originale à l’aspect artisa- monté généralement d’un toit à deux nant un petit côté néo-grec, surtout nal, d’où le terme « arts et métiers ». versants à faible pente. Les éléments lorsque la galerie comporte des colon- C’est un style qui était populaire dans architecturaux sont plutôt simples. La nes. Les revêtements sont légers : plan- les lieux de villégiature, et souvent la présence de galerie avec auvent ou de ches de bois, crépi, papier-brique, tuiles propriété de bourgeois. véranda, tout comme de lucarnes est d’amiante-ciment, etc. On reconnaît ce style par un en- courante. Au lendemain de la Certaines variantes du style pré- semble de volumes simples distribués Deuxième guerre mondiale, le style sentent une façade composée d’une librement dans l’espace, mais formant prend l’allure d’un pavillon de banlieue grande lucarne-pignon. Le cottage de des masses distinctes. Les besoins en classique de type unifamilial. 1½ étage à toit deux versants droits est éclairage sont bien marqués. Les toits N.B. On retrouve la série com- une variante qui s’apparente au modèle sont complexes, souvent à croupe ou à dessiné par le gouvernement à titre de mur-pignon avec des avant-toits plète à la Maison d’histoire de maison de colonisation. Le cottage de profonds. La toiture est donc imposante Terrebonne, 148, rue Saint-An- 2½ étages à toit deux versants à faible avec souvent plusieurs lucarnes. Le dré, 450.492.7477. pente s’apparente aux formes des parement est généralement en bois, mais l’usage de crépi est fréquent. En-

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Essai : Panorama héraldique de la famille Masson, par Thomas de la Marnierre UN APERÇU DES BLASONS DE L. F. R. MASSON

Suite de la page 1 1696 constitua, on retrouve un nombre cotte et Régis Roy, dans leur Armorial du L’héraldique est une discipline encore appréciable de roturiers : des artisans, Canada français (1915-1918), une tête de trop méconnue au Québec, ce qui est des marchands, des médecins, des avo- griffon en héral- dommage, car cela nous révèle de pré- cats, des prêtres, etc. Ainsi donc, Joseph dique serait né- cieuses informations au niveau tant Masson, fils d’un charpentier de Saint- cessairement de généalogique (filiations, alliances, fa- Eustache, aurait fort bien pu avoir un profil, et un milles éteintes) que seigneurial (les fiefs blason. examen plus possédés par un individu). Plusieurs Nous ne connaissons qu’un Mas- attentif révèle seigneurs et seigneuresses de Terre- son qui ait, hors de tout doute, un bla- qu’il s’agit en fait bonne ont eu un blason (André Dau- son. Il s’agit de Louis François Rode- d’une tête de lier-Deslandes, Louis Lepage de Sainte- rick Masson (1833-1903), 9e enfant et léopard2 . En Claire, Louis de La Corne de Chapt 4e fils de Joseph Masson (dernier sei- héraldique, on l’aîné, Élisabeth de Ramezay de Gesse, gneur de Terrebonne), qui par ailleurs appelle léopard un lion dont la tête se peut-être aussi Simon McTavish s’il francisait souvent son prénom « Rodri- présente de face (donc il ne faut pas appartient aux McTavish de Gartbeg). gue ». Il a un blason, car il a été nom- parler de « lion anglais », car ce n’est Cependant, on connaît peu de choses mé lieutenant-gouverneur du Québec pas un lion). Ordinairement, une tête au sujet des Masson à cet égard. de 1884 à 1887. En principe, chaque animale qui se présente de face est ap- D’abord, il faut tout de suite écar- lieutenant-gouverneur reçoit des ar- pelée un rencontre (le genre des mots ter l’un des mythes les plus courants au moiries personnelles de la part du gou- change parfois en héraldique). Toute- sujet de l’héraldique. Cela n’a jamais verneur général du Canada lorsqu’il fois, il est évident qu’un léopard aura été réservé à la noblesse, quoi qu’aient entre en fonction. L’écu de Rodrigue nécessairement une tête de face, alors laissé entendre les révolutionnaires Masson blasonne : « Tranché : au pre- on ne dit que « tête ». Il importe de français à cet égard (« Ces amateurs de mier d’azur à la tête de léopard d’ar- mentionner qu’un tranché est une par- blasons », au sujet des nobles, dans La gent en chef, au second d’or tition héraldique, et que cela se guillotine permanente). La seule particula- plein. » La devise qui accom- blasonne du chef à la pointe rité des nobles en héraldique est de pagne l’écu est : «Dieu ay- (haut vers le bas) et de timbrer leur écu d’un casque ou d’une dant». Eugène Taché, sans dextre à senestre (de couronne (qui ne sont pas uniques aux doute le premier, gauche à droite) ; dans rois). En 1696, le roi Louis XIV de avait blasonné cet écu notre cas, donc, on France avait besoin d’argent, et exigea pour le Bulletin des blasonne la partition à que tous les détenteurs d’armoiries recherches historiques, senestre (gauche) en paient 20 livres pour faire enregistrer mais parlait plutôt d’une premier, car elle se trouve leur blason, ce qui peut se voir comme tête de griffon ailée1. « en haut ». Par ailleurs, une taxe sans la nommer. Dans cet Comme l’ont fort bien fait l’Armorial du Canada français Armorial général de France que cet édit de remarquer Édouard Zotique Massi- d’Ægidius Fauteux (c1949) ne fait que

