DOSSIERS DES SÉMINAIRES T.T.S. Les Écologistes En Politique
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DOSSIERS DES SÉMINAIRES T.T.S. Les écologistes en politique 18/19 Ministère de l'Equipement, du Logement et des Transports Direction de la Recherche et des Affaires Scientifiques et Techniques La Grande Arche, 92055 Paris-La-Défense Cedex 04 Septembre 1992 Dossiers des Séminaires Techniques, Territoires et Sociétés LES ECOLOGISTES EN POLITIQUE Textes rassemblés par Marc Abélès, Bernard Kalaora et Michel Péraldi à l'occasion d'un séminaire animé par Marc Abélès à l'EHESS (11 séances du 10 janvier 91 au 9 avril 1992) Direction de la Recherche et N 0 18119 des Affaires Scientifiques Septembre 1992 et Techniques SOMMAIRE pages Préface 5 Introduction par Marc Abélès 7 Première partie : Les origines et développement du mouvement écologiste. La polymérisation de l'écologie par Serge Moscovici 17 De l'écologie scientifique à l'écologie politique par Jean-Pierre Raffin 33 La question du pouvoir (d'Etat) chez les écologistes par Guillaume Sainteny 41 Le vote écologiste 1974-1992 par Daniel Boy 65 Deuxième partie : Les écologistes et l'aménagement. L'Etat aménageur et la question de l'environnement par Lucien Chabason 85 Les écologistes et l'aménagement par Andrée Buchman 95 Les verts, du terrain au territoire, du militant à l'expert par Claudie Gonthier 109 Incertitudes et certitudes d'un juriste entré "en écologie" par Raphaël Romi 129 Troisième partie : Les écologistes sur le terrain. Dix ans d'écologie politique en Bretagne par Patrick Le Guirriec 137 Le mouvement associatif et l'écologie politique en Bretagne par Max Jonin 157 Le travail politique des verts (Lille et Dunkerque) par Philippe Lorenzo 165 Entretien avec Claude Rossi, Maire de Fos 187 Quatrième partie : Les écologistes et l'Europe. Envie d'une Europe par Yves Cochet 201 Les écologistes au Parlement européen par Marc Abélès 209 Liste des TTS 221 PREFACE Irradiant depuis leur berceau allemand, les écologistes sont désormais implantés dans tous les pays du centre de la CEE . En effet, en France, ils ont doublé leurs effectifs militants depuis les élections municipales et ont réussi l'exploit de mobiliser 12,76 % de l'électorat en leur faveur aux Européennes et 15 % aux élections régionales de Mars 1992 . Cette poussée a surpris le monde politique qui sous-estimait leur capacité de passer d'un mouvement d'opinion au stade d'une organisation politique. Désormais, l'Europe verte désigne une nouvelle donne au sein de la communauté à savoir, d'une part, l'institutionnalisation de partis à l'échelle européenne, regroupant les réseaux nationaux de chaque pays ; d'autre part, la création d'un espace écologique qui s'élabore à Bruxelles. En France, l'une des conséquences de cette marée verte est la prise en compte de l'environnement par les états-majors traditionnels de l'extrême gauche à l'extrême droite . Alors que le débat sur l'environnement était quasiment exclu des plate-formes politiques il devient dorénavant central . Tous les caciques de la politique font assaut de leurs bonnes intentions écologiques et le mot environnement naguère relégué en fin de programme figure parmi les actions prioritaires . La "saga" des écologistes constitue bel et bien un phénomène social qui appelle des recherches anthropologiques et sociologiques pour étudier les formes de leur implantation et de leur enracinement au niveau régional et pour analyser finement leur place et leur rôle dans le champ politique . La constitution d'un mouvement en un parti constitue en outre un laboratoire social d'observation d'événements à chaud. Le passage d'un mouvement d'opinion au stade d'une organisation politique implique l'élaboration de nouvelles stratégies et des alliances avec les partis traditionnels . Présents dans les conseils municipaux et régionaux, les écologistes constituent aujourd'hui une force organisationnelle qui, en s'imposant aux élus, est en mesure de faire pression sur les choix en matière d'aménagements et d'équipements . Le SRETIE* et la DRI* ont pris l'initiative d'impulser des recherches de terrain afin de saisir les tactiques, les stratégies des écologistes pour s'enraciner localement et modifier la donne politique traditionnelle au point que certains parlent de recomposition du paysage politique. L'entrée des écologistes sur la scène locale, les conséquences sur les politiques d'aménagement, les transformations du jeu politique et notabiliaire qui en résulte, sont autant de faits sociaux dont la compréhension a conduit le SRETIE à mettre en place un collectif de recherche sur différentes régions (P .A .C .A., Nord, Rhône-Alpes, Région Parisienne, Basse-Normandie, Limousin, Alsace) . Des monographies régionales susceptibles d'illustrer la diversité des situations locales ont été réalisées . Ces monographies ont été élaborées dans une perspective comparative : analyse des différentes formes d'émergence sur le plan local, stratégies et tactiques vis à vis des