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ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE AU MAROC (Littoral méditerranéen ) Rapport de synthèse 2007-2010

Par Pr. Abdellatif Khattabi Coordonateur Décembre, 2010

REMERCIEMENTS ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. PREAMBULE 10 SYNTHESE DES CONCLUSIONS 14

I- Évaluation de la vulnérabilité du littoral méditerranéen oriental aux changements climatiques 14 A- Vulnérabilité des écosystèmes côtiers à l’élévation du niveau de la mer 14 B- Vulnérabilité socioéconomique à l’élévation du niveau de la mer 14 C- La vulnérabilité aux processus marins 15 D- Vulnérabilité à l’érosion côtière 16 E- Vulnérabilité aux inondations 17 F- Vulnérabilité à l’érosion hydrique 17 G- Vulnérabilité de la pêche aux changements climatiques 17 H- Vulnérabilité des forêts aux changements climatiques 18 I- Vulnérabilité de la femme aux changements climatiques 18

II- Synthèse des recommandations d’actions et orientations 19

1-Mesures d’adaptation 19 1.1 Agriculture 19 1.2 Pêche 19 1.3 Tourisme 19 1.4 Plages et Infrastructures 19 1.5 Eau 20 1.6 Ecosystèmes naturels et zones humides 20 1.7 Sols et terres agricoles 20 1.8 Femmes 20

2- Orientations pour la communication et l’éducation aux changements climatiques 21

3- Révision et adaptation des plans d’action SMPAIII 23

I- CONTEXTE GENERAL DU PROJET ACCMA 28

1- L’élévation du niveau de la mer et les évènements climatiques extrêmes dans le littoral méditerranéen oriental du Maroc : un problème préoccupant ! 28

2- Présentation du projet Adaptation au Changement climatique au Maroc (ACCMA) 31 2.1 Vision et mission du Projet ACCMA 32 2.2 Objectifs généraux du projet 32

3- Monographie de la zone d’étude du projet ACCMA 34 3.1 Contexte biophysique 35 3.2 Contexte démographique 36 3.3 Contexte économique 36 3.4 Contexte d’intégration de la femme à l’économie et rapport à l’environnement 38

4- Description synthétique des quatre sites pilotes du projet ACCMA 39 4.1 Caractères biophysique et socioéconomique de la Lagune de 39 4.2 Caractères biophysique et socioéconomique de la Commune rurale de Béni Chiker 43 4.3 Caractères biophysiques et socioéconomiques de la Commune rurale de 48 4.4 Caractères biophysiques et socioéconomiques du littoral Saïdia – Ras El Ma 52

II-CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU NIVEAU REGIONAL ET PERCEPTION SOCIALE 58

1- Changements climatiques au niveau régional : Evolution récente et projection futures 58 1.1 Evolution récente observée des précipitations et des températures 58 1.2 Projections des changements climatiques au niveau régional 60 1.3 Principaux risques climatiques 61 1.4 Elaboration de scénarios à haute résolution 61

2- Perception sociale des changements climatiques au niveau local 63 2.1 Objectifs et méthode d’étude 63 2.2 Résultats des enquêtes et commentaire 64 2.3 Synthèse de la perception sociale globale du changement climatique à Nador - 67

3- Perception sociale de la vulnérabilité sectorielle aux changements climatiques 68 3.1 Méthode et outils 68 3.2 Résultats et commentaires 70

III- LES ANALYSES THEMATIQUES 74

1- Vulnérabilité du trait de côte (plages) aux phénomènes érosifs 74 1.1 Principe et méthode 74 1.2 Principaux résultats et outils d’aide à la décision par site pilote 74

2- Vulnérabilité du littoral à l’élévation du niveau de la mer 84 2.1 Vulnérabilité socioéconomique par site pilote étudié 85 2.2 Vulnérabilité des écosystèmes naturels : Lagune de Nador et littoral Saïdia - Ras El Ma 89

3- Vulnérabilité liée à la propagation des houles, vagues et courants marins 98 3.1 Principes et méthode 98 3.2 Principaux résultats obtenus au niveau des sites pilotes de Saïdia et Nador 99

4- Vulnérabilité du milieu dunaire aux impacts anthropiques 104 4.1 Principe et méthode 104 4.2 Principaux résultats pour le milieu dunaire à l’embouchure de la Moulouya 104 4.3 Principaux résultats pour le milieu dunaire du littoral de la lagune de Nador 105

5- Vulnérabilité de la zone côtière aux risques d’inondations 107 5.1 Principes et méthode 108 5.2 Principaux résultats et acquis 109

6- Vulnérabilité des sols à l’érosion hydrique 116 6.1 Principe et méthode 116 6.2 Principaux résultats et acquis pour les communes de Boudinar et Béni Chiker 118

7- Vulnérabilité aux incendies du massif forestier de Gourougou 122 Principe et méthode 123 7.2 Résultats et acquis pour le massif de Gourougou 126

8- Analyse des impacts sur les écosystèmes et les ressources naturelles 128 8.1 Impacts sur les milieux et les ressources naturelles, et degré d’exposition 128 8.2 Analyse des impacts socio-économiques actuels et projetés 140

IV- STRATEGIE D’ADAPTATION GLOBALE DE LA GESTION INTEGRE DES ZONES COTIERES 149

1- Cadre stratégique global et options d’adaptation aux changements climatiques 149

2- Mesures d’adaptation aux impacts des changements climatiques proposées dans la zone d’action du projet ACCMA 153 2.1 Agriculture 153 2.2 Pêche 153 2.3 Tourisme 154 2.4 Plages et Infrastructures 154 2.5 Eau 154 2.6 Ecosystèmes naturels et zones humides 154 2.7 Sols et terres agricoles 155 2.8 Femmes 155

3- Cadre conceptuel, juridique et institutionnel pour l’intégration de l’adaptation dans la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) 155 3.1 Fondements et démarche de la GIZC face aux changements climatiques 155 3.2 Contexte juridique et institutionnel de la gestion des zones côtières 157

4- Enjeux de la GIZC du littoral méditerranéen oriental face aux changements climatiques 160

5- Instruments stratégiques et opérationnels pour intégrer l’adaptation au changement climatique dans la gestion des zones côtières 161

6- Orientations pour la communication et l’éducation aux changements climatiques 161 6.1 Défis et enjeux de l’éducation en matière d’adaptation aux changements climatiques 162 6.2 Principes de communication en matière des changements climatiques 164 6.3 Guide pédagogique pour développer les capacités adaptatives chez les élèves du secondaire 164 6.4 Le scénario pédagogique 165 6.5 Renforcement des capacités en éducation aux changements climatiques 166

V- PLAN D’ACTION ADAPTE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES POUR LE LITTORAL MEDITERRANEN ORIENTAL 168

1- Révision et adaptation des plans d’action de la GIZC dans la zone du projet ACCMA 168 1.1 Cadre et fondements des plans d’action de la GIZC 168 1.2 Eléments des plans d’action du programme SMAPIII nécessitant une révision 168 1.3 Méthode de révision et d’adaptation des plans d’actions du programme SMAPIII 170

2- Plan d’Action GIZC adapté pour la lagune de Nador 170 2.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques 171 2.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les acteurs locaux à Nador 172

3- Plan d’action adapté par le projet ACCMA pour le Cap des Trois Fourches 174 3.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques 174 3.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les parties prenantes 175

4- Plan d’action adapté par le projet ACCMA pour la Commune de Boudinar 178 4.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques 178 4.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les parties prenantes 179

5- Plan d’action Adapté par le projet ACCMA pour le littoral Saïdia – Ras El Ma 182 5.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques 182 5.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les acteurs locaux 183

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 188 ANNEXES 193

Liste des figures

Figure 1: Évolution du niveau de la mer depuis 1993 ...... 28 Figure 2 : Localisation géographique de la zone d’étude du projet ACCMA ...... 34 Figure 3: Localisation des sites pilotes dans la zone du projet ACCMA...... 39 Figure 4: Carte d’occupation du sol - mission 2006 – Site pilote Lagune de Nador ...... 40 Figure 5: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%) ...... 42 Figure 6: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage ...... 42 Figure 7: Points de débarquement autour de la lagune de Nador ...... 43 Figure 8: Carte d’occupation du sol de la commune rurale de Béni Chiker (Rifai, 2007) ...... 44 Figure 9: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%) ...... 46 Figure 10: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage ...... 47 Figure 11: Carte d’occupation du sol de la commune rurale de Boudinar ...... 49 Figure 12: Agriculture traditionnelle sur terrasses dans la commune rurale de Boudinar ...... 50 Figure 13: Pourcentages des exploitations des ménages enquêtés par classes de taille ...... 51 Figure 14: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%) ...... 51 Figure 15: Carte d’occupation du sol du littoral de Saïdia - Ras El Ma...... 53 Figure 16: Agriculture moderne bien développée au niveau de la plaine de Triffa ...... 54 Figure 17: Pourcentages des exploitations des ménages enquêtés par classes de taille ...... 54 Figure 18: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%) ...... 55 Figure 19: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage ...... 56 Figure 20: Variation interannuelle des précipitations à Berkane (1940-2004)...... 59 Figure 21: Evolution de l’indice d’aridité de ‘De Martonne’ entre les années 1961-1970 et 1991-2000 ...... 59 Figure 22: Evolution des précipitations hivernales (a) et printanières (b) selon le scénario A2 de l’IPCC, ARPEDGE-Climate model. 2070-2099 / 1961-2000 ...... 60 Figure 23: Evolution projetée pour les précipitations à Nador (2071-2099 par rapport à 1961-1990)...... 60 Figure 24: Précipitations et températures moyennes mensuelles observées et prévues par SDSM à Nador pour la période 1990-2000...... 61 Figure 25: Températures moyennes quotidiennes observées (courbe bleue) et prévues par SDSM ...... 62 Figure 26: Anomalies projetées pour les cumuls pluviométriques à Nador et Berkane pour les 4 saisons et l’échelle annuelle. Scénarios IPPCC-A2 et IPCC-B2 dans la période 1961-1990...... 63 Figure 27: Evolutions annuelles projetées pour la température moyenne et le nombre de jours chauds ...... 63 Figure 28: Pourcentage de réponses aux quelques questions posées dans l’enquête élargie ...... 65 Figure 29: Pourcentage de réponses des pêcheurs aux quelques questions posées par l’interview ...... 67 Figure 30: Hiérarchie de la vulnérabilité des secteurs d’activités (ou domaines) aux changements climatiques au sens de la population de la région du littoral de Nador ...... 71 Figure 31: Hiérarchie de la vulnérabilité des secteurs d’activités (ou domaines) aux changements climatiques au sens de la population de la région du littoral de Saïdia- Ras El Ma (Berkane) ...... 72 Figure 32: Hiérarchie des risques climatiques par degré d’impact au sens de la population de la région du littoral de Saïdia – Ras El Ma (Berkane) ...... 72 Figure 33: Position de trait de côte dans la zone d’étude ...... 74 Figure 34: Moyenne annuelle du changement du trait de côte en utilisant EPR, entre 1986 et 2003...... 76 Figure 35: Carte de la vulnérabilité des plages de Saïdia - Ras El Ma ...... 77 Figure 36: Carte d’évolution du trait de côte du littoral de Saïdia- Ras EL Ma...... 78 Figure 37: Surfaces érodées ou sédimentées du site de Saïdia-Ras El Ma entre 1986 et 2003 (ha)...... 78 Figure 38: Carte des surfaces érodées et submergées par la mer entre 1986 et 2003 de la zone côtière Saïdia - Ras El Ma ...... 79 Figure 39: Carte du trait de côte en 2020 de la zone côtière Saïdia Ras El Ma...... 80 Figure 40: Moyenne annuelle du changement de trait de côte à Nador en utilisant la méthode de régression linéaire (LRR) et la méthode des points extrêmes (EPR) ...... 80 Figure 41: Carte de la vulnérabilité de la plage du cordon dunaire du site de Nador ...... 82 Figure 42: Carte de l’évolution du trait de côte le long du cordon dunaire à Nador ...... 83 Figure 43: Surfaces gagnées ou perdues sur la mer (en ha) du site de la lagune de Nador suite à la dynamique du trait de côte entre 1986 et 2006 ...... 83 Figure 44: Carte des surfaces gagnées et/ou perdues par la mer entre 1986 et 2006 à Nador ...... 84 Figure 45: Vulnérabilité des zones côtières marocaines ...... 85

Figure 46: Etapes d’évaluation des surfaces potentiellement submergées ...... 86 Figure 47: Carte des zones inondables selon le niveau d’ENM pour la Lagune de Nador ...... 87 Figure 48: Zones inondables avec 3 niveaux d’élévation 0,5 ; 1 et 2m du littoral Saïdia-Ras Elma...... 88 Figure 49: Pourcentage des superficies submergées d’ici l’an 2100 avec ENM du scénario A2 ...... 92 Figure 50: Carte du facteur de risque : (élévation du niveau de la mer selon le scénario A2) ...... 93 Figure 51: Carte de sensibilité écologique des milieux de la Lagune de Nador ...... 94 Figure 52: Carte de vulnérabilité des groupements végétaux de la lagune de Nador selon l’estimation minimum d’élévation du niveau de la mer ...... 95 Figure 53: Carte du facteur de risque à Saïdia-Ras El MA, scénario A2 de l’ENM ...... 96 Figure 54: Carte de sensibilité écologique de la zone côtière Saïdia – Ras EL Ma ...... 97 Figure 55: Carte de vulnérabilité du site de Saïdia - Ras El Ma, ENM maximum = 0,51m ...... 97 Figure 56: Représentation de la direction des houles au large de l’aire étudiée ...... 100 Figure 57: Champs des houles à Saïdia ...... 101 Figure 58: Champs des courants à Saïdia ...... 102 Figure 59: Transport des sédiments à Saïdia ...... 102 Figure 60: Transport des sédiments à Nador…………………………………………………………………………………………….102 Figure 61: Champs des houles à Nador ...... 103 Figure 62: Champs des courants à Nador ...... 103 Figure 63: Indice (en %) de vulnérabilité et indice de mesure de protection au niveau de l’Embouchure ..... 105 Figure 64: Indice de vulnérabilité et mesure de protection au niveau de Boukana (a), et au niveau de Al Mouhaindis (b) ...... 106 Figure 65: Indice de vulnérabilité et mesure de protection au niveau d’Al Jazira (a) ; et au niveau de Kariat (b) ...... 107 Figure 66: Carte de la vulnérabilité aux inondations pour la Lagune de Nador ...... 111 Figure 67: Carte du risque d’inondation pour la Lagune de Nador ...... 112 Figure 68: Carte de l’aléa d’inondation pour Saïdia – Ras El ...... 113 Figure 69: Carte de vulnérabilité aux inondations pour Saïdia – Ras El Ma ...... 113 Figure 70: Carte des zones à risque d’inondations Saïdia – Ras El Ma ...... 114 Figure 71: Représentation de l’Oued Amekrane, ses affluents, ses berges et des profils correspondants .... 114 Figure 72: Carte des zones inondables à l’aval du Bassin versant de Boudinar ...... 116 Figure 73: Terrains agricoles et tronçons routiers à risque d’inondation (en ha) ...... 116 Figure 74: Principales séquences opérationnelles pour la cartographie du risque d'érosion ...... 117 Figure 75: Carte de sensibilité à l’érosion hydrique de la Commune de Boudinar ...... 120 Figure 76: Carte descriptive des processus érosifs du territoire communal de Boudinar ...... 120 Figure 77: Classes de risques d’érosion des Sols ...... 121 Figure 78: Carte de sensibilité des sols à l’érosion hydrique de la Commune de Béni-Chiker ...... 121 Figure 79: Carte descriptive des processus érosifs de la Commune de Béni-Chiker ...... 122 Figure 80: Modèle de l’indice de risque de feu ...... 124 Figure 81: Carte des peuplements du massif forestier de Gourougou ...... 126 Figure 82: Carte des classes d’indice de combustibilité de la forêt de Gourougou ...... 127 Figure 83: Carte de l’indice de risque d’incendies de la forêt de Gourougou ...... 127 Figure 84: Carte des habitats naturels de la zone côtière Saïdia-Ras El Ma ...... 132 Figure 85:Carte des habitats de la Lagune de Nador ...... 133 Figure 86: Variation des surfaces incendiées en fonction des précipitations dans le massif de Gourougou .. 134 Figure 87: Variation du volume d’eau mobilisé par les barrages situés sur l’Oued Moulouya et ses affluents ...... 137 Figure 88: Projets touristiques prévus dans la Lagune de Nador ...... 145 Figure 89: Pourcentage des zones à risque d’inondation dans le site de Saïdia-Ras El Ma ...... 146 Figure 90: Les concentrations de dioxyde de carbone, les températures et le niveau de la mer devraient continuer à augmenter bien après une réduction effective des émissions ...... 150 Figure 91: Les stratégies d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer ...... 153 Figure 92: Démarche et déroulement du processus de la GIZC ...... 157 Figure 93: Facteurs qui exercent une influence positive sur l’action, dans le domaine de l’environnement . 163 Figure 94:Classes d’aménagement anti-érosif dans la Commune de Boudinar ...... 181 Figure 95: Zone d’intervention contre l’érosion sur le cordon dunaire à l’embouchure de la Moulouya ...... 185

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1:Projections des valeurs moyennes du réchauffement en surface et de l’élévation du niveau de la mer à la fin du XXIème siècle, à l’échelle du globe ...... 29 Tableau 2: Incidences possibles des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes associés aux changements climatiques ...... 29 Tableau 3: Questions principales et options de réponses ...... 64 Tableau 4: Résultats des interviews de l’enquête élargie ...... 64 Tableau 5: Résultats des interviews avec les pêcheurs artisanaux...... 66 Tableau 6: Matrice de classification des secteurs d’activité par degré de vulnérabilité aux impacts des changements climatiques (Littoral de Nador) ...... 70 Tableau 7: Matrice de synthèse des indices d’exposition et des indices d’impact par secteur d’activité dans le littoral de Saïdia – Ras El Ma (Berkane) ...... 71 Tableau 8: Indices de vulnérabilité des plages de Saïdia – Ras EL Ma (BTL et BVI)...... 76 Tableau 9: Evolution du trait de côte entre 1986 et 2006 en m/an pour le site de Nador ...... 81 Tableau 10: Indices de vulnérabilité à l’érosion du cordon dunaire au site de Nador ...... 82 Tableau 11: Niveaux d’élévation retenus pour les prévisions ...... 86 Tableau 12: Coûts unitaires des infrastructures susceptibles d’être perdues...... 86 Tableau 13: Indices de sensibilité floristique (ISF) ...... 89 Tableau 14: Indice de vulnérabilité (IV), Mesure de protection (MP) et Ratio (IV/MP) ...... 105 Tableau 15: Indice de vulnérabilité (IV), mesure de protection (MP) et du ratio (IV/MP) pour les quatre parties du littorale de Nador ...... 106 Tableau 16: Influence des facteurs climatiques sur les conditions du feu ...... 134 Tableau 17: Surfaces des terrains agricoles susceptibles d’être perdues par inondation marine dans le site de la lagune de Nador et la zone côtière de Saïdia-Ras El Ma (en ha et %) ...... 141 Tableau 18: Surface de terrains agricoles à risque d’inondation ...... 141 Tableau 19: Surface en ha et % des plages susceptibles d’être perdues par inondation marine ...... 143 Tableau 20: Longueur des tronçons de routes susceptibles d’être affectés par l’inondation dans les sites de la lagune et de Saïdia - Ras El Ma (en Km et %) ...... 144 Tableau 21: Surface inondable des unités classées comme zones vulnérables et très vulnérable (en ha, et %) ...... 145 Tableau 22 : Catégories d’options d’adaptation aux impacts des changements climatiques ...... 151 Tableau 23: Les stratégies d’adaptation contre l’élévation du niveau de la mer ...... 152 Tableau 24: Objectifs généraux pilote des plans d’action du programme SMAPIII dans chaque site pilote .. 169 Tableau 25: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et à adapter, et critère de pertinence de révision pour la Lagune de Nador ...... 171 Tableau 26: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et à adapter, et critère de pertinence de révision pour le Cap des Trois Fourches ...... 174 Tableau 27: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et critère de pertinence de révision pour la Commune rurale de Boudinar ...... 178 Tableau 28: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et critère de pertinence de révision pour le littoral de Saïdia Ras - El Ma ...... 182

Liste des photos

Photo 1: Atelier du démarrage du projet ACCMA le 09 juillet 2010 a Nador ...... 34 Photo 2: Vue générale de la Lagune de Nador……………………………………………………………………………………………..28 Photo 3: Embouchure de la Moulouya ...... 35 Photo 4 : Vue partielle du Cap des Trois fourches Photo 5: paysage de la commune rurale de Boudinar ...... 36 Photo 6: Vallée très encaissée du territoire de la commune rurale de Boudinar ...... 48 Photo 7: Ateliers de travail organisés à Nador et Berkane pour déterminer les secteurs les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques ...... 68 Photo 8: Erosion côtière au niveau de la plage……………………………………………………………………………………………61 Photo 9 :Plage de Ras EL Ma...... 77 Photo 10: Plage de Kariate Arekmane ...... 81 Photo 11: les inondations d’Octobre 2008 dans la région de l’Oriental ...... 108 Photo 12: Badlands (état de dégradation irréversible) dans la Commune de Boudinar ...... 118 Photo 13: Sols mis à nu à cause d’un fort processus d’érosion ...... 119 Photo 14: SIBE de Gourougou, essence résineuse à fort risque d’incendie ...... 123 Photo 15: Différentes formes de manifestation de l’érosion (Commune de Boudinar) ...... 136 Photo 16:Ganivelles utilisés pour la fixation des dunes ...... 173 Photo 17: Unité de fabrique de glace existant dans le village de Tibouda ...... 176 Photo 18: Réservoir de collecte d’eau dans le douar de Tizza ...... 182

Liste des annexes

Annexe 1: Le plan d’action complet pour le site de la Lagune de Nador ...... 193 Annexe 2: Le plan d’action complet pour la commune rurale de Beni Chiker ...... 196 Annexe 3: Le plan d’action complet pour la commune rurale de Boudinar ...... 199 Annexe 4: Le plan d’action complet pour la zone côtière Saidia Ras El Ma ...... 202

Préambule

Le littoral abrite d’importants éléments naturels, culturels, et économiques, mais il est malheureusement objet de très fortes pressions dont certaines sont naturelles et d’autres sont d’origine anthropique. L’artificialisation et les modifications des milieux naturels mettent en péril la capacité de résilience du littoral face aux différents risques auxquels il est exposé, dont les impacts prévisibles des changements climatiques.

Les changements climatiques sont en cours, et nous en constatons déjà un certain nombre de conséquences qui risqueraient de s’amplifier dans l’avenir. Les travaux menés à l’échelle internationale, notamment ceux du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), concluent que même les efforts investis dans l’atténuation pour éviter les dérèglements climatiques soient au maximum, les changements climatiques seront avec nous et on est interpellé à savoir nous y adapter sans subir trop de préjudices. Cette adaptation doit être envisagée comme un complément désormais indispensable aux actions d’atténuation déjà engagées.

Les changements climatiques constituent l’un des problèmes les plus sérieux auxquels le monde est confronté depuis les trois dernières décennies. Selon la plupart des prévisions, l’augmentation continue de la température terrestre engendrerait un certain nombre d’impacts négatifs sur l’environnement, la santé et l’économie, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement.

Selon le GIEC (2007), le réchauffement du système climatique est dû très probablement à l’augmentation des concentrations dans l’atmosphère de gaz à effet résultant de l’activité humaine. En plus de la hausse de la moyenne des températures mondiales, des changements évidents ont été observés dans les températures journalières et saisonnières, la fréquence, la durée et l’intensité des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations, le niveau marin, etc. Dans le contexte de la région Méditerranéenne et selon le même rapport, les spécialistes du climat anticipent au cours du 21ème siècle :

une augmentation de la température de l’air; des modifications du niveau des précipitions avec une baisse sensible de la pluviométrie; une augmentation des périodes de sécheresse se traduisant par une fréquence élevée des jours chauds. Les évènements extrêmes de type vagues de chaleur, sécheresses ou inondations pourraient être plus fréquents et plus violents ; une hausse du niveau de la mer.

Les impacts des changements climatiques sur l’environnement méditerranéen concernent particulièrement :

l’eau, via une modification rapide de son cycle à cause de l’augmentation de l’évaporation et de la diminution des précipitations;

la biodiversité, par un déplacement vers le nord et en altitude de certaines espèces, l’extinction des espèces moins mobiles ou plus sensibles au climat et l’apparition de nouvelles espèces;

les forêts, à travers une hausse des risques d’incendies et parasitaires et les sols, à travers l’accélération des phénomènes d’érosion.

Les zones littorales des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée seront plus vulnérables que celles de la rive Nord. En effet, elles sont d’une part, plus exposées à l’accélération de la désertification et de l’aridité des sols, à l’augmentation de la raréfaction des ressources en eau et, d’autre part, elles sont dotées de capacités

techniques et financières limitées et de structures économiques fragiles intimement liées à l’exploitation des ressources naturelles.

Le Maroc, de par ses caractéristiques atmosphériques, océaniques et géographiques, n’est pas épargné des changements climatiques et des phénomènes extrêmes qui en résultent. Les observations enregistrées par la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) montrent déjà des tendances vers une augmentation des températures, une diminution des précipitations et une augmentation de l’intensité et de la fréquence des sécheresses. Dans ce contexte, les projections futures (modèle Arpège-Climat, Scénario A2) du changement climatique pour la fin du siècle au Maroc se caractérisent par (Mokssit, 2009) :

un réchauffement de l’ordre de 2 à 6°C des températures moyennes estivales avec un gradient Est- Ouest bien prononcé en été (augmentation de l’ordre de 2 à 3°C sur la côte atlantique, atteignant 6°C vers l’intérieur du pays) ; un réchauffement en hiver variant entre 3 et 5°C avec une répartition spatiale moins contrastée ; une augmentation des températures maximales de 2 à 6°C et des minimales de 2 à 5°C ; une diminution des précipitations plus marquée au printemps qu’en hiver ; et une tendance vers l’assèchement ; une fréquence accrue des événements climatiques extrêmes : augmentation importante du nombre de vagues de chaleur estivale, allongement des périodes de sécheresse et augmentation de sa persistance temporelle (plus marquée au printemps que durant le reste de la saison pluvieuse).

Les zones côtières marocaines, constituent pour le pays un enjeu socio-économique et environnemental important à cause de leur exposition aux risques inhérents à l’augmentation du niveau de la mer. Elles présentent des valeurs écologiques et socioéconomiques importantes et constituent aussi un espace dans lequel siègent les principales agglomérations, infrastructures et activités économiques du pays. Cependant, la menace croissante des effets des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer, surtout dans les zones à basse altitude, pourrait compromettre leurs potentialités économiques, paysagères et environnementales suite à une submersion par les eaux marines. Ces changements, combinés à l’effet des extrêmes climatiques, fragiliseraient l’économie et les écosystèmes déjà vulnérables aux diverses formes de dégradation. L’encadré 1 ci-après résume « les chaines d’impacts » qui mettent en relief les incidences des changements climatiques futurs sur les activités humaines.

Le changement climatique auront notamment des effets sur : l’agriculture et la pêche (diminution des rendements), l’attractivité touristique (vagues de chaleur, raréfaction de l’eau), les zones côtières et les infrastructures (expositions importantes à l’action des vagues, tempêtes côtières et autres évènements météorologiques extrêmes, réduction du volume des nappes phréatiques d’eau douce, intrusion d’eau marine dans les aquifères), la santé humaine (vagues de chaleur), etc.

La prise de conscience de la vulnérabilité de l’économie nationale, largement dépendante de l’agriculture, s’est confirmée au fil des nombreuses années de sécheresse qui ont frappé le pays à la fin du siècle dernier et qui l’ont lourdement affectée.

Encadré 1 – Les « chaînes d’impact » mettant en évidence les conséquences des changements climatiques à venir sur les activités humaines (Adapté de Magnan et al., 2009).

Afin d’atténuer la vulnérabilité des côtes, les pays méditerranéens s’engagent de plus en plus dans des démarches et des stratégies impliquant l’ensemble des acteurs pour promouvoir une gestion plus durable du littoral. Les mesures pour protéger cet espace des pressions d’usage restent peu satisfaisantes, souvent entravées par un cadre légal et institutionnel non adapté. Néanmoins, la signature, le 21 janvier 2008, du protocole relatif à la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) présente une avancée décisive pour la mise en place d’une gestion durable du littoral. Au Maroc, le concept de la GIZC s’inscrit dans le cadre de l’application de la Loi-cadre 11-03 (Mai 2003) relative à la protection et la mise en valeur de l’environnement et un projet de loi spécifique au littoral est en cours d’approbation.

Au Maroc, deux initiatives ont été consacrées au littoral méditerranéen oriental pour promouvoir la GIZC dans le cadre du Programme d’Actions Prioritaires à Court et Moyen Termes pour l’Environnement financé par la communauté européenne (en anglais Small & Midddle Term Adaptation Plans ; SMAPIII). Le LMO est caractérisé par la présence de quatre Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) dont trois sont classés Sites Ramsar ; et il est soumis à la convoitise d’intervenants dont les intérêts sont souvent divergents ou conflictuels.

La GIZC représente l’outil de développement adéquat qui permettrait à la fois une régulation des conflits d'usage, la préservation de l'environnement et la garantie d'un développement durable d’un territoire donné. Dans cette perspective, les deux projets du programme SMAP III ont pour but la promotion d’une utilisation plus durable à travers la mise en place de deux Plans d’Action de GIZC. Le premier, CAP Nador, s’est attelé à élaborer des plans d’actions intégrés pour le littoral de la commune rurale de Boudinar, commune rurale de Beni Chekier, et la Lagune de Nador. Le second, El Kala/Moulouya porte sur le littoral Saïdia - Ras El Ma. Cependant, les plans d’action de GIZC élaborés dans le cadre du programme SMAP III n’ont pas pris en considération les risques des incidences des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer. En effet, la GIZC doit prendre en considération non seulement l’état actuel du littoral mais aussi les perspectives de son évolution.

C’est dans ce contexte que le projet « Adaptation aux Changements Climatiques au Maroc » (ACCMA) mis en œuvre dans le cadre du programme Adaptation aux Changements Climatiques en Afrique (ACCA) financé par le Centre de Recherche et de Développement Internationale (CRDI) du Canada et le Département pour le Développement International (DFID) du Royaume Uni, a été mis en œuvre dans le LMO, avec comme objectif, entre autres, l’actualisation des plans d’action de la GIZC, l’amélioration des connaissances au sujet des changements climatiques en termes de vulnérabilité et d’adaptation, le renforcement des capacités des acteurs locaux et la promotion de la prise en compte des considérations des changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification territoriale du littoral.

Les résultats du projet ACCMA, fruits d’un travail collaboratif, interdisciplinaire et pluri-institutionnel, ont conclu sur l’analyse de l’évolution récente des paramètres climatiques et des projections futurs pour la région Nador – Berkane, l’évaluation de la vulnérabilité globale (Vulnérabilités sociale, économique et biophysique) des différents secteurs d’activité, les impacts des changements climatiques sur les milieux biophysiques et socioéconomiques dans les sites pilotes étudiés, les meures d’adaptation découlant de l’analyse des vulnérabilités sectorielles et des concertations avec les parties prenantes, etc.

Cette plate-forme de connaissances caractérisée par le développement de nombreux outils d’aide à la décision (gestion des risques) a été sanctionnée, après révision des plans d’action SMAPIII, par l’élaboration de quatre (4) plans d’action adaptés aux principales incidences des changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer; en l’occurrence pour la lagune de Nador, la commune rurale de Béni Chiker, la Commune rurale de Boudinar, et le littoral de Saïdia-Ras El Ma.

Ce rapport de synthèse est décliné en 5 parties dont un rappel du contexte général du projet ACCMA, un chapitre dédié aux changements climatiques au niveau régional et à la perception sociale, un chapitre consacré aux analyses thématiques de vulnérabilité et aux études d’impacts ; le quatrième chapitre traite des concepts et instruments de stratégie d’adaptation globale et de gestion intégrée des zones côtières ; le cinquième chapitre restitue les programmes et plans d’action de GIZC adaptés aux changements climatiques. Les conclusions des études et les recommandations proposées sont résumées et présentées au début de ce rapport de synthèse.

Synthèse des conclusions

I- Évaluation de la vulnérabilité du littoral méditerranéen oriental aux changements climatiques

A- Vulnérabilité des écosystèmes côtiers à l’élévation du niveau de la mer

i. Dans la lagune de Nador, les principaux habitats qui risquent d’être affectés par l’élévation du niveau de la mer (ENM) sont les herbiers de zostères, les fonds à nacres et les vases littorales où se développent de nombreuses espèces de coquillages ayant un intérêt socio-économique. Les fonds à zostères constituent le poumon de cette lagune et un abri pour de nombreuses espèces. Une élévation du niveau de la mer priverait ce système de l’alternance de l’immersion – émersion et des autres éléments nécessaires pour son développement.8Les fonds vaseux littoraux perdraient le calme et les dépôts de la matière organique nécessaires pour le développement des espèces caractéristiques de ces milieux et qui sont les nacres et les palourdes.

• Avec une ENM minimum de 0,23 m à l’horizon 2100, la superficie de la végétation humide gagnée par la mer serait de l’ordre de 159 ha, et avec une ENM maximum de 0,51 m à l’horizon 2100, la superficie de végétation naturelle perdue, serait de l’ordre de 222 ha.

ii. Dans l’estuaire de la Moulouya, les habitats menacés sont principalement la sansouire qui abrite un grand nombre d’espèces d’oiseaux qui s’y rendent pour se reproduire, se nourrir ou se reposer. Les dunes et les sables littoraux constituent également des habitats très menacés. Ce sont des milieux très fragilisés déjà par les prélèvements qui y sont effectués pour des besoins du secteur du bâtiment. Dans les autres sites franchement marins, le principal impact serait une modification profonde des habitats pouvant être envahies par l’eau de mer. En effet, l’étagement dans les zones superficielles est essentiellement fondé sur le taux d’humectation ou l’eau reçue au niveau de chacun de ces étages. Une élévation du niveau de la mer effacerait cet étagement dans un proche avenir et sa reconstitution nécessiterait de longues périodes.

• Avec une ENM minimum de 0,23m à l’horizon de 2100, la superficie submergée de la végétation humide serait de l’ordre de 190 ha, et avec une ENM maximum de 0,51 m à l’horizon de 2100, la superficie submergée serait d’environ 356 ha.

B- Vulnérabilité socioéconomique à l’élévation du niveau de la mer

Les différents secteurs économiques qui seront touchés par l’élévation du niveau de la mer sont décrits pour les quatre sites étudiés, lagune de Nador, la frange littorale Saidia- Ras El Ma, Commune rurale de Beni Chiker et Commune rurale de Boudinar :

i. Lagune de Nador

a. Tourisme: Pour un niveau de 0,23 m, 68 ha seraient affectés par la submersion, celle-ci serait de 124 ha en cas d’un niveau d’eau 0,51m.

b. Agriculture: L’élévation attendue du niveau de la mer inonderait les terres cultivées à basse altitude, surtout celles situées en domaines irrigués de la plaine de Bouareg. Une élévation de 0,23 m provoquerait une perte en terres agricoles, évalué à 64 ha de terrains irrigués et 16 ha de

terrains « Bour ». Avec une élévation de 0,51m, les pertes en surfaces irriguées et « Bour » seraient de l’ordre de 112 ha et 27 ha, respectivement.

c. Industrie: Une zone industrielle est implantée dans la partie nord de la lagune à coté du port de Béni Ensar. Celle-ci s’étale sur une superficie de 60 ha et risquerait de subir des dégâts suite à une élévation du niveau marin. Pour une ENM de 0,23m, cette zone serait endommagée de 3,3%, et pour une ENM de 0,51 m elle serait affectée à hauteur de 8,3%.

d. Pêche: Dans la lagune, la totalité des sites de pêche cartographiés, soit 26 sites, risquerait d’être submergée pour les trois niveaux d’ENM.

e. Infrastructures: Avec un niveau d’élévation de 0,23 m, 1 et 18 km du réseau routier actuel serait touché respectivement pour les routes principales et secondaires. Pour un niveau 0,51m, ces longueurs seront respectivement de 2 et 29 km.

ii. Commune de Béni Chiker : Les plages et le site touristique en projet ‘Marinador’ seraient les seules composantes menacées de submersion. Ainsi, pour un niveau de 0,23 m, 3ha des plages du site seraient affectées par la submersion. En cas d’un niveau d’élévation de 0,51m, les pertes en plages seront de 15 ha). Le site touristique ‘Marinador’ risquerait de perdre 2 et 4ha de sa surface totale respectivement pour les deux scénarios. Globalement, pour les deux unités cartographiques (plages et sites touristiques), les surfaces menacées sont faibles, 0,2% de la surface totale de la commune.

iii. Commune de Boudinar : Les plages et la zone humide au niveau de l’embouchure de Oued Amekrane sont les composantes les plus vulnérables à l’élévation de niveau de la mer. Avec l’élévation de 0,5 m, la surface qui serait inondée est de l’ordre de 0,5 Km² et comprend la plage et la zone humide au niveau de l’embouchure de Oued Amekrane. Avec un niveau d’élévation de 1m, la superficie qui serait perdue est de l’ordre de 1,5 Km². La plage Sidi Driss serait submergée à 85 %.

iv. Saïdia - Ras El Ma : Avec une élévation de 0,5 m, la surface totale qui serait perdue est de l’ordre de 4 km² dont 0,76 km² des plages et 0,47 km² des terres agricoles irriguées situées au niveau de l’embouchure de Oued Moulouya, et 0,15 km² du port de . Avec une élévation de 1m, le nouveau projet de développement touristique serait complètement inondé. Aussi, environ 70 % des plages et 2 % des agglomérations urbaines seraient submergées par l’eau de mer. En ce qui concerne le réseau routier, 14 et 26 km des routes principales et routes secondaires seraient affectées, respectivement.

C- La vulnérabilité aux processus marins

La vulnérabilité aux processus marins, notamment au champ des houles, au champ des courants marins et le volume des sédiments qui en résultent au niveau des sites de Saïdia - Ras El Ma et la lagune de Nador est résumée comme suit.

1- Champ des houles

Saidia- Ras El Ma

o Elément important : présence des îles Jaafarines en face du Cap de l’Eau atténue les houles par la création d’un cône d’ombre qui diminue leurs effets sur l’embouchure de la Moulouya et la plage Saidia.

La lagune de Nador

o Modifications des caractéristiques (hauteur et direction) des houles près de la côte, dues aux phénomènes de réfraction à cause de la grande profondeur ; o plus la houle est haute, plus elle déferle proche de la côte.

2- Champ des courants marins

Saidia- Ras El Ma o Courant induit par les houles moins important dans la partie Ouest que dans la partie Est, pour ce qui concerne la vélocité et la bande active; o nombreux petits vortex dans la zone proche des îles Jaafarines : ils représentent une instabilité du modèle due à la morphologie particulière du site qui crée la turbulence ; o partie à l’Est : la houle L1 est plus directe et génère un flux plus intense (vélocité max=0,9 m/s et bande active d’environ 2 km) par rapport la houle R2. Partie à l’Ouest: les effets sont atténués.

Lagune de Nador o L1 est la houle la plus haute et le courant induit est majeur ; o vélocité de la côte d’environ 0.9 m/s, mais sur une bande active stricte. Quand le flux arrive au port, il est poussé loin des structures, avec une vélocité d’environ 0,4 m/s. o courants générant de petits vortex dans le bassin interne du port.

D- Vulnérabilité à l’érosion côtière

L’érosion côtière se manifeste par un recul du trait de côte. L’influence de l’homme, en particulier l'urbanisation et les activités économiques dans la zone côtière, ainsi que l’élévation du niveau de la mer ont transformé l'érosion côtière, processus initialement naturel, en un problème d'intensité croissante. L’érosion du littoral peut avoir des conséquences importantes aussi bien du point de vue écologique (destruction de milieux naturels à forte valeur biologique) qu’économique (rupture de routes, écroulement de maisons,…). Les zones qui seront affectées par l’érosion côtière dans le LMO sont résumées par site pilote, comme suit :

i. Lagune de Nador : Entre 1986 et 2006, la régression (érosion) a touché les 2/3 du littoral du site. La progression a atteint +146m à Boukâna, et la régression -86 m au niveau de l’ancienne passe à coté de douar Hay El Masjid. La surface perdue est de l’ordre de -48ha, soit de -2,4 ha/an. La surface gagnée sur la mer est d’environ 1,39ha/an. Entre 2006 et 2026 et en supposant que l’érosion serait similaire à celle du passé, la sédimentation continuera à augmenter à côté de la passe et la régression s’élèverait à 85% du littoral. La surface érodée serait à peu près de -39 ha, soit -1,94 ha/an et la surface perdue sur la mer (sédimentation) serait d’environ 17 ha, soit 0,84 ha/an ;

ii. Saïdia - Ras El Ma : Entre 1986 et 2003, la surface des plages perdues est approximativement de -42 ha soit -2,4 ha/an. Celle gagnée par la mer est de l’ordre de +22ha, soit 1,3 ha/an. Au niveau de l’embouchure de la Moulouya, l’érosion a été beaucoup plus marquée avec un taux maximum de - 11m/an. A l’Est du port de Ras EL Ma : le taux d’accrétion était plus fort avec une valeur maximale de +5,7m/an. Entre 2003 et 2020, les projections faites sur la base de l’expérience passée montrent que la surface des plages érodées serait de -40 ha soit -2,3 ha/an, la surface sédimentée serait de +21 ha, soit 1,2 ha/an.