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reprendre les informations de Massi- La SODECT avait pris le dragon pour médaille, on voit la signature « L Bot- cotte et Roy3. Ce blasonnement que un cheval, à cause de la crinière ; peut- tée ». Il s’agit de Louis-Alexandre Bot- nous avons mentionné est de notre cru : être s’attendait-elle à ce qu’il n’y ait que tée, ce qui ne fait aucun doute, car sa nous croyons en effet nécessaire d’indi- des animaux réels. Issant veut dire que signature caractéristique figure sur ses quer que la tête de léopard se trouve au autres œuvres. chef de l’écu. Notez que l’on voit la Louis-Alexandre Bottée (1852- crinière du léopard (si elle était d’une 1940) était un sculpteur et un mé- autre couleur, on la dirait crinée, mais dailliste français. Il commença sa car- vu que c’est évident, il n’est pas néces- rière dans une fabrique de boutons, où saire de le mentionner). il gravait les modèles. Il fut ensuite Eugène-Étienne Taché ne s’est pas élève à l’École des arts décoratifs. Il contenté de blasonner ces armes ; il les étudia auprès de Dumont, Millet et a également gravées dans des boiseries Ponscarme. Il gagna le Prix de Rome à l’intérieur de l’Hôtel du Parlement en 1878. En 1898, il devint chevalier de (autrefois appelé Palais législatif de la Légion d’Honneur8. Louis Bottée Québec). On rencontre les armoiries de l’animal sort du tortil et qu’on en voit la était connu pour ses médailles allégori- L. F. R. Masson dans le vestibule de la tête et une partie du corps (ce serait ques exubérantes. C’était la grande 4 tour centrale, du côté droit . Le Bulletin mouvant pour un objet inanimé). Un époque de l’Art nouveau en France, et des recherches historiques parlait quant à lui tortil est une espèce de bourrelet torsa- l’art des médailles connaissait un essor du vestibule de l’entrée d’honneur du dé qui figure souvent sur les heaumes à du fait de l’usage de nouvelles machi- 5 Palais, en dessous du campanile . L’écu la manière d’une couronne. Nous le nes, qui enlevaient la nécessité d’utiliser figure aussi dans un article du journal des graveurs pour faire le pont entre le La Presse du 23 mars 19296. modèle sculpté et le produit fini, ce qui Massicotte et Roy ont également permettait à un sculpteur de directe- consulté deux médailles ayant apparte- ment exprimer sa créativité sur les mé- nu à Rodrigue Masson. À leur époque, dailles. Le critique Roger Marx parlait elles étaient en possession du célèbre même à l’époque de l’« incontestable numismate Robert Wallace McLachlan. suprématie de l’art glyptique français De nos jours, elles appartiennent à la moderne », suprématie qui sera consa- Société de développement culturel de crée lors de l’Exposition universelle de Terrebonne (SODECT), qui en possède également une troisième. Nous avons personnellement examiné les médailles disons ardent, car il semble enflammé. cotées 2007.1.5.1-2 et 2007.1.6.1-2 (et Les lambrequins sont des morceaux nous n’avons pas examiné la troisième, d’étoffe qui voltigent de part et d’autre cotée 2007.1.9.1-2). de l’écu. Sur la médaille, il est inscrit La première médaille sur son pourtour : « L.F. R. MASSON (2007.1.6.1-2)7 est en bronze et fait en- – LIEUTENANT GOUVERNEUR viron 5 cm de diamètre. Sur son avers, DE LA PROVCE DE QUÉBEC ». on voit l’écu dont nous avons déjà parlé L’écu est coloré avec le code de cou- avec un listel en dessous portant la de- leurs usité en héraldique : des pointillés vise, et surmonté au cimier d’un dragon pour l’or, des hachures horizontales issant d’un tortil accolé de lambrequins. pour l’azur, et rien pour l’argent. Sur la

