Comment Macron Se Prepare Pour 2017 Fabien Piliu
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EDITION QUOTIDIENNE 33 DU 4 MAI 2016 FRANCE COMMENT MACRON SE PREPARE POUR 2017 FABIEN PILIU Une note sénatoriale confidentielle que La Tribune a pu consulter dresse la liste des soutiens probables au ministre de l'Economie au cas où celui-ci se présenterait à l'élection présidentielle. "Nous partîmes cinq cents ; mais, par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port". Emmanuel Macron se voit-il en Don Rodrigue, le héros du Cid de Corneille ? Peut-être. Tout en continuant d'occuper le troisième étage de Bercy, le ministre de l'Economie se cherche en effet des alliés parmi les élus de la majorité. Dans quel but ? Et si Emmanuel Macron était en train de peaufiner son dossier de candidature pour la prochaine élection présidentielle ? Selon nos informations, le ministre de l'Economie est d'ores et déjà en train de faire ses comptes. Au Sénat, tout du moins. Rédigée par François Patriat, ancien ministre de Lionel Jospin et sénateur socialiste de Côte-d'Or, qui fut très proche de François Hollande, une note portée « A l'attention de monsieur le ministre, Emmanuel Macron », que La Tribune a pu consulter, fait un « état des lieux au Sénat ». TROIS CATÉGORIES DE SOUTIENS Dans cette note, trois catégories de soutiens à Emmanuel Macron sont distinguées. Ils sont tous socialistes. ACTUALITE EDITION QUOTIDIENNE 34 DU 4 MAI 2016 FRANCE Intitulée « Soutiens confirmés, souhaitant être davantage alimentés », la première comprend Jean-Claude Boulard, le sénateur-maire du Mans, Nicole Bricq (Seine-et-Marne), Gérard Collomb sénateur-maire de Lyon, Vincent Eblé (Seine-et-Marne) Jean-Jacques Filleul, (Indre-et-Loire), Bariza Khiari, (Paris), Gérard Miquel (Lot), Jeanny Lorgeoux (Loir-et-Cher), Daniel Percheron (Pas- de-Calais), Daniel Raoul (Maine-et-Loire), Claude Raynal (Haute-Garonne), Yves Rome (Oise), Patricia Schillinger (Haut-Rhin), Jean-Pierre Sueur (Loiret), Catherine Tasca (Yvelines) et Richard Yung , le sénateur représentant les Français de l'étranger. Le soutien de Gérard Collomb, un des poids lourds de la majorité, n'est pas surprenant. En mars 2011, plus d'un an avant la dernière élection présidentielle, l'élu publiait « Et si la France s'éveillait... », un ouvrage dans lequel il défendait le "socialisme de l'offre", les réformes de structure et la nécessité pour l'économie française de s'adapter à la mondialisation. Dans la catégorie « Soutien probable, à convaincre après une première prise de contact », un seul sénateur est inscrit. Il s'agit de Claude Haut, le sénateur du Vaucluse. La catégorie « A tester, sans information fiable quant à leur positionnement » est un peu plus étoffée. Elle est composée de Michel Berson, le sénateur de l'Essonne, de Yannick Botrel (Côtes- d'Armor), de Michel Boutant (Charente), de Pierre Camani (Lot-et-Garonne), de Bernard Lalande (Charente-Maritime) et d'Alain Richard (Val d'Oise). UNE PETITE PARTIE DES SÉNATEURS SOCIALISTES On en conviendra, cette liste est maigre. Elle ne comporte que 17 noms d'élus socialistes, sur les 109 siégeant au Sénat. Mais elle donne de précieuses indications sur les intentions de celui qui est encore ministre de l'Economie. Un ministre qui, s'il se déclare candidat à l'élection présidentielle, est encore esseulé. Il a grandement besoin d'appuis. Lancé ces dernières semaines, son mouvement « En marche » qui propose notamment à ceux qui n'y adhèrent pas de « rester assis sans rien faire », est trop peu puissant pour aider celui qui vivrait alors sa première élection à gravir les dernières marches du pouvoir. Tout de même marqué à gauche, bien qu'il ne soit pas membre du Parti socialiste, Emmanuel Macron est donc bien obligé d'aller chercher des soutiens au PS, et en particulier dans les courants les plus réformateurs. LA DROITE NE LE SOUTIENT PAS Par ailleurs, en dépit de la proximité des réformes économiques - qu'il évoque plus qu'il ne porte - avec celles proposées par l'opposition, le ministre de l'Economie n'est pas en mesure de recueillir un soutien franc et massif de la part de la droite. On a vu, à l'été 2015, lors du vote de la loi Macron, que la grande majorité des députés de l'opposition a rejetée bien que celle-ci reprenne certaines de mesures autrefois soutenues par l'UMP. ACTUALITE EDITION QUOTIDIENNE 35 DU 4 MAI 2016 FRANCE Dans un entretien accordé au JDD ce week-end, Nicolas Sarkozy, le président du parti "Les Républicains" n'a pas été tendre avec le ministre de l'Economie. A la question : que pensez-vous d'Emmanuel Macron ?, l'ancien chef de l'Etat a eu la réponse suivante : "J'aime ce qui est franc, ce qui est authentique, ce qui est sincère. M. Macron a été le plus proche collaborateur de François Hollande - son secrétaire général adjoint - au cours des deux premières années de son mandat, c'est-à-dire au moment où a été enclenchée et votée la pire stratégie d'augmentation des impôts que la France ait jamais connue. M. Macron était dans le bureau à côté de celui du président de la République. Et il veut expliquer aux Français qu'il n'y était pour rien. Cela fait deux ans qu'il est ministre de l'Économie et qu'il ne cesse pourtant de dénoncer la politique qu'il est en charge d'appliquer. Je pense que c'est du cynisme et le cynisme ne m'a jamais intéressé. J'ajoute que le même membre de premier plan de ce gouvernement vient de nous expliquer qu'il n'est pas de gauche. Il est de quoi alors? Quelle est la couleur du cynisme ? " ACTUALITE.