E- Vulnérabilité aux inondations

i. Lagune de Nador : le site est exposé au risque d’inondation sur 560 ha, répartis entre : i) 81 ha de zones à risque très élevé (des agglomérations, des unités industrielles et des projets touristiques) ; ii) 276 ha à risque élevé (cultures irriguées et les routes principales) ; iii) 93 ha à risque moyen (des cultures « Bour » et l’infrastructure secondaire) ; et iv) 110 ha à risque faible (le milieu naturel).

ii. Commune rurale de Boudinar : avec un débit maximum de crue d’une période de retour de 10 ans, la superficie de l’emprise inondable par débordement de Oued Amekrane et ses affluents est d’environ 792 ha, alors que pour une période de retour centennale (100 ans) la superficie totale des zones inondables est plus importante et atteindrait 1070 ha.

iii. Saïdia - Ras El Ma : Zones à risque très élevé : ces zones comprennent les zones très vulnérables susceptibles d’être affectées par les inondations sur une superficie de l’ordre de 122 ha, soit environ 11% de la surface totale des zones à risques d’inondations. Zones à risque élevé: ce sont les parcelles vulnérables situées dans des zones d’Aléa d’inondation. La superficie inondable est de l’ordre de 424 ha, soit 39% de la surface totale des zones à risque d’inondation. Zones à risque moyen: ces zones sont occupées en totalité par les terrains agricoles non irrigués sur une superficie d’environ 155 ha soit 2 % de la surface totale des terrains agricoles non irrigués (8378 ha). Zones à risque faible: dans ces zones ayant une superficie de l’ordre de 394 ha, on trouve principalement la végétation naturelle, les marais et la plage.

F- Vulnérabilité à l’érosion hydrique

L’érosion hydrique est beaucoup plus accentuée dans les communes de Boudinar et de Béni Chiker. Les superficies affectées sont variables selon le site :

i. Commune rurale de Béni Chiker : Les zones stables 4257 ha ; soit environ 33% de la superficie totale de la commune ; alors que les milieux instables s’étendent sur une superficie totale de 8717 ha, soit 67% de superficie totale de la commune.

ii. Commune rurale de Boudinar : Les zones stables occupent une superficie plus réduite que les milieux instables avec respectivement 1714 ha soit environ 20% de la superficie totale de la commune et 6090 ha, soit environ 80% de superficie totale de la commune.

G- Vulnérabilité de la pêche aux changements climatiques

La vulnérabilité du secteur de la pêche aux changements climatiques dépend de la sensibilité de l’activité et de l’importance des risques et expositions. Cette vulnérabilité est tridimensionnelle :

i. La vulnérabilité technique des pêcheurs de la région se manifeste par l’absence ou l’insuffisance d’infrastructures de base (abris pour le matériel de pêche, réfrigérateurs de stockage de poissons, moyens d’approvisionnement en carburant, matériel de pêche, etc.), de points de vente appropriés, de routes facilitant l’accès aux sites, de contrôle qualitatif ou quantitatif des poissons lors de la pêche ou de la vente et du manque d’associations ou organisations professionnelles des pêcheurs.

ii. La vulnérabilité biologique concerne la diminution des captures qui témoigne des perturbations subies par le stock halieutique. Elles sont dues essentiellement aux changements des caractéristiques physico-chimiques de l’eau (température, salinité, acidité…) ainsi qu’autres facteurs non-climatiques comme la surexploitation et l’utilisation des techniques illicites. Ces perturbations ne concernent pas

seulement la quantité mais également la composition et la distribution des espèces, voire même, dans certains cas, leur disparition dans la zone comme le Mérou, de la palourde, des crevettes caramotes et de l’huître plate. Ces changements affectent aussi l’état des écosystèmes marins, habitats et refuges pour un nombre important de poissons à forte valeur commerciale. La disparition ou la diminution du stock de ces poissons compromettra la rentabilité de la pêche artisanale et le niveau de vie des communautés de pêcheurs qui en dépendent.

iii. La vulnérabilité socio-économique du fait de la dépendance économique presque unique de la pêche artisanale ; la majorité de la population active dans le secteur de la pêche n’exerce aucune autre activité. En outre, le taux d’analphabétisme est très élevé au sein de cette communauté rendant difficile le processus de communication et de sensibilisation en matière des risques liés aux CC et aussi en possibilités d’accès à d’autres emplois.

H- Vulnérabilité des forêts aux changements climatiques

Les incendies de forêt dépendent pour une bonne partie des conditions climatiques dominantes. L’étude sur le risque d’incendie au niveau du massif forestier de Gourougou a montré que :

i. la réduction des précipitations dans le massif de Gourougou et l’augmentation des températures prévues par les scénarios des changements climatiques, ne feront qu’augmenter le risque des incendies, suite aux changements des conditions des combustibles et d'inflammabilité de la végétation. L’augmentation prévue de la température provoquera, la diminution de la teneur en eau du sol et la réduction de l’humidité atmosphérique, ce qui aura comme conséquence l’augmentation du nombre d’incendies et de la durée des saisons à risque d’incendie ;

ii. la cartographie du risque d’incendie a montré qu’environ 59 % de la surface totale de la forêt de Gourougou est exposée à un risque très élevé, expliqué par la présence d’un terrain très accidenté (58 % du massif présente une pente supérieure à 30%), et d’une végétation très inflammable (58 % de la végétation du site présente un indice de combustibilité élevé).

I- Vulnérabilité de la femme aux changements climatiques

D’une manière générale, les communautés du littoral méditerranéen oriental vivent d’une économie peu diversifiée. La femme rurale d’une manière particulière, y est généralement plus pauvre que l’homme et possède un accès limité aux ressources et aux services. La pauvreté de la femme est multidimensionnelle et se mesure par rapport à ses capacités à faire face aux différents problèmes de santé, d’éducation, de mobilité, d’accès aux ressources, et de transformer les opportunités offertes en de réelles potentialités à exploiter.

Dans cette région, les femmes sont souvent occupées par le travail dans les exploitations agricoles familiales et par quelques petites activités génératrices de revenu mises en place par des initiatives gouvernementales ou associatives. Les difficultés financières et budgétaires de la femme impliquent sa grande vulnérabilité aux risques naturels et rejaillissent sur sa capacité à faire face aux événements extrêmes.

II- Synthèse des recommandations d’actions et orientations

1-Mesures d’adaptation

Les mesures d’adaptation proposées suite à une analyse des risques et expositions et aussi en concertation avec les parties prenantes, concernent les secteurs les plus vulnérables aux changements climatiques. Ces mesures visent à atténuer les impacts potentiels qui seraient provoqués par les changements climatiques (à travers les inondations, l’érosion, l’élévation du niveau de la mer, les sécheresses…) sur les écosystèmes naturels, l’agriculture, la pêche, les ressources hydriques, le tourisme et le secteur de l’eau.

1.1 Agriculture Les mesures d’adaptation proposées sont basées sur la formation des agriculteurs, la vulgarisation de programmes d’éducation sur la conservation et la gestion des sols et de l’eau, le développement de nouveaux modes d’irrigation (économie d’eau), la conversion de la céréaliculture en arboriculture fruitière ou agroforesterie (figuier, le pistachier et l’olivier), la plantation de semis précoces pour mieux tirer profit de la saison pluvieuse, la plantation de variétés résistantes à la sécheresse, l’utilisation de semences à cycle court pour faire face à une réduction de la durée de la saison des pluies et la vulgarisation des techniques de conservation de l’eau et du sol.

1.2 Pêche Les mesures proposées se focalisent sur l’approfondissement de la compréhension des impacts des changements climatiques sur la pêche (migration, dynamique, évolution des populations), le développement d’un programme d’aquaculture pour aider à reconstituer les stocks d’espèces affectées, la conservation et la préservation des zones de ponte et de fraie pour donner la chance aux espèces de se reproduire et de mieux résister aux changements climatiques, l’introduction d’autres activités génératrices de revenu pour écarter les risques de la mono-activité, la restauration et/ou la création de nouvelles zones de pêche, la promotion des actions visant à protéger certaines espèces et habitats clé telles que les herbiers marins, les coraux, autres espèces de flore, l’implication des organisations professionnelles à tous les niveaux dans les actions de conservation des ressources naturelles et d’aménagement des pêcheries, etc.

1.3 Tourisme L’adaptation du secteur du tourisme aux impacts des changements climatiques nécessite l’adoption de mesures adéquates telles que le déplacement de l’activité touristique des endroits où le risque est inquiétant et ou l’adatpation est économiquement non justifiée vers des endroits plus sûrs, l’évaluation et l’anticipation d’impacts futurs sur les investissements et projets touristiques actuels, l’intégration de l’aspect changements climatiques dans le plan d’aménagement régional en cours d’élaboration, l’investissement dans les projets touristiques écologiques qui profiteront à la région et valoriseront les produits de terroir, le renforcement des outils juridiques pour protéger le littoral et les zones fragiles, l’élaboration d’une carte pour les zones destinées aux investissements touristiques et les zones à protéger, la création d’un cadre de concertation et d’échange pour toute prise de décision concernant le développement économique de la région et la mise en place d’un développement intégré qui profitera aux agents locaux et valorisera les produits culturels et agricoles de la région, etc.

1.4 Plages et Infrastructures Les mesures d’adaptations proposées pour protéger les plages et les infrastructures face à l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière consistent à mette en place des actions ‘douces’ telles que la fixation des dunes par l'installation des palissades carrées, avec plantation d’espèces fixatrices, l’installation des murs en bois dont le rôle est de protéger le cordon dunaire et les zones humides contre les vagues de forte intensité, et des

mesures ‘fortes’, là ou c’est justifé tels que le rechargement de certaines plages et la construction de brises lames ou d’épis pour protéger les infrastructures portuaires existantes.

1.5 Eau Le potentiel en eau risquerait de diminuer avec l’augmentation des températures induisant une évaporation plus intense et une demande en eaux plus forte. Les mesures d’adaptation concernant les ressources hydriques consistent à utiliser des techniques de gestion rationnelle des eaux de surface ou sonterraines, la gestion intégrée des ressources en eau (intégration des différentes dimensions environnement – économie – social dans la planification de l’utilisation des ressources en eau), la réduction des pertes (eau d’irrigation et eau potable) et l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, la construction de petits barrages pour mobiliser les ressources en eau disponibles, l’aménagement des bassins versants, l’épuration des eaux usées pour une éventuelle réutilisation dans l’agriculture ou les écosystèmes naturels, etc.

1.6 Ecosystèmes naturels et zones humides Les mesures d’adaptation proposées consistent à mettre en place un suivi écologique continu à long terme pour comprendre les tendances et les impacts, engager une réflexion systémique et dynamique au lieu de la réflexion sectorielle et statique, déterminer des indicateurs biologiques fiables pour le suivi et l’évaluation diachronique des écosystèmes côtiers, étudier comment les prévisions climatiques puissent informer sur l’évolution des écosystèmes, intensifier les études multithématiques pour pourvoir les décideurs en informations scientifiques qui pourraient les aider à prendre des décisions éclairées, etc.

Pour la protection des forêts contre les incendies, il faudrait régénérer les forêts de la zone et notamment celle de Jbel Gourougou, planter des espèces autochtones résistantes aux feux de forêts, mettre en place un système de veille et de surveillance de feu, installer de postes-vigies et confection et entretien des pistes forestières, ouvrir des tranchés pare-feu pour limiter la propagation du front de feu en cas d’incendie, équiper les postes forestiers de véhicules de première intervention (VPI).

1.7 Sols et terres agricoles Les mesures d’adaptation proposées pour la protection des sols et terres agricoles contre l’érosion et les inondations consistent à renforcer le couvert végétal et à réhabiliter les écosystèmes naturels par un double traitement mécanique et biologique des zones à risque, vulgariser les pratiques culturales conservatrices, protéger le sol par des travaux de conservation des eaux et des sols, améliorer le couvert végétal par plantation d’arbustes fourragers et ensemencement d’herbacées dans les terrains de parcours, traiter le réseau hydrographique par des techniques mécaniques et biologiques adaptées aux conditions du milieu, labourer le sol perpendiculairement à la pente (plutôt que parallèlement) pour que le sol reste en place et que l’eau puisse s’infiltrer, améliorer le taux de matière organique dans le sol pour augmenter la capacité de rétention de l’eau et mettre en place des mesures anti-érosives dans les communes rurales de Beni Chiker et de Boudinar : mesures préventives (pour les milieux stables) et mesures curatives (pour les milieux instables) qui s’inscrivent dans l’urgence et concernent les aires homogènes de priorité d’intervention.

1.8 Femmes Dans le cadre d’une discussion interactive lors des différents ateliers organisés avec les femmes, ces dernières tout en se référant à leur vécu et à leur culture, ont suggéré des mesures d’adaptation à mettre en œuvre: le stockage des produits agricoles selon des techniques anciennes, la formation et vulgarisation en techniques de gestion rationnelle de l’eau, l’attribution de crédits et leur remboursement selon des échéanciers qui prennent en considération les cycles de production du bétail, le renforcement des capacités de la société civile en matière d’intervention rapide et de secourisme surtout dans les régions enclavées, la formation professionnelle des jeunes filles pour être plus qualifiées à travailler dans d’autres activitiés qutres que le travail domestique et agricole, la création d’activités génératrices de revenus, le renforcement du rôle de la société civile dans les

actions d’information et de sensibilisation des populations sur l’importance de la rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles et promouvoir la commercialisation des produits locaux dans des foires et manifestations organisées dans la région.

2- Orientations pour la communication et l’éducation aux changements climatiques

Certains spécialistes de la communication ont réfléchi à la façon de concevoir et de transmettre des messages sur les changements climatiques. On estime que les messages les plus importants à transmettre sont les suivants Hasso l (2008) : les changements climatiques se produisent déjà et vont s’accentuer dans le futur ; les scientifiques en sont certains ; les humains sont responsables de ces changements ; les citoyens doivent agir et sont capables de diminuer l’ampleur du phénomène à la condition de s’impliquer immédiatement.

La communication fonctionne mieux si un lien est formé entre le messager et les récepteurs du message, selon Moser (2007). Les agents de communication qui parlent des changements climatiques doivent être choisis en fonction de leur crédibilité auprès des groupes sociaux cibles. Ils doivent adapter leur langage et orienter leur discours pour se conformer aux besoins et intérêts de leur auditoire (Hassol, 2008).

Les concepts de base des changements climatiques doivent être expliqués et résumés à plusieurs reprises d’une manière éducative, par l’intermédiaire de plusieurs médias. Des images faciles à comprendre et à mémoriser (Pruneau et al. 2001) peuvent être mises à profit.

Les messages sur les changements climatiques doivent se focaliser sur les solutions afin de susciter l’espoir. Ils doivent inviter la population à démontrer son ingéniosité et sa fierté pour agir (Hassol, 2008) et développer une vision engageante et moralement attrayante dans une optique optimiste (Moser, 2007).

Dans les communautés où l’on veut amorcer un mouvement d’action environnementale, il est important d’identifier d’abord des personnes clefs qui, une fois engagées, seront plus susceptibles d’amorcer un mouvement social. Selon Gladwell (2000), ces personnes peuvent être les branchés (individus qui possèdent un vaste réseau de contacts sociaux dans toutes les tranches de la société), les érudits (individus habiles pour trouver rapidement des réponses aux questions) et les vendeurs (individus qui savent comment rendre les choses attrayantes et pertinentes).

 Défis et enjeux de l’éducation en matière d’adaptation aux changements climatiques

Quand on tente d’éduquer des personnes aux changements climatiques, le premier défi rencontré est d’ordre cognitif à cause de la complexité du problème. Les notions d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques ne sont pas souvent claires chez les gens à cause de lien interdépendants qui s’influencent mutuellement de plusieurs façons entre les différentes composantes d’un système. D’autres défis liés aux habitudes de vie contemporaine peuvent limiter le désir des gens de s’adapter aux changements climatiques. A cause des tâches quotidiennes et de la concentration des gens sur leurs besoins immédiats, peu d’intérêt et accorder aux événements qui pourraient survenir dans l’avenir. Certains impacts des changements climatiques sont difficilement perceptibles par les sens, du fait de leur dissimulation, invisibilité à l’œil nu ou de leur éloignement géographique du milieu de vie des gens. Cette absence de perception des problèmes par les sens limite la prise de conscience. La représentation mentale des impacts des changements climatiques peut s’avérer difficile à construire parce que ceux-ci, en particulier les événements extrêmes, ressemblent peu à des circonstances vécues par les gens. Aussi face aux

problèmes qui suscitent de l’anxiété comme les changements climatiques, les gens réagissent en excluant les informations reçues Seider (1998).

 Guide pédagogique pour développer les capacités adaptatives chez les élèves du secondaire

Un guide pédagogique intitulé le défi climatique et l’école marocaine été élaboré dans le cadre du projet ACCMA, ce guide a pour but d’outiller les enseignants pour travailler avec leurs élèves sur l’adaptation aux changements climatiques. Dans le guide pédagogique, on propose:

des informations sur les changements climatiques; des stratégies pédagogiques; un scénario complet pour travailler sur les adaptations avec les élèves.

L’éducation à l’adaptation aux changements climatiques vise la préparation des apprenants à prendre des mesures d’adaptation efficaces. Pour ce faire, on doit les inviter à analyser les problèmes environnementaux locaux, à prédire les impacts possibles des changements climatiques sur ces problèmes, à évaluer le degré de vulnérabilité de leur communauté et à résoudre les problèmes potentiels qui pourraient y être engendrés. Les connaissances à transmettre ou à faire construire par les apprenants sont vastes. Elle concerne les concepts strictement liés aux changements climatiques, la connaissance scientifique des problèmes écologiques et sociaux locaux, la connaissance des ressources communautaires pouvant faciliter l’adaptation ainsi que la connaissance de moyens d’adaptation. De plus, si l’on donne que les apprenants réussissent à mettre en place des mesures d’adaptation efficaces, l’unique renforcement de leurs connaissances n’est pas suffisant, mais on doit développer chez eux certaines compétences environnementales.

Les compétences peuvent être développées chez les élèves grâce à diverses stratégies pédagogiques. Les stratégies qui sont présentées dans le guide sont :

1. la prise de décision environnementale : cette stratégie permet d’aider les apprenants à prendre des décisions en lien avec les changements climatiques, dans lesquelles ils considèrent l’avenir, la santé humaine et la qualité des écosystèmes;

2. l’éducation aux valeurs environnementales : par cette stratégie, on veut aider les apprenants à réfléchir à leurs valeurs en lien avec l’environnement et à écouter les idées de leurs pairs ;

3. l’approche accélérée de recherche participative : cette stratégie favorise le partage d’informations au sujet d’un problème local et elle encourage la réalisation de mesures d’adaptation ;

4. l’éducation en milieu naturel : cette stratégie permet aux apprenants d’entrer en étroite communication avec les éléments naturels;

5. l’apprentissage expérientiel : on fait vivre aux apprenants une expérience réelle de contact direct avec le milieu (naturel ou construit) ;

6. l’enquête appréciative : on met l’accent sur les accomplissements, ressources et capacités de la communauté plutôt que sur ses problèmes. Les apprenants étudient les éléments positifs, les forces et les pressions présentes dans la communauté et mettent à profit ces éléments pour initier un changement ;

7. la résolution de problèmes environnementaux : cette stratégie invite les apprenants à découvrir et à résoudre des problèmes environnementaux dans leur milieu ;

8. l’approche critique : dans cette stratégie, on apprend aux apprenants à critiquer des documents ou des situations en relation avec les changements climatiques ;

9. l’utilisation des histoires : on présente aux apprenants divers types d’histoires, pour leur faire apprécier leur milieu, pour leur démontrer qu’ils peuvent réussir des actions environnementales ou pour leur expliquer des problèmes environnementaux ;

10. l’éducation au futur : on invite les apprenants à prédire les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes locaux, sur leur propre vie, et on les encourage à améliorer leur avenir;

11. le débat : il s’agit d’une stratégie qui permet aux apprenants de débattre une question environnementale;

12. l’éducation à la viabilité urbaine : on fait comprendre aux apprenants le concept de viabilité, on leur fait évaluer la viabilité de leur communauté et on leur donne l’occasion d’effectuer une action environnementale;

 Renforcement des capacités en éducation aux changements climatique

Pour initier la réflexion des cadres enseignants sur les changements climatiques, des ateliers de formation des enseignants du secondaire ont été organisés conjointement avec les Délégations de l’Éducation Nationale des provinces de Berkane et de Nador. Ces recours avaient a pour but principal d’initier les enseignants de la région aux méthodes d’éducation à l’environnement et plus particulièrement à l’éducation à l’adaptation aux changements climatiques. Le guide pédagogique à été utilisé comme support de formation. Ce guide permettra aux cadres enseignants de réfléchir et de choisir les stratégies avec lesquelles ils se sentiront le plus à l’aise pour travailler dans leurs classes.

3- Révision et adaptation des plans d’action SMPAIII

Au niveau de la lagune de Nador

Dans le site de la lagune de Nador, l’érosion cotière est importante. L’élévation du niveau marin et surtout l’augmentation attendue de la force et de la fréquence des tempêtes, devraient accélérer le recul du courdon et ouvrir des brèches dans les secteurs les plus fragiles. Les principales recommndations et orientations à apporter au plan d’action de la GIZC du site de la lagune de Nador concernent essentiellement :

i. Le plan de gestion de la pêche proposé doit se baser sur une approche écosystémique et doit être susceptible d’évoluer rapidement en fonction des résultats obtenus aux différentes étapes de sa mise en œuvre (révision continue) au regard de l’évolution rapide des processus biologiques et écologiques des espèces. Le plan de gestion de la pêche doit également prévoir les impacts éventuels des changements climatiques sur le cycle biologique des poissons, changement dans la période de reproduction et de migration des poissons, l’apparition de nouvelles espèces et la disparition d’autres espèces.

ii. L’étude de l’Aménagement de voies de passage sur le cordon dunaire, proposée, a pour but la proposition de zones de circulation et de stationnement des véhicules à moteur. Dans cette étude il faudrait prendre en considération les zones les plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer et les zones les plus exposées à l’érosion côtière. Les voies de passage qui seront aménagées doivent être construites dans les zones les plus stables et par la suite elles doivent être protégées contre le sable transporté par le vent. La protection sera assurée par l’installation de ganivelles pour reconstituer et protéger les dunes littorales et en même temps pour canaliser les déplacements humains sur les sites.

Il est suggéré d’installer un système de signalétique pour les zones ou la circulation des véhicules est interdite et des panneaux de sensibilisation sur la fragilité de l’écosystème dunaire.

iii. Les études concernant les circuits et les habitats clandestins proposées doivent prendre en considération les impacts engendrés par les inondations et le risque d’élévation du niveau de la mer, par conséquent, il faudrait intégrer les impacts prévus des changements climatiques dans les schémas directeurs d’aménagement urbain et interdire les constructions dans les zones à risque. En outre, d’autres actions d’adaptation aux impacts des changements climatiques ont été proposées en complément à celles qui précédent et sont résumées comme suit :

1. protection de l’environnement côtier de la lagune de Nador contre l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière (stabilisation et fixation des dunes, le rechargement de certaines plages et la mise en place d’un observatoire du niveau de la mer) ;

2. protection de la ville de Nador et des communes avoisinantes contre les crues et les inondations (l’endiguement et le curage des oueds, le reboisement des versants bordant la lagune, la construction des retenues d’eau telles que les barrages collinaires et l’instauration d’un système d’alerte précoce contre les inondations au niveau des écoles) ;

3. amélioration des conditions de travail des pêcheurs et préservation du stock halieutique (la construction d’un Point de Débarquement Aménagé, la modernisation de la flottille de pêche artisanale, la création de nouveaux habitats (récifs coralliens artificiels) et l’organisation et formation des pêcheurs).

Au niveau de la commune rurale de Beni Chiker le développement de l’urbanisation est susceptible de créer des zones à risques dans cette commune, surtout avec les problemes liés aux risques de submersion et d’érosion hydrique qui risqueraient de s’intensifier dans le futur. A ce titre, les principales améliorations à apporter au plan d’action de la GIZC de la commune rurale de Beni Chiker concernent essentiellement:

i. les campagnes d’information et de sensibilisation prévues doivent prendre en considération les impacts des changements climatiques et veiller à augmenter les capacités d’adaptation de la population. Il faudrait donc développer des stratégies de communication et d’éducation dans la région pour favoriser chez les citoyens une meilleure compréhension des changements climatiques, leur communiquer l’urgence d’agir, les motiver à rechercher des idées d’adaptation et les rendre aptes à implanter ces idées, ces stratégies doivent être généralisées pour toucher toutes les catégories sociales de la population ;

ii. l’étude sur les circuits et le réseau de transport qui permettraient de valoriser et révéler le potentiel environnemental de la commune proposée, doit tenir compte du risque d’érosion. Les circuits doivent être installés dans les zones les plus stables (durabilité des infrastructures routières).

En outre, d’autres actions d’adaptation aux impacts des changements climatiques sont proposées et consistent en:

1. le renforcement des capacités de la communauté pour faire face aux effets adverses des changements climatiques (compagnes de formation et d’alphabétisation); 2. le renforcement des capacités d’adaptation des pêcheurs face à l’augmentation des températures et à l’augmentation des vagues de chaleur : amélioration de la conservation des poissons en période de chaleur ;

3. l’amélioration des conditions de travail des pêcheurs pour faire face aux impacts des changements climatiques, en particulier les tempêtes ; 4. la vulgarisation des pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation de la communauté agricole aux problèmes liés à la sécheresse ; 5. la mise en place des mesures de protection contre les inondations pour contrecarrer les dommages provoqués par les crues sur l’agriculture ; 6. le développement d’autres activités génératrices de revenu plus résilientes aux impacts des changements climatiques. Au niveau de la Commune rurale de Boudinar

Les actions déjà proposées dans le plan action de GIZC sont focalisées sur des mesures de contrôle de l’urbanisation, l’élaboration d’un plan d’aménagement, et le contrôle de l’érosion. les principales amélioration à leur appoter concernent essentiellement :

i. la sélection des espèces à reboiser doit tenir compte de l’évolution climatique prévue. La commune a vécu ces dernières années des sècheresses répétées et des perturbations remarquables dans le climat ; le plan de reboisement doit prévoir des espèces rustiques adaptées à la sécheresse et ayant une certaine plasticité pour résister au changement des conditions climatiques.

ii. l’agriculture est naturellement sensible aux conditions climatiques, la modification de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations et crues) est considérée comme le plus grand défi que devra relever le secteur agricole face aux changements climatiques. A ce sujet, pour la sélection des terres agricoles à réhabiliter, il faudrait tenir compte du risque d’érosion et du risque d’inondation afin d’éviter dans le futur tout problème prévenant de ces deux aléas surtout qu’ils seront plus accentués dans le futur avec les changements climatiques.

iii. dans ce site, si les risques d’inondations s’accroissent, l’impact sur le réseau routier serait plus important surtout dans les zones enclavées où les pistes impraticables passant forcément par le lit mineur de l’oued Amekrane et ses affluents, constituent les seules voies de desserte. A ce titre, les routes et voies de circulation qui ont été proposées doivent être envisagées dans des zones éloignées des cours d’eau et elles doivent être protégées contre les eaux d’inondation par la construction et l’entretien des ouvrages d’art. D’autre part, le plan d’aménagement pour la zone côtière de la commune, proposé doit interdire la construction des habitats à proximité des cours d’eau et sur les sols exposés au glissement de terrains ou d’effondrement. La prise en compte des effets des changements climatiques dans les plans d’aménagement communaux futurs demeure donc une nécessité pour les décideurs.

D’autres actions d’adaptation supplémentaires renforceront le plan d’adaptation de la communauté, à savoir :

1. la mise en place des mesures pour contrecarrer les dommages provoqués par les inondations (aménagement des voies de passage des eaux des pluies et promotion des petits aménagements hydrauliques ; et l’aménagement des infrastructures de base, notamment la construction de routes et des ponts) ;

2. la vulgarisation et la mise en place de mesures antiérosives dans les zones les plus touchées par l’érosion (détermination des aires prioritaires pour un aménagement antiérosif, conception et spatialisation des mesures antiérosives, encadrement des agriculteurs et vulgarisation des techniques antiérosives et d’amélioration de la fertilité des sols) ;

3. la mise en œuvre des pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation de la communauté agricole au problème de la sécheresse (construction des impluviums et bassins de décantation pour le stockage des eaux de pluie, utilisation de variétés résistantes à la sécheresse et la promotion de l’usage de l’irrigation localisée).

4. La création d’autres activités génératrices de revenu moins sensibles aux impacts des changements climatiques.

Au niveau du littoral de Saïdia - Ras El Ma

L’objectif général du programme GIZC dans cette zone est de favoriser le développement harmonieux et durable des zones humides côtières. En termes d’adaptations du plan d’action GIZC proposé, il est recommandé :

i. pour l’identification des nouvelles zones urbanisables, il faudrait tenir compte du risque d’inondation et interdire les constructions dans les zones les plus exposées ; ii. les compagnes de sensibilisation proposées doivent porter aussi sur la problématique des changements climatiques dans la région. La proposition de mesures d’adaptation et de mesures d’atténuation est primordiale pour inciter les gens à modifier leur comportement envers l’environnement naturel dans un but de préservation ;

iii. le rythme d’érosion doit faire l’objet d’une attention et d’un suivi continu ; à ce titre, le plan intégral pour la gestion du stock sédimentaire proposé doit envisager la dynamique côtière aggravée par les changements climatiques, Il est convenu d’estimer l’aléa à court, moyen et long termes.

iv. pour la réhabilitation des dunes et du fait de la spécificité naturelle du site, les ouvrages «durs» doivent être évités. Pour contrecarrer l’érosion côtière, il faudrait adopter des solutions «softs», par exemple la construction ou le renfort des dunes et le remblayage artificiel qui augmente la largeur de la plage et constitue aussi une source de sédiments pour les dunes.

D’autres mesures d’adaptation aux impacts des changements climatiques ont été proposées et se résument ainsi :

1. protection de l’environnement côtier du site contre l’érosion côtière et préservation du SIBE ;

2. mettre en place des mesures d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer ;

3. protection des villes de Berkane et de Saïdia et des communes avoisinantes contre les crues et les inondations ;

4. faciliter l’acquisition du petit matériel aux pêcheurs pour améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus ;

5. améliorer l’équipement des barques et approvisionner les pêcheurs en matériel d’orientation (navigation) face aux vents violents et à l’imprévisibilité climatique;

6. mettre en œuvre de pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation au problème de la sécheresse ; 7. développer d’autres activités génératrices de revenu en collaboration avec les associations et les coopératives locales.

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I- CONTEXTE GENERAL DU PROJET ACCMA

1- L’élévation du niveau de la mer et les évènements climatiques extrêmes dans le littoral méditerranéen oriental du Maroc : un problème préoccupant !

Depuis la fin du XIXème siècle le niveau marin planétaire s’est bien élevé à une vitesse moyenne de l’ordre de 1,5 mm par an (GIEC, 2007). Sur le plan physique, l’eau des océans augmente de volume par réchauffement et entraine par conséquent, une élévation du niveau de la mer. Cette élévation du niveau de la mer, dans le contexte d’un réchauffement général, est aussi engendrée par l’augmentation de la masse totale d’eau due à la fonte de la neige et de la glace présentes sur les terres émergées et les variations de la densité de l’eau dues à une hausse de la température des eaux océaniques et à des modifications de la salinité (GIEC, 2007).

Le niveau moyen de la mer, est défini (GIEC, 2007) comme le niveau relatif moyen de la mer sur une période donnée suffisamment longue pour qu’il soit possible d’établir une moyenne pour des phénomènes transitoires tels que les vagues ou les marées. L’élévation relative du niveau de la mer correspond à une augmentation locale du niveau de l’océan par rapport à la terre, qui peut être provoquée par la montée des eaux océaniques et/ou par une subsidence des terres émergées.

A l’échelle globale, la vitesse d’élévation observée n’est pas uniforme. Elle a augmenté dans certaines régions et elle a même chutée dans d’autres (figure 1). Ces différences régionales des vitesses de variations du niveau de la mer sont causées par la distribution non uniforme du contenu thermique de l’océan ; avec des régions plus chaudes et des régions plus froides (Cazenave, 2006).

Figure 1: Évolution du niveau de la mer depuis 1993 (Holgate et Woodwoth, 2004) Observations des satellites altimétriques Topex/Poseidon (en bleu) et Jason-1 (en rouge).

A l’échelle globale, les projections à la fin du XXIème siècle (2090-2099) envisagent un réchauffement de la température de surface et une augmentation de l’élévation moyenne mondiale du niveau de la mer quelque soit le scénario d’émission de GES considéré (Tableau 1).

Tableau 1: Projections des valeurs moyennes du réchauffement en surface et de l’élévation du niveau de la mer à la fin du XXIème siècle, à l’échelle du globe (GIEC, 2007). Variation de température Élévation du niveau de la mer (°C, pour 2090–2099 par rapport à (m, pour 2090–2099 par rapport à 1980–1999) Cas 1980-1999) Valeur la plus Intervalle Intervalle fondé sur les modèles sauf évolution probable probable dynamique rapide de l’écoulement glaciaire

Concentrations constantes, 0,6 0,3 - 0,9 Non disponible niveaux 2000 Scénario B1 1,8 1,1 - 2,9 0,16 - 0,38 Scénario A1T 2,4 1,4 - 3,8 0,20 - 0,45 Scénario B2 2,4 1,4 - 3,8 0,20 - 0,43 Scénario A1B 2,8 1,7 - 4,4 0,21 - 0,48 Scénario A2 3,4 2,0 - 5,4 0,23 - 0,51 Scénario A1F1 4,0 2,4 - 6,4 0,26 - 0,59

NB : La composition constante en 2000 est établie uniquement à partir de modèles MCGAO. Les scénarios sont les six scénarios SRES de référence. Les concentrations approximatives (en équivalent-CO2) correspondant au forçage radiatif calculé pour les GES et les aérosols anthropiques en 2100 selon les scénarios SRES illustratifs de référence B1, AIT, B2, A1B, A2 et A1FI s’établissent respectivement à 600, 700, 800, 850, 1 250 et 1 550 ppm environ.

Conjugué à l’élévation prévisible du niveau de la mer, le changement de fréquence et d’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, devrait avoir des effets néfastes sur les systèmes naturels et humains (tableau 2).

Tableau 2: Incidences possibles des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes associés aux changements climatiques (GIEC, 2007)

Probabilité Principales incidences anticipées par secteur Phénomène et d’évolution Agriculture, Industrie, évolution future pour Ressources en ème foresterie et santé établissements anticipée le XXI eau siècle écosystèmes humains et société Incidence accrue des Salinisation Diminution de Risque accru de Coût de la protection épisodes des eaux la quantité décès et de du littoral par rapport d’élévation d’irrigation, d’eau douce blessures lors au coût de la extrême du Probable des estuaires disponible en des inondations; réaffectation des niveau de la et des raison de effets sanitaires terres ; possibilité de mer (à systèmes l’intrusion liés à la déplacement des l’exception des d’eau douce d’eau salée migration populations et des tsunamis) infrastructures.

NB : L’élévation extrême du niveau de la mer dépend du niveau moyen de la mer et des systèmes météorologiques régionaux. Elle correspond à la tranche supérieure (1 %) des valeurs horaires relevées à une station donnée pendant une période de référence. Dans tous les scénarios, le niveau moyen de la mer anticipé en 2100 pour la planète est supérieur à celui de la période de référence.

D’après les projections du GIEC (2007), les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer entraîneront un accroissement des risques auxquels sont exposées les côtes, notamment en matière d’érosion; d’autant plus que ce phénomène sera amplifié par la pression croissante qu’exerce les activités humaines sur les zones littorales (degré de confiance très élevé).

Il est par ailleurs prévu que d’ici l’an 2080, plusieurs millions de personnes supplémentaires subiront chaque année les conséquences d’inondations dues à l’élévation du niveau de la mer. Parmi les sociétés, les établissements humains et les industries les plus vulnérables figurent ceux qui sont situés dans les plaines d’inondation côtières ou fluviales, ceux dont l’économie est étroitement liée aux ressources sensibles aux conditions climatiques et ceux qui sont situés dans des zones connaissant des phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier en cas d’urbanisation rapide (GIEC, 2007).

L’incidence des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer sur les zones côtières est multiple. Elle se traduit par un certain nombre d’impacts dont essentiellement (Fellous, 2004) :

submersion des zones littorales basses. ; menaces sur les faciès littoraux : marais maritimes, polders, mangroves, récifs coralliens érosion côtière accrue : il se manifeste par deux phénomènes ; le retrait des plages de sable (~ 100 fois l’élévation du niveau de la mer) et le recul accéléré des falaises ; salinisation des estuaires et eaux souterraines (recul en amont du front de salinité, impacts sur les milieux naturels proches de l’embouchure des fleuves, menaces sur les eaux douces souterraines : morcellement et salinisation des aquifères) migration vers le rivage des écosystèmes côtiers : elle est possible si l’environnement se modifie progressivement et elle est compromise si des obstacles naturels ou artificiels s’y opposent et provoquent une dégradation de l’environnement côtier. mortalité de la faune et de la flore sessiles migration d’espèces et modifications de la dynamique des populations menaces sur la faune et la flore des zones humides, deltas, lagunes, marais, étangs, et sur les oiseaux migrateurs, donc un impact sur l’activité pêche. efflorescences algales toxiques

D’une manière générale, la remontée attendue du niveau marin aura des incidences graves sur les zones côtières marocaines (CNI, 2001) où sont installées 80% des infrastructures industrielles et énergétiques et où se trouvent les réseaux de communication les plus denses, les densités démographiques les plus élevées, les plaines agricoles les plus fertiles avec la plus grande partie des activités économiques nationales (agriculture, pêche et aquaculture, commerce, tourisme…).

Le littoral méditerranéen oriental des provinces de Nador et Berkane en particulier, compte parmi les côtes les plus menacées du Maroc. Déjà à ce titre, les premières observations (projet ACCMA, 2007-2010) ont relevé une perte du 2/3 du littoral dans la région de Nador en vingt ans (1986 à 2006) ; et un recul des plages (1986-2003) qui s’effectue à raison de 2, 44 ha/ an dans la région de Saïdia – Ras El MA. Outre une économie régionale très dépendante des ressources naturelles (agriculture, pêche, élevage, artisanat, tourisme, etc.), cette zone abrite également des d’écosystèmes côtiers et continentaux diversifiés et de haute valeur environnementale et paysagère. La lagune de Nador, l’embouchure de la Moulouya, le Cap des Trois Fourches et Jbel Gourougou sont classés au titre de Sites d’Intérêt Biologique et Écologique (SIBE). Ces milieux présentent une richesse floristique et faunistique importante caractérisée par l’abondance d’un certain nombre d’espèces endémiques rares et/ou menacées qui se trouvent vulnérables aux impacts prévus des changements climatiques et de l’élévation accéléré du niveau de la mer.

Ces risques climatiques que court le littoral des provinces de Nador et Berkane exigent l’adoption de mesures urgentes et adéquates permettant de se prémunir contre les impacts négatifs prévus.

En effet, l’on sait aujourd`hui avec certitude que, quelque soient les efforts qui seront entrepris pour les atténuer, les changements climatiques sont pour partie inévitables (GIEC, 2007). Il convient donc de gérer ce

nouveau contexte, tout en se gardant de considérer le changement climatique comme le seul moteur du changement. Le nouveau contexte climatique viendra essentiellement aggraver les problèmes déjà existants, sécheresse, érosion et submersion des côtes, etc., plus qu’il n’en apportera de nouveaux. Dans de nombreux cas, l’adaptation n’exige pas de mesures proprement nouvelles et conduit à adopter des stratégies « sans regret ».

