Université d’Antananarivo Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département : ECONOMIE

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES Option : Développement Local et Gestion de Projets – DLGP

APPROPRIATION DE PROJET DE DEVELOPPEMENT : CAS SOUS-PROJETS APPUYES PAR LE P.S.D.R COMMUNE RURALE

Présenté par : RAZAFINDRAMAKA Nivo Mboahangy

Encadreur pédagogique : RAMIARAMANANA Jeannot Encadreur professionnel : RAKOTONDRAZAFY Julie

20 Février 2013

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier Dieu de nous avoir donné la force et le courage durant les études et lors des recherches dans le cadre du présent mémoire.

Nous témoignons également notre gratitude à :

- Monsieur RAMIARAMANANA Jeannot, Professeur titulaire, Directeur des études de la formation en DESS DLGP, en tant qu’encadreur pédagogique, qui malgré ses lourdes responsabilités, a bien accepté de nous conseiller, diriger et encourager dans la réalisation de ce mémoire; - Madame RAKOTONDRAZAFY Julie, Spécialiste Organisation Paysanne au sein du PSDR, notre encadreur professionnel, pour les différentes orientations apportées aussi bien pendant le stage auprès de cette institution que lors de la rédaction du mémoire ; - Monsieur RAKOTOARISEDY Rivo Samüel, Directeur Exécutif Régional du PSDR à Analamanga, pour ses conseils et remarques pertinentes pendant le stage et tout au long de nos recherches. - Monsieur RAMANANJATOVO, Maire de la Commune Rurale Ankadinondry Sakay. - Tout le personnel de la Direction Exécutive Régionale du PSDR à Analamanga. - Tout le corps enseignant et administratif du Département Economie surtout ceux de la formation DESS - Option Développement Local et Gestion de Projet.

Nous remercions spécialement :

- les Présidents et les membres des Organisations paysannes choisis pour l’enquête, sans lesquels ce travail n’aurait été possible. - tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’élaboration de ce mémoire.

Enfin, nos remerciements vont à la famille, les collègues et ami(e)s pour leur soutien moral et financier dans la concrétisation du présent ouvrage.

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RESUME ANALYTIQUE

Actuellement, l’approche territoriale fait partie des nouvelles politiques de développement. La mise en œuvre de cette approche est essentiellement conduite au niveau local. Elle consiste à impliquer les communautés locales dans les différentes phases de développement. L’idée de base est la responsabilisation des acteurs de développement pour permettre une meilleure appropriation des projets afin de contribuer au développement local. L’appropriation des initiatives de développement est réussie quand les bénéficiaires démontrent une capacité d’entretenir l’entente au sein de leurs organisations, une maîtrise des actions et techniques utilisées, une utilisation rationnelle des différentes ressources, et une capacité de diffusion et d’amélioration des acquis. Le PSDR contribue au développement local en appuyant les organisations paysannes à se professionnaliser tout en créant un environnement favorable à leurs secteurs. Il est à noter que la pérennité de ces actions de développement dépend essentiellement de l’implication de la population locale d’une manière dynamique afin de devenir indépendant vis-à-vis des financements extérieurs dans le long terme . C’est dans ce sens que les interventions du projet dans la Commune Ankadinondry Sakay ont contribué au passage progressif d’une économie de subsistance vers une économie de marché, essentiellement, en ce qui concerne les groupements qui ont réalisé le sous-projet baie rose. Toutefois, aucun des quatre sous-projets que nous avons étudié n’a atteint un niveau d’appropriation complète.

Mots clés : développement local, appropriation, projets de développement.

ABSTRACT

The territorial approach is a part of recent development strategies. Realization of this approach is especially based on local area. It consists on the implication of local communities in different phases of development projects. Main idea stands on responsibilities of all development partners in order to reach appropriation and lead to local development. The success in the appropriation of development’s initiatives are reached when recipients show understanding in their organization, abilities to control process and techniques, abilities to use different opportunities and, contribution in the spread of expertise. PSDR takes part in local development by supporting farmer’s organizations in professionalization and creation of favorable environment in their sectors. Standing development’s actions depend on the dynamic ii implication of local population to become independent of foreign financing in the long run . In this way, PSDR actions in Ankadinondry Sakay helped in progress change of subsistence economy to market economy, particularly for groups which produce «pink peppercorn». However, complete level of appropriation was not established by the analysis of four projects in Ankadinondry.

Key words: local development, appropriation, development project.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL ...... 4

Chapitre 1 : Les concepts d’appropriation et de développement local ...... 6

Chapitre 2 : Les critères d’appréciation de l’appropriation ...... 28

Chapitre 3 : L’approche du Projet de Soutien au Développement Rural - PSDR ...... 34

PARTIE II : ETUDE DE CAS : COMMUNE RURALE ANKADINONDRY SAKAY .... 42

Méthodologie ...... 44

Chapitre 1 : Présentation de la Commune Ankadinondry Sakay ...... 47

Chapitre 2 : Description des sous-projets, objet de l’analyse ...... 55

Chapitre 3 : Analyse des aspects de l’appropriation des appuis du PSDR ...... 77

Chapitre 4 : Recommandations relatives à l’appropriation des sous-projets ...... 92

CONCLUSION GENERALE ...... 99

Références bibliographiques ...... 101

Annexes ...... 105

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LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Tableau 1 : Répartition des Directions Exécutives Régionales (DER)

dans les 22 Régions ...... 36

Tableau 2 : Production annuelle par type de produits dans la Commune

Ankadinondry Sakay ...... 49

Tableau 3 : Cheptel amené au marché pour l’année 2007 ...... 50

Tableau 4 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR pour

la culture de baie rose ...... 58

Tableau 5 : Production des organisations paysannes appuyées par le

PSDR pour la culture de baie rose ...... 60

Tableau 6 : Rendement annuel pour la culture de maïs dans la Région

de ...... 61

Tableau 7 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR

pour la culture de maïs ...... 64

Tableau 8 : Production des organisations paysannes appuyées par

le PSDR pour la culture de maïs...... 66

Tableau 9 : Amélioration des temps de travaux pour la culture de maïs ...... 67

Tableau 10 : Rendement annuel pour la riziculture dans la Région de

Bongolava ...... 68

Tableau 11 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR

pour la riziculture irriguée ...... 70

Tableau 12 : Production des organisations paysannes appuyées par le

PSDR pour la riziculture irriguée...... 72

Tableau 13 : Comparaison des 4 sous-projets suivants les critères de

l’appropriation ...... 90

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Figure 1 : Schéma descriptif du Document de Stratégie pour la Réduction

de la Pauvreté (DSRP) ...... 9

Figure 2 : Schéma descriptif de la relation entre le DSRP - PADR - PSDR ...... 11

Figure 3 : Structure de gestion du PSDR ...... 36

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Montants des financements de la phase initiale du PSDR

pour les Communes du District de ...... 106

Annexe 2 : Montants des financements du PSDR pour les sous-projets

réalisés dans la Commune Ankadinondry ...... 107

Annexe 3 : Guide et questionnaire d’enquête ...... 108

Annexe 4 : Carte de localisation de la Commune rurale Ankadinondry Sakay ...... 110

Annexe 5 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant le

sous-projet « baie rose » ...... 111

Annexe 6 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant la culture de maïs ...... 114

Annexe 7 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant

la riziculture irriguée ...... 118

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LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES

ACP : Afrique Caraïbe Pacifique AEP : Adduction d’Eau Potable AUE : Association d’Utilisateurs d’Eau BDPA : Bureau de Développement de la Production Agricole BTM : Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra CARITAS : Confédération Internationale d’Organisations Catholiques CPP : Comité de Pilotage Paritaire CROA : Comités Régionaux d’Octroi et d’Allocation CSA : Centres de Services Agricoles CSB : Centre de Santé de Base CTHA : Centre de Technique Horticole Antananarivo CTHT : Centre de Technique Horticole Tamatave DCPE : Document Cadre de Politique Economique DER : Direction Exécutive Régionale DRDR : Direction Régionale du Développement Rural DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ECOCERT: Organisme de Contrôle et de Certification au service de l’homme et de l’environnement EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages EPP : Ecole Primaire Publique FA : Fonds Additionnel FCRA : Fonds Compétitif de Recherche Appliquée FID : Fonds d’Intervention pour le Développement FIKRIFAMA : Fifanampiana Kristiana ho an’ny Fampandrosoana et FIDA : Fonds International de Développement Agricole FOFIFA : Foibem-pirenena ho an’ny Fikarohana ampiharina ho Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra GVC : Grenier Communautaire Villageois IDA : Association Internationale de Développement INSTAT : Institut National de la Statistique IPPTE : Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés

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MAE : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage MPI : Micro Périmètre Irriguée ODEMO : Opération de Développement du Moyen Ouest ONG : Organisation Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nations Unies OP : Organisation Paysanne PADR : Plan d’Action pour le Développement Rural PCD : Plan Communal de Développement PDMO : Projet d’appui au Développement du Moyen Ouest PMMO : Projet Maïs du Moyen Ouest PNDR : Programme National pour le Développement Rural PNM : Projet National Maïs PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPA : Peste Porcine Africaine PRD : Plan Régional de Développement PS : Partenaire Stratégique PSA : Programme Sectoriel Agricole PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural RTS : Radio Tantsaha Sakay SOMASAK : Société Malgache d’Aménagement de la Sakay SRI : Système de Riziculture Intensive UE : Union Européenne UNEP : Unité Nationale d’Exécution du Projet

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INTRODUCTION

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INTRODUCTION

Il est essentiel d’écouter quelques réflexions personnelles des paysans qui racontent leur vécu pour comprendre la réalité de la pauvreté rurale. Les enseignements tirés permettent ainsi de concevoir des solutions appropriées et efficaces pour appuyer les communautés rurales afin qu’elles puissent prendre en charge leur développement. A Madagascar, la population est plus rurale qu’urbaine, les 80% de la population du pays vivent dans le monde rural et les couches les plus vulnérables au phénomène de la pauvreté se trouvent dans ce milieu. Selon les résultats de l’EPM 2010, 76,5% de la population vivent dans la pauvreté et c’est en milieu rural qu’on observe un ratio de pauvreté plus élevé avec un taux de 82,2% contre 54,2% en milieu urbain. Le Projet de Soutien au Développement Rural ou PSDR a comme principal objectif de réduire la pauvreté en milieu rural tout en améliorant le niveau de vie des paysans par la croissance de la production, de la productivité et des revenus d’une façon durable. Comme tout projet de développement, on reconnaît un ensemble d’actions limitées dans l’espace et dans le temps.

La réussite de tout projet de développement réside dans la pérennité des changements apportés auprès de la population cible ainsi que de toute la communauté après que les agences d’exécution et les bailleurs se sont retirés. Toutefois, il est fréquent de constater le manque de viabilité des projets de développement dans les pays en voie de développement alors qu’ils ont coûté chers à la Nation. C’est en prenant conscience de ces situations, ajoutées à l’intitulé de notre formation « Développement Local et Gestion de Projets », que nous avons choisi le thème : « Appropriation de projet de développement : cas des sous-projets appuyés par le PSDR dans la Commune rurale Ankadinondry Sakay ».

L’appropriation se traduit par le passage du bénéficiaire assisté en bénéficiaire qui se prend en charge et qui poursuit les changements initiés. C’est une démarche par laquelle les bénéficiaires cherchent à maîtriser le processus d’un changement durable dans lequel ils se sont engagés en vue de contribuer au développement local. De ce fait, l’appropriation est une condition nécessaire pour le développement, ce qui nous rappelle François Perroux pour qui « ... le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une

2 population qui la rende apte à faire croître, cumulativement et durablement son produit réel global »1.

Ce mémoire a comme objectif principal d’apprécier la capacité acquise des bénéficiaires à continuer les activités initiées et appuyées par le PSDR, ou à développer de nouvelles initiatives pour le développement après le retrait des intervenants extérieurs. A cet effet, il importe de poser la problématique suivante : dans quelle mesure les bénéficiaires s’approprient-ils les initiatives de développement appuyées par le PSDR afin de contribuer de manière pérenne au développement de leur localité ? Pour répondre à cette problématique, il convient alors de vérifier les deux hypothèses selon lesquelles : (i) les retombés positifs des actions de développement profitent aux bénéficiaires et à la localité, (ii) l’appropriation assure la continuité et la pérennisation des initiatives de développement au sein de la communauté. L’étude a été réalisée dans la Commune rurale Ankadinondry Sakay, à travers, principalement, des entretiens auprès des membres des organisations paysannes réalisant les sous-projets analysés. Une approche quantitative s’ajoute à ces entretiens de groupes par la consultation des différentes documentations ainsi que des interviews auprès de différents organismes relatifs aux objectifs de notre analyse.

La première partie de ce mémoire présentera le cadre conceptuel de l’analyse par des notions et précisions à l’égard des programmes et projets de développement, une approche théorique de l’appropriation et du développement au niveau local, les critères d’appréciation de l’appropriation et l’approche du Projet PSDR. La deuxième partie va se concentrer sur l’étude de cas de la Commune d’Ankadinondry Sakay en termes d’appropriation des initiatives de développement par les bénéficiaires, et par la suite les orientations possibles permettant d’améliorer la conduite des actions de développement après le retrait des organismes d’appui. Toutefois, nous tenons à préciser qu’il ne s’agit pas d’une évaluation du projet mais plutôt une analyse critique des logiques et stratégies suivies pendant la durée de l’initiative afin de conduire à l’appropriation des actions de développement par les bénéficiaires.

1 PERROUX François, Economie et société : contrainte, échange et don , Paris, PUF, 1960. 3

PARTIE I :

CADRE CONCEPTUEL

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Introduction de la première partie :

Actuellement, les nouvelles politiques de développement sont surtout orientées vers l’approche participative. La mise en œuvre de cette approche est essentiellement conduite au niveau local. Elle consiste à impliquer les communautés locales dans les différentes phases d’un projet de développement. L’idée de base est la responsabilisation des acteurs de développement pour permettre une meilleure appropriation des projets. Dans les pages qui suivent, nous allons commencer, dans le chapitre I, à cerner cette notion d’appropriation et de développement local, par la suite, le chapitre II va permettre une prise de connaissance des spécificités de ce concept en précisant les critères d’appréciation de l’appropriation, enfin, l’approche du Projet de Soutien au Développement Rural ou PSDR dans le chapitre III définira notre domaine d’étude de l’appropriation.

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CHAPITRE 1 : LES CONCEPTS D’APPROPRIATION ET DE DEVELOPPEMENT LOCAL

Le lien entre le développement local et une véritable appropriation des stratégies de développement est évident mais revêt certaines dimensions à travers des projets qui contribuent au développement socio-économique des bénéficiaires et des communautés concernées. Ces dimensions ne peuvent être appréhendées correctement sans les précisions concernant le contexte caractérisant les projets de développement.

1.1 Notions sur les Programmes et Projets de développement :

L’économie du développement a fait son apparition comme nouvelle branche de la science économique dans les années 1950. De nombreux pays en Afrique et en Asie ont accédé à l’indépendance d’où l’émergence du Tiers-monde ce qui explique l’intérêt pour l’étude des économies en développement. Dans cette perspective, les institutions internationales ont tenu des rôles dominants dans la définition des différents plans pour la réduction de la pauvreté.

1.1.1 Politique et programme de développement :

Les stratégies de développement ne sont pas seulement définies par les grandes institutions internationales mais nécessitent la participation des pays respectifs. Pour ce faire, les politiques nationales sont constatées dans un document officiel du gouvernement. Il précise les orientations politiques et stratégiques, dans le cadre de développement, susceptibles de concerner toutes les interventions relatives aux différents secteurs clés du pays. Concernant Madagascar, il s’agit du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ou DSRP. Partant de ce document, la formulation des programmes détermine la coordination des interventions des différents partenaires nationaux et internationaux afin d’obtenir une synergie des actions de développement régionales ou nationales.

Selon le PNUD (1997) « L'approche programme est un processus qui permet aux gouvernements d'articuler les priorités nationales et de réaliser les objectifs de

6 développement humain durable dans un cadre cohérent et participatif. L'approche programme est bien plus qu'un simple moyen de réunir des projets exécutés en un lieu donné dans un "programme", c'est une approche logique qui intègre les processus de planification et de gestion de tout effort de développement national, aux niveaux macro-économique, méso- économique et micro-économique » 2.

1.1.2 Projet de développement :

Le principal objectif de l’économie de développement s’avère être le développement humain. Toutefois, le développement renvoie à des changements économiques, sociaux, politiques et culturels. Les projets sont élaborés pour répondre aux besoins précis des communautés. Ils sont délimités dans un temps défini à l’avance et visent le court et le moyen terme. Un projet de développement est constitué par la synergie entre la population, les agents d’exécution du projet, les agences d’aide et les dirigeants du pays.

Les projets visent l’amélioration de tous les secteurs économiques et sociaux. Par conséquent, ils sont intégrés aux réalités des pays concernés. Toutefois, les initiateurs priorisent la participation de la population à l’identification et à l’élaboration des projets de développement afin que la population devienne un élément actif et non seulement bénéficier de l’existence des projets.

1.1.3 Contexte général des projets de développement ruraux à Madagascar :

Les politiques du Gouvernement Malagasy concernant le développement rural sont définies dans le DSRP en 2003, document qui a été élaboré afin de permettre à Madagascar de bénéficier de l’IPPTE ou l’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés. Ces politiques nationales et orientations du Gouvernement se traduisent en trois axes stratégiques d’intervention à travers lesquels les programmes opérationnels interviennent sur les principales dimensions de la pauvreté 3. La mise en œuvre des programmes du développement rural s’inscrit dans le cadre de l’axe stratégique n°2 du DSRP :

2 PNUD, Guide pour la mise en œuvre de l’approche-programme, mai 1997 3 Source : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté - DSRP 7

- axe stratégique n°1 : restaurer un Etat de droit et une société bien gouvernancée ; - axe stratégique n°2 : susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie ; - axe stratégique n°3 : susciter et promouvoir des systèmes de sécurisation humaine et matérielle et de protection sociale élargis

Le schéma suivant résume la présentation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

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Figure 1 : Schéma descriptif du DSRP

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté - DSPR

Politiques nationales et orientations du Gouvernement

Axe stratégique Axe stratégique Axe stratégique d’intervention n°1 : d’intervention n°2 : d’intervention n°3 : Restaurer un Etat de droit Susciter et promouvoir une Susciter et promouvoir des et une société bien croissance économique à systèmes de sécurisation gouvernancée base sociale très élargie humaine et matérielle et de protection sociale élargie

Gouvernance et Stabilité Education lutte contre la macroéconomique et corruption croissance

Santé Gouvernance et Emergence et respect de la dynamisation de démocratie pôles de Eau potable et développement assainissement Gouvernance de régionaux proximité Actions sociales et Développement des culturelles Gouvernance et secteurs porteurs Etat de droit Ouverture à la concurrence mondiale

DEVELOPPEMENT RURAL

Développement et densification des infrastructures structurantes

Source : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté – DSRP

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En référence au DSRP, un processus permettant l’élaboration d’un cadre de conception, de définition et d’orientation des stratégies de développement rural à Madagascar a été retenu, c’est le « Plan d’Action pour le Développement Rural » ou PADR. Un « Plan d’Action » détermine la façon dont on s’organise pour atteindre les objectifs définis dans une politique. Ainsi le PADR précise cinq orientations requises de toutes les actions relatives au développement rural à Madagascar 4. L’approche adoptée pour le développement rural à Madagascar est effectuée au travers des projets conçus et menés par les Ministères centraux. Dans ces conditions le Gouvernement a concrétisé sa politique par la promulgation de décret n°99-022 du 20 janvier 1999 afin de définir le cadre organisationnel du PADR. Le PSDR découle de l’orientation n°2 de ces actions du PADR.

La relation entre le DSRP, le PADR et le PSDR peut être décrit dans le schéma suivant.

4 Article premier du décret n°99-022 portant sur l’institutionnalisation du processus d’élaboration du PADR 10

Figure 2 : Schéma descriptif de la relation entre DSRP - PADR et PSDR

Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté - DSPR

Politiques nationales et orientations du Gouvernement

Axe stratégique d’intervention n°2 : Susciter et promouvoir une croissance économique à base sociale très élargie

Plan d’Action pour le Développement Rural - PADR

Orientation n°1 : reformes institutionnelles et du cadre règlementaire

Orientation n°2 : inciter l’émergence des Projet de Soutien acteurs économiques partenaires du au Développement développement rural Rural - PSDR

Orientation n°3 : gestion durable des ressources et infrastructures

Orientation n°4 : disponibilité alimentaire suffisante dans toutes les régions

Orientation n°5 : améliorer l’accès aux services sociaux

Source : Plan d’Action pour le Développement Rural - PADR

Remarque : les orientations présentées dans ce schéma font référence au programme de développement

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1.2 Appropriation des projets de développement :

On constate aujourd’hui que les notions d’appropriation, de développement durable sont au cœur des stratégies de développement local, régional et national. De surcroit, les agences d’exécution cherchent toujours la meilleure façon d’élaborer et d’exécuter les programmes et projets de développement.

1.2.1 Précisions concernant l’appropriation :

De nouvelles approches qui se fondent sur les microréalisations sont actuellement optées afin que le processus d’appropriation puisse être effectif pour les bénéficiaires. Afin de comprendre cette démarche, nous avons retenu quelques réflexions du concept d’appropriation du point de vue des bailleurs.

Pour la Banque mondiale : « L’expérience lui a appris que la réussite des programmes de développement est liée à un sens profond d’appropriation des actions de développement par le pays emprunteur tout entier. Lorsqu'une telle appropriation existe, l'ensemble des acteurs nationaux s’engage entièrement dans la conception et l'exécution des programmes, une dynamique qui améliore grandement les chances de succès »5.

Selon l’Union Européenne : « L’appropriation d'un projet est la mesure dans laquelle les groupes cibles et bénéficiaires du projet ou programme participent à sa conception et sont impliqués. Le projet obtient alors leur appui et est viable une fois le financement terminé »6.

D’après l’Organisation des Nations Unies (ONU) : « Il s’agit de passer, pour les donateurs, d’une attitude paternaliste à une véritable collaboration et d’accepter que les compétences extérieures viennent en complément et non en remplacement des compétences locales ». 7

Ces différents extraits ne donnent pas une définition précise de l’appropriation mais ils tentent plutôt de présenter ce qui se passe quand il y a appropriation des actions de développement par les bénéficiaires.

5 Source : www.worldbank.org 6 COMMISSION EUROPEENNE, Manuel de gestion du cycle de projet, mars 2001, 49p. 7 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL, Communiqué de presse ECOSOC/6011, juillet 2002. 12

Considérant ces réflexions, l’appropriation est vue comme une démarche des bénéficiaires, de la population locale qui cherchent à maîtriser les changements dans lesquels ils se sont engagés en vue de continuer et pérenniser les actions appuyées par les bailleurs. En d’autres termes, la notion d’appropriation conduit la population au niveau des communautés de base à être le maître de leur destin. Pour telle raison, l’appropriation devrait être le principal objectif de tous les programmes et projets de développement. On peut constater que le fonctionnement des actions de développement est assuré quand l’encadrement est effectué, le financement offert et l’évaluation conduite. Toutefois, en dehors de cet environnement contrôlé, le risque que les actions de développement ne puissent subsister est important.

L’appropriation incite l’engagement de la population cible en réalisant qu’elle est la première concernée par les actions de développement. La population doit être capable de déterminer ses besoins et ses objectifs afin de gérer les ressources à leurs dispositions et se défaire progressivement de l’assistance extérieure. De ce fait, l’appropriation est une approche du développement qui favorise la capacité des paysans à décider des choix qui peuvent être effectués à leur niveau. Un groupement qui s’est approprié les initiatives de développement est capable d’analyser une situation afin de négocier et décider ensemble la réalisation des orientations pour le développement. Alors l’appropriation se traduit par la participation des bénéficiaires qui évoluent vers la responsabilisation et la prise en charge de leur développement.

Généralement, les méthodes appliquées pour les actions de développement dans les projets sont complexes car étant élaborées par des experts et parfois reproduites d’un pays à l’autre ou d’un projet à un autre. L’appropriation dépend particulièrement de la disposition des paysans bénéficiaires à prendre ou non les initiatives conduites par les projets. La complexité des méthodes appliquées se heurtent parfois au faible niveau d’instruction de la population, surtout rurale qui est le premier bénéficiaire du développement. Toutefois, les deux entités ne sont pas nécessairement en opposition. Il s’agit plutôt d’un manque de compréhension entre les bénéficiaires qui veulent obtenir les financements et les bailleurs qui veulent mener au lieu d’accompagner. Ainsi, force est d’admettre que les initiateurs des projets de développement sont obligés de trouver des solutions pour faire face à cette réalité.

