Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LA BASTIDE DE SAINT -CLAR

Clocher de la « vieille église », vue depuis le nord.

Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées Abbaye de Flaran 32310 Valence-sur-Baïse [email protected]

SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Les origines de l’agglomération b. Les coutumes c. Saint-Clar d’après les documents écrits du XVII e siècle d. L’apport des sources du XVIII e siècle

2. Inventaire du patrimoine bâti a. L’architecture publique et civile b. Les fortifications c. L’architecture religieuse

3. Dynamiques morphologiques a. La morphologie générale de l’agglomération b. Le pôle ecclésial c. La fondation de la bastide et son échec partiel d. La mise en fortification de l’agglomération e. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge

Synthèse

Bibliographie et sources

Annexes :

- 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833. - 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. - 27-11-PL-03 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. - 27-11-PL-04 : Les fortifications. - 27-11-PL-05 : L’évolution du bourg de Saint-Clar au cours du Moyen Âge. - 27-11-PL-06 : Saint-Clar, analyse morphologique.

Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 2 La bastide de Saint-Clar est située au cœur du canton éponyme, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de . Elle est implantée à faible distance de la voie romaine menant de Toulouse à Bordeaux via Lectoure 1. Sans avoir un rôle stratégique essentiel, elle se trouve tout de même au Moyen Âge au croisement de deux routes importantes pour la Lomagne, celle menant de Beaumont-de-Lomagne à Lectoure et celle allant de Fleurance à Auvillar. La bastide est implantée à l’extrémité d’un plateau dominant la large vallée de l’Arrats, à l’est, et deux petits vallons encaissés au nord et au sud. Le paysage environnant est marqué par la présence de deux vallées d’axe plus ou moins sud/nord, la vallée de l’Arrats à l’est et celle de l’Auroue à l’ouest. Entre ces deux vallées prend place un plateau large d’environ deux kilomètres et entaillé à l’est par plusieurs vallons au fond desquels coulent de petits affluents de l’Arrats. En dehors de cette bastide à l’urbanisme assez développé, le reste du territoire communal présente un habitat très dispersé 2.

1. HISTORIQUE

Quelques sites de l’époque gallo-romaine ont été repérés sur le territoire communal 3. Parmi eux, nous pouvons citer les villae d’Ayrem, de la Bénazide et de Frans, ainsi que plusieurs gisements de tegulae . Au Moyen Âge, Saint-Clar est l’un des principaux bourgs de la vicomté de Lomagne qui eut pour capitale successivement Lavit et Lectoure.

a. Les origines de l’agglomération

Si l’on en croit Christophe Balagna, l’agglomération primitive de Saint-Clar serait une sauveté mise en place à partir du XI e siècle, conjointement par l’abbé de Moissac et l’évêque de Lectoure, suite à la donation par le vicomte de Lomagne de ses droits sur l’église de Saint-Clar à l’abbé de Moissac 4. Concernant les origines de Saint-Clar, Benoît Cursente et Gilbert Loubès indiquent qu’il s’agit d’un castelnau fondé autour des châteaux des évêques de Lectoure et des vicomtes de Lomagne 5. L’une et l’autre de ces informations ne se contredisent pas et le castelnau pourrait être le fruit de la réorganisation d’une sauveté antérieure. Quoi qu’il en soit, l’église paroissiale et les deux châteaux sont bien à l’origine de la première agglomération de Saint-Clar qui correspond à ce qui est appelé depuis la fin du Moyen Âge le Castet vielh , seule appellation que nous utilisons dans ce dossier pour plus de clarté. Il est intéressant de noter que nous sommes déjà en présence d’une coseigneurie avant le XIII e siècle, à la veille de la fondation de la bastide. Les deux coseigneurs sont, d’une part, l’évêque de Lectoure et, d’autre part, le vicomte de Lomagne. Ce dernier cède, pendant environ un siècle entre le XI e et le XII e siècle, ses droits à l’abbaye de Moissac. Cela est attesté notamment par un acte du cartulaire de Moissac, daté des années 1135, précisant le partage des droits de l’évêque de Lectoure et de l’abbé de Moissac sur l’ « ecclesia et villa Sancti Clari 6 » à parts égales. Plus tard, la vicomté de Lomagne dépendant successivement des royaumes de France et d’Angleterre, le vicomte détient la moitié de la seigneurie de Saint-Clar pour le compte de l’un des deux rois. Dans les années 1270-1280, la bastide de Saint-Clar est fondée par paréage entre l’évêque de Lectoure et le roi d’Angleterre, Edouard I er . L’acte de paréage n’est pas conservé. Il

