Autour du monde Lundi / Montag / Monday 23.03.2015 20:00 Grand Auditorium

Buika vocals Dani de Morón guitar Ramón Porrina cajon Jose Manuel «Popo» Posada Oviedo double bass

~90’ sans entracte / ohne Pause

Dans le cadre du «Printemps musical – Festival de Luxembourg» Coopération avec Luxembourg City Tourist Office, Events & Culture (LCTO) Buika & Band Richard Robert

En 2008, sur la pochette de son album «Niña de fuego», Concha Buika, née María Concepción Balboa Buika, pose nue, assise de trois quarts dos, sa chevelure de jais tombant en éclaboussures sur la roche noire de ses épaules, telle une Vénus africaine sor- tant du bain. Aux journalistes qui viennent alors l’interviewer, l’Espagnole originaire de Guinée équatoriale, dans l’un de ces rires carnassiers qui, à intervalles réguliers, dévorent la fin de ses phrases, a coutume d’expliquer qu’elle a préféré se rhabiller pour partir à leur rencontre. Avant d’ajouter que c’est dans l’art du chant qu’elle aime avant tout s’exhiber dans le plus simple appa- reil. «La musique est le dernier endroit où j’ai envie de me travestir et de mentir, déclare-t-elle ainsi. Dans la vie, il existe plein de circonstances dans lesquelles je ne trouve pas nécessaire de dire la vérité. Mais quand je chante, je n’ai pas d’autre choix que de me dévoiler. La musique me per- met d’accéder à une certaine forme de liberté intérieure, que je chéris par- dessus tout et que je ne pourrais pas atteindre par le biais du mensonge.»

Dans d’autres bouches, ces propos pourraient aisément passer pour une banale profession de foi, entonnée sur l’air mille fois rebattu de «Je suis forcément une grande chanteuse, puisque je vous ouvre mon cœur.» Mais il n’y a pas de chantage à la sincérité chez Buika, dont la voix granuleuse et perforante s’est forgée loin des scènes et des projecteurs, au contact brûlant du des gitans de Palma de Majorque, la ville où elle est née et a grandi, avant de s’acérer encore un peu plus à la flamme du blues, du funk ou de la soul. Il n’y a jamais eu chez elle que la féroce envie de retranscrire, sans retenue ni tiédeur, la flamboyante grandeur d’une vie consumée dans la juste mesure de l’excès. Pour Buika,

2 Buika le chant n’est pas plus une profession qu’une thérapie. C’est un usage du monde, dont la nécessité s’est très vite imposée à elle. «J’ai vécu toute mon enfance à Majorque. Mais de mes parents, qui avaient fui avant ma naissance le régime dictatorial de Macías Nguema, j’ai reçu une éducation très africaine. Ce qui veut dire que, pour moi, la musique a toujours fait intimement partie de l’existence. En Afrique, l’essentiel n’est pas de chanter bien ou mal, tristement ou joyeusement, mais de pouvoir chanter: car cela signifie simplement que vous êtes en vie. Le chant est aussi un bon moyen d’exprimer ce que les mots de tous les jours ont du mal à cerner. Quand ma grand-mère ne savait pas com- ment nous dire quelque chose, elle nous le chantait.»

De cette intuition que la musique pouvait l’aider à franchir les frontières de l’indicible, Buika, dès son plus jeune âge, a sans doute tiré son aspiration à déborder les cadres du langage cou- rant. Sans se le formuler clairement, elle a très tôt voulu chanter

3 la joie et la brûlure d’aimer, la jouissance et la douleur d’exister, apprises en fréquentant la population marginale, poétique et dé- classée du Barrio Chino de Palma de Majorque. «Quand j’avais 16 ans, je chantais et je clappais des mains dans les rues, racontera- t-elle en 2006 dans un entretien avec Mondomix. En rentrant de l’école, on entendait de la musique qui s’échappait des fenêtres; mais au- jourd’hui, qui ose jouer dans la rue? J’ai le sentiment qu’au fil de la vie et de l’histoire, on perd cette force juvénile qui fait que, même ignorant, on se sent fort.»