Par ailleurs, les difficultés à l’appropriation des projets de développement résident essentiellement dans la limite de participation des bénéficiaires et l’intervention inappropriée de l’Etat. Une stratégie d’appropriation doit alors instaurer un dialogue entre tous les acteurs

13 impliqués dans les actions de développement qui sont les dirigeants, les techniciens et la population.

1.2.2 Les conditions essentielles pour une véritable appropriation :

Comme l’appropriation se traduit par la prise en charge de la population locale de leur développement, des conditions essentielles sont à considérer pour favoriser une appropriation effective des initiatives de développement apportées par les intervenants externes. L’appropriation est une démarche complexe qui s’opère à plusieurs niveaux : (i) organisationnel car l’appropriation des actions de développement doit, en premier lieu, inclure l’intégration d’un groupe cible et par la suite de toute la communauté de base, (ii) instrumental parce que des nouvelles techniques devraient être adoptées, (iii) conceptuel car il s’agit de la représentation de nouveaux principes pour orienter les actions de développement. Par conséquent, l’appropriation s’effectue pendant toute la durée de l’initiative et non pas seulement vers la fin de l’appui au développement 8.

a) Entretenir le sentiment d’appartenance des individus envers leurs communautés :

De prime abord, l’appropriation se réfère au pouvoir que la population dispose pour devenir autonome et s’approprier ainsi son développement. Ce pouvoir se traduit par des actions qui permettent à la population de modifier certaines de ses conditions de vie afin d’apporter des améliorations essentielles à son développement. L’initiative à l’égard des solutions à apporter pour résoudre les problèmes de développement les plus importants devraient être issue de la population locale, de la communauté elle-même. Le sentiment d’appartenance des individus contribue à influencer ces initiatives afin de choisir les solutions les mieux appropriées aux vrais problèmes. C’est cette prise de conscience des acteurs locaux de leur situation pour chercher à être autonome qui détermine une appropriation effective.

Par ailleurs, l’appropriation exige une structure à l’intérieur de la communauté permettant la participation de la population. De ce fait, l’importance accordée au sentiment d’appartenance à la localité va permettre aux partenaires extérieurs de favoriser cette participation des bénéficiaires et de la population à la réflexion et aux décisions à prendre

8 LECOMPTE Bernard J, L’aide par projet, limites et alternatives , OCDE, Paris, 1986 14 concernant la conception et la mise en œuvre des projets. Ainsi, des lieux d’échanges devraient exister, au sein même de la communauté afin de maintenir et resserrer les liens sociaux pour une vision collective du développement. L’acceptation de la mise en commun des intérêts individuels est un engagement de la population dans les démarches pour le développement de leur localité ce qui constitue une condition favorable pour rehausser le niveau de l’appropriation.

b) Ajuster les projets aux besoins de la population

La question fondamentale est : comment réussir une appropriation afin que les projets contribuent à répondre aux besoins essentiels de la population locale ? Afin de favoriser l’appropriation des initiatives de développement, les bénéficiaires devraient avoir une certaine marge de manœuvre pour tirer profit des ressources qui les entourent. Un réel pouvoir d’action de la population quant à l’utilisation de ces ressources, en fonction des priorités reconnues par l’ensemble de la population, permet d’ajuster les projets aux besoins de la population. De ce fait, les paysans reconnaissent qu’ils sont propriétaires du projet.

Pour atteindre un certain niveau d’appropriation, les projets de développement devraient être adaptés aux évolutions des besoins mais en rapport avec les capacités, le niveau d’instruction et les priorités des bénéficiaires et de la population locale. Sans cette condition, les projets de développement sont perçus par les bénéficiaires comme une œuvre charitable qui encourage la population à se regrouper dans le seul but de bénéficier de l’argent et des matériels offerts par les bailleurs.

Les projets de développement doivent être ajustés aux besoins de la population en tenant compte des contraintes qui entravent l’appropriation des actions de développement, principalement : l’assimilation et la maîtrise de la technicité des outils et méthodes utilisés, le poids des us et coutume qui s’avèrent être encore important en milieu rural. Les agences d’exécution et les gestionnaires des projets occupent donc une position stratégique dans les changements à apporter parce qu’ils entretiennent des contacts directs avec les bénéficiaires. Il faut ainsi concilier les nouvelles techniques avec les pratiques locales et chercher les améliorations adéquates pour que la population ne ressente pas trop d’écart par rapport à ses valeurs et principes.

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c) Maintenir un dialogue productif entre les différents acteurs du projet

Les bénéficiaires devraient connaître les enjeux du projet afin de confronter leur idée à la réalité du projet. Des séances d’information et de discussion, des sessions de formation et de renforcement de capacités devraient être organisés périodiquement afin de soutenir les réseaux de communication entre les initiateurs et les bénéficiaires du projet. Le plus souvent la population locale ne peut pas avoir une influence décisive sur les initiatives de développement apportées par les projets. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme privée de sa capacité d’intervention et les agents extérieurs devraient connaître, comprendre et accepter la population cible dans son milieu afin de faciliter, ensuite, les partages d’idées. Ainsi, il faudrait harmoniser ce qui se fait au niveau de la communauté et partir des caractéristiques du groupe cible.

1.3 Le concept de développement local :

L’approche « top-down » a révélé ses limites en termes de développement durable ainsi il revient à la population elle-même de décider de leur propre future, de leur propre développement. L’atteinte des Objectifs du Millenium pour le Développement et l’éradication effective de la pauvreté sont focalisées au niveau local. Ainsi, il s’avère qu’une implication de la population dans les projets apportera la réponse attendue au développement.

Le développement local est considéré comme une réaction par rapport aux politiques traditionnelles du développement. Notons que, les politiques traditionnelles doctrinales accordent une importance particulière aux rôles des institutions et se réfèrent ainsi au territoire national, à l’économie nationale. L’idée nouvelle est de se dire que l’Etat doit accompagner le développement mais ne doit pas être le vrai et unique acteur du développement. Cette constatation ramène à l’idée du droit de la population pour le développement de sa localité.

1.3.1 Définition

Les acteurs impliqués dans le concept de développement local ont chacun à leur niveau leur propre perception sur le sujet. Etant à la fois une réflexion et une pratique, on ne peut pas avoir une seule définition du développement local. Toutefois, nous avons opté pour

16 la définition du développement local selon Jean-Louis Guigou qui, selon notre avis, explicite plus précisément, ce concept :

« Le développement local est l’expression de la solidarité créatrice de nouvelles relations sociales et manifeste la volonté des habitants d’une micro-région de valoriser les richesses locales, ce qui est créateur de développement économique ». 9

De cette définition, le développement local fait référence à :

- un cadre géographique qui est un espace, un lieu bien défini où des interventions axées au développement s’opèrent ; - la notion d’identité en référence au territoire et mobilisation d’une population afin de valoriser leurs projets et initiatives pour des objectifs de développement économique et social ; - une synergie entre les différents acteurs, une participation des habitants, une vision de nouvelles relations sociales.

a) Notion de « territoire » :

L'identification du territoire renvoie à l'identité commune d'une région ou d'une localité. Cette identité intègre l’existence de l’unité historique, géographique et économique. C’est un espace géographique auquel la population s’y identifie parce qu’elle y vit. Selon Jean Pierre Ferrier le territoire étant défini comme une combinaison subtile de « force de choses et de ruse des hommes »10 . En effet, le territoire devient un environnement d’opportunité puisqu’il permet des relations de proximité.

Par ailleurs, le territoire peut être un réseau et dépasse la proximité. Dans ce sens, les acteurs locaux peuvent se mettre en réseau dans le but de développer le territoire avec une idée d’appartenance où que l’on soit. Par conséquent, le territoire est un facteur important dans le développement qui pourra amplifier la productivité. Toutefois, le développement local nécessite la remise en cause de l’histoire, des traditions et même l’identité collective des groupes concernés.

9 GUIGOU Jean Louis, Le développement local : espoirs et freins , revue Correspondance Municipale, n°246, mars 1984 10 FERRIER Jean Pierre, Leçon du territoire, nouvelle géographie de la région Provence Alpes Côte d'Azur , Edisud, 1983 17

b) Ouverture du local vers l’extérieur :

Le développement local ne s’oppose pas à la globalisation de l’économie. Cependant, il requiert, principalement, un engagement politique ainsi que les transferts d’autorité et de ressources afin de soutenir les institutions locales à répondre aux besoins et demandes de la population. Du point de vue économique, la mondialisation permet le développement local. Par exemple, on cherche une délocalisation des entreprises en tenant compte, d’une part, des conditions des régions d’accueil, et, d’autre part, l’effort de toute la localité d’être compétitif pour accueillir ces entreprises. En ce sens, le développement local ne signifie pas la recherche d’une autarcie. C’est l’ouverture du local vers l’extérieur pour établir des relations et des échanges permettant à la population de se définir par rapport aux autres.

c) Participation de la population locale :

Le développement d’un territoire résulte des actions des différents intervenants : les collectivités locales, les acteurs économiques, les services de proximité et l’Etat à travers ses politiques sectorielles. Néanmoins, il convient dans ce point de souligner l’importance de la « cohésion sociale » au sein d’une localité qui contribuera à la réduction des différents conflits nés de ces participations. Le développement local serait ainsi axé sur le fait de construire des projets cohérents, pour la population, en tenant compte de la potentialité des ressources existantes. Ainsi, les initiatives de toutes nouvelles formes d’organisation pour le développement devraient provenir des acteurs locaux qui sauraient convaincre la population pour la nécessité de changement dans le respect de leur identité et de leur espace.

1.3.2 Les dimensions du développement local :

Plusieurs facteurs favorisent l'émergence d'une dynamique de développement local qui vise l’amélioration d’un territoire à travers les dimensions économiques, sociales, culturelles et écologiques en tenant compte des initiatives, des intérêts et des besoins de la population pour définir les actions cohérentes à entreprendre.

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a) Dimension économique :

Le développement local se préoccupe de la croissance économique de la localité. Il met l’accent sur l’initiative et la créativité collective de la population pour avoir un rôle essentiel dans l’exploitation des richesses locales en tenant compte des spécificités physiques et qualitatives du territoire. Tous les individus de la localité ont leur part de responsabilité dans cette dimension et deviennent ainsi des acteurs économiques du développement.

La dimension économique du développement local engage les acteurs dans le développement du territoire à travers leurs activités professionnelles ou de production. De surcroit, il s’agit de pouvoir intégrer les activités économiques aux besoins de la localité. Les aspects économiques du développement local se réfèrent, entre autres, au renforcement des activités productives, à la promotion des filières porteuses, au renforcement des infrastructures de production…

b) Dimension sociale :

Les activités économiques dépendent essentiellement des relations sociales. Il s’agit de dépasser la logique sectorielle c’est à dire l’industrie, le commerce, tourisme, etc. mais d’intégrer des actions globales de la vie sociale comme dans les domaines de la santé, l’éducation, l’habitation, l’accès à l’eau potable…La dimension sociale veille à ce que la croissance économique n’engendre pas des déséquilibres sociaux.

Dans ce cas, les initiatives du développement local créent des dispositifs d’accompagnement de la communauté pour répondre à des besoins sociaux. Ces initiatives visent l’amélioration des conditions de vie et du bien être de la population et peuvent être définies après l’analyse des problèmes sociaux rencontrés et une réflexion des solutions les plus appropriées pour y répondre.

c) Dimension culturelle :

La dimension culturelle tient une place prépondérante dans le développement local parce que chaque communauté possède des particularités qu’on ne peut pas généraliser. Elle peut servir de catalyseur dans la stabilité sociale et doit devenir une composante non

19 négligeable des politiques de développement local. Au lieu de tout attendre de l’Etat ou de l’extérieur, les initiatives les plus adaptées peuvent être recherchées dans la culture et la valeur locale. Ainsi, des potentialités culturelles, des savoir-faire ou des traditions peuvent être utilisées pour en faire un moyen de développement. L’objectif est de réaliser des activités qui contribuent à l’épanouissement individuel et collectif grâce à la capacité de la population à renforcer leurs traits culturels particuliers. Ainsi, la dimension culturelle doit être intégrée aux différentes interventions liées au développement de la localité, par exemple les services sociaux, les productions artisanales …

d) Dimension écologique :

La gestion des ressources naturelles et de l’environnement constituent un axe important des activités d’appui au développement local. Très souvent, la dimension écologique est devenue un objet de conflit entre les différents types d’utilisateurs et acteurs de développement. Ils considèrent qu’ils ont le droit d’exploiter les ressources naturelles locales en fonction de leurs besoins. Ainsi, il importe d’intégrer cette dimension écologique dans les stratégies de développement local par la valorisation des ressources naturelles. Il s’agit, entre autres, du refus de la pratique du « tavy », l’utilisation des techniques de production respectant l’environnement…

1.4 Développement local et rural par l’appropriation des projets :

Pour les pays d’Afrique comme Madagascar, le développement local est toujours lié au développement du milieu rural. Ainsi, les stratégies d’intervention des projets de développement doivent être adaptées à l’ensemble des critères qui définissent le monde rural avec sa population. Toutefois, nombreux sont les projets de développement, en Afrique, qui n’ont pas pu atteindre réellement leurs objectifs à l’égard de l’amélioration du niveau de vie de la population. Les résultats sont mitigés pour la plupart au terme des interventions des différents acteurs dans ces actions de développement.

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1.4.1 Développement local des pays sous développés :

Le « sous-développement » met l’accent sur la non satisfaction des besoins fondamentaux de l’homme (alimentation, sécurité, éducation, santé…). Selon Sylvie Brunel, le sous-développement se manifeste par ces critères : (i) une pauvreté de masse, (ii) des fortes inégalités à l’intérieur du pays (urbains/ruraux, hommes/femmes…), (iii) l’incompatibilité du pays dans les différentes interventions mondiales en économie, commerce, sciences et techniques…, (iv) l’insécurité dans laquelle vit la majorité de la population (politique, environnementale, sanitaire…) 11 .

Dans les pays sous-développés, ces critères sont bien pires pour la population rurale que celle dans les zones urbaines. Ainsi, l’élément déterminant du problème de développement local se trouve dans le monde rural parce que, dans les pays sous-développés, le développement local signifie développement des communautés rurales.

Le développement local part du principe qu’il faut l’adhésion de tous les acteurs sans quoi il n’y a pas de dynamique. Les facteurs essentiels qui favorisent cette adhésion se situent dans la politique de décentralisation et le processus participatif. Ainsi, les objectifs de développement local pourraient être atteints à travers les modes de gestion d’une administration de proximité et une responsabilisation de la population.

a) La politique de décentralisation :

La décentralisation est une pré-condition de la mise en œuvre des processus de développement local. La décentralisation consiste à « transférer des pouvoirs de décision de l’Etat vers d’autres personnes morales de droit public, essentiellement des collectivités territoriales lesquelles sont administrées par des autorités élues et soumises à un simple contrôle de légalité ». 12

De ce fait, l’Etat, dans son organisation, accorde des pouvoirs importants à des collectivités décentralisées. La décentralisation peut être territoriale quand c’est l’aspect respect de la démocratie qui prime, ainsi elle doit refléter le respect de la démocratie locale. La décentralisation peut être également fonctionnelle c'est-à-dire plutôt technique et répond à

11 BRUNEL Sylvie, Le Sous-développement , PUF coll. « Que sais-je », 1996 12 FAVOREU Louis, GAÏA Patrick, GHEVONTIAN Richard, MESTRE Jean-Louis, PFERSMANN Otto, ROUX André, SCOFFONI Guy, Droit constitutionnel , 4 éme édition, Dalloz, Décembre 2001 21 la nécessité d’une certaine compétence. Toutefois, qu’elle soit territoriale ou fonctionnelle, la décentralisation offre la personnalité juridique des communautés d’intérêt telles que les Régions et Communes.

En ce qui concerne l’Etat malagasy, la décentralisation s’est manifestée par la création des Régions, instituée par la loi n°2004-001 du 11 juin 2004. Les compétences dans plusieurs domaines ont été transférées à de nouveaux organes pleinement responsables des actions de proximité en faveur de leur localité. La politique de décentralisation a été instaurée par le gouvernement afin de constituer un moyen d’ancrage et d’appropriation du développement par la population de base. C’est par le biais de la décentralisation que le gouvernement peut se rapprocher des citoyens. Par la suite, la décentralisation s’est élargie au niveau des Communes. Ainsi, elle s’est manifestée par, non seulement, l’élaboration des Plans Régionaux de Développement ou PRD mais également des Plans Communaux de Développement ou PCD.

b) Le processus participatif :

L’effectivité de la participation pose un problème dans la conduite des stratégies de développement local. La dynamique participative est un investissement dans le dialogue et la coopération au sein de la localité. Cette participation nécessite le dialogue et la capacité d’aller au-delà des intérêts individuels et qui se concrétise dans la gestion et gouvernance des programmes et actions de développement. La gouvernance doit être facilitée par la proximité des gouvernants aux gouvernés parce que le processus participatif est plus accessible lorsqu’on se situe dans l’échelle de la localité qui permettrait à chaque citoyen de participer à la réalisation des projets de développement. Un espace de concertation devrait ainsi être établi afin de permettre aux citoyens d’exprimer leurs visions.

1.4.2 Les problèmes agricoles des pays sous-développés : cas de Madagascar

L’agriculture dans les pays sous développés est restée au stade de l’agriculture de subsistance. L’objectif est de nourrir la famille. D’après l’EPM 2010, la principale utilisation de la production agricole reste l’autoconsommation à raison de 55%. La population rurale se trouve toujours dans une situation de précarité et n’arrive pas à assurer sa survie. Elle

22 continue à utiliser les pratiques traditionnelles pour la production agricole. De surcroit, les paysans se sentent délaissés entraînant une certaine passivité et attentisme dans leur attitude. En ce qui concerne Madagascar, les orientations de la politique agricole sont issues des problèmes principaux constatés dans le secteur : la faiblesse de la productivité, la négligence à l’égard des marchés agricoles, l’instabilité des institutions et la mauvaise gouvernance.

a) La faiblesse de la productivité :

Les connaissances insuffisantes des producteurs dans le domaine de nouvelles technologies de production influent considérablement sur la productivité. Les paysans malgaches continuent à utiliser des pratiques agricoles dépassées. La qualité des services disponibles pour les programmes de formation reste limitée ou parfois décevante. En outre, la défaillance des infrastructures de production (infrastructures d’irrigation, magasins de stockages…) accompagnent les facteurs qui caractérisent la faiblesse de la productivité agricole. La faible productivité de l’agriculture procure en moyenne un revenu d’environ 910.000Ar par an et par ménage agricole au cours de l’année 2010 13 .

Par ailleurs, le coût élevé des intrants, principalement les semences et les engrais, ne permettent pas aux producteurs d’améliorer leur productivité. L’utilisation d’engrais à Madagascar (5kg/ha) est 60 fois moins intensive qu’en Indonésie (290kg/ha) et semble encore avoir baissé ces trois dernières années 14 . De plus, les niveaux d’instruction des producteurs et leurs types d’activités ne leur permettent pas de recourir aux financements des services financiers.

b) La négligence à l’égard des marchés agricoles :

Les marchés agricoles sont essentiels pour la croissance économique et pour la réduction de la pauvreté rurale, mais la participation à ces marchés est souvent moins profitable qu’elle ne pourrait l’être pour les producteurs ruraux. Les producteurs sont connectés aux marchés agricoles pour vendre leurs produits et/ou acheter des denrées. Toutefois, la dégradation des infrastructures de transport qui permettent l’accès des paysans

13 INSTAT /DSM/ EPM 2010 14 FAOSTAT, Organisation des Nations Unies pour les aliments et l’agriculture, Statistiques agricoles en ligne , 2009 23 aux marchés agricoles nuisent à la commercialisation des produits. Certains ménages, en particulier ceux qui vivent dans les zones rurales les plus éloignées, n’ont que peu ou pas d’interaction avec les marchés.

Les prix sur les marchés agricoles varient considérablement à cause du coût élevé du transport dans les nombreuses régions enclavées du pays. De ce fait, les paysans préfèrent cultiver et produire pour les besoins alimentaires de leurs familles plutôt que d’accéder aux marchés locaux. Par ailleurs, la majorité des opérateurs dans le secteur agricole reste dans l’informel. Ainsi, les marchés agricoles ne sont pas concurrentiels et sont dominés, principalement, par les collecteurs qui imposent leurs prix aux producteurs. En outre, l’insuffisance des informations relatives aux marchés agricoles (prix, offres et demandes…) pénalise les paysans dans la vente de leur production.

c) L’instabilité des institutions et la mauvaise gouvernance :

Les institutions publiques qui soutiennent l’agriculture sont souvent incohérentes dans leur gestion ce qui ne permet pas d’avoir une vision globale du développement du secteur. On peut remarquer que les politiques agricoles sont modifiées selon le changement des dirigeants politiques. Les interventions relatives aux politiques agricoles ne sont pas toujours conduites de manière efficace et durable. La divergence des politiques du Gouvernement à l’égard de l’agriculture profite à des comportements opportunistes qui risquent d’anéantir le secteur dans le long terme.

1.4.3 Appropriation des projets de développement rural : condition essentielle du développement local

Pour qu’il y ait développement local, les programmes et les projets devraient renforcer l’idée d’appartenance de la population. Les activités des projets seraient ainsi bien accueillies par la communauté locale quand une démarche participative est adoptée afin d’obtenir l’engagement de cette population cible. Alors, il faut considérer cette population locale comme une partie prenante dans la réalisation du projet dès la planification jusqu’à la mise en œuvre.

24

a) Les projets de développement rural :

Le concept des projets dits de « micro réalisations » a été initié afin d’atteindre plus efficacement les groupes de base en milieu rural. L’idée des micro-projets est née en 1975 d’une proposition de la Convention de Lomé I, au titre d’aide à l’investissement, qui a donné suite au financement et à la réalisation des micro-réalisations dans les ACP. L’évaluation positive de ces initiatives a permis l’adoption de la Convention de Lomé II (1980-1985) qui proposait de reconduire l’utilisation de concept de micro-projets pour le développement 15 .

Les projets et programmes d’actions pour le développement rural doivent répondre aux exigences spécifiques de la combinaison des facteurs au niveau local (population, culture, environnement…). Au début des années 1990, l’intérêt pour un programme d’action en vue d’un développement agricole qui soit écologiquement et socialement durable a été adopté au niveau mondial. Au cours de la dernière décennie, plusieurs pays sous-développés se sont intéressés aux idées des pratiques agricoles mettant l’accent sur les projets d’agriculture durable pour le développement rural. Ces projets préconisent de mettre en relation la production alimentaire, la faim, la pauvreté et le développement écologique. Plus récemment en 2010, la Conférence mondiale sur la recherche agricole pour le développement s’est tenue à Montpellier, France. Cette réunion s’est focalisée sur les renforcements des innovations agricoles à travers le monde pour apporter de réelles améliorations dans la vie des pauvres ruraux. Elle a préconisée de placer les besoins des petits exploitants des pays sous-développés au centre des stratégies de développement agricole des programmes et projets à tous les niveaux. Les stratégies des projets agricoles pour le développement rural mettent l’accent notamment sur l’amélioration de la gestion du sol et de l’eau, l’utilisation sélective des intrants externes offrant un ratio élevé de productivité, une utilisation réduite des pratiques ayant des effets négatifs sur l’environnement et la santé humaine, une utilisation productive du capital humain par les capacités d’adaptation et d’innovation initiées par les renforcements des connaissances 16 .

15 Source : Articles du Monde diplomatique, Convention de Lomé , 1997 16 FIDA, Rapport sur la pauvreté rurale 2011 , Rome Italie, février 2011 25

b) Appropriation et développement rural :

L’appropriation est conforme au concept de développement dans le sens où la population et les communautés se sont révélées au premier rang. Par l’appropriation, les projets de développement rural sont orientés vers les besoins et objectifs reconnus par les communautés locales, toutefois, en intégrant les aides venant de l’extérieur. Le problème des interventions pour le développement se trouve essentiellement dans la difficulté d’amener la population à s’approprier des exigences généralement suggérées par l’extérieur.

Force est de reconnaître que tous pays ne doivent pas s’attendre au développement par l’existence de nombreux projets réalisés dans le milieu rural. Ces actions de développement ont été initiées afin de façonner et d’améliorer les savoir-faire, les connaissances et la confiance en soi de la population locale pour décider eux-mêmes de leur voies de sorties pour satisfaire leurs besoins. Ainsi, il en ressort l’importance à accorder aux enjeux des projets pour conduire à l’appropriation par les bénéficiaires.

