Etre architecte Hommage à André Wogenscky

Photo : JM Besacier 14 avril - 25 juin 2005

Etre architecte, d’abord c’est voir. exposition, propose une lecture origi- La place donnée par l’architecte à la forme (...) L’ nale de l’œuvre d’André Wogenscky : de l’œuvre après son achèvement est plus loin d’être exhaustive, elle s’intéresse à la forte que le plaisir qui accompagne la C’est être pénétré par la vision d’une démarche de l’architecte, au sens qu’il phase d’élaboration du projet : le rôle du étendue qui nous enveloppe, nous les donnait à sa mission, “être architecte”, dessin n’est pas de communiquer des hommes, qui nous baigne, qui est faite elle présente quelques exemples de sa émotions ou des interprétations mais de de matière mais surtout d’énergie, de collaboration avec et des élé- fonctionner, de servir le but ultime de la champs, de flux actifs dans lesquels ments de ses projets majeurs dont il est construction : c’est précisément là sa nous somme plongés. l’auteur à part entière. force expressive, sa beauté cachée. C’est voir que ce milieu est actif, qu’il agit sur nous de mille actions, La clé de lecture de l’œuvre architecturale Pierre Lagard, qui a été son associé à partir sur notre santé, sur nos activités et et théorique d’André Wogenscky est l’or- de 1971, insiste sur le choix des modes sur notre pensée, d’homme social ganisation des formes architecturales de représentation et d’interprétation des et d’homme seul. autour de la vie humaine qu’il conduit bien projets les plus employés dans l’atelier au-delà de la seule notion de “bien être” Wogenscky : “(...) C’est un aspect très (...) en plaçant l’usager dans une condition intéressant de la façon de travailler de L’architecte vit l’état esthétique de la psychologique dynamique et positive Wogenscky, il se méfie de tous les moyens pensée qui voit les lignes, les unions (“Architecture Active”). Cette exposition de représenter le futur édifice : pour lui, possibles, les champs d’énergie et qui pourra contribuer à mieux comprendre son l’architecte doit “voir” son bâtiment gran- de formes séparées, indépendantes, travail de réflexion sur les formes archi- deur nature, dans la vie, avec des gens à désordonnées et compliquées, fait des tecturales fondé sur les “véritables rai- l’intérieur, avec des arbres à leur vraie formes unies, dépendantes, organi- sons profondes humaines et universelles”. taille ; (...) lorsqu’il conçoit un projet, au plus fort moment de concentration, sées, simplifiées et crée une forme : Cette démarche caractéristique de tous Wogenscky a besoin d’un dessin au fond la forme active. les projets de Wogenscky - de la ville jus- le plus abstrait possible : il ne faut pas que L’état où la pensée ne cherche plus. qu’à l’équipement intérieur - a conduit à le dessin “mange” l’architecture, que la Elle trouve. privilégier certaines typologies (institu- qualité de la représentation prenne le pas (...) tions publiques, universités, hôpitaux, lieux sur ce que sera le bâtiment. Je pense qu’il Alors l’architecte dessine de culture, habitations collectives et indivi- s’est toujours méfié du “joli dessin”, pour Sur une feuille blanche, il trace duelles) qui faute d’être présentées de éviter d’avoir une vision figée, qui ne tra- manière systématique (de la première duise qu’un seul angle de vue.” des signes. esquisse jusqu’au plan d’exécution) en De ces signes naîtra une forme bâtie, illustrent les grands principes. Une chose crée. Une forme active. Les œuvres présentées sont principale- Parcours Une forme agissant sur le hommes, ment des dessins au trait et des croquis Déployée sur les quatre espaces dispo- qui va les pétrir, les transformer, (signés de Wogenscky ou de Le Corbusier nibles de la Maison La Roche (hall d’en- les manier. avec Wogenscky), qui illustrent de manière trée, salle à manger, galerie, bibliothèque), L’architecte suractive la forme. évidente le processus de création ; il peut l’exposition propose au visiteur de suivre Il dessine un signe qui déclenche s’agir de dessins préparatoires ou de des- la “promenade architecturale” imaginée des énergies. sins définitifs. Ils ont été sélectionnés selon par Le Corbusier et Pierre Jeanneret dans le programme du bâtiment. (...) deux critères : dessins inconnus ou inédits ; dessins qui mettent en évidence que le Au fond, être architecte n’est qu’un dessin pour Wogenscky est plus l’instru- instant exceptionnel, l’instant où se ment d’une démarche qu’un objet esthé- rencontrent dans une même pensée tique. un créateur et une créature. On constate qu’il a le souci permanent de soumettre les dimensions aux règles du (André Wogenscky, “Etre architecte” Modulor afin de ne jamais perdre le rapport document inédit - 1969) à la mesure de l’homme.