1 DUCOS, Marie-Thérèse et DUCOS, Jean-Henri, Communes du département du . Tome 2 : l'arrondissement de Condom , Société Archéologique et Historique du Gers, , 2004, p.387. 2 Voir annexes 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833 et 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. 3 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 298. 4 BALAGNA, Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 2, p.361 et t. 6, p. 706. L’auteur fait probablement référence ici à l’acte de donation de l’église de Saint-Clar à l’abbaye de Moissac en 1074 (DE LA HAYE, Régis, Recueil des actes de l’abbaye de Moissac , Maastricht – Moissac, 2011, actes n°97 et 98, p.1 45-146). 5 CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages gersois, vol. 2 - Les bastides , Publication de la chambre d'agriculture du Gers, Auch, 1991, p.93. 6 DE LA HAYE, Régis, Recueil des actes… , op. cit ., 2011, acte n° 257, p. 357. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 3 semblerait que cette fondation ait eu lieu vers 1273 et que des coutumes aient été octroyées en 1289 7. Le texte original de ces dernières a aussi disparu. La datation de la fondation de la bastide de Saint-Clar avant 1273 peut être étayée par un acte de 1274 qui mentionne le bailli de Saint-Clar pour le roi d’Angleterre 8. Cette bastide est fondée au nord du noyau d’habitat préexistant, entre ce dernier et les rebords du plateau sur lequel il est implanté. Le plan orthogonal de la bastide s’adapte aux contraintes topographiques du site. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre suivant. Il semble que la partie occidentale de la bastide, pourtant elle aussi cadastrée, n’a jamais été bâtie. Cette partie est appelée dans les sources du début de l’Époque moderne la « bastide vieille » alors que la moitié orientale de la bastide, lotie et entourée de murailles, est dénommée la « bastide neuve 9. » Pour plus de clarté, nous utilisons ces appellations dans ce dossier.

b. Les coutumes

Le texte des coutumes de Saint-Clar a disparu. Comme nous l’avons vu précédemment, elles ont probablement été octroyées vers 1289 par le roi d’Angleterre. Un acte de reconnaissance des fiefs par les consuls de Saint-Clar, daté de 1533, reprend en partie le texte des coutumes originelles 10 . Il est tout d’abord stipulé dans ce texte le statut de coseigneurie. Le deuxième item précise ainsi que le lieu de Saint-Clar appartient au vicomte et à l’évêque à parts égales, hormis quelques points indiqués plus loin dans la reconnaissance :

Item disent les dits bayles et consuls et autres jurés le lieu de Saint Clar être et appartenir aux Roy et reine comme vicomtes de Lomagne, et au révérend père en dieu M. l’évêque de Lectoure par indivis et égales portions certaines choses cy-après déclarées exceptées.

Cet acte précise l’essentiel des taxes et autres impôts dus par les habitants en diverses situations. Ces nombreux items reprennent les usages en vigueur au début du XVI e siècle. Ces usages sont probablement, au moins pour partie, ceux édictés dans les coutumes du XIII e siècle. Quelques items sont particulièrement intéressants pour notre sujet et notamment le seizième qui différencie bien le « château viel », la « bastide vieille » et la « bastide neuve » :

Item est de coutume au dit lieu de Saint Clar que tout homme ou femme qui aura une place de maison bâtie ou à bâtir ou de cazau en la bastide neuve et en la bastide vieille payera pour la dite place de fiefs aux dits seigneurs quatre deniers morlaas valant dix huit deniers tournois et pour chacune place qui sera dans le château viel payera un denier morlaas et un livrat de sibade, et doit avoir chacune place de la bastide neuve seize razes de large et quarante de long.

Ce passage est notable à plusieurs égards. Tout d’abord il différencie bien les trois parties de l’agglomération de Saint-Clar. Ensuite, il convient de noter que le montant de l’impôt est identique dans la bastide neuve et la bastide vieille alors qu’il est moins élevé dans le château vieux. Cela permet de supposer qu’on est là en présence d’un article issu d’usages anciens, remontant au moment de l’établissement de la bastide, mais dont le texte est adapté au moment de la rédaction de cet acte de reconnaissance. En effet, la différenciation de l’impôt entre bastide et village préexistant est assez classique au moment de la fondation d’une bastide, alors que la différenciation entre bastide neuve et vieille ne peut intervenir que quelques années après cette fondation. Cet item apporte aussi une précision essentielle concernant la taille des parcelles de la bastide neuve. Celles-ci mesurent seize razes de large sur quarante de long, soit un rapport de 2/5. Nous sommes ici en présence de parcelles assez ramassées et beaucoup moins allongées que dans nombre d’autres bastides du sud-ouest.

7 CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages… 2, op. cit., 1991, p. 68 et 93. 8 BEMONT, Charles, Recueil des actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Aquitaine au XIII e siècle (Recogniciones feodorum in Aquitania) , Paris, 1914. Acte n° 451, p. 179-180, 4 avril 1274, mention du « bailles de Sent Clar ». 9 BLADE, Jean-François, Coutumes municipales du département du Gers – 1 ère série , Durand, Paris, 1864, p. 82-89. 10 Ce document a été publié : BLADE, Jean-François, Coutumes…, op. cit. , 1864, p. 82-89. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 4 L’acte de reconnaissance de 1533 apporte quelques indications sur le château de l’évêque et celui du vicomte. Tous deux sont implantés dans le castet vielh . Le château vicomtal abrite des prisons. Les consuls quant à eux reconnaissent tenir les padouens communs, ainsi que la place et la boucherie :

Item disent et ont reconnu tenir des dits seigneurs en la dite ville le maset et place d’icelle et padouen communs de la dite ville (…)

c. Saint-Clar d’après les documents écrits du XVII e siècle

Les sources écrites médiévales concernant la bastide de Saint-Clar sont assez peu nombreuses et il faut attendre le XVII e siècle pour avoir une idée plus précise de l’aspect général de l’agglomération.