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Conclusion du chapitre I

Ce chapitre nous a permis de mieux appréhender la relation entre le concept de développement local et l’appropriation des initiatives apportées par les projets de développement. On peut en déduire que la pérennité des actions de développement dépend essentiellement de l’implication de la population locale d’une manière dynamique afin de devenir indépendant vis-à-vis des financements extérieurs dans le long terme.

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CHAPITRE 2 : LES CRITERES D’APPRECIATION DE L’APPROPRIATION

Il a été énoncé précédemment que l’appropriation est reconnue par l’implication de tous les acteurs depuis la conception jusqu’à l’exécution des actions de développement, la concordance des nouvelles techniques et technologies adoptées au contexte local, la complémentarité des acteurs impliqués qui s’entendent sur leur vision et progressent dans l’échange, et l’autonomie de la population locale qui cherche à dépasser une attitude d’ « assisté ».

Partant de toute la littérature que nous avons consultée pour approfondir le concept « appropriation de projet de développement » et en corollaire la considération des indicateurs de performance pré-établis par le PSDR, nous avons retenu les critères suivants pour apprécier le degré d’appropriation des initiatives de développement par les bénéficiaires : (i) le développement organisationnel, (ii) la maîtrise des actions et techniques, (iii) la maîtrise de la gestion des ressources, (iv) la diffusion des acquis.

2.1 Le développement organisationnel :

Ce critère traduit l’analyse de l’appréciation des bénéficiaires du nouveau système d’organisation introduit dans sa société qui est l’Organisation Paysanne ou OP. Pour les paysans, la structure moderne apportée par l’OP est vue comme une création étrangère au sein de l’organisation traditionnelle où ils ont l’habitude d’évoluer. Le développement organisationnel requiert l’acceptation d’agir ensemble, d’une manière soutenue, pour mener à bien les projets collectifs.

2.1.1 Organisation traditionnelle du monde rural :

La majorité de la population rurale des pays sous développés continuent de vivre dans une structure sociale caractérisée par la prédominance de l’autorité des chefs coutumiers comme les anciens du village, les chefs religieux ou les riches commerçants. Ce sont les leaders traditionnels des campagnes ruraux autour desquels se rassemblent les paysans.

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Toutefois, les associations ont déjà existé dans cette société traditionnelle mais elles sont plutôt caractérisées par des relations de parenté, de proximité ou d’âge. Il est à noter que la solidarité traditionnelle dans les campagnes est autant dominante que les liens de parentés sont étroits.

A Madagascar, les « Fokonolona » constituent les organes représentatifs des collectivités villageoises. Par ailleurs, dans la société traditionnelle du milieu rural, les femmes ne peuvent pas toujours donner leurs points de vue ou être écoutées. Cette discrimination réduit le rôle des femmes rurales aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants.

2.1.2 Regroupement coopératif rural :

A partir des valeurs positives du milieu traditionnel, on a essayé de développer une autre forme d’organisation permettant d’améliorer la fonction économique : les organisations paysannes. Ce regroupement est présumé être plus ouvert et plus réceptif aux améliorations économiques, sociales, environnementales venant de l’extérieur. Les organisations paysannes sont, essentiellement, exigées par les organismes de développement et les bailleurs de fonds comme interface de la société locale. Les différents apports relatifs aux aides extérieures pour les bénéficiaires transitent par cette organisation.

Toutefois, cette nouvelle structure peut entretenir des rapports de force avec l’organisation traditionnelle préexistante dans le sens où les paysans la perçoivent comme source d’incompréhension et de conflits parce qu’elle ne représente pas toujours les intérêts de tous les paysans mais seulement d’une partie d’entre eux. En effet, dans la plupart des cas, le regroupement dépend du statut socio-économique des paysans. Cette similitude des positions sociale et économique peut écarter certaines classes.

Les facteurs déterminants du critère de développement organisationnel peuvent être : l’existence des PV des assemblées générales et des réunions des groupements, le taux de participation des membres aux réunions, la fréquence des réunions, la participation à la prise de décision, et le suivi des décisions prises.

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2.2 La maîtrise des actions et techniques

Les producteurs ont des nouveaux besoins du fait des initiatives de développement apportées par le projet ce qui imposent l’apprentissage de nouvelles actions et techniques. Ainsi dans ce point sera appréciée la réalisation des objectifs fixés dans l’exécution de ces initiatives de développement. En d’autres termes, l’accent est mis sur l’efficacité des activités menées dans le cadre du projet. Les actions entreprises devraient être maîtrisables et à la portée des bénéficiaires. Il est essentiel que ces actions et techniques soient adaptées au contexte local.

Dans un premier temps, il convient d’apprécier les savoir-faire de la population locale et de démontrer leurs valeurs et leurs limites. Ainsi, les initiatives d’amélioration des actions et techniques en provenance de l’extérieur sont proposées pour un renouveau des pratiques habituelles qui ne peuvent pas être ignorées. La deuxième démarche consiste à considérer si de nouvelles techniques ou technologies seraient mieux adaptées que celles traditionnellement appliquées. Il s’agit d’apprécier le degré d’acceptation des innovations par les bénéficiaires face à la résistance au changement qui définit le plus souvent le comportement des paysans. Elles contribuent à accroitre la productivité mais comportent des risques et incertitudes pour des bénéficiaires du fait qu’ils les considèrent souvent comme une approche d’expérimentation.

Les facteurs déterminants de ce critère peuvent être : le niveau d’acceptation des nouvelles techniques proposées, le savoir faire avec les nouvelles techniques.

2.3 La maîtrise de la gestion des ressources :

Il s’agit d’analyser la gestion des ressources humaines, financières et matérielles poursuivie par les bénéficiaires après le retrait du financement extérieur. Cette étape vise alors l’appréciation du rendement des activités de production et l’utilisation à bon escient des ressources après l’intervention des acteurs externes.

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2.3.1 Les ressources humaines :

La gestion des ressources humaines concerne l’utilisation des acquis des formations reçues par les bénéficiaires. Comme l’acteur principal du développement rural est le paysan, il s’agit alors de vérifier la capacité à assurer la prise en charge des activités de production et parvenir à l’appropriation. C’est également la capacité des groupements à compter sur leur propre force qui est justifiée par leur motivation. On recherche la capacité des ressources humaines à analyser ses propres problèmes et à discuter des solutions possibles pour en choisir la mieux adaptée. La maîtrise de la gestion des ressources humaines se reflète par la capacité, de ceux qui ont été appuyés, à entrer en relation avec le reste de la population locale. En d’autres termes, en partant des besoins de la localité, ils doivent être en mesure d’orienter le comportement des autres à réfléchir sur les actions et les choix stratégiques pour le développement.

Outre le renforcement des capacités techniques dispensées par les projets, l’encadrement des bénéficiaires devrait leur permettre de développer la confiance en soi et d’être moins dépendant de l’extérieur. Ces bénéficiaires doivent ainsi réaliser qu’ils sont tenus de réutiliser leurs nouveaux savoirs.

2.3.2 Les ressources financières :

Il s’agit de la capacité des responsables des groupements à tenir une comptabilité simplifiée assurant le suivi des mouvements des fonds et des stocks. Le suivi des ressources financières devraient servir à analyser les conséquences des décisions prises et de faire une anticipation des actions financières à entreprendre. Par ailleurs, un système de fonds revolving qui consistait à mettre de côté une épargne devrait être réalisé. Il s’agit d’une épargne destinée à financer le fonds de roulement pour effectuer le deuxième cycle de production. Ainsi, les analyses à l’égard de la transparence de la gestion financière, du mécanisme de communication et de la constitution de l’épargne du fonds revolving sont des points importants de ce critère.

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2.3.3 Les ressources matérielles :

Les aspects importants dans la gestion des ressources matérielles consistent à la prise en charge, le maintien et l’entretien de ces ressources. La gestion est surtout fonction des services rendus par ces ressources à la population. Pour ce critère, l’appropriation dépend essentiellement du type d’infrastructure et de la nature des problèmes résolus par les ressources matérielles octroyées par les bailleurs.

Les facteurs déterminants de la maîtrise de la gestion des ressources peuvent être : la capacité à assurer la prise en charge de la production, la tenue des livres de stocks, l’existence des documents relatifs à la gestion, tenue des dépenses pour les entretiens des matériels.

2.4 Diffusion des acquis :

Ce dernier critère permet d’analyser la responsabilisation des groupements par la diffusion des acquis au reste de la communauté voire au-delà de la localité. On parle d’appropriation lorsqu’il y aura un effet d’entrainement c'est-à-dire que les actions de développement initiées par le projet seront adoptées par des groupes non visés à travers la réalisation des bénéficiaires initiaux. La prise de responsabilité est née de la prise de conscience des changements engendrés par les actions de développement.

Les groupements se développent en effectuant des échanges avec les autres organisations paysannes et en initiant des réseaux de contact avec les autres communautés. Notons que la diffusion des acquis sera facilitée par les bienfaits des interventions du projet en terme de profits directs et indirects résultant des activités menées par les bénéficiaires du projet.

Par ailleurs, une localité peut mettre en évidence sa spécificité à plusieurs niveaux, entre autres, en compétence ou en qualité. Ainsi, il s’agit également d’une analyse spatiale afin de constater la spécialisation de la localité pour certaines activités. Toutefois, il n’est pas exclu que dans un territoire, une activité principale crée un effet de propagation au détriment des autres activités ordinaires pratiquées par la population.

Les facteurs déterminants de ce critère sont : le niveau d’autonomie des groupements, la nature des liens avec les partenaires et l’extérieur, la capacité de négociation des membres, la capacité d’investissement.

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Conclusion du chapitre II

On peut dire que l’appropriation est réussie quand les bénéficiaires démontrent une capacité d’entretenir l’entente au sein de leurs organisations, une maîtrise des actions et techniques utilisées, une utilisation rationnelle des différentes ressources, et une capacité de diffusion et d’amélioration des acquis.

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CHAPITRE 3 : L’APPROCHE DU PROJET DE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT RURAL - PSDR

3.1 Contexte :

Pour lutter contre la pauvreté en milieu rural, le Gouvernement Malagasy s’est engagé à concevoir et à définir de nouvelles stratégies pour mieux guider les initiatives de développement. Le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) a été conçu en 1999 pour promouvoir ces interventions dans la cadre de développement du monde rural et de lutte contre la pauvreté. Le PSDR est un projet d’appui financé par la Banque mondiale pour la mise en œuvre du PADR. Compte tenu de la mondialisation et de l’intégration régionale, le PADR a été réajusté par le Programme National pour le Développement Rural (PNDR). Il capitalise les différentes orientations du Gouvernement à l’égard du développement rural afin d’harmoniser toutes les interventions sectorielles et régionales. Le projet contribue à influencer le comportement des agriculteurs et autres opérateurs économiques impliqués dans le milieu rural en accord avec les orientations globales du PNDR.

Le PSDR a été mis en œuvre depuis septembre 2001 et s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de développement rural, en particulier, pour la lutte contre la pauvreté en milieu rural tout en préservant les ressources naturelles de base. A l’approche de son terme, en décembre 2008, le projet a été jugé satisfaisant avec des impacts positifs pertinents auprès de la population rurale à travers les évaluations effectuées par le Bailleur. Ainsi, en juin 2010, le Gouvernement Malagasy a obtenu un crédit de l’Association Internationale de Développement (IDA) pour l’exécution de la phase additionnelle du projet dans les 22 Régions. Le crédit du Financement Additionnel (FA) contribue à financer les coûts des activités supplémentaires afin de poursuivre et d’accroître les impacts positifs du projet. La phase additionnelle a été achevée en décembre 2012.

3.2 Objectifs du projet :

L’objectif global du PSDR est de réduire la pauvreté en milieu rural tout en améliorant le niveau de vie des paysans par la croissance de la production, de la productivité et des revenus d’une façon durable. De ce fait, le projet finance les activités de production agricole

34 et de transfert technologique impulsées par la demande, d’une part, et renforce les capacités aux niveaux national, régional et communautaire, d’autre part.

Les objectifs généraux du PSDR étant :

 de contribuer à la mise en œuvre du Programme d'Appui au Développement Rural;  d'accroître les revenus et réduire la pauvreté en zones rurales ou en zones urbaines à vocation rurale;  de prendre les mesures lors de l'exécution du projet pour préserver les ressources naturelles;  d'encourager le développement d'activités tendant à relever les revenus.

3.3 Structure d’exécution du projet :

Dans le cadre du développement rural à Madagascar, les trois principaux bailleurs de fonds actuels sont la Banque Mondiale, l’Union Européenne et le FIDA. Leurs interventions et procédures sont alignées à l’architecture institutionnelle nationale. Par ailleurs, pour une zone donnée, il ne devrait pas y avoir ni chevauchement institutionnel ni dédoublement des appuis de ces trois principaux bailleurs. Par contre, les principes de complémentarité des actions et la synergie des interventions doivent être observés.

Le PSDR intervient dans les 22 Régions à travers des structures décentralisées de gestion de projet ou DER, Direction Exécutive Régionale, mises en place dans 08 Régions : Analamanga, Itasy, Vakinakaratra, DIANA, Boeny, Sofia, Atsinanana et Ihorombe.

Chaque DER couvre deux Régions du pays où l’Union Européenne n’intervient pas. Néanmoins, certaines Directions interviennent avec l’Union Européenne dans 06 Régions. La répartition des 22 Régions par DER est présentée comme suit :

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Tableau 1 : Répartition des DER dans les 22 Régions

DER Régions propres PSDR Régions avec UE Analamanga Analamanga – Alaotra Mangoro Amoron’i Mania Atsinanana Atsinanana – Analanjirofo Boeny Boeny – Melaky Menabe Diana Diana – Sava Ihorombe Ihorombe – Androy Atsimo Andrefana – Anosy Itasy Itasy – Bongolava Sofia Sofia - Betsiboka Vakinankaratra Vakinankaratra – Atsimo – Vatovavy Atsinanana Fitovinanny

Figure 3 : Structure de gestion du PSDR

Gouvernement IDA Malagasy

CPP

UNEP

MAE FOFIFA FCRA DER 1 DER 2 … DER 8

PADR - UPDR

Composante C Composante B Composante A

IDA : Association Internationale de Développement CPP : Comité de Pilotage Paritaire UNEP : Unité Nationale d’Exécution du Projet FCRA : Fonds Compétitif de Recherche Appliquée DER : Direction Exécutive Régionale

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Le Comité de Pilotage Paritaire ou CPP, constitué par des membres désignés par arrêté ministériel du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, est responsable de la coordination des différents partenaires du développement régional et national et du suivi de l’exécution des activités.

L’ Unité Nationale d’Exécution du Projet ou UNEP est l’unité de coordination du projet au niveau national. Cette unité est chargée de (i) coordonner les activités du projet, (ii) élaborer et superviser l'exécution des contrats entre le projet, les bénéficiaires et les prestataires de services et (iii) élaborer le plan de travail annuel du projet, les budgets annuels, les comptes, les rapports financiers, rapports d'activités, demandes de décaissements, la planification, et l’exécution des activités de passation de marché. L’UNEP est autonome dans son fonctionnement. Elle est sous la tutelle du MAE.

Le Fonds Compétitif de Recherche Appliquée ou FCRA est une composante d’appui à la recherche agricole au sein du PSDR.

3.4 Composantes du Projet :

Le Projet comprend trois composantes d'exécution (A-B-C) et une composante de gestion (D) :

 A : appui aux investissements productifs  B : appui à la recherche agricole  C : appui institutionnel  D : gestion et suivi du projet.

La composante A concerne la mise en œuvre de sous-projets d'investissements productifs et de renforcement des capacités de gestion des entités bénéficiaires. Selon la nature des sous- projets, cette composante se subdivise en quatre sous-composantes : (i) l'exécution des sous- projets de petits travaux d'infrastructure de production agricole avec les services qui y sont associés, (ii) l'exécution de sous-projets relatifs à la production agricole; (iii) l'exécution de sous-projets non liés aux activités purement agricoles ; et (iv) la mise à disposition de services pour le renforcement des capacités de gestion des entités bénéficiaires. Le financement de ces activités résultant de requêtes initiées par les organisations paysannes, s'effectue par accord de

37 financement entre le PSDR et le groupement des bénéficiaires. La gestion de l'exécution de ces sous-composantes est confiée aux huit Directions Exécutives Régionales.

La composante B se rapporte à l’appui aux sous-projets de recherche appliquée ou stratégique, en incluant les services de formation qui y seraient associés. La composante comprend trois sous-composantes: (i) l’appui à la préparation d’une stratégie nationale de recherche agronomique, (ii) l’appui à la valorisation des résultats déjà disponibles de recherches fondamentales et stratégiques, et (iii) l’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie de communication pour permettre le développement d’une demande effective d'activités de recherche appliquée. Le financement de programmes de recherche à la demande sera mis en œuvre dans le cadre de la Composante A du projet (investissements/activités productifs).

La composante C se rattache au renforcement institutionnel des capacités d'institutions du secteur public associées aux objectifs du projet. Les activités de renforcement de ces institutions incluent les services et l'assistance matérielle qui y serait relative et concerne (i) l’appui à l’opérationnalisation et à la mise en œuvre du Programme Sectoriel Agricole (PSA), (ii) l’appui à la mise en place des Centres de Services Agricoles (CSA) et des Comités Régionaux d’Octroi et d’Allocation (CROA), et (iii) l’appui au développement des filières prioritaires nationales.

La composante D couvre les frais de gestion et d'administration du projet aux niveaux national et régional, et inclus les services d'assistance technique, de suivi et d'évaluation et de contrôle externe.

38

3.5 Description de l’approche du PSDR :

3.5.1 Les Organisations Paysannes (OP) :

Les interventions du PSDR sont orientées vers le financement des « sous-projets 17 » définies dans ses composantes à travers les « Organisations Paysannes (OP) » structurées, formelles et fonctionnelles dans le milieu rural. Ainsi, ces OP avec un minimum de 10 membres constituent les bénéficiaires directs du projet. Les groupements sont surtout crées à cause d’un objectif économique c'est-à-dire pour une amélioration du niveau de vie des membres et de sa famille. Les financements du PSDR sont attribués à ces OP. L’exploitation est cependant individuelle (ex : terrain individuel) mais les matériels de production sont communs.

L’équipe dirigeante des OP, élue par les membres, est constituée par un Président, un Vice-président, un Trésorier et un Secrétaire. Le fonctionnement de l’OP se traduit par la présence de la majorité des membres aux assemblées générales, l’élaboration du statut et du règlement intérieur, la prise de décisions par la majorité des membres qui est matérialisée par le procès verbal.

3.5.2 Les Partenaires Stratégiques (PS) :

Les Partenaires Stratégiques (PS) sont principalement des ONG ayant une expérience professionnelle confirmée, une forte capacité d’exécution et une excellente réputation. Ils auront la responsabilité de la mise en œuvre d’un programme de sous-projets concernant les sous-composantes A2 (Activités Agricoles), A3 (Activités non-Agricoles) et des activités de la sous-composante A4 (Appui aux Organisations) par l’intermédiaire de contrat.

Les PS sont sélectionnés selon des critères basés sur leurs compétences et expériences dans les domaines productifs, sociaux et économiques avec une expérience minimale de cinq ans en développement rural, en conception et en gestion de projet, en exécution de sous- projets et en utilisation des approches participatives.

17 Les sous-projets concernent les activités admises par le PSDR définies dans les composantes du projet pour être financées. 39

Conclusion du chapitre III

Le PSDR contribue au développement des filières porteuses en appuyant les organisations paysannes à se professionnaliser en la matière tout en créant un environnement favorable à leurs secteurs. En effet, le projet finance souvent tout ce qui est fonctionnement pour le démarrage de leurs activités. L’objectif principal est d’améliorer le revenu des paysans afin de réduire la pauvreté dans les zones à vocation rurale.

40

Conclusion de la première partie :

En ce qui concerne Madagascar, le développement local correspond surtout au développement des communautés rurales. Cette première partie nous a permis d’admettre que le développement d’une localité par l’exécution des projets est fondé sur l’appropriation des initiatives de développement par les bénéficiaires et par la population locale. L’approche adoptée pour le développement rural est effectué au travers des projets dont les stratégies d’intervention devraient être adaptées à l’ensemble des critères qui définissent le monde rural malgache.

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PARTIE II :

ETUDE DE CAS :

COMMUNE RURALE ANKADINONDRY SAKAY

42

Introduction de la partie II

Les organisations paysannes figurent parmi les acteurs de développement local, ainsi le PSDR a suscité cette structure afin d’appuyer la réalisation des sous-projets au niveau des Communes à Madagascar. Cette deuxième partie va situer le niveau d’appropriation de ces sous-projets appuyés par le PSDR dans la Commune Ankadinondry Sakay. Une présentation de la Commune rurale Ankadinondry Sakay fera l’objet du chapitre premier. Les quatre sous- projets retenus pour notre étude seront présentés dans le chapitre II pour procéder par la suite à l’analyse des aspects de l’appropriation dans le chapitre III. Finalement, des recommandations et des orientations possibles seront avancées dans le Chapitre IV. Mais en premier lieu, un aperçu de la méthodologie sera décrit avant d’aborder le chapitre premier.

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METHODOLOGIE

Pour réaliser ce mémoire, un stage auprès de la Direction Exécutive Régionale Analamanga du PSDR a été effectué dans un premier temps. Par la suite, des descentes sur terrain à Ankadinondry Sakay ont été réalisées afin d’approcher directement les acteurs impliqués dans notre analyse.

 Démarches d’intervention :

De prime abord, une revue de la littérature relative aux objectifs de notre analyse a été réalisée à partir des différents documents. Ces travaux bibliographiques ont permis d’approfondir les différents concepts qui se rapportent au thème du mémoire, de retenir la méthode d’approche à utiliser et d’élaborer les questionnaires d’enquête.

Par la suite, une mission de reconnaissance a été réalisée à Ankadinondry Sakay pour avoir une idée sur la réalisation du projet dans la Commune. Aussi, une entrevue auprès de la Direction Exécutive Régionale du PSDR à Miarinarivo a été effectuée. Ces visites préliminaires ont permis de faciliter les actions à entreprendre ultérieurement et de réviser les questionnaires et les guides pour les prochaines démarches sur le terrain.

Après cette mission de reconnaissance, nous avons procédé aux enquêtes formelles pour la collecte des données et des informations auprès des acteurs directs et indirects impliqués dans notre analyse. En effet, les informations recherchées servent à apprécier les quatre critères de l’appropriation cités dans la partie I du présent mémoire.

 Détermination des échantillons :

La méthode utilisée était la méthode d’échantillonnage aléatoire stratifiée à partir des données mises à notre disposition par la DER Analamanga du PSDR. Cette méthode consiste à subdiviser, d’abord, la population en groupes homogènes ou strates pour ensuite en extraire un échantillon aléatoire de chaque strate. Plusieurs critères ont été retenus : la filière, l’année du début d’activité de production, les phases de réalisation des sous-projets…

La Commune d’Ankadinondry appartient au District de Tsiroanomandidy, chef lieu de la Région de Bongolava. Elle a reçu le montant le plus élevé du financement total de la phase

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I du PSDR dans le District, soit 232.859.388,38 Ariary 18 ce qui a motivé le choix de cette Commune pour notre analyse. Les montants respectifs des financements de la phase initiale du PSDR pour les Communes du District de Tsiroanomandidy sont représentés en Annexe 1 .

Le montant total du financement pour la Commune Ankadinondry est réparti entre dix (10) sous-projets réalisés par quatre vingt neuf (89) organisations paysannes. Pour l’analyse du concept d’appropriation par les bénéficiaires nous avons retenu quatre (4) sous-projets. Notre choix a été motivé par l’ordre d’importance des montants de financement des sous- projets dans la Commune en tenant compte du nombre des OP correspondants. Ainsi, les sous-projets considérés pour l’analyse sont : (i) la production de baie rose ou poivre rouge , (ii) la culture de maïs , (iii) la riziculture irriguée , (iv) la réhabilitation du micro- périmètre irriguée (MPI) d’Andohanakivoka . Ces sous-projets, exécutés par soixante dix huit (78) organisations paysannes, représentent 81,52% du montant du financement octroyé par le PSDR dans la Commune d’Ankadinondry. (cf. Annexe 2 )

 Déroulement de l’enquête et traitement des données :

L’enquête formelle a été réalisée auprès des OP exécutant les sous-projets correspondants à l’échantillon sélectionné. Les sous-projets étudiés ont été classés par Fokontany et les rencontres sont effectuées selon la disponibilité des personnes à enquêter. Les présidents des associations ont été rencontrés dans un premier temps afin d’expliquer les objectifs de l’étude. Ensuite, ils sont tenus d’aviser les membres de leurs groupements respectifs pour convenir de leur disponibilité pour l’entrevue.