Cette force nue, orgueilleuse mais aussi névralgique, sans doute nourrie par le sentiment d’exil qu’elle aura reçu en héritage comme par le départ brutal de son père, fuyant le foyer conju- gal alors qu’elle est âgée de 9 ans, Buika cherchera à la convertir en chant, mots et sons. Le flamenco lui donnera les ailes vocales et expressives qu’elle rêvait de déployer. Mais comme l’immense Camarón de la Isla, dont elle pourrait être la petite sœur au teint d’ébène, elle ne se résignera pas à en respecter aveuglément les dogmes. De cette liberté de pensée et de mouvement forcément peu académique, elle paiera d’abord le prix fort. Plutôt caho- teux, le premier épisode de sa vie de chanteuse se jouera ainsi dans l’ombre des cafés et clubs pour touristes de son île natale, où elle enchaîne des standards comme «Stand by me» ou «Autumn Leaves», avant de lui offrir un surprenant détour par Las Vegas, où elle se produira un an durant comme sosie physique et vocal de Tina Turner dans un casino de seconde zone. Mais de son fa- rouche esprit d’indépendance, porté par un tempérament de feu, elle finira par toucher la juste rançon. En 2006, elle attire ainsi l’attention du producteur Javier Limón, révélé par le succès artis- tique et public des albums «Lágrimas Negras» du duo Diego El Cigala-Bebo Valdés et «Cositas Buenas» de Paco de Lucía. Fin li- mier et mélomane, le Madrilène discerne le diamant brut de sa voix et les arêtes tranchantes de sa personnalité dans les contours encore imparfaits de ses deux premiers disques, le piano-voix «Mestizüo» et «Buika», respectivement sortis en 2000 et 2004. Il lui propose aussitôt de l’accueillir sur son label fraîchement créé, Casa Limón.

5 Trop sauvageonne pour se laisser piéger sous l’aile étouffante d’un mentor, Buika va trouver en Javier Limón une oreille atten- tive et sensible, soucieuse d’offrir à son ramage vocal un enro- bage instrumental à sa mesure. Autour d’elle, le producteur ré- unit ainsi des experts en nuances comme le guitariste flamen- co Niño Josele, le pianiste José Reinoso, le bassiste cubain Alain Perez, le percussionniste Ramón Porrina ou encore le trompet- tiste Jerry Gonzalez et le batteur Horacio «El Negro» Hernandez, piliers du New York latino. Comme dans sa chanson-titre, une composition des années 30 ici élevée au rang de classique intem- porel, l’album «Mi Niña Lola» (2006) love la voix craquelée de Buika dans un écrin de sonorités acoustiques et de cordes. Aussi ouvert et palpitant que son cœur de chanteuse sans frontières, il gomme toute distance entre ses différentes sources d’inspira- tion: flamenco, , soul, musiques africaines ou encore copla – ce style de chanson populaire florissant pendant l’entre-deux- guerres qui, avec des interprètes comme Lola Flores, Concha Piquer ou Sara Montiel, aura connu en Espagne son heure de gloire jusque dans les années 1960. Toujours sous la houlette de Javier Limón, qui officie même à la guitare flamenca, le bien nommé «Niña de fuego» (2008) voit Buika poursuivre et étendre son papillonnage. Avec une égale voracité, on l’entend ainsi goû- ter aux nectars du répertoire cubain, de la ranchera mexicaine, mais aussi de la chanson française («La Bohème» de Charles Az- navour, adaptée en espagnol) – un domaine qu’elle reviendra ex- plorer en 2013, et en version originale cette fois, avec une auda- cieuse relecture flamenca du «» de Jacques Brel. Fille du feu, mais aussi fille de l’air, Buika montre alors ce que devrait toujours être une vraie chanteuse de variété, au sens le plus noble du terme: une femme sans ancrage, contournant na- turellement la contrainte des genres. «Je n’ai pas l’impression d’être enracinée dans une tradition particulière, déclare-t-elle alors. J’habite nulle part. Mais pour moi, nulle part est aussi un pays, où je me sens chez moi.»