Il faut entendre par là, l’adoption de mesures propres à réduire la vulnérabilité actuelle des zones ou secteurs d’activités à divers facteurs de perturbation, de stratégies bénéfiques même sans considérer les changements climatiques (Hallegatte, 2009). Ce peut être par exemple la décision de réhabiliter un cordon dunaire en mauvais état ou celle de ne construire de bâtiments nouveaux qu’à bonne distance du rivage dans les secteurs en érosion. Si la conjoncture redevenait favorable, c'est-à-dire si l’aggravation de l’érosion à la suite de l’augmentation de la force et de la fréquence des tempêtes, conséquence attendue du changement climatique, ne se faisait pas sentir, il serait toujours temps de modifier la stratégie adoptée, sans avoir à regretter des mesures aventureuses prises inconsidérément.

Le dialogue entre les acteurs de l’adaptation au changement climatique et ceux du développement n’est cependant pas chose aisée, tant ces deux mondes ont des priorités différentes, opèrent à des temporalités spatiotemporelles différentes et ne parlent pas nécessairement « le même langage » (OCDE, 2009). C’est à nouer ce dialogue que s’est attaché l’équipe d’ACCMA, multipliant les forums d’informations et de débats tout au long des trois années du projet.

Le changement climatique représente bien plus qu’un changement des conditions climatiques : il est, pour les décideurs, une source d’incertitude qui vient compliquer la prise de décision publique (Magnan et al, 2009). Une partie des difficultés en la matière vient de la réticence à appliquer le principe de précaution dans l’aménagement du territoire. Le programme ACCMA, en procédant à l’évaluation de la vulnérabilité du littoral marocain oriental aux effets du changement climatique s’est attaché à réduire cette incertitude, et à montrer aux décideurs politiques les éléments naturels et socio-économiques les plus cruciaux, à donner des pistes pour une adaptation durable et pertinente dans le cadre d’une gestion intégrée adapté et concertée des zones côtières du littoral méditerranéen oriental.

2- Présentation du projet Adaptation au Changement climatique au Maroc (ACCMA)

Le projet ACCMA « Adaptation aux Changements Climatiques au Maroc » est un projet qui porte sur l’adaptation à l’élévation du niveau de la mer et aux événements climatiques extrêmes dans le littoral méditerranéen oriental du Maroc.

Mis en œuvre dans le cadre du programme Adaptation aux Changements climatiques en Afriques (ACCA), il est conjointement financé par le Centre de Recherches et de Développement International (CRDI) du Canada et le département de Développement International du Royaume Uni (DFID). Il s’est déroulé sur une période de trois ans (2007-2010), et a été mis en œuvre par un consortium national et international qui regroupe une équipe multidisciplinaire de chercheurs impliqués, chacun dans son domaine, dans la problématique des changements climatiques et dans ses conséquences sur les ressources naturelles et les activités humaines (Photo 1).

Les Partenaires au Projet ACCMA sont principalement constitués des institutions ci-après : Ecole Nationale Forestière des Ingénieurs (ENFI), Salé, Maroc (Coordination) ; Direction de la Météorologie Nationale (DMN), , Maroc ; Interdisciplinary Centre for Environmental Research (CIRSA), University of Bologna, Italie; Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), Potsdam, Allemagne; Université de Moncton, Faculté des Sciences de l'Education, Canada; Université Mohamed V (UM5), , Maroc ;

EUCC - The Marine and Coastal Union, Leiden, Pays ba

2.1 Vision et mission du Projet ACCMA

A Nador et Berkane, la population a accès à l’emploi, à la santé, à un environnement sain, et démontre un esprit de communauté. Les enseignants sont bien formés pour une éducation adaptée aux spécificités locales et les adultes sont sensibilisés à des prises de décisions environnementales. Les jeunes reçoivent une éducation adéquate sur les changements climatiques et leurs impacts. La population est consciente des changements climatiques et de leurs impacts et elle est capable de s’y adapter.

Les décideurs de différents niveaux, les organisations communautaires, la société civile et les acteurs socioéconomiques sont engagés activement dans la planification stratégique à long terme, intégrant des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, et sont soutenus par un cadre institutionnel approprié.

Les chercheurs réalisent des études sur les changements climatiques dans les régions côtières du Maroc et leurs résultats sont pris en considération par les planificateurs et les décideurs. Les instituts de recherche et les organisations gouvernementales et non gouvernementales collectent suffisamment de données environnementales et les rendent accessibles. Les agences nationales, les ONG et les utilisateurs des ressources naturelles collaborent à la préservation de l’intégrité des écosystèmes, et luttent contre la pollution. L’utilisation de l’eau est rationnelle et gérée d’une manière intégrée et durable.

La mission du projet ACCMA consiste à améliorer les connaissances et la prise de conscience en matière de changements climatiques et à renforcer les capacités d'évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques de différents secteurs socio-économiques au Maroc (les zones côtières des provinces de Berkane et Nador). Le but poursuivi est de développer la recherche, de renforcer les capacités d'adaptation aux changements climatiques des décideurs, et de soutenir les capacités d'interaction dans le processus de prise de décision (Encadré 2).

2.2 Objectifs généraux du projet

Les objectifs du projet consistent essentiellement à :

a. permettre aux acteurs locaux de connaître les impacts des changements climatiques que leur environnement risque de subir et la manière de s’y adapter ;

b. établir par la recherche les limites sociales, économiques et environnementales à respecter dans un processus de développement durable ;

c. intégrer et impliquer les services gouvernementaux, les institutions de recherche et la société civile dans des réseaux d’échange d’expériences en matière de changements climatiques et de mesures d'adaptation ;

d. engager activement les institutions et les décideurs dans une stratégie intégrée de planification côtière - comprenant la réduction des impacts et l'adaptation aux changements climatiques - soutenue par un cadre légal et institutionnel adéquat pour sa mise en œuvre.

Pour atteindre ces objectifs, divers approches méthodologiques ont été adoptées, à savoir :

a. collecte et description des données écologiques et socioéconomiques de base ;

b. évaluation des risques pour les différents scénarios de changement climatique sur une échelle à grille réduite ; c. évaluation de la vulnérabilité des différents secteurs socioéconomiques et environnementaux dans les zones côtières des provinces de Berkane et Nador ; d. révision des plans d’action de GIZC élaborés dans le cadre du programme SMAP III ; e. finalisation et application des stratégies d’adaptation ; f. organisation des ateliers de travail avec les décideurs locaux et nationaux et avec les autres parties prenantes ; g. promotion de la prise de conscience de la population locale et de la Société civile quant aux risques potentiels des changements climatiques et les mesures d’adaptation.

Encadré 2 - Incidences visées par le Projet ACCMA et Partenaires limitrophes

Les chercheurs mettent à la disposition des décideurs et des communautés des connaissances sur l’adaptation aux CC; s’engagent activement avec les décideurs et les éducateurs à assurer les recherches et la formation relevant des conséquences des CC ; partagent les données librement; conduisent des recherches de modélisation et d’expérimentation afin de tester les stratégies d’adaptation (analyses et études de cas).

Les décideurs intègrent les mesures d’adaptation aux changements climatiques dans l’élaboration et la révision de plans d’aménagement du territoire côtier et des stratégies concernant la gestion et l’utilisation des ressources naturelles ainsi que dans l’élaboration de lois et de règlements relatifs aux zones côtières.

Les acteurs locaux adoptent des actions d’adaptation dans un processus intégré et participatif de planification et de prise de décisions

Le projet a trois partenaires limitrophes : les décideurs, les acteurs locaux (collectivités, population locale et société civile) et les chercheurs.

Les principaux résultats attendus du projet ACCMA se traduisent essentiellement par : a. les données et les métadonnées nécessaires pour les tâches de modélisation et d’évaluation de la vulnérabilité ; b. les scénarii et les données d’impacts, et les sorties de modèles ; c. Le catalogue des cartes de vulnérabilité locale des sites comprenant des composantes naturelles et socio-économiques ; d. les rapports concernant les stratégies d'adaptation aux changements climatiques ; e. la première génération de bonnes/mauvaises pratiques des concepts d'adaptation utiles pour le Maroc ; f. un document d`orientation comprenant différents types d'actions potentielles concernant l’adaptation aux changements climatiques ; g. les rapports d'ateliers, et les comptes rendus de réunions ; h. un inventaire des données, des méthodes et des techniques adéquates de modélisation ; i. le partage d'information et de logiciels entre les établissements ; j. les rapports d’évaluation et les articles présentant l’évolution des politiques du processus de décision en matière de changement climatique.

Photo 1: Atelier du démarrage du projet ACCMA le 09 juillet 2010 a Nador

3- Monographie de la zone d’étude du projet ACCMA

Le Littoral Méditerranéen Oriental (LMO) se situe à l’extrémité Nord - Est du Maroc. Il s’étend, administrativement, sur trois municipalités et 23 communes rurales. L’ensemble de ces entités administratives relève de deux provinces, Berkane et Nador (Figure 2).

Mer Méditerranée

Figure 2 : Localisation géographique de la zone d’étude du projet ACCMA

3.1 Contexte biophysique

Le littoral méditerranéen oriental présente une alternance de plaines ou bassins et de massifs montagneux. Cette région est cloisonnée en petites unités de relief. Les paysages physiques sont variés avec des bassins arides et chauds et des chaînons fortement plissés plus arrosés (EDESA, 1996).

Sur le plan climatique, la zone côtière de l’oriental marocain, tout comme l’ensemble du Maroc, présente un climat de type méditerranéen. Il se distingue par la succession de deux saisons contrastées : un été chaud et sec, s’étalant de juin à octobre, suivi d’une période fraîche et pluvieuse qui débute au mi-automne et se prolonge jusqu’à mai. Les précipitations sont limitées et tombent souvent sous forme d’averses orageuses, à intensité élevée, et sont liées à des perturbations convectives. Dans ce contexte, d’importants problèmes d’inondation surviennent après des fortes pluies, et des nuisances sont observées après chaque averse. Les villes de Nador et Saïdia reçoivent les eaux de ruissellement issues des massifs montagneux avoisinants. Le manque d’exutoires pour les eaux pluviales conduit à la stagnation des eaux de pluies et par conséquent à des dégâts matériels importants, comme s’était le cas en hivers 2008et 2009.

Sur le plan écologique, la situation géographique et la configuration géomorphologique du LMO confèrent à la zone une variété de milieux naturels et des nuances écologiques où se développent une flore et une faune très diversifiées. Cette diversité a permis à l’étude nationale sur les aires protégées d’identifier dans la zone quatre Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE), en l’occurrence Jbel Gourougou, la Lagune de Nador, le Cap des Trois Fourches et l’embouchure de la Moulouya. La faune et la flore y sont particulièrement riches et elles présentent un fort taux d’endémisme. A titre d’exemple, le nombre d’espèces d’oiseaux identifiées pour le seul SIBE de La Moulouya correspond à près des 2/3 du total des espèces connues à l’échelle nationale (ElAgbani et al, 2003). Par ailleurs, 42% de la flore du Cap des Trois Fourches est endémique. Il faut également signaler la présence d’espèces floristiques plus ou moins gravement menacées à l’échelle méditerranéenne (Haloui et al, 2003a).

La première section du LMO à l’Est comprend l’embouchure de la Moulouya (photo 3), qui présente une valeur patrimoniale indéniable du fait qu’elle constitue l'estuaire de la plus grande rivière du versant méditerranéen du Maghreb. La lagune de Nador (photo 2) appartient au plus grand complexe humide côtier de la Méditerranée et du Maroc, avec un plan d’eau et des zones marécageuses qui couvrent près de 14000 ha. Leur valeur écologique est très importante, en particulier pour les oiseaux migrateurs. Au Nord-Ouest de Nador se dresse le massif de Gourougou qui est le massif forestier le plus important du littoral de la province. L’isolement relatif du Cap de Trois Fourches (photo 4) et de sa frange littorale lui permet d’abriter des espèces faunistiques et floristiques remarquables. A l’extrémité ouest de la zone d’étude se trouve le site de la commune rurale de Boudinar qui présente une flore riche et variée, avec des espèces endémiques, rares et menacée (photo 5).

Photo 2: Vue générale de la Lagune de Nador Photo 3: Embouchure de la Moulouya

Photo 4 : Vue partielle du Cap des Trois fourches Photo 5: paysage de la commune rurale de Boudinar

La grande diversité des caractéristiques physiques du littoral se traduit par une diversité également remarquable des écosystèmes côtiers. Ces écosystèmes sont le siège d’une évolution rapide et complexe. Ce sont des environnements très fragiles mais constituent par ailleurs le siège de nombreuse activités : pêche, tourisme, aménagement urbain et touristique, installation de ports, etc.

3.2 Contexte démographique

D’après le Recensement Général de la Population et de l’Habitat, la population totale du LMO a été estimée à environ 436200 habitants dont 53,4% urbaine et 46,6% rurale. La population du LMO a augmenté pendant la période 1994-2004 d’un taux de l’ordre de 0,7% par an (RGPH, 2004 ; 1994).

L’indice de fécondité mesure le nombre moyen d’enfants par femme féconde. Au niveau du LMO, cet indice est en moyenne de 2 enfants par femme. Il varie de 1,2 dans les communes , Ras El Ma et , à 2,5 au niveau de la commune Beni Chiker.

La population du LMO est dominée par les actifs âgés de 15 à 59 ans, représentant environ 62,4% de la population totale. Les moins de 14 ans représentent 28,5% et les plus de 60 ans 9,1%, ce qui montre que la population est relativement jeune. La proportion des hommes célibataires est largement supérieure à celle des femmes, avec des taux respectifs de 50,9% et 39%. L’âge moyen au premier mariage s’élève à 30,5 ans en moyenne ; 28 ans chez les femmes et 33 ans chez les hommes.

Le taux d’analphabétisme moyen pour l’ensemble de la population du littoral atteint une valeur de 44,1% avec 57% pour le sexe féminin et 30,5% pour le sexe masculin. Environ 90% de la population alphabétisée ont atteint les niveaux du primaire, du collège ou du secondaire. Seulement 5,9% ont pu poursuivre leur études jusqu’au niveau supérieur. Les 4,5% restants n’ont pas dépassé le niveau préscolaire. Ces taux d’instruction varient d’une commune à l’autre et entre les deux sexes.

3.3 Contexte économique

3.3.1 Agriculture et élevage

La Surface Agricole Utile (SAU) totale est estimée à 142 651 ha, répartie en 25 953 exploitations. La grande partie de la SAU est de type pluvial ‘Bour’, soit 84,5% de la SAU totale. Les terrains agricoles du littoral Nador- Berkane se caractérisent par la dominance du statut juridique privé ‘Melk’ ou « Assimilé » qui concerne 95,7%

des terres. L’activité agricole pratiquée dans la zone est caractérisées par la dominance de la céréaliculture qui occupe le premier rang avec une surface de 79 230 ha, soit 55,5 % de la SAU totale. Cette Prédominance est observée dans toutes les communes sans exception.

Le cheptel du LMO est composé de 11 071 têtes bovines, 122 852 têtes ovines et 8 504 têtes caprines (RGA, 1996). Le cheptel camelin est rare dans la zone et se chiffre à 6 têtes, uniquement. Pour les animaux de trait, on rencontre surtout les ânes et les mulets, avec 8505 et 4400 têtes respectivement. Les chevaux constituent l’effectif le plus faible avec 78 têtes. La composition du cheptel varie d’une commune à l’autre. L’effectif bovin au niveau de la commune de Bouareg est relativement important et représente près du tiers du cheptel total de la zone côtière. Concernant le cheptel caprin, plus de la moitié, soit 60,3%, se concentre particulièrement au niveau des communes Béni Chiker, Laatamna, Al Barkanyene, Ras Al Ma et . L’élevage ovin est rencontré dans presque toutes les communes.

3.3.2 Pêche

La pêche traditionnelle assure une bonne partie de l’emploi direct ou indirect pour la population du LMO. Cette activité est fort présente dans les communes d’, Arekmane, Beni Chiker et Bouareg avec plus de 400 barques, soit à peu près 70% du nombre total des exploitants existants dans l’ensemble des communes de la zone. La production artisanale est destinée à la consommation locale.

3.3.3 Industrie et exploitation minière

Le secteur industriel du LMO est concentré dans la province de Nador, et il est assez diversifié. Il compte 137 entreprises portant sur différentes branches d'activités dont 53 unités situées dans la zone littorale. Les types d’industries existantes sont l’agro alimentaire, le textile et la maroquinerie, l’industrie chimique, l’industrie mécanique et métallique, la fabrication de briques, de ciments, de plafonds, de clous et de matériaux de construction, les conserveries, la pâtisserie, le remplissage de bouteilles de gaz, la poterie, etc.

La région recèle des gisements potentiels en minerais de fer, d’argile cosmétique (bentonite), de plomb, de sel, de «ghassoul», de Kaolin, de gypse, etc. Cependant ce secteur n’est pas assez valorisé et développé.

3.3.4 Artisanat

L’activité artisanale occupe une place assez importante sur le plan socioéconomique du littoral Nador Berkane. Elle se caractérise par la multitude des activités pratiquées et se base essentiellement sur la production des pièces artistiques, des articles d'habillement, du bois, de la poterie, de la vannerie et de la ferronnerie d'art.

3.3.5 Tourisme et commerce

L’existence de plages sableuses dans le LMO lui offre une grande importance sur le plan de tourisme balnéaire. Plusieurs plages sont importantes sur le plan touristique. Il s’agit des plages de Ras El Ma, de Saïdia, de Kariat Arekmane, de Béni Ensar, d’Iazzanen, de , de et de Boudinar. Cependant, la majorité de ces plages souffre de l’abondance de déchets solides divers.

L'activité commerciale, surtout informelle, s’est développée partout dans la province de Nador, créant ainsi un emploi permanent pour une large population. La ville de Nador, de part sa proximité de la ville de constitue un centre commercial important dans la région.

3.4 Contexte d’intégration de la femme à l’économie et rapport à l’environnement

Cette section du rapport est destinée à décrire le vécu quotidien des ménages et surtout celui des femmes et des jeunes filles dans les sites étudiés, ainsi que les différents problèmes rencontrés lors de la réalisation des activités productives, reproductives et communautaires, et leurs relations avec l’environnement et l’utilisation des ressources naturelles.

3.4.1 Activités productives

Il s’agit des activités génératrices de revenu. Dans la zone d’étude, elles sont systématiquement dévolues aux hommes. Dans la majorité des sites étudiés, les femmes ne sont pas reconnues dans d’autres activités que les activités reproductives. Les normes sociales locales ne leur permettent pas de s’affirmer en tant qu’agents producteurs dans une activité économique. Leur marge de manœuvre pour s’intégrer dans des systèmes de production ou de commercialisation est très limitée, et même leurs déplacements inter communautés sont très restreints. Les transactions commerciales, vente ou achat de produits, se font souvent par l’intermédiaire des hommes ou un autre membre de la famille. Bien qu’il soit une règle établie que la charge économique de la famille incombe uniquement aux hommes, dans la pratique les femmes et les jeunes filles contribuent souvent aux dépenses du ménage grâce aux bénéfices générés par la vente des produits de l’élevage, de l’agriculture, ou de l’artisanat.

Les femmes ne sont jamais rémunérées pour les travaux de production qu’elles effectuent pour le compte du ménage. En effet, quelle que soit la catégorie sociale, les hommes sont les seuls habilités à contrôler les revenus (le mari, le père ou le frère). Toutefois, chez certains ménages pauvres chez qui les hommes sont appelés à travailler hors commune les cordons de la bourse sont confiés aux femmes pour qu’elles se chargent de la gestion budgétaire du foyer. Cette situation de prédominance du rôle économique des hommes n’est remise en question ni par les hommes, ni par les femmes. C’est un état de fait, qui est socialement accepté. On peut rencontrer, cependant, certains paradoxes dans l’attribution des rôles au sein de la communauté. En effet, si un père ou un mari accepte de voir sa fille ou sa femme travailler dans les champs, chercher du bois dans la forêt, faire de longs trajets à pieds pour se ravitailler en eau, il est par contre fortement réticent à la voir se rendre au souk, ou encore aller aux centres d’animation féminine lorsque ceux-ci sont éloignés du domicile ou sont situés dans une zone de passage animé.

3.4.2 Activités reproductives Les activités reproductives dans le LMO relèvent uniquement et sans exception aucune de la compétence des femmes et des jeunes filles, et la manière avec laquelle elles sont effectuées diffère d’une localité à une autre. La situation socio-économique des ménages influence de manière prépondérante la réalisation des activités reproductives. En effet, dans certains sites, les ménages ont accès à l’eau courante, l’électricité, le gaz pour la cuisson des aliments, un service pour le ramassage des déchets solides ménagers, des systèmes d’évacuation des eaux usées, etc. Signalons toutefois que dans certains cas même si le gaz est disponible pour la cuisson des aliments, l’usage veut que l’on cuisse le pain au feu de bois. Cependant, la plupart de la zone rurale du LMO ne dispose pas d’infrastructures de base comme l’assainissement liquide, le ramassage des ordures et l’approvisionnement en eau potable. Les femmes doivent aller chercher l’eau au puits ou à la source, du bois dans la forêt ou dans les champs, se débarrasser des eaux usées domestiques et des déchets solides ménagers, etc. Les ménages ont souvent recours aux fosses septiques (puits perdus) pour se débarrasser des eaux usées et ceci constitue un risque de pollution pour les puits utilisés pour s’approvisionner en eau potable.

Dans de nombreuses localités, la salinité de l’eau devient préoccupante, surtout pour les femmes qui ont socialement la charge de la collecte de l’eau. Elles sont appelées a effectuer de grands déplacements, souvent à pied, pour aller chercher de l’eau potable. la recherche de l’eau potable est généralement à la charge des

femmes et parfois des enfants. Cette mission devient difficile lorsque la source d’approvisionnement est éloignée ou lorsque les pistes et les routes deviennent impraticables à cause des pluies.

4- Description synthétique des quatre sites pilotes du projet ACCMA

Quatre sites pilotes ont été retenus par le projet (figure 3), à savoir :

1. les cinq communes bordant la lagune de Nador qui est un site classé Ramsar; 2. la commune rurale de Béni Chiker qui abrite deux SIBE : le Cap des Trois Fourches et Jbel Gourougou; 3. la Commune rurale de Boudinar ; 4. la zone Ras El Ma –Saïdia qui comprend un site Ramsar à l’embouchure de la Moulouya.

Mer Méditerranée

Figure 3: Localisation des sites pilotes dans la zone du projet ACCMA.

4.1 Caractères biophysique et socioéconomique de la Lagune de Nador

4.1.1 Aspects biophysiques Le site de la lagune de Nador occupe la partie septentrionale de la plaine de Bouareg. Il est limité par le massif du Gourougou, le massif de Béni Bou Ifrour, la plaine de Bouareg et le massif de Kebdana. Sa formation est liée à des phénomènes tectoniques attestés par le volcanisme du massif du Gourougou et la subsidence de la plaine de Bou-Areg. Le cordon dunaire séparant la lagune de la mer présente un seul point de communication avec la mer Méditerranée dit ‘Bokana’ ou la passe. La carte d’occupation du sol est représentée dans la figure 4.

Principaux habitats naturels de la Lagune de Occupation du sol Nador Sansouire de Kariat Arekmane avec différents micro-habitats : dunes de sable, - Agriculture : 47% sansouire, phragmitaie, thyphaie, juncaie, … - Eau : 25% Reboisements d’Eucalyptus et d’Acacias, - Bâti : 6% Herbiers de Zostères, Cordon dunaire, Fond - Habitats dispersés : 7% de la lagune qui comporte encore des - Matorral : 4% peuplements intéressants (nacres, - Reboisement feuillus : 1% caulerpes…) qui sont très dégradés ou - Reboisement résineux : 2 % menacés - Sable : 1% Importants gisements de palourdes dans la - Vide : 7 % région de Chaala - Végétation Humide : 1%

Figure 4: Carte d’occupation du sol - mission 2006 – Site pilote Lagune de Nador (El anzi, 2007)

4.1.2 Population et caractéristiques sociales

Selon le Recensement Général de la Population et de l’habitat (RGPH) de 2004, la population du site de la lagune compte environ 225368 habitants, répartis en 46 984 ménages, avec une taille moyenne de 4,8 habitants par ménage. La population est composée à 86,1 % d’urbains et 13,9 % de ruraux, avec une population de femmes de l’ordre 49,6%. La population active constitue à peu près 62,6%, celle ayant un âge inférieur ou égal à 14 ans, 29,3%, et le groupe d’âge dépassant 60 ans de 8,2%. Le taux d’analphabétisme moyen est de 39%, plus élevé chez les femmes (51,5%) que chez les hommes (26,7%).

Plus d’un tiers de la population est actif (36,9%), mais il n’est que d’environ 15% chez les femmes. Le statut salarié prédomine et concerne 57% de la population. Le statut indépendant occupe la deuxième place avec un pourcentage de 33,2%. Le reste des actifs est réparti entre les catégories aide familiale, employeurs et apprentis avec des pourcentages de 6,42%, 2,36% et 1% respectivement.

Selon une enquête réalisé en 2008, la population masculine représente 51,6 % de la population totale, elle dépasse légèrement la population féminine qui représente 48,4 %. De même, la population d’âge actif constitue une part importante de la population totale (44 %), ce qui montre l’importance de la main d’œuvre potentielle susceptible de participer au développement économique du site. Le taux d’analphabétisme concerne plus des 3/5 de la population, soit 63 %. Ce taux reste plus élevé chez les femmes (79 %) que chez les hommes (47 %). Il atteint son maximum chez les personnes âgées avec un pourcentage de 89 %. La population féminine est moins scolarisée que la population masculine (45,3% contre 54,7%). On constate aussi que la distribution de la population scolarisée par niveau d’éducation dans le site est très distincte. En effet, le niveau de scolarisation le plus rencontré est le primaire avec 58,2% des scolarisés. Il est suivi de l’enseignement secondaire (23,5%) et de l’enseignement coranique (13,7%). L’enseignement supérieur est très faiblement représenté avec un taux de 4,6%.

4.1.3 Activités économiques a. Les activités de production  Agriculture D’après les données du Recensement Général de l’Agriculture (RGA) de 1996, la surface agricole utile (SAU) est estimée à 22 546 ha, répartie sur 6 414 exploitants, soit une superficie moyenne par exploitation de l’ordre de 3,5 ha respectivement. Les plus grandes SAU existent au niveau des communes d’Arekmane et Bouareg, et sont de 11 770 et 9 858 ha. Ces deux communes concentrent la majorité des exploitants agricoles avec des nombres respectifs de 3725 et 1949. Les cultures pratiquées sont très variées.

D’après les résultats de l’enquête de 2008 : - Taille des exploitations :  presque la moitié de la SAU totale (43,2%) se présente sous la forme d’exploitations agricoles de moins de 5 ha, possédées par près de 2/3 des ménages (61%) ;  les exploitants possédant une superficie entre 5 et 10 ha détiennent 37% de la SAU totale, ils occupent le deuxième rang en nombre d’exploitations avec un tiers ;  les ménages possédants des surfaces supérieures à 10 ha représentent seulement 5,9 % du total des exploitants, mais ils détiennent environ le 1/5 de la SAU totale.

- Principales activités agricoles

D’après les données du Recensement Général de l’Agriculture (RGA) de 1996, l’agriculture est composée à 47 % de céréaliculture, à 11 % de cultures industrielles, à 8,1 % de maraîchages, à 5,5 % de cultures oléagineuses, à 5,2 % de cultures fruitières, à 4,2% de cultures fourragères et le reste est constitué des terrains laissés en jachère. Selon l’enquête (2008), les céréales (surtout le blé tendre) occupent la première place des cultures pratiquées. Leur part atteint 36,9 % de la SAU totale. Elles sont suivies par l’arboriculture (21,2 %). Les cultures fourragères, légumineuses et cultures industrielles occupent à peu près la même part soit, respectivement, 12, 12 et 10,8 %. Le maraîchage est en dernier rang avec une part de 7,1 % du total.

- Revenu de l’agriculture

Le revenu agricole est la différence entre les recettes de la production agricole et ses charges réelles ou effectives. Il est composé des revenus issus des cultures annuelles, des cultures fourragères, des cultures industrielles, du maraîchage et de l’arboriculture (figure5).

Figure 5: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%)

 Élevage

Les ovins et les bovins constituent la base de la production animale dans le site de la lagune. Leurs effectifs, respectifs, dans l’échantillon sont de 1114 et 233 têtes. Les caprins sont faiblement représentés avec 54 têtes seulement. En termes d’UPB, la taille du cheptel s’évalue à 2322, ce qui donne une moyenne de 17,1 UPB par ménage.

- Revenu de l’élevage

Le revenu brut de la production animale provient de la valeur monétaire obtenue des différentes productions animales y compris le petit élevage (figure6).

Figure 6: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage

- Revenu net Le revenu net réalisé par l’exploitation dans le site de la lagune reste important et atteint 25702 Dh/an, soit un revenu mensuel de 2142 Dh/ménage. La plus grande part de ce revenu, soit 63,7%, est formée par l’activité agricole suivie de l’élevage qui contribue avec une part de 31,4%. La contribution des revenus extérieurs reste très faible et s’évalue à 4,9 %.

b. Le tourisme

Le type de tourisme dominant est le tourisme balnéaire. En effet, la lagune de Nador est entourée de trois plages répondant aux normes requises en termes de qualité des eaux de baignade et des sables. Il s’agit des plages de Kariat Arekmane, Mohandis et Bokana. c. La pêche

En matière de pêche, le nombre de barques de pêche artisanale opérant dans la lagune est de 390 réparties sur plusieurs points de débarquement (figure 7).

Figure 7: Points de débarquement autour de la lagune de Nador d. L’industrie

L’activité industrielle est relativement récente avec une faible capacité de production. Le secteur artisanal revêt un intérêt socio-économique important compte tenu du nombre des activités pratiquées et de l'effectif des artisans. Il porte essentiellement sur la production des pièces artistiques, des articles d'habillement, de poterie, de vannerie et de ferronnerie d'art. e .Le commerce

Le commerce est une activité importante dans la zone et offre des emplois permanents pour un grand nombre de personnes. Toutefois, à cause de la proximité de Mélilia, cette activité est dans sa grande partie dominée par le secteur informel.

4.2 Caractères biophysique et socioéconomique de la Commune rurale de Béni Chiker

4.2.1 Aspects biophysiques

La commune de Béni Chiker qui couvre une partie de Jbel Gourougou et le Cap des Trois Fourches, se caractérise par la dominance de terrains accidentés, un cadre géologique diversifié (roches volcaniques,

sédimentaires et métamorphiques) et des cours d’eau éphémères affluents de l’Oued M’douar, de l’Oued Kaballo et de l’Oued Kert. La figure 8 représente la carte d’occupation du sol.

Occupation du sol

- Agriculture : 50 % - Matorral: 20% - Oued : 1% - Reboisement Feuillus: 1% - Bâti: 2% - Reboisement Résineux : 10% - Habitats dispersés : 6% - Sable: 1% - Sol nu : 11%

Figure 8: Carte d’occupation du sol de la commune rurale de Béni Chiker (Rifai, 2007)

Le Cap des Trois Fourches, classé site Ramssar comprend des espaces terrestres et marins, des secteurs côtiers à forte productivité et une grande diversité d’habitats sous-marins. Les falaises portent une végétation rupicole assez riche, plus de 42% de la flore est endémique (Haloui et al, 2003a), avec 37 taxons identifiés ; et un nombre important d’espèces menacées telles que Andryala maroccana, Anthemis mauritiana mauritiana, Limonium duriaei, et Rhodalsine senneniana sur les rochers maritimes de Râs Taksaft et de Mersa Souk. La

faune marine comprend 165 espèces réparties sur 15 groupes zoologiques. L’herpétofaune, comprend une trentaine d’espèces (Fahd, 2003), dont 6 amphibiens et 25 reptiles (3 chéloniens, 14 sauriens, 1 amphibien et 7 ophidiens).

Le massif de Gourougou classé SIBE, constitue le seul site à végétation subhumide mésoméditerranéen au niveau du littoral de Nador avec des espèces caractéristiques tel que le chêne liège. Le couvert est essentiellement artificiel, avec des reboisements de diverses essences dont le pin d’Alep, l’Eucalyptus gomphocephala et camaldulensis, etc. Les formations naturelles relictuelles de cocciféraie et de subéraie ne sont représentées qu’au niveau de certains sommets et versants très pentus et dans les zones maraboutiques (Haloui et al, 2003b). La faune comprend (Sahar, 2003) quelques d’espèces intéressantes dont le singe magot, le sanglier, le chacal, le porc-épic, etc.

4.2.2 Population et caractéristiques sociales

D’après le RGPH (2004) La population légale de la commune de Béni Chiker est évaluée à 23 050 habitants, principalement rurale (82%), répartis en 4464 ménages, soit une taille moyenne de 5,2 individus par ménage. La population féminine représente 50,9 % de la population totale. La densité communale est de 220 hab/Km². La population en âge d’activité constitue un peu plus que la moitié de la population totale (58,2%), et celle jeune ayant un âge inférieur ou égal à 14 ans est de l’ordre de 31,1% et le groupe d’âge dépassant 60 ans concerne 10,7%.

Le taux d’analphabétisme moyen est de l’ordre de 47,9 %. Il est de 63 % pour le sexe féminin et 31,9 % pour le sexe masculin. Le taux de scolarisation des enfants âgés de 5 à 13 ans est de 34,1 % pour l'ensemble, avec 55 % pour les garçons et 14,3 % pour les filles. Environ 93,7 % des alphabétisés âgés de 10 ans et plus possédant un niveau d’éducation primaire, collégial ou secondaire, 2,4 % un niveau supérieur et 3,9 % un niveau préscolaire (RGPH, 2004).

Selon l’enquête de 2008, l’examen des données relatives au site de Beni Chiker fait ressortir les remarques suivantes : - Jusqu’à l’âge de 15 ans, la population masculine l’emporte légèrement sur la population féminine. Au-delà de cet âge, la tendance générale change, ce qui met en évidence le phénomène d’émigration qui touche généralement le sexe masculin; - La catégorie d’âge théorique d’activité (15 à 60 ans) représente une part importante, soit à peu près la moitié de la population totale (45,8%).

Concernant la scolarisation, les données de l’enquête permettent de dégager les constatations suivantes:

 Une disparité des deux sexes vis-à-vis de la scolarisation, seulement 26,3 % des filles et 73,7 % des garçons sont scolarisés;  Le niveau de scolarisation le plus commun est le primaire avec une proportion de 49,1 %, suivi de la formation préscolaire (26,7 %) et le niveau secondaire (23,5 %). La formation universitaire ne concerne que 0,7 % des scolarisés. La faible part du niveau secondaire est liée à la fois au manque de moyens, et au manque d’infrastructures secondaires dans le site pour continuer la scolarisation (un seul collège y existe, les lycées sont absents).

4.2.2 Activités économiques

a. Les activités de production  Agriculture La SAU de la commune rurale de Béni Chiker est estimée à 4095 ha (RGA, 1996). Le nombre total des exploitants agricoles est de 1916, soit une taille moyenne des exploitations de 2,1 ha. Les terres agricoles sont à 92% non irriguées. D’après les résultats de l’enquête de 2008 : - Taille des exploitations Plus de 86 % des ménages possèdent moins de 5 ha chacun. Ils détiennent environ 57 % de la SAU totale, alors que 14 % des exploitations possèdent environ 43 % de la SAU totale. Ceci prouve la grande disparité qui existe dans la répartition de la SAU. Toutefois, il est important de signaler que la commune de Beni Chiker ne sort pas du cadre de la moyenne nationale qui indique que plus de 90 % des exploitations marocaines ne dépassent pas 5 ha. Dans toute la zone, le morcellement des terrains est en grande partie dû à la révolution successorale qui divise les terres par l’héritage. - Principales activités agricoles Dans le site de Beni Chiker, 89 % de la SAU est occupée par les céréales et la première place revient au blé tendre (75,1 %). L’arboriculture occupe le deuxième rang avec 14,15 ha, soit 8,3 % et en troisième place, on trouve les légumineuses avec 4,45 ha, soit 2,7 %. - Revenu de l’agriculture La plus grande part de ce revenu est issue des recettes céréalières avec une contribution de 69 %. Les légumineuses occupent le deuxième rang avec une part de 25,8 %. Enfin, la contribution de l’arboriculture reste relativement faible et s’évalue à 5,2 % (figure9).

Figure 9: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%)

 Élevage L’élevage pratiqué est de type extensif et concerne en grande partie les ovins avec 4415 têtes. Le nombre de caprins et de bovins est de 1142 et 348 têtes respectivement (RGA, 1996). Selon l’enquête (2008), l’effectif total du cheptel présent dans les exploitations enquêtées est de 602 têtes dont 382 Ovins, 167 caprins et 53 bovins. Les ovins sont donc largement dominants en termes d’effectif avec 63,5% de l’effectif total du cheptel. La taille totale du cheptel en UPB est de 780, ce qui donne une moyenne de 9,8 UPB par ménage.

- Revenu de l’élevage

Le revenu brut de l’élevage dans le site de Beni Chiker est évalué à 7580 Dh/ménage/an. Ce chiffre est principalement atteint grâce à la production laitière et à la vente des ovins qui contribuent respectivement pour 32,2 % et 31,2 % au revenu total (figure 10).

Figure 10: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage

- Revenu net Le revenu net réalisé par l’exploitation agricole dans le site de Beni Chiker est évalué à 3962Dh/ménage/an, soit un revenu mensuel d’environ 330 Dh/ménage. L’agriculture constitue la principale source de revenu des ménages avec une contribution de 49,5 %. En deuxième position, on trouve l’élevage qui assure une part non négligeable de 40,8 %. Les activités pratiquées en dehors de l’exploitation participent avec une part relativement faible de l’ordre 9,63 %.

b. La pêche

La pêche reste, en dépit de son caractère artisanal, une activité principale pour de nombreux habitants de Béni Chiker elle constitue la première activité pour la population du Cap des Trois Fourches Les espèces les plus capturées par les pêcheurs sont les Sparidés (pageot, sar, rouget,…), les Serranidés (mérou), les Scombridés (melva, bonite), les Céphalopodes (poulpe, seiche et calmar), le congre, l’anchois et la sardine. Les revenus mensuels moyens de la pêche pour les marins pêcheurs et les propriétaires des barques est de 1104 et 4416 DH respectivement (Khattabi, 2003a).

c. Le tourisme

L’activité touristique peut être classée en deux grandes catégories : balnéaire et de nature. Le tourisme balnéaire est rencontré au niveau du Cap des Trois Fourches surtout sur les plages de Tibouda et Dcharana, où les touristes espagnols provenant de Melillia pratiquent la baignade en plus de la pêche sportive. Toutefois, cette activité est appelée à connaître un grand développement avec les nouveaux projets touristiques prévus dans le site. Ces projets consisteront en la construction de 3 hôtels, un centre de commerce, de loisirs et d’artisanat, des villas, 2 terrains de golf, un club de sport et un centre social et sanitaire. Ils généreront 39950 emplois dont 12718 directs et 27232 indirects (CRIRO, 2008). Le tourisme de nature se fait surtout en montagne au niveau de Jbel Gourougou qui est le seul massif forestier se trouvant à proximité des grandes agglomérations de Nador, Beni Ensar et Melillia. On y pratique de la récréation et les randonnées pédestres, équestres ou a bicycliste, surtout pendant la saison printanière.

d. L’industrie

La seule activité industrielle à signaler est l’activité minière. Elle concerne essentiellement l'exploitation du minerai de l’argile smectique (bentonite). Toutefois, elle reste inconnue aux marchés internationaux et mériterait d'être développée (SDAULMO, 2008).

4.3 Caractères biophysiques et socioéconomiques de la Commune rurale de Boudinar

4.3.1 Aspects biophysiques

Le territoire communal fait partie du bassin de Boudinar, avec 70% de terrains accidentés (Photo 6), une lithologie friable (marnes, schistes…), et un réseau hydrographique temporaire axé sur l’Oued Amekrane.

Photo 6: Vallée très encaissée du territoire de la commune rurale de Boudinar

Occupation du sol (Figure 11)

- Agriculture : 46,5% - Reboisement Résineux : 0,7% - Oued : 7,5% - Sable : 0,8% - Bâti : 0,6% - Sol nu : 38,9% - Habitats dispersés : 5,1%

Sur le plan du couvert, la végétation de la commune de Boudinar comporte plusieurs espèces adaptées à la sécheresse. Ce sont des formations relictuelles situées près des mosquées, des marabouts et dans les cimetières : les lentisques (Pistacia lentiscus), l’oléastre (Olea europea), le thuya (Tetraclinis articulata), le caroubier (Ceratonia celiqua), le doum (Chamaerops humulis), des formations arbustives à jujubier (Ziziphus lotus), des graminées dont l’alfa (Stipa tenacissima) qui occupe surtout les sommets du massif des Beni Said.