Nous avons priorisé l’entretien semi structuré ou entretien de groupes comme méthode d’approche des OP. Des questions ouvertes ont été préparées pour guider les conversations tout en ayant la possibilité d’ajouter d’autres questions qui pourraient survenir lors de la discussion (cf. Annexe 3 ). Cependant, des entretiens personnels avec des questions semis- fermées venaient pour compléter la démarche d’enquête afin de valider ou confirmer les renseignements recueillis.

Le traitement des informations collectées sont, dans un premier temps, effectuées sur Excel puis transférées sur SPSS pour une analyse statistique descriptive des données.

18 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR. 45

Par ailleurs, nous avons opté pour une échelle allant du niveau « faible » représenté par 1 jusqu’au niveau « bon » représenté par 3 afin de donner une idée globale du degré d’appropriation des quatre sous-projets, objet de notre étude. Ces niveaux optés pour l’appréciation des résultats des enquêtes se réfèrent à la performance réalisée par les OP concernant chaque critère d’appropriation.

 Limites de la méthodologie :

Les membres des groupements ciblés ont accepté de participer aux entretiens de groupes mais la plupart étaient absents lors du rendez-vous convenu. Parfois ils ne nous accordent qu’un temps limité pour répondre aux questionnaires. Alors les entretiens sont réalisés essentiellement avec les présidents des groupements. De plus, nous sommes confrontés au niveau d’éducation relativement faible des enquêtés et quelques fois ils ont tendance à donner les réponses qui leur conviennent. Par ailleurs, certains groupements n’ont pas pu être contactés parce que les identités des membres sont restées introuvables ou leurs localisations trop éloignées.

Les données disponibles auprès des organisations paysannes ne sont pas toujours fiables et exploitables vu que la plupart viennent de découvrir les notions de gestion, de suivi et de contrôle. Face à ces situations, nous avons essayé, autant que possible, de confirmer les informations obtenues auprès des autorités locales. L’analyse des informations recueillies est surtout de type qualitatif que quantitatif compte tenu de l’insuffisance des données chiffrées auprès des OP.

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CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ANKADINONDRY

La Commune rurale d’Ankadinondry Sakay sera présentée à travers l’étude de sa situation géographique, économique et sociale 19 .

1.1 Ankadinondry Sakay et son histoire :

Pendant la période de la royauté, la Sakay était une zone intermédiaire entre deux grands royaumes : Merina à l’Est et Menabe à l’Ouest. Lors de l’unification menée par le Roi Radama I, la région de la Sakay est devenue une zone stratégique pour les échanges et également une région d’élevage très extensif de bovin jusqu’à la fin de la période coloniale. La Sakay a été appelée auparavant le village de Babet-Ville instauré par le Député de La Réunion Raphael Babet en 1952. Cette région a servi, sous l’égide du Bureau de Développement de la Production Agricole (BDPA), de point d’application d’une expérience relative à la culture continue de plantes en milieu tropical. Des familles réunionnaises du « Haut » de La Réunion ont immigré dans la région dans le cadre de ces programmes de développement et ont construit plusieurs bâtiments dans la localité. 20

Bénéficiant de l’assistance et de l’expérience du BDPA, le Gouvernement Malagasy a mis en place, juste un an après l’indépendance, la Société Malgache d’Aménagement de la Sakay ou SOMASAK qui avait pour mission l’aménagement des terres remembrées en lotissement de 10 à 15 ha pour les paysans malgaches autochtones et migrants. Après la faillite de la SOMASAK, l’Opération de Développement du Moyen Ouest ou ODEMO a pris la relève de ces activités en 1967 pour l’amélioration de la production par l’aménagement des terrains avec des matériels agricoles plus performants. Des vagues de migration des familles malgaches ont eu lieu dans le cadre de ces projets. Seulement après la nationalisation en 1977 ces opérations furent vouées à l’échec et des coopératives socialistes ont été formées.

19 Source : Plan Communal de développement de la Commune rurale Ankadinondry, 2005 20 DUMONT R., Terres Vivantes , Plon, 1961, p212 et Evolution des campagnes malgaches, Imprimerie Officielle, Tananarive, 1960, pp 117 à 123

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1.2 La situation géographique

La Commune Ankadinondry Sakay appartient au District de Tsiroanomandidy, dans la Région du Bongolava. Située à 146 km d’Antananarivo sur la RN1bis, elle était depuis longtemps un lieu de transit et d’échanges commerciaux. La Commune couvre une superficie de 376km 2 et regroupe 22 Fokontany. Ankadinondry est traversé par trois rivières principales : l’Ihazomay, la Lilly et la Sakay. Elle dispose d’un seul lac Ikolo. Les coordonnées géographiques de la Commune sont de 46°27'41''Est et 18°59'49,1''Sud.

La carte de localisation de la Commune Rurale Ankadinondry Sakay est présentée en Annexe 4 .

1.3 Les données démographiques

Le dernier recensement de la population en 2010 donne un nombre de personnes résidentes dans la Commune de 50.232 réparties dans 7176 ménages pour une taille moyenne de 07 individus par ménage et une densité moyenne de 134 habitants/km 2. La plupart de la population sont des migrants (Merina, Betsileo, Antandroy et quelques étrangers) attirés par la fertilité du sol .C’est une population essentiellement jeune avec un pourcentage de 48% des jeunes de moins de 20 ans 21 .

1.4 La situation économique

L’agriculture et l’élevage restent la base de l’économie de la Commune. Ils fournissent les principales sources de revenus et alimentaires de la population.

1.4.1 Le secteur agricole

Les bas-fonds (lohasaha et baibiho), caractérisés par la présence des éléments nutritifs spéciaux, constituent essentiellement les zones agricoles privilégiées dans la Commune à cause d’une bonne fertilité de ces types de sols. Ces bas-fonds sont exploités en priorité tandis que les « tanety » sont des zones de pâturage formées de grandes étendues parfois communes

21 Source : Commune Ankadinondry Sakay. 48

à plusieurs villages. Néanmoins, l’évolution actuelle et les projets de développement ont conduit l’extension des cultures sur tanety qui bénéficient des nouvelles expériences des techniques agricoles.

La culture de riz et celle du manioc constituent les principales sources de revenus des habitants de la Commune. Une grande partie de la production est destinée à la vente. Cependant, la production fruitière revêt une importance particulière au niveau économique parce qu’elle constitue un apport financier non négligeable. Les arbres fruitiers tropicaux s’adaptent bien avec le climat de la Sakay. Cette production fruitière concerne essentiellement les mangues, bananes, avocats…Toutefois, les cultures de légumineuses comme les haricots et voanjobory sont également pratiquées à Ankadinondry. Les méthodes de cultures traditionnelles et modernes sont simultanément utilisées dans la Commune. Néanmoins, elles sont essentiellement traditionnelles.

Le tableau suivant regroupe la production annuelle par type de produit au niveau de la Commune en 2007.

Tableau 2 : Production annuelle par type de produits dans la Commune Ankadinondry Sakay

Superficies Production Rendement Cultures Récoltes (Ha) (Tonne) (Tonne/Ha) Paddy 3 257 16 922 5,20 Céréales Maïs 454 763 1,68 Haricot sec 16 55,80 3,49 Légumineuses Voanjobory 158 247 1,56

Manioc 1 950 23 675 12,14 Patate douce 16 40,75 2,55 Plantes à tubercules Courges 13 17 1,31 Carottes 0,60 5 8,67 Poireaux 2,07 13,28 6,42 Cultures industrielles Canne à sucre 29 217 7,48 temporaires Arachide 216 85 0,39 Banane 216 85 0,39 Mangue 44 378 8,59 Fruits Orange 3 13 4,33 Avocats 5 27 5,40 Ananas 0,40 0,80 2,00 Autres 1 3 3,00

TOTAL 6 381,07 42 547,83 Source : Base de données auprès de la Commune rurale Ankadinondry Sakay, 2007

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1.4.2 Les secteurs élevage et pêche :

La population s’adonne également à des activités d’élevage, notamment l’élevage bovin et de vaches laitières. L’élevage des zébus est l’activité la plus ancienne pratiquée dans la Sakay. La Commune dispose d’un marché de bovidé hebdomadaire le samedi. L’élevage porcin est en déclin à cause de la Peste Porcine Africaine (PPA) qui a ravagé presque la totalité du cheptel. L’aviculture est en train de reprendre à la suite de la chute de l’élevage porcin. Un aperçu du cheptel, de la Commune, amené au marché pour l’année 2007 est enregistré dans le tableau suivant :

Tableau 3 : Cheptel amené au marché pour l’année 2007

Bovins Porcins Volailles Nombre de têtes 14 648 dont 11 468 vendus 2 541 dont 2 432 vendus 35 438 dont 23 127 vendus Source : Base de données auprès de la Commune rurale Ankadinondry Sakay, 2007

La pêche se faisait dans les rivières Sakay, Lilly et Ihazomay. Elle est destinée essentiellement à l’autoconsommation et le mode d’exploitation est encore traditionnel. Toutefois, la pisciculture est pratiquée dans les 22 Fokontany de la Commune. Au total, Ankadinondry dispose environ 200 bassins piscicoles traditionnels et modernes.

1.4.3 Commerce, transformation et tourisme

La situation géographique du bourg d’Ankadinondry est un facteur favorisant l’échange commercial. La Commune est desservie par la route nationale RN 1 bis sur 16 km, elle dispose également de 271 km de pistes rurales accessibles toute l’année et 27 km non accessibles pendant les périodes de pluie.

Le marché hebdomadaire du samedi est un des grands marchés du moyen ouest et constitue un élément catalyseur au développement de l’élevage. Le lieu est à la fois un lieu d’animation, d’échange et d’approvisionnement pour la population locale. Outre le samedi, des épiceries et des revendeurs sont présents au niveau de chaque Fokontany.

Des unités de transformation de produits agricoles sont localisées à Ankadinondry Sakay : 7 décortiqueries et 1 provenderie. La Commune dispose également de 19 fabricants d’huiles artisanales.

50

Pour les activités touristiques, la Commune est dotée de quelques sites touristiques comme le lac Iloko, le barrage Thibaut et de Beloboky.

1.5 La situation sociale au niveau de la Commune

1.5.1 Santé :

La Commune dispose de 03 formations sanitaires publiques appartenant au District sanitaire de Tsiroanomandidy : CSBII d’Ankadinondry Sakay – CSBII de Soamihary – CSBI Marohazo au Fokontany de Diavolana. En outre, il existe 04 formations sanitaires privées à Ankadinondry et Antsahatanteraka gérés par 04 médecins en exercices libéraux. La Commune dispose également 04 dépôts de médicaments et 01 pharmacie communautaire. Les maladies les plus courantes sont le paludisme, l’infection respiratoire aigue, la diarrhée, les parasitoses intestinales et la malnutrition. Cependant, avec sa situation traversée par la RN1bis, le Fokontany Ankadinondry chef lieu de la Commune est considérée comme zone à risque en propagation de VIH/SIDA.

Quant à l’approvisionnement en eau potable, il existe 03 types de branchements dans la Commune : (i) l’installation de la FIKRIFAMA réhabilitée par le FID pour Ankadinondry Sakay, (ii) Adduction d’Eau Potable (AEP) financée par FIKRIFAMA de Tsisoahoanirery, (iii) AEP financée par le CARITAS à Bonara Tia Fandrosoana.

1.5.2 Education :

La Commune rurale Ankadinondry Sakay dispose d’une infrastructure scolaire assez fournie malgré la difficulté d’entretien et l’insuffisance de salle de classe. Chaque Fokontany a au moins une école primaire. La Commune dispose de 18 Ecoles Primaires Publiques (EPP) et 29 Ecoles Privées. Concernant l’enseignement secondaire, la Commune dispose de trois écoles du premier cycle. Depuis 2005, la Commune a bénéficié d’un lycée d’enseignement général. Toutefois, le taux d’alphabétisation des adultes est de 60%. En considérant le genre, les femmes sont les plus concernées par l’analphabétisme dans la Commune, elles sont de 40% contre 20% pour le sexe masculin.

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1.5.3 Sports et loisirs :

Pour les activités récréatives, la Commune dispose de 03 terrains de football, 01 terrain de basketball, 02 bibliothèques, 02 salles de spectacles et d’une station radio FM dénommée Radio Tantsaha Sakay ou RTS. Malgré l’absence des normes règlementaires des infrastructures sportives, la Commune et les différents clubs organisent des tournois sportifs à l’occasion des fêtes (noël, pâques, foire économique…)

1.6 Les contraintes au développement de la Commune

Certaines entraves au développement de la Commune méritent d’être relevées. Ces contraintes peuvent être récapitulées dans les points suivants.

1.6.1 Les contraintes liées à la production :

D’une manière générale, la production agricole dans la Commune reste déficiente due, essentiellement, à l’insuffisance des matériels agricoles mécanisés et les mauvais états des infrastructures hydro agricoles. L’encadrement agricole permanent souffre de l’insuffisance des techniciens qui sont déjà en retraites et ne peuvent plus assurer les suivis des nouvelles techniques agricoles ce qui entraine la reprise des techniques traditionnelles.

L’apparition du Striga 22 depuis une vingtaine d’année est constatée sur la plupart des terres cultivées. C’est un ennemi redoutable des cultures en tanety parce qu’il est réputé émettre des ondes radioactives.

1.6.2 Les problèmes fonciers :

L’accroissement de la population a entrainé la complexité des problèmes fonciers au niveau de la Commune. L’antériorité de l’installation dans la région et l’appartenance à des familles influentes déterminent l’appropriation des terres, essentiellement les tanety. Il en résulte que les descendants des premiers occupants possèdent les plus grandes parties et les nouveaux venus en sont réduits à travailler comme des métayers. Ainsi, ces problèmes

22 Maladie des cultures : végétaux qui empêchent le développement des plantes 52 fonciers accroissent les différends entre paysans puissants et paysans pauvres, immigrés récents et anciens habitants. En outre, les responsables communaux sont confrontés à des guerres administratives à cause de l’ambiguïté des textes spécifiques qui déterminent les processus de transfert des terres remembrées en lotissement de 10 à 15 ha aménagées lors de la première et deuxième République.

1.6.3 Les contraintes liées à la commercialisation des produits agricoles :

Dans la majorité des cas, les producteurs ne vendent pas à des prix convenables de peur de ne pas pouvoir écouler toute la production. De plus, des relations commerciales suivies entre vendeurs et acheteurs sont rares faute de communication entre les intervenants du marché. Ainsi, les producteurs ne viennent que pour vendre des quantités peu importantes de leurs produits ce qui engendre l’augmentation des coûts de revient.

De plus, l’existence de plusieurs intermédiaires diminue les prix aux producteurs. L’absence d’une structure de commercialisation adéquate accentue ce déséquilibre et pénalise les producteurs qui n’arrivent pas à tirer profit des potentialités de leurs zones par le développement des filières porteuses.

1.6.4 Les problèmes de sécurité :

L’enclavement de certains Fokontany favorise les actes de banditisme qui pénalisent les activités de production dans la Commune malgré l’existence de la brigade de la gendarmerie et du détachement militaire à Ankadinondry. Actuellement, les paysans sont presque obligés de vendre leurs zébus de peur de se faire attaquer par les « dahalo » alors que les bovidés sont leur richesse et constituent des outils de production efficaces.

53

Conclusion du chapitre I

La Commune rurale d’Ankadinondry Sakay possède des atouts et potentialités favorables au développement économique et social de la localité dont les exploitations méritent d’être bien organisées pour que les impacts positifs soient ressentis par toute la population.

54

CHAPITRE II : DESCRIPTION DES SOUS-PROJETS OBJET DE L’ANALYSE

Avant de procéder à l’analyse de l’appropriation des sous-projets financés par le PSDR réalisés dans la Commune d’Ankadinondry Sakay, il convient de décrire les quatre sous-projets retenus pour la présente étude : la production de baie rose, la culture de maïs, la riziculture irriguée et l’aménagement des micropérimètres irrigués d’Andokanakivoka.

Pour la présentation de ces quatre sous-projets, nous avons adopté la démarche descriptive suivante : (i) situation avant l’appui du PSDR, (ii) objectifs et coûts de financement des sous-projets, (iii) stratégies de mise en œuvre, (iv) déroulement de l’exécution des sous-projets, (v) résultats prévus et réalisations.

2.1 La production de baie rose :

La baie rose ou schinus terebinthifolius fait partie de le la famille des anacardiacées. C’est un arbuste pouvant atteindre 5 à 6 mètres de haut. C’est une plante originaire d’Amérique centrale et du Sud dans la région de Chaco au Pérou. Elle est également plantée dans les forêts littorales de l’Ile de La Réunion d’où son nom « poivre de Bourbon » ou « poivre rouge » ou « pink peppercorn » en anglais. Sa culture est relativement facile sur des sols bien drainés. Les fruits sont en forme de baie de couleur verte qui vire au rose au stade de la récolte pour changer en rouge en fin de maturation. Ils ont une saveur légèrement sucrée et une odeur poivrée. Les baies roses sont des épices nouvellement appréciées pour l’extraction d’huile essentielle utilisée en parfumerie, en phytopharmacie et en médecine.

2.1.1 Situation avant l’appui du PSDR :

Un échantillon de culture de la baie rose a été planté du temps du BDPA par les immigrés réunionnais. Il s’agissait d’une vingtaine de pied dont les fruits n’ont pas été reconnus utiles et importants dans le temps. Toutefois, après les analyses des échantillons, il s’avère que la baie rose cultivée sur les sols d’Ankadinondry Sakay est classée parmi les meilleures au monde.

55

En 2001, des chercheurs sont venus dans la région pour s’entretenir avec le Maire de l’époque afin d’initier la culture de baie rose. Une association nommée « Croix verte » a été créée avec les techniciens de l’ODEMO pour la culture de baie rose et a été financé par Tany Meva 23 pour le programme environnemental. Des pépiniéristes ont été formés et la plantation s’est faite en pépinières.

Apres les initiatives des chercheurs appuyées par les techniciens agricoles de la région, les paysans se sont groupés en associations informelles pour s’entraider dans la culture de cette plante. Par la suite, le PSDR est intervenu pour le financement.

2.1.2 Objectifs et coûts de financement du sous-projet :

Pour relancer l’économie malgache, divers organismes se sont penchés pour le développement de la culture et l’exploitation des plantes à épices et à huiles essentielles dont le marché au niveau international a pris un nouvel élan. L’appui du PSDR aux organisations paysannes réalisant la culture de baie rose vise principalement l’amélioration du revenu des producteurs par la mise en œuvre des activités pour promouvoir la production et la commercialisation en vue de pérenniser cette filière. D’ailleurs, la demande en produits biologiques étant en hausse sur le marché international, les membres des groupements sont déterminés à améliorer leur production surtout en qualité afin que la filière puisse avoir un label de qualité de la région de Sakay.

Les activités avec les parties prenantes ont débuté en octobre 2003 et le financement prévu pour l’appui du sous-projet est estimé à 33 309 600,28 Ariary 24 .

2.1.3 Stratégies de mise en œuvre :

Les préparations techniques et organisationnelles ont vu la participation de toutes les parties prenantes impliquées dans le sous-projet.

23 Première fondation environnementale à vocation communautaire à Madagascar. 24 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR 56

a) Les stratégies de production :

L’appui aux techniques de production de la baie rose a été assuré par le Centre de Technique Horticole Tamatave ou CTHT et également par le même Centre à Antananarivo ou le CTHA, un partenaire stratégique du PSDR :

 les bénéficiaires ont participé à la formulation et l’instruction du sous-projet. Il s’agit de considérer et de vérifier tous les aspects de la faisabilité du sous-projet : techniques, aspects environnementaux, rentabilité économique, calendrier cultural, l’élaboration du programme des activités…  la répartition de la zone d’intervention en sous-zone d’encadrement : les formations directes des groupements ont été dispensées par les techniciens du CTHA et CTHT, des techniciens de relais ont été formés et basés dans la région pour travailler de manière permanente avec les groupements ;  l’application des mesures environnementales : il est question de l’aménagement des sols en pente pour éviter l’érosion, du respect des normes à l’égard des traitements phytosanitaires et l’utilisation des engrais pour échapper à la dégradation de la structure du sol ;  l’évaluation du sous-projet : effectuée par les techniciens locaux, pendant et en fin de campagne, pour comparer les objectifs aux réalisations pour le CTHA ; en outre, des évaluations d’ordre technique ont été également réalisées par le PSDR.

b) Les stratégies pour la commercialisation :

Avec l’appui du PSDR, la commercialisation a été soutenue par le respect des normes dans la cadre de l’agriculture biologique allant de la plantation en passant par l’entretien, la récolte, le séchage, le stockage jusqu’au transport de la production. De plus, le PSDR a aidé les associations paysannes réalisant la culture de la baie rose à trouver des débouchés aussi bien au niveau national qu’international. Le Projet sert d’interface entre les groupements des producteurs et les sociétés preneurs dans la perspective de rentabilité économique de la filière tout en jouant un rôle d’arbitre dans la concrétisation du marché agricole.

Afin d’assurer la pérennisation du sous-projet et assurer ainsi la commercialisation de la récolte, le PSDR accompagne davantage les organisations paysannes par le biais des

57 renforcements des capacités. Des formations d’encadrement ont été dispensées au terme duquel les OP devraient trouver leur autonomie et professionnalisme.

2.1.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet :

Avant l’intervention du PSDR, les techniciens de la région ont utilisé la méthode de plantation en pépinière pour obtenir les plants de baie rose. Par la suite, les études de facteurs techniques à prendre en considération pour la réalisation du sous-projet ont été effectuées par le CTHA. Dix huit groupements de producteurs regroupant environ 200 paysans à Ankadinondry Sakay ont obtenu un financement du PSDR pour la culture de baie rose associée au piment en 2003. Le tableau suivant présente une récapitulation des groupements ayant obtenu des financements du PSDR lors de sa première intervention dans l’appui de la production de baie rose.

Tableau 4 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR pour la culture de baie rose.

Superficie Superficie Nombre Groupement Localité culture baie rose culture piment membres (en ha) (en ha) FITAMIMA Ankadinondrikely 10 4 1,6 Ainga Manarintsoa 10 5 2 Toky Ambatomitsangana 8 3 1,2 Soafaniry Mahatsinjo 12 6 2,4 Fanazava Manarintsoa 10 4 1,6 VAMM Ankadinondrikely 10 3 1,2 Vonona Hiary Antsahatanteraka 10 7 2,8 Tsiry Andohanakivoka 19 3 1,2 Croix verte Ankadinondry 15 9 3,6 Tsirisoa Soamihary 10 5 2 Fanilo Manarintsoa 12 9 3,6 FITAMI Tsarafiraisana 10 3 1,2 Santatra Ambohitromby 10 4 1,6 Avotra Ankadinondrikely 11 7,0 2,8 Diavolana Fenomanana Diavolana 11 5 2 Fivoarana Ankadinondry 15 4 1,6 Croix verte II Ankadinondry 15 9 3,6 FANANTENANA Ankadinondry 15 9 3,6 TOTAL 213 99 39,6 Source : Planning global de mise en œuvre / CTHA 2003

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Les techniciens de relais recrutés par le CTHA ont assuré le rôle d’animateur des groupements. Outre l’appui technique pour les cultures, ils ont collaboré avec les membres des groupements dans le respect de la répartition des tâches relatives à l’exécution du sous- projet pour assurer une transparence des responsabilités de chacun des membres. D’autres formations importantes spécifiques des projets ont été également dispensées aux groupements (ex : comptabilité, constitution des fonds revolving…). A partir de 2007, le PSDR s’est fortement impliqué dans le renforcement de capacité des groupements pour une maîtrise réelle des techniques de culture, une optimisation de l’utilisation des facteurs de production et une meilleure approche des marchés.

Les jeunes plants post-pépinières ont donné leur première production à partir de la troisième année. La première récolte a eu lieu en 2006 avec une production totale de 1,3 tonne 25 . Pour les cultures ultérieures, la technique utilisée pour la production de plants est la bouture, qui s’est avérée meilleure que celle en pépinière car on a constaté un accroissement de la production.

2.1.5 Résultats prévus et réalisation :

Si 18 groupements de producteurs de baie rose ont bénéficié au début de l'appui du Ministère de l'Agriculture par le biais du PSDR et le CTHA, ils étaient au nombre de 21 au terme de l’appui de ces acteurs externes. Ces groupements se sont réunis en une association appelée TSABROSE. Actuellement, la production est vendue auprès de cette association de producteurs de baie rose à raison de 20.000Ar/kg.

