Opéra Magazine May 2010 RENCONTRES
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Opéra Magazine May 2010 RENCONTRES Né à Reggio di Calabria en 1974. Complète ses études à l’Académie pour jeunes chanteurs de la Scala de Milan et travaille avec Alfredo FUNKHOUSERARTISTS Kraus. Débuts professionnels en 1998, dans le rôle-titre de Dom Sébastien, roi de Portugal de Donizetti, à Bologne. Débuts au Festival Rossini de Pesaro dans Tancredi (1999), au Covent Garden de Londres dans La traviata (2000), au Metropolitan Opera de New York dans Lucia di Lammermoor (2005). Première apparition scénique à Paris : Ruggero dans La rondine au Châtelet (2005). A notamment enregistré Dom Sébastien, roi de Portugal en CD (Opera Rara), ainsi que Moïse et Pharaon de Rossini (TDK) GIUSEPPE et Medea de Cherubini (Kicco Classics) en DVD. FILIANOTI HOFFMANN À LA BASTILLE Après Nemorino dans L’elisir d’amore en début de saison, le ténor italien revient à l’Opéra National de Paris à partir du 7 mai, pour la reprise des Contes d’Hoffmann. Quand avez-vous abordé le tiste, comme moi, et nous sommes dramaturgie est relativement sim- travailler beaucoup et regarder rôle d’Hoffmann ? tous des rêveurs, hésitant entre la ple ; dans Les Contes d’Hoffmann, à l’intérieur de toi. En scène, tu À Hambourg, en 2007, dans une réalité et une autre vie. May 2010le ténor doit rassembler toutes les seras seul, tu te sentiras nu et tu mise en scène de Christine Mielitz. parties de l’ouvrage. Pour y réus- devras apprendre à ne pas céder Une production très moderne que À votre répertoire, vous avez sir complètement, il faudrait avoir aux pressions qui ont détruit de j’ai beaucoup appréciée, même également Werther, un autre plusieurs voix : l’une dramatique et nombreuses carrières. » Le mé- si elle est épuisante pour le ténor, poète... aiguë, l’autre lyrique et plus grave ! tier, aujourd’hui, est contaminé toujours présent sur le plateau. J’ai Werther est un romantique et, En ce qui me concerne, j’aime res- par le business. J’y résiste ! Je sais trouvé là une véritable vision des chez lui aussi, on peut discerner ter dans le centre de ma tessiture, que je suis né pour chanter, que je personnages. des traces de folie. Le parallèle raison pour laquelle le répertoire n’aurais pas pu exercer un autre avec Hoffmann est intéressant. En français est l’un de mes favoris. métier. Mais, dès que je suis sorti Pourquoi êtes-vous attaché à face d’un artiste, on trouve tou- de scène, j’enlève mon masque, je cet ouvrage ? jours un miroir ; s’il s’y regarde Connaissez-vous la mise redeviens un homme comme les Parce qu’il déploie des perspec- trop, cela devient du narcissisme. en scène de Robert Carsen, autres, avec une femme et un fi ls. tives infi nies. Tout tourne autour Pour Werther, Charlotte ne re- proposée à l’Opéra Bastille ? de deux pôles : l’amour et la créa- présente pas le véritable amour, Je l’ai vue en vidéo, Carsen sou- Vous avez beaucoup chanté tion. À la fi n, Hoffmann choisit simplement l’idée qu’il s’en fait. haitant réaliser un fi lm des Contes Mozart et le bel canto. l’art, mais sa pensée poétique s’est Même chose pour Hoffmann, d’Hoffmann pour la télévision Continuerez-vous ? nourrie de ses souffrances. C’est avec ses trois évocations fémini- française, avec un ténor différent Absolument. Mozart est une disci- un opéra nimbé de tristesse, dont nes. Le premier choisit le suicide, pour chaque acte. Il me veut pour pline merveilleuse, essentielle pour les héroïnes ne sont pas toujours le second s’isole pour écrire. À celui d’Antonia ; par chance, c’est le soutien du souffl e et la beauté épargnées : Olympia, la poupée Hambourg, Christine Mielitz le tableau qui me touche le plus, du son, pour l’expression aussi. sans âme ; Antonia, la cantatrice faisait mourir Hoffmann à la fi n, celui où le protagoniste est le plus Edgardo ou Nemorino, quant à qui ne veut pas renoncer au chant ; pour que sa trajectoire rejoigne vrai. eux, vous permettent de vous exté- Giulietta, la courtisane pour qui celle d’Offenbach, qui n’avait pas rioriser davantage. Pour l’instant, l’amour n’est qu’érotisme... Et, au achevé ses Contes. À vos débuts, vous avez je ne souhaite pas trop élargir mon milieu, ce pauvre écrivain, dont travaillé avec Alfredo Kraus ; répertoire ; je pense à Des Grieux, on se demande s’il n’est pas un Quelles sont les diffi cultés avez-vous quelquefois parlé à Roméo, et je garde Peter Grimes peu fou ! du rôle ? d’Hoffmann ? pour mes 50 ans ! J’ai débuté à Choisir entre théâtre et musique. Pas vraiment. J’étais très jeune 24, j’en ai 35 aujourd’hui, j’ai Le voyez-vous solitaire et Si vous vous donnez physiquement quand je l’ai rencontré, il m’a conscience que ma voix devient rêveur ? à 80 %, il ne vous restera que 20 % seulement prédit que je chante- plus sombre et plus grave, mais je Hoffmann, même lorsqu’il est avec pour le chant. Et les metteurs en rais Hoffmann un jour. Il m’a dit veux éviter qu’elle perde sa fl exi- ses compagnons, est seul, avec en scène exigent souvent des choses aussi : « Ta voix est un cadeau. Elle bilité... lui tout un jeu d’images qui lui sert diffi ciles... Nous ne sommes ni dans changera, ton corps, tes muscles Propos recueillis par à construire son récit. C’est un ar- La traviata, ni dans Rigoletto, dont la changeront, tu vieilliras. Tu dois Michel Parouty MAGAZINE N°51 - OPÉRA 23 Reprinted with Permission 220-24-rencontres.indd0-24-rencontres.indd Sec4:23Sec4:23 226/04/106/04/10 115:13:175:13:17.