En 1626, le bourg de Saint-Clar fait partie des places fortes de Gascogne recensées par Jean de Chastenet de Puységur dans son enquête pour le compte du roi de France 11 . Il donne une description assez précise de Saint-Clar qui apparaît alors comme un point très fortifié avec enceinte, fossés, tours-portes fortifiées de mâchicoulis et ponts-levis :

La rivière de Larrax passe au bas du penchant du mesme cousté ; elle a ses murailhes bonnes avec six guerittes flanquées du cousté du couchant et a son chasteau, maison episcopale du sieur evesque de Lectoure, au devant duquel il y a un grand fossé profond. Elle a deux portes avec deux grosses tours carrées, l'une du cousté du midy et l'autre de septentrion fortifiées de machicoulis, pont levis et ravellin.

Le compoix de 1695 a été dépouillé dans sa totalité, du moins en ce qui concerne les parcelles bâties 12 . Il présente la particularité d’avoir été réalisé selon un cheminement logique à l’intérieur de la bastide permettant ainsi de mieux percevoir les liens entre les différents quartiers, les différentes rues et même plus spécifiquement entre les différentes maisons. Il n’est plus question ici de bastide vieille et bastide neuve. La bastide neuve est appelée la ville et le castet vielh est dénommé le château. Le toponyme associé à l’emplacement de la bastide vieille n’a pas été repéré dans ce document. Il ne semble pas y avoir alors de bâti à cet endroit. En plus de l’agglomération principale, le territoire de Saint-Clar compte alors une quinzaine de hameaux importants (entre cinq et plus de vingt fermes), et une cinquantaine de lieux-dits abritant entre une (la majorité du temps) et quatre fermes. La ville compte alors plus de 260 maisons dont une quarantaine avec des jardins, cours ou patus, une dizaine de jardins isolés, six étables et deux chais. L’activité agricole est alors très présente à l’intérieur même de la bastide. La plupart des rues citées dans le compoix se retrouvent encore aujourd’hui dans le bourg : rue Mailhet, rue Argentère, la place (aussi appelée dans le compoix la garlande de la place) et la Plassotte. Seules la rue de Samatan et la Grande rue du compoix ont changé de nom. La rue de Samatan correspond à l’actuelle rue Louis Camès. La Grande rue pose plus de problèmes d’identification. Il pourrait s’agir de la rue parallèle aux rues Mailhet et Argentère, partant de l’angle sud-est de la place, en direction des remparts orientaux. Aux abords de la bastide, hors les murs, se trouvent alors deux quartiers regroupant chacun une dizaine de fermes ou maisons. Au sud se développe le barry ou faubourg. Il abrite deux fermes et huit maisons toujours associées à des jardins. L’une des maisons possède une boutique. Aucune autre boutique spécifiquement indiquée comme telle n’a été repérée dans le compoix. Le deuxième quartier est celui de Las Bordes, aussi appelé les Capotz. Ce toponyme a aujourd’hui disparu de la carte IGN mais reste visible sur le cadastre. Il se trouve au sud-ouest du bourg, un peu en retrait au nord de la route de Lectoure, peu après l’embranchement avec la route de Fleurance. Il abrite alors onze fermes. Toutes appartiennent à des charpentiers ou des veuves de charpentiers. Nous retrouvons là une implantation assez classique du quartier des capots ou

11 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 457. 12 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 5 cagots, ces populations mises à l’écart de la société et dont on ne connaît pas bien l’origine, à environ deux cents mètres des murs de la bastide. Il semble qu’à la fin du XVII e siècle les capots aient tout de même l’autorisation d’être enterrés dans le cimetière du bourg. Ils possèdent cependant une partie particulière du cimetière que l’on retrouve en confronts dans le compoix sous le terme « cimetière des capots. » Les métiers représentés dans le compoix, hormis les charpentiers dont nous venons de parler et les laboureurs assez nombreux, sont principalement liés à l’artisanat textile. Ainsi se trouvent à Saint-Clar à la fin du XVII e siècle de nombreux tisseurs, tisserands, sargeurs, bonnetiers, chapeliers, tailleurs ou encore cordiers.