Les extrants prévus et réalisés pour la production de baie rose sont résumés dans le tableau ci-après. Toutefois, certaines données n’ont pas été disponibles auprès des acteurs concernés.

25 Source : union des producteurs de baie rose, TSABROSE 59

Tableau 5 : Production prévue et réalisée par les OP appuyées par le PSDR pour la culture de baie rose

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Production prévue (en kg) 1 700 2 000 3 000 4 000 6 000 8 000 10 000 Réal isation (en kg) : 1 300 1er choix ou grade 1 - - - 1 940 2 020 2 180 2 910 2ème choix ou grade 2 - - - 1 860 2 130 2 340 3 030 3ème choix ou grade 3 - - - 2 400 2 950 3 280 3 760 Total production (kg) 1 300 - - 6 200 7 100 7 800 9 700 Source : Union des producteurs de baie rose TSABROSE (Août 2012) / base de données de la DER Analamanga.

2.2 La culture de maïs

Le maïs occupe la troisième place, après le riz et le manioc, en terme de surfaces cultivées et de production pour les produits de base à Madagascar. Il constitue un aliment de substitution au riz et représente ainsi un enjeu important pour la sécurité alimentaire particulièrement dans le milieu rural. Toutefois, le maïs est utilisé comme principale matière première pour la provende contribuant ainsi à l’élevage de porc et de volaille. C’est une culture à cycle court, de 3 à 5 mois selon la variété. Les grandes zones de culture sont localisées en particulier dans le moyen-ouest, les hauts plateaux et le sud-ouest de Madagascar.

2.2.1 Situation avant l’appui du PSDR

La culture de maïs est pratiquée depuis longtemps dans la Région de Bongolava. Elle fait la réputation de cette Région et ceci est confirmé par l’existence de plusieurs projets implantés dans cette Région auparavant comme le Projet Maïs du Moyen Ouest ou PMMO,

60 le Projet d’appui au Développement du Moyen Ouest ou PDMO…De ce fait, les paysans cultivateurs sont dotés d’une certaine expérience en la matière. Les différents projets de développement qui se sont succédés dans la région ont laissé des infrastructures pour les organisations paysannes telles les maisons de stockage, les Greniers Communautaires Villageois ou GVC, les silos. L’existence de la piste maïs implanté par le projet PMMO facilite jusqu’à maintenant l’écoulement des produits en l’approvisionnement des grandes fermes de la capitale.

Avant l’intervention du PSDR, les différents projets 26 en appui à la filière maïs ont contribué à la progression des rendements dans la région :

 de 1989 à 2001, le Projet National Maïs (PNM) qui a bénéficié d’un financement de la Banque Africaine de Développement, avait pour objectif la diffusion des techniques améliorées et la distribution de crédit par l’intermédiaire de la Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra ou BTM ;  de 1990 à 2000, le Projet Maïs du Moyen Ouest (PMMO) qui a bénéficié d’un financement de l’Union Européenne ; les activités ont porté sur l’aménagement des centres de production, la production de semence dans les centres ;  de 1992 à 2000, le Projet pour le Développement du Moyen Ouest (PDMO) financé par le FIDA ;

Le tableau suivant indique l’évolution des superficies cultivées et le volume de production dans la Région de Bongolava avant l’intervention du PSDR.

Tableau 6 : Rendement annuel pour la culture de maïs dans la Région de Bongolava

District Superficies (ha) Année 2003 2004 2005 2006 2007 Tsiroanomandidy 5 565 5 150 8 399 8 475 8 550 4 090 4 100 2 236 2 255 2 275 Total Bongolava 9 655 9 250 10 635 10 730 10 825

26 Source : Ministère de l’agriculture et de l’élevage, Filière maïs , Fiche n°108 61

District Production (tonne) Année 2003 2004 2005 2006 2007 Tsiroanomandidy 33 570 37 200 10 975 11 040 12 950 Fenoarivobe 21 620 21 700 3 804 3 830 4 490 Total Bongolava 55 190 58 900 14 779 14 870 17 440

Année 2003 2004 2005 2006 2007 Rendement 6.0 7.22 1.30 1.30 1.51 Tsiroanomandidy (T/Ha) Rendement 5.28 5.29 1.70 1.69 1.97 Fenoarivobe Source : INSTAT, Annuaires statistiques agricoles

Les initiatives des projets pour la production de maïs à grande échelle dans le moyen ouest n’ont pas abouti à des résultats positifs continus sur les périodes récentes. Au terme de ces projets, la plupart des agriculteurs étaient toujours dans une économie de subsistance.

Avant l’intervention du PSDR, des groupements villageois existaient déjà dans la région. Ils sont composés par des familles qui ont les mêmes affinités, principes et activités. Des cotisations ont été versées périodiquement par les membres et progressivement avec le PSDR ils ont eu l’opportunité de se prendre en charge en s’organisant en association.

2.2.2 Objectifs et coûts du financement du sous-projet

Des appuis techniques et organisationnels ont été apportés par le PSDR pour une amélioration des rendements et des superficies à cultiver des petits producteurs tout en maîtrisant les techniques culturales mieux adaptées. Aussi, le projet a également appuyé les OP pour une professionnalisation des associations des producteurs dans la filière maïs afin de répondre aux demandes insatisfaites du marché. Les interventions du PSDR visent l’implication des organisations paysannes dans la production pour être en mesure de tirer profit de leurs activités et se passer des nombreux intermédiaires et maîtriser ainsi le prix.

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Mieux organisés, ils peuvent négocier des prix directement avec les acheteurs potentiels et conclure des contrats pour une période déterminée sur un certain volume de produits à un meilleur prix.

Le financement prévu pour l’appui aux organisations paysannes soutenues par le PSDR pour l’exécution du sous projet concernant la culture de maïs s’élève à 57 060 118,76 Ariary 27 .

2.2.3 Stratégies de mise en œuvre

Le maïs est cultivé suivant des techniques traditionnelles à Ankadinondry comme dans beaucoup de régions à Madagascar. Les producteurs ne disposent pas de moyens suffisants pour acquérir des semences améliorées, des engrais et autres intrants vendus dans le commerce qui sont restés trop couteux et souvent indisponibles. L’intervention du PSDR est orientée vers l’introduction des techniques modernes relatives à la préparation du sol, à la variété de la semence, à la fertilisation et à l’entretien de la culture pour devenir une culture productive et compétitive. De ce fait, différents matériels de production et intrants ont été octroyés pour la réalisation du sous-projet : charrettes, angady, bœufs, pulvérisateurs, NPK…

Par ailleurs, les stratégies de mise en œuvre se rapportent à l’appui des OP au-delà de leur réalisation par le biais des différentes formations. Ces formations se rapportent aux techniques de production, à la tenue des livres de caisse et de stock, formation sur la vie associative et sur l’environnement par la réalisation des mesures environnementales prescrites dans le cahier des charges environnementales ainsi que l’atténuation de tous les aspects environnementaux négatifs significatifs. D’ailleurs, face aux impacts du changement climatique, le PSDR a entrepris dans la mis en œuvre du sous-projet des mesures d’adaptation et d’atténuation tout en préservant l’environnement. Il s’agit entre autres de la promotion des variétés de semences à cycle court ou résistantes à la sècheresse pour pouvoir se conformer au calendrier cultural modifié. Notons que tous les financements des sous-projets présentés par les associations paysannes sont d’ailleurs conditionnés par le respect de l’environnement, y compris le reboisement. De plus, il est exigé aux bénéficiaires de lutter contre les feux de brousse et la déforestation. Toutes ces dispositions sont inscrites dans les cahiers de charge environnementale, annexe de l’accord de dons.

27 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR 63

2.2.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet

Les paysans ont continué la production de maïs, d’une façon traditionnelle, après la réalisation des projets PMMO, PDMO… En 2003, « Mamokatra », un partenaire stratégique du projet a appuyé les paysans cultivateurs de la région à s’organiser en association afin de bénéficier de l’appui du PSDR pour la culture de maïs. A la suite des différentes formalités de constitution, les activités d’instruction et de formulation du sous- projet, les activités de production ont débuté en 2006.

Le tableau suivant récapitule les informations importantes relatives aux 20 groupements qui ont obtenu les financements du PSDR pour la culture de maïs à Ankadinondry.

Tableau 7 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR pour la culture de maïs

Superficie Nombre Date début Groupement Localité cultivée membres activité (en ha) Mihary Manarintsoa 15 10 08/12/2006 Ezaka Avaratsena 14 10 09/05/2007 Miangaly Analavory 15 10 06/12/2006 Vonintsoa Maritampona 15 10 30/11/2006 Liantsoa Ambatomainty 15 10 11/05/2007 Tanjona Andohanakivoka 16 10 01/12/2006 Fanilo Andohanakivoka 12 10 01/12/2006 Mahatoky Andohanakivoka 15 10 01/12/2006 Timazava Ambohimahasoa 15 10 06/12/2006 Ezaka Ambohitromby 15 10 08/12/2006 Fandresena Ankadinondry 15 10 05/12/2006 Koloina Ankadinondry 15 10 05/12/2006 Tambatra Ankadinondry 15 10 05/12/2006 TAFEFI Ankadinondry 15 10 06/12/2006 FMVS Ankadinondry 15 10,79 06/12/2006 Sahy Avaratsena 15 10 09/05/2007 Vonona Diavolana 14 9,38 30/11/2006 Ezaka Fanjakamandroso 13 10 30/11/2006 Manambina Fanjakamandroso 13 10 30/11/2006 Sambatra Ambohimiarina est 15 10 07/12/2006

TOTAL 292 200,17 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR

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Le fait le plus marquant pour les OP est l’introduction de la nouvelle technique de culture par l’utilisation des bœufs comme matériels de production. Auparavant, avec la méthode traditionnelle, les sarclages ont été effectués manuellement. Avec la nouvelle technique, la méthode de culture en ligne a été adoptée afin de faciliter les sarclages qui sont assurés par les bœufs. L’utilisation de la nouvelle méthode de culture a conduit à l’amélioration de la production.

La méthode de culture semi-intensive est utilisée. Lors de la récolte, les groupements se sont convenus que chaque membre doit prélever 300kg de la production comme semences pour la prochaine saison et le reste sera vendu. Toutefois, des autres variétés sont achetées auprès des revendeurs pour le renouvellement des semences. De plus, la culture semi- intensive prévoit l’utilisation de fumure minérale mais complétée par des engrais chimiques (NPK, urée…).

L’encadrement technique et organisationnel du partenaire stratégique a été réalisé au tout début des activités. Toutefois, pendant trois ans, les groupements ont continué la culture de maïs suivant les nouvelles techniques contribuant ainsi à l’amélioration de la production. A l’égard de la commercialisation, la plupart des preneurs passent des contrats avec les producteurs pour la commande de leur récolte.

2.2.5 Résultats prévus et réalisation :

Les groupements bénéficiaires peuvent obtenir des résultats encourageants avec la culture de maïs parce qu’ils peuvent toujours récolter pendant des années en optimisant les charges, et ce, jusqu’à ce que leurs plantations soient reformées. Le tableau suivant indique la production des 20 organisations paysannes appuyées par le PSDR pour certaines périodes. Toutefois, toutes les données relatives à la production de maïs n’ont pas pu être obtenues auprès des OP.

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Tableau 8 : Production des 20 organisations paysannes appuyées par le PSDR pour la culture de maïs

Superficie Pro duction Récolte Récolte Groupement Localité cultivée prévue année 1 année 2 (en ha) (en tonne) (en tonne) (en tonne) Mihary Manarintsoa 10 35 28,00 Ezaka Avaratsena 10 35 10,00 25,00 Miangaly Analavory 10 35 14,49 Vonintsoa Maritampona 10 35 0,00 Liantsoa Ambatomainty 10 35 13,00 Tanjona Andohanakivoka 10 35 20,00 24,30 Fanilo Andohanakivoka 10 35 13,43 15,00 Mahatoky Andohanakivoka 10 35 22,80 22,10 Timazava Ambohimahasoa 10 35 22,30 Ezaka Ambohitromby 10 35 6,00 Fandresena Ankadinondry 10 35 7,92 15,00 Koloina Ankadinondry 10 35 20,00 15,00 Tambatra Ankadinondry 10 35 10,90 TAFEFI Ankadinondry 10 35 12,30 20,50 FMVS Ankadinondry 10,79 35 6,00 Sahy Avaratsena 10 35 24,00 27,50 Vonona Diavolana 9,38 35 18,60 Ezaka Fanjakamandroso 10 35 14,20 Manambina Fanjakamandroso 10 35 6,85 15,00 Sambatra Ambohimiarina est 10 35 17,00

TOTAL 200,17 700,00 287,79 Sources : récolte année 1 – base de données DER Analamanga du PSDR récolte année 2 – cahier de production des organisations paysannes

Actuellement, la nouvelle technique a conduit à l’amélioration du rendement à 3 tonnes à l’hectare au lieu d’une tonne avec la méthode traditionnelle. En outre, le temps de travaux par phase de production a diminué grâce au remplacement de la main d’œuvre par l’usage des bœufs pour les sarclages. Le tableau ci-après confirme l’amélioration des temps de travaux de la culture de maïs dans la région, actuellement.

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Tableau 9 : Amélioration des temps de travaux pour la culture de maïs

Nature des Méthode Nouvelle Matériels utilisés travaux traditionnelle technique pour la nouvelle (nb heure/jour) (nb heure/jour) technique Labour 8 4 Charrue et herse Ramassage des mauvaises herbes 5 5 Semis 10 10 Sarclage (2 fois) 2 x 20 2 x 15 Bœufs Récolte 10 10 Transport 3 1 Charrette Epluchage 5 5 Engrenage 5 5 Source : Organisations paysannes enquêtées

2.3 La riziculture irriguée

La riziculture constitue l’activité principale des agriculteurs dans presque toutes les régions de Madagascar. Comme le riz constitue l’aliment de base des Malgaches, la moyenne annuelle de la quantité de riz consommé par un individu est de 97 kg 28 . La culture irriguée de riz se rencontre soit en plaine inondée avec une maîtrise de l’eau, soit en zone de marais pourvu de système de drainage. Notons que Tsiroanomandidy occupe la première place en superficie rizicole pour la province d’Antananarivo avec un total de 40.665 ha 29 .

2.3.1 Situation avant l’appui du PSDR

Ankadinondry a bénéficié de l’implantation du projet ODEMO dans la région, du temps de la première république, qui a assisté les paysans dans la riziculture. La stratégie du projet fut la réalisation de la culture pour la moitié de la superficie, ensuite le ménage cultivait l’autre moitié avec les prises en charges du projet en matière de semences, matériels. Le projet a également financé la construction des barrages, des Greniers Communautaires Villageois mais ces infrastructures étaient inutilisables, seulement après quelques années. Les

28 INSTAT – EPM 2010 29 INSTAT – Annuaire statistiques agricoles 2008 67 groupements des paysans, ayant les mêmes objectifs, buts et aspirations, existaient en ce temps là pour réaliser des cultures communes.

Les financements du PSDR pour les groupements réalisant la riziculture irriguée, dans la Commune, ont commence en 2006. Toutefois, certaines activités ont débuté vers la fin de l’année 2008 (riziculture en contre saison). Nous avons considéré les données de la production rizicole de la Région dans l’annuaire des statistiques agricoles 2008 pour situer les rendements avant l’intervention du PSDR.

Tableau 10 : Rendement annuel pour la riziculture dans la Région de Bongolava

District Superficies (ha) Année 2005 2006 2007 2008 Tsiroanomandidy 39 589 39 945 40 304 40 665 Fenoarivobe 23 127 23 225 23 545 23 760 Total Bongolava 62 716 63 280 63 850 64 425

District Production (tonne) Année 2005 2006 2007 2008 Tsiroanomandidy 74 891 77 140 79 385 83 355 Fenoarivobe 49 108 50 580 52 055 54 655 Total Bongolava 123 999 127 720 131 440 138 010

Année 2005 2006 2007 2008 Rendement 1.89 1.93 1.96 2.05 Tsiroanomandidy (T/ha) Rendement 2.12 2.17 2.21 2.30 Fenoarivobe (T/Ha) Source : Annuaire statistiques agricoles 2008

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2.3.2 Objectifs et coûts du financement du sous-projet

Par comparaison aux autres zones de production rizicole, la Commune d’Ankadinondry est encore à la recherche de sa place dans la filière riziculture au niveau national. La culture du riz irrigué avec la méthode traditionnelle est pratiquée depuis longtemps par les paysans (sans sarclage, repiquage des jeunes plants de 30 jours avec des semences inadéquats et engrais de faible dose) ce qui justifie les actions du PSDR dans l’appui du sous-projet dans la région. Cette intervention vise, en premier lieu, la sécurité alimentaire en riz, ensuite, l’amélioration des revenus des membres des associations pour qu’ils puissent devenir indépendants plus tard dans l’exécution de cette culture, ce qui va contribuer à l’évolution du leur niveau de vie et de leurs familles respectives, et enfin, l’intervention du PSDR va contribuer également à augmenter les surfaces exploitées en technique améliorée en riziculture. Par ailleurs, le projet s’applique également à renforcer la solidarité et les entraides des membres des associations en les initiant vers la mise en commun de leur intérêt afin de gagner une influence auprès des autres acteurs impliqués dans la filière (collecteurs, transporteurs, institutions financières…).

Le financement des 36 organisations paysannes exécutant le sous-projet de riziculture irriguée dans la Commune s’est élevé à 72 447 573,04 Ariary 30 .

2.3.3 Stratégies de mise en œuvre

Afin d’améliorer le rendement de la production agricole, le PSRD a accompagné les organisations paysannes dans la pratique et la maîtrise des techniques améliorées pour la production rizicole parce que presque tous les paysans se sont habitués à l’utilisation des techniques traditionnelles. Alors, ils ont pu profiter de l’exploitation des résultats des recherches déjà disponibles en SRI. Par ailleurs, les intrants et matériels agricoles faisant partie de l’appui du PSDR ne sont pas à rembourser et les groupements ont été initiés à leur entretien adéquat et à l’optimisation de leur utilisation.

Pour la commercialisation, le projet a initié les ventes groupées de la récolte afin de faciliter les négociations avec les acheteurs potentiels tout en appuyant les associations dans le calcul simplifié du coût de revient. D’ailleurs, le projet a incité une synergie des producteurs

30 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR 69 pour profiter des opportunités existantes dans la Commune, comme les institutions financières, afin de pouvoir mettre en place des infrastructures de stockage adéquat.

2.3.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet

Généralement, les paysans malgaches recherchent, avant tout, l’autosuffisance en riz du ménage plutôt que des revenus, néanmoins avec des moyens et conditions de production très limités. Afin d’améliorer le rendement de la production agricole de la région, le PSDR a accompagné 36 organisations paysannes dans la Commune :

Tableau 11 : Groupements ayant obtenu les financements du PSDR pour la riziculture irriguée

Nombre Superficie cultivée Date début Groupement Localité membres (en ha) activité Miatrika Soanierana 15 8,80 07/12/2006 Hery Miray Soamihary 15 13 08/12/2006 Finaritra Trondrodiso 15 10,5 01/12/2006 Lovasoa Mahatsinjo 15 10 01/12/2006 Santatra Fandrosoana 15 10 08/12/2006 Taratra Diavolana 15 8,95 30/11/2006 Mihary Diavolana 15 10 30/11/2006 Mitsinjo Ankijandralahady 15 10 09/05/2007 Tantsaha Miavotra Ihazomay 15 10 07/12/2006 Kiady Amparihy 15 13 07/12/2006 Meva Ankadinondry 14 7 06/12/2006 Maika Ankadinondry 15 10 06/12/2006 Tongasoa Amboniatsimo 15 10 05/12/2006 Vonona Andranonahoatra 30 7 10/12/2008 Sedra Avaratsena 30 7 10/12/2008 Soatafajoro Mandrosoarivo 30 7 10/12/2008 Nambinina I Ambohimahasoa 25 7 10/12/2008 Maharitra Bonara 30 7 09/12/2008 Soanierana Fivoarana Ambohimarina 30 7 09/12/2008 Mahatsinjo FIMPAROMA II firaisantsoa 30 7 09/12/2008 FITAMA Ambodivala 30 7 09/12/2008 Safidy Ambohitromby 30 7 10/12/2008 Farimbona Ankadinondry 30 7 10/12/2008 Mitsinjo Fanjakamandroso 30 7 10/12/2008

70

Nombre Superficie cultivée Date début Groupement Localité membres (en ha) activité Fitarikandro Ankadinondry 30 7 09/12/2008 Fitarikandro Tsarafiraisana 30 7 09/12/2008 Andry Tsaramandroso 30 7 09/12/2008 Avotra Soanierana 30 7 09/12/2008 Soanierana Mivoatra Ambohimarina 30 7 10/12/2008 Sarobidy Antsahatanteraka 30 7 10/12/2008 Fanambinana Anosibe 30 7 09/12/2008 Mirindra Manarintsoa 30 7 10/12/2008 Miaramandroso Ampasinomby Fitiavana Ambalanirana 30 7 10/12/2008 Iharantsoa Ambohimahasoa 30 7 09/12/2008 SA-MIV Amboniatsimo 30 7 10/12/2008 Kinga Ankadinondrikely 30 7 09/12/2008

TOTAL 879 292,25 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR

Remarque : il est à noter que les groupements qui ont reçu les financements en 2008 ont réalisé la riziculture en contre-saison.

Les partenaires stratégiques (PS) du projet qui ont travaillé directement avec les organisations paysannes dans les différentes phases de réalisation du sous-projet riziculture étaient : MAHASOLO MAMOKATRA, SEDIM, MANAMPISOA. Par l’intermédiaire de ces PS, le projet a facilité l’accès des producteurs dans le cadre d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles. En outre, ces partenaires ont formé et accompagné les groupements dans la pratique effective de la technique du Système de Riziculture Intensive (SRI), et dans l’encadrement des groupements au niveau organisationnel et financier.

Les actions de vulgarisation ont été orientées vers des thèmes simples qui sont susceptibles de donner des résultats tangibles. Les techniques améliorées, en termes de riziculture, appliquées par les membres des groupements n’exigent que la rentabilisation de la main d’œuvre familiale ou le recours à la main d’œuvre salarié mais dont l’adoption est susceptible d’apporter un surplus de production. Toutefois, le SRI n’est pas possible dans toutes les rizières car il nécessite une maîtrise de l’eau suffisante pour donner un résultat positif.

71

Concernant la commercialisation, les producteurs ont deux possibilités : soit emmener le produit au marché communal, soit rester sur place et attendre les camionneurs collecteurs de produits. Dans tous les cas, il n’y a pas de contrat écrit mais seulement des accords verbaux. Dans la plupart des cas par défaut de trésorerie, les paysans sont, souvent, obligés de vendre à faible prix la récolte. Toutefois, un début de commercialisation groupée initié par l’union des groupements commence à atténuer la main mise du secteur privé sur la production.

2.3.5 Résultats prévus et réalisation

Selon les données de l’EPM 2010, la principale source de revenus agricoles des ménages reste la culture de riz. Par ailleurs, le rendement moyen de la production rizicole est de 2,5 tonnes à l’hectare et la superficie économique moyenne exploitée est de 75,5 ares par ménage riziculteur. En termes d’utilisation de la récolte, 54.3% constitue en moyenne l’autoconsommation en riz du ménage riziculteur, et 25.8% de la récolte est destinée à la vente 31 .

Le tableau suivant indique les productions prévues et réalisées par les groupements bénéficiant les appuis du PSDR pour l’exécution du sous-projet riziculture irriguée à Ankadinondry Sakay.

Tableau 12 : Production des organisations paysannes appuyées par le PSDR pour la riziculture irriguée

Production Surface Récolte Groupement Localité prévue (en cultivée (en ha) (en tonne) tonne) Miatrika Soanierana 8,80 40 30 Hery Miray Soamihary 13 40 31,20 Finaritra Trondrodiso 10,50 40 27,27 Lovasoa Mahatsinjo 10 40 0 Santatra Fandrosoana Ambalanirana 10 40 32 Taratra Diavolana 8,95 40 28 Mihary Diavolana 10 40 0 Mitsinjo Ankijandralahady 10 40 25 Tantsaha Miavotra Ihazomay 10 40 25

31 INSTAT – EPM 2010 72

Production Surface Récolte Groupement Localité prévue (en cultivée (en ha) (en tonne) tonne) Kiady Amparihy 13 40 31,25 Meva Ankadinondry 7 40 23 Maika Ankadinondry 10 40 17,10 Tongasoa Amboniatsimo 10 40 10,5 Vonona Andranonahoatra 7 21 Sedra Avaratsena 7 21 Soatafajoro Mandrosoarivo 7 21 Nambinina I Ambohimahasoa 7 21 Maharitra Bonara 7 21 Soanierana Fivoarana Ambohimarina 7 21 Mahatsinjo FIMPAROMA II firaisantsoa 7 21 FITAMA Ambodivala 7 21 Safidy Ambohitromby 7 21 Farimbona Ankadinondry 7 21 Mitsinjo Fanjakamandroso 7 21 Fitarikandro Ankadinondry 7 21 Fitarikandro Tsarafiraisana 7 21 Andry Tsaramandroso 7 21 Avotra Soanierana 7 21 Soanierana Mivoatra Ambohimarina 7 21 Sarobidy Antsahatanteraka 7 21 Fanambinana Anosibe 7 21 Mirindra Manarintsoa 7 21 Miaramandroso Ampasinomby Fitiavana Ambalanirana 7 21 Iharantsoa Ambohimahasoa 7 21 SA-MIV Amboniatsimo 7 21 Kinga Ankadinondrikely 7 21

TOTAL 292,25 1003 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR

Remarque : les récoltes se rapportant à la riziculture de contre saison ne sont pas reportées dans la base de données, et les groupements ne possèdent plus les informations concernant les productions.