Exposition réalisée avec le concours de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et de l’École d’Architecture de Nancy Commissariat : Paola Misino, Nicoletta Trasi Éveux- Eugène Claudius-Petit, alors maire de de Berlin et il m’a demandé de m’occuper sur-Arbresle, Firminy confie à Wogenscky le projet d’une des plans et de l’exécution de ce projet. Je (1953-1960) seconde Unité, à élever en face de la pre- devais aller souvent à Berlin et j’ai engagé Couvent Sainte- mière, qui ne sera jamais réalisée ; la pis- un jeune architecte qui savait bien l’alle- Marie de-la- cine couverte, en revanche, sera construite mand qui m’a beaucoup aidé et qui venait Tourette en 1968 selon un projet totalement personnel avec moi faire l’interprète. Ca a été difficile Le Corbusier, de Wogenscky : elle s’intègre dans le com- parce que le maire de Berlin était encore A.Wogenscky, plexe sportif et culturel dessiné par Le au début de sa carrière politique et c’est I. Xénakis, Corbusier en 1955. “(...) J’ai cherché à faire lui qui avait voulu que Le Corbusier fasse F. Gardien un projet très modeste et silencieux à côté cette Unité d’Habitation ; il avait malheu- 1 - Plan de l’aile est, de ceux de Le Corbusier.” (1) reusement confié le chantier à un promo- 19 mai 1957 “(...) J’ai vu des architectes qui ont tra- teur, qui, comme tous les promoteurs, ne (FLC 1111) vaillé sur Le Corbusier et qui ont essayé de s’intéressait pas du tout à l’architecture, 2 - Croquis AW des l’imiter, de produire quasiment un plagiat mais aux bénéfices. Alors il y eut un conflit bancs en bois de de Le Corbusier. Comme cela arrive pour entre l’architecte et le promoteur (...) l’église, 20 février les produits industriels, on risque la parce que celui-ci a donné des ordres à 1957 (FLC 31751) contrefaçon. C’est presque pareil : on l’entreprise, qu’il décidait du prix du trans- change quelques petites choses afin qu’on port, etc., et on a dû beaucoup batailler. Le “(...) En 1956 j’ai fait mon atelier personnel ne puisse pas parler vraiment de copie. Corbusier était très timide. C’est drôle : cet et je continuais à travailler avec Le Mais l’imitation est une dégradation. (...) Il homme de génie, célèbre dans le monde Corbusier : je l’ai aidé à terminer aussi le m’est difficile de dire dans quelle mesure j’ai entier, était très timide, il n’aimait pas Couvent de la Tourette.” (1) André Wogenscy échappé à ce problème, mais je peux affir- beaucoup discuter ; et il a timidement réalisa une partie des plans d’exécution mer que, quand j’ai travaillé sur mes projets, accepté des changements que j’estimais dans son nouvel atelier du boulevard j’ai toujours refoulé toutes ces influences qu’il n’aurait pas dû accepter ; je me Flandrin, il suivit surtout la phase finale du dans mon inconscient et puis je me suis dit : retrouvais alors dans une position un petit projet, et géra les questions techniques et “Bon, maintenant c’est moi, pas Le Corbusier. peu difficile !” (1) économiques, comme en témoigne la cor- Je dois le faire, maintenant je travaille.” (1) respondance entre lui, Xenakis et Le Recherche sur les Unités d’habitation Corbusier en 1956 : “(...) Si le projet actuel (1945) n’est “pas cher”, il fallait dire plus tôt aux Le Corbusier, A. Wogenscky Pères qu’il ne s’agissait pas de 170 mais de 5 - Croquis d’étude de A.W. (FLC 20549) 230 à 240 millions. (...) J’ai donné moi- 6 - Croquis d’étude de A.W. (FLC 20539) même aux Pères une assurance si catégo- rique que je refuse quant à moi d’aller leur “(...) Dans la lumière, dans l’air, avec les dire maintenant qu’il faut 238 millions pour plantes et les êtres vivants, la maison n’est réaliser le projet. Notre attitude envers les pas unique. Il en faut d’autres pour hommes qui nous font confiance doit res- d’autres hommes et femmes et enfants, ter si droite, aussi rigoureuse et aussi belle beaucoup d’autres. Et la main qui dessine, que l’architecture que nous voulons leur la main conduite par la tête qui pense, se faire. (...) Je fais un effort colossal pour lance dans le dessin d’enveloppes succes- diminuer vos frais d’étude. Je reste per- sives qui s’intègrent les unes les autres et suadé qu’on travaille trop lentement dans Berlin-Charlottenburg, Allemagne (1957) qui tracent sur le sol et dans l’espace votre équipe et sans s’occuper suffisam- Unité d’habitation l’image de la société, les unités sociolo- ment en cours d’étude du prix de la Le Corbusier, A. Wogenscky giques, chacune enveloppe de celles construction. (...) Et je me souviens que le 4 - Façade est, 26 octobre 1956 (FLC 23813) qu’elle contient, organisation des hommes premier jour où je vous accompagnais sur la terre, image pensée et concrétisée pour voir le terrain de la Tourette, j’ai eu “(...) Il y a eu une chose qui m’a aidé aussi de la société elle-même. La main de Le une vision très précise du couvent que à ce moment là sur le plan financier : c’est Corbusier dessine le logis familial intégré j’aurais aimé, plus dépouillé, plus pauvre, que Le Corbusier a eu la commande de l’Unité dans l’Unité d’Habitation (...).” (2) plus pur que ne l’est le projet actuel.” (3)