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1900, au cours de laquelle Paris sera donne peut-être un indice sur la con- Moulins, on peut voir une espèce de consacrée « métropole de la mé- fection de ces plus petites médailles. broche, d’épingle ou de fibule avec la daille »9. Nous devons donc cette mé- Ce qui est particulièrement intéres- tête de léopard ailée posée sur un tor- daille à l’un des médaillistes les plus sant avec l’écu de ces médailles, c’est til13. Dans cette même exposition, on réputés du monde. Ce n’est pas la seule qu’il nous donnerait des indices sur un peut aussi voir un ex-libris ayant appar- médaille faite par Louis Bottée pour le éventuel blason de Joseph Masson, tenu à Joseph Masson, qui accompa- Québec : une médaille pour le lieute- sieur de Terrebonne. En héraldique, il gnerait une lettre d'Hector Bossange à nant-gouverneur Auguste-Réal Angers existe ce qu’on appelle la brisure. Dans Joseph Masson, du 24 avril 1840 (Ar- (qui succède à Masson en 1887) et une les grandes familles, la coutume voulait chives de la Succession Masson, BAnQ autre pour l’Exposition agricole et in- que les branches cadettes d’une famille et aussi Collection Masson, SO- dustrielle de Québec de 1894, qui ont (les frères cadets) emploient une version DECT)14. L’ex-libris montre un écu de été faites par lui ou avec sa collabora- modifiée des armes primitives, afin de forme suisse, avec en chef une tête de tion10. ne pas léser l’aîné (qui employait les léopard ailée posée sur un tortil et en Enfin, sur le revers de la médaille, armes pleines). On disait alors qu’elles pointe le monogramme de Joseph Mas- on voit deux rameaux d’érable liés et brisaient leurs armes. C’était même son, que l’on voit sur d’autres objets, passés en sautoir. En disant liés, nous obligatoire pour les bâtards. En héral- notamment son sceau à glace (qui est entendons que les branches sont atta- dique anglaise, écossaise et canadienne- souvent exposé à la Maison d’histoire chées ensemble par un ruban. Nous anglaise, il existe des codes stricts de de Terrebonne). Nous ne serions pas avons l’impression que cette décoration porté à considérer cet écu comme hé- servait à l’origine à orner l’écu, ou bien raldique, car d’une part il y a le mono- peut-être une inscription commémora- gramme (un emblème trop précis pour tive. Cependant, il n’y a rien d’autre. être transmis textuellement) et aussi L’autre médaille que nous avons parce qu’on ne remarque aucun code observée (2007.1.5.1-2)11 est en argent de couleurs. et est plus petite : elle fait 3,81 cm de L’emblème de la tête de léopard diamètre. Sur l’avers, on y voit un écu ailée que se sont choisis les Masson est mystérieux qui se blasonne : « d’azur à vraiment singulier en héraldique. Pour la tête de léopard ailée d’argent, posé voir si on le trouve ailleurs, nous avons sur un tortil ». L’écu est orné d’un ra- consulté le logiciel H_THÈQUE, une meau d’érable et d’un listel liés et pas- base de données permettant de fouiller sés en sautoir. On sait que le champ de dans 180 armoriaux de France et du l’écu est d’azur, car on voit clairement monde. Nous avons ainsi appris que les hachures horizontales. Sur le pour- brisures, mais pas en héraldique fran- dans l’Armorial général [parfois dit uni- tour, il est écrit : « L. R. MASSON – çaise. Ainsi donc, les armes de Louis versel] de Johannes Baptista Rietstap, LIEUT. GOUVERNEUR P. Q. ». Il François Rodrigue Masson pourraient on trouve deux familles allemandes qui n’y a rien sur le revers. être en réalité brisées des armes pleines portent ce meuble héraldique. Les La troisième médaille de son père, et donc, cette autre mé- Egloffsheim (venant de Bavière) por- (2007.1.9.1-2)12, que nous n’avons pas daille pourrait nous montrer à quoi taient « d’azur à une tête de léopard vue, nous semble en tout point identi- elles ressemblaient. d’or, ailée d’argent à dextre et de gueu- que à la deuxième, hormis le boîtier, Ce n’est pas le seul endroit où fi- les à senestre », et les Klumpel por- dans lequel figure l’inscription G. Seif gure l’emblème du léopard ailé. Dans taient « d’or, à la fasce de sable, chargé / Québec (sur deux lignes). Cela nous l’exposition Récits d’une seigneurie, tenue de deux sceptres d’or passés en sautoir dans le bureau seigneurial de l’Île des accompagnés de deux annelets du se-