73

2.4 L’aménagement du MPI d’Andohanakivoka

Selon le Programme National pour le Développement Rural (PNDR), le gouvernement malagasy a toujours incité les agriculteurs à se regrouper en Associations d’Utilisateurs d’Eau (AUE) comme condition préalable au financement de la construction des infrastructures d’aménagement hydro-agricole. Dans le cadre de l’exécution de sa sous-composante A1101 « Aménagement des périmètres irrigués », le PSDR a financé la réhabilitation du système hydro-agricole d’Andohanakivoka, dans la Commune d’Ankadinondry, qui était auparavant une digue de terre.

Andohanakivoka est situé dans la partie sud de la Commune où l’infrastructure hydro- agricole a été érigée pour retenir l’eau de la rivière Ihazomay. L’eau du barrage assure l’irrigation des périmètres rizicoles. L’objectif principal est de permettre aux producteurs de réaliser deux récoltes par saison afin d’accroitre la production et de développer les cultures de contre saison. Les travaux concernent des micropérimètres irrigués (MPI) de 75 ha dont les coûts étaient estimés à 27 010 208,98 Ariary 32 .

Le financement du PSDR pour la réalisation des travaux de réhabilitation du barrage résulte des requêtes de l’Association d’Utilisateurs d’Eau nommé TANTSAHA MIAVO- TENA qui rassemble 26 membres. L’apport des bénéficiaires dans la réalisation des travaux se rapporte à l’approvisionnement en matériaux locaux comme le sable, les gravillons, les moellons…Le projet a financé la réhabilitation du canal principal mais l’exécution des canaux secondaires conduisant vers les rizières a été réalisée par les bénéficiaires. En effet, les membres se sont organisés pour la mise en eau de leurs terrains respectifs.

LANDY SARL, un partenaire stratégique du projet, a réalisé les prestations concernant la réhabilitation :

- études agro-économiques et techniques des périmètres afin de réaliser les investigations nécessaires en vue de la réalisation des travaux, - contrôle et la surveillance des travaux par une assistance à la coordination générale de chaque opération de construction, - renforcement des capacités des AUE dans le but d’assurer la gestion technique et la viabilité économique du réseau (système de production, facteurs environnementaux, sécurité),

32 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR 74

- formation/vulgarisation sur les techniques de culture en vue de l’amélioration de la production à l’issue de la réhabilitation du barrage en insistant particulièrement sur la gestion de l’eau et les techniques culturales pour la riziculture irriguée.

Notons que l’organisation pour l’entretien du barrage fait partie des attributions des bénéficiaires. La réhabilitation du MPI d’Andohanakivoka a prévu un rendement de 4,48T/ha, seulement la production était de 187 tonnes pour les 75 ha de surface drainée, soit un rendement de 2,49T/ha 33 .

33 Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR 75

Conclusion du chapitre II

Le PSDR contribue au développement des filières porteuses en appuyant les organisations paysannes à se professionnaliser dans la réalisation des sous-projets et en créant un environnement favorable à leurs secteurs. En effet, le projet renforce leur capacité pour leur permettre de se lancer dans une économie de marché tout en finançant tout ce qui est fonctionnement pour le démarrage de leurs activités.

76

CHAPITRE III : ANALYSE DES ASPECTS DE L’APPROPRIATION DES APPUIS DU PSDR

Afin de situer le degré de l’appropriation des quatre sous-projets appuyés par le PSDR, nous avons considéré les critères d’appréciation de l’appropriation décrit dans le chapitre II de la partie I du présent mémoire : le développement organisationnel, la maîtrise des actions et techniques, la maîtrise des ressources et la diffusion des acquis. Notons que les analyses ci- dessous sont issues des enquêtes, effectuées auprès des organisations paysannes réalisant les quatre sous-projets objet de notre analyse. Annexes 5-6-7

3.1 Analyse des aspects de l’appropriation pour le sous-projet « baie rose »

3.1.1 Les aspects organisationnels

Avant l’intervention du PSDR, pour des actions de développement social et économique favorables à l’environnement et en améliorant les conditions de vie des communautés, Tany Meva a financé l’association CROIX VERTE qui a regroupé quelques paysans réalisant la culture de baie rose. C’était une initiative des techniciens agricoles de la région afin de s’entraider dans les techniques de production. Les membres ont réalisé des cultures individuelles et des réunions périodiques sont tenues pour des échanges techniques parce que la culture de baie rose n’était pas encore connue des paysans.

Les financements du PSDR à l’égard de ce sous-projet ont conduit à la création d’autres organisations paysannes qui avaient l’obligation de légaliser leur situation. Les groupements ont été sensibilisés et ont pris l’habitude de se réunir d’eux même au commencement des activités. Toutefois, le délai relativement long entre la demande de financement et le déblocage des fonds a suscité la méfiance des producteurs quant aux objectifs de la structure nouvellement créée.

Afin d’améliorer la gestion et la commercialisation de la filière baie rose, les groupements ont pris l’initiative de créer une coopérative nommée TSABROSE. C’est une organisation ayant une structure légale créée en 2006. Les organisations paysannes travaillant dans la filière baie rose et ayant bénéficié des appuis du PSDR se sont regroupées dans cette

77 coopérative. TSABROSE assure la qualité des produits et le respect des normes par l’encadrement et la formation technique des producteurs après les interventions du PSDR.

Récemment, par l’initiative du Ministère de l’agriculture, représenté par le DRDR de Tsiroanomandidy, une plateforme a été mise en place pour assurer un appui à la filière baie rose. Comme le rôle de la plateforme n’a pas été bien explicité aux groupements, elle est devenue une organisation qui semble exécuter des actions en parallèle avec celles du groupement des producteurs TSABROSE. Ainsi, les OP deviennent, soit membre de la plateforme, soit membre du TSABROSE ce qui a engendré des différends entre les adhérents des OP.

3.1.2 La maîtrise des actions et techniques

Pratiquement, les producteurs maîtrisent l’ensemble des techniques d’exploitation de la baie rose. L’accroissement des récoltes des années précédentes ( cf. tableau n°5 page 60 ) témoigne de ce savoir-faire. La technique de culture par bouture a été adoptée par tous les producteurs. La difficulté dans la production de baie rose est surtout au niveau de la cueillette et du triage des grains qui doivent être effectués manuellement parce que c’est une plante très délicate. Lorsque les appuis du PSDR ont pris fin, des acheteurs potentiels ont continué de financer la formation des producteurs et les achats des matériels de production. Par la suite, les paysans sont obligés de vendre leurs récoltes avec un prix imposé par ces preneurs. Néanmoins, la culture de baie rose a entraîné une amélioration évidente du niveau de vie des membres des groupements et leur famille matérialisée, entre autres, par les achats de matériels et mobiliers, moto, nouvelle construction…

Par ailleurs, comme il s'agit d'un produit destiné à l'exportation, les marchés extérieurs exigent des produits de qualité et compétitifs au niveau des pays producteurs. Comme les épices sont parmi les produits biologiques très demandés sur le marché international, Premium Spices, un acheteur national, a appuyé les OP producteurs de baie rose à Ankadinondry de manière à obtenir la certification biologique de leurs produits par l’ECOCERT. Cette certification porte sur les plantations de 11 groupements membres de l’union des producteurs. La société Premium Spices s’est engagée à acheter 4 tonnes de baie rose de ces 11 groupements dans le cadre du contrat. Notons que l’équipe de l’ECOCERT, à

78 chaque descente, effectue une inspection dans les champs des paysans et dispense également des formations sur les méthodes à suivre pour la culture biologique.

Toutefois, au début de la culture, les producteurs se sont heurtés à des discordances concernant les techniques de production. L’utilisation des engrais chimiques a été autorisée par les partenaires stratégiques qui ont dispensé les formations aux groupements. Or lors des ventes, les preneurs ont préféré les produits biologiques ce qui a suscité les critiques des producteurs quant aux compétences des techniciens formateurs. Ainsi, dans le temps, la plupart de la production ont été classées en 2 ème catégorie et certains membres n’ont même pas pu vendre leur récolte d’où une perte pour certains producteurs. Du reste, la culture a accusé un retard au début des activités de production dans la région parce que les producteurs ont déjà préparé les terrains or le délai de déblocage des financements a été retardé.

Lors de notre intervention, en mois de juillet, les producteurs travaillaient dans la phase de triage des récoltes. Nous avons pu constater les difficultés des producteurs concernant le triage par couleur et par calibre des grains pour la classification selon les catégories. Effectivement, le triage des grains doit se faire un par un et manuellement. C’est l’étape la plus délicate des activités post-récoltes et des techniques mieux adaptées n’ont pas encore été trouvées.

3.1.3 La maîtrise de la gestion des ressources

La capacité des bénéficiaires à gérer les ressources après le retrait du PSDR sera étudiée dans ce point.

a) Utilisation des formations reçues et des ressources humaines :

L’encadrement du PSDR dans les différents domaines liés à la production de baie rose a permis aux membres des groupements d’affirmer leur capacité afin d’assurer la prise en charge de la production. En effet, ils ont continué l’utilisation de leurs nouveaux savoirs liés à la production, la commercialisation, la gestion des activités des OP et aux mesures environnementales. La mise en place du groupement des producteurs TSABROSE témoigne de la motivation des groupements à la poursuite de leur activité. Dernièrement, il a appuyé les membres des OP dans l’extension des surfaces cultivables en baie rose.

79

Toutefois, les principaux problèmes auxquels les groupements n’arrivent pas encore à résoudre concernent l’insécurité et le récent accroissement des producteurs individuels qui vendent à des prix inférieurs à celui de TSABROSE pénalisant ainsi les groupements dans la commercialisation de leurs produits. De plus, l’insuffisance des moyens financiers est ressentit par le fait que les groupements dépendent encore des acheteurs potentiels qui financent les nécessaires à la production et par la suite imposent leurs prix aux producteurs.

b) La gestion des ressources financières et matérielles :

Notre étude fait apparaître une gestion financière défectueuse vu que la plupart des responsables des groupements ne sont pas capables de tenir une comptabilité simplifiée pour les suivis des mouvements d’argent et de stocks qui permettent d’évaluer la rentabilité de leur activité économique. Les différentes données concernant les achats et les ventes ne sont pas enregistrés systématiquement. Les formations relatives à la gestion financière sont seulement appliquées au tout début des activités mais tels qu’ils sont présentés actuellement, les documents que nous avons pu consulter sont inutilisables. Aussi, il nous a été difficile d’accéder aux documents comptables des groupements à cause de la méfiance des responsables même vis-à-vis des autres membres.

Le retard des achats des matériels de production a entraîné le report de début des activités. De plus, les dispositifs pour l’utilisation de ces matériels de production n’ont pas été spécifiés auparavant occasionnant des tensions entre les membres des groupements. Par exemple, un groupement a obtenu 3 pulvérisateurs or il y a 15 membres et leur utilisation doit se faire en même temps ce qui a causé des impacts négatifs sur la production de certains membres. Mais au terme des financements du PSDR, les producteurs se sont convenus des rotations et des fréquences d’utilisation des matériels appartenant au groupement.

3.1.4 La diffusion des acquis

Actuellement, la culture de baie rose est pratiquée par les paysans dans les autres Communes de la Région de Bongolava mais d’une manière individuelle (ex : Tsiroanomandidy). Les nouveaux producteurs viennent à Ankadinondry pour acheter des jeunes plants aux groupements qui ont déjà maîtrisé les techniques de production. Ainsi des

80 réseaux de contact en dehors de la Commune sont établis afin de discuter des améliorations et des problèmes relatifs à la filière.

Au sein même de la Commune, les groupements ont recourt à la main d’œuvre externe pour les activités post-récoltes contribuant ainsi à la création d’emploi pour la population locale. En effet, les 21 groupements formels constitués actuellement, qui incluent à peu près 300 membres, ont besoin chacun d’au moins 3 personnes, en moyenne, à chaque cueillette et pour toutes les activités post-récoltes.

Par ailleurs, l’amélioration évidente du niveau de vie des producteurs qui se sont spécialisés dans la filière a entraîné l’augmentation du nombre des paysans qui veulent adhérer à TSABROSE qui, de son côté, est fier d’avoir réussi à les inciter à se réunir en organisation paysanne pour bénéficier surtout des formations techniques. Actuellement, ce groupement des producteurs de baie rose a comme objectif de professionnaliser ses membres dans cette filière parce qu’elle est plus rentable par rapport aux autres spéculations. Si auparavant les paysans cultivent du riz, du manioc ou du maïs sur X hectare de terrain, on les incite à diminuer la surface consacrée à ces cultures et d’augmenter la partie cultivée de baie rose ce qui affirme l’importance de la filière mais seulement au détriment des autres spéculations. Dans le long terme, il s’agit de promouvoir la filière baie rose pour qu’elle puisse avoir un label de qualité de la Région.

3.1.5 Entretien semi-structuré des organisations paysannes réalisant le sous- projet «baie rose » :

Les analyses ci-dessus sont issues des enquêtes effectuées auprès des membres des OP qui ont réalisé la culture de baie rose. Sur les 21 associations appuyées par le PSDR pour cette filière, nous avons pu mener notre enquête auprès de quelques membres des 10 OP présentes lors des entretiens effectués dans les Fokontany concernés. Le tableau qui résume les enquêtes réalisées auprès de ces OP réalisant le sous-projet baie rose dans la Commune d’ Ankadinondry Sakay est en Annexe 5 .

81

3.2 Analyse des aspects de l’appropriation pour le sous-projet « culture de maïs »

D’après l’annuaire des statistiques agricoles 2008, concernant cette spéculation, le District de Tsiroanomandidy détient un rendement largement inférieur à ceux de la Région d’Itasy alors que le milieu cultural est presque similaire :

- Miarinarivo : 4,9 tonnes / Ha - Soavinandriana : 4,02 Tonnes / Ha - Tsiroanomandidy : 1,8 Tonnes / Ha

3.2.1 Les aspects organisationnels

Les membres des groupements ont soutenu dans l’ensemble qu’ils se sont bien adaptés à la structure de l’organisation paysanne exigée par le PSDR. En effet, avant de devenir des producteurs de maïs, ils ont constitué des associations informelles dans les Fokontany, selon leur type d’activité, avec l’influence des chefs coutumiers dans les villages. Les hommes avaient l’habitude de discuter ensemble des possibilités de développement de leur communauté dans l’après-midi après le travail. Avec l’appui du PSDR, les groupements ont légalisé leur structure et ont décidé de demander des financements pour améliorer la production de maïs.

Tous les groupements, que nous avons pu rencontrer, disposent des statuts et des règlements intérieurs qui orientent leur fonctionnement. Toutefois, concernant cette filière, les groupements ont tendance à fonctionner selon leur habitude d’avant l’intervention du PSDR. L’influence des chefs coutumiers, même non membre des OP, dans les décisions concernant les actions à entreprendre, la prise des paroles au nom des autres manifestent la domination de ces leaders reconnus par tous, et intimidant quelquefois les membres de bureau.

La présence des femmes dans les OP est l’une des conditions nécessaires à l’obtention des financements du PSDR. Mais dans la réalité, ce sont surtout les hommes qui s’accaparent la conduite des activités de production. Les femmes se font discrètes lors des réunions des groupements afin de ménager la fierté masculine, un fait qui est encore frappant dans les campagnes. L’essentielle participation des femmes réside dans les votes pour les prises de décision qui veulent que chaque membre ait une voix et participe à la gestion de l’organisation.

82

3.2.2 La maîtrise des actions et techniques

Les nouvelles méthodes de culture de maïs ont été adoptées par la plupart des membres des groupements et sont même maintenues après les interventions du projet. Les producteurs ont effectivement reconnu leur gain en temps et en récolte à cause de la technique apportée par les spécialistes de la filière. Les membres ont effectivement constaté l’amélioration de leur production et le niveau de vie de leurs familles. Ces changements sont particulièrement matérialisés par les petites constructions dans les différents Fokontany appartenant aux bénéficiaires qui ont continué la production de maïs.

Les difficultés rencontrées par les exploitants de la filière maïs dans la région concernent essentiellement l’achat et l’approvisionnement en semences sélectionnées. Les semences actuellement utilisées par la majorité des membres sont des semences ordinaires de mauvaise qualité. De plus, les petits producteurs n’arrivent pas encore à supporter les coûts des semences améliorées découvertes par les institutions de recherche. Par ailleurs, la production de maïs du Moyen Ouest est surtout pénalisée par l’existence du « striga », végétaux qui limitent le développement de la culture. Notons que la rotation des cultures permet de diminuer le dommage causé par le striga or les producteurs sont réticents à s’y investir par peur de ne pas avoir suffisamment d’expérience pour d’autre spéculation.

Néanmoins, force est de constater que certains des membres sont revenus à l’utilisation des méthodes de culture traditionnelles faute de moyen selon leur dire. En effet, certains paysans manifestent toujours cet esprit d’assistance et attendent encore les appuis des bailleurs parce que selon eux le projet de devrait pas finir tant que des problèmes existent dans les différentes phases de la production.

3.2.3 La maîtrise de la gestion des ressources

Après le retrait du PSDR, et surtout à la suite de la crise politique de 2009, beaucoup des membres des OP ont renoncé à mettre en commun leur effort dans le développement de cette filière. Ils ont décidé de continuer la culture de maïs d’une façon individuelle malgré les difficultés dans la prise en charge des activités à cause surtout de l’insuffisance des fonds disponibles pour l’achat des semences de qualité et des engrais principalement. Or le développement de la filière repose sur la prise de conscience des ressources humaines à continuer et à perpétuer les formations octroyées afin d’assurer la pérennité du projet.

83

Les groupements ont hérité des organisations et encadrement déficients des partenaires stratégiques dans la réalisation des activités du sous projet. Par exemple, les groupements ont supporté différents coûts supplémentaires afin de récupérer les intrants et les matériels de production objet des financements du PSDR. Les membres accusent des difficultés à trouver les solutions adéquates à leurs problèmes. La dépendance envers l’extérieur est toujours fortement ressentie quand les membres expliquent les problèmes qu’ils n’arrivent pas à résoudre.

Les documents matérialisant les enregistrements et les suivis des mouvements de trésorerie et de stock n’ont pas pu être examinés lors de notre intervention. En somme, seulement les dates des transactions et les montants des fonds débloqués sont mémorisés par les membres que nous avons interviewé. Actuellement, après le retrait du PSDR, la gestion financière fonctionne plutôt selon un mode oral ce qui ne permet pas de mettre en évidence le calcul du bénéfice annuel des producteurs, même au niveau individuel.

Concernant les ressources matérielles, étant au courant que ces ressources ne sont pas à rembourser, beaucoup des membres ont vendu les bœufs utilisés pour le sarclage en ligne des cultures de maïs. Ils ont évoqué l’insécurité pour justifier leur décision. Cette pratique a engendré l’insuffisance des engrais organiques alors les producteurs sont obligés d’avoir recours aux engrais chimiques qui sont plus chers d’où la diminution de la production. Seulement ceux qui sont convaincus de l’efficacité des nouvelles techniques ont gardé les matériels de production octroyés par le projet mais les autres membres ont, soit changé complètement d’activité soit revenir aux méthodes de culture traditionnelle.

3.2.4 La diffusion des acquis

Depuis longtemps, la culture de maïs faisait la réputation de la Région de Bongolava. Mais le faible taux d’adoption des techniques améliorées de production par les paysans annihile les possibilités d’augmentation du rendement. L’existence de nouveaux groupements de paysans qui poursuivent les activités de production initiées par le PSDR n’a pas été remarquée lors de notre intervention. Les paysans ont continué la culture de maïs individuellement en combinant les techniques traditionnelles et modernes que les initiés ont bien voulu leur transmettre.

84

Par ailleurs, les responsables des groupements formés lors de l’intervention du PSDR ont su tisser des relations avec les autres producteurs de la région afin de cerner la déficience des prix de vente aux collecteurs qui limite la motivation des paysans à produire pour le marché.

3.2.5 Entretien semi-structuré des OP réalisant le sous-projet « culture de maïs » :

Nous avons rencontré, au total, quelques membres des 11 OP qui ont répondu présent dans les Fokontany respectifs. Les explications qui nous ont permis d’apprécier les critères d’appropriation du sous-projet sont résumées en Annexe 6 .

3.3 Analyse des aspects de l’appropriation pour la riziculture irriguée

3.3.1 Les aspects organisationnels

Plusieurs groupements crées pour la réalisation du sous-projet riziculture irriguée sont issus des paysans qui ont participé au projet de Développement de la filière riz de la Région de Bongolava en 2005. C’était un projet définit dans le Plan Régional de Développement (PRD) de Bongolava dont l’objectif principal était l’organisation de la filière riz de la Région afin d’assurer un meilleur profit aux paysans producteurs évitant ainsi la pénurie en période de soudure. Par ailleurs, d’autres paysans se sont réunis afin de demander des financements au PSDR pour la culture de maïs seulement, considérant le projet de la Région de Bongolava pour le développement de la filière riz, le PSDR a plutôt accordé le financement de la riziculture irriguée pour ces groupements. L’objectif principal des OP étant d’améliorer le niveau de vie des membres, néanmoins ce changement dans la spéculation à réaliser a eu des impacts négatifs à la motivation des adhérents.

En 2008, toujours dans la réalisation de l’objectif du projet de développement de la filière riz de la Région, le PSDR a financé la culture de riz en contre saison ainsi le nombre des membres exigé pour chaque groupement était de 30. Les OP étaient obligées de se fusionner comme leur nombre était généralement de 15. Cette formalité d’obtention de financements a engendré des contrariétés au sein des groupements constitués parce qu’ils avaient respectivement des objectifs et règlements intérieurs parfois divergents. Cette

85 approche descendante a plutôt encouragé les membres des différents groupements à s’associer dans le seul objectif de bénéficier de l’argent et des matériels. Dans la plupart des cas, lors de notre enquête, les groupements qui ont réalisé la riziculture irriguée ont perçu les financements du projet comme une action généreuse de l’étranger et, de plus, sans remboursement. Au terme du projet, la plupart des OP qui ont réalisé cette spéculation sont toujours dans une situation de subsistance car leur production ne s’est pas réellement améliorée.

3.3.2 La maîtrise des actions et techniques :

La riziculture est la principale et plus ancienne culture vivrière pratiquée dans toutes les régions de Madagascar. La plupart des groupements qui ont réalisé cette culture à Ankadinondry n’étaient pas convaincus par les nouvelles techniques initiées par les spécialistes car ces paysans sont persuadés de leur savoir faire ancestral concernant la culture de riz. Comme cette forme traditionnelle de la riziculture prédomine, les paysans sont communément réticents par rapport aux actions d’intensification proposées par les techniciens (usage de variétés améliorées, application de doses adaptées d’engrais…). En outre, des groupements ont laissé entendre que certains des partenaires stratégiques de cette filière dans la région étaient peu coopératifs dans leur appui et encadrement vis-à-vis des OP.

La riziculture irriguée nécessite un certain degré de maîtrise de l’eau par les producteurs ce qui n’est pas toujours le cas pour plusieurs groupements de la région. L’utilisation des techniques de production moderne en riziculture est dépendante des zones où la maîtrise de l’eau est acceptable. Dans ces conditions, les mesures proposées afin d’accroître la productivité ne parvenaient pas à inciter les riziculteurs du fait d’appréhender surtout le risque de sécheresse. Ainsi, les anciens membres des groupements estiment que tant que ces problèmes ne sont pas résolus, ils ont besoin d’un appui permanent.