La grande chanteuse cubaine Omara Portuondo a un jour affir- mé qu’elle ne cesserait jamais de priser les ballades sentimen- tales, se sachant au plus profond d’elle-même et pour toujours

6 La culture une femme «amoureuse de l’amour». Une même passion pour les a de l’avenir sentiments, poussée jusqu’à son paroxysme, anime Concha Buika; et c’est ce désir irrépressible de rendre compte de toute forme d’expérience émotionnelle et sensuelle qui, bien plus qu’un quelconque calcul ou un souhait de transgresser les règles, l’a amenée à franchir les barrières entre les genres. Un désir qui ex- plique aussi pourquoi elle ne cache jamais son ennui lorsqu’on l’invite à définir ou à analyser son identité musicale et vocale. «Pour moi, la qualité de la musique ne dépend pas de la voix, a-t-elle Nora, ainsi asséné dans un entretien avec Mondomix, mais de l’histoire future premier violon dans un orchestre symphonique qu’elle véhicule, car la voix fluctue avec les circonstances. Ma voix n’est pas spéciale, je ne l’ai pas travaillée, car personne ne peut m’apprendre comment chanter. Toutes les voix sont belles si elles disent des sentiments.»

Cette conviction, Buika l’aura exprimée avec davantage de vi- gueur encore en 2009, dans un album, «El Último Trago», enre- gistré en tête-à-tête avec le pianiste cubain Chucho Valdés. Soit la rencontre entre deux phénomènes pétris de musique(s) et de fierté, s’étreignant sans rien abdiquer de leurs forces ni de leurs héritages respectifs, comme en écho à un autre projet également chapeauté quelques années plus tôt par Javier Limón: le fameux pas de deux entre le jeune chien fou andalou Diego El Cigala et le vénérable pianiste (et père de Chucho) Bebo Valdés, où le chant flamenco se frottait sans retenue à la tradition du boléro. Mais «El Último Trago», lui, se déroule sur un terrain d’entente musical plus vaste encore. D’abord parce que Buika est bien plus qu’une représentante du flamenco ‹puro›, et qu’elle frotte son chant griffu et ses inflexions déchirées au jeu du colossal Chucho Valdés, plongeant lui-même ses mains dans toutes les marmites surchauffées où l’aura conduit son appétit d’ogre. Ensuite parce que la chanteuse s’ouvre encore un nouvel horizon en consa- crant tout ce disque au répertoire de , légende BGL BNP PARIBAS sulfureuse et interprète incandescente de la chanson mexicaine. Pour Buika, cette grande aînée (décédée en 2012 à l’âge de 93 ans), S’ENGAGE POUR PROMOUVOIR LA CULTURE par son exemple, sa trempe vocale et son courage altier, aura re- présenté une véritable figure tutélaire, quasi maternelle – Vargas, AU LUXEMBOURG après l’avoir rencontrée, ira du reste jusqu’à la présenter comme sa «fille noire». Si «El Último Trago» marque un tournant dans le bgl.lu 9

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BGLBNPPARIBAS_062014_Annonce_115X175_Philharmonie.indd 1 6/3/14 11:22 AM Buika

parcours de la jeune Espagnole, c’est parce qu’il l’aura ainsi ins- crite un peu plus profondément encore dans une lignée de chan- teuses authentiquement libres, dont l’aura se déploie au-delà des styles: une famille informelle et forte, dans laquelle on retrouve- rait aussi bien Edith Piaf que , que Mercedes Sosa ou la regrettée Lhasa de Sela. Le réalisateur Pedro Almodóvar ne s’y trompera pas, lui qui après avoir accueilli dans certains de ses films le chant et la présence de Chavela Vargas, in- vitera à son tour Buika à se produire dans La piel que habito (2011).