Le Modulor Le Corbusier - Éditions de l’Architecture d’Aujourd’hui “Pour André Wogenscky qui eut sa part dans ce travail avec ma fidèle amitié et ma grande estime Le Corbusier” Cet exemplaire original fut offert par Le Corbusier à Wogenscky, il témoigne du rôle important qu’André Wogenscky joua dans la recherche sur le Modulor. “(...) Le Corbusier réunit une petite équipe chargée de le seconder dans l’étude de cette grille. J’ai eu la chance d’en faire partie, avec Aujame, Hanning, de Looze, Soltan. Il consulte Mademoiselle Maillart, conservatrice du Musée de Cluny à Paris, et grande spécialiste des tracés régulateurs.” (2) Firminy, France (1963-1969) Piscine Municipale Les mains de Le Corbusier A. Wogenscky André Wogenscky - Éditions de Grenelle - Perspective intérieure de la piscine, 3 “Une main 20 juillet 1969 (DAF/IFA) Ce même jour, quand Le Corbusier lui dit “Bonjour” et lui tendit la main, le petit étudiant timide mit sa main dans celle de Le Corbusier : sa main toute enveloppée par une grande main. “(...) En 1965 quand Le Corbusier est mort, Les mains ont-elles une mémoire ? j’ai terminé le toit de l’Unité de Firminy, le En écrivant ce texte aujourd’hui, il garde encore dans la main le souvenir de celle qu’il avait serrée.” stade, et puis j’ai construit à sa place la piscine de cette ville.” (1) Le Corbusier et l’atelier Wogenscky sur , France (1945-1947) cette affaire. “(...) Dès la réponse de Costa, Cité Radieuse - La Madrague Michel terminera le plan du rez-de-chaus- Le Corbusier, A. Wogenscky sée avec les services communs et celui du 10 - Croquis de A.W. : perspective de sous-sol. Le bâtiment principal ne change l’ensemble (FLC 26510) pas. Je vous rappelle très solennellement que Costa prétend qu’il y a quatre ans que Quatre emplacements successifs ont été cette affaire est en cours et il est persuadé envisagés pour l’Unité d’habitation de que nous nous en foutons parfaitement. Il Marseille. Initialement les architectes vous faudra réagir très vertement et avaient pensé à un terrain à La Madrague, prendre les dispositions pour ouvrir le au nord de Marseille : une superficie de Briey-en-Forêt, France (1956-1963) chantier le plus vite possible, étant bien 2,6 hectares où ils auraient implanté trois Unité d’habitation entendu que tous les devis seront engagés unités d’une capacité de trois cent cin- Le Corbusier, A. Wogenscky à forfait afin d’éviter les aventures. Je quante-huit appartements. Le programme 7 - Croquis avec notes de AW et de LC sur la compte sur vous. Amicalement. Le prévoyait aussi des écoles, des garages, coupe, 29 décembre 1955 (DAF/IFA) Corbusier.” (5) Sur la photo de 1954 on peut des terrains de jeux aux pieds des pilotis, voir le représentant de l’ambassade du une rue commerçante à mi-hauteur et un “(...) En 1956 j’ai créé mon atelier mais je Brésil, Le Corbusier et Wogenscky le jour service de santé au dernier niveau. continuais à travailler avec Le Corbusier : de la signature du contrat. Ensuite ce terrain fut abandonné notamment je l’ai aidé à terminer le couvent de la pour des problèmes d’accès, et le choix Tourette, et j’ai aussi participé au chantier s’arrêta sur le terrain situé boulevard de l’Unité d’habitation de Briey.” (1) Michelet. (6) “(...) Plus que tout autre architecte contemporain, il base son architecture sur Marseille, France une vision sociologique. Il regarde. Il voit (1945-1952) la société structurée comme un organisme : Cité Radieuse - Unité d’ha- des formes englobantes et englobées, bitation intégrées les unes dans les autres : indivi- Le Corbusier, A. Wogenscky, dus, familles, groupes sociaux de plus en V. Bodiansky ingénieur, plus grands. Il pressent intuitivement les ATBAT étude et exécution liens puissants qui intègrent ces formes 11 - Étude de A.W. du type B, sociales dans une unité organique. Il pres- 5 avril 1956 (FLC 26781) sent aussi l’interaction qui existe entre structure sociale et structure architectu- “(...) un jour il me téléphone rale. Il pense et dessine un urbanisme et et il me dit : “Wogenscky, il une architecture qui découlent des struc- faut venir me voir d’urgence” tures sociales et qui réagissent sur elles et j’arrivais pour le voir et on pour renforcer leurs structuration : une était en train d’étudier l’Unité d’habitation organisation qui crée un organisme vivant. de Marseille, et L.C. le grand L.C. qui était L’idée-force fondamentale de l’Unité d’ha- déjà célèbre dans le monde entier, il me dit : bitation c’est d’isoler la famille dans le “Ah, Wogens-cky, est-ce que les gens logis et de la protéger contre toute promis- Saint-Dié, France (1946-1950) seront heureux dans l’Unité d’habitation ?” cuité. Ne pas voir et ne pas entendre les Usine Claude et Duval J’y pense encore avec émotion, parce que voisins donc savoir qu’ils ne nous voient Le Corbusier, A. Wogenscky, ATBAT j’ai senti un homme, qui pour moi était pas et ne nous entendent pas. Concilier et M. Boillat immense, et moi petit jeune homme, je me cet isolement avec le rattachement néces- 9 - Croquis signé par A.W. pour la plantation, suis senti l’obligation de le rassurer, de lui saire à la collectivité. Refuser le conflit 15 janvier 1952 (FLC 9795) remonter le moral ! Et je n’avais qu’une individu-société. Proposer une architecture ambition : l’aider le plus possible à faire son qui concilie vie individuelle, vie familiale, Wogenscky travaille beaucoup avec Le architecture.” (1) et vie sociale.” (2) Corbusier sur le projet de la manufacture de Saint-Dié, y intégrant tous les éléments “30 décembre 1950. Cher Corbu, j’arrive ce de l’architecture moderne : le Modulor, matin à Marseille. Je suis fatigué, grippé, une forme épurée, le traitement polychrome un peu fiévreux. Il