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cond posés en pal, au chef de sable d’autres données au sujet des armoiries chargé d’une tête de léopard ailée de L.F. R. Masson dans le fonds R4 de d’or. » Le blason des bavarois Egloff- la BAnQ de Québec (Fonds des lieute- sheim figurerait aussi dans La Vraye et nant-gouverneurs, dans la classe des Parfaite Science des Armoiries ou l'Indice ar- représentants de la Couronne). Cela morial de feu Maistre Louvan Geliot, 1660. pourrait peut-être nous apprendre qui Nous avons aussi dénombré que de serait l’auteur de ses armoiries, et si cet manière plus générale, on trouve 49 individu s’est basé sur un éventuel bla- HÉRALDIQUE familles portant une tête de léopard son préexistant de Joseph Masson. dans l’Armorial général de France de Char- Nous avions interrogé l’Autorité héraldique Le mot provient du mot HÉ- les d’Hozier (répartis en 87 occurrences du Canada à ce sujet, et ils pensaient que RAUT. C'est la discipline, sou- différentes en incluant les membres ce pouvait être l’œuvre de l’Institut vent décrite comme un art ou différents d’une même famille). Per- généalogique Drouin… sauf qu’il une science (au sens grec de sonne en France ne semble avoir porté n’existait pas encore entre 1884 et 1887. La consultation de ce fonds d’ar- champ de la connaissance), qui chives pourrait sans doute permettre étudie les armoiries. Peindre un d’avérer ou non, si Joseph Masson écu, un bouclier, est une prati- avait un blason. que commune à plusieurs civili- sations, mais ce qui différencie Thomas de la Marnierre, l'héraldique, c'est que cela a un étudiant en histoire caractère systématique et hérédi- taire. Il existe des héraldiques en dehors de l'Europe : l'héraldique japonaise et l'héraldique sarra- sine, par exemple. La pratique une tête de léopard ailée. Nous n’avons pas encore tout à fait de l'héraldique serait née en épuisé le sujet. Il semble qu’il y aurait même temps en Syrie et en Eu- rope vers le XIIe siècle à l'occa- sion des Croisades et se serait systématisée en Europe avec les tournois.

Voir glossaire pages 21-22

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Généalogie : Petits conseils pour bien démarrer sa généalogie par Normand Brière, généalogiste

Suite de la page 1 gratuits, d’autres non. À coup sûr, ils vous INTRODUCTION éviteront de perdre des soirées, sinon de passer des nuits blanches, à tenter de com- La façon de faire de la recherche en généa- prendre d’où vient une erreur, logie a grandement évolué et s’est moderni- une mauvaise filiation ou une sée au cours des 20 dernières années, plus boucle sans fin. particulièrement depuis les 10 dernières, TYPES DE GÉNÉALOGIE dirions-nous. Grand amateur depuis une vingtaine d’années, nous vous en glissons Selon le temps que vous quelques mots dans la présente chronique. aurez à consacrer à votre pro- DU PAPIER AU NUMÉRIQUE jet, selon les objectifs poursui- vis (écriture d’un livre familial, En mode papier, on se devait de tout présentation d’une roue de consigner par écrit, et nous entendons par- paon etc.), plusieurs types de là crayon/papier en passant par les photo- généalogie et de filiations sont copies de toutes sortes; la recherche «à l’an- possibles. Bien que le travail de Aperçu de la bibliothèque de généalogie cienne» n’était pas toujours facile. Pour le recherche demeure le même, chercheur, cela demandait une méthode de votre généalogie pourra être de travail assez particulière type ascendante (linéaire afin de bien trier et clas- ou complète: de vous ser documents et photos vers l’ancêtre), descen- qui étaient «remisés» dante agnatique (de fils dans une filière pour en père) ou utérine (de plusieurs années. Trop fille en mère). souvent, on oubliait de « Les généalogistes qui ont le CONSEILS PRATIQUES noter les sources pour feu sacré ne se contentent chacune de ces informa- Des conseils? Profi- plus d'accumuler des noms, tions. Comment se sou- tez-en pour retisser des des lieux et des dates, de venir par la suite…A- liens familiaux et ren- construire de secs tableaux jouter à cela la perte de contrer les personnes les d'ascendance: ils se sont faits documents et le risque plus susceptibles de progressivement historiens de de mal recopier les in- vous aider, avant que leur propre famille, puis formations prises au leur mémoire ne soit explorateurs de l'espace départ. défaillante, ou qu’ils ne social de leurs ancêtres » Aujourd’hui, l’in- disparaissent. Certains parce qu’ils pourront formatique simplifie la Jacques Dupâquier, vie du chercheur, tant vous apporter des préci- sons sur des faits incon- historien démographe au niveau de la collecte de l’information français que du classement de celle-ci. Plusieurs lo- nus par d’autres, ou parce qu’ils possèdent giciels sont disponibles sur le marché et des documents particuliers, ou encore ont chacun a ses particularités; certains sont conservé LA photo tant recherchée. Gardez

