André Larquié Président Brigitte Marger Directeur Général
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André Larquié président Brigitte Marger directeur général Pour inaugurer la saison 2000-2001, la cité de la musique a le plaisir de vous pro- samedi Georg Friedrich Haendel poser d’entendre Tamerlano en version de concert : un opera seria moins connu 16 septembre - 20h Tamerlano que Giulio Cesare (1724), Ariodante (1735) ou Alcina (1735), mais dont la richesse salle des concerts opera seria en trois actes musicale témoigne d’une conscience aiguë de la conduite dramatique, y compris livret de Nicolo Francesco Haym d’après Agostino Piovene dans une forme jugée, même à l’époque du compositeur, comme rigide et sté- (version de concert ; traduction page 8) réotypée (un enchaînement d’airs et de récitatifs…). Haendel rompt en effet avec la tradition des sujets antiques en s’inspirant d’un sujet historique (la rivalité entre l’Empire turc du XVe siècle et ses rivaux d’Asie centrale) puis confie de nouveaux Christophe Rousset, clavecin, direction moyens d’expression vocale aux deux héros Tamerlan et Bajazet , en mêlant Bejun Mehta, contre-ténor (Tamerlan, empereur l’habituel récitatif secco (accompagné du continuo) et le récitatif accompagnato tartare) (c’est-à-dire « accompagné de l’orchestre ») pour atteindre une intensité drama- Delphine Haidan, mezzo (Andronicus, prince tique (notamment dans la scène de la mort) unique dans toute l’œuvre de Haendel. grec, allié de Tamerlan) Kobie Van Rensburg, ténor (Bajazet, empereur turc et prisonnier de Tamerlano) Sandrine Piau, soprano (Asteria, fille de Bajazet et amante d’Andronicus) Sylvie Althaparro, mezzo-soprano (Irène, prin- cesse de Trebizonde, fiancée de Tamerlan) Jérôme Corréas, baryton-basse (Léon, confident d’Andricus) Les Talens Lyriques entracte après l’acte II durée : 3 heures partenaire de la cité de la musique ce concert est retransmis en direct sur Radio Classique Georg Friedrich Haendel - Tamerlano Georg Friedrich Haendel - Tamerlano Georg Friedrich Juillet 1724 : Haendel est au zénith de sa gloire lon- semblablement connu la version Scarlatti. Haendel donienne. L’écho des applaudissements qui ont salué Devenu célèbre et s’attaquant à son tour à la tragé- Tamerlano son Giulio Cesare ne s’est pas encore éteint. En moins die de Pradon, le compositeur avait prévu de confier de trois semaines, il boucle la composition d’un le personnage de Bajazet à un ténor plutôt qu’au tra- Tamerlano dont Nicolo Haym, son librettiste, est allé ditionnel castrat ; il fit, en conséquence, appel aux chercher la matière dans une tragédie du Français services du célèbre Francesco Borosini qui avait déjà Pradon, un Tamerlan ou La Mort de Bajazet, repré- tenu le rôle dans la version de Gasparini. Premier senté à Paris en 1677. Pradon serait aujourd’hui bien grand ténor italien à paraître sur la scène anglaise – où oublié si, en cette même année 1677, sa Phèdre & l’avaient précédé la Cuzzoni et Senesino, avec qui il Hippolyte n’avait été opposée au cours d’une cabale allait chanter le Tamerlano – , le chanteur semble avoir à la Phèdre de Racine. Il s’était ainsi trouvé porter les eu des idées très précises sur le profil dramatique du couleurs de l’« Ancien » Corneille contre son héros qu’il incarnait. Il ne manqua pas de les exposer « Moderne » rival. Ce qui a probablement contribué à à Haendel dont il fut apparemment écouté et qui lui valoir la faveur de Haendel dont l’admiration pour apporta à sa partition initiale de nombreuses modifi- l’esprit cornélien avait été constante durant trois sai- cations tendant à renforcer la tension dramatique de sons : un Flavio d’après Le Cid en 1723, le Tamerlano l’ouvrage. en 1724, et une Rodelinda d’après Pertharite en 1725. En effet, les deux personnages principaux du Longtemps après, en fin de carrière, on retrouve Tamerlano que nous connaissons, Bajazet et Tamerlan Corneille avec la pieuse Theodora composée en 1750. lui-même, abandonnent plusieurs fois la splendeur Le choix du sujet de Tamerlano pouvait sembler solennelle de la grande aria à reprises pour s’exprimer étrange. Depuis sa création, l’opéra italien allait chercher dans un mélange inattendu de récitatifs secco et son inspiration dans l’Antiquité, aux confins de l’his- accompagnato mêlés à des fragments d’arioso. La toire et de la mythologie. Avec ce nouvel opéra, on scène y perd de sa magnificence décorative, mais entrait dans le monde moderne. Le conflit entre l’Empire elle s’enrichit d’une intensité tragique qui n’est pas turc du XVe siècle et ses rivaux d’Asie centrale pouvait sans rappeler certains sommets de l’opéra monte- sembler lointain ; mais le Turc lui-même appartenait à verdien. On remarquera tout particulièrement le long une actualité très présente. Un an avant la naissance de monologue qui accompagne le suicide d’un Bajazet Haendel, il assiégeait Vienne et menaçait l’Europe. fou de douleur et de colère. A coup sûr, un des plus