Un autre document, de quelques années antérieur au compoix, permet de compléter les données apportées par ce dernier. Il s’agit des minutes du dénombrement de la ville de 1664 13 . En effet, le compoix ne comporte aucune information concernant les biens nobles sauf lorsqu’ils sont en confronts d’autres biens. Ici nous avons la description des biens nobles et des biens de la communauté avec leurs confronts. Il n’est déjà plus question dans ce texte de la bastide neuve, celle-ci est appelée ville, alors que la bastide vieille est toujours dénommée ainsi. Nous assistons là à l’évolution du toponyme dont nous avons déjà parlé et à la disparition de celui de bastide neuve. Nous apprenons que le château du roi, l’ancien château des vicomtes, est en mauvais état de conservation dans la seconde moitié du XVII e siècle alors que celui de l’évêque est en meilleur état : Le roy a chateau ruineux appelle la tour des comptes […] de la confrontation aussy les meurs et fosses et une porte de la dite ville appelle la porte du chateau Ledit seigneur eveque y a chateau […] en bon estat et habitable

Il est en outre précisé que les habitants jouissent de deux boucheries et que les consuls possèdent la halle :

De plus dénombrent une halle, bastie dans ladite ville, au millieu de laquelle est leur gros pilliers de pierre est bastie ladite maison de ville servant a assembler les habitants, a y delliberer des affaires publiques et aux consuls d’y tenir leurs audiances et assises pour l’administration de la justice […] Sous ladite halle vers occident sont les boucheries de ladite ville

d. L’apport des sources du XVIII e siècle

La documentation concernant le bourg de Saint-Clar pour le XVIII e siècle est abondante. Nous ne reprenons donc ici que les quelques éléments intéressant directement les thématiques traitées. Parmi les très nombreuses archives concernant des travaux sur les édifices publics, il faut noter plusieurs campagnes de réparations plus ou moins importantes sur l’église et son clocher et aux murs du bourg. Il est généralement question d’abaisser la hauteur du mur d’enceinte. Une liasse de documents concerne une porte située à l’extrémité de la Grande rue 14 . Les divers courriers et autres documents qui composent cette liasse font état de litiges à propos de cette porte dont l’ouverture aurait été autorisée par Henri IV en 1579. La porte aurait par la suite été obturée et deux siècles plus tard les habitants en demandent la réouverture. Un autre document mentionne au faubourg le « quartier de la barbe canne » qui fait sans doute référence à une ancienne barbacane située dans ce secteur 15 . Le document de cette période le plus intéressant pour notre sujet est sans nul doute le plan de la fin du XVIII e siècle conservé aux Archives départementales du Gers 16 . Ce plan aquarellé en

13 AD Gers, E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664. 14 AD Gers, C 575, Bureau des finances, permission de rouvrir une porte située au fond de la grande rue qui avait été construite en vertu de privilèges concédés par Henri IV à Nérac le 18 septembre 1579 et qu'on avait fait fermer depuis, 1762 ; permission de faire diminuer la hauteur des murs de la ville, 1771. 15 AD Gers, C 479, Bureau des finances, concession de terrains domaniaux, portion du chemin de ronde et des fossés, 1781 et 1789. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 6 couleur permet de bien faire la distinction, au niveau du bourg de Saint-Clar, entre les zones bâties et non bâties. Ainsi les jardins de la bastide vieille mais aussi ceux qui se trouvent dans l’enceinte sont bien différenciés des bâtiments et des champs alentours. Sur ce plan, les quartiers du faubourg et de Las Bordes évoqués précédemment sont bien représentés et différenciés du reste de l’agglomération. Il est aussi possible de voir sur ce plan que le parcellaire orthogonal de la bastide neuve se poursuit dans la bastide vieille bien que celle-ci ne soit pas lotie.

Extrait du plan de Saint-Clar avec le bourg, le faubourg et le quartier de Las Bordes. Échelle : 1 cm = 20 toises (environ 40 m). Source : AD Gers, 1 Fi 69. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012.

16 AD Gers, 1 Fi 69, Plan de la ville de Saint-Clar et de ses abords, XVIII e siècle. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 7 2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le patrimoine bâti de Saint-Clar est riche et varié. Il témoigne de l’histoire de cette agglomération depuis ses débuts aux abords de la « vieille église » jusqu’aux remaniements importants du XIX e siècle qui ont entraîné de grands bouleversements jusque dans la morphologie générale du lieu. Le site de la place de la mairie, avec la halle, la mairie et les immeubles à couverts qui l’entourent, est inscrit comme Monument historique depuis 1943. L’ensemble formé par la halle et l’hôtel de ville est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1986.

a. L’architecture publique et civile 17

- La halle

L’ensemble formé par la halle et l’hôtel de ville est attesté dans la documentation écrite de la seconde moitié du XVII e siècle 18 . Il abrite à cette date aussi les boucheries de la bastide. Un siècle et demi plus tôt, il n’est pas question de halle et d’hôtel de ville mais de boucherie et de place 19 . Sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude si la boucherie et la place qui l’entoure correspondent bien à l’actuelle place de la halle abritant l’hôtel de ville, cela n’est pas impossible. En effet, le centre du pouvoir au Moyen Âge se trouve plutôt dans le quartier du castet vielh , auprès de l’église et des deux châteaux seigneuriaux, alors que le centre économique est dans la bastide. Il a donc pu y avoir une place avec halle abritant des boucheries jusqu’au milieu de l’Époque moderne, avant que cette halle soit modifiée pour accueillir la maison commune. Quoi qu’il en soit l’édifice actuellement visible semble avoir été fortement remanié au XIX e siècle et il ne subsiste probablement plus grand-chose de l’édifice originel. Vers 1818, l’hôtel de ville est reconstruit et il est surmonté d’un campanile une dizaine d’années plus tard.