Selon la population locale, plusieurs espèces de mammifères ont été rencontrées : Porc épic (Hystrix cristata, peu abondant), Loutre, Genette (Genetta genetta), Mangouste (Herpestes ichneumon), Chat ganté, Singe magot (Macaca sylvanus), Sanglier (Sus scrofa), Grande Gerboise (Jaculus orientalis), plusieurs espèces de Minioptères (Miniopterus schreibersi) considérés comme rares et qui habitent les grottes et fissures profondes des rochers. On rencontre également plusieurs espèces d’oiseaux peuplant les sommets des montagnes, notamment Clamator glandarius, Loxia curvirostra considérés rares ; le Pic de Levaillant, Rubiette de Moussier, Cigogne

blanche, Aigle de Bonelli, Faucon lanier, Hibou Grand-Duc et qui sont d’intérêt mondial. Plusieurs espèces de reptiles sont signalées : Chamaeleon vulgaire, Vipera latasti (Vipère de Lataste), Couleuvre à capuchon du Maghreb, et couleuvre à capuchon.

Figure 11: Carte d’occupation du sol de la commune rurale de Boudinar (Rifai, 2007).

4.3.2 Population et caractéristiques sociales

Selon le Recensement Général de la Population et de l’habitat (RGPH) de 2004, la commune rurale de Boudinar est évaluée à 10 504 habitants répartie en 1957 ménages. Cette population a connu une régression de 0,7 % entre 1994 et 2004. Les proportions de deux sexes sont sensiblement égales mais différent liégèrent selon les catégories d’âge.

La catégorie d’âge d’activité (15 à 59 ans) représente 64% en moyenne, et la population jeune ayant un âge inférieur ou égal à 14 ans est de l’ordre de 28,9%. Le groupe d’âge dépassant 60 ans concerne 10,3% de la population totale. La population jeune dont l’âge est inférieur à 14 ans représente 24,9% chez les femmes et

33,8% chez les hommes. Le groupe d’âge compris entre 15 et 59 ans englobe 64,0% des femmes et 56,9% des hommes. Le pourcentage des femmes dont l’âge est supérieur à 60 ans est de 11,1% et celui des hommes est de 9,4%.

Selon les données du RGPH (2004), le taux d’analphabétisme dans la commune rurale de Boudinar est de 64,0% avec 77,7% chez le sexe féminin et 46,4 % chez le sexe masculin. Environ 90% des alphabétisés âgés de 10 ans et plus possèdent un niveau d’éducation primaire, collège ou secondaire, 4% un niveau supérieur et le reste n’a pas dépassé le préscolaire.

Environ 60% de la population de la commune de Boudinar est active. Le taux d’activité est de l’ordre de la moitié pour les hommes mais demeure très faible pour les femmes (3,7%). Pour la situation professionnelle des actifs, le statut indépendant prédomine puisqu'il concerne 43,2%, et englobe trois types : indépendant avec local (40,9%), indépendant ambulant (1,9%) et indépendant à domicile (0,4%). Le salariat représente 39,7% réparti entre le salariat du secteur privé avec un pourcentage de 33,5% et celui du secteur public avec 6,2%. Le statut d'aide familiale représente 13,7% de la population active. Le reste des actifs est soit des employeurs (2,9%), soit des apprentis (0,7%).

4.3.3 Activités économiques

a. Les activités de production  Agriculture Selon les données du RGA (1996), la superficie agricole utile au niveau de la commune de Boudinar est de l’ordre de 1761 ha, dont 88% des terres non irriguées et 12% de terrain irrigués limités aux petites parcelles le long de l’Oued Amekrane. En général, l’agriculture pratiquée dans cette commune est de type traditionnel (photo 12) et peu mécanisée.

Figure 12: Agriculture traditionnelle sur terrasses dans la commune rurale de Boudinar

D’après les résultats de l’enquête de 2008 :

- Taille des exploitations L’agriculture se pratique dans des petites terrasses et 67,37% des agriculteurs possèdent une SAU de moins d’un hectare. Les grandes exploitations (>10ha) sont pratiquement inexistantes, soit 2%(figure 13).

80

60

40

20

0 ] 0-1ha] ] 1-5ha] ] 5-10ha] >10ha

Figure 13: Pourcentages des exploitations des ménages enquêtés par classes de taille

- Principales activités agricoles La céréaliculture est la culture la plus répandue dans la commune de Boudinar avec un taux de 77,9% de la SAU. Les légumineuses occupent le deuxième rang avec 14,5%. Le maraîchage et l’arboriculture sont peu pratiqués. - Revenu de l’agriculture La céréaliculture participe à 45,8% du revenu brut issu des cultures. L’arboriculture à base de culture d’olivier représente 11% de la recette des agriculteurs. Le maraîchage reste très limité dans les terrasses le long de l’oued Amekrane dans des parcelles isolées et très étroites. Le revenu net issu de la vente des produits agricoles est de l’ordre de 2005 DH par ménage par an (figure 14).

Figure 14: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%)

 Élevage Selon les données de RGA(1996), la commune rurale de Boudinar dispose d’un cheptel varié, dont 80% d’ovin, 17% de bovins et 2% de caprins.

- Revenu de l’élevage

Le cheptel moyen de l’exploitant de la commune de Boudinar se compose de 2,12 têtes ovines, 0, 35 têtes caprines et 0,26 tête bovine ce qui correspond à des contributions respectives dans le revenu de l’agriculteur de 57%, 35%, 4%. Les dépenses totales de l’élevage sont estimées à 850 DH, d’où un revenu net de 2131 DH par ménage par an.

- Revenu net extérieur

En plus de l’agriculture et de l’élevage d’autres activités soutiennent le revenu des ménages à savoir la pêche, le commerce… et engendrent un revenu de 1409 DH par ménage par an

- Revenu net

L’élevage et l’agriculture assurent 75% du revenu net des ménages. Cependant les activités hors exploitation et les transferts complètent ce revenu avec 25%.

b. La pêche

L’activité de pêche est pratiquée au niveau de la plage de Sidi Driss dans le douar Ait Tayar. A mi - chemin entre les deux extrémités de la plage, on trouve des constructions souples éparpillées font office d’abris pour les petites embarcations de la pêche artisanale.

c. Le tourisme

Les activités touristiques sont peu développées mais des potentialités locales existent.

4.4 Caractères biophysiques et socioéconomiques du littoral Saïdia – Ras El Ma

4.4.1 Aspects biophysiques

Le littoral de Saïdia – Ras El Ma renferme la zone du complexe estuarien de la Moulouya, qui est constituée d’une plaine côtière avec des limons vaseux continentaux, et un secteur côtier composé d’une plage sableuse dont le trait de côte est subrectiligne.

Occupation du sol (Figure 15)

- Projet FADESA : 800 ha - Agglomérations rurales : 533 ha - Port Ras El Ma : 36 ha - Culture irriguées : 14860 ha - Urbain (dense+diffus) : 890 ha - Culture non irriguées : 8824 ha - Plage : 35 km

Les principaux habitats constituant les milieux du littoral de Saïdia - Ras El Ma sont définis essentiellement par :

- une Juniperaie à Juniperus lycia, avec Anthemis mauritiana Subsp. Faurei et Reicardia tingitana ; - une répisilve (Tamariçaie, Thyphaie, Phragmitaie et la scirpaie ect.) ; - des dunes littorales, Sansouire de Chrarba ; - des Escarpements (Oulad Mansour et Kemkoum El Baz) ; - des marais (sur les deux rives de l’embouchure, à Aïn Chebbak et à Boudia) ; - des reboisements d’Acacia - Retama monosperma, situés le long du cordon dunaire.

Figure 15: Carte d’occupation du sol du littoral de Saïdia - Ras El Ma.

4.4.2 Population et caractéristiques sociales

Selon le RGPH (2004), la population totale du littoral de Saïdia - Ras El Ma s’élève à 42699 habitants dont 76% rurale et 24% urbain repartie en 8833 ménages. Les autres centres urbains sont Saïdia avec 3338 habitants et Ras El Ma avec 4532 habitants. Les communes de Madagh et Laatamna sont plutôt rurales. Les proportions des deux sexes sont sensiblement égales. Cependant, elles différent légèrement selon les catégories d’âge. Les deux catégories d’âge -moins de 6 ans et de 6 à 14 ans - représentent respectivement 9,24 et 17,2 % du total. La population en âge d’activité (15 à 59 ans) représente 64%, les citoyens ayant un âge supérieur à 60 ans constituent environ 10% du total.

Selon l’enquête (2008), le taux moyen d’analphabétisme est de l’ordre de 45%. Cependant ce taux varie selon les classes d’âge et selon le sexe :  le taux d’analphabétisme augmente avec l’âge, il atteint son maximum chez les personnes âgées ;  le taux d’analphabétisme est très différent selon le sexe. De l’ordre de 38,7 % chez les hommes, il atteint 50% chez les femmes. Le niveau primaire reste le niveau de scolarisation le plus courant avec 24,4 et 22,5 % respectivement pour les sexes masculin et féminin. Les niveaux secondaire et supérieur voient une diminution claire du nombre de scolarisés. Les deux niveaux, secondaire et supérieur représentent respectivement 28,4 et 7,5 %. On peut expliquer cette diminution par le manque des établissements scolaires et par le niveau de vie assez bas de la majorité des ménages.

La zone de Saïdia enregistre le taux de scolarisation le plus élevé du secteur d’étude avec 73,3% suivie par les communes rurales Laatamna (58,1%), Madagh (53,4%) et Ras El Ma (48,3%).

La population du littoral Saïdia - Ras El Ma est active à 37%. Ce taux varie cependant d’une commune à l’autre, et cette variation est nette pour le sexe féminin. L’« Aide familiale » est le statut le plus répandu avec un taux

de plus de 50% dans les 3 communes rurales et 41,4 % au niveau de Saïdia. Le statut « Salarié secteur privé » occupe le premier rang au niveau du littoral Saadia Ras – El Ma avec une moyenne de 52%, et un maximum de 57,6 enregistré au niveau de la commune rurale de Laatamna. Le statut « Salarié secteur public » occupe le deuxième rang au niveau de Saïdia avec un taux de 26,9%; et le statut « Indépendant avec local » dans les autres communes.

4.4.3 Activités économiques a. Les activités de production  Agriculture

L’agriculture constitue l’une des principales activités de la population rurale. La Superficie Agricole Utile (SAU) et de 19939 ha, repartis en 8739 parcelles. Environ 69% et 65% de terres sont irriguées (photo 16) dans les deux communes Laatamna et Madagh respectivement et un peu moins de 10% dans la commune de Ras El Ma (RGA, 1996).

Figure 16: Agriculture moderne bien développée au niveau de la plaine de Triffa

D’après les résultats de l’enquête de 2008 :

- Taille des exploitations

37,6% des exploitations possèdent une SAU inférieure à 1 ha, 37,6 % possèdent une SAU de 1 à 5 ha et 20,3 % ont une SAU de 5 à 10 ha. Le nombre d’exploitations qui possèdent une SAU supérieure à 10 ha ne dépasse pas 12% (figure 17). 40 35 30 25 20 15 10 5 0 ] 0-1ha] ] 1-5ha] ] 5-10ha] >10ha

Figure 17: Pourcentages des exploitations des ménages enquêtés par classes de taille

- Principales activités agricoles

L’analyse des enquêtes fait ressortir les constations suivantes :  les céréales sont les cultures les plus pratiquées avec 48,1%, l’orge occupe la première place avec 67,8 % ;  l’arboriculture, à base d’agrumes principalement, occupe 20,1% de la SAU. Les légumineuses et le maraîchage occupent respectivement 15,9 et 11,7 % de la SAU totale ;  les cultures fourragères à base de luzerne représentent 4,2% de la SAU totale.

- Revenu de l’agriculture

Le revenu brut de l’agriculteur se compose des recettes issues des cultures annuelles (céréales et légumineuses) et de l’arboriculture (oliviers, agrumes, vignes... ;) (figure 18).

Figure 18: Contribution de différentes spéculations agricoles dans le revenu de l’agriculteur(%)

 Élevage

Les ovins sont les plus représentés avec un taux 63,3 %, du cheptel suivies par les bovins avec 25,9%. Les caprins ne représentent que 10,8%.

- Revenu de l’élevage

Le cheptel moyen vendu annuellement par éleveur est constitué principalement de 2,47 têtes ovine, 1,01 tête bovine et 0,42 tête caprine. Il représente une recette totale de 8234 DH, dont la grande partie, 50%, revient aux ovins.

Figure 19: Contribution des cheptels en % dans le revenu de l’élevage

- Revenu net

 L’agriculture est la principale activité génératrice de revenu, elle représente environ 80% du revenu total des ménages.

 L’élevage est peu pratiqué dans la zone d’étude. Le revenu issu de cette filière ne dépasse pas 5% de revenu total. Environ 5% de ce revenu est engendré par des activités hors exploitation et par les transferts d’argent des membres de la famille travaillant à l’étranger.

b. La pêche

Le littoral de Saïdia Ras-El Ma dispose d’un seul port de pêche, celui de Ras Kebdana. En 2007, les débarquements ont enregistré 3 244 tonnes de poissons représentant une valeur de 9 162 00à dirhams (ONP, 2007). Au niveau de l’embouchure de la Moulouya, la pêche artisanale concernait principalement les civelles et les anguilles, amodiée par la société MAROST jusqu’en 2003. Le stock de coquillages, notamment de Venus gallina, qui supportait l’activité de pêche a été complètement épuisé (Khattabi, 2003c).

c. Le tourisme

En matière touristique, la mise en place de la station balnéaire de Saïdia attire de plus en plus des touristes marocains et étrangers. Les estivants sont principalement des nationaux (78%), et des marocains résidant à l’étranger (22%). La fréquentation est estimée en période de haute affluence à un effectif de l’ordre de 150.000 personnes en moyenne par jour.

d. L’industrie

Les activités industrielles sont pratiquement absentes ou peu développées sur le littoral de Saïdia Ras El Ma. Cependant la commune de Ras El Ma a abrité dans le passé deux conserveries de salaison d’anchois destinés à l’exportation. En plus de ces deux usines qui sont en état d’arrêt d’activités pour le moment, il y avait au début de l’année 2002 l’installation au port de Ras El Ma d’une petite unité de fabrication de glace d’une capacité de production de 9 mètres cubes par jour. Ce port contient aussi les installations d’une autre société privée, qui y occupe temporairement une superficie de 1200 m2 destinés à un projet de pisciculture (Khattabi, 2003c). En second, un complexe agropole a été à Madagh et ce complexe va abriter des unités d’industrie agroalimentaire destinées à la valorisation de la production agricole locale.

II

CCHHAANNGGEEMMEENNTTSS CCLLIIMMAATTIIQQUUEESS AAUU NNIIVVEEAAUU RREEGGIIOONNAALL EETT PPEERRCCEEPPTTIIOONN SSOOCCIIAALLEE

II-CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU NIVEAU REGIONAL ET PERCEPTION SOCIALE

1- Changements climatiques au niveau régional : Évolution récente et projection futures

Selon le GIEC (2007), le réchauffement du système climatique est sans équivoque et il est attribué très vraisemblablement en grande partie à l’augmentation des gaz à effet de serre d’origine anthropique générés par l’activité humaine.

Durant les cent dernières années, la température moyenne du globe a augmenté d’environ 0,74 °C, et sur les 20 dernières années (1995-2006), 11 années sont parmi les 12 années les plus chaudes enregistrées depuis le début des observations instrumentales. Les projections prévoient que ce réchauffement s’accentuera dans le futur et sera accompagné de perturbations dans les systèmes pluviométriques et d’augmentations inquiétantes des niveaux des mers.

Le Maroc, de part ses caractéristiques atmosphériques, océaniques et géographiques, est parmi les pays vulnérables aux changements climatiques. La hausse des températures, la diminution des précipitations, l’augmentation du niveau de la mer et la fréquence de phénomènes extrêmes en sont des indices. Ces premiers constats ainsi que les scénarios futurs de changements climatiques font du Maroc un pays conscient des enjeux majeurs que présente le développement de stratégies adéquates d’adaptation. De telles stratégies doivent être basées sur des informations scientifiques précises et objectives. Les méthodes de downscaling appliquées aux sorties des modèles climatiques permettent de produire de telles informations et de contribuer par la suite à minimiser les effets néfastes des changements climatiques. Signalons qu’il est généralement recommandé d’utiliser différents scénarios afin de couvrir au moins en partie la marge des incertitudes entourant les projections futures.

Le Service des Etudes Climatiques de la Direction de la Météorologie Nationale a réalisé des travaux relatifs à l’étude du climat de la zone cible du projet et d’autres relatifs à l’élaboration de scénarios de changements climatiques à haute résolution pour différents horizons.

1.1 Evolution récente observée des précipitations et des températures

Le climat dominant dans la région orientale est de type méditerranéen semi-aride avec une pluviométrie moyenne annuelle relativement faible et irrégulière. Le cumul annuel des précipitations a une moyenne de l’ordre de 300 mm, mais il peut varier de moins de 100 mm à plus de 600 mm (figure 20). La saison pluvieuse s’étend de septembre à mai, avec parfois des précipitations estivales à caractère orageux ne sont pas inexistantes.

Figure 20: Variation interannuelle des précipitations à Berkane (1940-2004)

Les températures moyennes varient généralement entre 5°C et 19°C l'hiver et entre 18°C et 31°C l'été. Des pics de températures moyennes peuvent être enregistrés en dehors de ces intervalles.

L’analyse des données météorologiques effectuée par la Direction de la Météorologie Nationale à permis de mettre en évidence des tendances vers une augmentation des températures, une diminution des précipitations et une augmentation des sécheresses accentuant le déséquilibre entre l’offre et la demande en eau.

L’évolution de l’indice d’aridité de ‘De Martonne’ à partir de 1961 montre une réduction des zones de climat humide et semi-humide et une progression du climat à caractère semi-aride vers le nord (Figure 21). La région méditerranéenne orientale a évolué d’un climat semi-humide à semi-aride vers un climat entièrement semi- aride. La différence entre la carte tracée pour les années 60 et celle des années 90 illustre bien cette progression.

1961-1970 1991-2000

Figure 21: Evolution de l’indice d’aridité de ‘De Martonne’ entre les années 1961-1970 et 1991-2000

1.2 Projections des changements climatiques au niveau régional

En termes de projections futures du climat, la plupart des modèles climatiques ramenés à une échelle réduite projette des diminutions des quantités de pluies recueillies annuellement par la zone (figures 22 (a et b)) La baisse des précipitations printanières à l’horizon de 1970-2099 (figure 23) dans le LMO est estimée dépasser 30% par rapport à la période 1961-2000 sous le scénario A2 et 20% sous scénario B2; des valeurs importantes tenant comptent des quantités de pluies déjà insuffisantes à l’heure actuelle.

La régression pluviométrique se manifesterait aussi en termes de sécheresses qui seraient plus fréquentes et plus persistantes dans le temps. De plus, l’augmentation prévue de la température aurait comme effet la diminution des contenus en eau des sols et donc leur assèchement ; ce qui n’est pas en faveur du développement du secteur agricole de la zone.

Figure 22: Evolution des précipitations hivernales (a) et printanières (b) selon le scénario A2 de l’IPCC, ARPEDGE-Climate model. 2070-2099 / 1961-2000

Figure 23: Evolution projetée pour les précipitations à Nador (2071-2099 par rapport à 1961-1990).

1.3 Principaux risques climatiques

Le niveau de la mer devrait s’élever dans la zone côtière de Berkane et Nador. Les zones de basse topographie seraient donc très sensibles aux impacts de cette élévation qui pourraient constituer une menace importante pour les individus, l'infrastructure côtière et l'héritage naturel.

Malgré son caractère semi-aride, le territoire marocain, n’est pas soumis uniquement à des épisodes de sècheresses mais également à des évènements pluviométriques extrêmes (orages exceptionnels, pluies diluviennes) provoquant des crues importantes des cours d’eau et des inondations. Ces phénomènes sont aujourd’hui ressentis de façon plus tangible en raison des forts développements démographique, économique, urbain, agricole et industriel (DGH, 2005).

Le littoral méditerranéen oriental compte parmi les régions du Maroc les plus affectées par les aléas d’érosion hydrique et d’inondation. Les pluies du mois d’octobre 2008 ont causé de nombreux dégâts ce qui a contribué à la prise de conscience publique des risques que présentent les évènements climatiques extrêmes.

1.4 Elaboration de scénarios à haute résolution

1.4.1 Principe méthodologique

Afin de réaliser des études d’impacts futurs des changements climatiques, on a procéder à l’élaboration il est nécessaire d’avoir des scénarios à haute résolution.

Le travail de downscalling a été réalisé en utilisant comme données du climat présent (période 1961-2000), les observations de stations météorologiques Berkane et Nador et les Ré-analyses (Données par point de grille issue d’un système d’assimilation des observations) de grande échelle NCEP (National Centers for Environmental Prediction,USA). Les données du climat futur sont issues des scénarios de changements climatiques à basse résolution provenant du modèle anglais HadCM3 sur la période 1961-2099.

L’élaboration des scénarios de changements climatiques futurs à haute résolution sur l’oriental a été fait par pas de temps quotidiens sur toute la période 1961-2099 pour les paramètres : température moyenne, température maximale, température minimale et précipitations pour les trois horizons 2020, 2050, 2070.

1.4.2 Evaluation des projections du modèle SDSM La comparaison des données simulées par le modèle aux observations réelles montre que celui-ci simule bien le cycle saisonnier ; que ce soit pour les températures que pour les précipitations. Les données simulées sont bien corrélées aux observations (Figures24 et 25).

Figure 24: Précipitations et températures moyennes mensuelles observées et prévues par SDSM à Nador pour la période 1990-2000.

Observation SDSM 35 30

25

20

15 10

5

0

01/01/199901/02/199901/03/199901/04/199901/05/199901/06/199901/07/199901/08/199901/09/199901/10/199901/11/199901/12/1999

Figure 25: Températures moyennes quotidiennes observées (courbe bleue) et prévues par SDSM

On constate que la technique SDSM arrive à reproduire la variabilité de la température moyenne quotidienne observée dans la zone de l’oriental.

1.4.3 Elaboration des scénarios à haute résolution Selon les scénarios IPCC-A2 et IPCC-B2 et le dowscaling réalisé à l’aide du modèle SDSM, les précipitations dans le LMO vont diminuer au cours du 21 siècle. La baisse des précipitations concernerait toutes les saisons de l’année (figure 26), mais elle serait plus importante au printemps. Les températures sont projetées augmenter pour toutes les saisons de l’année (figure 27).

L’augmentation des températures serait accompagnée d’une augmentation d’événements extrêmes comme les vagues de chaleurs.

Figure 26: Anomalies projetées pour les cumuls pluviométriques à Nador et Berkane pour les 4 saisons et l’échelle annuelle. Scénarios IPPCC-A2 et IPCC-B2 dans la période 1961-1990.

Figure 27: Evolutions annuelles projetées pour la température moyenne et le nombre de jours chauds (T moyenne > 28°C) à Nador (Période 2011-2099). Scénarios IPCC-A2 (courbe rouge) et IPCC-B2 (courbe verte)

2- Perception sociale des changements climatiques au niveau local

2.1 Objectifs et méthode d’étude

Dans le but d’apprécier le degré de sensibilisation de la population locale vis-à-vis de la problématique des changements climatiques, des enquêtes ont été réalisées dans les deux provinces de Berkane et Nador. Le but assigné à ces enquêtes consiste essentiellement en l’appréciation sur le plan psycho-social :

la représentation, que se fait la population, du changement climatique à travers la description du phénomène et ses causes majeures ; les impressions par rapport aux effets des changements climatiques, à travers notamment l’observation d’impacts remarquables dans la région, et les préoccupations par rapport aux changements climatiques dans la vie des citoyens ; les actions d’adaptation connues par la population pour faire face aux effets des changements climatiques.

A ce titre, deux enquêtes ont été réalisées, la première à caractère élargi s’est adressé à l’ensemble de la population, et la seconde orientée sur un secteur sensible aux impacts des changements climatiques, en l’occurrence la pêche artisanale.

L’enquête élargie a porté sur un échantillon de 599 personnes, réparti sur 14 profils socioprofessionnels divers, résidant dans les communes du littoral des provinces de Nador et Berkane. L’enquête spécifique a été réalisée auprès des pêcheurs artisanaux dans les zones côtières de ces provinces. L’échantillon comprend un effectif de 224 pêcheurs exerçant dans des points de débarquement répartis le long du littoral des deux provinces et sur 15 sites localisés autour de la lagune de Nador. Les principales questions et les options de réponses sont décrites au tableau 3. Tableau 3: Questions principales et options de réponses

Questions principales Réponses envisagées pour l’enquête élargie A1 : Les divers changements de la température de notre planète, des précipitations, des vents ; B1 : L’augmentation de la température dans toutes les régions du monde ; C1 : Le C’est quoi les changements changement naturel et habituel des saisons et des températures ; D1 : Une série de climatiques ? catastrophes qu’on ne peut ni prévoir ni contrôler ; E1- Aucune réponse.

A2 : Le trou dans la couche d’ozone ; B2 : L'augmentation des gaz à effet de serre dans Causes majeures des l’atmosphère ; C2 : La pollution et l’augmentation des particules de poussière dans l’air ; changements climatiques ? D2 : Phénomène tout à fait naturel ; E2 : Aucune réponse. Les changements climatiques sont-ils une bonne ou Bonne chose ; mauvaise chose ; mauvaise et bonne chose ; Aucune réponse mauvaise chose ? Présence d’impacts des changements climatiques Oui ; Non ; Aucune réponse. dans la région et impacts les plus remarqués ? A7 : Ceci ne m’inquiète pas ; B7 : Il n’y aura pas d’impacts sur ma vie ; C7 : Je m’inquiète souvent des changements climatiques ; D7 : J’habite en ville et ces changements ne vont Pensez-vous aux pas m’affecter ; E7 : Manque d’eau m’inquiète ; F7 : Peur de vivre des catastrophes avec changements climatiques ? les CC ; G7 : Je ne sais pas si c’est grave ou pas ; H7 : Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose ; I7 : Autres. A8 : Changer ses comportements quotidiens pour moins polluer ; B8 : Préparer un plan d’urgence en cas de sécheresse ou d’inondation ; Actions à prendre pour C8 : Implanter des moyens d’absorber l’eau de pluie pour la conserver plus longtemps ; d’adapter aux changements D8 : Moins utiliser d’électricité et moins conduire son automobile ; E8 : Protéger ou climatiques ? restaurer les marais côtiers ; F8 : Jeter moins de déchets sur le sol ou dans l’eau ; G8: Aucune réponse.

2.2 Résultats des enquêtes et commentaire

Dans le cadre de l’enquête élargie, la répartition des réponses est résumée par le tableau 4 ; le pourcentage des réponses à chaque question est illustré par les graphiques de la figure 28.

Tableau 4: Résultats des interviews de l’enquête élargie

Questions principales Attitude dominante des personnes interviewées 63% des participants pensent que les changements climatiques sont les divers changements de la température de notre planète, des précipitations et des vents. 41% des répondants C’est quoi les changements pensent à une augmentation de la température généralisée dans toutes les régions du climatiques ? monde. 41% des répondants pensent également que les changements climatiques représentent une série de catastrophes qu'on ne peut ni prévoir ni contrôler. Causes majeures des 65% de la population considère l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère changements climatiques ? comme cause principale. 50% des répondants pensent à un trou dans la couche d’ozone. Les changements 58% des participants pensent que les changements climatiques sont une mauvaise chose ;

climatiques sont-ils une les catastrophes et les effets sur l’économie sont les événements les plus redoutés. bonne ou mauvaise chose ? Présence d’impacts des Presque la totalité des enquêtés (92%) a déjà remarqué des impacts des changements changements climatiques climatiques dans la région de Nador/Berkane. Les impacts les plus remarqués sont la dans la région et impacts les sécheresse, l’élévation de la température, la grande fréquence des maladies humaines, et plus remarqués ? la dégradation des terres agricoles. Plus de la moitié (62%) des répondants s’inquiète souvent des changements climatiques ; Pensez-vous aux 54% s’inquiètent principalement par rapport au manque d’eau et 42% par rapport aux changements climatiques ? catastrophes naturelles potentielles. 65% des participants suggèrent la préparation d’un plan d’urgence comme mesure Actions à prendre pour d’adaptation, alors que 62% des participants sont pour la modification des comportements d’adapter aux changements quotidiens comme mesure d’atténuation. Par contre, 63% des répondants relèvent la climatiques ? protection et la restauration des marais, et 48% la mise en place de techniques de collecte de l’eau de pluie.

C'est quoi les changements climatiques? Les causes mjeures des changements climatiques

80 63 80 67 60

49 41 41 60 40 (%) 35 26 40

20 20 9 1

1 Pourcentagederépondants

Porcentagerépondants de(%) 0 0 A1 B1 C1 D1 E1 A2 B2 C2 D2 E2

Est-ce qu’il y a des impacts des changements climatiques dans la région de Nador/Berkane?

5% 2%

OUI

NON Aucune

93%

Les actions à prendre en compte par les gens

Pensez-vous aux changements pour s’adapter aux impacts des

climatiques ? changements climatiques

80 62 80 54 65 62 63 60 42 48 60 40 33 40 27 14 20 9 8 6 7 3 3 20 7

Pourcentagederépondants(%) 0 0

A7 B7 C7 D7 E7 F7 G7 H7 I7 J7 A8 B8 C8 D8 E8 F8 G8 Pourcentagederépondants (%)

Figure 28: Pourcentage de réponses aux quelques questions posées dans l’enquête élargie

La répartition des réponses des pêcheurs au questionnaire est illustrée par les graphiques de la figure 29. Le résumé des résultats de l’enquête est présenté au tableau 5.

Tableau 5: Résultats des interviews avec les pêcheurs artisanaux

Question posée Attitude dominante des pêcheurs interviewée Pour 49% des participants, les changements climatiques seraient des changements normaux de température et des saisons; 25% de ces répondants considèrent ces changements climatiques comme les C’est quoi les changements divers changements de la température de notre planète, des climatiques ? précipitations et des vents ; enfin, pour 20% des répondants, l’augmentation de la température est généralisée dans toutes les régions du monde. Causes majeures des changements La moitié (51%) des participants considère les changements climatiques climatiques ? comme étant un phénomène tout à fait naturel. la plupart des participants (77%) pense que les changements Les changements climatiques sont-ils climatiques sont une mauvaise chose. Les catastrophes et les effets sur une bonne ou mauvaise chose ? l’économie sont les événements les plus redoutés Impacts des changements Manque d’eau, diminution de la quantité des poissons péchés, climatiques les plus remarqués ? sécheresse et sols agricoles en mauvais état. 32% s’inquiètent des changements climatiques; Pensez-vous aux changements 26% sont effrayés par un manque d’eau ; climatiques ? 18% ne savent pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. La grande majorité (83%) n’a jamais pensé à faire une action pour Actions à prendre pour d’adapter s’adapter, se préparer ou se protéger contre les effets des aux changements climatiques ? changements climatiques.

C'est quoi les changements climatiques? Les causes mjeures des changements climatiques 49 50 60 51 40 50 30 25 40

20 (%) 30 20 13 10 20 13 12 10 10 2 3

0 Pourcentage de répondants 0 Porcentage de répondants répondants de (%) Porcentage A1 B1 C1 D1 E1 A2 B2 C2 D2 E2

Les impacts des changements climatiques les plus Les changements climatiques sont-ils une bonne ou une remarqués mauvaise chose ? 80 75 60 55 70 54 50 60 36 50 40 40 30 29 20 30 23 20 14 15 15 20 10 9 7 8 10 2 3 10 1 1 répondants (%)de Pourcentage Pourcentage de répondants répondants (%)de Pourcentage 0 0 A6 B6 C6 D6 E6 F6 G6 A4 B4 C4 D4 E4 F4 G4 H4 I4 J4 K4

Pensez-vous aux changements climatiques ? Les actions à prendre pour s'adapter aux impacts des changements climatiques 35 32 30 26 100 83 25 18 80 20 13 13 60 15 11 12 40 10 5 3 7 5 1 20 2 2 6

0 0 Pourcentage répondants(%) de Pourcentage

A7 B7 C7 D7 E7 F7 G7 H7 I7 J7 A9 B9 C9 D9 E9 Pourcentage de répondants répondants de Pourcentage (%)

Figure 29: Pourcentage de réponses des pêcheurs aux quelques questions posées par l’interview

2.3 Synthèse de la perception sociale globale du changement climatique à Nador - Berkane

La synthèse des résultats des enquêtes réalisées permet de dire que les citoyens de Nador et Berkane démontrent quelques conceptions erronées sur la nature des changements climatiques et sur leurs causes. Certains pensent qu’on ne peut pas contrôler ce phénomène. Les citoyens ont déjà remarqué des impacts régionaux des changements climatiques : sécheresse, détérioration de l’agriculture, modifications des températures saisonnières, maladies humaines, etc. Ils démontrent des préoccupations par rapport au phénomène, préoccupations non alarmistes, centrées sur l’économie et sur les catastrophes possibles. Ils sont très peu familiers avec le concept d’adaptation et ont peu commencé à réaliser des actions dans ce sens.

En tenant compte de ces résultats, des stratégies de communication et d’éducation ont été développées pour favoriser, chez les habitants du littoral des provinces de Nador et Berkane, une meilleure compréhension des

changements climatiques, leur communiquer l’urgence d’agir, les motiver à rechercher des idées d’adaptation et les rendre aptes à implanter ces idées.

Les messages importants de sensibilisation qui ont été véhiculés dans les médias locaux et dans les rencontres et manifestations organisées par le projet ACCMA :

les changements climatiques se produisent déjà à Nador et Berkane ; ils empireront dans le futur ; ils auront des impacts sur l’économie, la santé humaine et les écosystèmes naturels ; il est important de se protéger! les citoyens doivent agir et sont capables de s’adapter même si le phénomène est important.

Ces messages, répétés à plusieurs reprises ont offert des explications simples au sujet des changements climatiques, des impacts locaux actuels et des adaptations, en mettant à profit divers types d’images et de schémas. Des mesures d’adaptation ont été déterminées. Les bénéfices actuels et futurs des exemples d’adaptation ont été vulgarisés et la population locale a été invitée et à démontrer son ingéniosité et sa fierté pour prendre en charge le problème des changements climatiques.

3- Perception sociale de la vulnérabilité sectorielle aux changements climatiques

Dans le but de déterminer les secteurs du LMO les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques, deux ateliers de travail (photo 7) avec les parties prenantes principales du littoral provincial de Nador et de Berkane ont été organisés en partenariat avec la municipalité de Béni Ensar et l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole (ORMVA) de Berkane. Ces ateliers avaient pour objectif principal de déterminer, en concertation avec tous les acteurs présents, les secteurs les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques dans la zone du projet. Il s’agit de la perception qu’a la société, du degré de vulnérabilité d’un secteur déterminé vis-à-vis des impacts des changements climatiques actuels et futurs, et de la hiérarchie de ces secteurs en termes de priorité de planification et d’actions d’adaptation.

Photo 7: Ateliers de travail organisés à Nador et Berkane pour déterminer les secteurs les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques

3.1 Méthode et outils

L’évaluation des secteurs les plus vulnérables a été réalisée d’une manière participative. Le programme de chaque atelier porte sur une séance d’ouverture, des présentations orales illustrées pour situer la problématique des changements climatiques dans leur contexte local, auxquelles ont succédés des débats. Les thèmes des présentations orales sont essentiellement focalisés sur:

les concepts de base des changements climatiques et leurs impacts potentiels, la vision et la mission du projet ACCMA, ainsi que le programme d’activité ;

la situation de l’évolution passée et future du climat dans la région orientale ;

la situation sociale et économique des femmes dans la région en tant que groupe social, et le degré de leur vulnérabilité aux impacts des changements climatiques ;

le concept de vulnérabilité et la méthodologie à suivre lors du travail en groupes (discussion) afin de déterminer la hiérarchie de la vulnérabilité des secteurs aux changements climatiques dans le LMO, et leurs degrés relatifs de vulnérabilité.

L’évaluation de la vulnérabilité des secteurs a été réalisée par groupe de travail, suivie d’une restitution des résultats atteints par tous les groupes. La démarche d’évaluation suivie à l’atelier de Nador diffère quelque peu de celle suivie à Berkane. Les participants de Nador ont déterminé les secteurs d’activité qui sont dans la zone, puis procédé, pour chaque secteur d’activité, à l’évaluation de son degré de vulnérabilité.

Les étapes suivies sont résumées dans l’encadré 3. La procédure de l’atelier de Berkane (Encadré 4) consiste à déterminer les secteurs et les systèmes socioéconomiques et environnementaux les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques et les risques climatiques les plus importants. L’évaluation de la vulnérabilité a été réalisée moyennant des indices d’exposition des différents secteurs d‘activités et des indices d’impact de risque climatique.

Encadré 3– Méthode d’évaluation et de classement des secteurs par degré de vulnérabilité à Nador (Résumé) i. Recensement des secteurs d’activités (ou domaine) ;

ii. Attribution d’un niveau de vulnérabilité : évaluation qualitative considérant le degré d’exposition au risque climatique actuel et futur et la situation du secteur d’activité (sensibilité), par affectation d’une note dégressive de 1 à 5 (très vulnérable à peu vulnérable) ;

iii. Vote des participants pour déterminer l’occurrence de chaque secteur et son niveau de vulnérabilité ;

iv. Pondération des votes par attribution d’un facteur de poids : facteur échelonné de 1 à 4 (facteur 4 pour degré très vulnérable, à 1 pour degré peu vulnérable) ;

v. Calcul du nombre de points par secteur d’activité : produit du nombre de citations de chaque niveau de vulnérabilité par le facteur de poids correspondant.

vi. Classement hiérarchique des secteurs d’activités selon le nombre de points : la vulnérabilité du secteur jugée par les participants est d’autant plus élevé que le nombre de points est croissant.

Encadré 4– Méthode d’évaluation et de classement des secteurs par degré de vulnérabilité à Berkane (Résumé) Recensement des secteurs d’activités : 10 secteurs d’activité identifiés (Agriculture, Pêche, Santé, Ecosystèmes, Tourisme, Eau, Energie, Industrie, Infrastructure, Education Nationale, Mode de vie) ;

Recensement des types d’impacts climatiques les plus importants : 7 impacts au total (Augmentation de température, diminution des précipitations, élévation du niveau de la mer, augmentation de jours chauds, inondations, vagues de chaleur, et fréquence de périodes sèches).

Affectation d’un indice de risque pour chaque couple (secteur d’activité, impact climatique) : indice caractérisant la valeur de l’intensité du risque d’un impact climatique donné sur un secteur d’activité déterminé ; l’indice de risque est échelonné graduellement à partir de la valeur 1 (impact faible ) à la valeur 5 (impact fort).

Calcul de l’indice d’exposition par secteur d’activité : Cet indice équivaut à la somme des indices de risque de chaque type d’impact climatique rapporté à 35, et exprimée en pourcentage (35 étant le produit de l’indice de risque maximale de valeur 5 par 7 types d’impact climatique).

Calcul de l’indice d’impact pour chaque type d’impact climatique : cet indice correspond à la somme des indices de risques de tous les secteurs d’activité (11) rapportée à 55, et exprimée en pourcentage (55 étant le produit d’un indice de risque maximal de valeur 5 par le nombre de secteurs d’activité = 11).

3.2 Résultats et commentaires

La restitution des travaux de groupes de l’atelier conduit avec les participants pour la classification des secteurs vulnérables dans le littoral de Nador est résumée dans le tableau 6.

Tableau 6: Matrice de classification des secteurs d’activité par degré de vulnérabilité aux impacts des changements climatiques (Littoral de Nador)

Degrés de vulnérabilité 1 2 3 4 Total Facteurs de poids 4 3 2 1 Rang points Secteurs d’activité ou domaine Nombre de citations XXXXX 49 II Pêche maritime XXX XXX X XXXXX XXXXX 19 IV Santé XXX XXXXX XXXXXXX 67 I Agriculture XXXXXXX XX XXXXXX XXXX 48 III Tourisme XXXXX XX XX XXXXXX Industrie X XXX XX 18 V Eau X X XX X 14 VI Conditions sociales (migration) X X 5 IX Infrastructures de base X 4 X Ecosystèmes naturels X X X 9 VII Plages X X X 6 VIII

La hiérarchie des secteurs par degré de vulnérabilité telle que perçue par les participants dans la région du littoral de Nador est établie par ordre croissant du total de points obtenus par secteur ou domaine. L’agriculture étant ainsi classée le secteur le plus vulnérable, et l’infrastructure de base le secteur le moins vulnérable. Le classement général pour l’ensemble des secteurs est dressé par la figure 30 ci-après.

Agriculture

Pêche

Tourisme

Santé

Industrie

Eaux

Ecosystèmes

Plages

Conditions sociales

Infrastructures de base

Figure 30: Hiérarchie de la vulnérabilité des secteurs d’activités (ou domaines) aux changements climatiques au sens de la population de la région du littoral de Nador (Degré de vulnérabilité croissant de la base vers le sommet de la pyramide).