appareils locaux, attitudes à l'égard de l'Etat central et de l'Europe . Un tel dispositif jette les prémisses de l'élaboration d'une anthropologie de l'écologie politique en France, prenant en compte les diversités régionales, géographiques, physiques, culturelles et pouvant déboucher sur un atlas politique ou figureraient à la fois l'implantation des écologistes et leur influence sur des décisions à l'échelle régionale. Martine BERLAN-DARQUE Bernard KALAORA Michel PERALDI • SRETIE : Service de la Recherche des Etudes et du Traitement de l'Information sur l'Environnement • DRI : Délégation à la Recherche et à l'innovation(l) (1) Création de la Direction de la recherche et des affaires scientifiques et techniques (DRAST) par décret en date du 27 mars 1992 qui regroupe les activités et les moyens de la Délégation è la recherche et à l'innovation (DRI - Urbanisme et Logement) et du Service des études, de la recherche et de la technologie (SERT-Transports) . 7 INTRODUCTION LES ECOLOGISTES EN POLITIQUE par Marc ABELES L'un des événements politiques majeurs de ces dernières années est l'affirmation des écologistes comme une force à part entière et avec laquelle il faut désormais compter . Les plus récents scrutins français (municipal et européen) ont reflété cette dynamique ascendante. Il s'agit là d'un phénomène qui concerne aussi un grand nombre des pays d'Europe, où la vague verte a balayé des pays comme l'Allemagne, la Belgique et l'Italie . C'est dire que, tant au plan national qu'européen les écologistes ont acquis un poids politique nouveau . Ils ont aussi manifesté des capacités réelles d'organisation et de communication, ainsi qu'une capacité à faire écho à des questions que se posent les citoyens dans leur vie quotidienne tant en ville qu'à la campagne. En France, la chronologie du mouvement écologiste comprend trois périodes distinctes : 1974-81, 81-86, 86-89 . II a fallu attendre 1983 pour que se forme un véritable parti, les Verts 1 . En 1974, René Dumont avait obtenu 1,32% des suffrages aux élections présidentielles . On note une légère progression des voix écologistes aux législatives de 1978 avec 4,7% des voix . Aux élections européennes de 1979, le vote écologiste atteignait 4,38% . Suivit une période de reflux entre 1981 et 1986 : l'on retombait à 1,2% des suffrages aux législatives de 1986. Le véritable démarrage des écologistes est sensible à partir de 1986 : 4,81 aux législatives de 1988 là où ils se présentent ; 6,8% aux cantonales, 8,6% aux municipales avec 1 359 conseillers élus ; 10,6% aux élections européennes l'année suivante. 1 Sir l'évolution électorale du mouvement écologiste cf . D . Boy, Le vote écologiste : évolutions et structures, Cahiers du CEVIPOF- 6, 1991 . Cf. aussi G . Sainteny, Les Verts, Paris, P .U.F, "Que Sais-je ?", 1991, et le numéro spécial de Politix "En vert et contre tout ? L'écologie en politique", n°9, Premier trimestre 1990 . 8 On peut constater que cette progression a permis aux écologistes d'obtenir des élus à la fois à l'échelon municipal et européen : ils ont 9 élus dans le groupe Vert du Parlement européen et précèdent les Allemands, jusqu'alors les plus nombreux . En France aujourd'hui, le vote écologiste est estimé aux alentours de 15%. Du point de vue géographique l'électorat vert s'est étendu à l'ensemble des régions . Les zones les plus réticentes à la pénétration écologiste étaient traditionnellement le Centre, l'Auvergne et le Limousin . Toutefois, on note une évolution avec une progression au nord de l'hexagone : Alsace, Lorraine, Franche-Comté, et une diminution dans le sud (PACA, Midi-Pyrénées). Les départements traditionnellement les plus favorables aux Verts sont au nord d'une ligne Saint Malo-Valence . Côté régions, l'Alsace, la Basse-Normandie sont rattrapées en 1989 par la Bretagne (avec des scores de 13,6% à Vannes, 14% à Rennes, 14,5% à Quimper, 15,1% à Lorient, 23% à Saint Brieuc) . En 1989, aux deux scrutins municipaux, puis lors des élections européennes, on a observé une véritable nationalisation des Verts . Les chiffres de régions comme l'Aquitaine (Bordeaux, 8,1%, Talence, 10,1%) et Poitou-Charentes (Poitiers, 1 1 %, La Rochelle, 10,5%) sont éloquents . Mais même des régions comme la Bourgogne (8,6% à Tournus), le Centre (Tours, 8%, Bourges, 9,2%) et les Pays de la Loire (Saint-Nazaire 11,1 %) ne sont pas en reste. Avant de revenir sur les caractéristiques plus régionales et locales de cet électorat, il faut insister sur le fait qu'il se recrute dans les classes moyennes : enseignement, art, santé, travail social, étudiants . Il s'agit d'un électorat jeune doté d'un haut niveau d'instruction . En ce qui concerne les militants proprement dits, il faut distinguer les membres du parti Vert ou de Génération-Ecologie et de tous ceux qui militent dans les associations . Sur les positions politiques des écologistes, un sondage récent nous apprend que 39% des électeurs écologistes se situent à gauche, 49% ni à gauche ni à droite, 28% à droite.