Vue d’ensemble de la halle et de l’hôtel de ville depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- Les couverts ou embans

Les maisons à couverts sont nombreuses à Saint-Clar, tant autour des deux places principales, la Plassotte et la place de la halle, que dans les rues de la bastide neuve. Le quartier du castet vielh ne possède aucune maison à couverts. Il en est de même pour la bastide vieille. Ces couverts sont des lieux de transition entre l’espace public et l’espace privé. En effet, ils sont surmontés d’espaces privés habités et sont utilisés par les propriétaires de la maison qui les borde

17 Voir annexe 27-11-PL-03 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. 18 AD Gers, E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664. 19 BLADE, Jean-François, Coutumes…, op. cit. , 1864, p. 82-89. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 8 et surmonte. En même temps, ils ont une utilisation publique en servant de circulation abritée et d’installation de certains étals les jours de marché et de foire. Les couverts de Saint-Clar ont tous été édifiés et/ou remaniés à l’Époque moderne, et parfois même à l’Époque contemporaine. Aucun d’entre eux ne peut être attribué avec certitude au Moyen Âge ou à la Renaissance. Ils reposent pour l’essentiel sur de vastes arcades en pierre de taille.

- Les maisons

Aucune maison présentant un élément médiéval visible depuis la voie publique n’a été repérée à Saint-Clar. Il faudrait entrer dans certaines maisons du castet vielh et de la bastide neuve pour trouver, en limite de parcelle, quelques murs mitoyens anciens. En effet, le parcellaire est particulièrement bien conservé en certains endroits et il est fort probable que les murs mitoyens n’aient pas, ou peu, été modifiés au fil des siècles. Plusieurs maisons de Saint-Clar présentent des façades en pan-de-bois, notamment dans le castet vielh . Celles-ci ne semblent pas antérieures à l’Époque moderne. Il est intéressant de noter que dans le compoix de la fin du XVII e siècle figurent plusieurs charpentiers mais aucun maçon 20 . D’autre part les archives notariales de cette période font état de nombreuses maisons construites en pan-de-bois rempli de torchis 21 . La part des constructions en bois à l’Époque moderne à Saint-Clar semble donc avoir été beaucoup plus importante que ce qu’il en subsiste aujourd’hui. L’essentiel des maisons de Saint-Clar est actuellement bâtie en pierre, parfois en pierre de taille, le plus souvent en moellons, toujours en calcaire d’extraction locale. Les toits sont tous, ou presque, couverts de tuiles creuses. La plupart de ces maisons semblent avoir été édifiées ou reconstruites aux XVIII e et XIX e siècles.

Maisons en pierre et en pan-de-bois dans une ruelle du castet vielh , vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

b. L’architecture religieuse 22

- La « vieille église »

La « vieille église » de Saint-Clar est située en plein cœur du quartier du castet vielh , c’est autour d’elle que s’est formé le premier noyau d’habitat de l’agglomération. Cet édifice est dédié à saint Clair et possède une chapelle dédiée à saint Roch et une autre à sainte Catherine.

20 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695, fol. 266 à 269. 21 Voir les extraits cités dans : POLGE, Michel, « Saint-Clar, évolution urbaine », BSAG , t. 87, 1986, p. 285-302 et p. 409-436. 22 Voir annexe 27-11-PL-03 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 9 Dans sa thèse sur l’architecture gothique religieuse, Christophe Balagna propose une étude assez complète de cet édifice, y compris des parties antérieures à l’époque gothique 23 . Nous nous appuyons donc essentiellement sur ces données et renvoyons à cet ouvrage pour une description précise des différents éléments constituant l’église. Nous ne reprenons ici que les principales phases de construction. La partie la plus ancienne de l’édifice est le clocher. Il remonte probablement au XII e siècle, donc à l’époque de la première agglomération. Il est antérieur à la construction de l’église encore en élévation. Il présente une base semi-circulaire surmontée d’une élévation à pans coupés. L’appareil utilisé est relativement homogène entre ces deux parties. L’élévation à pans coupés est sans doute de peu postérieure à la base semi-circulaire. La partie sommitale contenant la chambre de cloches est beaucoup plus récente, elle date de l’Époque moderne. Au sud et au nord du clocher sont accolées deux tourelles de plan circulaire. La tourelle nord est pleine tandis que celle située au sud abrite un escalier en vis permettant d’accéder aux niveaux supérieurs. Au rez-de- chaussée, le clocher abrite une chapelle voûtée en cul-de-four qui a servi de sacristie à l’église gothique. L’église paraît avoir été reconstruite dans les dernières années du XIII e siècle, peu de temps donc après la fondation de la bastide. Elle a peut-être été agrandie à cette occasion afin d’accueillir une population plus nombreuse de paroissiens. Au cours du XIV e siècle, deux chapelles ont été aménagées dans le mur gouttereau nord. La première est dédiée à saint Roch. Elle date de la première moitié du XIV e siècle. La seconde est dédiée à sainte Catherine et peut être datée par les sources écrites de 1366 24 . Sur le mur gouttereau sud, du côté de la ruelle, subsiste un alignement d’enfeus remarquable. Quelques embellissements sont à noter pour la fin du Moyen Âge avec notamment les peintures murales conservées sur le mur sud de la nef. L’église a été amputée de la partie occidentale de la nef en 1854 et désaffectée en 1862. Elle a par la suite subit de nombreuses dégradations.