Les résultats de l’atelier d’évaluation réalisés avec les participants de Berkane sont résumés dans le tableau 7.

Tableau 7: Matrice de synthèse des indices d’exposition et des indices d’impact par secteur d’activité dans le littoral de Saïdia – Ras El Ma (Berkane) Risques: de 1 à 5

1: impact faible 5: impact élevé Indice Activités Elévation d’exposition Augmentation Diminution Augmentation Vagues Irrégularité du de de de jours Inondations de de périodes niveau températures précipitations chauds chaleur sèches de la mer

1-Agriculture 3 4 4 3 4 4 4 74,3

2-Santé 3 3 3 4 4 4 3 68,6 3- 1 2 4 2 4 2 2 48,6 Infrastructures 4- 4 4 4 4 4 4 4 80,00 Écosystèmes 5- Tourisme 2 3 4 4 4 3 2 62,9

6-Eau 4 5 5 4 4 4 3 82,9

7- Pêche 3 2 3 3 3 3 2 54,30 8- Education 2 2 2 3 4 3 2 51,4 nationale 9- Energie 3 3 2 4 2 3 3 57,1

10- Industrie 2 2 2 2 3 3 2 45,7 11- Mode de 3 3 3 3 3 3 2 57,1 vie INDICE 54,6 60,00 65,4 65,4 70,9 65,4 52,7 - D’IMPACT

Selon les données du tableau 3, à l’exception du secteur des infrastructures (indice d’exposition = 48,6%), tous les indices aussi bien d’exposition aux risques des changements climatiques, que les indices d’impact dépassent 50%.

L’indice d’exposition varie de 48,6% pour le secteur de l’Infrastructures à 82,9 % pour le secteur de l’Eau. L’indice des types d’impact climatique varie également de 52, 7% pour les périodes sèches, à 70,9% pour le risque inondation. La classification des risques par degré d’impact de risque climatique est schématisée par la figure 20. La classification des secteurs d’activité par degré d’exposition aux risques climatiques, est illustrée par la figure 31.

EAU ECOSYSTEMES AGRICULTURE SANTE TOURISME MODE DE VIE ENERGIE PECHE EDUCATION NATIONALE INFRASTRUCTURES INDUSTRIE

Figure 31: Hiérarchie de la vulnérabilité des secteurs d’activités (ou domaines) aux changements climatiques au sens de la population de la région du littoral de Saïdia- Ras El Ma (Berkane) (Degré de vulnérabilité croissant de la base vers le sommet de la pyramide).

INONDATIONS

ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER

AUGMENTATION DE JOURS CHAUDS

VAGUES DE CHALEUR

DIMINUTION DES PRECIPITATIONS

AUGMENTATION DE TEMPERATURE

IRREGULARITE DES PERIODES SECHES

Figure 32: Hiérarchie des risques climatiques par degré d’impact au sens de la population de la région du littoral de Saïdia – Ras El Ma (Berkane) (Degré d’impact du risque climatique croissant de la base vers le sommet de la pyramide).

III

LLEESS AANNAALLYYSSEESS TTHHEEMMAATTIIQQUUEESS -- DDééccrriirree ppoouurr mmiieeuuxx ccoommpprreennddrree -- RRééssuumméé ddeess rrééssuullttaattss eett ddeess aaccqquuiiss

III- LES ANALYSES THEMATIQUES

1- Vulnérabilité du trait de côte (plages) aux phénomènes érosifs

1.1 Principe et méthode

Afin de pouvoir diagnostiquer le degré de vulnérabilité du littoral méditerranéen oriental à l’élévation prévisible du niveau de la mer, l’analyse diachronique de l’évolution du trait de côte est nécessaire. En effet, cette analyse permet de mesurer l’évolution morphologique passée ainsi que la tendance des changements futurs de ce littoral. La dynamique du trait de côte et de l’érosion côtière a pour but de permettre une évaluation renseignée de la vulnérabilité des plages face à l’érosion côtière.

La définition du trait de côte pose toutefois un problème essentiel. Pour les régions où les marées sont faibles (la Méditerranée), il y a toujours une bande de sable plus foncé entre le sable sec et la mer. Le trait de côte se situe au milieu de cette zone (Figure 33). Pour les régions où il y a des grandes marées (Atlantique), le trait de côte se situe au niveau des plus hautes mers de vives eaux.

Figure 33: Position de trait de côte dans la zone d’étude

Les documents de base utilisés comprennent 3 missions photographiques aériennes du cordon dunaire (1986, Octobre 2003, et Mai 2006 ; Format panchromatique noir et blanc) ; à des échelles respectives nominales de 1/17 500, 1/30 000 et1/20 000 ; ainsi que les cartes topographiques du littoral au 1/50 000 couvrant la zone du projet.

La méthode d’étude (Encadré 5) de la dynamique du trait de côte et de l’érosion côtière a été réalisée à travers plusieurs étapes, notamment la cartographie du trait de Côte, l’analyse du changement du trait de Côte, afin de déboucher sur l’estimation des surfaces gagnées ou perdues sur la mer, et la prédiction de la dynamique du trait de Côte. L’ensemble de ces analyses est sanctionné par l’évaluation de la vulnérabilité des plages côtières du site pilote de Nador et celui de Saïdia-Ras El Ma.

1.2 Principaux résultats et outils d’aide à la décision par site pilote

Les principaux acquis obtenus au niveau du site pilote de Nador et celui de Saïdia-Ras El Ma se traduisent par :

i. la détermination du taux de changement du trait de côte entre 1986 et 2003, et la cartographie de l’évolution du trait de côte durant cette période ; ii. le calcul des indices de vulnérabilité des plages et la carte de vulnérabilité des plages; iii. le calcul des surfaces perdues ou gagnées par la mer pour la période 1986-2003, ainsi que la carte des surfaces érodées et submergées par la mer pour cette période ; iv. la prédiction des surfaces érodées en 2020 par rapport à 2003 et la carte du trait de côte en 2020,

Encadré 5 : Méthode d’étude de la dynamique du trait de Côte et de l’érosion côtière (Résumé) i. Cartographie du trait de côte : Digitalisation, numérisation, géoréférencement et mosaïquage de l’ensemble des photographies aériennes ;

ii. Analyse du changement du trait de côte : Estimation du taux moyen d’avancement ou de recul du trait de côte selon deux méthodes. La première, basée sur les points extrêmes (EPR), consiste à calculer un taux moyen de recul ou d’avancée à partir de la position du trait de côte au début et à la fin de la période couverte par les documents utilisés. La deuxième, permet la mise en évidence de la tendance évolutive au cours du temps (Ulazzi, 2008). Elle est basée sur des concepts statistiques acceptés et faciles à employer notamment la méthode de régression linéaire (LRR).

iii. Calcul des surfaces gagnées ou perdues sur la mer : les surfaces gagnées ou perdues sur la mer sont estimées en comparant deux à deux les traits de côte successifs. L’outil « Feature to polygone » sur le logiciel SIG permet d’obtenir des polygones, dont la superficie positive (sédimentation) ou négative (érosion) peut-être calculée dans une table attributaire.

iv. Prédiction de l’évolution du trait de côte : Les résultats obtenus lors de l’étude de la dynamique ancienne du trait de côte sont utilisés dans d’autres applications (Ulazzi, 2008), notamment, la prédiction de l’évolution de la ligne de rivage (dans 20 ans) et l’étude de la vulnérabilité des plages face à la dynamique côtière et au phénomène d’érosion côtière. La procédure utilisée pour la prévision de l’évolution du trait de côte pour l’année 2026 en utilisant LRR est résumée par Ulazz (2008). Les taux de déplacement utilisés sont considérés constants et ne prennent pas en considération les évolutions futures.

v. Calcul des indices de vulnérabilité des plages aux phénomènes érosifs (Ulazzi, 2008) :

a. Beach Time Loss (BTL) ou temps de perte de plage : constitue une évaluation quantitative du temps de perte de la plage, et a pour équation :

LRR : Taux de Régression Linéaire (Linear Regression Rate) ; EPR : Taux de Points Extrêmes (End Points Rate).

Cet indice n’est pas adapté pour les zones de sédimentation, et nécessite une division du littoral en zones d’accrétion et autres d’érosion.

b. Beach Vulnerability Index (BVI) ou indice de vulnérabilité de plage: C’est l’inverse du BTL, il représente la vulnérabilité de plage à l’érosion. On peut le calculer en utilisant EPR et LRR :

Les deux indices considèrent que pour un même taux d’érosion, plus la largeur de la plage est petite, plus la plage est vulnérable à l’érosion.

indiquant la zone côtière susceptible d’être couverte par la mer à cette date.

1.2.1 Résultats au niveau du site pilote de Saïdia-Ras El Ma

La dynamique du trait de côte du littoral Saïdia -Ras El Ma entre 1986 et 2003 a été étudiée sur un réseau de 93 transects espacés de 200 m pour caractériser les différents comportements du rivage selon diverses valeurs du taux de Points Extrêmes (Extrême Points Rate, EPR). Ce taux permet d’identifier et de classer :

Les plages en accrétion (EPR > 1 m/an) ; les plages en érosion (EPR < -1 m/an), et ; les plages à dynamique stable (-1 < EPR < 1 m/an)

Durant la période 1986-2003, la dynamique du trait de côte (Figure 34) est caractérisée par une évolution de 0,56 m/an en moyenne avec une vitesse moyenne d’érosion de -3,37 m/an, et une vitesse moyenne d’accrétion de +2,83 m/an.

Figure 34: Moyenne annuelle du changement du trait de côte en utilisant EPR, entre 1986 et 2003.

Toutefois, l’évolution n’est pas uniforme à l’échelle du site. Au niveau de l’embouchure de la Moulouya ; l’érosion est beaucoup plus marquée avec un taux d’érosion maximum de -10,94 m/an. En effet, après la construction des barrages Machraa Hammadi en 1956 et Mohamed V en 1965, la charge sédimentaire acheminée par la Moulouya a été diminuée. Un déséquilibre s’est installé entre les apports fluviaux et l’action hydrodynamique de la mer qui s’est manifestée par une érosion (Photo 9) des structures progradantes (Zourarah, 1995).

A l’Est du port de Ras EL Ma ; le taux d’accrétion est plus fort avec une valeur maximale de + 5,74 m/an. Cette accrétion est due à la migration progressive le long du littoral de masses de sédiment érodé, surtout au niveau de l’embouchure, sous l’action de houles obliques (dérive littorale).

L’étude de la vulnérabilité des plages a montré que la plage de l’embouchure est la plus vulnérable en matière d’érosion avec un temps de disparition (BTL) estimé à 10 ans (Tableau 8, Figure 35). Tableau 8: Indices de vulnérabilité des plages de Saïdia – Ras EL Ma (BTL et BVI). Largeur Indice EPR moyen moyenne de la BTL (an) BVI Plages (m/an) plage (m) - Embouchure de Moulouya -3,6 35,35 9,82 0,1018

- A droite du port de Saïdia -1,64 90 54,88 0,0182 - Plage de Saïdia -1,66 18,2 13,43 0,0745 BTL : Beach Time Loss ou temps de perte de la plage ; BVI : Beach Vulnerability Index ou indice de vulnérabilité de plage ; et EPR : Taux de Points Extrêmes (End Points Rate).

Figure 35: Carte de la vulnérabilité des plages de Saïdia - Ras El Ma

Photo 8: Erosion côtière au niveau de la plage Photo 9 : Plage de Ras EL Ma. de l’embouchure de Moulouya.

En termes de surface gagnée ou perdue par la mer, durant la période 1986-2003 où l’érosion l’emportait sur l’accrétion, la surface des plages perdues du site Saïdia-Ras El Ma est de 41,55 ha avec une vitesse moyenne de -2,44 ha/an. Celle gagnée par la mer est de 21,86 ha, avec une vitesse moyenne de 1,29 ha/an. Soit un total de surface érodée pendant cette période de -19,69 ha (figures 36, 37 et 38).

Figure 36: Carte d’évolution du trait de côte du littoral de Saïdia- Ras EL Ma.

Figure 37: Surfaces érodées ou sédimentées du site de Saïdia-Ras El Ma entre 1986 et 2003 (ha).

Figure 38: Carte des surfaces érodées et submergées par la mer entre 1986 et 2003 de la zone côtière Saïdia - Ras El Ma

L’évaluation des surfaces érodées ou sédimentées entre 2003 ou 2006 et 2020 est basée sur l’hypothèse que les taux d’érosion et d’accrétion restent constants dans le temps. Ainsi il est estimé que durant la période de 2003 – 2020, la surface des plages érodées au niveau de la côte de Saïdia-Ras El Ma serait de - 39,84 ha avec une vitesse moyenne de -2,34 ha/an, la surface sédimentée serait de +20,71 ha, avec une vitesse moyenne de 1,22 ha/an, soit un total de surface qui serait érodée de -19,13 ha.

La superposition du trait de côte de 2020 avec la carte (couche) des groupements végétaux de la zone côtière de Saïdia-Ras El Ma, montre qu’une partie des groupements végétaux à Pistacia lentiscus, à Arthrocnemum macrostachyum et à Ammophilla arenaria situés sur les deux cotés de l’embouchure de la Moulouya serait submergée en 2020 (Figure 39).

Figure 39: Carte du trait de côte en 2020 de la zone côtière Saïdia Ras El Ma

1.2.2 Résultats au niveau du site pilote de la Lagune de Nador

L’évolution du trait de côte de la Lagune de Nador entre 1986 et 2006, avec un point intermédiaire en 2003 a été conduite sur un réseau de 134 transects espacés de 200 m. La moyenne annuelle de l’évolution en utilisant EPR et LRR montre que la côte sableuse du cordon dunaire de la lagune de Nador est mobile (Figures 40). À côté de la passe de Boukâna, l’apport de sédiments l’a fait avancer vers la mer, alors qu’au niveau de la plage de Kariate Arekmane l’érosion marine et éolienne l’a fait reculer. Ces phénomènes combinés entraînent une dynamique importante du trait de côte.

Figure 40: Moyenne annuelle du changement de trait de côte à Nador en utilisant la méthode de régression linéaire (LRR) et la méthode des points extrêmes (EPR)

La comparaison des deux méthodes de calcul pour l’évaluation du taux de changement de la ligne de côte (EPR et LRR), montre la présence de minimes différences (Tableau 9).

Tableau 9: Evolution du trait de côte entre 1986 et 2006 en m/an pour le site de Nador

Taux Méthode EPR LRR Moyen - 0,44 - 0,43 Avancement max. + 7,29 + 6,83 Erosion max. - 4,34 - 3,98

Deux secteurs sont en progression (avancement) : la partie la plus proche de la passe et le secteur voisin du douar Dzira. Parallèlement, trois secteurs sont en recul (érosion) : l’essentiel du cordon dunaire de la partie de Béni Ensar le long du douar Hay El Masjid, la partie du cordon dunaire du côté de Kariate Arekmane, entre les douars Oulad Aissa et Dzira en passant par le douar Mohandis et le long de la plage de Kariate Arekmane (Photo 10).

Les changements les plus forts (jusqu’à + 7,29 m/an) concernent les secteurs en progression, à côté de la passe. En revanche, une régression (érosion) –quoique moindre- touche les 2/3 du littoral. La progression a par exemple atteint +146 m à Boukâna entre 1986 et 2006, et la régression -86 m à l’ancienne passe à coté de douar Hay El Masjid.

La comparaison de l’évolution du trait de côte au niveau de la plage du cordon dunaire de la lagune de Nador (-0,44 m/an en utilisant EPR et -0,43 m/an en utilisant LRR), et la zone côtière Saïdia-Ras El Ma (Bellaghmouch, 2008), montre que l’évolution au niveau de cette dernière est plus accentué (-0,56 m/an en utilisant EPR). Les surfaces érodées augmentent avec une vitesse de 2,44 ha/an au niveau de la zone côtière Saïdia-Ras El Ma, valeur plus grande que celle obtenue sur la plage du cordon dunaire (-2,43 ha/an). Cette différence est due essentiellement à la diminution des apports en sédiments d’oued Moulouya, à cause de la construction des barrages Machraa Hammadi en 1956 et de Mohamed V en 1965.

Photo 10: Plage de Kariate Arekmane

En terme de vulnérabilité (figure 30), l’étude du BTL (temps de perte de plage) montre que la plage du cordon dunaire du côté de Béni Ensar reste la plus vulnérable en matière d’érosion (BTL (EPR) = 41 ans), suivie par la plage de Kariate Arekmane (BTL (EPR) = 49 an). La partie du cordon dunaire qui se trouve entre douars Oulad Aissa et Dzira, vient au dernier lieu avec un BTL de 69 ans (Tableau 10 et Figure 41 et 42).

Tableau 10: Indices de vulnérabilité à l’érosion du cordon dunaire au site de Nador

Indices Largeur moyenne de EPR LRR BTL (an) BVI Plages plage (m) (m/an) (m/an) EPR LRR EPR LRR Cordon dunaire du côté de 90 -2,17 -1,87 41,47 48,13 0,024 0,02 Béni Ensar Entre douars Oulad Aissa 50 -0,72 -0,76 69,44 65,78 0,0144 0,015 et Dzira Plage de Kariate 20 -0,41 -0,30 48,78 66,67 0,0205 0,015 Arekmane

BTL : Beach Time Loss ou temps de perte de la plage ; BVI : Beach Vulnerability Index ou indice de vulnérabilité de plage ; EPR : Taux de Points Extrêmes (End Points Rate) ; et LRR : Taux de Régression Linéaire (Linear Régression Rate).

Figure 41: Carte de la vulnérabilité de la plage du cordon dunaire du site de Nador

Figure 42: Carte de l’évolution du trait de côte le long du cordon dunaire à Nador

En ce qui concerne la surface perdue ou gagnée par la mer, on remarque une dominance de l’érosion entre les années 1986 et 2006 pour le site de la Lagune de Nador (Figures 43 et 44). La surface perdue est de 48,68 ha, avec une vitesse moyenne de -2,43 ha/an. Celle gagnée sur la mer est de 27,87 ha, avec une vitesse moyenne de 1,39 ha/an ; soit un total de -20,81 ha de surface érodée pendant cette période, avec une vitesse moyenne de -1,04 ha/an.

Figure 43: Surfaces gagnées ou perdues sur la mer (en ha) du site de la lagune de Nador suite à la dynamique du trait de côte entre 1986 et 2006

Figure 44: Carte des surfaces gagnées et/ou perdues par la mer entre 1986 et 2006 à Nador

L’évaluation des surfaces érodées ou sédimentées entre 2003 ou 2006 et 2020 est basée sur l’hypothèse que les taux d’érosion et d’accrétion restent constants dans le temps. Pour le site de la lagune de Nador, la sédimentation continuerait à augmenter à côté de la passe et la régression toucherait 85% du littoral. La surface érodée serait de -38,83 ha, soit -1,94 ha/an et la surface gagnée sur la mer (sédimentation) serait de 16,83 ha, soit un rythme de 0,84 ha/an. Le changement total entre 2006 et 2026 serait de -22 ha, avec une vitesse moyenne de -1,1 ha/an.

2- Vulnérabilité du littoral { l’élévation du niveau de la mer

La vulnérabilité est défini (GIEC, 2001) comme « la mesure dans laquelle un système est sensible - ou incapable de faire face- aux effets défavorables des CC. La vulnérabilité est fonction de la nature, de l’ampleur et du rythme de la variation du climat à laquelle le système est exposé, de la sensibilité de ce système et de sa capacité d’adaptation ».

Il est très difficile d’évaluer la vulnérabilité des zones côtières face aux CC et notamment à l’ENM, car elle fait appel à des facteurs à la fois naturels et anthropiques qui sont imbriqués et interagissent au niveau de cette interface terre-mer-atmosphère très active (Figure 45).

En ce qui concerne les zones côtières marocaines, cette évaluation se trouve encore plus compliquée vu l’absence de données indispensables pour les études de vulnérabilité telles que :

- cartes topographiques précises et réactualisées du littoral ; - cartes d’occupation des sols récentes et détaillées ;

- données marégraphiques à l’échelle historique (sur au moins une centaine d’année) ; - données suffisamment longues sur les évènements météo-marins.

Figure 45: Vulnérabilité des zones côtières marocaines (Mhammdi, 2004)

Le littoral méditerranéen oriental et plus particulièrement celui de la lagune de Nador et de Saïdia-Ras El Ma représente un espace pour lequel l’évaluation de la vulnérabilité aux changements climatiques et à l’ENM s’avère indispensable. En effet, ces deux sites se caractérisent par leur faible topographie et connaissent une forte expansion, d’une part, économique (agriculture, pêche, tourisme), et d’autre part démographique, par l’importance de la densité de la population. Tous ces critères d’ordre environnemental et socio économique ont fait que ces deux sites ont été classés parmi les zones côtières marocaines très vulnérables à l’ENM (Mhammdi, 2004). L’approche d’évaluation de la vulnérabilité à l’ENM est envisagée dans le cadre du projet ACCMA sous deux angles complémentaires, dont la vulnérabilité socioéconomique et la vulnérabilité des écosystèmes naturels.

2.1 Vulnérabilité socioéconomique par site pilote étudié

2.1.1 Principes et méthode

L’étude des effets de l’ENM est essentiellement fondée sur des considérations prévisionnelles du niveau de la mer. Les niveaux d’élévation (hypothèses) retenus sont ceux prévus par le scénario climatique de type A2 du GIEC aux horizons 2050 et 2100 (Tableau 11). Un niveau hypothétique maximum d’une élévation du niveau de la mer de 2m accélérée par les houles à l’horizon 2100 a été intégré à cette analyse (Tableau 11).

Tableau 11: Niveaux d’élévation retenus pour les prévisions

Horizon temporel 2050 2100 Type du niveau Minimum Moyen Maximum Valeur (m) 0,23 0,51 2

Le procédé technique consiste à matérialiser les niveaux d’ENM retenus exploitant le modèle numérique de terrain (MNT) de la zone. Ces niveaux ainsi cartographiés ont été ensuite superposés aux cartes d’occupation du sol afin d’évaluer les superficies susceptibles d’être inondées (perdues) par submersion marine (Figure 46).

Figure 46: Etapes d’évaluation des surfaces potentiellement submergées

L’estimation de la valeur économique des infrastructures susceptibles d’être perdues, est faite sur la base des prix du marché (Tableau 12). Le niveau de capitalisation retenu pour les horizons 2050 et 2100 est de 5%, ce qui correspond au taux d’intérêt pour les prêts à long terme.

Tableau 12: Coûts unitaires des infrastructures susceptibles d’être perdues. Infrastructure Coût unitaire (Dh/ha) Zone urbaine 4000000 Zone industrielle 3500000 Zone humide 82106 Port 15000000 Plage 300000 Station d’épuration Nador II 4000000

Route principale 2100000 (Dh/Km) Route secondaire 1100000(Dh /Km)

2.1.2 Principaux résultats et outils d’aide à la décision pour deux sites pilotes

Les acquis de l’étude de vulnérabilité socio-économique concernent essentiellement l‘identification et l’estimation des surfaces submergées par les trois niveaux d’ENM retenus comme hypothèses, l’estimation du coût de pertes des infrastructures économiques et l’effectif de la population à risque pour chaque hypothèse.

a) Résultats au niveau du site de la Lagune de Nador

A Nador, les activités économiques sont assez diversifiées et couvrent essentiellement : l’agriculture, la pêche, le tourisme et l’industrie. L’étude de la vulnérabilité à l’ENM implique aussi bien les activités économiques que des infrastructures socioéconomiques. De manière résumée (Figure 47) :

i. avec le niveau minimum d’ENM de 0,23m, la superficie inondable équivaudrait à environ 340 ha, soit près de 0,9 % de la superficie totale du site ; ii. avec le niveau moyen de 0,51m, les zones inondables s’étaleraient sur 977 ha, soit environ 2,6 % de la surface totale ; iii. dans le cas du niveau maximum de 2m, ces zones inondables seraient - à l’évidence- plus importantes de l’ordre de 1954 ha, soit 5,2 % de la surface totale ; iv. la population à risque serait de 4490 personnes pour l’horizon 2050 et respectivement de 50200 et 67300 individus pour les niveaux moyen et maximum à l’horizon 2100 ; v. les valeurs des pertes estimées sont importantes et s’élèvent à 4598, 102057 et 193249 millions de dirhams pour les trois niveaux graduelles d’ENM envisagés.

Figure 47: Carte des zones inondables selon le niveau d’ENM pour la Lagune de Nador

b) Résultats au niveau du site de Saïdia – Ras El Mas

i. Élévation de 0,5 m à l’horizon de 2050 (Figure 48): Avec ce niveau d’élévation, la surface totale qui sera perdue est de l’ordre de 4,08 km² dont 0,76 km² de plages et 0,47 km² de terres agricoles irriguées, situées au niveau de l’embouchure de l’Oued Moulouya et 0,15 km² de port de Ras Kebdana. La superficie qui serait inondée et qui est occupée par les forêts et les broussailles est de l’ordre de 0,74 km².Elle est de 0,60 pour les végétations alluviales et de 0,51 Km² pour les marais.

ii. Élévation de 1 m à l’horizon de 2100 (Figure 48) : Vue sa situation dans une zone très basse, le nouveau projet de développement touristiques disparaîtrait complètement à cet horizon. Aussi 75,7 % des plages et 2 % des agglomérations urbaines seraient submergées par l’eau de mer. Vue que la majorité des terres agricoles sont situées loin du littoral, la superficie inondable serait très réduite (environ 1% pour les deux types de culture : irriguée et Bour).

iii. Élévation accélérée du niveau de la mer de 2 m (Figure 48) : La superficie qui serait submergée avec ce niveau d’élévation est de l’ordre de 31 km², c’est 8,9% de la surface totale de la zone d’étude: - la nouvelle station balnéaire va complètement disparaître ; - les plages et le port de ras kebdana vont perdre respectivement 88,2% et 75 % de leurs superficie; - 14,52 % des unités urbaines seraient submergées ; - les routes principales et secondaires seraient désarticulées respectivement sur une longueur de 15,49 et 10,69 km. Avec ce niveau d’élévation, respectivement 284 et 112 ha des terres irriguées et ‘bour’ seraient inondées, respectivement.

Figure 48: Zones inondables avec 3 niveaux d’élévation 0,5 ; 1 et 2m du littoral Saïdia-Ras Elma.

Les valeurs de pertes économiques estimées sont respectivement de l’ordre de 3 ; 128 et 135 milliards de dirhams, pour les niveaux d’inondation de 0,5 ; 1 et 2 m.

2.2 Vulnérabilité des écosystèmes naturels : Lagune de Nador et littoral Saïdia - Ras El Ma

2.2.1 Principes et méthode

L’évaluation de la vulnérabilité des écosystèmes naturels du littoral méditerranéen oriental à l’élévation du niveau de la mer abordée pour déterminer, au niveau des sites pilotes retenus, les écosystèmes naturels (ici sous-entendus groupements végétaux) classés par niveau de « sensibilité écologique », qui seraient submergés (Risque de submersion) par divers niveaux d’ENM dans le cas du scénario A2 du GIEC (2007), à savoir une élévation de la mer de 0,23 m et 0,51 m à l’horizon 2100 par rapport au « Zéro marin actuel ». La vulnérabilité a fait l’objet d’une cartographie obtenue par la superposition de deux cartes dont l’une traitant de la sensibilité écologique des milieux, et la seconde représente le niveau de risque de submersion par la mer. La méthode et démarche suivies pour l’étude de la vulnérabilité à l’ENM est résumée dans l’Encadré 6.

Le concept « sensibilité écologique » est fonction des caractéristiques intrinsèques du milieu auquel elle se rapporte, et varie selon ses spécificités ; elle est définie par la résilience, la stabilité et la productivité de ce milieu en relation à un état changeant (Sherman et Solow, 1992 in ADENA, 2006). Dans le cas présent, la sensibilité écologique a été simplifiée et recouvre les notions de sensibilité faunistique et de sensibilité floristique définies ci-après.

La sensibilité de la faune est déterminée à partir d’études de la faune (Fahd, 2003 ; Sahar, 2003 ; El Agbani, 2003) au niveau de la lagune de Nador et de la Côte de Saïdia-Ras El Ma. L’appréciation de la sensibilité faunistique est basée sur la richesse patrimoniale du milieu (Classification hiérarchisée de 1 (milieu à faible valeur patrimoniale) à 3 (milieu à forte valeur patrimoniale), et l’importance des espèces dans un lieu (concentration des espèces).

La sensibilité de la flore et des groupements végétaux se base sur l’étude des groupements végétaux (Amini et Bellaghmouch, 2008). L’étude a permis de hiérarchiser les unités de végétation selon les valeurs patrimoniale et paysagère des espèces et des groupements végétaux identifiés. Cette sensibilité a été déterminée en tenant compte de l’effectif des espèces dans les groupements végétaux (selon une classification hiérarchisée de A (faibles effectifs) à C (forts effectifs), et de l’intérêt patrimonial des groupements végétaux en espèces rares, endémiques et menacées selon une classification hiérarchisée de I (faible valeur patrimoniale) à III (forte valeur patrimoniale). L’indice de sensibilité (ISF) floristique retenu pour chaque groupement est le résultat du croisement entre les classes des effectifs des espèces et celles des intérêts patrimoniaux des groupements végétaux (Tableau 13).

Tableau 13: Indices de sensibilité floristique (ISF) Effectifs Richesse A B C Patrimoniale I 1 1 2 II 1 2 3 III 2 3 3 (1 : Moins sensible ; 2 : sensible ; 3 : très sensible)

L’indice le plus élevé entre la sensibilité de la faune et la sensibilité de la flore et des groupements végétaux est retenu pour caractériser la sensibilité écologique des milieux sous forme de carte de sensibilité écologique.

Encadré 6 – Méthode d’étude de la vulnérabilité des écosystèmes naturels à l’ENM

1- Cartographie de la sensibilité écologique a. Identification des milieux sur la base de la carte des groupements végétaux b. Détermination de l’indice de sensibilité floristique : c. Détermination de l’indice de sensibilité faunistique : d. Affectation de l’indice de sensibilité écologique sur la base de l’indice le plus élevé entre sensibilité faunistique et sensibilité floristique selon 3 niveaux : 1. Milieu peu sensible : milieu ne contenant pas d’espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité très faible ; 2. Milieu sensible : milieu contenant moins de quatre espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité plus importante que le précédent ; 3. Milieu très sensible : milieu contenant plus de quatre espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité très importante.

2- Cartographie du facteur de risque a. Cartographie des surface submergées pour scénario A2 (ENM : 0,23 m et 0,51m) b. Attribution du facteur de risque 0 pour zone submergée et 1 pour zone non submergée ; c. Obtention d’une carte de risque par niveau d’ENM (2 cartes au total)

3- Cartographie de la vulnérabilité des groupements végétaux à l’ENM (Scénario A2) a. Superposition de la carte de sensibilité écologique et la carte de risque b. Appréciation de la vulnérabilité sur la base de 4 classes échelonnées de 1 à 4 : 1. Milieu peu vulnérable 2. Milieu moyennement vulnérable 3. Milieu vulnérable 4. Milieu très vulnérable

c. Calcul des aires submergées par site pilote et par ENM, et détermination de la proportion submergé par type de groupement végétal selon le niveau de vulnérabilité.

Par la suite, à partir du modèle numérique de terrain de 1 m d’équidistance (MNT), une carte des zones à risque (0 pour zone submergée, 1 pour zone non submergée) a été dressée en fonction des scénarios d’ENM.

L’analyse intégrée, croisant la sensibilité écologique et le facteur de risque permet de préciser la vulnérabilité des groupements végétaux de la lagune de Nador et du site de Saïdia-Ras El Ma. Le produit final est restitué sous forme de cartes de vulnérabilité. Leur contenu vise à représenter graphiquement la réponse du milieu naturel des deux sites aux effets prévisibles d’un scénario d’ENM.

La vulnérabilité est ainsi classée en 4 catégories : de 1 (zone peu vulnérable) à 4 (zone très vulnérable) :

1. milieu peu vulnérable : milieu ne contenant pas d’espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité très faible ;

2. milieu moyennement vulnérable : milieu contenant moins de quatre espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité plus importante que le précédent ;

3. milieu vulnérable : milieu contenant plus de quatre espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité très importante ;

4. milieu très vulnérable : milieu contenant plus de quatre espèces endémiques, rares et/ou menacées avec une diversité très importante. Ce milieu serait submergé suite à l’élévation du niveau de la mer (ENM) selon le scénario A2.

2.2.3 Résultats obtenu pour les sites pilotes : Lagune de Nador, et Saïdia – Ras El Mas

L’application des principes et l’approche méthodologique suivi a permis l’obtention de 3 principales cartes pour les sites pilotes étudiés (figures 39, 40 et 41 pour la lagune de Nador ; et figures 42, 43 et 44 pour Saïdia - Ras El Ma), en l’occurrence : - carte du facteur de risque aux niveaux d’ENM (0,23 m à 0,51m) ; - carte de sensibilité écologique des milieux (groupements végétaux) ; - carte de vulnérabilité à l’ENM.

L’analyse de ces outils cartographiques permet de caractériser la sensibilité écologique, le risque de submersion et la vulnérabilité des milieux pour les niveaux d’ENM en hypothèse. Ces cartes demeurent des outils d’évaluation, de prédiction et d’aide à la décision. a- Vulnérabilité du site de la Lagune de Nador

La carte de vulnérabilité (Figure 52) permet de faire ressortir les zones de la lagune de Nador les plus vulnérables, qui méritent une attention particulière dans toute stratégie future de gestion ou d’aménagement, afin de préserver son patrimoine naturel.

i. Avec une ENM minimum de 0,23 m à l’horizon 2100 : la superficie totale submergée serait de 240,62 ha, soit 2,27 % de la superficie globale du SIBE. En limitant l’analyse uniquement aux zones occupées par la végétation, la superficie des groupements végétaux qui seraient submergées serait de 159,40 ha, soit 11,68 % de la surface totale des groupements végétaux ; la proportion de cette superficie par type de groupement (G1 à G7) est illustrée par la figure 49a.

i. Avec une ENM maximum de 0,51 m à l’horizon 2100 : la surface gagnée par la mer est estimée à 340,12 ha, soit 3,21 % de la superficie totale du SIBE de la lagune de Nador. La superficie de végétation naturelle perdue serait de 221,55 ha, soit 15,95 % de la surface globale couverte par la végétation des milieux humides. la proportion de cette superficie par type de groupement (G1 à G7) est illustrée par la figure 49b.

(a) ENM minimum = 0,23 m (b) ENM maximum = 0,51 m

Figure 49: Pourcentage des superficies submergées d’ici l’an 2100 avec ENM du scénario A2 Dans le cas d’une ENM de 0,51 m à l’horizon 2100 :

16,25 % de la végétation naturelle de la lagune de Nador présente une forte vulnérabilité (IV = 4) ; Cette partie se situe dans la sansouire de Kariate Arekmane ; 19,41 % du secteur présente une vulnérabilité élevée (IV = 3); 24,48 % présente une vulnérabilité moyenne (IV = 2) et 39,86 % à une vulnérabilité faible (IV = 1).

Les secteurs à vulnérabilité élevée correspondent aux unités de végétation qui abritent le cordon dunaire, sur de faibles altitudes, du côté de la lagune. Les zones à indice de vulnérabilité moyen correspondent à la végétation estuarienne qui se développe à côté de la ville de Nador, entre Oued Kaballo et Oued Mrader, et les milieux à faible indice de vulnérabilité, se trouvent principalement, sur la partie reboisée du cordon dunaire, du côté de Kariate Arekmane, ainsi qu’au Sud de ce village (Figure 52).

Figure 50: Carte du facteur de risque : (élévation du niveau de la mer selon le scénario A2)

Figure 51: Carte de sensibilité écologique des milieux de la Lagune de Nador

Figure 52: Carte de vulnérabilité des groupements végétaux de la lagune de Nador selon l’estimation minimum d’élévation du niveau de la mer

b- Vulnérabilité du site pilote de Saïdia – Ras El Mas

L’analyse des cartes du facteur de risque (figure 53), de sensibilité écologique (figure 54) et de la vulnérabilité des milieux du site pilote de Saïdia - Ras El Ma (figure 55) permet de déterminer les zones qui seraient submergées à l’horizon 2100 selon les ENM du scénario A2. Les résultats par niveau d’élévation de la mer se présentent comme suit :

i. Avec le niveau de l’ENM minimum (0,23 m) à l’horizon 2100 : le total de superficies des groupements végétaux submergées est estimé à 189,81 ha ; soit environ 16,63% de l’aire totale couverte par les groupements végétaux. Les principaux groupements végétaux qui seraient submergés avec un indice de vulnérabilité très élevée (IV = 4) sont les suivants : Groupement à Juncus acutus et Juncus maritimus (H); Groupement à Arthrocnemum macrostachyum (G); Groupement à Phragmites humilis (C); Groupement à Tamarix gallica (B) et Groupement à Pistacia lentiscus et à Retama monosperma.

ii. Avec le niveau de l’ENM maximum (0,51 m) à l’horizon 2100 : la superficie submergée serait d’environ 356,44 ha, soit près de 31,23% de la superficie totale des groupements végétaux. Ce niveau de l’ENM, fait apparaître un nouveau groupement végétal comme groupement à risque de submersion sur une surface de 4,1 ha ; il s’agit du groupement à Juniperus phoenicea Subsp.lycia L. situé sur les dunes de sables maritimes de la plaine de Chrarba.

Les groupements à vulnérabilité très élevée (IV = 4) sont situés sur les zones situées de part et d'autre de l'embouchure, sur les berges de l’oued de la Moulouya, sur le bras mort et sur la sansouire au voisinage du douar de Bou Kanat.

Figure 53: Carte du facteur de risque à Saïdia-Ras El MA, scénario A2 de l’ENM

Figure 54: Carte de sensibilité écologique de la zone côtière Saïdia – Ras EL Ma

Figure 55: Carte de vulnérabilité du site de Saïdia - Ras El Ma, ENM maximum = 0,51m

3- Vulnérabilité liée à la propagation des houles, vagues et courants marins

Une planification stratégique de la gestion de la bande côtière doit se baser sur un bon niveau de connaissance des procédés physiques et des forces qui interviennent dans l’évolution de la ligne de rivage. L’étude de la vulnérabilité aux vagues et courant marins est abordée à travers l’analyse de la propagation de la houle. Cette analyse est extrêmement utile en raison du fait que la propagation de la houle peut engendrer des courants côtiers qui, à leur tour, mettent en mouvement les sédiments. Ces transports de sédiment peuvent être accentués par l’élévation du niveau de la mer et le changement climatique.

3.1 Principes et méthode

L’instrument le plus adapté pour l’analyse de l’hydrodynamique côtière et des processus de transport solide est représenté par la modélisation numérique, développée par les logiciels qui permettent la résolution des équations qui régissent la propagation des houles et des courants et le transport des sédiments. En ce qui concerne le projet ACCMA, cet instrument a été appliqué dans la zone côtière en face des sites pilotes de Nador et Saïdia. A partir des donnés des houles au large de la zone d’intérêt, la modélisation a permis d’identifier les principales forces sur la côte.