Quarante ans plus tard, la frayeur n’était pas encore grands moments du théâtre haendélien ; mais peut- oubliée. Il faudra attendre les années mozartiennes être aussi l’annonce prémonitoire de l’expression pour qu’une marche turque fasse sourire. lyrique moderne. A dire vrai, l’utilisation par Haym de la tragédie de Pradon était moins originale qu’il n’y pouvait paraître. Jean-François Labie L’histoire de Tamerlan et de Bajazet avait déjà eu à plusieurs reprises les honneurs de la scène lyrique en Italie : Alessandro Scarlatti en 1706 à Pratolino (à la cour des Médicis), Francesco Gasparini en 1710 (à Venise puis à Reggio) et Leonardo Leo en 1719 (à Naples). Hôte lui-même en 1706 du Gran principe Ferdinand de Médicis, le tout jeune Haendel a vrai- 4| cité de la musique notes de programme | 5 Georg Friedrich Haendel - Tamerlano Georg Friedrich Haendel - Tamerlano argument Les Tartares ont vaincu les Turcs. Tamerlan, leur empe- biographies Christophe Rousset vénitien, en passant par acte I reur, a capturé le sultan Bajazet qui, désespéré, ne Passionné dès l’âge de 13 l’opéra-comique français. songe plus qu’au suicide. Le prince grec Andronicus, ans par le clavecin, Dans le domaine de allié de Tamerlan, est amoureux d’Asteria, fille de Christophe Rousset suit l’opéra, il se consacre Bajazet. Fiancé à Irène, princesse de Trébizonde, tour à tour l’enseignement notamment à Haendel l’empereur tartare tombe sous le charme d’Asteria. d’Huguette Dreyfus à la (Scipione, Riccardo Jeux de l’amour et de la politique : il offre à Andronicus Schola Cantorum de Paris Primo, Rinaldo, la main d’Irène et le rétablissement à son profit de la et de Bob Van Asperen au Admeto...), Monteverdi (Le puissance byzantine ; à condition qu’il plaide sa cause Conservatoire royal de la Couronnement de auprès d’Asteria dont le père sera remis en liberté. Haye. En 1983, il rem- Poppée créé à l’Opéra Embarras d’Andronicus qui n’ose refuser et amer- porte le Premier prix et le d’Amsterdam), Cimarosa tume d’Astéria qui se croit trahie. Prix du public au septième (Il Mercato di Malmantile à Concours de clavecin de l’Opéra du Rhin), à l’opéra acte II Découragée et amère, la fille de Bajazet feint d’ac- Bruges. Il est aussitôt sol- napolitain (Armida abban- cepter la main et le trône de Tamerlan, ce qui horrifie licité en tant que soliste donata de Jommelli, son père. En fait, sa soumission n’est qu’apparente ; par des festivals presti- Antigona de Traetta), véni- Asteria n’a qu’un but : approcher l’ennemi de sa gieux (Aix-en-Provence, tien (La Didone de Cavalli) famille pour le poignarder. Toutefois, à la dernière Saintes, Beaune, Le et français (Les Fêtes de minute, elle renonce à son projet et laisse tomber son Printemps des Arts de Paphos de Mondonville). arme. Colère de Tamerlan qui proclame bien haut son Nantes) et des formations Christophe Rousset par- intention de faire périr et la fille et le père. célèbres (La Petite Bande, tage ainsi sa carrière entre The Academy of Ancient le clavecin solo et la direc- acte III Bajazet et Asteria font le projet d’empoisonner Music, Les Arts tion de son ensemble. Au Tamerlan. De son côté, celui-ci, revenu à des senti- Florissants). Il enseigne clavecin, ses intégrales de ments moins violents, renouvelle son offre à depuis 1991 au Rameau et de Couperin Andronicus. Plus ferme qu’au premier acte, le Grec Conservatoire de Paris. sont remarquées par la refuse et révèle son amour pour Asteria, provoquant Son activité de claveci- critique internationale. En ainsi la fureur de l’empereur. Réduite au statut d’es- niste l’amène rapidement 1998, après une tournée clave, Asteria met du poison dans la coupe de à passer à la direction en Australie (Sydney Tamerlan au cours d’un banquet. Son geste est vu et d’orchestre proprement Festival), aux Etats-Unis et dénoncé par Irène ; ce qui provoque sa condamnation. dite, avec les Arts en Allemagne, il a dirigé Désespoir de Bajazet qui se suicide à l’issue d’un long Florissants et Il Seminario Mitridate de Mozart à monologue où il maudit Tamerlan. Emu, l’empereur Musicale. En 1991, il l’Opéra national de Lyon, pardonne. Il épousera Irène et Andronicus son Asteria. fonde son propre et présenté une nouvelle Tout est bien qui finit bien (sauf pour Bajazet). ensemble, Les Talens production au Théâtre du Lyriques, dont le réper- Châtelet à Paris en mars J.-F. L. toire s’étend des 2000. En 99-2000, ses madrigaux italiens et des projets l’amènent à diriger airs de cour français à encore Haendel à la l’opera seria napolitain et scène : Giulio Cesare 6| cité de la musique notes de programme | 41 Georg Friedrich Haendel - Tamerlano Georg Friedrich Haendel - Tamerlano (Montpellier), Serse de la compréhension suite, il apparaîtra au part au Festival d’Aix-en- pour interpréter le rôle de Minkowski, William (Montpellier, Dresde...), musicale de cet adoles- Marilyn Horne Birthday Provence en interprétant l’Enfant dans L’Enfant et Christie dans des lieux Tamerlano cent.