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en tête que chaque famille a SON gar- dien du trésor familial, cette personne La maison Jean Baptiste Dupré, 1731-1734 qui ramasse les photos et la paperasse (3415, côte de Terrebonne) de ceux qui décèdent, ces biens, ces souvenirs qui semblent sans valeur pour Dès que la Paix de Montréal fut signée, que d’enfants héritiers. C’est le «potier d’autres membres de la famille. en août 1701, entre les Français, leurs de terre», Étienne Robin dit Lapointe Informez les gens que vous irez ren- alliés et les cinq nations de la Ligue contrer de ce que vous aimeriez obtenir iroquoise, plusieurs paysans de la sei- d’eux. Demandez-leur à l’avance de gneurie de Boucherville vinrent s’éta- sortir la fameuse « boite à souliers » blir sur les rives de la rivière des Mille renfermant les papiers familiaux (con- Îles, dans la seigneurie de Terrebonne. trat de mariage, testaments, autres actes En 1710, peu après leur mariage à notariés), les piles de photos, sans négli- Boucherville, Jean Baptiste Dupré et ger les films en Super-8, les cassettes VHS ou Bêta! Les images valent 1000 Claire Février s’installèrent sur une mots, mais ne parlent pas comme les terre acquise la même année de Jean enregistrements audio-vidéo savent si Baptiste Robain dit Lapointe et voisine La maison Jean Baptiste Dupré (1731-1734) bien le faire. de celle de Jean Baptiste Aubertin et et son épouse Marie Charles Clément, Partez avec votre liste de questions Claire Gauthier, veuve de Christophe qui reconstituèrent à leur compte le tout en prenant soin d’avoir avec vous Février et mère de patrimoine morcelé. Il un enregistreur, un téléphone intelligent Claire. Si le couple Au- semble bien qu’Étienne ou une tablette munis d’une telle fonc- bertin-Gauthier retourna Robin exerça son art de tion. Cela vous laissera tout le loisir vivre à Boucherville, le potier quelque temps sur d’échanger, de questionner, d’écouter les couple Dupré-Février la côte de Terrebonne; réponses et de demander des précisions. fonda sa famille à Terre- en 1765, lors de la ces- Vous verrez que votre enregistreur re- bonne : ils y eurent 11 sion de l’ensemble de ses tiendra bien plus d’informations que si enfants. En 1723, Louis biens à Louis Brière, son vous aviez tenté de les noter ou de les Lepage de Sainte-Claire retenir. Vous demeurerez concentré sur gendre, il se réservait la leur concéda officielle- votre cueillette de données si utiles à boutique, probablement ment la terre qu’ils oc- votre rédaction à venir. Intéressez les située à la cave surélevée autres en partageant avec eux votre tra- cupaient depuis 1710. de la maison, fait excep- vail ! C’est en 1731 que Jean tionnel pour l’époque Baptiste Dupré confia la Normand Brière, généalogiste (voir ci-contre le foyer de construction d’une maison en pierre la «cave»). La famille d’Étienne Robin aux maçons Jean Baptiste Blot et Jean dit Lapointe posséda la terre et la mai- Rancour de Ville-Marie. L’année pré- son jusqu’en 1780. En 1784, Augustin cédente, Rancour avait épousé, à Bou- Loriau vendit le tout à François Pré- cherville, Marie Aubertin, la demi- vost, un marchand de L’Assomption. sœur de Claire Février. Il s’installa peu C’était le début d’une autre épopée. après dans le village de «Saint-Louis», La maison Dupré a été entière- sur la rue Saint-François. ment restaurée par le couple Coline Jean Dupré, dit le Bonhomme, Lamontagne et Gérald Paul-Hus. Roue de paon mourut en 1745 (62 ans) et Claire Fé- Claude Blouin, historien vrier en 1750 (60 ans). Le patrimoine Crédit photo : © Coline Lamontagne-Beaudoin familial fut divisé en autant de parts