Élévation sud de l’église, vue depuis le sud-ouest. Clocher, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- L’église paroissiale du XIX e siècle

L’actuelle église paroissiale se situe au centre du bourg, au point de jonction entre les trois quartiers du castet vielh , de la bastide vieille et de la bastide neuve. Elle a été bâtie vers 1857 à l’emplacement de l’ancien cimetière. Elle présente un style néo gothique en vogue à cette période.

23 BALAGNA Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 2, p. 361-363 et t. 6, p. 704-712. 24 AD Gers, B 360 (document non consulté). Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 10 - Le cimetière

Le cimetière se trouvait à l’origine à l’emplacement de l’actuelle église paroissiale. Il était hors des murs du premier village. Il s’est retrouvé englobé dans la bastide lors de la fondation de celle-ci. Il a été déplacé vers 1825 à son emplacement actuel au nord du bourg, en contrebas de celui-ci et en bordure d’un chemin menant à l’Arratz.

c. Les fortifications 25

Les fortifications de l’agglomération de Saint-Clar ont presque toutes disparu. Il ne subsiste malheureusement que peu d’éléments visibles en élévation. En effet, au cours des XVIII e et XIX e siècles de nombreux bâtiments ont débordé l’enceinte et ont été construits contre celle-ci jusqu’à la cacher complètement. C’est seulement sur le front nord de l’agglomération qu’il est possible de retrouver quelques vestiges du rempart. Son tracé est cependant toujours visible dans le parcellaire. Il a pu y avoir une première enceinte autour du noyau d’habitat constitué par le castet vielh , avant l’édification de la bastide. Cette hypothèse est étayée par le nom même donné à ce quartier et par l’existence du « portal du château vieux » en confront d’une maison située à la Plassotte dans le compoix de la fin du XVII e siècle 26 . L’étude des plans, du compoix et des vestiges en élévation permet d’affirmer que l’ensemble formé par le castet vielh , la bastide neuve et la bastide vieille n’a jamais été fortifié en totalité. Une enceinte commune a cependant été construite autour du castet vielh et de la bastide neuve cristallisant ainsi pour plusieurs siècles la réduction de l’emprise de l’agglomération par rapport à ce qui avait été prévu au moment de la fondation de la bastide à la fin du XIII e siècle. La mise en fortification du bourg est donc nécessairement postérieure à cette date sans qu’il soit possible de savoir avec certitude à quand elle remonte. L’enceinte était doublée d’un fossé, au moins sur ses côtés sud et ouest où elle ne donnait pas directement sur les rebords du plateau. Au début du XVII e siècle, il y avait deux portes principales surmontées de tours 27 . L’une se trouvait probablement au nord de la rue de Samatan et la seconde au sud de la Plassotte. Ces deux portes étaient défendues par des mâchicoulis et des ponts-levis. En plus de ces deux portes monumentales, d’autres ouvertures de moindre importance devaient exister pour permettre une bonne circulation au sein du bourg et en lien avec la campagne environnante. Dans le document cité précédemment il est question de six guérites qui pourraient correspondre à six portes secondaires. Il semble que le château du roi ait contribué directement à la défense de Saint-Clar. Il se trouvait en effet contre le mur d’enceinte et les fossés. Il en est de même pour le château de l’évêque depuis lequel il était possible d’accéder directement à une porte du bourg.

Vestige du mur d’enceinte sur le front nord de l’agglomération, vue depuis le nord-ouest. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

25 Voir annexe 27-11-PL-04 : Les fortifications. 26 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695, fol. 4. 27 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes … », op. cit., 1899, p. 457. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 11 3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 28

Saint-Clar, tout comme Valence-sur-Baïse par exemple, est une bastide de hauteur. Elle est édifiée à l’extrémité d’un plateau dominant sur trois côtés les vallons alentours. Le plan orthogonal assez classique des bastides a donc du être adapté aux réalités topographiques du site. C’est pour cette raison que l’agglomération a une forme plutôt ovoïde sur ses côtés nord, ouest et est. Au sud, cette forme s’explique par la présence d’un noyau d’habitat d’implantation plus ancienne que celle de la bastide, le castet vielh .

a. La morphologie générale de l’agglomération 29

L’agglomération de Saint-Clar présente trois unités de plan qu’il est possible de distinguer facilement, au sud le castet vielh , au nord-ouest la bastide vieille et au nord-est la bastide neuve. Ces trois unités de plans témoignent de trois phases d’évolution de l’agglomération. Entre ces trois unités de plan subsistent des espaces résiduels qui constituent des points de contact. Ceux-ci forment autant de places publiques de dimensions importantes qui donnent une impression surprenante de zones laissées vacantes à l’intérieur même de l’agglomération. Le plus marquant de ces espaces résiduels se situe entre le castet vielh et la bastide neuve. Il s’agit de la place appelée la Plassotte. Celle-ci est particulièrement grande, de forme plus ou moins trapézoïdale, et implantée en pente. Elle permet de passer du plan plus ou moins circulaire du castet vielh au plan orthogonal de la bastide neuve. Entre le castet vielh et la bastide vieille, l’espace résiduel constitue là aussi une place. Il s’agit de la place du foirail, un simple élargissement de la voirie dans l’axe de la rue séparant les deux bastides. La zone de contact entre la bastide vieille et la bastide neuve est constituée par une simple rue qui passe à l’emplacement des anciens fossés et partage plusieurs îlots du plan initial de la bastide.