La démarche suivie repose sur la succession des phases suivantes :

i. collecte des données sur l’exposition et l’orientation de la côte pour identifier le secteur directionnel principal des houles les plus importants en termes de hauteur et fréquence d’occurrence ;

ii. choix d’un échantillon de quatre (4) houles énergétiquement équivalentes au climat ondamétrique moyen annuel ;

iii. détermination de la hauteur, période, direction de provenance des houles moyennant les données enregistrées par des bouées ondamétriques localisées au large du site étudié. Les données des houles ont été dérivés grâce à la publication « Wind and wave atlas of the », sous la direction du Western European Union – Western European Armament Organization Research Cell ;

iv. utilisation du module Near Shore wind Waves (NSW) du code de calcul MIKE21 développé par le Danish Hydraulic Institute (DHI) pour étudier la propagation des houles vers la côte en absence des structures. Ce module permet de simuler les mouvements de la mer dans la zone côtière, en tenant compte des phénomènes de réfraction, de shoaling, de déferlement et d’interaction entre la houle et les courants marins. Il intègre en outre l’agitation locale générée par le vent ainsi que la dispersion directionnelle du spectre énergétique qui caractérise la houle ;

v. utilisation du module PMS (Parabolic Mild-Slope equation) pour l’analyse de la houle sur la côte et son interaction avec les structures, portuaires ou de défense côtière. Le principe de ce module est basé sur l’approximation parabolique de l’équation elliptique de la houle et qui permet la représentation des phénomènes tels que : réfraction, interactions avec le fond, diffraction et réflexion pour les trains de vagues linéaires se propageant sur des fonds à bathymétrie variant graduellement ;

vi. utilisation module Hydrodynamic (HD) du code de calcul MIKE21 pour l’étude de l’évolution de radiations stress qui influencent les courants induits par la houle. Les champs de radiations stress représentent les conditions à l’intérieur et aux abords de la grille de calcul du module qui permet de

reconstruire le champ des courants générés par les efforts tangentiels transmis par la houle et son interaction avec les structures existantes dans les sites étudiés ;

vii. utilisation du module non-cohesive Sediment Transport (ST) pour analyser la capacité de transport sédimentaire sous l’effet combiné des houles et des courants. Les résultats obtenus par les précédents modules constituent les données initiales (entrées) pour l’application de ce modèle. Pour l’application des modèles PMS, HD et ST, les houles choisies (échantillon) au nombre de 4, sont énergétiquement équivalentes au climat ondamétrique moyen annuel ;

3.2 Principaux résultats obtenus au niveau des sites pilotes de Saïdia et Nador

La vulnérabilité aux processus marins, notamment au champ des houles, au champ des courants marins et le volume des sédiments qui en résulte au niveau des sites de Saïdia - Ras El Ma et la Lagune de Nador est résumée comme suit :

3.2.1 Vulnérabilité aux processus marins pour Saïdia – Ras El Ma a- Champ des houles (Figure 56)

o Elément important : présence de petites îles en face du cap de Saïdia ; Effet atténuant des houles par ces îles, qui crée un cône d’ombre avec une inclination fonction de la direction de la houle. b- Champ des courants marins (Figure57)

o Courant induit par les houles moins important dans la partie Ouest que dans la partie Est, pour ce qui concerne la vélocité et la bande active. o Nombreux petits vortex dans la zone proche des îles : ils représentent une instabilité du modèle due à la morphologie particulière du site qui crée la turbulence. o Partie à l’Est : la houle L1 est plus direct et génère un flux plus intense (vélocité max=0,9 m/s et bande active d’environ 2 km) par rapport la houle R2. Partie à l’Ouest: les effets sont atténuants. c- Transport des sédiments (Figure 58)

o Profile 2 – 10: accumulation potentielle, surtout entre P.3-4 et P.7-8, avec des valeurs de plus de 10 000 m3/an. o Profile 10 – 15: condition de stabilité. o Profile 15 – 16: grande accumulation, plus de 10000 m3/an; o Partie Ouest : érosion potentielle, déficit de sédiment d’environ 37 500 m3/an.

3.2.2 Vulnérabilité aux processus marins pour la lagune de Nador

a- Champ des houles (Figure 59)

o Modifications des caractéristiques (hauteur et direction) des houles près de la côte, dues aux phénomènes de réfraction à cause de la grande profondeur. o Plus la houle est haute, plus elle déferle proche de la côte.

b- Champ des courants marins (Figure 61)

o L1 est la houle la plus haute et le courant induit est majeure . o Vélocité de la côte d’environ 0.9 m/s, mais sur une bande active stricte. Quand le flux arrive au port, il est poussé loin des structures, avec une vélocité d’environ 0,4 m/s. o Courants générant de petits vortex dans le bassin interne du port. c- Transport des sédiments (Figure 60)

o Profile 1 - 4: situation de stabilité. o Profile 5 - 12: accumulation d’environ 13’000 m3/an. En correspondance des structures, érosion potentielle d’environ 6’000 m3/an. o Profile 16 - 18: déficit de sédiments d’environ 5’500 m3/an. o Est du Port : accumulation à cause de la présence de structures portuaires qui bloquent les sédiments.

Figure 56: Représentation de la direction des houles au large de l’aire étudiée

Figure 57: Champs des houles à Saïdia

Figure 58: Champs des courants à Saïdia

Figure 59: Transport des sédiments à Saïdia

Figure 60: Transport des sédiments à Nador Figure 61: Champs des houles à Nador

Figure 62: Champs des courants à Nador

4- Vulnérabilité du milieu dunaire aux impacts anthropiques

4.1 Principe et méthode

Le principe suivi pour évaluer la vulnérabilité du cordon dunaire repose sur l’analyse des variables objectives et subjectives constituant l’environnement à travers la formulation d’une liste de contrôle tenant compte de ces variables. La méthode envisagée dans le cas présent englobe l’utilisation de 54 paramètres hiérarchisés en 5 grandes catégories, à savoir :

1. catégorie A : Morphologie et emplacement des dunes, avec 8 paramètres ; 2. catégorie B : État de la plage, avec 9 paramètres ; 3. catégorie C : Caractère externe de la côte sur une distance de 200 m, avec 11 paramètres ; 4. catégorie D : Pression des utilisateurs, avec 14 paramètres ; 5. catégorie E : Mesure de protection, avec 11 paramètres.

Chacun des 54 paramètres est évalué de manière indépendante, en utilisant un procédé de gradation de 0-4 à l’échelle du système. L’évaluation de la vulnérabilité se base sur la détermination de l’indice de vulnérabilité (IV) et de mesure de protection (MP).

L’indice de vulnérabilité (IV) du cordon dunaire est le résultat de la somme des paramètres des catégories A à D. cette valeur est ensuite rapportée à 100 pour donner l’indice de vulnérabilité en pourcentage. Les paramètres de la catégorie E (11 paramètres aux totales) permettent de déterminer le pourcentage de mesure de protection (MP) par la même démarche (williams, 1995).

Le rapport indice de vulnérabilité sur mesure de protection (IV/PM) permet d’évaluer l’équilibre entre la vulnérabilité et la réponse à la vulnérabilité dans un emplacement spécifique. La classification des sites sur la base de la valeur du rapport permet de distinguer les niveaux d’équilibre suivants :

équilibre positif : IV/MP < 0,8 équilibre intermédiaire : 0,8 < IV/MP <1,3 : équilibre négatif : IV/MP > 1,3 :

Pour des raisons pratiques, l’Embouchure de la Moulouya a été divisé en deux parties : Rive Gauche et Rive Droite. L’évaluation des paramètres a été réalisée sur chacune des rives de manière indépendante. A Nador par contre, le littoral a été subdivisé en quatre (4) parties. Cette subdivision s’est basée sur la distinction des immeubles par l’administration forestière : Boukana, Al Mohaindis, Al Jazira et Kariat Arekmane.

4.2 Principaux résultats pour le milieu dunaire à l’embouchure de la Moulouya

Les valeurs de l’indice de vulnérabilité, de l’indice de mesure de protection et du ratio de mesure de protection (IV/MP) pour les différentes rives de l’embouchure de Moulouya sont consignées dans le tableau 14.

Tableau 14: Indice de vulnérabilité (IV), Mesure de protection (MP) et Ratio (IV/MP)

Paramètres (%) Système dunaire IV IV/MP A B C D MP (A-D) Ratio

127 Moulouya rive gauche 53 32 34 8 56 0,79 (31,75)

122 Moulouya rive droite 53 32 34 3 60 0,8 (30,50)

Les valeurs observées (Tableau 14) montrent que :

le ratio (IV/MP) au niveau des deux rives se trouve globalement dans un équilibre intermédiaire (0,8< ratio <1,3) : 0, 79 pour la rive gauche et 0, 8 pour la rive droite. la valeur de réponse à la vulnérabilité (mesures de protection) est élevée : 56 et 60 % respectivement pour la rive gauche et la rive droite ; les paramètres de catégorie A ont une contribution de 53% dans le calcul de l’indice de vulnérabilité (Figure 63, a & b) ; les mesures de protection au niveau des deux rives contribuent à compenser la vulnérabilité observée.

a b

Figure 63: Indice (en %) de vulnérabilité et indice de mesure de protection au niveau de l’Embouchure (a) : Rive Gauche ; (b) : Rive droite

Au niveau de la rive gauche (figure 54a), on observe la présence de mesures physiques combinées à des mesures biologiques de fixation de dunes. L’installation de panneaux d’interdiction d’accès au SIBE de Moulouya contribue également à renforcer la protection du milieu dunaire (MP= 56%).

Au niveau de la rive droite (figure 54b), on note la présence de forêt d’eucalyptus entre la route et le milieu dunaire qui protège le SIBE de Moulouya. Cette forêt dense et bien venante empêche l’accès au milieu dunaire par les visiteurs et les pêcheurs ; ce qui a contribué à obtenir une valeur de 60% suffisant pour compenser la vulnérabilité observée.

4.3 Principaux résultats pour le milieu dunaire du littoral de la lagune de Nador

Les valeurs observées pour les divers indices sur le milieu dunaire à Nador sont résumées dans le tableau 15.

Tableau 15: Indice de vulnérabilité (IV), mesure de protection (MP) et du ratio (IV/MP) pour les quatre parties du littorale de Nador

Paramètres (%) Système dunaire IV/MP A B C D IV (A-D) MP Ratio

BOUKANA 80 44 35 18 177 (44,25%) 25 1,77

AL MOHAINDIS 70 36 35 25 165(41,25% ) 28 1,47

AL JAZIRA 65 32 20 11 128 (32%) 30 1,06

KARIAT AREKMANE 88 39 38 12 149 (37,25%) 36 1,04

L’analyse des données (Tableau 15 et figure 64) autorise les conclusions suivantes :

le ratio (IV/MP) subdivise le cordon dunaire en deux parties Boukana et Al Mohaindis qui se trouvent en situation d’équilibre négatif (>1,3) ; et Al Jazira et Kariat Arekmane qui sont en situation d’équilibre intermédiaire (0,8< ratio <1,3) ;

la contribution du paramètre A (Morphologie et emplacement de la dune) dans la détermination de IV pour l’ensemble du littoral est très élevé (>65%). Cette situation est liée à la combinaison des paramètres A3 (Largeur de la ceinture de dune) qui ne dépasse pas dans emplacement 100 m, A4 (Hauteur maximal des dunes à partir HWS) qui est aussi faible dans la moyenne ; ce qui donne un plus grands poids dans le calcul de la vulnérabilité ;

la réponse à la vulnérabilité (Mesure de protection (MP) reste faible (MP < 50) au niveau de l’ensemble du cordon dunaire du littoral de Nador. Les raisons sont à chercher au niveau de L’absence d’une législation couvrant le littoral et les écosystèmes qui lui sont liés, la quasi absence de surveillance et d’entretien, et au contrôle des conduites (équitation ou motorisé) sur les dunes ;

a b

Figure 64: Indice de vulnérabilité et mesure de protection au niveau de Boukana (a), et au niveau de Al Mouhaindis (b)

La valeur très élevée de l’indice de vulnérabilité est liée à la contribution de 3 catégories de paramètres : A, B et C. Le paramètre B lié à l’état la plage, montre que cette dernière est en situation de dégradation avancée. Cette dégradation trouve ses raisons dans les faits suivants :

La circulation de gros camions aux bords de la berge transportant des Graviers et du sable, pour la construction de la passe. Ceci entraine principalement le tassement des sols de la berge et facilitera ainsi l’avancé du niveau de la mer dans la problématique du changement climatique. La présence de beaucoup de brèches crées par le passage des camions. Une couverture végétale en régression due aux piétinements des pécheurs, des touristes ; La régression de la couverture végétale est liée aussi au pâturage qui est la seconde activité économique pour la population du littoral.

Le diagramme obtenu au niveau de Mohaindis (Figure 64) montre une ressemblance à celle de boukana. On constate que la valeur de D est passée de 18% à 25%. Cette valeur est principalement liée à la multiplicité de logements (camping et restaurant) sur ce cordon, accentuant ainsi sa vulnérabilité

Au niveau de l’immeuble d’Al Jazira (Figure 65), l’équilibre est intermédiaire. Cet état de fait est dû à la présence de plantation d’Eucalyptus qui jouent un rôle de protection contre l’accès du cordon dunaire par les pêcheurs et le pâturage. Le ratio (IV/MP) montre un équilibre intermédiaire. Cet équilibre, dû en partie à la présence de La Réserve Royale au niveau de Kariat Arekmane, constitue une importante mesure de protection qui à une valeur de 36%. Les paramètres (B) et (C) restent aussi constants que ceux d’Al Jazira.

a b

Figure 65: Indice de vulnérabilité et mesure de protection au niveau d’Al Jazira (a) ; et au niveau de Kariat Arekmane (b)

5- Vulnérabilité de la zone côtière aux risques d’inondations

La fréquence des inondations ces dernières années dans le Nord - Est du Maroc (Photo 11), et l’importance des dommages qu’elles produisent, nécessitent l’établissement des cartes de risque d’inondation comme l’un des moyens de prévention du risque et d’adaptation planifiée aux aléas météo-climatiques.

Photo 11: les inondations d’Octobre 2008 dans la région de l’Oriental

5.1 Principes et méthode

La cartographie des zones à risque d’inondations a été réalisée en utilisant la méthode INONDABILITE développé par le Centre National du Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et Forêt de France (CEMAGREF). Cette méthode a été développée à travers de nombreuses recherches engagées à la suite des dégâts causés par les inondations ayant touché l’Europe de l’Ouest, et plus particulièrement en France. Elle a été conçue pour fournir un cadre d’analyse du risque d’inondation (Ofella, 2004). Son utilisation au Maroc dans le cadre de l’étude nationale de protection contre les inondations (Anonyme, 2003) dénote sa pertinence. De multiples supports cartographiques sont nécessaires à l’étude, entre autres :

- fonds topographiques au 1/50.000 de la zone étudiée (Nador, Saïdia, Commune de Boudinar); - le modèle numérique du terrain (MNT) de la région ; - les cartes d’occupation du sol ; - des fichiers Autocades ; - des images Google Earth.

Le risque d'inondation résulte du croisement de deux paramètres fondamentalement différents qui sont la vulnérabilité et l’aléa (Chastan et al, 1995) :

i. la vulnérabilité traduit la sensibilité de la zone aux phénomènes potentiels encourus et l’acceptabilité socio-économique de ces dommages (Ofella, 2004). La carte de vulnérabilité fait référence à l'occupation du sol, et relate le fait qu'une parcelle est plus ou moins sensible au risque d'inondation ;

ii. l'aléa par contre, fait référence aux phénomènes hydrométéorologiques et leurs conséquences sur l'écoulement des eaux (Chastan et al, 1995). La carte d’aléa permet d’identifier les zones où les inondations sont susceptibles de se produire de façon plus ou moins étendue et fréquente (Chastan, 1995). Elle comprend les zones de dépression (Encadré 7) et les zones de débordement des oueds (Encadré 8).

Une approche spécifique a été adoptée pour la Commune de Boudinar en raison de sa forte sensibilité aux inondations par débordement en vue de l’obtention d’une cartographie des zones inondables (Encadré 8).

5.2 Principaux résultats et acquis

Les investigations relatives à cette partie de l’étude ont permis une appréciation spatialisée du risque d’inondation, obtenue moyennant superposition de la carte de l’aléa d’inondation et la carte de vulnérabilité aux inondations pour les deux sites de la Lagune de Nador et Saïdia-Ras El Ma. Une carte des zones inondables a été également réalisée pour le cas particulier du bassin versant de Boudinar.

La cartographie de la vulnérabilité réalisée à l’aide de la carte d’occupation du sol de la zone et de la grille de transformation développée dans le cadre de l’étude nationale de protection contre les inondations. Quatre classes de vulnérabilité ont été identifiées :

- vulnérabilité très forte (comprend les zones urbaines et les zones industrielles) ; - vulnérabilité forte (comprend les zones irriguées, le réseau routier) ; - vulnérabilité moyenne (comprend la végétation humide, les zones non irrigués) ; - vulnérabilité faible (comprend les terrains nus, forêts, plages).

5.2.1 Aléa, vulnérabilité et risque d’inondation pour la Lagune de Nador et Saïdia – Ras El MA

Au niveau du site de la Lagune de Nador, la carte d’aléa a été obtenue en faisant la somme des surfaces des zones de débordement et des zones de dépression. La dimension des zones inondables est estimée à une superficie de l’ordre de 560 ha. Selon le degré de vulnérabilité (Figure 66), la répartition du terrain se caractérise comme suit : 2 530 ha à vulnérabilité très élevée ; 8 300 ha à vulnérabilité élevée ; 13700 ha à vulnérabilité moyenne ; 10 600 ha à vulnérabilité faible.

En termes de risque d’inondation (Figure 67), la répartition du terrain de la lagune de Nador est caractérisée par : 81 ha de zones à risque très élevé : zones inondables comprenant des agglomérations, des unités industrielles et des projets touristiques; 276 ha à risque élevé : zones inondables où se trouvent des cultures irriguées et les routes principales; 93 ha à risque moyen : zones inondables occupées par des cultures « Bour », et de l’infrastructure secondaire; 110 ha à risque faible : zones inondables occupées par le milieu naturel.

Encadré 7- Etapes et processus de cartographie des zones de dépression pour l’évaluation du risque d’inondation

Les zones de dépression sont généralement des zones qui présentent une contrainte naturelle d’écoulement des eaux. Le processus de génération des zones de dépression fait appel aux méthodes cartographiques selon quatre principales étapes (Minelli, 2005) :

Étapes 1: Ré-échantillonnage du MNT d’une résolution de 90 mètres à une résolution de 1 mètre permet d’obtenir une échelle plus détaillée au niveau du relief de la zone d’étude ;

Étape 2 : Détermination du sens des écoulements des eaux sur la base du principe de cheminement naturel des eaux conduit par la gravité et guidé par la topographie. Cette opération permet de créer une image RASTER de direction de flux, où le flux de chaque cellule s’écoulera vers sa voisine selon la plus grande pente descendante.

Étape 3 : Suppression des aires de drainage interne (creux) pour garantir le fonctionnement correct du processus de modélisation (le MNT de la zone étudiée ne doit présenter aucun creux) ; la fonction FILL permet de combler ces creux.

Etape 4 : Identification des zones de dépressions à l'aide de la fonction DIFFERENCE. L’image obtenue permet d'identifier les différences qui existent entre les valeurs des cellules dans le MNT sans les creux et celles du MNT d'origine (avec les creux). Les différences correspondent aux dépressions.

Le processus de génération des zones de dépression est schématisé par la figure ci-après.

Mer Méditerranée

Figure 66: Carte de la vulnérabilité aux inondations pour la Lagune de Nador

Mer Méditerranée

Figure 67: Carte du risque d’inondation pour la Lagune de Nador

A Saïdia – Ras El Ma (Figures 68, 69 et 70), la superficie totale des zones inondables (aléa) est estimée à 1094 ha. Les principales zones susceptibles d’être touchées par les inondations sont les zones dépressionnaires de la plaine de Saïdia en raison de leur topographie très basse.

Figure 68: Carte de l’aléa d’inondation pour Saïdia – Ras El

Figure 69: Carte de vulnérabilité aux inondations pour Saïdia – Ras El Ma

Figure 70: Carte des zones à risque d’inondations Saïdia – Ras El Ma

5.2.2 Aléa, vulnérabilité et risque d’inondation pour la Commune de Boudinar

En raison des caractéristiques hydrologiques du bassin versant de Boudinar et des caractéristiques hydrauliques du fonctionnement de l’oued Amekrane et de ses affluents (Figure 71), la commune rurale de Boudinar est fortement sensible aux inondations par débordement ; et les dégâts y seraient probablement importants en cas de crues.

Figure 71: Représentation de l’Oued Amekrane, ses affluents, ses berges et des profils correspondants

Encadré 8- Processus de génération des zones de débordement des oueds pour la cartographie du risque d’inondation

La détermination des zones de débordement des oueds nécessite l’utilisation du TIN (le réseau des triangles irréguliers) à 1 m de résolution ; et l’extension HEC-GEORAS du HEC-RAS (Hydrologic Engeneering Centre River’s Analysis System) conçue spécifiquement pour traiter les donnés géo- spatiales. Elle permet de créer une base de données qui contient les attributs géométriques des structures hydrauliques ;

Phase 1 - Création de la base des données des structures hydrauliques : base contenant les attributs spatiaux et géométriques des différentes structures hydrauliques : cours d’eau, berges, direction des écoulements, et profils travers en mode 3D. Chaque attribut est stocké dans une classe d'entités appelées « RAS Layer » (Meyer et al, 2007).

Phase 2 - Estimation du débit des crues : débits de pointe à partir de la formule CRUPEDIX, méthode d'estimation du débit de crue de fréquence décennale sur un bassin versant non jaugé à partir des précipitations (Anonyme, 1998b). Inconvénient : absence d’une durée caractéristique de crue.

Avec ; P : pluie journalière décennale non centrée en mm ; S : superficie du bassin versant en km2 ; QIX : débit décennal de pointe en m3/s ; et R est un coefficient régional de valeur moyenne unité.

Phase 3 - Traitement des données : Traitement des données générées en phases 1 et 2 par le logiciel HEC-RAS, afin d’étudier les scénarii d’inondation en fonction des débits estimés (Meyer et al, 2007). Phase 4 - Cartographie des zones inondables : exportation des données traitées en phase 3 vers un logiciel SIG, afin de générer les zones inondables en utilisant l’extension HEC-GEORAS (Meyer et al, 2007).

De façon résumée (Figures 72 et 73), avec un débit maximum de crue d’une période de retour de 10 ans, la superficie de l’emprise inondable par débordement de l’oued Amekrane et ses affluents est d’environ 792 ha. Pour une période de retour centennale (100 ans), la superficie totale des zones inondables serait plus importante de l’ordre de 1070 ha.

Malgré que les avantages procurés par le voisinage du cours d’eau (terrasses de cultures, puits d’irrigation, pistes de transport) l’emportent sur les risques, l’activité humaine se trouve aujourd’hui concentrée dans les lits majeurs immédiats, ce qui augmente considérablement les risques de dégâts lors des épisodes de crues.

Figure 72: Carte des zones inondables à l’aval du Bassin versant de Boudinar

Figure 73: Terrains agricoles et tronçons routiers à risque d’inondation (en ha)

6- Vulnérabilité des sols { l’érosion hydrique

6.1 Principe et méthode

La méthodologie appliquée pour la cartographie du risque d’érosion et de glissement de terrain consiste à évaluer, décrire et cartographier les facteurs d’érosion et les processus érosifs ayant cours au niveau des deux communes rurales de Boudinar et Béni Chiker. Elle se base sur trois éléments essentiels (PAP/CAR, 1998) :

les directives pour la cartographie et la mesure des processus d’érosion hydrique dans les zones côtières méditerranéennes ; la recherche de l'information ; les outils et techniques informatiques et géomatiques (photo-interprétation, SIG, GPS).

La démarche méthodologique fondamentale (Figure 74) comprend deux phases clairement définies par le document « Directives de cartographie et mesure de l’érosion dans les zones côtières méditerranéennes » publié par le Centre d’Activité Régional du Plan d’Action Prioritaire (PAP/CAR, 1998).

i. Phase prédictive du risque d’érosion qui consiste à identifier, évaluer et intégrer, selon le modèle retenu, tous les paramètres fondamentaux, tels que la physiographie (pentes), la lithologie et/ou les sols, le couvert végétal, et ce dans le but de déterminer des hypothèses préliminaires concernant le risque d'érosion (érodabilité - degré de protection des sols).

ii. Phase descriptive des processus érosifs qui consiste à identifier et évaluer les processus actuels d'érosion sur le site, ainsi que les différents degrés du risque d’érosion et les tendances évolutives.

Figure 74: Principales séquences opérationnelles pour la cartographie du risque d'érosion

L’étude de vulnérabilité des sols à l’érosion hydrique a été conduite parallèlement sur le site pilote de la Commune rurale de Béni Chiker et la Commune rurale de Boudinar.

6.2 Principaux résultats et acquis pour les communes de Boudinar et Béni Chiker

La cartographie du risque d’érosion a été conduite en combinant les données de la carte d'érodabilité et celle des niveaux de protection du sol. Elle est le produit final issu du croisement de toutes les données de base (pente, végétation et formations superficielles).

La zone étudiée est soumise à un risque d’érosion hydrique très accentué. La conjugaison des facteurs biophysiques (pentes fortes, roche tendre très érodable, sol très peu perméable, couvert végétal dégradé), et de facteurs climatiques (agressivité de la pluie accentuée par des évènements pluviométriques extrêmes), a fait du territoire des deux communes étudiées, l'une des zones du littoral méditerranéen oriental les plus vulnérables à l’érosion.

Les zones les plus menacées du territoire communal de Boudinar (Figures 75 et 76) appartiennent aux classes à risque élevé et très élevé, soit 77,5% de la superficie totale du site. Elles occupent les terres qui possèdent soit un couvert végétal herbacé ou dégradé, soit des cultures sur terres en pente forte et à formation superficielle meuble, marneuse et limono-argileuse. Ces zones menacées, malheureusement prédominantes, pourraient déboucher sur une situation complètement irréversible comme c’est le cas des « badlands » très représentés dans cette commune (Photo 12). Certaines unités correspondant à un indice de risque moyen à très faible, affleurent aux milieux des unités menacées. Elles correspondent aux affleurements de pente modérée à faible et sont occupées par un couvert végétal favorable.

Photo 12: Badlands (état de dégradation irréversible) dans la Commune de Boudinar

Quant au territoire communal de Béni Chiker (Figures 78 et 79), on note une quasi-dominance des sols à risque élevé à très élevé qui concernent presque 54% de la superficie totale de la zone d’étude ; soit 7013 ha. Ces sols occupent principalement les terres de cultures et des matorrals qui possèdent soit un couvert végétal herbacé ou dégradé, ou sont labourés sur des terres en pente et à formation superficielle peu résistante. Certaines unités correspondent à un indice de risque moyen à faible. Elles occupent 39% de la superficie du site et correspondent aux affleurements à pente modérée à faible, et/ou sont occupés par un couvert végétal dense, ou des sols où les pratiques culturales sont appropriées. Par contre, les classes des sols à risque très faibles sont localisées principalement au niveau du massif forestier de Jbel Gourougou et des périmètres boisés de Tajdirt, Sidi Messaoud et Trifa.

Photo 13: Sols mis à nu à cause d’un fort processus d’érosion

D’une manière générale, l’érosion dans les communes rurales de Boudinar et Béni Chiker est très active. Elle y est représentée par toutes les formes d'érosion (Figures 77), de l'érosion en nappe jusqu'aux ravinements hiérarchisés et « badlands ». Elle se manifeste essentiellement sous forme de ravinement (Photo 13) sur les sols lourds à substrat tendre (les marnes et sols limono-argileux) et par le décapage et l’appauvrissement des sols du fait du départ de la partie colloïdale (argile et humus) des horizons de surface qui deviennent ainsi très caillouteux et marginaux. Une autre forme d’érosion a été identifiée, il s’agit du sapement de berges des cours d’eau. Cette forme d’érosion, qui est due à la dissipation de l’énergie de l’eau dans les lits des cours d’eau, est capable, lors des crues et inondations, d’emporter une partie des berges et d’élargir davantage le lit de l’oued Amekrane et ses affluents en provoquant d’énormes dégâts matériels.

L’action de l’homme, qui a favorisé la dégradation du milieu naturel par des pratiques culturales irrationnelles, est venue aggraver ces phénomènes :

extension des superficies mises en culture sur des versants fortement en pente; labour souvent suivant le sens de la pente; assolement inadapté laissant de grandes surfaces nues et soumises aux fortes pluies d'automne et du début de l’hiver; surpâturage.

La définition des zones sensibles a été réalisée. Elle permet de tracer les zones prioritaires pour l’orientation des propositions d’adaptation relatives à des interventions d’aménagement et de conservation des sols.

Figure 75: Carte de sensibilité à l’érosion hydrique de la Commune de Boudinar

Figure 76: Carte descriptive des processus érosifs du territoire communal de Boudinar

Figure 77: Classes de risques d’érosion des Sols

(a) CR de Boudinar (b) CR de Béni-Chiker

Figure 78: Carte de sensibilité des sols à l’érosion hydrique de la Commune de Béni-Chiker

Figure 79: Carte descriptive des processus érosifs de la Commune de Béni-Chiker

7- Vulnérabilité aux incendies du massif forestier de Gourougou

L’une des conséquences les plus certaines des changements climatiques consiste en l’augmentation de la fréquence des incendies dans les forêts méditerranéennes en raison des prévisions de l’augmentation de la température et la réduction des précipitations (GIEC, 2007).

Au niveau mondial (FAO, 2007), chaque année, 350 millions d’hectares d’espaces naturels sont affectés par des feux, soit l’équivalent de 9 % de la superficie totale des forêts et des zones non forestières, telles que savane, brousse et terrains de parcours. Plus strictement, la superficie de forêts effectivement touchée par des feux reste en moins de 5 % par an. Le Bassin Méditerranéen n’échappe malheureusement pas à cette logique du feu, puisque les feux de forêts y représentent une part non négligeable des incendies de la planète (Alexandrian et al, 1999). L’incendie, surtout en période estivale, constitue une menace permanente pour les forêts de la région méditerranéenne – spécialement dans sa partie occidentale - et représente la cause principale de destruction des forêts et des peuplements arbustifs péri forestiers (Ramade, 1997). Plus de 55 000 incendies ravagent en moyenne chaque année entre 500 000 à 700 000 ha de forêt méditerranéenne, causant des dommages écologiques et économiques énormes, ainsi que des pertes de vies humaines (Velez,

1999). Il faut toutefois noter le caractère fort irrégulier des incendies, les écarts en surface détruite étant très variables entre années humides et années très sèches et ventées (Ramade, 1997). Il ne subsiste déjà plus que 17 % de la couverture de la forêt originelle de la Méditerranée. Les feux à eux seuls détruisent chaque année en moyenne 1 % de la surface restante (WWF, 2001), avec une grande variabilité d’un pays à l’autre. Le coût annuel total des mesures de lutte anti-incendie et de sécurité dans la région dépasse un milliard de dollars US (Alexandrian et al, 1998).

Au Maroc, durant les quarante dernières années, des milliers d’hectares sont partis en fumée, soit une moyenne de 266 incendies par an pour une surface moyenne annuelle de 2782 ha (HCEFLCD, 2006).

Le massif de Gourougou (Photo 14), se situant à la limite entre le et le Maroc Nord-Oriental, culminant à 887 m, constitue une zone de rencontre entre les systèmes rifain et atlasique. Il est caractérisé par des petites montagnes qui dominent de larges dépressions plus ou moins planes, ouvertes sur la Méditerranée. Il est classé SIBE (site d’intérêt biologique et écologique) par le plan directeur des aires protégées (1996) du fait de la qualité des habitats forestiers qu’il abrite. Ce massif est le seul espace vert forestier de la région et il constitue le point de refuge pour les excursionnistes des centres urbains et ruraux environnants (les habitants de Nador, Béni Ensar, Mellilia, Sghenghen et autres). Ce massif est toutefois menacé par les incendies : 21 incendies durant les 13 dernières années, et perte de 9 000 ares soit 3,20 % de la surface totale du massif.

Photo 14: SIBE de Gourougou, essence résineuse à fort risque d’incendie

La présente étude a pour but d’évaluer le risque d’incendie au niveau du massif forestier de Gourougou afin de permettre aux gestionnaires locaux d’avoir des outils d’aide à la décision dans le but d’assoir une stratégie efficace pour la lutte contre les incendies de forêts.

Principe et méthode

Parmi les nombreux indices relevés dans la bibliographie, la méthode adoptée s’inspire du modèle proposé par Dagorne et Duche (1994). Cet indice présente l’avantage de la simplicité avec peu de variables d’entrées; il est donc moins exigeant en données. Ce modèle a été appliqué dans de nombreuses régions, en l’occurrence :

- dans le cadre de l’élaboration du Plan des Zones Sensibles aux Incendies de Forêts (PZSIF) au niveau de la Commune d’Auribeau-sur-Siagne (Dagorne et Duche, 1994) ;

- dans la cartographie du risque d’incendies pour la forêt de Kounteidat située dans la wilaya de Sidi Bel Abbès au Nord Ouest algérien (Missoumi et Tadjerouni,, 2003) ; et

- dans la forêt de Tanghaya-Kourt située dans la province de Chefchaouène au Nord du Maroc.

L’encadré 9 décrit les concepts et la démarche de cartographie du risque d’incendie selon ce modèle (Figure 80).

Figure 80: Modèle de l’indice de risque de feu (Missoumi et Tadjerouni, 2003)

Le modèle se compose de deux sous indices selon l’équation suivante : IR= 5IC + IM ; où IR : indice de risque feu de forêt ; IC : indice de combustibilité de la végétation ; et IM : indice topo-morphologique.

Encadré 9 – Concepts et démarche de calcul et de cartographie du risque d’incendie de forêt

1- Indice de combustibilité (IC) : caractérise la puissance du front de flamme qu’une formation végétale peut alimenter par combustion. On peut l’estimer à partir de la formule empirique mise au point par le CEMAGREF : IC = 39 + 2,3 BV (E1 +E2 -7,18)

- IC : Indice de combustibilité de la formation végétale considérée ; - BV : Biovolume simplifié par addition des taux de recouvrement des 4 strates (litière, herbacée, ligneux bas < 2 m ; ligneux hauts > 2 m) ; auxquels on ajoute le taux de recouvrement des bois morts et chicots s’il y a lieu (BV compris entre O et 5). - E1 et E2 : Notes d’intensité calorique ou note de combustibilité (comprise entre 1 et 9) de deux espèces dominantes : E1 pour les ligneux hauts et E2 pour les ligneux bas et herbacés. Les notes de combustibilité des principales espèces de la végétation méditerranéenne ont été déduites à partir de plusieurs travaux de recherche.

2- Indice topo-morphologique (IM) : IM = 3p + (drf *e)

Le résultat de cette formulation est le croisement de trois couches : pentes (p), exposition (e) et distance d’éloignement des peuplements par rapport au réseau forestiers (DRF). Après avoir construit un modèle numérique de terrain en digitalisant les courbes de niveau et points cotés, les SIG donnent la possibilité de produire les couches de pente et d’exposition. L’obtention de cette indice se déroule en 4 phases :

I. Cartographie du facteur distance d’éloignement des peuplements par rapport au réseau forestiers (DRF) : La distance de 500 m de part et d’autre des axes de chemins forestiers est considérée comme un seuil au delà duquel, les opérations d’intervention directe deviennent de plus en plus difficiles (AMAR, 2001).

ii. Cartographie des expositions (E) : L'exposition à un rôle indirect sur la progression d’un feu. La végétation est différente sur les versants chauds et frais. Un feu se propage plus facilement sur un versant exposé au vent que sur un versant sous le vent. En général, les versants sud et sud-ouest présentent les conditions les plus favorables pour une inflammation rapide et pour la propagation des feux.

iii. Cartographie des pentes (P) : Le facteur pente influence beaucoup la vitesse de propagation des feux, elle modifie l'inclinaison relative des flammes par rapport au sol et favorise, lors d'une propagation ascendante, l'efficacité des transferts thermiques par rayonnement et convection. Les feux ascendants brûlent donc plus rapidement sur les pentes fortes. Dans le modèle, la pente exprime aussi la difficulté rencontrée par les engins de lutte conte le feu.

iv. La carte du risque d’incendie est dressée par superposition des différentes cartes représentant les paramètres de l’équation mathématique de Daragone et Duche.

7.2 Résultats et acquis pour le massif de Gourougou

Les principaux résultats issus de l’application de la méthode retenue au massif forestier de Gourougou, on retiendra essentiellement la carte des peuplements (Figure 81), la carte des classes d’indices de combustibilité (Figure 82), et la carte de l’indice de risque d’incendie (Figure 83).

Figure 81: Carte des peuplements du massif forestier de Gourougou

L’analyse des différents facteurs qui constituent l’équation de l’indice du risque, montre que la zone présente un terrain très accidenté et une végétation très inflammable. Les résultats obtenus montrent que 57,80% du massif présente un IC élevé ; ceci peut être expliqué par la dominance des espèces à combustibilité très élevée telles que le pin d’Alep, et le chêne Kermès qui se consument en dégageant de grandes quantités de chaleur et permettent une facile propagation du feu. Par conséquent, en cas de déclenchement d’un incendie, les conditions sont très favorables pour sa propagation rapide et les dégâts seront catastrophiques en l’absence d’une intervention rapide.

Les changements climatiques prévus dans la zone ne feront qu’augmenter ce risque du fait que l’augmentation de la température et la réduction des précipitations prévues, entraineront très probablement une diminution de la teneur en eau, la réduction de l’humidité atmosphérique, l’augmentation de l’inflammabilité de la végétation, et l’augmentation de la durée des saisons à risque d’incendie.

Figure 82: Carte des classes d’indice de combustibilité de la forêt de Gourougou

Figure 83: Carte de l’indice de risque d’incendies de la forêt de Gourougou

8- Analyse des impacts sur les écosystèmes et les ressources naturelles

Les changements climatiques imposent des menaces additionnelles aux impacts anthropiques dans la zone côtière des provinces de Nador et Berkane. Actuellement, le milieu naturel, de même que l’offre et la demande en ressources, sont très vulnérables aux changements climatiques. Parallèlement, les équipements et les infrastructures touristiques et agricoles qui s’y développent seront menacés par l’élévation du niveau de la mer et les extrêmes climatiques prévus dans le futur. Le projet ACCMA vise à renforcer les capacités locales à s’impliquer davantage dans la prise de décisions environnementales adaptées au contexte de ce littoral.

8.1 Impacts sur les milieux et les ressources naturelles, et degré d’exposition

8.1.1 Ecosystèmes côtiers

L’analyse des statistiques récentes du département des pêches maritimes (2000-2006) montre que les volumes débarqués dans toute la Méditerranée marocaine ventilent généralement autour de 30000 tonnes annuellement, ce qui représente 5 à 6 % seulement du total de la production nationale. Les prises, sont essentiellement constituées de sparidés qui représentent 21 à 26% du total des captures de la flotte marocaine en Méditerranée. Au large de la région considérée par cette étude, la pêcherie est composée d’une flottille de petits bateaux opérant dans les eaux côtières, chalutiers, sardiniers, palangriers, unités mixtes et madragues pour le thon rouge. Les débarquements de cette région constitueraient un bon pourcentage des prises de toute la Méditerranée marocaine, qui sont essentiellement composées de petites espèces pélagiques dont principalement la sardine et l’anchois, et de grandes espèces pélagiques comme le thon rouge, la bonite et la Melva. Ces ressources constituent généralement 60 à 80% des captures. Néanmoins, ces ressources sont soumises à une intense pression anthropique (Encadré 10), mais la surexploitation n’est pas le seul facteur. D’autres facteurs tels la pollution, l’aquaculture, l’activité touristique, l’apparition d’algues toxiques, etc., menacent la richesse spécifique de toute la zone d’étude par la disparition de certaines espèces et l’apparition de nouvelles espèces invasives.

Encadré 10 – Etat actuel des principaux impacts anthropiques du littoral méditerranéen oriental (Résumé)

i. Production d’importants volumes de rejets urbains et/ou industriels sur un certain nombre de zones cataloguées « points chauds ». L’une des principales sources de cette pollution a été l’installation d’industries aquacoles dans la lagune de Nador, aujourd’hui disparues, mais dont les impacts se font encore sentir (abandon des installations : filets, pieux, …) : Altération de l'environnement marin-côtier, et dégradation de leur biodiversité, perte d'habitats et, plus grave encore effets sur la santé humaine à travers la détérioration des eaux de baignade et de la qualité des ressources halieutiques exploitées.

ii. Cueillette (ramassage de fruits de mer par la population locale) : activité très pratiquée dans les zones faciles d’accès situées près des côtes. Les deux principales zones convoitées sont la lagune de Nador et l’embouchure de l’Oued Moulouya. Les espèces recherchées sont la palourde (Venerupis decussata), la coque (Cerastoderma edule) et les couteaux (Solen sp.) qui se développent dans des milieux sablo-vaseux constituant l’essentiel des fonds dans ces deux sites. C’est une activité qui se trouve actuellement en grande crise du fait des changements auxquels sont soumis les milieux (pollution, salinisation, aménagements, etc.).

iii. Développement rapide du secteur touristique à travers l’activité balnéaire : Son développement rapide à l’échelle locale s'est accompagné de la prolifération de campings sous-équipés et de « projets immobiliers » et touristiques.

iv. Pratiques de pêche non conformes à la réglementation en vigueur : notamment les touristes espagnols utilisant des bateaux de plaisance pour une pêche à destination commerciale pour laquelle ils ne sont pas autorisés.

Aux impacts d’ordre anthropique viennent s’ajouter ceux des changements climatiques qui exerceraient des effets multiples sur les conditions du milieu. En effet, nourris par les apports en matière organique d’origines agricole, domestique et industrielle, les phénomènes d’eutrophisation deviennent de plus en plus importants et les eaux colorées plus fréquentes. Les impacts négatifs de ces phénomènes sur les organismes marins sont bien connus et leurs dégâts bien communs dans le domaine de l’aquaculture. Il semble que l’un des principaux impacts sur le milieu marin soit un déplacement des espèces vers des eaux dont les conditions sont plus en accord avec leurs exigences écologiques.