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La SHRT présente ses activités de l’hiver 2017 23 FÉVRIER : SOUPER-SPECTACLE PETITE ÉCOLE, PETIT VILLAGE, GRANDE ÉPOQUE : F.-X. VALADE 1829-1846 (Réservations requises à [email protected] ou 450.492.7477)

5 janvier : La Veillée des Rois 9 février : Le charivari, causerie 23 mars : Louis de La Corne de avec Les Quatre de Laurentie, dont Ro- par Claude Blouin, historien et ad- Chapt dit l’Aîné (1696-1762), bert Simard, historien et conteur ministrateur; suivi de l’Assemblée par André Fontaine, amateur d’his- qui possède une verve peu com- générale annuelle à 19h45. Entrée toire. mune. Pour la Veillée des Rois gratuite Louis de La Corne de Chapt, dit 2017, légendes et contes nous se- L’historien nous expliquera la cou- l’Aîné et son épouse Élisabeth de ront narrés avec son humour pro- tume du charivari dont les origines Ramezay de Gesse (1707-1780) ont verbial. remontent au Moyen-Âge et au- possédé et administré la seigneurie Galette des rois et café (gracieuseté jourd’hui disparue sauf…en Acadie de Terrebonne de 1744 à 1780, du Bistro Chocolaterie Le Divin où se perpétue le tintamarre. Le héritant des installations érigées par Tandem) seront servis en soirée. charivari se pratiquait jadis devant Louis Lepage de Sainte-Claire et y Membre 7$ • non membre 12$ la maison de ceux dont on désap- ajoutant de nombreuses conces- prouvait la conduite…comme à sions, faisant du bourg un centre 19 h 30, Chapelle Saint-Tharcisius, Terrebonne en 1833 et en 1848. d’activités fort achalandé. Collège Saint-Sacrement, 901, rue 19 h 00, Chapelle Saint-Tharcisius, 19 h 30, Chapelle Saint-Tharcisius, Saint-Louis, Terrebonne. Collège Saint-Sacrement, 901, rue Collège Saint-Sacrement, 901, rue Saint-Louis, Terrebonne. Saint-Louis, Terrebonne.

Un charivari, dessin d’Edmond Z. Massicotte (Domaine public) Claude Blouin, historien

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GLOSSAIRE HÉRALDIQUE

ARMES. Symboles, emblèmes peints et figurés sur l'ÉCU. COULEUR : Catégorie d'ÉMAUX de couleur non-métal- Il ne faut pas les confondre avec les ARMOIRIES (qui est lique. Les noms des couleurs en héraldique sont rarement un concept plus général). intuitives pour les profanes : de gueules (rouge), de sinople ARMOIRIES. Les ARMOIRIES sont des marques d'hon- (vert), d'azur (bleu), etc. neur héréditaires, d'ÉMAUX et de figures déterminées, DIFFAMATION : Rituel d'humiliation des armes de quel- d'usage immémorial ou concédées par les souverains. Les qu'un pour le punir de sa trahison, de sa félonie, ou de sa personnes, les familles, les États, les villes, les corporations, fuite au combat. Au Moyen Âge, cela s'accompagnait sou- les communautés de métiers, etc. peuvent en avoir. Les ar- vent de cérémonies publiques d'infamie : renverser publi- moiries sont l'ensemble des emblèmes utilisés, y compris sur quement l'écu du traître (le mettre « sans dessus dessous »), les cottes d'armes et les chevaux, donc pas seulement le priver de ses armes, le pendre en effigie, l'enterrer sym- l'ÉCU. Ce mot ne peut jamais être singulier. boliquement... Cela pouvait passer par une modification BLASON. Description technique des armoiries, faite ver- des armes, comme enlever des parties, évirer (castrer) un balement ou par écrit. Le mot est souvent utilisé dans le lion... même sens qu'ARMES (ÉCU armorié) même si certains ÉMAIL : Ce que nous appellerions une couleur dans le jugent cet usage abusif. (C'est dans ce sens qu'il faut com- langage courant. Les émaux existent en trois catégories : les prendre l'expression « Redorer son blason »). Le blason des MÉTAUX, les COULEURS et les FOURRURES. La armoiries, c'est leur description. Le terme plus moderne règle fondamentale de l'héraldique (RÈGLE DE CON- BLASONNEMENT signifie la même chose, et n'a pas TRARIÉTÉ DES COULEURS) stipule de ne pas mettre l'ambiguité de BLASON. métal sur métal et couleur sur couleur. Il existe un code de BLASONNER. Expliquer et interpréter des armoiries se- hachures pour représenter les émaux en l'absence de cou- lon les règles de l'art héraldique. leurs, pour les imprimés en noir et blanc, par exemple, ou pour les sculptures. BLASONNEMENT. Action de blasonner. FOURRURE : Une composition de deux couleurs qui re- BRISURE : Modification des armes de quelqu'un afin de présente de manière simplifié une fourrure que l'on portait les démarquer de celles de quelqu'un d'autre. On brisait par au Moyen Âge. Par exemple, l'hermine est d'argent (blan- exemple les armes de la branche cadette (frère cadet) d'une che) parsemée de mouchetures de sable (noires) en forme famille importante afin de ne pas léser la branche aînée de queue, parce qu'on accrochait sur la véritable fourrure (frère aîné) de la famille, qui continuait d'employer les ar- d'hermine (blanche) des extrémités de queues d'hermines mes primitives. Un cas célèbre serait par exemple les ducs (lesquelles sont noires). Il est possible de faire l'équivalent d'Orléans, qui portaient les armes de France avec un lam- d'une fourrure avec n'importe quel motif, et on parle dans bel. Un bâtard avait l'obligation de porter des armes bri- ce cas de SEMÉ. Les fourrures n'obéissent pas à la règle de sées. Dans le monde anglo-saxon, il existe des codifications contrariété des couleurs. des brisures, mais pas en France. La DIFFAMATION pou- vait parfois passer par une modification des armes d'un HÉRALDIQUE. Le mot provient du mot HÉRAUT. C'est traître. la discipline, souvent décrite comme un art ou une science (au sens grec de champ de la connaissance), qui étudie les CHAMP : L'ÉMAIL d'arrière-plan d'un écu. Quand un armoiries. Peindre un écu, un bouclier, est une pratique écu ne représente rien d'autre que son champ, on dit dans commune à plusieurs civilisations, mais ce qui différencie ce cas qu'il est plein. Par exemple : de gueules plein signifie l'héraldique, c'est que cela a un caractère systématique et un écu rouge sans aucun ajout. héréditaire. Il existe des héraldiques en dehors de l'Europe : CHARGE : Figure que l'on « peint » sur un écu. On divise l'héraldique japonaise et l'héraldique sarrasine, par exem- les charges en PIÈCES et en MEUBLES. ple. La pratique de l'héraldique serait née en même temps