Pour certains Fokontany dans la Commune, le problème foncier devient un frein pour le développement de la riziculture. En effet, quelques personnes seulement sont des propriétaires attitrés des terrains. La plupart des membres des groupements ont recours à la location ou au métayage et une partie de la récolte doit être remis au propriétaire. Ce problème foncier décourage les riziculteurs d’où la stagnation de la production. Ils sont ainsi peu confiants à l’application des techniques d’intensification de production pour mieux

86 s’investir dans la filière. Notons qu’après l’intervention du projet, les membres des groupements ont continué individuellement la production de riz, ainsi nous n’avons pas pu obtenir les données relatives à leur production ultérieure.

3.3.3 La maîtrise de la gestion des ressources

a) Les ressources humaines :

La capacité des ressources humaines se vérifie dans l’application des formations dispensées aux groupements pour l’adoption des techniques de production améliorées. Seulement, concernant la riziculture, qui est la plus ancienne des cultures vivrières pratiquées à Madagascar, la manière dont les paysans perçoivent les formateurs et techniciens est garante, en grande partie, du succès de la formation. Les enquêtes effectuées auprès des riziculteurs appuyés par le projet ont fait ressortir que les prestataires sont considérés comme trop théoriques et méconnaissent souvent la pratique sur terrain, ce qui détériore le climat de confiance qui devrait s’établir entre les formateurs et les paysans. Les membres des OP considèrent que les suivis et les résolutions des problèmes n’étaient pas rigoureux pendant et après les formations. Après l’intervention du PSDR, la plupart des membres des OP ont continué la culture de riz mais de façon individuelle et surtout pour un objectif de satisfaction des besoins alimentaires de leurs familles.

b) Ressources financières :

La contrainte de trésorerie reste un facteur critique pour le développement de la riziculture pour la plupart des producteurs. Les enquêtes sur terrain ont révélé que les OP qui ont bénéficié des appuis du projet sont encore obligés de recourir au crédit informel sous forme de prêts ou d’avance en intrants. Le principal problème des OP qui ont réalisé la riziculture irriguée à Ankadinondry, dans le cadre du projet, a été le retard du déblocage des fonds et des matériels de production. Ainsi, les producteurs étaient obligés d’anticiper le paiement des intrants et des autres charges pour ne pas retarder la production. Par la suite, quand les fonds étaient disponibles, certains des membres les ont utilisés pour d’autres fins au lieu d’attendre la prochaine saison culturale. En outre, puisque les paysans savent qu’ils ne vont pas rembourser les financements du projet, certains n’ont pas appliqué ni les techniques

87 améliorées, ni les méthodes de gestion initiée. Aucune des OP enquêtées n’a pas pu nous fournir les documents relatifs au suivi des activités des groupements. L’absence des suivis financiers a engendré d’inadéquates orientations concernant la conduite de la production et de la commercialisation.

c) Ressources matérielles :

Après le retrait du PSDR dans l’appui des OP réalisant la riziculture irriguée, les équipements et les intrants utilisés sont restés très limités. Les zébus sont surtout utilisés pour le travail de la terre or à cause de l’insécurité, beaucoup des propriétaires ont préféré les vendre et une grande partie du travail est fait à la main. Notons que ce problème est plutôt lié à la mentalité paysanne qui s’accommode du savoir-faire traditionnel dans la riziculture.

Par ailleurs, le problème foncier vient renforcer la non maîtrise des ressources matérielles nécessaires à la pratique de la riziculture irriguée dans la région. En effet, comme la plupart des cultivateurs ne sont pas propriétaires des rizières qu’ils exploitent alors ils comptent utiliser moins de matériels et moins de bétails pour la production. Ainsi, beaucoup ont préféré vendre les matériels fournis lors de la réalisation du sous-projet.

3.3.4 La diffusion des acquis

Compte tenu de toutes ces remarques évoquées précédemment, nous avons constaté sur le terrain que ce critère d’analyse de l’appropriation n’a pas été observé en ce qui concerne le sous projet de la riziculture irriguée.

3.3.5 Entretien semi-structuré des OP réalisant le sous-projet « riziculture irriguée » :

Nous avons discuté avec certains membres des 9 OP appuyées par le PSDR dans la Commune d’Ankadinondry. Leurs explications sont récapitulées en Annexe 7 .

88

3.4 Analyse des aspects de l’appropriation pour la réhabilitation du MPI d’Andohanakivoka

Nous avons analysé l’appropriation du sous-projet à partir de la gestion et l’entretien des périmètres d’irrigation par l’AUE pour les périodes ultérieures. Le périmètre irrigué d’Andohanakivoka a été transféré à l’association en 2008. L’AUE est chargée du maintien et du bon fonctionnement des réseaux hydroagricoles dans l’intérêt des membres. Elle a été appuyée par un renforcement de capacité effectué par le PS en ce qui concerne l’organisation de ses tâches. Cependant, le fonctionnement et l’organisation de l’AUE à l’égard de la gestion effective de l’infrastructure demande une forte cohésion sociale qui n’est pas toujours appliquée dans tous les cas.

Nous avons constaté lors de notre descente que l’entretien de l’infrastructure reste déficient et l’eau n’est pas utilisée de façon optimale, or l’irrigation est l’une des principales conditions pour la riziculture, une activité dominante dans cette partie de la Commune. Seulement, nous n’avons pas pu rencontrer les membres de l’OP initiateur du sous-projet.

3.5 Comparaison de l’appropriation des quatre sous-projets étudiés :

Partant des analyses effectuées dans les précédents chapitres, qui devraient former un tout afin de situer l’appropriation par les bénéficiaires, le tableau suivant résume l’appréciation comparative des quatre sous-projets comme ce qui était décrit dans la méthodologie. Rappelons qu’il ne s’agit pas d’une mesure standard mais utilisée uniquement dans ce cadre afin de donner une idée globale du degré d’appropriation de ces quatre sous- projets.

Les détails concernant ces notations sont dans les Annexes 5-6-7 où les critères d’appropriation ont été appréciés sur une échelle allant du niveau « faible » représentée par 1 jusqu’au niveau « bon » représenté par 3. La notation se réfère à la performance réalisée par les OP concernant le critère d’appropriation.

89

Tableau 13 : Comparaison des 4 sous-projets suivants les critères de l’appropriation

Critère Baie rose Maïs Riziculture MPI d’appropriation irriguée Andohanakivoka Développement 2 2 1 2 organisationnel

Maîtrise actions et 3 2 1 1 techniques

Maîtrise gestion 2 1 1 1 ressources

Diffusion des 2 2 1 1 acquis

TOTAL 9/12 7/12 4/12 5/12

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Conclusion du chapitre III

Ce chapitre nous a permis d’analyser l’appropriation des 4 sous-projets, objet de notre étude, à partir des critères d’organisation, techniques, de gestion et de diffusion. Les expériences vécues par les OP dans le cadre du projet a permis d’éclaircir la notion de l’appropriation et d’identifier certains problèmes pour mieux les prévenir dans d’autres actions à l’égard du développement rural à Madagascar.

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CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS RELATIVES A L’APPROPRIATION DES SOUS-PROJETS

L’appropriation est principalement en rapport à la démarche des bénéficiaires qui cherchent à maîtriser les changements dans lesquels ils se sont engagés en vue de continuer et pérenniser les actions appuyées par les bailleurs. Notre analyse a mis en évidence les difficultés rencontrées par les OP dans l’exécution des sous-projets. Afin de soutenir cette démarche d’appropriation, il convient de proposer des recommandations relatives aux problèmes importants rencontrés lors de notre intervention afin d’apporter certaines orientations pour de futurs projets de développement relatifs au monde rural à Madagascar.

4.1 Les aspects organisationnels :

La principale critique de la part des membres des organisations paysannes enquêtées concerne la précipitation des prestataires lors de la constitution de ces OP, or les activités de production ont été pénalisées par le retard de déblocage des fonds. Ainsi, au niveau des OP, les prévisions n’étaient plus à jour et, parfois, les fonds n’étaient plus utilisés pour la réalisation des sous-projets. En fait, un reforme interne au sein du PSDR a essentiellement causé ce retard.

Par ailleurs, dans la pratique, les OP ont du mal à faire face aux changements d’activités à financer imposés par le projet. En d’autres termes, les financements accordés ne correspondent pas aux sous-projets prescrits dans les demandes de financement émanant des OP. Par conséquent, ces lacunes au démarrage des sous-projets laissent peu d’espoir à la réussite de l’appropriation.

Toutefois, des répercussions négatives ont pu être évitées si une adéquate sensibilisation a été réalisée avec les différents acteurs engagés dans la réalisation des sous- projets. La communication est la principale stratégie qui permet aux partenaires extérieurs de connaître et de comprendre le fonctionnement de l’organisation de la société rurale traditionnelle. Ainsi, dès le début de toutes interventions dans des actions de développement, la nécessité d’instaurer un climat de confiance par une communication productive entre les dirigeants des projets, les techniciens, les prestataires et les bénéficiaires conduit sur les voies

92 de l’appropriation. Notons que la communication sociale doit mettre l’accent sur l’empathie, marquée par l’intérêt réel et soutenu vis-à-vis des bénéficiaires pour l’intégration convenable des agents externes dans le milieu social des paysans. Le développement organisationnel n’inclut pas seulement les structures et les procédures mais autant la motivation des bénéficiaires à entreprendre les actions dans lesquelles ils se sont engagés.

Les conditions favorables à l’appropriation se trouvent à l’intérieur de l’organisation des OP où les membres veulent comprendre et participer aux décisions concernant leur développement. Par ailleurs, les conditions défavorables sont perçues comme venant de l’extérieur quand les bailleurs et les agences d’exécution tentent de contraindre les bénéficiaires à se soumettre aux conditions de financement, quelques fois confuses. Dans ces cas, les groupements finissent par percevoir le projet comme un appui gratuit venant de l’extérieur ce qui favorise les regroupements d’opportunité pour accéder seulement aux financements. Cet opportunisme se traduit, pour la plupart, par l’acceptation de changement des sous-projets à financer alors que les conditions de réussite ne sont pas réunies (expériences des OP pour la spéculation, milieu cultural…). Il faut plutôt considérer les expériences et les aspirations des bénéficiaires et éviter d’influencer les OP dans le choix des sous-projets à financer afin que les membres éprouvent du dynamisme dans l’exécution des sous-projets.

A l’égard de la vie associative des groupements, la plupart des membres paraissent indifférents aux événements qui se passent à l’intérieur de leur groupement. Ils n’ont pas pu répondre exactement aux questions concernant, par exemple, à l’adoption des nouveaux membres, suivi des matériels et de la trésorerie…Par ailleurs, les dispositions des statuts relatives à la tenue des AG, les PV et des feuilles de présence au AG n’ont pas été respectées. Il faut reconnaitre que les PS ont également un rôle d’éducateur en plus du suivi de la réalisation des sous-projets. Ainsi, lors des descentes sur terrain, les PS devraient contrôler le respect des dispositions des statuts et rappeler également aux bénéficiaires la nécessité de leurs applications effectives.

4.2 Actions et techniques :

D’après les enquêtes effectuées auprès des paysans bénéficiaires des appuis du PSDR dans la région, à notre avis, les perceptions négatives de certains techniciens prestataires face

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à la population rurale entravent les démarches d’appropriation. Pour certaines OP, les techniciens imposent leurs conditions et ne prennent pas compte de leurs remarques. Ils se sentent rabaisser par certains prestataires quant à leur niveau de compréhension. En général, la majorité des membres des OP a un niveau d’instruction au primaire or les succès des formations et les renforcements de capacité sont intimement liés à la faculté des techniciens à cadrer ces particularités. Selon l’EPM 2010, 68% de la population active de la Région de Bongolava ont un niveau d’instruction au primaire. Nous avons noté lors des entretiens avec certains membres des OP que la plupart n’ont compris qu’une partie des formations octroyées par les prestataires. Toutefois, la réussite des sous-projets est essentiellement fonction de la qualité des encadrements et suivis des PS. Il convient mieux alors de partir des techniques déjà pratiquées par les bénéficiaires, ainsi les actions et les contributions des agents extérieurs devraient être orientées vers l’amélioration de ces pratiques. Par ailleurs, il faut aussi reconnaître que les prises de décision de la population rurale reviennent parfois aux personnes influentes. Des OP ont déjà existé avant l’intervention du PSDR et elles ont continué cette logique traditionnelle de fonctionnement de la société rurale. Dans ces conditions, les intervenants extérieurs ne doivent pas négliger cette évidence pour influencer l’engagement des organisations afin de surmonter la réticence des paysans pour l’adoption des nouvelles techniques.

A l’arrêt du financement du PSDR, les difficultés concernant l’approvisionnement en intrants (semences, engrais…) entravent la continuité des pratiques améliorées, situation qui favorise une mentalité d’assisté chez les paysans. Ils sont encore dépendants des facteurs de production externes et attendent d’autres financements afin de résoudre ces problèmes. La plupart des producteurs sont persuadés que les projets ne doivent pas s’arrêter tant que des problèmes persistent. Les appuis sous forme d’intrants et de matériels de production ont eu leurs effets attendus au niveau de la production pendant la réalisation des sous-projets. Néanmoins, les OP doivent être renforcées avant l’octroi de ces financements et des stratégies de désengagement doivent être mises en place dès la conception des projets afin d’éviter la dépendance des bénéficiaires vis-à-vis de l’extérieur.

4.3 Gestion des ressources financières et matérielles :

De l’entretien avec les membres des OP, ceux qui ont réalisé le sous-projet de baie rose, même si l’appropriation n’est pas parfaite, sont confiants quant à leur avenir financier

94 sans l’intervention du PSDR. Les producteurs des trois autres sous-projets ressentent plutôt une certaine appréhension dans leurs finances même pendant la réalisation de ces spéculations. L’incapacité de tenir une comptabilité simplifiée de la trésorerie et des stocks est un problème commun à tous les OP enquêtées. Il est difficile d’établir une situation financière des OP faute de documents justificatifs fiables. La comptabilité fonctionne plutôt, entre les membres, d’une façon orale. En vue de corriger cette situation, les formations doivent être en rapport avec le niveau d’éducation des producteurs. Certains membres des OP estiment que les PS ne tenaient pas compte de la vitesse de compréhension des initiés pendant les formations. Par la suite, il leur est difficile de produire les rapports demandés parce qu’ils n’ont compris qu’une infime partie de la formation. Ainsi, les prestataires devraient effectuer les évaluations des bénéficiaires avant et après les formations octroyées pour s’assurer qu’elles sont convenables pour mieux adapter les méthodes de formation au contexte socioculturel des producteurs. Par ailleurs, les OP sont tenues d’établir des rapports aux prestataires pour le suivi de leurs activités de production. Les rapports financiers devraient être établis systématiquement et réclamés régulièrement pendant l’exécution des sous-projets. Les prestataires devraient être exigeants quant à la réalisation de ces rapports par les OP encadrés afin d’habituer les bénéficiaires à appliquer avec rigueur les formations reçues en gestion financière.

Après l’intervention du PSDR, des épargnes individuelles ont pu être constatées au niveau de certains membres des OP réalisant le sous-projet baie rose, matérialisées par leur investissement dans des spéculations autres que cette culture. Par contre, la plupart des membres des autres OP enquêtées ne connaissent même pas le fonctionnement du fonds d’épargne faute de sensibilisation. Un des rôles du projet consiste à inciter les OP à constituer ces fonds d’épargne en leur exposant leur intérêt dans le renouvellement des campagnes de culture et de l’extension individuelle du sous-projet. De plus, afin de faciliter l’accès ultérieur des groupements aux microcrédits, le projet doit appuyer les OP dans l’amélioration de leur mode de gestion afin de leur permettre la constitution d’une épargne volontaire des groupements. Notons que, dans la Région de Bongolava, 50.3% des ménages consacrent leurs revenus pour juste couvrir les dépenses et seulement 18.1% dégagent un peu d’épargne 34 .

Par ailleurs, depuis des années, l’insécurité foncière est l’une des principales causes qui freinent les investissements agricoles à Madagascar. Dans notre étude, les charges payées

34 INSTAT – EPM 2010 95 en redevances de métayage et de fermage empêchent les producteurs d’être indépendants et d’intensifier les moyens de production. Malheureusement la mise en œuvre des outils juridiques et des procédures restent inaccessibles pour les paysans.

4.4 Diffusion des acquis :

Un groupement qui s’est approprié les actions de développement initiées par les projets est capable de faire profiter ses expériences au reste de la communauté en leur transmettant les points positifs qui vont permettre à accroitre l’étendue du développement recherché. La diffusion des acquis ne s’improvise pas et toutes les actions de développement devraient être orientées vers cette finalité. Les groupements réalisant la production de baie rose sont parvenus, dans une certaine mesure, à l’appropriation du sous-projet dans le sens où ils sont devenus responsables de leur développement en s’organisant pour être auto-suffisant au maximum. Effectivement, la diffusion des acquis est déterminée par la maîtrise des bénéficiaires des différentes actions et techniques, des gestions organisationnelles et financières des sous- projets. L’échec de l’appropriation par les OP réalisant les sous-projets « maïs » et « riziculture irriguée » nous démontre que les actions des projets de développement rural, pendant l’exécution des sous-projets, devraient orienter les bénéficiaires vers une évolution progressive relative à l’autonomie et l’indépendance des membres.

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Conclusion du chapitre IV

Ce chapitre nous a permis de réaliser que dans la conduite des projets de développement en milieu rural certains aspects méritent d’être révolutionnés. Partant de l’organisation traditionnelle de la société rurale, les agences d’exécution devraient considérer les caractéristiques qui singularisent cette société. L’instauration d’un climat de confiance entre les bénéficiaires et les agents d’exécutions s’avère être le premier édifice de l’appropriation des actions de développement par les producteurs. Le type d’approche à adopter, le niveau d’éducation et les expériences des bénéficiaires, les personnes influentes dans le milieu, les stratégies de désengagements méritent d’être considérés avec plus d’attention afin de réussir l’appropriation des projets de développement par les bénéficiaires.

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Conclusion de la deuxième partie

La partie II du présent mémoire nous a fait reconnaître que l’exécution des actions de développement à travers les OP présente des limites pour les paysans malgaches. Les interventions du PSDR dans la Commune d’Ankadinondry Sakay pour l’appui des sous- projets considérés comme spécifiques à la région ont donné sur des issues plutôt mitigées quant à l’appropriation de ces actions de développement par les bénéficiaires. La filière baie rose, une culture qui fait exception dans la région, continue de s’imposer et de révéler la particularité de la région grâce à l’implication des producteurs dans cette filière. La culture de maïs, la riziculture irriguée et l’aménagement du MPI d’Andohanakivoka n’ont pas eu les effets attendus quant à l’appropriation. Partant de ces déductions, certaines orientations concernant les conduites des actions de développement rural à Madagascar méritent d’être considérées pour les autres projets à venir.

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CONCLUSION GENERALE

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CONCLUSION GENERALE

La pauvreté rurale ne pourra pas disparaître par de simples apports financiers et matériels des bailleurs. D’ailleurs, ces actions ont leurs limites et risquent d’habituer les paysans à l’esprit d’éternels assistés. En considérant l’appropriation des actions de développement par les bénéficiaires, notre analyse a démontré qu’elle se réalise avec la capacité d’entretenir l’entente au sein des groupements, la maîtrise des actions et techniques utilisées, l’utilisation rationnelle des différentes ressources et la capacité de diffusion et d’amélioration des acquis. En d’autres termes, l’appropriation a trait à des aspects sociologiques, culturels et économiques.

Le PSDR a joué un rôle primordial dans l’appui des organisations paysannes dans le but d’améliorer le revenu des paysans afin de réduire la pauvreté dans les zones à vocations rurales. Les interventions du projet dans la Commune Ankadinondry Sakay ont contribué au passage progressif d’une économie de subsistance vers une économie de marché, essentiellement, en ce qui concerne les groupements qui ont réalisé le sous-projet baie rose.

Toutefois, aucun des quatre sous-projets que nous avons étudié n’a atteint un niveau d’appropriation complète. Les actions de développement à travers les organisations paysannes présentent des limites pour les paysans malgaches dans le sens où les stratégies d’intervention ne sont pas toujours adaptées à l’ensemble des critères qui définissent le monde rural à Madagascar. Par conséquent, les stratégies conduites par les projets de développement en rapport avec le milieu rural devraient prévoir l’instauration d’un climat de confiance entre les différents partenaires du projet et les bénéficiaires. Il est nécessaire de bien adapter les stratégies techniques et les méthodes de formation au niveau d’instruction des paysans afin qu’une évolution progressive vers l’autonomie et l’auto-responsabilisation des bénéficiaires puisse conduire à l’appropriation des actions de développement.

Si le présent mémoire nous a permis d’appréhender l’appropriation des sous-projets financés par le PSDR, d’autres études permettant de discerner les influences des autres aspects sur la réussite des actions de développement en milieu rural méritent d’être conduites afin d’engager notre pays sur le chemin du développement durable.

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REFERENCES

BIBLIOGRAPHIQUES

101

I. OUVRAGE :

• BRUNEL Sylvie, « Le Sous-développement », PUF coll. « Que sais-je », 1996. • CHAMBERS R., « Rural development: Putting the last first », Longman, 1984. • DIAO X., HAZELL P., RESNICK D., THURLOW J., « The role of agriculture in Pro-poor growth in Sub-Saharan Africa », IFPRI, Washington DC, 2005. • DUMONT R., « Terres Vivantes », Plon, 1961, p212 et « Evolution des campagnes malgaches », Imprimerie Officielle, Tananarive, 1960, pp 117 à 123. • FAVOREU Louis, GAÏA Patrick, GHEVONTIAN Richard, MESTRE Jean-Louis, PFERSMANN Otto, ROUX André, SCOFFONI Guy, « Droit constitutionnel », 4 éme édition, Dalloz, Décembre 2001. • FERRIER Jean Pierre, « Leçon du territoire, nouvelle géographie de la région Provence Alpes Côte d'Azur », Edisud, 1983. • GENTIL Dominique, « Les pratiques coopératives en milieu rural africain », Ed. l’Harmattan, Paris, 1984. • GILLY J. et TORRE A., « Dynamiques de proximité », Ed. l’ Harmanttan, Paris, 2000. • LECOMPTE Bernard J, « L’aide par projet, limites et alternatives », OCDE, Paris, 1986. • LIPTON M., « Why poor people stay poor? », Temple Smith, London, 1977. • PERROUX François, « Economie et société : contrainte, échange et don », Paris, PUF, 1960

II. ARTICLES :

• ARTICLES DU MONDE DIPLOMATIQUE, Convention du Lomé , 1997 ; • COMMISSION EUROPEENNE, Manuel de gestion du cycle de projet, mars 2001, 49p. • CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL, Communiqué de presse ECOSOC/6011, juillet 2002.

102

• FAOSTAT, Organisation des Nations Unies pour les aliments et l’agriculture, Statistiques agricoles en ligne , 2009. • GUIGOU Jean L., Le développement local : espoirs et freins , revue Correspondance Municipale, n°246, mars 1984 • PNUD, Guide pour la mise en œuvre de l’approche-programme, mai 1997. • MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE, Filière maïs , Fiche n°108. • MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE, Filière riz , Fiche n°114. • WORLD BANK, Pro Poor Growth in the 1990s: Lessons and Insights from 14 Countries , 2005.

III. RAPPORTS : • BANQUE MONDIALE, Marchés agricoles à Madagascar, contraintes et opportunités , Rapport n°66028 du 20/12/2011. • FIDA, Rapport sur la pauvreté rurale 2011 , Rome Italie, février 2011. • WORLD BANK, Agriculture, rural development, and Pro-poor growth, Paper n°21, 2005.

IV. AUTRES SOURCES DE DOCUMENTATION :

• Base de données de la Direction Exécutive Régionale Analamanga du PSDR. • Base de données de la Commune rurale Ankadinondry Sakay. • Cahiers de production des Organisations Paysannes. • Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, 2003 • INSTAT : Enquête Périodique auprès des Ménages, EPM 2010. • INSTAT : Annuaires statistiques agricoles relatifs aux campagnes 2005 à 2008. • Plan Communal de Développement de la Commune rurale d’Ankadinondry Sakay, 2005. • Plan Régional de Développement de la Région de Bongolava, 2004. • Plan d’Action pour le Développement Rural à Madagascar, 1999. • Planning global de mise en œuvre du CTHA, 2003.