a fallu venir tout de des parties en bois, de la couverture et des même. J’ai mal dormi dans le train. J’ai mal Paris, France canalisations, associé avec bonheur à la à la tête. Il pleut. Je suis pessimiste. Toutes (1953-1959) robustesse du béton. Gardant en mémoire les difficultés jamais finies pèsent plus Maison du Brésil le projet récent de l’Unité d’habitation de lourd aujourd’hui. On n’a jamais une minute de la Cité Marseille, on trouve ici quelques éléments de répit. Il faut toujours tenir le coup. Universitaire communs aux deux projets, comme les J’arrive comme ça devant l’Unité. Elle est de Paris pilotis du rez-de-chaussée, les fonctions sans lumière, sous la pluie. Elle est grise. Le Corbusier du toit-terrasse, l’usage du Modulor ; mais Mais j’entre tout de suite dans la musique et Lucio Costa ; les brise-soleil indépendants de la structure des formes et des grandeurs dont il me A. Wogenscky, et de l’exécution plus soignée, sont des semble être moi-même un élément. Et le J. Michel, F. Gardien, C. Perriand différences notables. Ce bâtiment fut le miracle s’accomplit. C’est le jeu de l’espace 8 - Plan de masse signé par A.W., seul du Plan d’urbanisme de Saint-Dié à indicible. C’est la joie qui revient. Elle existe, (6) 5 juillet 1954 (FLC 12532) être exécuté. c’est créé, c’est construit. Merci de l’avoir pensée. Et c’est bien d’avoir pu vous aider André Wogenscky quitta l’atelier de Le à le réaliser. Je vous envoie cette lettre Corbusier au cours du chantier de la écrite spontanément à Marseille. Encore Maison du Brésil tout en conservant avec bonne année à tous deux. A.W.” (4) Gardien, la direction du chantier. Il existe toute une correspondance entre l’atelier pour moi ; par certains côtés, je pense que c’est peut-être mon meilleur projet parce qu’il a fait l’objet d’études approfondies des fonctions, de l’organisation intérieure, de la circulation. Et c’est précisément cette organisation intérieure qui donne vie aux façades ; les façades sont le vrai visage de l’édifice et non un décor placé devant celui qui l’observe. C’est comme un visage : les yeux, le nez, la bouche sont des organes qui s’unissent eux aussi dans un organisme vivant ; en architecture, il arrive presque la même chose, parce que ce qui se voit à l’extérieur doit être l’ex- pression de ce qui se trouve à l’intérieur ; je crois que dans le projet de Grenoble j’ai La Rochelle-La Pallice, France réussi à le faire. Tout correspond. De l’ex- (1945-946) térieur, on peut penser que j’ai placé les Plan d’urbanisme (1945-946) fenêtres selon des critères décoratifs, Le Corbusier, C. Béraud, A. Wogenscky, alors que chacune se trouve à la hauteur J. Soltan des yeux de ceux qui sont à l’intérieur de 12 - Croquis de A.W. plan de masse l’édifice, afin qu’ils puissent voir au (FLC 22520) dehors. Les proportions aussi ont été conçues par rapport à ceux qui circulent à Wogenscky dirige non seulement la réali- l’intérieur et il en résulte une belle forme ; sation des Unités d’habitation, mais il suit le public a apprécié, surtout les jeunes qui aussi des projets urbains comme ceux de vont au théâtre ou visitent les expositions Saint-Gaudens, Saint-Dié et La Rochelle. (...) C’est ce qui me fait penser que ce bâtiment (1) “(...) Il est très mauvais diplomate. Quand Nantes-Rezé, France (1949-1955) est l’un de mes projets les mieux réussis.” je l’accompagne à des réunions décisives, Unité d’habitation j’ai peur. Quelquefois son principal obs- Le Corbusier, A. Wogenscky tacle, c’est lui. À La Rochelle il fait échouer 13 - Croquis de A.W. avec détails et notes, son projet. Pour l’extension de la ville, son 29 avril 1951 (FLC 2541) plan d’urbanisme prévoyait un quartier de Ville Radieuse fait de dix Unités d’Habi- “C’est sur, ce n’est pas un manque de tation sur un site libre entre La Rochelle et modestie de ma part de dire que je lui ai La Pallice. Soltan et moi au cours de plu- été très utile. Il n’aurait pas fait l’Unité sieurs voyages et de multiples réunions d’habitation de Marseille, ni celle de Rezé- nous préparons les opinions le mieux pos- lès-Nantes si je n’avais pas été là pour le sible. Et nous sommes tout contents parce prolonger ; il avait besoin de moi, comme que le maire semble d’accord. Il nous avant la guerre de son cousin Pierre déclare être prêt à écrire au Ministre pour Jeanneret, qui était son prolongement ; là émettre le vœu que ce projet soit réalisé. franchement je suis sur de ne pas me Mais le maire n’a pas encore rencontré Le tromper, j’étais très utile à Le Corbusier.” (1) Corbusier. Il veut le voir. Il nous demande que Le Corbusier vienne exposer lui-même son projet au Conseil Municipal. Nous Grenoble, France (1965-1967) revenons avec Le Corbusier qui explique le Maison de la Culture projet en séance solennelle. Il vante les A. Wogenscky conditions d’habitation dans les Unités. 14 - Plan du rez-de-chaussée niveau 0,00 Annecy, France, (1962-1965) Puis il ajoute : “Les habitations seront aussi 29 novembre 1965 (DAF/IFA) Maison des Jeunes et de la Culture belles que celles des Mésopotamiens”. 15 - Étude de la polychromie (2 dessins A. Wogenscky avec Louis Miquel Silence glacial. Le maire pâlit. Soltan et superposés) pour la peinture du plafond 18 - Coupe transversale (DAF/IFA) moi aussi. Le maire me glisse à l’oreille : “il du restaurant, 17 août 1963 (DAF/IFA) 19 - Croquis du plan d’ensemble (DAF/IFA) nous prend pour des sauvages !”