Désormais fêtée et reconnue à l’échelle internationale, Buika au- rait pu être tentée d’abaisser ses exigences, de rentrer dans le rang d’une esthétique plus consensuelle. Elle n’en fera rien. Avec «La Noche màs larga» (2013), enregistré cette fois-ci sans le concours de Javier Limón, elle pousse même encore plus loin son désir d’autonomie, virevoltant d’une composition originale (l’album en compte cinq) à un inoxydable standard cubain («Siboney»), d’une ballade survolée par la guitare de à un stan-

10 dard d’Abbey Lincoln, se glissant dans chaque chanson comme si elle avait été taillée spécialement pour elle. Démontrant que la finesse d’exécution peut aussi être l’apanage des grands fauves, Buika se perche sur des crêtes d’intensité dont son chant, avec une agilité virtuose naturelle, semble détailler les moindres re- liefs. Ennemie de la demi-teinte, elle sait pourtant faire usage des nuances; mais ce sont des nuances éclatantes, puisées dans une palette qui ignore tout des tons neutres.

Et c’est encore sur scène, dans la fragile et intense vérité de l’ins- tant, que ce mélange savant de raffinement et d’excès trouve sa pleine démesure. Avec la franchise désarmante qui est la sienne, Buika reconnaît elle-même que sa voix est davantage faite pour vibrer dans une salle de concert que pour être capturée en stu- dio. «Un disque, c’est une chose morte, aura-t-elle ainsi déclaré sans ambages dans Libération, la photographie d’un instant qui a existé mais qui ne m’intéresse plus. Un merveilleux mensonge. Je n’écoute ja- mais les miens, je n’ai jamais regardé des images de moi sur scène. Je ne me retourne jamais en arrière, c’est un pacte que j’ai passé moi-même.» Comme son modèle Chavela Vargas, c’est donc sur les planches que Concha Buika milite le plus activement pour la libération de cette flamme qui, chez tous les grands vivants, s’allume sans réserve ni compromis. C’est à chacun de ses concerts que l’Espa- gnole, débordant de passion, déchirant sa voix avec la même ar- deur que lorsqu’elle rit aux éclats, remplit sans faiblir la mission qu’elle s’est fixée: signer des brûlots gorgés d’humanité qui, par- tout où elle les délivre, résonnent comme autant d’appels à l’in- surrection et au réconfort des cœurs. «Que le public parle espagnol ou pas ne fait aucune différence pour moi, a-t-elle encore affirmé dans les colonnes de Libération. J’aime qu’il m’entoure, je me confie à lui comme quand, gamine, je rentrais à la maison avec quelque chose à ra- conter à maman. Le public, les musiciens et moi ne faisons qu’un: c’est ça, un concert.»

13 Der Soundtrack des Lebens Buika im Portrait Stefan Franzen

Nachdem man sie habe singen hören, sei man bereit, dieselben Fehler immer wieder aufs Neue zu begehen. Das sagt der spani- sche Regisseur Pedro Almodóvar über sie. Buika wird wechsel- weise als Flamenco-Queen oder neue Chavela Vargas angepriesen, mit Nina Simone genauso wie mit Tina Turner verglichen. Dabei überzeugt sie nicht durch Rollenspiele, sondern durch die scho- nungslose Offenbarung ihrer eigenen Seele.

Ihre Stimme ist einzigartig: erdig, weiblich aufnehmend, voller zärtlicher Bitternis in den Tiefen, aber glühend in den Höhen. Immer schwingt würzige Schärfe mit, rauschhafte, gelebte Leiden- schaft. «Ich fühle, dass meine Stimme frei ist von allen Stilen, sie ist von überall her. Ich fürchte mich vor keiner Sprache, keinem Land, vor keinem Song», bekennt Buika.

Auf der Suche nach einer Identität Die Eltern stammen aus Äquatorial-Guinea, und als kleines Mäd- chen, so bekennt die 42-Jährige, sei sie auf , der Insel ihrer Kindheit, für die Nachbarn nur «die Afrikanerin» gewesen. Ihre Onkel, Tanten und Cousins dagegen sprechen ihr dieses Attri- but ab, sehen in ihr eine Spanierin. «Ich sehnte mich nach einem Ort, der mir ein Zugehörigkeitsgefühl geben konnte. Ich war so traurig, weil ich dachte, ich hätte keine Identität verdient.» Sie findet diese Iden- tität durch den Gesang, muss zuvor aber viele Umwege in Kauf nehmen. Die Gitanos der Insel weihen sie in ihre Musik ein, bei der Mutter aber hört sie auch den Spanienpop der Siebziger. Er- ste Erfahrungen mit Bühnenpräsenz sammelt sie in den Reihen der experimentellen Theatertruppe La Fura dels Baus. Schließ-

14 Buika lich zieht es sie in die USA: In Las Vegas tritt Buika fünf Jahre lang in den glamourösen Casinos als Tina-Turner-Imitat auf, und anschließend probiert sie ihre Stimme in Los Angeles im Soul- Kontext aus, mit wenig Erfolg.

