La Bastide De Saint-Clar En 1833
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Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge LA BASTIDE DE SAINT -CLAR Clocher de la « vieille église », vue depuis le nord. Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées Abbaye de Flaran 32310 Valence-sur-Baïse [email protected] SOMMAIRE Introduction 1. Historique a. Les origines de l’agglomération b. Les coutumes c. Saint-Clar d’après les documents écrits du XVII e siècle d. L’apport des sources du XVIII e siècle 2. Inventaire du patrimoine bâti a. L’architecture publique et civile b. Les fortifications c. L’architecture religieuse 3. Dynamiques morphologiques a. La morphologie générale de l’agglomération b. Le pôle ecclésial c. La fondation de la bastide et son échec partiel d. La mise en fortification de l’agglomération e. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge Synthèse Bibliographie et sources Annexes : - 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833. - 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. - 27-11-PL-03 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. - 27-11-PL-04 : Les fortifications. - 27-11-PL-05 : L’évolution du bourg de Saint-Clar au cours du Moyen Âge. - 27-11-PL-06 : Saint-Clar, analyse morphologique. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 2 La bastide de Saint-Clar est située au cœur du canton éponyme, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Lectoure. Elle est implantée à faible distance de la voie romaine menant de Toulouse à Bordeaux via Lectoure 1. Sans avoir un rôle stratégique essentiel, elle se trouve tout de même au Moyen Âge au croisement de deux routes importantes pour la Lomagne, celle menant de Beaumont-de-Lomagne à Lectoure et celle allant de Fleurance à Auvillar. La bastide est implantée à l’extrémité d’un plateau dominant la large vallée de l’Arrats, à l’est, et deux petits vallons encaissés au nord et au sud. Le paysage environnant est marqué par la présence de deux vallées d’axe plus ou moins sud/nord, la vallée de l’Arrats à l’est et celle de l’Auroue à l’ouest. Entre ces deux vallées prend place un plateau large d’environ deux kilomètres et entaillé à l’est par plusieurs vallons au fond desquels coulent de petits affluents de l’Arrats. En dehors de cette bastide à l’urbanisme assez développé, le reste du territoire communal présente un habitat très dispersé 2. 1. HISTORIQUE Quelques sites de l’époque gallo-romaine ont été repérés sur le territoire communal 3. Parmi eux, nous pouvons citer les villae d’Ayrem, de la Bénazide et de Frans, ainsi que plusieurs gisements de tegulae . Au Moyen Âge, Saint-Clar est l’un des principaux bourgs de la vicomté de Lomagne qui eut pour capitale successivement Lavit et Lectoure. a. Les origines de l’agglomération Si l’on en croit Christophe Balagna, l’agglomération primitive de Saint-Clar serait une sauveté mise en place à partir du XI e siècle, conjointement par l’abbé de Moissac et l’évêque de Lectoure, suite à la donation par le vicomte de Lomagne de ses droits sur l’église de Saint-Clar à l’abbé de Moissac 4. Concernant les origines de Saint-Clar, Benoît Cursente et Gilbert Loubès indiquent qu’il s’agit d’un castelnau fondé autour des châteaux des évêques de Lectoure et des vicomtes de Lomagne 5. L’une et l’autre de ces informations ne se contredisent pas et le castelnau pourrait être le fruit de la réorganisation d’une sauveté antérieure. Quoi qu’il en soit, l’église paroissiale et les deux châteaux sont bien à l’origine de la première agglomération de Saint-Clar qui correspond à ce qui est appelé depuis la fin du Moyen Âge le Castet vielh , seule appellation que nous utilisons dans ce dossier pour plus de clarté. Il est intéressant de noter que nous sommes déjà en présence d’une coseigneurie avant le XIII e siècle, à la veille de la fondation de la bastide. Les deux coseigneurs sont, d’une part, l’évêque de Lectoure et, d’autre part, le vicomte de Lomagne. Ce dernier cède, pendant environ un siècle entre le XI e et le XII e siècle, ses droits à l’abbaye de Moissac. Cela est attesté notamment par un acte du cartulaire de Moissac, daté des années 1135, précisant le partage des droits de l’évêque de Lectoure et de l’abbé de Moissac sur l’ « ecclesia et villa Sancti Clari 6 » à parts égales. Plus tard, la vicomté de Lomagne dépendant successivement des royaumes de France et d’Angleterre, le vicomte détient la moitié de la seigneurie de Saint-Clar pour le compte de l’un des deux rois. Dans les années 1270-1280, la bastide de Saint-Clar est fondée par paréage entre l’évêque de Lectoure et le roi d’Angleterre, Edouard I er . L’acte de paréage n’est pas conservé. Il 1 DUCOS, Marie-Thérèse et DUCOS, Jean-Henri, Communes du département du Gers. Tome 2 : l'arrondissement de Condom , Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 2004, p.387. 