. Et tout 16 - Étude de la grille Modulor sur le plan s’écroule, Unités d’Habitation et Ville d’ensemble, (DAF/IFA) “… Quand j’ai fait ce projet, on voulait Radieuse. C’était en 1946, avant la décision 17 - Croquis du théâtre tournant, (DAF/IFA) faire des maisons où on rassemble un de construire une Unité à Marseille… théâtre, des salles d’exposition, une biblio- Heureusement il y eut d’autres occasions “(...) La Maison de la Culture de Grenoble thèque, même une artothèque, une cafétéria, où Le Corbusier sut séduire.” (2) représente quelque chose de très important etc. L’idée venait surtout d’André Malraux qui était ministre de la Culture pendant les années 60. Il voulait par exemple que quel- qu’un qui vient voir une pièce de théâtre, puisse regarder une exposition de peinture pendant l’entracte. C’est intéressant pour le développement culturel ; moi, j’étais assez partisan de cette conception de maison de la Culture…” (1) Beyrouth, Liban (1983) Takarazuka Osaka, Japon Ecole Militaire libanaise, Projet (1981-1987) A. Wogenscky avec GIA. AW Université des Arts 23 - Étude de la polychromie sur la façade A. Wogenscky avec H. Hasegawa nord, septembre 1983 (DAF/IFA) 25 - Coupe d’étude sur le paysage (DAF/IFA) 24 - Étude de la polychromie sur la façade 26 - Coupe transversale échelle 1:50, 19 août sud, septembre 1983 (DAF/IFA) 1982 (DAF/IFA) 27 - Étude de la couleur sur le bâtiment à “(...) C’est un des projets où j’ai commencé fuseau, avril/juin 1985 (DAF/IFA) (dans les années quatre-vingt) à donner beaucoup plus d’importance qu’avant à la “(...) Pour l’université des Arts de Takara- polychromie, en mettant des touches de zuka, je me suis senti investi d’une respon- couleur. Il y a eu une évolution ; au début, sabilité particulière : je me suis demandé si ce c’est si difficile d’être architecte, il y a tel- n’était pas excessivement présomptueux lement à faire, et moi, je m’occupais de ma part d’accepter de faire de l’archi- d’autres choses, je ne pouvais pas penser tecture au Japon, pays qu’à l’époque je à tout ; mais ensuite, avec l’expérience, croyais très différent des autres. avec le métier qu’on acquiert à la fois dans Beyrouth, Liban (1967-1976) la main et dans la tête, j’ai pu comprendre Université libanaise : faculté aussi l’usage de la polychromie. À la fin du des sciences et bibliothèque centrale travail, lorsque les formes et leur disposi- A. Wogenscky avec M. Hindié tion étaient définitives j’achevai le projet 20 - Plan de l’ensemble niveau 0,00 architectural par des finitions en mettant esplanade, décembre 66 / janvier 67 des petites notes de couleur ; et puisqu’il (DAF/IFA) existait différentes catégories d’élèves 21 - Coupe transversale sur le noyau central, (par exemple de première ou de deuxième décembre 66 / janvier 67 (DAF/IFA) année), j’ai assigné à chacune une couleur 22 - Coupe longitudinale sur la Faculté des différente ; de même, à chaque étage de Sciences et Droit, décembre 66 / l’édifice qui accueille les élèves, la couleur janvier 67 (DAF/IFA) dominante montre l’appartenance à une catégorie déterminée. J’aime toujours “(...) L’expérience que j’ai connue au Liban relier le fonctionnel à l’esthétique : en fut très instructive. (...) C’est une bonne architecture, ce qui n’a qu’une valeur Quelques voyages plus tard, j’ai changé chose pour un architecte d’avoir tout à esthétique risque d’être vide, gratuit, arbi- d’opinion : je me suis rendu compte coup à travailler dans un autre pays, avec traire, même si c’est beau. S’il y a aussi qu’entre Occidentaux et Japonais, il y une réglementation différente, dans un cli- une justification fonctionnelle, c’est alors avait beaucoup moins de différences que mat différent. Et puis ce que j’ai ressenti plus intéressant ; par exemple, les brise- de ressemblances ; ce qui m’a conduit à très fortement c’est ce milieu social et cul- soleil sur une façade ont pour fonction de l’idée que sur toute la planète, il existait turel particulier, bien que ressemblant protéger du soleil mais peuvent conduire à plus d’affinités que de différences entre beaucoup au milieu français ou italien, créer une vraie modénature sur l’architec- les hommes. Pourtant, on a plutôt tendance c’est d’autant plus vrai que le Liban est un ture contemporaine.” (1) à prendre en compte des facteurs sans pays méditerranéen. (...) quand je suis arrivé importance comme par exemple la couleur là, j’ai eu l’impression que je faisais de de la peau, la forme des yeux (cela va nouvelles découvertes, ce qui était très même jusqu’à provoquer des guerres) et stimulant. (...) il y a des différences entre on oublie le plus important : c’est à dire, ce les régions, entre les pays (...) Il reste qui est fondamentalement humain et ce encore des différences non seulement de qui est commun à tous les hommes de tous climat mais de contexte sociologique et les pays et de tous les temps. (...) Pour culturel et c’est une chose que l’architecte cette université, j’ai mené une étude très doit comprendre et dont il doit s’imprégner. soigneuse de la polychromie. Si la forme Cette connaissance n’est pas rationnelle. structurale d’un édifice est bien au point, C’est quelque chose qui nous pénètre. Une elle peut être belle, surtout si les propor- connaissance que nous éprouvons non tions sont belles, mais elle risque de rester seulement avec notre raison mais aussi statique et, quelquefois, froide et sans avec notre