103

V. SITES WEB : www.worldbank.org www.agriculture.gov.mg http://faostat.fao.org/ www.primature.gov.mg www.psdr-mg.org tanymeva.org.mg

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ANNEXES

Annexe 1 : Montants des financements de la phase initiale du PSDR

pour les Communes du District de Tsiroanomandidy ...... 106

Annexe 2 : Montants des financements du PSDR pour les sous-projets

réalisés dans la Commune Ankadinondry ...... 107

Annexe 3 : Guide et questionnaire d’enquête ...... 108

Annexe 4 : Carte de localisation de la Commune rurale Ankadinondry Sakay ...... 110

Annexe 5 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant le

sous-projet « baie rose » ...... 111

Annexe 6 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant la culture de maïs .... 114

Annexe 7 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant la riziculture irriguée ...... 118

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Annexe 1 : Montants des financements de la phase initiale du PSDR pour les Communes du District de Tsiroanomandidy

Montant financement phase initiale Commune (Ar) Ankadinondry Sakay 232 859 388,38 15,27% Mahasolo 200 376 367,44 13,14% Tsiroanomandidy Fih 130 438 874,27 8,55% 111 772 990,89 7,33% 111 280 487,43 7,30% Ambatolampy 110 784 693,78 7,27% Maritampona 105 013 442,43 6,89% 98 492 130,44 6,46% 76 734 392,62 5,03% Soanierana 69 563 206,67 4,56% Avaratra 50 407 988,13 3,31% Anosy 43 638 878,03 2,86% Fierenana 42 016 713,76 2,76% Ambalanirana 41 419 146,62 2,72% 41 015 673,64 2,69% Maroharana 31 135 581,50 2,04% Analamiranga Belanitra 14 037 647,06 0,92% Miandrarivo 9 679 250,88 0,63% Tsiroanonamandidy Ren 4 052 485,72 0,27% Total général 1 524 719 339,68 100% Source : base de données de la DER du PSDR Analamanga

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Annexe 2 : Montants des financements du PSDR pour les sous-projets réalisés dans la Commune Ankadinondry

Nombre OP exécutant Montant financement en Ar le sous-projet 1) Riziculture irriguée 72 447 573,04 31,11% 36

2) Culture de maïs 57 060 118,76 24,50% 20 3) Baie rose/poivre rouge 33 309 600,28 14,30% 21 4) Réhabilitation MPI Andohanakivoka 27 010 208,95 11,60% 1

Riziculture pluviale 18 624 805,72 8,00% 6 Réhabilitation MPI Fiadanantsoa 14 934 219,55 6,41% 1 Magasin de stockage/provenderie 3 422 157,40 1,47% 1 Elevage de vache laitière 2 699 361,60 1,16% 1

Atelier de couture 1 982 854,20 0,85% 1 Reproduction de canard de chair 1 368 488,89 0,59% 1

Total 232 859 388,38 100,00% Source : base de données de la DER Analamanga du PSDR

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Annexe 3 : « Guide et questionnaires d’enquête »

Les questions et les informations suivantes nous ont guidées lors des entretiens semis- structurés effectués auprès des membres des OP. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des informations à obtenir mais surtout de questions ouvertes afin de permettre aux membres de s’exprimer librement.

1. Le développement organisationnel :

1.1 La situation du groupement avant l’intervention du PSDR : - Est-ce que votre groupement a déjà existé avant l’intervention du PSDR ? comment êtes-vous ainsi venus au groupement ? Pourquoi ? - Quelles sont les principales activités du groupement avant l’intervention du PSDR ? - Comment êtes-vous organisés pour réaliser les activités ?

1.2 La situation du groupement et des membres au cours et après le projet : - La structure actuelle du groupement : membres de bureau, participation des femmes… - La participation des membres aux réunions, la fréquence de ces réunions ; - L’existence des PV de réunion, participation des membres à la prise de décision ; - Quels sont les problèmes que le bureau a rencontré quant à la mobilisation des membres pour la réalisation des activités ? participation aux réunions ? autres… - Quelles sont vos perspectives compte tenu des vos participations dans la réalisation du projet ? - Est-ce que les règlements intérieurs et les dispositifs du statut sont appliqués.

2. La maîtrise des actions et techniques : - Capacité des membres des groupements à décrire les nouvelles techniques apportées dans les sous-projets ; - Quelles sont les techniques qui ont été acceptées ? pourquoi ? - Est-ce que certaines techniques ont été modifiées lors de leur exécution ? pourquoi ? - Quelles sont les techniques qui ont été rejetées ? pourquoi ? - L’identification des attentes et besoins en formation des membres ; - Réutilisation des acquis des formations et encadrement ;

108

- Que pensez-vous de ces différentes connaissances acquises ;

3. La maîtrise de la gestion des ressources : - En étant membre quels avantages le groupement peut-il vous apporter? - Est-ce que l’objectif principal du projet a changé lors de l’exécution du sous-projet ? - Existence et utilisation effective des documents relatifs à l’administration du groupement ; - Demander à voir les livres de gestion pour vérification des enregistrements et apprécier leurs tenus (enregistrement réguliers de tous les mouvements, vérification des montants et calculs…) ; - Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la gestion ? - Comment le groupement utilise les informations financières ?

4. La diffusion des acquis : - Est-ce que le groupement respecte ses engagements vis-à-vis des partenaires (acheteurs, administration…) ; - Ouverture du groupement sur son environnement (autres groupements, la population locale…) ; - Quelles sont les natures des liens (commerciale, techniques, politique…) que le groupement ont développé envers les partenaires extérieurs ? - Adoption des nouveaux membres ; - Diffusion des techniques de production utilisées au reste de la communauté. Comment ?

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Annexe 4 : Carte de localisation de la Commune rurale Ankadinondry Sakay

Source : FTM

110

Annexe 5 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant le sous-projet « baie rose »

Notation : Nombre 1 : Faible OP Critères 2 : Moyen Localité enquêtée d'appropriation Commentaires et remarques 3 : Bon Ankadinondry 4 groupements informels déjà 2 constitués avant les financements du PSDR pour la culture de baie rose (auparavant 23 membres au total) conditions du PSDR et règlements Développement internes respectés concernant la organisationnel constitution et la gestion administrative du groupe (existence des PV des réunions) deux membres de ces groupements font parties de la plateforme des producteurs de baie rose mais en conflit avec TSABROSE pratiquent la culture biologique à 3 la demande des preneurs (Premium Maîtrise des Spice) actions et producteurs bien rodés dans techniques l'application des techniques : quantité triée en Grade 1 > celle Grade 2 initiateurs de la création du 2 groupement TSABROSE

Maîtrise de la la gestion financière du sous-projet gestion des ne tient pas compte des formations ressources dispensées par le PSDR : des données sont restées introuvables ont accepté l'appui de l'acheteur potentiel vente de jeunes plants de baie rose 3 aux nouveaux producteurs initiateurs des réunions pour Diffusion des persuader les producteurs à se acquis spécialiser à cette filière : date de la deuxième rencontre non encore définie lors de notre intervention

Mahatsinjo 2 membres des groupements étant 2 parmi les plus anciens producteurs Développement de baie rose de la région (anciens organisationnel techniciens agricoles)

réunion selon la disponibilité des membres

111

l'approche genre n'a pas été respectée car pour un total de 27 membres pour les deux groupements dans le Fokontany, seules 5 femmes sont recensées augmentation pertinente de la 2 production : pour 1 pied de baie rose, on a pu obtenir 3 à 4 kg dont Maîtrise des 2 kg en grade 1 actions et utilisation du mode de plantation techniques en pépinière qui a causé la dégénérescence de la première année de récolte documents de suivi de la 1 Maîtrise de la production disponibles mais gestion des difficilement exploitables ressources non maîtrise de la gestion des matériels octroyés par le projet 3 Diffusion des initiation technique effectuée au acquis profit de nouveaux producteurs

Ankadinondrikely 3 influence des techniciens agricoles 1 pour la légalisation des structures des groupements des membres initiaux ont quitté Développement l'OP organisationnel les nouveaux membres sont perçus comme opportunistes par les anciens alors les relations sont parfois tendues entre les membres nette amélioration de la production 3 Maîtrise des de 2009 à 2012 : auparavant 10kg actions et pour la Grade 1 et 35 kg techniques actuellement acceptation des matériels et appuis 2 Maîtrise de la du preneur en contrepartie de son gestion des exclusivité sur la prochaine ressources production 1

Diffusion des aucun signe traduisant la diffusion acquis Andohanakivoka 1 les membres sont tous des femmes 2 Développement toutes les étapes de la production organisationnel sont réalisées uniquement par les membres sans intervention extérieure pour les activités post- récolte activités prévues du début retardées à cause du déblocage du fonds de financement (délai de 6 mois)

112

amélioration évidente du niveau de 3 Maîtrise des vie des membres et de leur famille actions et à cause de l'augmentation de la techniques production : 70% des membres ont leur propre maison utilisation exemplaire des 2 Maîtrise de la techniques de production : gestion des répartition des tâches adéquates ressources documents de suivi de la trésorerie et des stocks non trouvés seuls les membres de ce 1 Diffusion des groupement pratique la culture de acquis baie rose dans ce Fokontany

113

Annexe 6 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant la culture de maïs

Notation : Nombre 1 : Faible OP Critères 2 : Moyen Localité enquêtée d'appropriation Commentaires et remarques 3 : Bon Ankadinondry 3 conditions du PSDR bien suivies 3 pour la création des OP, motivation des membres dans la Développement constitution des dossiers de organisationnel demande de financement règlements internes et disciplines bien appliqués pratique des techniques améliorées 2 et des semences améliorées pendant l'intervention du projet augmentation progressive de la production depuis le financement Maîtrise des actions du PSDR-niveau de vie amélioré et techniques (ex : réhabilitation ou construction servant d'habitation) besoin de formation pour lutter efficacement contre l'envahissement du Striga 5 OP comportant 75 membres au 1 total ont reçu les financements du PSDR pour cette spéculation dans Maîtrise de la ce Fokontany, actuellement à peu gestion des près 20% ont continué avec les ressources techniques améliorées documents de gestion des stocks et trésorerie non trouvés et non plus utilisés après le retrait du PSDR aucun signe particulier traduisant 1 Diffusion des la diffusion des acquis a été acquis constaté dans le Fokontany Andohanakivoka 3 création des OP d'après les 1 informations reçues du Maire de la Commune de Mahasolo Développement concernant les financements du organisationnel PSDR la constitution des OP a été surtout motivée par l'existence des financements Maîtrise des actions insuffisance des encadrements 1 et techniques techniques car PS éloigné

114

tâtonnement dans l'application des techniques améliorées à cause du défaut d'encadrement dans la pratique des formations reçues réclamation des OP au prestataire 1 pour le manque de formation mais sans réponse de sa part Maîtrise de la gestion financière et de trésorerie gestion des non appliquée par tous les ressources groupements presque tous les zébus utilisés pour la production sont vendus pour cause d'insécurité Diffusion des 1 acquis Non appliquée dans le Fokontany Avaratsena 2 création des OP d'après les 3 informations reçues du Maire de la Commune de Mahasolo concernant les financements du PSDR constitution des dossiers de Développement demande de financements appuyée organisationnel par le Maire de Mahasolo réunion périodique convenue par les membres pour discuter des problèmes de production règlements intérieurs et disciplines suivis par les membres technique améliorée bien adoptée 2 par les membres d'où l'amélioration de la production insatisfaction pour les semences Maîtrise des actions ordinaires or difficulté pour et techniques l'approvisionnement des semences améliorées insuffisance des engrais organiques car les zébus se font rares frais de déplacement élevés payés 1 par les membres pour la réception des matériels de production et des intrants Maîtrise de la existence des cahiers de suivi mais gestion des qui n'enregistrent que les entrées ressources de fonds et des stocks

certains membres n'ont pas pu bénéficier des formations et encadrement à cause de l'indisponibilité du prestataire les formations reçues sont 3 Diffusion des transmises et enseignées aux autres acquis membres ainsi qu'au reste de la population du village qui sont

115

convaincus de leur efficacité

Fanjakamandroso 2 on n'a pas pu rencontrer des autres 1 membres car il y avait des conflits dans la distribution des matériels Développement de production et certains ont quitté organisationnel l'association influence des chefs coutumiers dans les réunions qui se font à l'endroit public du village les techniques améliorées ont été 3 bien adoptées par les producteurs et toujours appliquées jusqu'à aujourd'hui Maîtrise des actions ceux qui ont quitté les OP et techniques appliquent toujours les méthodes traditionnelles mais essaient en même temps d'imiter les nouvelles techniques absence des documents de suivi de 2 trésorerie mais plutôt une Maîtrise de la comptabilité orale gestion des les formations reçues ont été ressources adaptées au besoin des membres en ce qui concerne les techniques de production après l'intervention du PSDR, le 2 reste de la population est convaincue de l'avantage apporté Diffusion des par la technique de production acquis améliorée, ils ont essayé d'imiter l'application de cette technique faute de diffusion par ceux qui en ont bénéficiées Ambohimahasoa 1 on a rencontré seulement des 1 femmes pour notre entretien les femmes n'osent pas toujours donner leur avis en public et les Développement hommes ou leurs maris répondent organisationnel à leur place leur participation dans l'organisation des OP réside dans les votes techniques bien adoptées et 3 application bien rôdée Maîtrise des actions respect des exigences de la et techniques technique améliorée (période de sarclage, engrais à utiliser…) capacité des membres à la prise en 2 Maîtrise de la charge individuelle de la gestion des production après l'intervention du ressources PSDR : tous les membres continuent la production initiée et

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les récoltes ont déjà trouvé preneurs

pas de gestion de trésorerie et de stock effective pour le groupement, les documents sont tenus par le président la diffusion de la technique de 3 production a été constatée car Diffusion des presque les habitants du village acquis l'appliquent même sur les petites parcelles de terres qu'ils possèdent

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Annexe 7 : Résultats des enquêtes effectuées auprès des OP réalisant la riziculture irriguée

Notation : Nombre 1 : Faible OP Critères 2 : Moyen Localité enquêtée d'appropriation Commentaires et remarques 3 : Bon Ankadinondry 2 groupements existant depuis le 3 projet de développement de la filière riz de la Région de Bongolava Développement cohésion du groupe marquée par organisationnel l'application strict des règlements intérieurs maintien du paiement des cotisations même lors de l'intervention du PSDR application des techniques de 1 culture améliorée seulement pendant 2 ans, ensuite retour à l'utilisation des techniques Maîtrise des actions traditionnelles et techniques problème de la maîtrise de l'eau non résolue totalement alors certains des membres ne sont plus motivés à continuer n'a pas pu donner des précisions 1 sur les ressources utilisées lors de Maîtrise de la l'exécution du projet gestion des les membres ont continué la ressources riziculture d'une façon individuelle, l'évaluation de la quantité produite est improbable Diffusion des 1 acquis non appliqué 2 ces groupements sont parmi ceux 1 qui étaient obligés de se fusionner avec d'autres groupements pour la culture de contre saison Mahatsinjo le premier choix des groupements Développement est la culture de maïs mais organisationnel remplacé par la riziculture irriguée par le PSDR certains membres ont quitté les groupements et les nouveaux venus sont vus, par les anciens, comme des opportunistes

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les formations reçues n'étaient pas Maîtrise des actions appliquées par les groupements car 1 et techniques jugées trop théoriques tous les matériels de production 1 remis dans le cadre du projet ne sont plus utilisables (mauvais état, Maîtrise de la non adaptée à la terre…) gestion des importance non accordée aux ressources gestions de trésorerie et de stock initiées par les prestataires car considérées trop compliquées par les paysans membres Diffusion des 1 acquis non appliquée Soanierana 2 groupements existants depuis le 1 projet de développement de la filière riz de la Région de Développement Bongolava organisationnel l'assiduité des membres est peu convaincante parce que certains d'entre eux ne se connaissent même pas adoption des techniques 2 améliorées initiées par le projet Maîtrise des actions l'exploitation collective pour et techniques certains des membres a entrainé des différends lors de la récolte les riziculteurs étaient convaincus 1 de l'efficacité des techniques améliorées mais ils requièrent encore des encadrements le retard du déblocage des Maîtrise de la financements a entrainé gestion des l'utilisation de ces fonds à d'autres ressources fins plus personnelles car les producteurs devaient respecter les calendriers de culture et ainsi avancer les fonds qu'ils ont à leur disposition. Diffusion des 1 acquis non appliquée Ambohimahasoa 2 ces groupements sont parmi ceux 1 qui étaient obligés de se fusionner avec d'autres groupements pour la culture de contre saison Développement

organisationnel ces groupements avaient des problèmes relationnels avec les prestataires qui ont octroyé les formations

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les formations reçues n'étaient pas 1 Maîtrise des actions appliquées par les groupements car et techniques jugés trop compliquées les membres ont décidé de vendre 1 les matériels de production à la fin Maîtrise de la du projet et ont distribué l'argent gestion des aucun document qui transcrit les ressources suivis de trésorerie et de stock n'a pas pu vérifier auprès des groupements enquêtés Diffusion des 1 acquis non appliquée Antsahatanteraka 1 le retard du déblocage des 1 financements a causé le Développement désistement de certains des organisationnel membres qui étaient par la suite remplacés par des personnes qui ne sont pas de vrais paysans adoption des techniques 2 améliorées initiées par le projet Maîtrise des actions problème foncier qui a freiné et techniques l'amélioration de la production l'encadrement sur terrain est 1 insuffisant lors de l'application des nouvelles techniques alors les Maîtrise de la membres se sont sentis négligés gestion des gestion de trésorerie et de stock ressources inexistant Diffusion des 1 acquis non appliquée

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL ...... 4

CHAPITRE 1 : LES CONCEPTS D’APPROPRIATION ET DE DEVELOPPEMENT LOCAL ...... 6

1.1 Notions sur les programmes et projets de développement ...... 6 1.1.1 Politique et programme de développement ...... 6

1.1.2 Projet de développement ...... 7

1.1.3 Contexte général des projets de développement ruraux à Madagascar ...... 7

1.2 Appropriation des projets de développement ...... 12 1.2.1 Précisions concernant l’appropriation ...... 12

1.2.2 Les conditions essentielles pour une véritable appropriation ...... 14

a) Entretenir le sentiment d’appartenance ...... 14

b) Ajuster les projets au besoin de la population ...... 15

c) Maintenir un dialogue productif ...... 16

1.3 Concept de développement local ...... 16 1.3.1 Définition ...... 16

a) Notion de « territoire » ...... 17

b) Ouverture du local vers l’extérieur ...... 18

c) Participation de la population locale ...... 18

1.3.2 Dimensions du développement local ...... 18

a) Dimension économique… ...... 19

b) Dimension sociale… ...... 19

c) Dimension culturelle… ...... 19

d) Dimension écologique… ...... 20

1.4 Développement local et rural par l’appropriation des projets ...... 20 1.4.1 Développement local des pays sous-développés ...... 21

a) La politique de décentralisation… ...... 21

b) Le processus participatif… ...... 22

1.4.2 Problèmes agricoles des pays sous-développés : cas de Madagascar ...... 22

a) La faiblesse de la productivité… ...... 23

b) La négligence à l’égard des marchés agricoles… ...... 23

c) L’instabilité des institutions et la mauvaise gouvernance… ...... 24

1.4.3 Appropriation des projets de développement rural ...... 24

a) Les projets de développement rural… ...... 25

b) Appropriation et développement rural … ...... 26

CHAPITRE 2 : LES CRITERES D’APPRECIATION DE L’APPROPRIATION ...... 28

2.1 Développement organisationnel ...... 28 2.1.1 Organisation traditionnelle du monde rural ...... 28

2.1.2 Regroupement coopératif rural ...... 28

2.2 Maîtrise des actions et techniques...... 30 2.3 Maîtrise de la gestion des ressources ...... 30 2.3.1 Les ressources humaines ...... 31

2.3.2 Les ressources financières ...... 31

2.3.3 Les ressources matérielles ...... 32

2.4 Diffusion des acquis ...... 32

CHAPITRE 3 : L’APPROCHE DU PROJET DE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT RURAL - PSDR ...... 34

3.1 Contexte ...... 34 3.2 Objectifs du projet ...... 34 3.3 Structure d’exécution du projet ...... 35 3.4 Composantes du projet ...... 37 3.5 Description de l’approche du PSDR ...... 39

3.5.1 Les organisations paysannes ...... 39

3.5.2 Les partenaires stratégiques ...... 39

PARTIE II : ETUDE DE CAS : COMMUNE RURALE ANKADINONDRY ...... 42

METHODOLOGIE ...... 44

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ANKADINONDRY SAKAY . 47

1.1 Ankadinondry Sakay et son histoire ...... 47 1.2 Situation géographique ...... 48 1.3 Données démographiques 1.4 Situation économique ...... 48 1.4.1 Le secteur agricole ...... 48

1.4.2 Les secteurs élevage et pêche ...... 50

1.4.3 Commerce, transformation et tourisme ...... 50

1.5 Situation sociale au niveau de la Commune ...... 51 1.5.1 Santé ...... 51

1.5.2 Education ...... 51

1.5.3 Sports et loisirs ...... 52

1.6 Les contraintes au développement de la Commune ...... 52 1.6.1 Les contraintes liées à la production ...... 52

1.6.2 Les problèmes fonciers ...... 52

1.6.3 Les contraintes liées à la commercialisation des produits agricoles ...... 52

1.6.4 Les problèmes de sécurité ...... 53

CHAPITRE 2 : DERCRIPTION DES SOUS-PROJETS OBJET DE L’ANALYSE ...... 55

2.1 La production de baie rose ...... 55 2.1.1 Situation avant l’appui du PSDR ...... 55

2.1.2 Objectifs et coûts de financement du sous-projet ...... 56

2.1.3 Stratégies de mise en œuvre ...... 56

a) Les stratégies de production… ...... 57

b) Les stratégies pour la commercialisation … ...... 57

2.1.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet ...... 58

2.1.5 Résultats prévus et réalisation ...... 59

2.2 La culture de maïs ...... 60 2.2.1 Situation avant l’appui du PSDR ...... 60

2.2.2 Objectifs et coûts de financement du sous-projet ...... 62

2.2.3 Stratégies de mise en œuvre ...... 63

2.2.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet ...... 64

2.2.5 Résultats prévus et réalisation ...... 65

2.3 La riziculture irriguée ...... 67 2.3.1 Situation avant l’appui du PSDR ...... 67

2.3.2 Objectifs et coûts de financement du sous-projet ...... 69

2.3.3 Stratégies de mise en œuvre ...... 69

2.3.4 Déroulement de l’exécution du sous-projet ...... 70

2.3.5 Résultats prévus et réalisation ...... 72

2.4 L’aménagement du MPI Andohanakivoka ...... 74

CHAPITRE 3 : ANALYSE DES ASPECTS DE L’APPROPRIATION DES APPUIS DU PSDR ...... 77

3.1 Analyse des aspects de l’appropriation pour le sous-projet « baie rose » ...... 77 3.1.1 Aspects organisationnels ...... 77

3.1.2 Maîtrise des actions et techniques ...... 78

3.1.3 Maîtrise de la gestion des ressources ...... 79

a) Utilisation des formations reçues et des ressources humaines… ...... 79

b) Gestion des ressources financières et matérielles … ...... 80

3.1.4 Diffusion des acquis ...... 80

3.1.5 Entretien semi-structuré des OP réalisant le sous-projet « baie rose » ...... 81

3.2 Analyse des aspects de l’appropriation pour le sous-projet « culture de maïs » ...... 82 3.2.1 Aspects organisationnels ...... 82

3.2.2 Maîtrise des actions et techniques ...... 83

3.2.3 Maîtrise de la gestion des ressources ...... 83

3.2.4 Diffusion des acquis ...... 84

3.2.5 Entretien semi-structuré des OP réalisant le sous-projet « culture de maïs » ..... 85

3.3 Analyse des aspects de l’appropriation pour la riziculture irriguée ...... 85 3.3.1 Aspects organisationnels ...... 85

3.3.2 Maîtrise des actions et techniques ...... 86

3.3.3 Maîtrise de la gestion des ressources ...... 87

a) Ressources humaines… ...... 87

b) Ressources financières … ...... 87

c) Ressources matérielles … ...... 88

3.3.4 Diffusion des acquis ...... 88

3.3.5 Entretien semi-structuré des OP réalisant le sous-projet « riziculture irriguée » 88

3.4 Analyse des aspects de l’appropriation pour la réhabilitation du MPI ...... 89 3.5 Comparaison de l’appropriation des quatre sous-projets étudiés ...... 89

CHAPITRE 4 : RECOMMANDATIONS RELATIVES A L’APPROPRIATION DES SOUS-PROJETS ...... 92

4.1 Aspects organisationnels ...... 92 4.2 Actions et techniques ...... 93 4.3 Gestion des ressources financières et matérielles ...... 94 4.4 Diffusion des acquis ...... 96

CONCLUSION GENERALE ...... 99

Références bibliographiques ...... 101

Annexes ...... 105