Vue d’ensemble de la Plassotte en direction du castet vielh depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

b. Le pôle ecclésial

Le quartier du castet vielh se développe autour de la « vieille église » selon une forme enveloppante. Il marque la limite méridionale de l’agglomération fortifiée. Les parcelles y sont de dimensions plus restreintes que dans le reste du bourg. Elles sont généralement bâties, sauf celles les plus au sud, le long du mur d’enceinte, qui abritent des jardins ou des cours. Les ruelles sont étroites et souvent courbes. Ce premier noyau d’habitat s’est formé de manière concentrique autour de la « vieille église » et des châteaux du roi et de l’évêque. L’implantation de ce premier village est antérieure à

28 Voir annexe 27-11-PL-05 : L’évolution du bourg de Saint-Clar au cours du Moyen Âge. 29 Voir annexe 27-11-PL-06 : Saint-Clar, analyse morphologique. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 12 la fondation de la bastide à la fin du XIII e siècle. La présence de l’église est attestée dans la documentation écrite du XI e siècle et celle d’une coseigneurie au XII e siècle. Il semble qu’à cette période le village soit déjà en place. Il s’est donc probablement formé dans la seconde moitié du XI e siècle ou le début du siècle suivant.

c. La fondation de la bastide et son échec partiel

À la fin du XIII e siècle, vers 1273, la bastide de Saint-Clar est fondée suite à un paréage entre le roi d’Angleterre, Edouard I er , et l’évêque de Lectoure. La totalité de l’extrémité du plateau, entre le pôle ecclésial préexistant au sud et les rebords du plateau au nord, à l’ouest et à l’est, est cadastrée. Des voies se croisant à angles droits sont tracées formant autant d’îlots de taille variable mais toujours multiple des dimensions des parcelles initiales. Au centre de ce dispositif se trouve la place de la halle. L’église est alors reconstruite, et probablement agrandie, pour accueillir les nouveaux habitants. Aucun document d’archive ne permet de savoir si la bastide de Saint-Clar a été entièrement lotie et habitée dans les années qui suivirent sa fondation. L’acte de reconnaissance de 1533 atteste cependant la disparité qui existe entre ce qui est appelé la « bastide vieille » et la « bastide neuve ». La première semble alors déjà non lotie et située hors de l’enceinte alors que la seconde est fortement urbanisée. Cet état de fait perdure jusqu’au XIX e siècle, moment où la « bastide vieille » est lotie tout en conservant le plan originel, au moins en ce qui concerne les principales rues. Il est possible de mettre en perspective cet exemple avec celui de la bastide de Barran développé par Benoît Cursente 30 . Pour Barran, un document exceptionnel est conservé permettant d’étudier la bastide environ un quart de siècle après sa fondation. En effet, la bastide a été fondée en 1279 et un document de 1303 recense la totalité des parcelles bâties dans la bastide avec leur localisation précise et leur surface. Ce document permet de constater que la totalité du territoire cadastré pour la bastide est alors loti et densément peuplé, y compris la zone située au sud alors même que cette partie de la bastide est abandonnée quelques années plus tard lors de la mise en fortification de l’agglomération. Benoît Cursente attribue cet abandon aux « crises démographiques du bas Moyen Âge 31 » sans plus de précision. Il est intéressant de noter que ce quartier abandonné est nommé dans les terriers de l’Époque moderne le « barat bielh ». Les parallèles sont nombreux entre l’exemple de Barran et celui de Saint-Clar : la date de fondation de la bastide (1273 pour Saint-Clar, 1279 pour Barran), les conditions d’implantation (présence dans les deux cas d’un village ecclésial préexistant), la cadastration d’un territoire plus vaste que celui mis en fortification, l’utilisation du terme vielh pour différencier ce qui constitue la nouvelle agglomération du quartier qui a été abandonné. Il est donc probable que la bastide vieille de Saint-Clar ait été lotie puis abandonnée suite à la diminution du nombre d’habitants. Il n’est cependant pas possible de proposer une datation précise de ce rétrécissement de l’agglomération. Celui-ci a nécessairement eu lieu entre la fin du XIII e siècle, moment de la fondation de la bastide, et le début du XVI e siècle, moment d’apparition dans la documentation écrite de la différenciation entre bastide neuve et bastide vieille.

d. La mise en fortification de l’agglomération

La fortification du bourg de Saint-Clar englobe, comme nous l’avons déjà souligné, les quartiers du castet vielh et de la bastide neuve, et elle exclut celui de la bastide vieille. Cette mise en fortification a donc très certainement eu lieu à un moment où la partie occidentale du bourg, la bastide vieille, n’était déjà plus totalement habitée ce qui justifiait de ne pas mettre en fortification la totalité du site. Il n’est là aussi pas facile de proposer une datation précise. Les rares vestiges du mur d’enceinte conservés sur le front nord du bourg permettent de proposer une datation aux alentours du XIV e siècle, sans que cela soit certain compte tenu de leur état de conservation. Dans ce cas, il semblerait que la bastide vieille ait été abandonnée dans le siècle qui suivit sa fondation.