sensibilité. Je suis allé dans les âme. Les couleurs peuvent contribuer à Mosquées voir les musulmans faire leurs renforcer cette vie introduite dans la prières. J’ai regardé le paysage. Je suis structure. Il faut qu’elles restent discrètes. allé dans les marchés populaires. J’ai res- Parce qu’un excès de couleur détruit la senti l’abîme qui sépare une bourgeoisie structure et affaiblit la beauté des formes. très riche et une population pauvre. J’ai Par contre, introduites avec précaution, de regardé vivre les hommes, les femmes, les petites surfaces colorées réparties harmo- enfants. C’est en “éprouvant” une popula- nieusement peuvent donner vie aux tion qu’il faut faire une architecture.” (7) formes immobiles. C’est que j’ai cherché à “(...) C’est un projet qui, peut-être, m’a faire en introduisant les petites cloisons donné plus de mal que les projets habi- colorées réparties sur toute la longueur tuels : je me sentais responsable puisqu’il des étages, et avec le jeu des couleurs sur s’agissait d’envelopper dans cette archi- les petits murs pleins placés entre les ver- tecture des jeunes gens et des jeunes rières tout autour de l’édifice en fuseau.” (1) filles, vulnérables dans cette période de leur vie.” (1) Faraya, Liban (1981) Maison familiale dite “Maison dans le vent”, Projet A. Wogenscky avec GIA. AW. 32 - Étude de la polychromie sur la façade latérale, janvier 1981 (DAF/IFA)

Flers, France, (1956) Hôpital, Projet A. Wogenscky et Le Corbusier 31 - A.W. étude de l’unité de soins de 29 lits du 13/14/15 juin 1956 et L.C. croquis Riyad, Arabie Saoudite, (1984) d’étude de l’ensemble du 16 juin 1956, Siège des Télécommunications du satellite (DAF/IFA) Arabsat, Projet A. Wogenscky avec GIA. AW. Les conditions précaires, tant matérielles 28 - Étude de la polychromie sur la façade que morales, où se trouvent malgré eux les nord, mars 1984 (DAF/IFA) malades, ont fait l’objet de longues études, 29 - Étude de la polychromie sur la façade commencées avec Le Corbusier à l’occa- est, mars 1984 (DAF/IFA) sion de la commande de l’hôpital en 1956. 30 - Plan du rez-de-chaussée, mars 1984 Au cours de ce projet Wogenscky, juste (DAF/IFA) après son départ de la rue de Sèvres, passe, à la demande de Le Corbusier, du Le projet interprète avec “solennité” le poste d’architecte adjoint à celui de chargé développement technique (celui des télé- de projet. communications) de l’Arabie Saoudite en Les idées directrices du programme mettent intégrant la tradition et la culture musul- l’accent sur l’amélioration des espaces mane réinterprétées sur un mode contem- visant à prendre en compte le rapport entre porain : le contraste entre l’intensité de le patient et les équipements spécialisés. “(...) J’ai pensé ce projet dans un espace l’ombre des loggias et des arcades et la Les volumes sont le résultat d’une concep- non pas statique, mais dans un espace qui forte lumière extérieure qui caractérise les tion innovante du caractère fonctionnel de est relatif et polarisé dans certaines direc- pays chauds comme l’Arabie est l’élément l’hôpital ; et l’histoire du projet fournit des tions d’énergie, dans la direction du vent, de composition recherché par Wogenscky indications sur la différence d’attitude des qui “tire” l’architecture, comme si l’archi- à travers la profondeur particulière des deux architectes, particulièrement mani- tecture était élastique. La maison dans le brise-soleil placés sur toutes les façades. feste entre les projets de Le Corbusier vent c’est aussi un exemple où l’espace lui (1) Et c’est précisément leur forme arquée qui pour Venise et de Wogenscky pour Corbeil. même “devient” toujours “autre”. rappelle le style islamique dans ses traits Une seconde version de l’hôpital de Flers, Le milieu conditionne ici le volume : la essentiels. étudiée par Wogenscky seul, est caracté- forme particulière naît du caractère ven- Il n’y a pas d’orthogonalité dans le plan du ristique de l’attention qu’il porte à l’espace teux du lieu. Un mur extérieur se prolonge projet. Tout converge en un grand carre- intérieur : il “rectifie” les formes fluides de en suivant la direction du vent, et les four idéal entre les fonctions techniques, la première version, chargée d’une forte angles arrondis en facilitent le passage. Le scientifiques et administratives du pays et intentionnalité esthétique. Né du programme vent modèle le volume comme une sculp- la culture “abstraite” de l’espace cosmique fonctionnel déjà expérimenté à Flers, l’hô- ture, plie les murs sur le toit, intervient à (6) où le projet se glisse idéalement. pital de Venise nous restera en mémoire, l’intérieur dans la fluidité de l’espace et non pas pour les solutions concernant donne son unité au projet. l’espace intérieur, mais pour l’originalité La métaphore du vent traduit une forte de celles adoptées à l’échelle urbaine ; en “volonté formelle” ; la même que celle qui revanche, on se souviendra de l’hôpital de préside au dessin des façades selon le Corbeil pour les solutions apportées par Modulor. Cette force expressive agit sur Wogenscky pour résoudre la forme de tout le volume et offre l’image d’une sculp- l’espace intérieur en fonction de l’état ture qui agit aussi sur l’usager à travers sa (6) d’esprit de l’usager, et pour la flexibilité de composante “spectaculaire”. l’espace entre chambre individuelle et chambre commune.” (6) Saint-Rémy-lès-Chevreuse, France (1950-1952) Habitation et atelier de sculpture Maison Pan / Wogenscky A. Wogenscky 36 - Plan d’étage, 4-12 avril 1953 et 17-24-31 mai 1953 (DAF/IFA)