Pour la région orientale comme pour l’ensemble des quatre sites considérés, les changements climatiques peuvent toucher tous les compartiments du milieu marin. Les variations de la température et la salinité de l’eau se répercuteront à la fois sur la biocénose et le biotope, et l’élévation du niveau de la mer se traduirait par la variation des facteurs physiques du milieu, en l’occurrence le taux d’humectation, et entrainerait donc de profondes perturbations de l’étagement des habitats, de la flore et de la faune.

Dans la lagune de Nador, les principaux habitats pouvant être affectés sont les herbiers de zostères, les fonds à nacres et les vases littorales où se développent de nombreuses espèces de coquillages d’intérêt socio- économique :

les fonds à zostères représentent non seulement le poumon de cette lagune, mais ils constituent également un abri pour de nombreuses espèces. Une élévation du niveau de la mer priverait cette formation de l’alternance de l’immersion – émersion et des autres éléments nécessaires pour son développement ;

les fonds vaseux littoraux et ceux des nacres perdraient le calme de leur mode d’existence et les dépôts de matière organique nécessaires pour le développement des espèces caractéristiques de ces milieux, en particulier les nacres, très menacées à l’échelle internationale, et les palourdes / coques de haute valeur commerciale ;

dans les autres sites franchement marins, le principal impact serait une modification profonde des habitats dans les zones littorales pouvant être envahies par l’eau de mer. En effet, l’étagement dans les zones superficielles est essentiellement fondé sur le taux d’humectation ou l’eau reçue au niveau de chacun de ces étages. Une élévation du niveau de la mer effacerait cet étagement et sa reconstitution nécessiterait de longues périodes ;

Ces changements touchant les habitats auront des impacts sur les espèces qui les peuplent. A part les espèces littorales adaptées à d’importantes variations des conditions abiotiques du milieu, la majorité des espèces sont « sténo », supportant plus ou moins mal des changements très importants des conditions hydrologiques de leurs habitats.

De nombreuses espèces marines sont en effet très sensibles aux variations, mêmes faibles, de température. Un changement prolongé de seulement 1 à 2°C peut avoir des effets sur leurs taux de croissance, leurs schémas de reproduction, leur sensibilité aux maladies et leurs interactions avec les autres espèces. Certaines espèces profiteront d'un changement, d'autres en souffriront, mais l'équilibre entre les prédateurs et les proies, le cycle des éléments nutritifs et les flux énergétiques seront affectés, avec des répercussions sur l'ensemble de la chaîne alimentaire via l’effet de chaine par la disparition d’espèces sensible qui joue un rôle primordial dans l’équilibre écosystèmique.

Soumis aux diverses pressions anthropiques et contraintes climatiques, l’ensemble de la faune et de la flore de la zone d’étude se trouvent impacté avec des spectres variant d’une espèce à une autre (Encadré 11).

Encadré 11 - Impacts des changements climatiques et de l’ENM sur les écosystèmes marins du Littoral méditerranéen oriental (Résumé)

Impacts sur la faune marine

i. Disparition des stocks de palourde, crevettes caramote, et d’huîtres plates en particulier dans la lagune de Nador où existaient d’importants gisements naturels ;

ii. Menace de disparition de certains mammifères marins, en particulier le grand dauphin, le dauphin bleu et blanc, qui s’aventurent très près de la côte au niveau du site de Béni Chiker ;

iii. Diminution de la population du mérou à cause de pratique particulièrement dévastatrice (pratiques illicites) : la chasse au mérou, l’une des espèces les plus menacées en Méditerranée, a été extrêmement néfaste à la survie de cette espèce sur toutes les côtes méditerranéennes du Maroc ;

iv. Rareté des coquillages par surexploitation, principalement cinq espèces de mollusques bivalves parmi les plus prisés le long des côtes méditerranéennes du Maroc : Ruditapes decussatus (palourde), Cerastoderma edule (coques), Solen sp. (Couteaux), Callista chione (vernis) et Venus gallina (Praires). Disparition totale de certains sites (comme la Moulouya) où ils étaient pour certains très abondants ;

v. Rareté progressive de la grande nacre (Pinna nobilis), espèce méditerranéenne très menacée.

Impact sur la flore marine

i. Invasion d’algues phytoplanctoniques (bloom d’algues induisant la coloration des eaux) le long des côtes méditerranéennes du Maroc, entre autres celles de la côte orientale (Nador, Saïdia, Cap de l’eau, Ras Kebdana, etc. : espèces non seulement invasives apparaissant subitement en floraisons massives, mais produisant également des toxines dangereuses pour la santé humaine ;

ii. Les espèces responsables de ces floraisons appartiennent aux genres Dinophysis, Noctulica, Peridinium, et Alexandrium. Ces espèces sont à l’origine de mortalités massives de la population piscicole, de contamination de fruits de mer (mollusques bivalves en particulier), et d’intoxications humaines suite à la consommation de moules.

Impacts sur les services écologiques/environnementaux

i. Disparition de certains maillons de la biodiversité marine, et entraves aux services écologiques liés à cet écosystème : Maintien de pêcheries viables, disponibilité d’habitats nurseries, capacités de filtration et dépollution ;

ii. Augmentation des risques associés à ces services avec l’accroissement de perte de biodiversité.

iii. Dégradation de la qualité de l’eau dans les systèmes fermés analysés (lagunes et estuaires), entraînant des mortalités chez de nombreux groupes systématiques ;

iv. Fréquence accrue des fermetures de communication avec la mer des sites littoraux et des interdictions de consommation de coquillages.

Tous les impacts cités auparavant influencent directement les activités de la population locale ; la pêche étant non seulement une source importante de revenus mais aussi un apport protéinique dans la ration alimentaire de la population. La disparition ou diminution du stock de certaines espèces, surtout celles à haute valeur marchande tels la dorade, le mérou, l’espadon, la crevette, etc., se répercute sur le vécu des communautés locales via la diminution de leur revenus.

8.1.2 Zones humides et biodiversité terrestre

La flore de la lagune de Nador et de la côte de Saïdia-Ras El Ma est particulièrement riche et diversifiée. Elle se caractérise par une variété d’habitats (les dunes, les sansouires et la phragmitaie) avec des communautés halophiles, hygrophiles et halohygrophiles et des espèces rares, menacées et endémiques.

L’analyse floristique de la lagune de Nador et de la zone côtière Saïdia-Ras El Ma par la méthode numérique (AFC) permet de mettre en évidence une richesse floristique particulièrement élevée. En effet, cette analyse a permis d’identifier plusieurs groupements végétaux (respectivement 7 et 8 groupements végétaux identifies) qui se distinguent sur les plans floristique et hydrologique.

La diversité exceptionnelle de ces groupements végétaux est expliquée par la présence d’une grande variété d’habitats (Figures 84 et 85). Ils sont caractérisés par un continuum terre-eau contrasté et par l’existence d’une mosaïque végétale (tamariçaie, thyphaie, sansouire, junipéraie), au niveau d’un bras mort et de divers marais.

Cependant, cette richesse se trouve sujette à l’érosion côtière, à l’ENM et à l’augmentation de la salinité du sol et des eaux souterraines. L’étude de l’évolution du littoral par l’évaluation de la dynamique du trait de côte et des scénarios d’ENM a été réalisée afin de quantifier la vulnérabilité des groupements végétaux et leurs capacités d’adaptation aux impacts des changements climatiques.

Figure 84: Carte des habitats naturels de la zone côtière Saïdia-Ras El Ma

Figure 85:Carte des habitats de la Lagune de Nador

8.1.3 Forêts

Les incendies de forêt dépendent pour une bonne part des conditions climatiques dominantes (Tableau 16), en particulier celles de l’année en cours et de celles qui précèdent sont déterminantes. Les pluies jouent un rôle décisif dans le bilan hydrique des sols et donc des végétaux, tout comme les températures qui règlent la production de biomasse, l’évapotranspiration et rendent le végétal plus ou moins inflammable et combustible. Des étés prolongés (s'étendant de juin à octobre et parfois plus longtemps), avec une absence éventuelle de pluie et des températures diurnes moyennes bien supérieures à 30 °C réduisent la teneur en eau de la litière forestière à moins de 5 % (Mitsopoulos et Dimitrakopoulos, 2006). Dans ces conditions, même une légère augmentation de chaleur (éclair, étincelle, allumette, mégot de cigarette) peut suffire à déclencher un incendie violent. Le vent a pour effets d’accélérer l’évapotranspiration, accentuer l’aptitude des végétaux à s’enflammer, et faciliter la propagation du feu (Quezel et Medail, 2003). Les vents estivaux de terre (grande violence et fort pouvoir desséchant), tel que le chergui, font tomber l'humidité atmosphérique à moins de 30 %, et contribuent à propager les incendies en transportant des étincelles et surtout des brandons sur de grandes distances.

Tableau 16: Influence des facteurs climatiques sur les conditions du feu

Facteurs Influences sur les conditions du feu climatiques Précipitations Rôle décisif dans le bilan hydrique des sols et du végétal ; Température de Augmentation de la température des combustibles, diminution de la teneur en eau et l’air réduction de l’humidité atmosphérique lorsque la température de l’air augmente ; Humidité Réduction de la teneur en eau des combustibles si l’air est sec atmosphérique

Accélération du desséchement des combustibles, fléchissement de la colonne de Vitesse du vent convection, transport de matières enflammées en avant de l’incendie (sautes de feu), accélération de la propagation de l’incendie.

Ainsi, dans la zone du projet, la réduction des précipitations prévue par les scénarios des changements climatiques ne fera qu’augmenter le risque des incendies. La figure 86 montre la variation des surfaces incendiées dans le massif en fonction des précipitations enregistrées dans la zone durant ces dernières années. On peut remarquer que lorsque les précipitations augmentent la superficie incendiée diminue (exemple des années 2007 et 2008), et lorsque la pluie diminue, la surface incendiée augmente (exemple de l’année 1998).

5000 600

4000 500 400 3000 300 2000 200 Superficie

1000 100 Précipitation Précipitation en mm/an

Surfaceincendiée enare 0 0

2001 1996 1997 1998 1999 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Année

Figure 86: Variation des surfaces incendiées en fonction des précipitations dans le massif de Gourougou

Au même titre que les précipitations, les températures vont augmenter ; et selon le scénario A2, le réchauffement atteindra 3°C dans la région de Nador. Cette augmentation entraînerait celle de l'évapotranspiration (somme de l'évaporation des sols et de la transpiration des plantes) de l'ordre de 20% d'ici 2050 et 40% à l'horizon 2080 (Belaghi, 2009).

Dans le massif forestier de Gourougou, la réduction des précipitations et l’augmentation de température peuvent radicalement changer les conditions des combustibles et l'inflammabilité de la végétation qui perd progressivement ses feuilles à mesure que la sécheresse s'intensifie. En outre, l’humidité des combustibles de surface diminue, alors que le matériel ligneux tombé au sol et la litière de feuilles peu compacte, contribuent au déclenchement et à la diffusion des feux de surface.

L’augmentation prévue de la température provoquera l’augmentation de la température des combustibles, la diminution de la teneur en eau et la réduction de l’humidité atmosphérique ; ce qui aurait comme conséquence l’augmentation du nombre annuel d’incendies dans le massif et l’augmentation de la durée des saisons à risque d’incendie.

8.1.4 Sols et terres agricoles

Dans les régions montagneuses du Rif oriental marocain, la croissance du couvert végétal est limitée par l’action conjointe des températures élevées et du déficit hydrique. Cette situation engendre des écosystèmes vulnérables aux processus de dégradation des sols, de glissement de terrain et de désertification (MAEF, 2001). Au Maroc, la superficie des forêts naturelles perdue annuellement est estimée à 30 000 ha sur un total de 5 millions d’hectares (MAEF, 2001). Les principales raisons expliquant ce déboisement sont, entre autres, le défrichement pour l’expansion des cultures, la récolte de bois de feu, le surpâturage et une sécheresse persistante (MAEF, 2001 ; MPEP, 2000). La surexploitation des terres agricoles risque de devenir plus sévère.

A des degrés divers, l’érosion éolienne et l’érosion hydrique affectent près de 73 % de la Surface Agricole Utile (MAEF, 2001). L’une des conséquences de l’érosion des terres agricoles et forestières est la détérioration de la structure et la modification de la texture du sol (Photo 15). Cette dégradation pourra se traduire par une diminution de la capacité de rétention de l’eau du sol en le rendant sensible aux évènements climatiques extrêmes tels que la sécheresse et les fortes précipitations, dont la fréquence élevée est devenue un trait caractéristique du climat marocain (Ben-Souda, 1997).

Badlands Erosion par ravinement Erosion en nappe

Sapement de berges Eboulement Photo 15: Différentes formes de manifestation de l’érosion (Commune de Boudinar)

8.1.5 Plages

L’érosion littorale est une forme de dégradation mécanique qui se manifeste par un recul du trait de côte. L’influence de l’homme, en particulier de l'urbanisation et des activités économiques dans la zone côtière, ainsi que l’élévation du niveau de la mer dû au changement climatique ont transformé l'érosion côtière, processus initialement naturel, en un problème d'intensité croissante. L’érosion du littoral peut avoir des conséquences importantes aussi bien du point de vue écologique (destruction de milieux naturels à forte valeur biologique) qu’économique (rupture de routes, écroulement de maisons…).

8.1.6 Eaux de surface et souterraine

L’évolution prévue du climat du Maroc aurait un effet significatif sur le cycle de l’eau et sur la demande en eau. Le potentiel en eau du pays risquerait de diminuer avec l’augmentation des températures induisant une évaporation plus forte. Ainsi, des températures plus élevées augmenteront la demande en eau, notamment pour l’agriculture irriguée (Agoumi, 2005). La première estimation quantitative de l’impact possible des CC sur les ressources en eau en 2020 serait une baisse moyenne et générale des ressources en eau de l’ordre de 10 à 15% (CNI, 2001). D’après les projections climatiques des scénarii A2 et B2, la zone étudiée devrait connaitre une accentuation de la sécheresse et une réduction significative des précipitations, en particulier au cours de l'automne et du printemps, saisons au cours desquelles on enregistre normalement des pics de pluviométrie. Selon le scénario le plus pessimiste (A2), la pluviométrie annuelle baisserait de l'ordre de 20% d'ici 2040 et de 40% à l'horizon 2070. Les conséquences de cette baisse et du dérèglement des précipitations seraient :

une réduction de la capacité de stockage des barrages (précipitations concentrées et envasement accéléré par une érosion accentuée) ; un dérèglement du régime des oueds (fleuves et rivières) ; une baisse des niveaux piézométriques, induisant une diminution des débits des exutoires naturels des nappes phréatiques et une augmentation de la salinité de leurs eaux en zone côtière ; la dégradation de la qualité des eaux.

Au niveau local, l’Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya a enregistré durant les trois dernières décennies une forte fluctuation dans le volume d’eau mobilisé (Figure 87), dont le pic a été enregistré pendant la campagne agricole 2008/2009, pour passer d’une moyenne annuelle qui avoisine 714 Mm3 à plus de 1800 Mm3. Cette variabilité du volume d’eau mobilisé est due à la variation et au changement climatique – notamment les extrêmes hydroclimatiques - que connait le bassin méditerranéen au même titre que le monde entier.

Figure 87: Variation du volume d’eau mobilisé par les barrages situés sur l’Oued Moulouya et ses affluents (ABH-Moulouya, 2009)

Les impacts des changements sur les ressources hydriques ont commencé à se faire sentir dans la zone à travers la succession d’épisodes de sécheresse longue et sévère, entrecoupés d’épisodes pluvieux et violents plus fréquents que le passé. Cette situation a conduit à la raréfaction de l’eau, à la baisse des apports annuels et des débits de cours d’eaux et des sources combinés au rabattement des nappes phréatiques (nappes d’Ain Beni Mathar et Jbel Hamra). Après avoir exposé les impacts sectoriels du changement climatique, il peut être utile de classer ceux-ci en impacts directs, immédiatement identifiables, de l’élévation des températures et du niveau de la mer pour examiner ensuite les effets secondaires, indirects, de ces phénomènes (Encadré 12)

Encadré 12 – Principaux impacts physiques directs et indirects des changements climatiques dans le littoral méditerranéen oriental (Résumé)

A- Impacts physiques directs

i. Aggravation du stress hydrique déjà drastique dans la région aussi bien pour l’usage domestique de la population, que pour l’agriculture en particulier dans les zones enclavées ; (ex. Commune de Boudinar) ;

ii. Intensification de l’érosion des sols par l’augmentation de la fréquence des pluies à forte intensité (terres en pente du Cap des Trois Fourches, et Commune de Boudinar) ;

iii. Extension des zones submersibles par accélération de l’ENM, en particulier sur les côtes de très faible altitude (une grande partie du delta de la Moulouya et certains abords de la lagune de Nador sont ainsi particulièrement vulnérables) ;

iv. Aggravation de l’érosion des côtes meubles sous l’effet de l’ENM et de l’accroissement des forces et de la fréquence des tempêtes (exp. plages situées devant la nouvelle station balnéaire de Saïdia);

v. Recul de la côte et perte substantielle de terrains littoraux, en particulier le lido de Nador dont les observations montrent une évolution de type régressive : recul vers l’intérieur de la Lagune tout en s’amincissant et apparition de brèches ; possible transformation en un système d’îles barrières. La ville de Nador et les équipements touristiques projetés par la société Marchica Med seraient alors particulièrement vulnérables aux coups de mer ;

vi. Augmentation de la salinité des sols jusqu’ici cultivables dans les zones les plus basses car l’ENM conduit à la pénétration vers les terres du biseau salé entrainant la salinisation des nappes phréatique : transformation de nombre de parcelles en espaces saumâtres certes riches en biodiversité mais impropre à la culture.

B- Impacts physiques indirects

i. Multiplication des incendies de forêts sous l’effet de l’augmentation des conditions d’inflammabilité, de la fréquence des incendies et de l’extension de la période à risque d’incendie ;

ii. Disparition d’espèces à grande valeur traditionnelle de pêche et/ou remplacement par de nouvelles espèces ; accompagnée des difficultés d’adaptation des techniques (moyens) de pêche aux nouvelles espèces ;

iii. Pollution et eutrophisation des systèmes lagunaires par multiplication des floraisons algales phytoplanctoniques ;

iv. Accroissement de la toxicité pour les coquillages exploités devenant impropres à la consommation ;

v. Abandon de certaines terres (parcelles) agricoles à cause de l’aggravation des problèmes d’irrigation pour certaines espèces cultivées sous l’effet de la baisse des ressources en eaux.

8.1.7 Femmes L’objectif recherché à travers cette analyse est de dégager les vulnérabilités et les faiblesses des femmes face aux effets des aléas climatiques, mais aussi leurs capacités à absorber les dégâts.

L’ensemble des sites visités ont connu une croissance démographique rapide qui n’était pas, bien hélas, accompagnée par une planification économique et sociale. La politique régionale n’a pas suivi la demande croissante des populations, que ce soit celle de l’emploi, des infrastructures de base, des transports, de l’éducation ou des services nécessaires pour le développement des communautés. Les actions de développement sont restées très concentrées dans les centres urbains tels que les villes de Nador et Berkane, ainsi que dans quelques sites balnéaires tels Saidia.

De même, les possibilités d’exploitation limitées des ressources locales dans le but de dépasser les difficultés de la vie quotidienne ont crée de rapports antagoniste des communautés avec leur environnement immédiat. Ainsi, au lieu de s’investir dans la recherche de solutions locales pour améliorer leur situation socio- économique, les populations se sont détachées de plus en plus de leur environnement, ce qui a engendré un important processus de migration des hommes vers les villes.

D’autres facteurs contribuent à ce désintéressement des produits de terroir : l’activité de contrebande avec la ville de Melilla et l’Algérie permet à plusieurs familles d’origine modeste de disposer d’une source de revenus importante. Cette activité a longtemps permis aux individus d’améliorer leur situation sociale, mais actuellement elle est surtout destinée à répondre aux besoins de première nécessité (nourriture, soins.)

L’inaccessibilité aux ressources, l’enclavement, le taux élevé d’analphabétisme ont créé chez les femmes dans certains sites visités un grand sentiment d’insécurité qui s’est amplifié par les deniers événements. La régression économique et le manque de création d’emploi ont contribué à l’aggravation de la vulnérabilité des familles en multipliant leurs difficultés financières.

De même, la faiblesse des infrastructures de base, des réseaux routiers et des services de santé dans de nombreux douars et communautés a rejaillit sur les capacités des gens à faire face aux différents événements extrêmes en allongeant leur enclavement, et en rendant inaccessibles les coûts de réparation, ainsi que les dommages moraux et matériaux.

D’une manière générale, les communautés du littoral méditerranéen oriental souffrent d’un manque de moyens financiers et de débouchés économiques, et ce spécifiquement pour la femme, généralement plus pauvre et privée des moyens d’accès à une éducation adéquate, à des emplois ou des activités rentables, à des moyens de transport cruciaux pour avoir accès aux centres de santé, aux écoles, aux marchés et à d’autres services.

L’interaction entre les disponibilités des ressources individuelles et collectives est déterminante dans la capacité des femmes à faire face aux situations extrêmes.

L’activité féminine dans cette région se caractérise par le travail dans les exploitations familiales, dans quelques petites activités génératrices de revenu mises en place par des initiatives gouvernementales ou associatives. Ce travail reste non reconnu financièrement et moralement. Les difficultés financières et budgétaires de la femme impliquent une grande vulnérabilité et rejaillissent sur sa capacité à faire face aux événements extrêmes. Ces difficultés ont fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités gouvernementales et de la communauté internationale, et ce en vue de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Néanmoins, ces initiatives sont des interventions de petite envergure qui dans la majorité des cas restent inefficaces, car l’approche adoptée n’intègre pas les différents facteurs origines de la pauvreté de la femme. En effet, la pauvreté de la femme est multidimensionnelle et se mesure par rapport à ses capacités à faire face aux différents problèmes de santé, d’éducation, de mobilité, d’accès aux ressources, mais aussi des capacités à

faire des opportunités offertes un moyen pour améliorer sa situation dans la durée et de transformer ses capacités en revenus

8.2 Analyse des impacts socio-économiques actuels et projetés

Une des conséquences les plus certaines des Changements Climatiques (CC) est l’Elévation Accélérée du Niveau de la Mer (ENM), induite par l’expansion thermique des océans et la fonte des glaciers. Selon le GIEC (2007), le niveau de la mer s’est élevé en moyenne de 10 à 25 cm au cours des cent dernières années. Une telle menace aura des effets défavorables sur de nombreuses zones côtières du monde, mais plus particulièrement celles où les activités humaines sont importantes.

Ces effets concerneront plusieurs secteurs comme l'activité économique, la sécurité alimentaire, la santé humaine, les ressources naturelles (eau, sol et biodiversité) et l'infrastructure physique. D’où la nécessité pour les états côtiers, notamment ceux en développement, de faire une évaluation de la vulnérabilité de leurs zones côtières à l’ENM et de définir des mesures d’adaptation afin d’éviter d’être confrontés à des difficultés socio- économiques et environnementales majeures.

Le Maroc n’échappe pas à ces phénomènes. Il connaît une forte irrégularité des traits climatiques (précipitations et températures) avec des contrastes climatiques régionaux marqués. En effet, les sécheresses récurrentes qui y sévissent depuis plusieurs années, ponctuées de temps à autre par des orages brusques produisant des inondations destructrices nous ont montré le danger que représentent les perturbations du climat sur le pays (CNI, 2001).

En outre, la remontée attendue du niveau marin aura des incidences graves sur les zones côtières marocaines où sont installées 80% des infrastructures industrielles et énergétiques et où se trouvent les réseaux de communication les plus denses, les densités démographiques les plus élevées, les plaines agricoles les plus fertiles avec la plus grande partie des activités économiques nationales : agriculture, pêche et aquaculture, commerce, tourisme, etc. (CNI, 2001).

8.2.1 Impacts par secteur économique et degré d’exposition a) Agriculture

Extrêmement importante pour toute économie, l’agriculture est naturellement sensible aux conditions climatiques. La modification de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes (sécheresses, inondations et tempêtes) est considérée comme le plus grand défi que devra relever le secteur agricole suite aux changements climatiques.

Ces changements nuiront aux productions agricoles à travers la sécheresse et la hausse des températures conduisant à des situations de stress hydrique pour les cultures, ils conduiront également à la baisse du rendement agricole, une réduction du revenu net des agriculteurs, et par conséquence affecteront leur bien être social. Un autre impact des plus inquiétants constitue l’intrusion saline qui sera également stressante pour de nombreuses cultures. La salinisation des terres et des eaux affecterait négativement les ressources agricoles de la zone où l’agriculture et l’élevage constituent une source de revenu importante pour les ménages.

Outre les effets des changements dans les paramètres climatiques, d’autres impacts physiques dus à la submersion des terres agricoles par l’ENM, et aux inondations par débordement des cours d’eau à l’occasion des crues décennale et centennale sont de nature à affecter négativement le secteur agricole (Tableaux 17 et 18). Le tableau 17 résume les superficies inondables par l’ENM pour le site de la lagune de Nador et la zone côtière Saïdia - Ras El Ma dans le cas de trois scénarios différenciés.

Tableau 17: Surfaces des terrains agricoles susceptibles d’être perdues par inondation marine dans le site de la lagune de Nador et la zone côtière de Saïdia-Ras El Ma (en ha et %)

Scénario d’élévation du niveau de la mer Zone côtière Superficie des terres agricoles Min Moyen Max 0,23 m 0,5 m 0,51 m 1 m 2 m hectare 8337 64 - 112 - 137 irrigué (%) 37,78 0,8 - 1,3 - 1,7 Lagune de Nador hectare 13732 16 - 27 - 52 Bour (%) 62,22 0,1 - 0,2 - 0,4

hectare 14859 - 47 - 130 284 Irrigué (%) 63,95 - 0,8 - 0,9 1,9 Saïdia – Ras El Ma hectare 8376 - - - 84 112 Bour (%) 36,05 - - - 1,0 1,4

A l’évidence (tableau 17), plus le niveau de la mer s’élève, et plus la submersion marine inonde de terres agricoles. D’autre part, quelque soit le scénario d’ENM, la surface inondée est plus importante pour les terres irriguées que pour les terres en bour. Dans le cas du scénario extrême (ENM= 2 m), la submersion par la mer inonderait plus de terres agricoles dans la zone côtière de Saïdia – Ras El Ma (1,9% de terres irriguées et 1,4% de terres bour), par rapport au site de la Lagune de Nador (1,7% de terres irriguées et 0,4% de terres bour).

Le second impact physique sur le secteur agricole a trait aux inondations des terres par débordement des cours d’eau à l’occasion de crues (fortes intensité de précipitations). L’étude de vulnérabilité face au risque d’inondation pour la zone aval du bassin versant de Boudinar (Commune de Boudinar) a permis d’évaluer quantitativement la sensibilité des activités socioéconomiques et de l’infrastructure aux inondations de crues décennale (période de retour de 10 ans) et centennale (période de retour de 100 ans) de l’Oued Amekrane et ses affluents. L’impact des inondations sur les terres agricoles est résumé selon deux scénarios de crues (tableau 18). Tableau 18: Surface de terrains agricoles à risque d’inondation

Unité Surface Crue décennale Crue Centennale cartographique totale Surface (ha) Surface (%) Surface (ha) Surface (%)

Terrains Irriguée 426 119,7 28,1 170,7 40,1 agricoles Bour 7076 135,4 1,9 246,3 3,5

Le constat à partir des données du tableau 18 montre que :

- l’emprise de la surface agricole inondée est plus importante pour une crue centennale que pour une crue décennale aussi bien pour les terres irriguées que les terres en ‘bour’ ; - la surface inondée est plus importante pour les terres irriguées (28,1% et 40,1%) que les terres ‘bour’ (1,9% et 3,5%) quelque soit l’intensité de la crue.

Les crues décennales et centennales éventuelles inonderaient les terres cultivées de la partie aval du bassin, surtout celles voisines du lit majeur irrigué du cours d’eau. Elles provoqueraient des dommages aux cultures céréalières, légumineuses et maraîchères : 28,1 % de la superficie des terres irriguées du site, soit environ 120 ha, seraient inondée par des débits maximum d’une période de retour de 10 ans. Pour ce même scénario, 1,9 % des terrains « Bour » seraient submergés (135,4 ha). En cas de crues d’une période de retour de 100 ans (crues centennales), les surfaces irriguées et « Bour » atteindront respectivement 170,7 et 246,3 ha ; soient des pourcentages, respectifs, de 40,1 et 3,5 % de la surface totale correspondante à chaque type de culture.

b) Pêche

Malgré son caractère artisanal, l’activité de pêche reste une source de revenu non négligeable dans la zone. Toutefois, les changements climatiques risquent d’avoir un effet important sur les populations de poissons dans le site. Les poissons sont assujettis à un ensemble distinct de conditions environnementales qui favorisent leur croissance optimale, leur reproduction et leur survie. La modification de ces conditions en raison du CC aura des effets directs et indirects sur le poisson, effets qui résulteront principalement des changements dans :

- la température de l’eau ; - les niveaux d’eau ; - les événements extrêmes ; - les maladies et - les relations prédateurs-proies.

En effet, les conséquences sur le milieu marin se font déjà sentir : le niveau de la mer s’élève, les courants marins se modifient, les océans deviennent plus acides, les aires de répartition des espèces se déplacent, etc. Tout ceci, aura des effets importants sur la répartition spatiale et temporelle des productions halieutiques, et par conséquent sur la durabilité des pêches. De façon résumée, l’essentiel des impacts des changements climatiques attendus pour le secteur de la pêche sont potentiellement de 4 types (Encadré 13).

A l’échelle locale, dans la lagune de Nador tout comme à l’embouchure de la Moulouya, il ne s’agirait pas seulement de phénomènes de migration qui toucheraient certaines des ressources, mais un changement radical des pêcheries est à prévoir dans la mesure où l’envahissement de ces deux milieux saumâtres par les eaux marines y éliminerait certains stocks, déjà très vulnérables (exemple de la crevette caramote). L’effet se manifesterait par une substitution des ressources lagunaires et estuariennes (caramote, anguilles et civelles, aloses, etc.) par des espèces franchement marines. Toujours dans ces mêmes zones, les pêcheries seraient affectées par les changements qui affecteraient également toute la Méditerranée marocaine, cette dernière alimentant en partie la lagune de Nador et l’estuaire de la Moulouya en certaines espèces.

Dans les deux autres sites de Béni Chiker et Boudinar, qui sont largement ouverts vers le large et alimentés en totalité par les composantes écologiques et halieutiques de la Méditerranée marocaine, les pêcheries déjà très affectées par la surexploitation des ressources méditerranéennes du pays, le seraient davantage par les modifications qu’apporterait une éventuelle élévation du niveau de la mer. On peut s’attendre à une migration des ressources vers des zones plus propices ou encore à un déséquilibre écologique qui se répercuterait sur l’équilibre de la structure biologique du peuplement ichtyologique du littoral méditerranéen du Maroc. c) Tourisme

Le secteur touristique au Maroc, en croissance depuis une décennie demeure le plus touché par les effets des changements climatiques, en raison de nombreux impacts, à savoir :

i. élévation du niveau de la mer ; ii. érosion qui menace beaucoup de côtes, et principalement la côte méditerranéenne ; iii. baisse de la disponibilité de l’eau les nombreuses infrastructures touristiques très consommatrices d’eau ; iv. l’Intrusion saline ; v. perte directe des valeurs économiques, écologiques, culturelles et de subsistance du fait des inondations, de la perte des sols, d’infrastructures et d’habitats côtiers ; vi. élévation de la température moyenne avec fréquence des vagues de chaleur (Modification de l’indice de confort recherché par les visiteurs et par conséquent modification des destinations touristiques).

La vulnérabilité du secteur du tourisme est liée à celle des plages qui constituent la base de la promotion du tourisme balnéaire. L’analyse de la dynamique du trait de côte a permis d’appréhender la dynamique des plages face à plusieurs scénarios d’ENM en vue déterminer les superficies de plages qui serait perdues par submersion/érosion dans la lagune de Nador et la zone côtière de Saïdia- Ras El Ma (Tableau 19). Tableau 19: Surface en ha et % des plages susceptibles d’être perdues par inondation marine Niveau minimum Niveau moyen Niveau maximum Unité Surface (0,23m) (0,51m) (2m) cartographique totale Surface Surface Surface Surface Surface Surface Plages (ha) (%) (ha) (%) (ha) (%) la lagune de 325 68 20,9 124 38,2 213 65,5 Nador Saïdia -Ras El Ma 271 - - 76 28,1 239 88,2

Les prévisions d’ENM pour les plages de deux sites (tableau 19), montrent que :

l’accroissement progressif de l’ENM condamne progressivement les plages des deux sites étudiés ;

la surface de plage perdue est importante (68 ha) même pour le niveau minimum d’ENM = 0,23 m ;

dans le cas du scénario extrême, les plages des deux sites risquent de disparaître, ou du moins devenir non praticables (Perte de 65% et 88,2% de plage respectivement à Nador et Saïdia-Ras El Ma);

le constat est beaucoup plus inquiétant dans les plages de la côte de Saïdia - Ras El Ma.

Il reste important de signaler qu’étant donné l’effet d’entraînement qu’exerce le tourisme sur les autres secteurs économiques (particulièrement l’agriculture et l’industrie), ces derniers seront aussi indirectement affectés par les effets des changements climatiques.

d) Infrastructures

Avec les risques d’élévation du niveau de la mer et d’inondation prévus, les infrastructures et les équipements de la zone pourraient être endommagées. En outre, compte tenu de l’effet d’entraînement qu’exercent ces infrastructures (routes, ports, etc.) sur les autres secteurs économiques (agriculture, commerce, éducation, tourisme…), ces derniers seront également touchés de façon indirecte par les effets de la montée du niveau de la mer et des évènements hydroclimatiques extrêmes. Les infrastructures envisagées concernent essentiellement le réseau de transport dont les voies de communication terrestre et voies maritimes, mais aussi les installations touristiques en zone côtière.

d.1- Réseau de transport

i. Voies de communication terrestre

Les infrastructures de communication ainsi que leur efficacité de transport seront négativement touchées par les effets de l’élévation du niveau de la mer. La prise en compte de ces effets dans les plans d’aménagement futurs demeure donc une nécessité pour les décideurs. Dans les deux sites de la lagune et de la côte de Saïdia- Ras El Ma, si les risques d’inondation s’accroissent, l’impact sur le réseau de transport serait plus important dans les zones urbanisées où les routes occupent une grande partie de la surface (tableau 20).

Tableau 20: Longueur des tronçons de routes susceptibles d’être affectés par l’inondation dans les sites de la lagune et de Saïdia - Ras El Ma (en Km et %) Niveau minimum Niveau moyen Niveau maximum (0,23m) (0,51m) (2m)

Unité Site Longueur Longueur Longueur Longueur Longueur Longueur

(Km) (%) (Km) (%) (Km) (%)

Longueur totale Lagune de 66 1 2 1,5 3 4,4 6,7

Nador

Saïdia-Ras El 102 - - 14,26 14,0 15,8 15,5

Ma

Route principale Lagune de 361 18 29 5 8 65 18 Nador

Saïdia-Ras El 247 - - 25,6 10,4 26,4 10,7

Ma

Route secondaire

ii. Infrastructure maritime (port)

Les sites de la lagune de Nador et de la côte de Saïdia-Ras El Ma disposent chacun d’un port maritime situé, respectivement, à Béni Ensar et à Ras Kebdana. Ces deux ports se composent d’un matériel et d’une infrastructure importante. La position stratégique du port de Béni Ensar par rapport à l’Espagne lui a offert un rôle économique indéniable. C’est ainsi qu’il est devenu le 2ème Port National pour le transit des passagers durant ces 5 dernières années. La cartographie du risque de submersion marine, a révélé que :

le port de Béni Ensar, établi sur une surface de 140 ha, serait affecté à 7,9 % (11 ha) pour le niveau minimum d’ENM ; il serait submergé à 12,1 % (17 ha) pour le niveau moyen d’ENM. Dans le cas d’élévation maximum, la surface sera de 54 ha, ce qui représente 38,6 % de la surface totale du port ;

le port de Ras Kebdana risque de subir une submersion d’environ 1,5 ha pour un niveau d’élévation de 0,5 m ; alors que cette superficie inondable pourrait affecter 2,7 ha (75%) de sa superficie totale dans le cas du scénario maximal d’ENM (2 m). d.2- Installations touristiques (existantes et prévues)

Étant donnée sa situation dans une zone très basse, la station balnéaire de Saïdia Méditerranée, nouveau projet de développement touristique, disparaitrait complètement à l’horizon 2100 par submersion marine. Ceci pose la question de durabilité de ces installations du fait de la non-prise en considération de la contrainte du changement climatique lors de l’installation des projets touristiques le long des zones côtières. Ainsi 75,7 % des plages et 2 % des agglomérations urbaines seraient submergées par l’eau de mer.

Le site de la lagune de Nador connaîtra l’installation de plusieurs projets qui seront touchés par les effets de submersion prévus, surtout ceux qui s’implanteront sur le pourtour de la lagune. Les projets prévus sont la corniche de Nador, le golf de Nador, la presque ile d’Atalayoun, la cité de plaine, la station balnéaire de Kariate Arekmane, le port des mers et la porte cité de Béni Ensar (figure88). Ces projets vont aussi augmenter la mobilité au niveau des dunes, ce qui va accélérer le processus de leur disparition.

Parmi ces projets figure aussi la station d’épuration Nador II qui ne sera touchée qu’à partir du niveau 0,51m, pour lequel elle perdra 34% de sa surface (soit 17 ha). Pour un niveau de 2m, la zone sera plus menacée, la surface submergée sera 23 ha soit 46% de la surface totale.

Figure 88: Projets touristiques prévus dans la Lagune de Nador

En outre, les inondations provoquent d’importantes pertes notamment dans les zones urbanisées où les systèmes de drainage ne sont pas suffisants pour véhiculer de gros débits et où les chenaux naturels ont été obturés par les constructions, les dépôts solides et le colmatage des ouvrages d’art.

L’analyse du risque d’inondation à travers l’estimation des crues décennales a montré que 560 ha du territoire des cinq communes limitrophes de la Lagune sont à risque d’inondation, dont 81 ha à risque très élevé, 276 ha à risque élevé et 203 ha à risque moyen à faible. La carte du risque d’inondation présente quatre zones dont le risque varie de faible à très élevé selon leur degré de vulnérabilité.

Les zones à risque très élevé comprennent les zones très vulnérables susceptibles d’être touchées par les inondations sur une superficie de 121,85 ha, soit environ 11,1% de la surface totale des zones à risques d’inondations (tableau 21). Les zones à risque élevé sont les parcelles vulnérables situées dans des zones d’Aléa d’inondation. La superficie inondable est de l’ordre de 424,43 ha, dont soit 38,8% de la surface totale des zones à risque d’inondation.

Tableau 21: Surface inondable des unités classées comme zones vulnérables et très vulnérable (en ha, et %) Superficie Superficie Superficie Risque d’inondation Zone vulnérable totale (ha) inondable (ha) inondable (%) Risque Station balnéaire 810 85 10 très élevé Port de Ras El Ma 40 0 0 (Très vulnérable) Urbain dense 574,86 36,34 6 Routes principales (km) 247 5,8 2

Risque élevé (Zone Urbain diffus 290 29,5 10 vulnérable) Agglomérations rurales 533 23 4,3 Cultures irriguées 14860 387,3 2

Routes secondaire (Km) 102 7,7 7

Risque Terrains agricoles non 8378 155,36 2 moyen irriguées

Risque Végétation naturelle et - 393,68 - faible alluviale, marais et plage

Les zones à risque moyen sont occupées en totalité par les terrains agricoles non irriguées sur une superficie d’environ 155,36 ha soit 2 % de la surface totale des terrains agricoles non irriguées (8378 ha). Parmi les zones à risque faible, qui s’étendent sur une superficie de 393,68 ha, on trouve principalement la végétation naturelle et alluviale, les marais et la plage.

La répartition des zones à risque d’inondation dans le site de Saïdia - Ras El Ma est illustrée par la figure 89.

zones à risque d'inondation

11% 36% Zones à risque très élevé

Zones à risque élevé

Zones à risque moyen

14% 39% Zones à risque faible

Figure 89: Pourcentage des zones à risque d’inondation dans le site de Saïdia-Ras El Ma e) Eaux

En termes de pluviométrie, la plupart des modèles climatiques projettent des diminutions des quantités de pluies recueillies annuellement par la zone. La baisse des précipitations printanières est estimée dépasser 30% sous le scénario A2 et 20% sous B2, des valeurs importantes tenant compte des quantités de pluies déjà insuffisantes à l’heure actuelle. La régression pluviométrique se manifesterait aussi en termes de sécheresses qui devraient devenir plus fréquentes et plus persistantes dans le temps.