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GLOSSAIRE HÉRALDIQUE en Syrie et en Europe vers le XIIe siècle à l'occasion des que ne fut jamais réservée à la noblesse, même s'il est vrai Croisades et se serait systématisée en Europe avec les tour- qu'elle avait un goût prononcé pour cet art. Les seules mar- nois. ques distinctives en héraldique réservées aux nobles furent HÉRAUT Un officier d'un prince, d'un roi, qui était chargé les timbres, tels que les casques et les couronnes. La notion de faire certaines publications solennelles ou de porter des de noble s'oppose à celle de ROTURIER. messages importants. Plus particulièrement, un HÉRAUT RÈGLE DE CONTRARIÉTÉ DES COULEURS : Règle D'ARMES étaient chargés dans les tournois médiévaux de fondamentale de l'héraldique qui stipule qu'il ne faut pas proclamer les armoiries des chevaliers qui se présentaient. superposer MÉTAL sur MÉTAL et COULEUR sur Ils avaient donc une connaissance encyclopédique des bla- COULEUR. Il existe cependant des situations particulières sons des participants à ces tournois. Ce sont eux qui sont à où elle ne s'applique pas, comme par exemple sur les SE- l'origine de l'HÉRALDIQUE. MÉS et les FOURRURES, sur les parties de MEUBLE PARTITION : Division d'un écu en plusieurs, souvent pour d'un autre ÉMAIL ou dans certaines BRISURES. Des ar- combiner les armoiries de plusieurs familles. Quand il y a moiries ne respectant pas cette règle sont habituellement un très grand nombre de partitions, cela fonctionne comme jugées fautives, et on les appelle des ARMES À EN- un tableau, et alors on dit qu'un écu est parti d'un certain QUERRE. La règle n'a cependant pas toujours existé, et nombre de lignes verticales et coupé d'un certain nombre plusieurs familles portent des armes à enquerre, particuliè- de lignes horizontales. On peut «partitionner» dans tous les rement dans la péninsule ibérique où cela arriverait dans axes, même en diagonale, et on peut même poser un écus- 2 % des cas. Il existe aussi deux exceptions historiques cé- son, un écu miniature. lèbres, comme le Royaume de Jérusalem et le Royaume d'Albanie. PIÈCE : Une figure géométrique simple et souvent allongée qui occupe beaucoup de place sur un écu. Les pièces ont ROTURIER : Personne sans qualité de NOBLE ; la roture tendance à diviser l'écu en plusieurs secteurs. On peut pen- est l'opposé de la noblesse. C'est autrement dit un individu ser par exemple à la fasce, le pal, le chevron, la croix, le ordinaire. Les roturiers peuvent aussi bien être riches que sautoir, la bande, la barre, le chef, la champagne, l'orle, pauvres, car c'est une question de lignage et non de ri- l'écusson, le canton, le franc-quartier, la bordure, le pairle, chesse. Les roturiers ont toujours pu avoir des armoiries. le giron, et bien d'autres encore. SEMÉ : Un CHAMP parsemé d'un MEUBLE en nombre MEUBLE : Comme le nom l'indique, c'est une figure que indéterminé (ou sans nombre), afin de former un motif. Cela respecte la RÈGLE DE CONTRARIÉTÉ DES l'on considère « mobile », contrairement à la pièce. Les meubles peuvent être des animaux, des végétaux, des per- COULEURS. Les FOURRURES ne respectent pas la sonnages, des constructions, des outils, des motifs, etc. Il symétrie des semés, et sont donc une catégorie à part. faut pas confondre cela avec le mot CHARGE, car en an- glais, un meuble est une « common charge ». Sources : MÉTAL : Une catégorie d'ÉMAUX de couleur métallique, Hervé Dupuis. L'Héraldisterie. Au blason des armoiries, [en li- soit l'or et l'argent. Malgré ce nom, il ne s'agit la plupart du gne], http://www.blason-armoiries.org/ temps que d'une simple peinture jaune ou blanche. Geneviève d' Haucourt et Georges Durivault, Le Blason, NOBLE : Qualité d'une famille ou d'un individu qui lui Paris, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je ? conférait des privilèges légalement reconnus, et qui était no 336, 9e édition,1991, 127p. traditionnellement associée à une fonction guerrière dans la Leo Ary Mayer. Saracenic Heraldry. A Survey, Oxford, Claren- société. La noblesse n'est pas une question de richesse mais don Press, 1933. 302p. de lignage. Contrairement à une idée répandue, l'héraldi-