2006 dann die Wende: Ihr spanischsprachiges Debüt «Mi niña Lola», eingespielt mit Starproduzent Javier Limón, schlägt in der Heimat ein, und reüssiert auch international, bekommt etwa aus dem Stand den Preis der Deutschen Schallplattenkritik. Die Fla- mencowelt ist rigide geworden, Erneuerungen passierten letztlich kaum, festgefahren in einer Fusion mit jazzigen Vokabeln ist das Genre, oder süßlich in der Hochzeit mit dem Pop. Doch Buikas Einspielung sowie das Nachfolgewerk «Niña de fuego» beleben den Flamenco dank ihres ungezügelten vokalen Charismas und

15 durch Brückenschläge nach Mexiko und Afro-Kuba. Diese Öff- nung in Richtung Lateinamerika wird für sie immer wichtiger: Herausragend ihr Songzyklus «El último trago», eine Widmung an Chavela Vargas, eingespielt mit dem Pianisten Chucho Valdés. Kollaborationen mit , Ravi Shankars Tochter Anoush- ka, den Soulpop-Stars und pflastern Buikas Karriere in den Jahren danach. Sie schreibt einen Gedichtband, und sie liefert Starregisseur Almodóvar ein paar Stücke für den Soundtrack zu Die Haut, in der ich wohne. In seinem Kultfilm steht sie auch selbst vor der Kamera. Nicht in irgendeiner Rolle, sondern singend, als Buika ist sie zu sehen.

Gewandelt zur Löwin Denn Buika stellt niemanden dar außer sich selbst. Wenn sie über ihre Kunst spricht, geschieht das aus dem Bauch heraus und aus dem Herzen. Im Interview beginnt sie viele ihrer Sätze mit «ich fühle», und sie endet wahlweise mit «yes, Sir» oder «papi», und schon hat man den Eindruck, sie Ewigkeiten zu kennen. «Ich fühle, dass ein Musiker aufrichtig sein, die Wahrheit wiedergeben muss», sagt sie. «Auf meinen frühen Alben fühlte ich, dass ich in einem Gefängnis saß, denn ich war unsicher über meinen Lebensweg, das konnte man in meiner Stimme hören. Aber das war eben die Wahrheit meines Lebens, ich habe ganz ehrlich meine Ängste eingesungen.» Mittlerweile hat sie großes Selbstvertrauen, spricht von sich als starke Frau, gar als Löwin.

Heute kann sie auch ihre Herkunft bejahen: «Afrika ist ein Kon- zept, das überall in mir ist, in meinem Blut, in meinen Haaren. Ich bin Afrika.» Wie ihre CD-Cover und ihre Fotos verraten, ist sie stolz auf ihre schwarze Haut. Eine Haut, die sie mit vielen Tattoos geschmückt hat. In ihnen sie sieht einen therapeutischen Aspekt: «Manchmal fühle ich mich auf Tour schwach und verletzlich, denn so viele Konzerte nacheinander zu geben, ist unglaublich anstrengend. Dann tätowiere ich vor dem Auftritt etwas auf meine Haut, das mir sehr wichtig ist, und fühle ich mich stärker, wenn ich auf die Bühne gehe. Und wenn ich dann dort oben einen schwachen Moment habe, kann ich auf meine Tattoos schauen und weiß, warum ich dort stehe.»