“(...) Je pense que l’architecture consiste toujours à construire une structure dans laquelle on enveloppe ses usagers, autrement dit les habitants s’il s’agit d’un logement, les malades s’il s’agit d’un hôpital, etc. Et Saint-Etienne, France, (1959-1963) pour moi, l’architecture est active, car Foyer des Jeunes Travailleurs “Clairvivre” cette enveloppe exerce une action sur A. Wogenscky ceux qui se trouvent à l’intérieur. Pour ma 33 - Dessin d’exécution de la façade sud, maison de Saint-Rémy, je soulignerai que, 9 juillet 1960 (DAF/IFA) comme pour tous mes projets, j’ai beau- 34 - Façade sud, coupe sur les ailes, 9 janvier coup réfléchi à la vie qui s’y déroulerait ; à 1965, (DAF/IFA) la fin, il en est résulté une maison faite exactement pour Marta et pour moi. Mais “(...) J’ai eu beaucoup de mal à faire tenir ce qui m’a un peu surpris (c’était la pre- le programme demandé sur le terrain très mière fois que j’étais seul sur un projet exigu, très en pente, en évitant la “caserne” puisque avant j’avais toujours travaillé insipide. Le programme me demandait de avec Le Corbusier) c’est que j’ai commencé séparer trois groupes de logements, les Saint-Brévin-l’Océan, France (1959-1960) par placer d’abord la cuisine tout en très jeunes en dortoirs, les moyens et les Maison Chupin - Maison familiale n’étant pas persuadé que c’était la pièce plus âgés en chambres individuelles. J’ai A. Wogenscky principale de la maison ; en effet, pour moi, finalement proposé une aile de bâtiment 35 - Proposition pour le pan de verre, l’espace le plus important est celui où l’on pour chaque groupe … Mais j’ai superposé 10 avril 1959 (DAF/IFA) se réunit ou celui où l’on travaille, activités l’aile des plus âgés (trois étages) sur l’aile à mes yeux plus importantes que les repas. des moyens (deux étages) par l’intermé- À Saint-Brévin-l’Océan, la maison mono C’est à cette occasion que j’ai commencé diaire d’un étage vide formé seulement de familiale conçue pour les vacances est lit- à réaliser que, dans un bon projet d’archi- pilotis. L’aile des plus jeunes, d’un seul téralement enveloppée par la forêt. Elle tecture, il y a toujours un point de départ à étage sur pilotis, se trouve exactement pénètre dans l’espace intérieur par la partir duquel se développe la maison pour dans le même plan horizontal que cet grande paroi vitrée du rez-de-chaussée ; devenir ce qu’elle doit être. “étage vide” et n’a par conséquent pas de les pilotis de béton évoquent les troncs vis-à-vis à sa hauteur. Des fenêtres de des arbres qui l’entourent mais la régularité leurs dortoirs, les plus jeunes voient un de la trame fait tout de suite comprendre la très beau paysage “à travers” l’aile double distinction volontaire entre artifice et nature ; des aînés… Une autre idée directrice le bâtiment s’ouvre au site par la transpa- importante pour moi fut la recherche d’une rence de sa façade, mais le volume reste architecture très simple pour les parties bien lisible grâce au contraste entre sa communes, notamment les salles de forme achevée et la nature environnante. réunion, de détente, et de loisirs. Dans un La maison, entièrement en béton brut, naît grand étage courbe, sans porte, les d’une connexion réussie entre les fonc- entrées étant étudiées en chicane pour tions d’accueil et le caractère abrupt du arrêter la vue et le bruit. Cela donne des bâtiment : le rez-de-chaussée, de forme formes très plastiques, sortes d’enveloppes irrégulière, enveloppe les espaces desti- pour des espaces individualisés. L’action nés aux rencontres familiales. La grande de ces formes sur les usagers est favorable verrière du séjour, oblique par rapport à la au repos, à la détente et aux loisirs…” (8) nature, est rythmée par des éléments en bois et constitue ainsi le trait d’union avec la pinède; la forme de l’étage supérieur, sévèrement contrainte par l’angle droit, n’a pas de continuité avec le niveau infé- rieur, sinon par la structure elle aussi apparente. La rigidité de la forme la sépare nettement du contexte naturel ; celui-ci ne L’idée du “devenir” était en train de prendre participe discrètement à la vie intérieure forme en moi. Dans le même temps, j’étais qu’à travers les baies vitrées scandées par profondément convaincu de l’intérêt et de le dessin modulaire des châssis, comme la valeur du Modulor (à l’étude duquel j’ai s’il voulait respecter les moments de soli- collaboré avec Le Corbusier) ; toute la maison tude volontaire. (6) est donc composée d’après sa grille.” (1)

(1) Entretien avec P. Misino et N. Trasi, Paris, (4) Lettre de A.W. à L.C., 30 décembre 1950 (7) Sous la dir. de C. Garnero Morena, 1991-1992 (FLC R3 08 29) Paroles d’architecture, conférences (2) A. Wogenscky, Les mains de Le Corbusier, (5) Note de L.C. à A.W., 24 février 1956 (FLC R3 08 54) d’A. Wogenscky, Cuneo, janvier 1984 éditions de Grenelle, Paris, 1987 (6) P. Misino, N. Trasi, André Wogenscky. (8) Texte de A.W : relation du projet. (3) Lettre de A.W. à L.C., 21 mars 1956 Les raisons profondes de la forme, (FLC K3 7 95) Le Moniteur, Paris, 2000 Repères biographiques