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NOTES ET RÉFÉRENCES

Essai : Panorama héraldique de la fa- 2012, pp. 21-37.[Également sur la base de don- mille Masson, par Thomas de la Marnierre nées payante EBSCOhost Art Source] ( p. 14) 10 Revue Cap-aux-Diamants, section des mé- dailles (Web) 1 Bulletin des recherches historiques, volume 5, numéro 11 Collection Masson de l’Île des Moulins, numé- 3 (mars 1899), pp. 73-78. (LFR Masson figure à ro d’accession 2007.1.5.1-2 sur Artefacts Canada. la p. 75). 12 Collection Masson de l’Île des Moulins, numé- 2 Massicotte & Roy, Armorial du Canada français, ro d’accession 2007.1.9.1-2 sur Artefacts Canada. 1918, vol. 2, p. 137. 13 Qui est une partie d’ensemble de l’écritoire de 3 Ægidius Fauteux. Armorial du Canada français, voyage. (Collection Masson de l’Île des Moulins, c1949, vol. 2, p. 200. [cote OEur-015 S-7:T2 à la numéro d'accession 1999.1.9.1-97 sur Artefacts MHT]. Canada) 4 Marc Beaudoin. « L’héraldique à l’hôtel du Par- 14 Henri Masson. Joseph Masson - Dernier seigneur de lement, un patrimoine à découvrir », Bulletin de Terrebonne (1791-1847), Édité par l'auteur, 1972, l’Assemblée nationale, volume 43 (2014), numéro 1, Montréal, p. 171. [cote HTer-066 S-1:T3 à la p. 8. MHT]. 5 op. cit. Bulletin des recherches historiques 6 La Presse, 23 mars 1929 dans : Andrée Désilets. Louis-Rodrigue Masson - Un seigneur sans titres, Mont- réal, Boréal Express, 1985, 14e page centrale d’il- lustrations. [cote HTer-047 S-1:T2 à la MHT] 7 Collection Masson de l’Île des Moulins, numéro d’accession 2007.1.6.1-2 sur Artefacts Canada. 8 « BOTTÉE, Louis Alexandre », Dictionnaire des artistes de Benezit, Base de données payante Oxford Art Online. [Aussi disponible avec un compte à la BAnQ] 9 Melanie, Vandenbrouk-Przybylski « ‘These should without delay be represented in our mu- seum’, Nineteenth- and twentieth-century French medals at the V&A », THE MEDAL, N° 61,

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