17 Die längste Nacht Von diesem Selbstbewusstsein kündet auch Buikas neuestes Werk «La noche más larga». Das beginnt bereits mit dem Fotomaterial, für das sie sich in Schwarzweiß als glamouröse Jazzclub-Lady hat ablichten lassen. Es sei ihr persönlichstes Werk, sagt sie – und es beinhaltet eine Art Soundtrack des Lebens. Lieder, die sie wäh- rend der verschiedenen Etappen ihres Lebens begleitet, eine ganz bestimmte Signalwirkung auf sie haben. Und die sie sich ganz zu eigen macht: «Siboney», die berühmte Ballade aus der Feder des Kubaners Ernesto Lecuonas, mutiert zu einem heißen Salsaritt, Jacques Brels «Ne me quitte pas» und Billie Holidays «Don’t explain» finden sich in Andalusien wieder, spanische Kitsch- hits der Siebziger wie «Santa Lúcia» kommen in den Genuss eines funky Sounds.

«Musik ist zeitlos», so Buikas Überzeugung. «Mein 15-jähriger Sohn singt jetzt die Beatles, als wären sie von heute. Musik besitzt das Wunder der Ewigkeit, und dieses Wunder ist wichtiger als jeder Grammy oder jeder andere Preis, den du für deine Arbeit bekommst. Musik ist auch nicht unser Besitz. Sie ist im Raum und sagt, dir, wie sie gespielt werden will. Deshalb war es auch nur natürlich, dass ich im Studio jeden Song von Grund auf neu erfunden habe, obwohl viele von ihnen Klassiker sind.» Doch das neue Programm beherbergt natürlich auch Eigen- kompositionen Buikas. Und die erzählen von der verrückten Liebe zu einer Frau, vom Durchstehen einer endlosen Nacht und Auf- bruch zu neuen Ufern, von familiären Banden. Der außergewöhn- lichste ihrer eigenen Songs ist sicherlich «No lo sé»: Für die frei oszilliernde Komposition über das Verzweifeln an einer Leiden- schaft hat der weltweit renommierte Jazzgitarrist Pat Metheny ein schwebendes Solo beigesteuert. «Er versorgt mich mit Energie, und er zeigt mir das Licht, das in meiner Musik wohnt», sagt sie ganz poetisch, auf den Saitenmeister angesprochen. Es ist ein Moment der Zerbrechlichkeit dieser nun so löwenhaften Frau.

Die Bibel der Zukunft Sollte Buika im Konzertsaal während ihrer Gesangspausen plötz- lich eine Kamera zücken, um auf oder von der Bühne herunter zu fotografieren, wundern Sie sich nicht: Diese Frau sammelt

18 Eindrücke für ein ganz besonderes Dokument. «Wir müssen über alle unsere Erfahrungen schreiben, Songs dazu aufnehmen, darüber malen, Filme machen. Das ist die Bibel für die Menschen, die nach uns kommen», erklärt sie mit großem Ernst. «Die Bibel der Zukunft wird von Menschen geschrieben, die dir die Wahrheit über das erzählen, was im Leben passiert, nicht diejenigen, die dich träumen lassen. Die wahre Bibel besteht aus allen Filmen, Liedern und Gemälden, die entstanden sind, seit unsere Erinnerung es uns gestattet hat, das zu tun. Ich will alle meine Geheimnisse teilen. Ob ich das nun mit World Music, Blues oder Funk mache ist unerheblich, um Stile geht es nicht. Denn die Geheim- nisse in den Songs sind überall die gleichen. Wir müssen all das für die Nachwelt bewahren, denn die Menschen, die nach uns kommen, sollen erkennen, dass sie normal sind, wenn sie vergleichbare Gefühle haben. Manchmal fühlt man sich wie ein Idiot, weil man etwas Seltsames getan oder gefühlt hat, und dann hört man in einem Song, dass es jemand an- derem genauso ging. Und schon geht es einem besser.»