30 CURSENTE, Benoît, « La bastide de Barran, un quart de siècle après sa fondation », BSAG , t. 99, 1998, p.500-511. 31 Ibidem , p.503. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 13 e. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge

Le faubourg s’est développé dans un premier temps au sud de l’agglomération, en face du castet vielh , de l’autre côté de la route. Par la suite, le faubourg s’est étendu de part et d’autre des deux axes principaux de communication qui partent, vers le sud-ouest, sur le plateau : la route menant à Fleurance et celle de Lectoure. Ce faubourg est attesté dès le XVII e siècle sans qu’il soit possible de dater sa mise en place avec certitude. Il s’est développé bien avant le lotissement de la bastide vieille au XIX e siècle. Au sud-ouest de l’agglomération, légèrement en retrait au nord de la route de Lectoure, s’est développé le quartier des capots aussi appelé Las Bordes. La date de mise en place de ce quartier n’est pas connue avec certitude. Il est lui aussi attesté au XVII e siècle bien que les capots de Saint-Clar apparaissent dans la documentation écrite un siècle plus tôt. Ces deux faubourgs semblent donc se mettre en place aux alentours du XVI e siècle. Au cours du XVIII e siècle, de nombreuses maisons ont débordé le mur d’enceinte et sont venues s’appuyer contre celui-ci du côté extérieur au bourg. Au même moment, le rempart a été abaissé en de nombreux endroits et les éléments de fortification ont disparu. Les transformations les plus notables ont eu lieu au cours du XIX e siècle, tant à l’intérieur du bourg qu’à ses abords. Il s’agit tout d’abord de la construction de la nouvelle église à l’emplacement du cimetière et de quelques maisons, créant ainsi une nouvelle place assez vaste et un point de jonction entre le castet vielh , la bastide vieille et la bastide neuve. C’est aussi au cours du XIX e siècle, et ensuite au XX e siècle, que la bastide vieille a été urbanisée. Au même moment se sont développés de grands faubourgs le long des deux principaux axes de communication, la route de Fleurance et celle de Lectoure. Cet étalement le long des routes se poursuit encore aujourd’hui avec l’établissement de nouveaux lotissements.

Faubourg, vue depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 14 SOURCES

*AD Gers :

- B 360, Chapelle Sainte-Catherine, 1366 (document non consulté). - C 479, Bureau des finances, concession de terrains domaniaux, portion du chemin de ronde et des fossés, 1781 et 1789. - C 575, Bureau des finances, permission de rouvrir une porte située au fond de la grande rue qui avait été construite en vertu de privilèges concédés par Henri IV à Nérac le 18 septembre 1579 et qu'on avait fait fermer depuis, 1762 ; permission de faire diminuer la hauteur des murs de la ville, 1771. - DAR Saint-Clar 11 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 1710, Actes consulaires, 1595-1787. - E suppl. 1711, Coutumes, 1533-1684. - E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664. - E suppl. 1722, Biens communaux : vieux fossés, an XIII. - E suppl. 1726, Domaine royal, 1312-1792. - E suppl. 3486, Comptes,1673-1789. - E suppl. 3487, Compoix, 1695. - 1 Fi 69, Plan de la ville de Saint-Clar et de ses abords ; XVIIIe siècle. - I 2034, Arrentement par le sieur Dasques des droits de Saint Clar, 1538. - 3 P Saint-Clar/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1833.

*Sources publiées et ouvrages anciens :

- BEMONT, Charles, Recueil des actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Aquitaine au XIIIe siècle (Recogniciones feodorum in Aquitania) , Paris, 1914. - BLADE, Jean-François, Coutumes municipales du département du Gers – 1ère série , Durand, Paris, 1864, p. 82-89. - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 457 - CUTTINO, George Peddy et TRABUT-CUSSAC, J.-P., Gascon register A (series of 1318- 1319) , Oxford University Press, Londres, 1975, volume 1, actes n°8 et 9, p.72-79. - DE LA HAYE, Régis, Recueil des actes de l’abbaye de Moissac , Maastricht – Moissac, 2011, actes n° 97, p. 145, n° 98, p.145-146 et n° 2 57, p.357. Publication numérique : http://home.kpn.nl/r.delahaye/cartulaire%20abbaye.pdf (consultation en ligne le 7 mars 2013).

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Anaïs Comet, doctorante, chargée de l’inventaire du patrimoine, Conseil Général du Gers Mars 2013 © Conseil Général du Gers ; © Inventaire général Région Midi-Pyrénées

Crédits photographiques : © Conseil Général du Gers ; © Inventaire général Région Midi-Pyrénées Photographies : Anaïs Comet, 2011

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