Vues D'ensemble
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Document generated on 09/24/2021 7:04 p.m. Séquences La revue de cinéma Vues d’ensemble Number 212, March–April 2001 URI: https://id.erudit.org/iderudit/48712ac See table of contents Publisher(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital) Explore this journal Cite this review (2001). Review of [Vues d’ensemble]. Séquences, (212), 48–57. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 2000 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ m mm |ff% -LES FILMS -^ ALI ZAOUA les gros plans de ces visages d'enfants jeune rebelle qui se joint à eux. À cause pour sentir leur angoisse, leur souffrance, aussi de l'amour impossible que ressent Evocant à la fois Pixote (Hector leur courage et leur détermination. En Grady pour la fille du propriétaire de la Babenco, 1980) et Salaam Bombay (Mira témoins passifs, nous participons à leurs hacienda où les deux amis trouveront du Nair, 1988), le second long métrage de misères quotidiennes, nous suivons leurs travail. Non, le monde est cruel et violent l'auteur du cérébral et esthétisant péripéties et partageons leurs douleurs. où que l'on aille, et tous les repères tradi Mektoub (1997) se démarque par l'ap Mais Ayouch évite le mélodrame larmoyant, tionnels se trouvent bousculés. proche originale de la mise en scène. faisant de ses personnages des êtres de Ce western-lamento, qui semble par Cette fois-ci, Nabil Ayouch délaisse les chair et de sang qui n'ont que l'agressiv instants emprunter aux litanies du nô subtilités métaphysiques qui avaient ité pour se défendre. Optant pour une japonais, est aussi enveloppant que capti caractérisé son premier long métrage approche documentaire (extrême réa vant, et cela, grâce à (ou malgré) l'appel pour se lancer dans le réalisme pur et dur, lisme des situations), le réalisateur a des grands espaces, la magnificence de la ce qui est d'autant plus surprenant que la produit un des films les plus réussis du nature et l'extraordinaire beauté du visage grande partie de l'action se passe dans un cinéma marocain. (d'abord riant, puis ravagé de tristesse) de huis clos, grand terrain vague délabré, Élie Castiel Pénélope Cruz. rempli de détritus, servant de toile de Billy Bob Thornton sait nous rendre fond à une histoire émouvante d'enfants complices de son récit, nous montrer le France/Maroc/Belgique 2000, 95 minutes - Réal. : Nabil de la rue. À l'arrière-plan, la ville de Ayouch - Scén. : Nabil Ayouch, Nathalie Saugeon - Int. : cynisme des exploiteurs, la résignation des Casablanca, celle d'aujourd'hui, mo Mounim Khab, Mustapha Hansali, Hicham Moussoune, exploités, l'indifférence impitoyable de derne, occidentale, insensible à la dou Abdelhak Zhayra - Dist. : Remstar Distribution. ceux qui ne sont pas concernés. Une œuvre leur de ces laissés-pour-compte survivant terriblement belle qui rejoint les grands de cambriolages, de manigances et de ALL THE PRETTY HORSES thèmes de la littérature et du cinéma prostitution. Il est clair que le réalisateur américains. porte une certaine admiration au Lorsque John Grady Cole et Lacey Maurice Elia néoréalisme italien. Il suffit d'apprécier Rowlins quittent le Texas pour s'en aller, à l'aventure, chevaucher vers le Mexique, Ali Zaoua Etats-Unis 2000, 117 minutes - Réal. : Billy Bob Thornton - c'est pour assouvir leurs rêves que sem Scén. : Ted Tally, d'après le roman de Cormac McCarthy — blent condamner les choix de l'Amérique Int. : Matt Damon, Pénélope Cruz, Henry Thomas, Lucas Black, Miriam Colon, Ruben Blades, Julio Oscar Mechoso, Robert moderne, celle de 1949 du moins, des Patrick, Bruce Dern, Sam Shepard - Dist. : Columbia Pictures. rêves mis en phrases (dans ce premier volet de sa Trilogie des confins) par le CAST AWAY génial Cormac McCarthy, et maintenant en images par l'acteur Billy Bob Thornton. Il n'est pas difficile de s'imaginer à quel Les moments d'intense bonheur sont public s'adresse ce film relatant l'histoire nombreux jusqu'à ce que la belle odyssée d'un cadre d'une compagnie de messagerie espérée se transforme soudain en descente qui, suite à un accident d'avion et après aux enfers. À cause de Jimmy Blevins, le avoir échoué sur une île déserte du Cast Away Pacifique, doit apprendre les rudiments de la survie en nature. Aux actionnaires de la compagnie en question qui y trouveront une publicité à leur mesure tout d'abord; aux étudiants, particulièrement améri cains, qui y verront confirmées les hypothèses les plus répandues sur l'évolu tion de l'homme préhistorique ensuite. Malgré Tom Hanks, malgré les moyens utilisés, Cast Away sonne creux. La formule a beau être déguisée, elle ne l'est jamais assez. Constatons simplement qu'il s'agit d'un