2 Voir annexes 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833 et 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. 3 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 298. 4 BALAGNA, Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 2, p.361 et t. 6, p. 706. L’auteur fait probablement référence ici à l’acte de donation de l’église de Saint-Clar à l’abbaye de Moissac en 1074 (DE LA HAYE, Régis, Recueil des actes de l’abbaye de Moissac , Maastricht – Moissac, 2011, actes n°97 et 98, p.1 45-146). 5 CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages gersois, vol. 2 - Les bastides , Publication de la chambre d'agriculture du Gers, Auch, 1991, p.93. 6 DE LA HAYE, Régis, Recueil des actes… , op. cit ., 2011, acte n° 257, p. 357. Inventaire du patrimoine bâti de Saint-Clar – étude thématique – Anaïs Comet, mars 2013 – IA00038685. 3 semblerait que cette fondation ait eu lieu vers 1273 et que des coutumes aient été octroyées en 1289 7. Le texte original de ces dernières a aussi disparu. La datation de la fondation de la bastide de Saint-Clar avant 1273 peut être étayée par un acte de 1274 qui mentionne le bailli de Saint-Clar pour le roi d’Angleterre 8. Cette bastide est fondée au nord du noyau d’habitat préexistant, entre ce dernier et les rebords du plateau sur lequel il est implanté. Le plan orthogonal de la bastide s’adapte aux contraintes topographiques du site. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre suivant. Il semble que la partie occidentale de la bastide, pourtant elle aussi cadastrée, n’a jamais été bâtie. Cette partie est appelée dans les sources du début de l’Époque moderne la « bastide vieille » alors que la moitié orientale de la bastide, lotie et entourée de murailles, est dénommée la « bastide neuve 9. » Pour plus de clarté, nous utilisons ces appellations dans ce dossier. b. Les coutumes Le texte des coutumes de Saint-Clar a disparu. Comme nous l’avons vu précédemment, elles ont probablement été octroyées vers 1289 par le roi d’Angleterre. Un acte de reconnaissance des fiefs par les consuls de Saint-Clar, daté de 1533, reprend en partie le texte des coutumes originelles 10 . Il est tout d’abord stipulé dans ce texte le statut de coseigneurie. Le deuxième item précise ainsi que le lieu de Saint-Clar appartient au vicomte et à l’évêque à parts égales, hormis quelques points indiqués plus loin dans la reconnaissance : Item disent les dits bayles et consuls et autres jurés le lieu de Saint Clar être et appartenir aux Roy et reine comme vicomtes de Lomagne, et au révérend père en dieu M. l’évêque de Lectoure par indivis et égales portions certaines choses cy-après déclarées exceptées. Cet acte précise l’essentiel des taxes et autres impôts dus par les habitants en diverses situations. Ces nombreux items reprennent les usages en vigueur au début du XVI e siècle. Ces usages sont probablement, au moins pour partie, ceux édictés dans les coutumes du XIII e siècle. Quelques items sont particulièrement intéressants pour notre sujet et notamment le seizième qui différencie bien le « château viel », la « bastide vieille » et la « bastide neuve » : Item est de coutume au dit lieu de Saint Clar que tout homme ou femme qui aura une place de maison bâtie ou à bâtir ou de cazau en la bastide neuve et en la bastide vieille payera pour la dite place de fiefs aux dits seigneurs quatre deniers morlaas valant dix huit deniers tournois et pour chacune place qui sera dans le château viel payera un denier morlaas et un livrat de sibade, et doit avoir chacune place de la bastide neuve seize razes de large et quarante de long. Ce passage est notable à plusieurs égards. Tout d’abord il différencie bien les trois parties de l’agglomération de Saint-Clar. Ensuite, il convient de noter que le montant de l’impôt est identique dans la bastide neuve et la bastide vieille alors qu’il est moins élevé dans le château vieux. Cela permet de supposer qu’on est là en présence d’un article issu d’usages anciens, remontant au moment de l’établissement de la bastide, mais dont le texte est adapté au moment de la rédaction de cet acte de reconnaissance.