Mit einer solchen allumfassenden Philosophie von Kunst ist es nur konsequent, dass sich Buika neben ihrer Musik weitere Diszi- plinen erobert. Nach ihrem bezwingenden Auftritt in Almodó- vars Die Haut, in der ich wohne hat sie zusammen mit ihrem Bruder schon einen Film nach eigenem Drehbuch im Kasten, er trägt den bezeichnenden Titel From Loneliness To Hell. «Es geht um den Weg, von dir selbst zu dir selbst zu finden, ohne den Verstand zu verlieren», umschreibt sie den Inhalt bedeutungsvoll. Ihr zweites Buch ist auch veröffentlicht, mit Fotografien und neuen Gedichten hat Buika hier schon ihre eigene, ganz persönliche Bibel vorgelegt. Es trägt frei übersetzt folgende Widmung im Titel: «Für diejenigen, die schwierige Frauen liebten und schließlich losließen.» In der Tat: Sie mag keinen einfachen Charakter haben, aber gerade deswegen schlägt Concha Buika in den Bann. Ja, Almodóvar hatte wohl recht mit den Fehlern, die man immer wieder aufs Neue bege- hen möchte.

21 Interprète Biographie

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Buika vocals Fille de parents africains, Buika (María Concepción Balboa Bui- ka) est née le 11 mai 1972 à Palma de Majorque. Elle vit à Mia- mi. Buika, survivante créative, poétesse, compositrice et pro- ductrice de musique considère son rôle de mère comme sa première priorité. Elle considère la nature et ses expériences profondes comme d’intenses leçons. Saluée comme une star dans le milieu actuel de la World Music / Jazz / Flamenco / Fu- sion, Buika est dotée d’une voix remarquable, brute et rauque, mais d’une tendresse qui va droit au cœur, riche et sensuelle. Il a été dit que «Buika associe différents styles à des paroles chargées en émotion avec la sensualité d’une voix cassée». Rares sont les artistes comparés à Nina Simone, Chavela Var- gas et Cesarea Evora, mais Buika, avec son style unique, se rapproche de chacun d'entre eux. Buika se produit dans le monde entier, chante et communique dans plusieurs langues, et le public est toujours conquis. En 2014 seulement, elle s’est produite en Asie, en Australie, en Amérique Latine et du Nord, à Mexico et en Europe. Son travail sans limites se reflète à tra- vers ses collaborations avec des musiciens, DJs et chanteurs, dans plusieurs langues dont, avec Pat Metheny, , Chick Korea, Niño Josele, , Bebo y Chucho Val- dés, Javier Limón, , , Seal, Arman- do Manzanero et Nelly Furtado. Elle a commencé sa carrière en 2001 avec «Mestizuo». Cet album a été suivi de «Buika» et la trilogie produite par le producteur de musique Javier Limón, «Mi niña Lola» (Ma petite fille Lola), «Niña de fuego» (Fille du

22 Buika feu), «El último trago» (Le dernier verre) et «En mi piel» (Dans ma peau), un album CD anthologique comprenant ses titres phares et du matériel inédit. Son dernier album «La noche más larga» (La nuit la plus longue) est sorti dans le monde entier en juin 2013. Sur «La noche más larga», son septième album, le plus diversifié, elle continue à explorer les limites du Flamenco et de la Copla, aux sources de ce qu’elle fait, mais dans une tra- dition sans cesse renouvelée. L’album a rencontré un grand suc- cès aux États-Unis, en Espagne, en France, au Royaume-Uni, en Hollande, en Turquie, au Mexique et en Argentine. Mais plus essentiel encore, Buika compose et a été créditée de près de la moitié des chansons. Sa bande-son la plus remarquable pour le réalisée pour le cinéma date de 2011, lorsque le réalisateur Pedro Almodóvar en a fait la vedette de son filmLa piel que ha- bito (La peau que j’habite) dans lequel elle interprète «Por el amor de amar» (Pour l’amour d’aimer) et «Se me hizo fácil» (Cela me semble facile). Elle a reçu de multiples récompenses et un grand nombre de nominations tels que les Latin Grammys Meilleur album et Meilleure production pour «Niña de fuego» et Meilleur Album traditionnel des tropiques pour «El último tra- go». Elle a été, cette année, de nouveau nominée Enregistre- ment de l’année pour «La noche más larga» (Latin Grammys) et Meilleur album de jazz latin aux Grammys 2014 à Los Angeles. NPR a classé Buika parmi les 50 meilleurs chanteurs de tous