véritable film pour la période des Fêtes, un de ces films dont l'action s'adapte à sa date de sortie. SÉQUENCES 212 mars!avril 2001 Dans toute confrontation avec la nature, l'homme tend présupposer sa supériorité. Une fois cette supériorité établie, il lui est difficile de reconnaître son insignifiance. Or, c'est justement ce chemin que le film aurait dû emprunter (on songe aux films de Werner Herzog, par exemple). Ainsi la baleine, malgré sa dimension, ne sera jamais aussi imposante que le porte-con teneurs qui repêche Chuck Nollan, ce Robinson Crusoé moderne. Somme toute, un film à voir parce qu'il est moins bête que d'autres et parce que certaines images, malgré tout, méritent réflexion. quels sont ces petits films aux titres Alexis Ducouré obscurs qui parsèment sa filmographie depuis Cyrano et Tous les matins du •i Seul au monde monde ? États-Unis 2000, 143 minutes - Réal. : Robert Zemeckis - Scén. : William Broyles Jr. - Int. : Tom Hanks, Helen Hunt, Maurice Elia Nick Searcy, Christopher Noth, Lari White - Dist. : Twentieth Century Fox. France 1999, 83 minutes — Réal. : Claude Miller - Scén. : Claude Miller - Int. : Anne Brochet, Mathilde Seigner, Annie Noël, Yves Jacques, Edouard Baer, Jacques Mauclair, Edith LA CHAMBRE DES Scob - Dist. : Film Tonic. MAGICIENNES CHOCOLAT La chambre en question est celle que partage Claire, une étudiante en anthro Chocolat se présente comme une fable, pologie sujette à d'horribles migraines, celle d'une chocolatière qui, portée par le car d'autres fables sont passées comme let avec Odette, une jeune femme paralysée vent du nord, s'installe dans un sombre tre à la poste sans ce besoin de prévenir des deux jambes, et Éléonore, une vieille village qu'elle finit par égayer. Il est (songeons au plus ou moins récent Being dame aux limites de la démence, un être heureux que la probabilité ne soit pas un John Malkovich). étrange qui effraie les deux autres. Nous critère valable pour évaluer un film. Il est Alexis Ducouré sommes dans un service hospitalier de par contre moins heureux que la neurologie et Claude Miller et sa caméra cohérence le soit, car ce film, malgré l'ef Grande-Bretagne/États-Unis 2000, 116 minutes - Réal. : numérique nous persuadent que, dans ce fort du metteur en scène, malgré le savoir- Lasse Hallstrôm — Scén. : Robert Nelson Jacobs d'après le milieu, certains phénomènes échappant à faire des acteurs de premier plan, renvoie roman de Joanne Harris — Int. : Juliette Binoche, Judi Dench, Alfred Molina, Lena Olin, Johnny Depp, Peter Stormare, la raison ont tendance à se manifester. toujours le spectateur à son siège (qui Victoire Thivisol, Carrie-Anne Moss, Hugh 0'Conor, Leslie Adaptant un chapitre d'un roman de bénit les dieux pour leur confort). Les Caron, John Wood — Dist. : Alliance Atlantis Vivafilm. Siri Hustvedt (l'épouse, d'origine norvé erreurs fatales sont nombreuses, la plus gienne, de l'écrivain et cinéaste Paul importante étant celle de situer l'action DESIRE Auster), Miller entrecoupe son récit de dans un village français. Comment croire moments d'intense ferveur, où les trois en effet à l'austérité protestante des per Desire, coproduction Québec/Allemagne personnages semblent s'ouvrir à autre sonnages, à leur mutisme émotionnel et par ailleurs financée par quelques chaînes chose que leur simple existence. Le film affectif ? Comment croire que l'on puisse spécialisées, propose, avec une humilité et devient alors puissant, haletant; sa véhé dire dans un film dont l'action se situe en une modestie certaines, une histoire mence et sa richesse arrivent à bouleverser, 1959 des phrases telles que "vacuum under maintes fois exploitée. Or, ces qualités car la chaloupe qui semblait se perdre en his ass" ou "call me a drug addict" ? Ce ne deviennent l'abîme dans lequel sombre le mer aborde au rivage d'une vérité à la fois sont là que quelques-unes des nombreuses film puisqu'il ne prétend à rien sinon au limpide et dense, qui soulage. incohérences d'un film dont le scénario simple statut de film. Et quel plaisir de retrouver la remar traduit davantage la mentalité anglo-saxonne Dans une petite ville manitobaine, quable Anne Brochet sur le doux visage de que la mentalité latine. Il est vrai qu'il dépeinte par une photographie évoquant qui semblent s'affronter des forces hermé s'agit d'une fable, mais sa façon de s'énon vaguement l'esthétique hyperréaliste, sans tiques et une obsédante réflexion. Mais cer devrait nous mettre la puce à l'oreille, toutefois qu'il en ressorte un quelconque SÉQUENCES 212 mars!avril 2001 FILMS effet narratif, formel ou émotif, un jeune ^B Désir Toutefois, Christopher Plummer est assez pianiste instable, Francis Waterson, vir Canada [Qucbec]/Allemagnc 2000, 97 minutes - Réal.