1916 André Wogenscky naît le 3 juin à Remiremont, dans 1972 Publie Architecture active aux éditions Casterman. Il les Vosges. Cinquième enfant d’une famille d’origine écrit le chapitre “Urbanisme” du livre La Sociologie polonaise. En 1919, ils s’installent à Paris, où naît son de J. Duvignaud, éditions Denoël (coll. “Médiations”). plus jeune frère Robert. 1973 Transfère son atelier au 24, rue Nungesser-et-Coli, dans 1934-1944 Fréquente l’École nationale supérieure des Beaux-Arts l’ancien appartement de Le Corbusier. de Paris. Membre associé de l’Académie royale de Belgique, 1936 Entre comme dessinateur dans l’atelier de Le Corbusier, membre de la Commission de l’Équipement culturel et e où il restera en qualité d’assistant, de chef d’atelier du Patrimoine artistique dans le cadre du V plan et puis d’architecte-adjoint jusqu’en 1956. membre de la Commission des abords des monu- ments historiques au ministère des Affaires cultu- 1943-1944 Se spécialise à l’Institut d’urbanisme de l’université relles ; il reçoit un titre honorifique de l’Institut royal de Paris, et à l’Institut de techniques sanitaires à d’Architecture du Canada. l’École nationale des arts et métiers de Paris. 1973-1983 La crise économique en France provoquant une forte 1944 S’inscrit à l’ordre des Architectes. diminution des marchés, il quitte la France pendant 1945 Membre fondateur de l’Ascoral (Assemblée des une dizaine d’années et travaille dans les pays constructeurs pour une rénovation architecturale). Il d’Outre-mer et surtout au Liban. participe activement aux recherches qui aboutiront à 1976 Nommé Officier de la Légion d’honneur. la rédaction du Modulor et des Trois Établissements humains. Après l’expérience acquise au cours de ses 1980 Reprend son activité en France, tout en continuant à collaborations précédentes aux revues Techniques et travailler à l’étranger. architecture et L’Architecture d’aujourd’hui, il fonde la Médaille d’or de l’Académie d’architecture. revue L’Homme et l’Architecture dont il est directeur 1981 Membre de l’Académie d’architecture. et rédacteur en chef. 1987 Il publie Les Mains de Le Corbusier, à l’occasion du 1945-1956 Le Corbusier lui confie la direction des études et des centenaire de sa naissance, aux Éditions de Grenelle, travaux pour les unités de Marseille, Rezé-lès- Paris. Nantes, Briey-en-Forêt et Berlin. Il participe aux 1989 Grand Prix national d’architecture. projets et suit les chantiers des œuvres majeures de Le Corbusier. 1991 Quitte l’atelier de la rue Nungesser-et-Coli et se retire dans sa maison-atelier de Saint-Rémy-lès-Chevreuse 1947 Membre de l’UAM (Union des artistes modernes). où il continue à travailler. 1947-1949 Le Corbusier lui confie la responsabilité du secteur 1998 Membre de l’Institut de France - Académie des Beaux-Arts. architecture de l’Atbat (Atelier des bâtisseurs). 1998 Commandeur des Arts et des Lettres. 1952 Épouse le sculpteur Marta Pan et réalise sa première œuvre, leur maison et l’atelier de Marta Pan, à Saint- 2004 Décède le 5 août à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Rémy-lès-Chevreuse. La maison sera classée monu- ment historique en 1997. 1952-1958 Écrit les chapitres “Les Fonctions de l’architecture” et Principales expositions “L’habitation”, dans l’Encyclopédie pratique du bâti- 1974 Exposition Marta Pan, André Wogenscky, Robert ment et des travaux publics, éditions Aristide Quillet. Wogenscky, musée des Beaux-Arts de Lyon. 1953 Membre du Comité directeur des Ciam (Congrès inter- 1960-1985 Expositions à Alger, Düsseldorf, Constantine, Tlemcen. nationaux d’architecture moderne). Membre du Cercle d’études architecturales. 1983-1984 Exposition personnelle à Cuneo, Italie (16 décembre- 6 janvier). 1956 Crée son atelier d’architecture et d’urbanisme à Paris. 1985 Ces architectes qui ont fait la Cambre, exposition 1959-1964 Professeur d’urbanisme à l’École nationale supérieure collective à l’Institut supérieur d’architecture de la d’architecture et des arts décoratifs de Bruxelles. Cambre, Belgique (mai-juin). 1962 Nommé Architecte en chef des Bâtiments civils et 1985-1986 Cinq projets d’architecture, exposition personnelle, Palais nationaux. galerie Daniel-Gervis, Paris (novembre-janvier). 1963 Invité d’honneur des Trois Journées internationales 1986 Exposition personnelle aux centres culturels de Zagreb du film sur l’urbanisme à Trois-Rivières, Canada. et Skoplje. 1968-1972 Chargé, par la RATP, de l’architecture intérieure de la 1989 Architecture active, exposition personnelle, Belgrade station Auber du RER. (7-20 mars). 1971-1982 Président de la Fondation Le Corbusier ; il fait notam- 1992 Le dessin d’architecture, exposition collective, pavillon ment réaliser l’édition des Carnets et l’édition Garland de l’Arsenal, Paris (5 juin-30 août). des projets de Le Corbusier.

Réalisation Affiche : Marta Pan Graphisme : Bernard Artal Photographies (portrait d’A. Wogenscky, maison Conception de l’exposition et textes : Prêts des dessins d’André Wogenscky : de Saint-Rémy) : © Jean-Marc Besacier Paola Misino, Nicoletta Trasi, architectes Archives d’Architecture du Xxe Siècle, IFA, Contributions exceptionnelles : Marta Pan, Documentation : Isabelle Godineau (FLC), Cité de l’Architecture et du Patrimoine - Pierre Lagard IFA, Le Moniteur David Peyceré, Nolwenn Rannou Copyright : André Wogenscky pour ses œuvres Cadres : Éric Galliache Prêt des maquettes : école d’Architecture de Nancy © ADAGP - FLC pour les œuvres de Le Corbusier

FONDATION LE CORBUSIER 8-10 square du Docteur Blanche - 75016 Paris Tél. : 01 42 88 41 53 - Fax : 01 42 88 33 17 www.fondationlecorbusier.fr