23 les temps et l’a nommée «The voice of freedom». Elle travaille actuellement à son prochain album «more electronic» – ain- si qu’à un album live et DVD. Elle a récemment achevé un livre de poèmes et de photographies intitulé A los que amaron a mujeres difíciles y acabaron por soltarse (Pour ceux qui aiment les femmes difficiles et finissent par les lâcher). Buika écrit ses propres chansons. «Nous ne pensons jamais à l’approba- tion de tout le monde», dit-elle. «Je fais juste ce que me dicte mon cœur. Parfois dans le business de la musique, les gens font ce qu’ils pensent que les autres vont aimer, mais c’est une contrainte. Je veux juste être vraie. Je veux ce que Charlie Par- ker a acquis – je veux l’éternité».

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Buika vocals Buika (María Concepción Balboa Buika) was born on May 11th 1972 in Palma de Mallorca, the daughter of African parents. She lives in Miami. Buika is a creative survivor, a poet, composer, music producer and considers the role of «mother» her para- mount priority. She credits nature and her life’s experiences for her most profound lessons. Hailed as a star in contemporary World Music / Jazz / Flamenco / Fusion, Buika is blessed with a remarkable voice; raw and smoky, but with a tenderness that hits right at the heart, vibrantly deploying her rich, sensual and husky instrument, best described as «velvet gravel». It has been said that, «Buika combines all styles along with her emotionally charged lyrics and a broken sensuality in her voice». Rare is the artist to garner comparisons to Nina Simone, Chavela Vargas and Cesarea Evora, but Buika in her own unique way has been com- pared to them all. Buika performs all around the world, sings and communicates in multiple languages and the audiences al- ways ‹get› her. In 2014 alone, she has been performing in Asia, Australia, all over Latin and North America, Mexico and Europe. She works without limitations, a fact reflected in the variety of her collaborations with musicians, DJs and singers in multiple languages, including Pat Metheny, Anoushka Shankar, Chick Corea, Niño Josele, Mariza, Bebo y Chucho Valdés, Javier Limón, Charles Aznavour, Luz Casal, Seal, and Nelly Furtado. She began her career in 2001, with «Mestizuo». This album was followed by «Buika» and the trilogy produced by music producer Javier Limón, «Mi niña Lola» (My baby girl Lola), «Niña de fuego» (Girl of Fire), «El último trago» (The last drink) and «En mi piel» (In my skin), an anthology album CD which included her most pivotal songs as well as, some previ- ously unreleased material. Her last album «La noche más larga» (The longest night) was released around the world in June 2013. On «La noche más larga», her 7th and most diverse album, she continues to break down the walls that surround Flamenco and Copla, the root sources of everything she does, but a tradition that can’t contain her ever-evolving vision. The album charted in such diverse countries as the USA, , France, the UK, Hol- land, Turkey, Mexico and Argentina. Most significantly, Buika wrote and was credited for nearly half of the songs. Her most remarkable soundtrack and film collaboration took place in 2011, when Director Pedro Almodóvar featured her in his movie La piel que habito (The Skin I Live in), in which she performed «Por el amor de amar» (For love’s sake) and «Se me hizo fácil» (I found it easy). She has received multiple awards and great number of nominations, such as Latin Grammys for Best Album and Best Production for «Niña de fuego» and Best Traditional Tropical Album for «El último trago» and she was nominated again this year for Record of The Year for «La noche más larga» (Latin Gram- mys) and for Best Latin Jazz Album at the 2014 Grammys in Los Angeles. NPR has listed Buika among the best 50 vocalists of all time and calls her «The voice of freedom». She is currently work- ing on her next «more electronic» album – as of yet untitled – as well as a live album and DVD. She recently completed a book of her poetry and pictures titled A los que amaron a mujeres difíciles y acabaron por soltarse (To those who love difficult women and end up letting go). Buika makes songs her own. «We never think about anyone’s approval,» she says. «I just do what my heart is demanding. Sometimes in the music business people do what they think other people will like, but that’s a lim- itation. I just want to be true. I want what Charlie Parker’s got – I want eternity.»

26 La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

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