En plus, les années de sécheresse agiront négativement sur la ressource en eau en quantité et en qualité. Ainsi, la raréfaction des ressources en eau constituera une contrainte majeure pour les populations et pour le développement de l’économie locale. Par ailleurs, les intrusions salines rendront l’eau impropre à tout usage. Tout ceci se traduira par des effets négatifs sur le bien être et la qualité de vie des communautés.

8.2.2 Classement des impacts directs et indirects du changement climatique

Après avoir exposé les impacts du changement climatique sur certains secteurs économiques des provinces de Nador et de Berkane, il convient de distinguer les impacts qui affecteront directement tel ou tel secteur économique des impacts indirects de ce phénomène sur le fonctionnement de la société régionale.

a) Impacts directs

Ils sont étroitement liés aux effets physiques du changement climatique ; parmi ceux-ci :

i. influence négative de l’élévation de température et diminution des précipitations : influence négative sur les rendements de l’agriculture (un des piliers de l’économie régionale), et chute des revenus des agriculteurs dans le futur ;

ii. transformation de certaines zones agricoles favorables en terres inexploitables du fait de la salinisation des nappes phréatiques qui accompagnerait l’élévation du niveau de la mer. On est en droit de penser que, si des mesures draconiennes d’adaptation ne sont pas prises, de tous les secteurs de l’économie, c’est bien le secteur agricole qui paiera le plus lourd tribut aux changements annoncés ;

iii. modification de la structure spécifique des peuplements halieutiques. Pratiquée de façon artisanale mais représentant des ressources non négligeables pour la région, la pêche pourrait directement pâtir des modifications écosystèmique des zones où elle est pratiquée. La pêche nécessite de profondes mutations du secteur ;

iv. influence négative de l’élévation de température et diminution des précipitations, pénurie d’eau et l’élévation du niveau de la mer sur le secteur touristique : Le tourisme en plein essor dans la région, et activité sur laquelle les pouvoirs publics fondent les plus grands espoirs de développement, se verra directement affecté. Il est probable que des étés devenus trop chauds n’attirent plus les touristes européens attendus par les différents programmes mis sur pied. Ces visiteurs pourraient en revanche fréquenter les établissements nouvellement construits à l’automne ou au printemps, quand les températures deviendront agréables. L’augmentation de l’offre touristique demande des quantités d’eau importantes, dans les établissements eux-mêmes mais aussi pour l’irrigation des golfs qui les accompagnent. Or, nous l’avons maintes fois dit, l’eau viendra à manquer ou elle se salinisera en bordure du littoral. L’approvisionnement pour la consommation des touristes et pour les équipements qui accompagnent les complexes construits ou projetés deviendra très difficile dans la nouvelle conjoncture de pénurie.

b) Impacts indirects

Au-delà des impacts directs du changement climatiques, c’est en fait à toute une chaîne d’impacts qu’il faut s’attendre (Magnan et al. 2009). Tous les secteurs de l’économie seront en fait plus ou moins touchés par les conséquences des changements climatiques, ce qui devrait conduire à une augmentation des mouvements migratoires, vers d’autres régions du Royaume ou vers l’étranger. Plusieurs études récentes pointent en effet la possibilité d’un accroissement des flux migratoires de l’Afrique du Nord vers l’Europe. Magnan et al (2009) font remarquer que « s’il est difficile d’identifier une catégorie spéciale de « migrants climatiques » au sein des mouvements migratoires à l’œuvre en Méditerranée, les études empiriques convergent vers la conclusion que les impacts du changement climatique seront à l’avenir un facteur déterminant du comportement migratoire ».

Avec cette augmentation des flux migratoires, c’est en fait la question des inégalités qui vient à se poser. Il est en effet fort à craindre que les effets des changements climatiques touchent les populations déjà économiquement vulnérables et par conséquent contribuent à l’accroissement des inégalités.

IV

SSTTRRAATTEEGGIIEE DD’’AADDAAPPTTAATTIIOONN GGLLOOBBAALLEE DDEE LLAA GGEESSTTIIOONN IINNTTEEGGRREE DDEESS ZZOONNEESS CCOOTTIIEERREESS

IV- STRATEGIE D’ADAPTATION GLOBALE DE LA GESTION INTEGRE DES ZONES COTIERES

1- Cadre stratégique global et options d’adaptation aux changements climatiques

Considérant les conséquences éventuelles des événements climatiques futurs, il est sage d'intégrer au processus décisionnel une certaine gestion des risques attribués aux changements climatiques.

Les actions en réponse aux changements climatiques nécessitent une approche à deux volets qui vise la réduction des émissions de gaz à effet de serre (mesures d’atténuation du changement climatique) ainsi que des activités et des pratiques adaptatives visant à réduire la vulnérabilité aux impacts possibles (mesures d’adaptation) (Encadré 14).

Encadré 14 - Stratégies potentielles face aux changements climatiques

Pour répondre aux changements climatiques prévus, il existe deux stratégies globales : l'adaptation et l'atténuation (GIEC, 2001) :

i. L’adaptation se rapporte à tout ajustement, qu'il soit passif, réactif ou prévisionnel pouvant être adopté en vue de compenser les effets nocifs prévus, attendus ou réels des changements climatiques.

ii. L’atténuation cherche à limiter l'accroissement des concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère. Deux grandes options d'atténuation sont généralement considérées : réduction des émissions de GES et séquestration du carbone.

L'évaluation de la vulnérabilité et des impacts est une phase primordiale pour l'adaptation. La vulnérabilité correspond à la mesure selon laquelle un système peut être dégradé ou endommagé par l’évolution du climat.

Liens entre adaptation, vulnérabilité et résilience

L’adaptation peut être autonome, réactive, anticipatoire ou planifiée. Plusieurs stratégies d’adaptation portent sur le renforcement de la possibilité d’absorber les perturbations causées par les changements climatiques et d’engranger les bénéfices qui en découlent (résilience renforcée) ou accroître la mesure avec laquelle un système a la possibilité de faire face aux changements climatiques (renforcer la capacité adaptative et réduire par conséquent la vulnérabilité). Les notions de résilience et de vulnérabilité sont par conséquent très fortement liées à l’adaptation.

Des mesures d’atténuation sont nécessaires pour réduire le rythme et l’ampleur des changements climatiques. Cependant il est désormais admis que même si l’on parvient à réduire les émissions, certains impacts des changements climatiques sont inévitables. La température devrait continuer à augmenter, même après la stabilisation des concentrations des GES (figure 90).

L’adaptation est donc nécessaire du fait que les températures continueront à augmenter en produisant des impacts à court et long terme.

L’adaptation ne remplace pas la réduction des émissions de GES. Mais elle lui est complémentaire et doit se voir attribuer le même degré d’importance.

L’adaptation aux changements climatiques fait référence aux « actions entreprises afin d’aider les communautés et les écosystèmes à faire face aux conditions climatiques changeantes» (CCNUCC).

Figure 90: Les concentrations de dioxyde de carbone, les températures et le niveau de la mer devraient continuer à augmenter bien après une réduction effective des émissions (GIEC, 2001)

La variété des scénarios socio-économiques de base retenus explique la moitié de cette fourchette, l’autre moitié étant due à l’incertitude sur la simulation du climat futur. Les hypothèses sous-tendant ces scénarios sont décrites dans le rapport IPCC (2000).

L’enjeu de l’adaptation est préoccupant plus particulièrement dans les pays en développement (PED), d’autant plus que les efforts d’atténuation des émissions de GES ne suffiront pas à enrayer les impacts des changements climatiques.

L’un des enjeux importants réside dans la manière d’intégrer efficacement l’adaptation aux changements climatiques dans la prise de décision nationale et locale.

Evoqué dans l’article 4 de la CCNUCC, la question de l’adaptation a véritablement émergé avec la conclusion des Accords de Marrakech (CP-7, 2001) qui ont mis en place trois nouveaux outils de financement.

Différents types de stratégies d’adaptation destinées à réduire la vulnérabilité aux changements climatiques existent. L'adaptation peut englober des stratégies nationales ou régionales et des mesures concrètes prises au niveau communautaire ou individuel. Elle concerne aussi bien les systèmes naturels que les systèmes socioéconomiques, elles peuvent être de nature préventives ou correctives, comme elles peuvent être planifiées ou spontanées (mesures indépendantes). Les mesures préventives sont généralement moins coûteuses que des actions réactives.

Les incertitudes qui subsistent au sujet des changements climatiques incitent à adopter le principe de précaution, il s’agit des mesures d’adaptation sans regret ou à faible regret.

Une stratégie d’adaptation « sans regret » n’ignore pas la question des changements climatiques et n’en fait pas non plus un facteur décisif. Elle permet de gérer sérieusement les risques en se focalisant sur les domaines de vulnérabilité aux changements climatiques lors du choix des mesures d’adaptation adéquates.

La vulnérabilité est le degré selon lequel un système (ou une région, une communauté) risque de subir ou de tolérer les effets néfastes des changements climatiques (GIEC, 2001a ; in Warren & Egginton, 2008). La vulnérabilité est fonction de trois éléments (Füssel, 2007; IPCC, 1996; Polsky, Neff & Yarnal, 2007; Smit & Wandel, 2006; Turner, Kasperson, Matson, McCarthy, Carell & Christenson et al., 2003):

l’exposition aux risques causés par les changements climatiques ; la sensibilité du système relatif à ces risques ; et la capacité du système de s’adapter aux nouvelles conditions.

L’évaluation de la vulnérabilité demande donc la participation des parties prenantes. Elle exige également des données et informations sur les conditions naturelles, sociales et économiques présent et futures et enfin nécessite des scénarios climatiques. L’évaluation de la vulnérabilité contribue au processus de prise de décisions et au développement des politiques et stratégies aidant dans la hiérarchisation des options.

La capacité d’adaptation consiste en le potentiel, les moyens ou la capacité d’un système à s’adapter aux stimuli des changements climatiques ou à leurs impacts (Warren et Egginton, 2008). En augmentant la capacité d’adaptation, les facteurs de stress sont réduits, incluant la vulnérabilité au climat actuel et futur.

Selon le Stockholm Environment Institute (2008), les options d’adaptation peuvent être regroupées en huit catégories (Tableau 22) et leur évaluation peut être basée sur les coûts, les bénéfices, l’équité, l’efficacité, l’urgence et les capacités de mise en œuvre.

Tableau 22 : Catégories d’options d’adaptation aux impacts des changements climatiques

Options d’adaptation Description Lorsque la communauté n’a aucune capacité de réponse ou lorsque Supporter les pertes les coûts des mesures d’adaptation sont jugés élevés par rapport aux risques ou dommages encourus. Partager les pertes Partage des pertes entre divers systèmes ou populations, Ralentir l’évolution des changements climatiques en adoptant des Modifier la menace mesures d’atténuation. Prendre les changements climatiques en considération dans les Prévenir les effets activités de développement (ex: changements dans les pratiques agricoles, d’aménagement du territoire). Modifier par exemple les utilisations des sols face aux risques Modifier l’usage climatiques. Déplacer les activités économiques, les infrastructures ou les Changement de lieu systèmes vers des lieux où les risques climatiques sont jugés moindres. Acquérir des connaissances ou développer des innovations Faire des recherches technologiques pour soutenir l’adaptation aux risques climatiques. Éduquer, informer et encourager les Diffusion de connaissances grâce à l’éducation et à des campagnes changements de comportements d’information.

Ainsi, l’adaptation aux changements climatiques fait partie d’un processus continu et itératif qui comprend le développement d’informations, l’accroissement de la sensibilisation, la planification, le design, la mise en œuvre et la surveillance (Stockholm Environment Institute, 2008). En générale les mesures d’adaptation sont définies en fonction des changements climatiques et aussi en fonction de nombreux facteurs relatifs à la faisabilité, incertitudes et mécanismes d’adaptation. Dans la plus part des cas les mesures d’adaptations n’éliminent pas tous les impacts négatifs des changements climatiques, mais ne font que contribuer à atténuer l’ampleur et l’importance de ces effets. A titre d’exemple trois types de stratégies d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer ont été proposées (Bell et al ; 2001) tableau 23 et figure 91:  Le retrait : il consiste à abandonner les zones vulnérables, à déplacer et reloger les populations. La forme la plus simple de retrait exige la défense de construire dans les zones menacées par la submersion ou l’érosion.  L’accommodation : on continue à occuper les zones vulnérables, mais en y apportant des modifications en tenant compte de la possibilité d’occurrence de fortes inondations. Elle consiste à la réhabilitation des dunes côtières, au rechargement des plages en sable et au zonage pour encourager l’usage approprié des terres et favoriser la réduction des investissements dans les zones vulnérables.  La protection : on protège les zones vulnérables en utilisant des structures de défense, généralement la protection est couteuse et sur le long terme, son efficacité peut être limitée dans les endroits exposés.

Tableau 23: Les stratégies d’adaptation contre l’élévation du niveau de la mer Protection Retrait Accommodation

- les structures dures : les - La mise en place de zones de - l'alerte précoce et de systèmes digues, les murs, les perrés retour ; d'évacuation ; les obstacles, les brise-lames ; - relocalisation des bâtiments - l’assurance contre le risque ; - les structures souples : la menacés ; - l’introduction de nouvelles pratiques restauration des dunes et des - suppression progressive de agricoles ; zones humides ; développement dans des - nouveaux codes du bâtiment ; - les options traditionnelles : zones exposées ; - l'amélioration du drainage ; les murs de bois ou de pierre. - la création de hautes - les systèmes de dessalement. barrières.

Figure 91: Les stratégies d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer Source (Bell et al ,2001)

Suite à une analyse des risques et expositions réalisé dans le cadre du projet ACCMA en concertation avec les parties prenantes, des mesures d’adaptation aux impacts des changements climatiques concernent les secteurs les plus vulnérables aux changements climatiques ont été proposées en concertation avec les parties prenantes. Ces mesures visent à atténuer les impacts potentiels qui seraient provoqués par les changements climatiques (à travers les inondations, l’érosion, l’élévation du niveau de la mer, les sécheresses…) sur les écosystèmes naturels, l’agriculture, la pêche, les ressources hydriques, le tourisme et le secteur de l’eau. Les mesures proposées sont représenté dans la partie suivante :

2- Mesures d’adaptation aux impacts des changements climatiques proposées dans la zone d’action du projet ACCMA

2.1 Agriculture Les mesures d’adaptation proposées sont basées sur la formation des agriculteurs, la vulgarisation de programmes d’éducation sur la conservation et la gestion des sols et de l’eau, le développement de nouveaux modes d’irrigation (économie d’eau), la conversion de la céréaliculture en arboriculture fruitière ou agroforesterie (figuier, le pistachier et l’olivier), la plantation de semis précoces pour mieux tirer profit de la saison pluvieuse, la plantation de variétés résistantes à la sécheresse, l’utilisation de semences à cycle court pour faire face à une réduction de la durée de la saison des pluies et la vulgarisation des techniques de conservation de l’eau et du sol.

2.2 Pêche Les mesures proposées se focalisent sur l’approfondissement de la compréhension des impacts des changements climatiques sur la pêche (migration, dynamique, évolution des populations), le développement

d’un programme d’aquaculture pour aider à reconstituer les stocks d’espèces affectées, la conservation et la préservation des zones de ponte et de fraie pour donner la chance aux espèces de se reproduire et de mieux résister aux changements climatiques, l’introduction d’autres activités génératrices de revenu pour écarter les risques de la mono-activité, la restauration et/ou la création de nouvelles zones de pêche, la promotion des actions visant à protéger certaines espèces et habitats clé telles que les herbiers marins, les coraux, autres espèces de flore, l’implication des organisations professionnelles à tous les niveaux dans les actions de conservation des ressources naturelles et d’aménagement des pêcheries, etc.

2.3 Tourisme L’adaptation du secteur du tourisme aux impacts des changements climatiques nécessite l’adoption de mesures adéquates telles que le déplacement de l’activité touristique des endroits où le risque est inquiétant et ou l’adatpation est économiquement non justifiée vers des endroits plus sûrs, l’évaluation et l’anticipation d’impacts futurs sur les investissements et projets touristiques actuels, l’intégration de l’aspect changements climatiques dans le plan d’aménagement régional en cours d’élaboration, l’investissement dans les projets touristiques écologiques qui profiteront à la région et valoriseront les produits de terroir, le renforcement des outils juridiques pour protéger le littoral et les zones fragiles, l’élaboration d’une carte pour les zones destinées aux investissements touristiques et les zones à protéger, la création d’un cadre de concertation et d’échange pour toute prise de décision concernant le développement économique de la région et la mise en place d’un développement intégré qui profitera aux agents locaux et valorisera les produits culturels et agricoles de la région, etc.

2.4 Plages et Infrastructures Les mesures d’adaptations proposées pour protéger les plages et les infrastructures face à l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière consistent à mette en place des actions ‘douces’ telles que la fixation des dunes par l'installation des palissades carrées, avec plantation d’espèces fixatrices, l’installation des murs en bois dont le rôle est de protéger le cordon dunaire et les zones humides contre les vagues de forte intensité, et des mesures ‘fortes’, là ou c’est justifé tels que le rechargement de certaines plages et la construction de brises lames ou d’épis pour protéger les infrastructures portuaires existantes.

2.5 Eau Le potentiel en eau risquerait de diminuer avec l’augmentation des températures induisant une évaporation plus intense et une demande en eaux plus forte. Les mesures d’adaptation concernant les ressources hydriques consistent à utiliser des techniques de gestion rationnelle des eaux de surface ou sonterraines, la gestion intégrée des ressources en eau (intégration des différentes dimensions environnement – économie – social dans la planification de l’utilisation des ressources en eau), la réduction des pertes (eau d’irrigation et eau potable) et l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, la construction de petits barrages pour mobiliser les ressources en eau disponibles, l’aménagement des bassins versants, l’épuration des eaux usées pour une éventuelle réutilisation dans l’agriculture ou les écosystèmes naturels, etc.

2.6 Ecosystèmes naturels et zones humides Les mesures d’adaptation proposées consistent à mettre en place un suivi écologique continu à long terme pour comprendre les tendances et les impacts, engager une réflexion systémique et dynamique au lieu de la réflexion sectorielle et statique, déterminer des indicateurs biologiques fiables pour le suivi et l’évaluation diachronique des écosystèmes côtiers, étudier comment les prévisions climatiques puissent informer sur l’évolution des écosystèmes, intensifier les études multithématiques pour pourvoir les décideurs en informations scientifiques qui pourraient les aider à prendre des décisions éclairées, etc.

Pour la protection des forêts contre les incendies, il faudrait régénérer les forêts de la zone et notamment celle de Jbel Gourougou, planter des espèces autochtones résistantes aux feux de forêts, mettre en place un

système de veille et de surveillance de feu, installer de postes-vigies et confection et entretien des pistes forestières, ouvrir des tranchés pare-feu pour limiter la propagation du front de feu en cas d’incendie, équiper les postes forestiers de véhicules de première intervention (VPI).

2.7 Sols et terres agricoles Les mesures d’adaptation proposées pour la protection des sols et terres agricoles contre l’érosion et les inondations consistent à renforcer le couvert végétal et à réhabiliter les écosystèmes naturels par un double traitement mécanique et biologique des zones à risque, vulgariser les pratiques culturales conservatrices, protéger le sol par des travaux de conservation des eaux et des sols, améliorer le couvert végétal par plantation d’arbustes fourragers et ensemencement d’herbacées dans les terrains de parcours, traiter le réseau hydrographique par des techniques mécaniques et biologiques adaptées aux conditions du milieu, labourer le sol perpendiculairement à la pente (plutôt que parallèlement) pour que le sol reste en place et que l’eau puisse s’infiltrer, améliorer le taux de matière organique dans le sol pour augmenter la capacité de rétention de l’eau et mettre en place des mesures anti-érosives dans les communes rurales de Beni Chiker et de Boudinar : mesures préventives (pour les milieux stables) et mesures curatives (pour les milieux instables) qui s’inscrivent dans l’urgence et concernent les aires homogènes de priorité d’intervention.

2.8 Femmes Pour intégrer la femme dans la stratégie d’adaptation il faut : i. Garantir que les femmes tout comme les hommes deviennent des partenaires égaux dans la prise de décision en matière de développement, d’utilisation, de choix technologique, de financement et bien d’autres aspects de la gestion du territoire; ii. Comprendre et analyser les systèmes de gestion qui différencient les hommes et les femmes lors de l’accès aux ressources, au travail, à l’usage de l’eau, aux droits à l’eau et à la distribution des bénéfices et de la production. iii. Renforcer les capacités adaptatives de la femme rurale à la gestion des ressources naturelles et aux différents aléas que leur zone risque de subir (Crues, Inondations, Glissement de terrain, etc.)dans le contexte des changements climatiques. iv. Sensibiliser et apporter à la femme rurale un soutien institutionnel et assistance technique favorable à la création d’opportunités d’emploi dans le but de lutter contre la pauvreté.

Dans le cadre d’une discussion interactive lors des différents ateliers organisés avec les femmes, ces dernières tout en se référant à leur vécu et à leur culture, ont suggéré des mesures d’adaptation à mettre en œuvre: le stockage des produits agricoles selon des techniques anciennes, la formation et vulgarisation en techniques de gestion rationnelle de l’eau, l’attribution de crédits et leur remboursement selon des échéanciers qui prennent en considération les cycles de production du bétail, le renforcement des capacités de la société civile en matière d’intervention rapide et de secourisme surtout dans les régions enclavées, la formation professionnelle des jeunes filles pour être plus qualifiées à travailler dans d’autres activitiés qutres que le travail domestique et agricole, la création d’activités génératrices de revenus, le renforcement du rôle de la société civile dans les actions d’information et de sensibilisation des populations sur l’importance de la rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles et promouvoir la commercialisation des produits locaux dans des foires et manifestations organisées dans la région.

3- Cadre conceptuel, juridique et institutionnel pour l’intégration de l’adaptation dans la gestion intégrée des zones côtières (GIZC)

3.1 Fondements et démarche de la GIZC face aux changements climatiques

La Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), selon le Cicin-Sain et Knecht (1998), un « Processus dynamique qui réunit gouvernements et sociétés, sciences et décideurs, intérêts publics et privés en vue de la protection

et du développement des systèmes et ressources côtières. Ce processus vise à optimiser les choix à long terme privilégiant les ressources et leur usage raisonné et raisonnable ».

Selon ce concept, la GIZC vise donc à privilégier le « bon usage » des nombreuses opportunités qu’offre le littoral, c’est un instrument privilégié du développement durable de ce « éco-socio-système » littoral , en réconciliant développement et conservation des écosystèmes et des ressources, et en liant les questions environnementales, économiques et sociales. Les principes fondamentaux de la GIZC sont résumés dans l’encadré 15.

Encadré 15 - Grands principes de la Gestion intégrée des zones côtières

1. Adopter une perspective large pour traiter des problèmes connexes ; 2. fonder les décisions sur des données et des informations fiables ; 3. S’efforcer de travailler en synergie avec les éléments naturels ; 4. Etre en mesure de répondre a des évolutions imprévues ; 5. Prévoir la participation de tous les acteurs et services administratifs concernés ; 6. Avoir recours à différents instruments (législation, planification, instruments économiques, campagnes d’information, actions « 21 » locales, accords volontaires, promotion des bonnes pratiques, etc.).

Née suites à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développent durable (Sommet de Rio, 1992) et recommandée par le chapitre 17 de l’« Agenda 21 ».

Lors de la Conférence des plénipotentiaires tenue à Madrid les 20 et 21 janvier 2008, le Protocole GIZC a été signé par 14 des 22 parties contractantes à la Convention de Barcelone dont le Maroc. Premier texte de ce type, ce protocole aborde le littoral dans son interaction terrestre et marine et capitalise toutes les avancées engagées par les pays riverains pour gérer durablement cet espace.

Au Maroc, le concept de la GIZC s’inscrit dans le cadre de l’application de la Loi-cadre 11-03 (Mai 2003) relative à la protection et la mise en valeur de l’environnement. Il est un élément important dans la préparation de trois lois spécifiques : protection et la préservation du littoral, aires protégées (aires marines) et refonte du Code des pêches maritimes.

Il est également au cœur des réflexions sur la stratégie nationale pour l’aménagement du littoral, sur le Plan National pour l’Environnement et sur celui du Développement Économique et Social.

Une démarche GIZC (Figure 92) vise donc à permettre une approche globale d’un territoire littoral en prenant en compte les contextes ci-après :

contexte physique ; contexte écologique et biogéographique ; contexte socio-économique et contexte juridico-administratif.

Figure 92: Démarche et déroulement du processus de la GIZC (adapté de Rey-Valette et Roussel, 2006)

3.2 Contexte juridique et institutionnel de la gestion des zones côtières

La prise de conscience de l’importance de la protection de l’environnement par la communauté internationale a donné naissance au droit international de l’environnement. Les accords et les traités internationaux ont constitué un cadre de référence pour les politiques et les stratégies nationales en matière d’environnement et de changement climatique.

Des concepts tels que le développement durable, la gestion intégrée des zones côtières et l’adaptation aux changements climatiques commencent à être introduit dans les préoccupations et les actions nationales. Au Maroc la vision environnementales a toujours été présente dans la législation nationale, mêmes les lois les plus anciennes prévoient de nombreuses dispositions qui visent la protection et la conservation des ressources naturelles.

Cependant l’analyse juridico-institutionnelle de la gestion du milieu littoral permettrait de cerner les opportunités et les contraintes de l’intégration de la dimension climatique et des mesures d’adaptation aux changements climatiques dans la planification, la législation et la réglementation des zones côtières marocaines du littoral méditerranéen oriental.

Un certain nombre d’interrogations sont à l’origine de cette analyse et porte sur le degré de prise en considération par l’arsenal juridique national des aspects de l’environnement en général et du littoral en particulier ; les dispositions qui existent ou les opportunités a saisir pour prévenir les conséquences des impacts des changements climatiques sur le bien être de l’homme et sur l’ensemble des êtres vivants ; les opportunités offertes par la législation et les projets de planification actuels pour se prémunir contre les impacts éventuels des changements climatiques sur le littoral méditerranéen et les contraintes et les obstacles

qui empêcheraient la prise en considération des aspects des changements climatiques dans une vision de gestion intégrée du littoral.

3.2.1 Contexte législatif et réglementaire

L’analyse des textes existants montre que, de manière générale, la législation marocaine présente un certain nombre d’insuffisances dont essentiellement :

une grande partie des textes règlementaires régissant le littoral sont anciennes et la notion de développement durable et de protection de l’environnement ne figurait pas dans les préoccupations de l’époque ; cette législation se distingue par son caractère sectoriel et un manque de vision globale et intégrée ; elle est éparse ; ce qui rend sa maîtrise, son analyse et son application très difficile ; les organes chargés de l’application des lois et des règlements sont multiples, ce qui donne lieu à des situations de conflits d’intérêt et de compétences ; l’application des lois rencontre des résistances, en particulier dans les zones rurales ou les pratiques sont souvent régies par des régimes coutumiers; notamment en ce qui concerne le régime des terres et les modes d’exploitation.

Cependant, depuis les années 90, et dans l’optique d’honorer ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale, le Maroc a commencé à effectuer un renforcement institutionnel et organisationnel sur les plans central et régional pour consolider le processus de protection de l’environnement.

De nouvelles lois cadres (Encadré 17) qui visent la protection de l’environnement ont été promulguées et adoptées (loi sur l’eau, loi sur la protection et la valorisation de l’environnement, loi sur les études d’impact, loi sur les aires protégées, etc.) ou sont en phase de développement (Loi sur le littoral, etc.).

Par ailleurs, des stratégies nationales et des plans nationaux et sectoriels de protection de l’environnement ont été développés. La gestion intégrée des zones côtières, tout comme le concept du développement durable, est en train se mettre en œuvre à travers un certain nombre d’actions et d’initiatives. Les initiatives nationales en matière de conservation et de protection intégrée des zones côtière, dans les différentes stratégies concernent essentiellement (Mhammdi, 2009) :

i. la conservation de la diversité biologique ; ii. le contrôle et la lutte contre la pollution marine ; iii. le plan d’Urgence National de Lutte contre la Pollution Marine accidentelle ; iv. la lutte contre l’érosion et l’ensablement ; v. l’utilisation rationnelle des ressources halieutiques ; vi. les changements Climatiques ; vii. la loi sur le littoral qui est en phase de développement.

3.2.2 Contexte institutionnels dans la gestion des zones côtières marocaines

En ce qui concerne l’intervention au niveau du littoral, l’action est très centralisée. Le processus de décentralisation ou de déconcentration entamé dans le cadre de la réforme administrative destiné à faire des institutions locales de véritables acteurs de développement économique et social n’a pas atteint les résultats escomptés. La région est une organisation encore nouvelle et manque d’expérience et de maturité pour prendre en charge une véritable gestion régionale autonome, et sa participation dans le processus de prise de décision politique ou stratégique est quasi-nulle, quoique sa présence en tant qu’organe consultatif soit

fréquente. De même, les intervenants directs ou indirects au niveau du littoral sont multiples et mènent indépendamment des actions en fonction de leurs prérogatives et de leurs champs d'action.

Cet éparpillement et cette dispersion des compétences au niveau du littoral compliquent sa gestion. La création de nouvelles institutions n’a pas pour autant résolu cette problématique, et le littoral reste un secteur très convoité et demandé par les promoteurs et les investisseurs, ce qui peut se révéler très dangereux pour sa protection et sa préservation.

Encadré 17 - Nouvelles lois cadre de l’arsenal législatif marocain

Législation à caractère général La législation marocaine à caractère général est de création récente. Elle est l’aboutissement des engagements solennels du Maroc suite à son adhésion aux différents protocoles et conventions internationaux relatifs à la protection de l’environnement et aux changements climatiques. Ces nouvelles lois ont l’avantage de sortir d’une situation sectorielle qui a longtemps prédominé l’esprit des lois pour aller vers une approche générale et globaliste. Elles ont touché des domaines nouveaux, souvent évités pas l’ancienne législation pour des raisons d’intérêts économique et social.

Loi 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement ; Loi 12-03 relative aux études d’impact :

Législation sectorielle La législation concernant de manière indirecte le littoral est représentée par la loi régissant l’utilisation du domaine public, dont fait partie le domaine public maritime. S’ajoute à cela la loi se rapportant à l’air, la loi sur l’eau et celle relative à la gestion des déchets, ainsi que d’autres lois se rapportant à d’autres secteurs notamment la pêche maritime, l’énergie, les mines, le transport, l’environnement et l’urbanisme…Toutes ces lois ont abordé le sujet de manière succincte et rapide.

Loi n°13-03 relative à la lutte contre la pollution de l’air Loi 10.95 sur l’eau Loi n°28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination Dahir du 1er Juillet 1914 concernant le domaine public Dahir du 10 octobre 1917 sur la conservation et l’exploitation des forêts

Législation spécifique au littoral

Projet de loi sur le littoral : Ce projet de loi sur le littoral est en cours d’élaboration par le Ministère de l’Environnement ; Circulaire du Premier Ministre n° 2007 en date du 19 juin 1964

L’équilibre est souhaitable entre intérêt écologique/environnemental et économique est difficile à atteindre. Cette situation est aussi aggravée par l’absence d’un responsable unique. Les compétences chevauchent et une vision sectorielle prédomine.

Il s’avère indispensable de mettre en place des mécanismes de planification, de gestion et de coordination du littoral afin de rapprocher les positions et les politiques d’intervention dans le domaine a fin de mettre en place des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

4- Enjeux de la GIZC du littoral méditerranéen oriental face aux changements climatiques

Une législation adaptée et une participation efficace et responsable des différents acteurs locaux et de la société civile peut améliorer la manière d’administrer et de gérer le littoral.

Cependant la sensibilisation des collectivités locales et des acteurs locaux aux risques climatiques sur leur territoire, reste encore très timide et les interventions menées jusqu’à présent ne répondent pas aux défis à relever. Cela est surtout dû à un manque d’information et de compétences adéquates. Les décideurs ont intérêt à tenir compte de la panoplie d’enjeux et de contraintes pour diminuer la vulnérabilité des différents secteurs et mieux s’adapter aux impacts prévisibles des changements climatiques. De plus, les difficultés rencontrées pour l’intégration des considérations climatiques dans le processus de prise de décision et de la bonne gouvernance locale ne sont pas seulement d’ordre législatif mais relèvent d’autres considérations. Les enjeux fondamentaux à prendre en considération sont résumés à l’encadré 18.

Encadré 18 – Enjeux fondamentaux et contraintes à considérer pour l’intégration des considérations climatiques dans la prise de décision en matière de GIZC dans le littoral méditerranéen oriental

i. Le littoral est considéré dans la politique gouvernementale comme un vecteur stratégique pour la croissance économique du Maroc ;

ii. la difficulté de concilier un développement économique nécessaire pour assurer un niveau de vie convenable à une population qui ne cesse de se croître avec la protection de l’environnement en général et du littoral en particulier ;

iii. l’urbanisation massive et les constructions anarchiques présentent un véritable danger pour le littoral et ses ressources naturelles ;

iv. l’absence d’une bonne gouvernance et d’une véritable décentralisation des pouvoirs et des moyens financiers au niveau de la région ;

v. les réseaux pour évacuer les eaux pluviales sont insuffisants et inadaptés pour répondre aux besoins actuels ;

vi. les stations d’épuration des eaux usées et de gestion des déchets sont insuffisantes sur le terrain ;

vii. les activités d’extraction du sable, de gravier et autres représentent un véritable danger pour la sauvegarde du littoral ;

viii. le littoral ne dispose d’aucune législation propre pouvant assurer sa protection et permettre une meilleure gestion de ses ressources, en assurant une intégration harmonieuse des considérations climatiques et les risques qui en découlent.

5- Instruments stratégiques et opérationnels pour intégrer l’adaptation au changement climatique dans la gestion des zones côtières

Deux principaux instruments stratégiques ont été élaborés pour définir les orientations et les normes nationales en matière de normes d’aménagement, en l’occurrence :

I. Le Schéma National d’Aménagement : C’est un document destiné à définir les grandes orientations en matière d’aménagement. Il fixe les normes et il est conçu pour l’ensemble du pays.

II. Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) : C’est un instrument de planification spatiale qui s’applique à une ou plusieurs communes urbaines, éventuellement des communes rurales avoisinantes.

Les instruments actuellement opérationnels sont essentiellement :

1) le PAIDAR- MED : Le Programme d’Action Intégré pour le Développement et l’Aménagement de la Région Méditerranéenne du Maroc est une étude qui a été réalisée dans le cadre de la Coopération Maroco - Espagnole ; 2) le SDAR de l’Oriental : Le Schéma de Développement et d’Aménagement Régional (SDAR) constitue un guide général qui présente des orientations globales en matière de développement économique, social et culturel et d’équilibre spatial et interrégional. Les grands déterminants sur lesquels le SDAR est basé sont la situation frontalière de la région, le capital hydrique, la fragilité de l’environnement et les dynamiques de répartition de la population ;

3) le SDAULMO : le Schéma Directeur d’Aménagement du Littoral Méditerranéen Oriental défini les grandes lignes pour le développement du littoral et de sa zone d’influence pour une période de 25 ans ;

4) le Plan d’Aménagement : Ce document définit les limites et la destination des voiries, les limites et les dispositions des espaces publics ainsi que les zones non aedificandi. Ce plan est élaboré par l’administration de l’urbanisme ? et il est soumis à l’examen et à l’approbation d’une commission interministérielle.

6- Orientations pour la communication et l’éducation aux changements climatiques

Certains spécialistes de la communication ont réfléchi à la façon de concevoir et de transmettre des messages sur les changements climatiques. On estime que les messages les plus importants à transmettre sont les suivants Hasso l (2008) : les changements climatiques se produisent déjà et vont s’accentuer dans le futur ; les scientifiques en sont certains ; les humains sont responsables de ces changements ; les citoyens doivent agir et sont capables de diminuer l’ampleur du phénomène à la condition de s’impliquer immédiatement.

La communication fonctionne mieux si un lien est formé entre le messager et les récepteurs du message, selon Moser (2007). Les agents de communication qui parlent des changements climatiques doivent être choisis en fonction de leur crédibilité auprès des groupes sociaux cibles. Ils doivent adapter leur langage et orienter leur discours pour se conformer aux besoins et intérêts de leur auditoire (Hassol, 2008).

Les concepts de base des changements climatiques doivent être expliqués et résumés à plusieurs reprises d’une manière éducative, par l’intermédiaire de plusieurs médias. Des images faciles à comprendre et à mémoriser (Pruneau et al. 2001) peuvent être mises à profit.

Les messages sur les changements climatiques doivent se focaliser sur les solutions afin de susciter l’espoir. Ils doivent inviter la population à démontrer son ingéniosité et sa fierté pour agir (Hassol, 2008) et développer une vision engageante et moralement attrayante dans une optique optimiste (Moser, 2007).

Dans les communautés où l’on veut amorcer un mouvement d’action environnementale, il est important d’identifier d’abord des personnes clefs qui, une fois engagées, seront plus susceptibles d’amorcer un mouvement social. Selon Gladwell (2000), ces personnes peuvent être les branchés (individus qui possèdent un vaste réseau de contacts sociaux dans toutes les tranches de la société), les érudits (individus habiles pour trouver rapidement des réponses aux questions) et les vendeurs (individus qui savent comment rendre les choses attrayantes et pertinentes).

6.1 Défis et enjeux de l’éducation en matière d’adaptation aux changements climatiques

Quand on tente d’éduquer des personnes aux changements climatiques, le premier défi rencontré est d’ordre cognitif à cause de la complexité du problème.

Les notions d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques ne sont pas souvent claires chez les gens à cause de lien interdépendants qui s’influencent mutuellement de plusieurs façons entre les différentes composantes d’un système.

D’autres défis liés aux habitudes de vie contemporaine peuvent limiter le désir des gens de s’adapter aux changements climatiques. A cause des tâches quotidiennes et de la concentration des gens sur leurs besoins immédiats, peu d’intérêt et accorder aux événements qui pourraient survenir dans l’avenir. De plus, certains impacts des changements climatiques sont difficilement perceptibles par les sens, du fait de leur dissimulation, invisibilité à l’œil nu ou de leur éloignement géographique du milieu de vie des gens.

Cette absence de perception des problèmes par les sens limite la prise de conscience. La représentation mentale des impacts des changements climatiques peut s’avérer difficile à construire parce que ceux-ci, en particulier les événements extrêmes, ressemblent peu à des circonstances vécues par les gens. Aussi face aux problèmes qui suscitent de l’anxiété comme les changements climatiques, les gens réagissent en excluant les informations reçues Seider (1998).

Un autre défi se situe dans le changement de comportement des gens pour s’adapter aux changements climatiques. La figure 93 rassemble un certain nombre des facteurs que les chercheurs ont identifiés comme ayant un impact sur le passage des citoyens à l’action environnementale.

Figure 93: Facteurs qui exercent une influence positive sur l’action, dans le domaine de l’environnement (Pruneau et al, 2006).

Dans la figure 93, les facteurs cognitifs correspondent au degré de conscientisation d’individus et à leurs connaissances de l’environnement et des principaux concepts écologiques, incluant leurs compétences personnelles et leurs connaissances des stratégies d’action.

Les facteurs affectifs concernent les attitudes et les émotions associées aux questions environnementales et aux phénomènes écologiques. Les facteurs situationnels sont liés à la situation des individus et peuvent exercer un impact renforçateur ou inhibiteur sur les facteurs cognitifs et affectifs.

Afin d’aider les citoyens à implanter des mesures d’adaptation aux impacts locaux des changements climatiques, l’éducation devrait nécessairement viser la mise en place des facteurs affectifs et cognitifs présentés dans la Figure 58. Toutefois, le domaine de l’éducation en matière d’adaptation est peu développé et les stratégies permettant d’atteindre ces objectifs affectifs et cognitifs ont encore été peu expérimentées.

6.2 Principes de communication en matière des changements climatiques

Une communication réussie sur les changements climatiques doit être tangible, pertinent et adapté à son public. Les principes essentiels pour l'efficacité communication (Schweizer et al ,2009), sont :

1. connaissance de l’auditoire et sélection du messager crédible pour le public ciblé ; 2. savoir pourquoi le message est approprié pour l’auditoire ; 3. connecter le message aux valeurs culturelles et croyances ; 4. rendre le message significatif en faisant appel à des valeurs qui sont significatives pour l’auditoire ; 5. faire passer le message avec l'autonomisation des actions spécifiques afin que l’auditoire ait l'impression qu'il peut faire une différence ; 6. encourager l’auditoire à réfléchir sur les rapports et les relations entre le climat et les ressources ; 7. associer avec d'autres organisations ; 8. débuter de l'intérieur et impliquer les dirigeants de son organisation avant de communiquer ; 9. communiquer sur les actions et événements utilisés comme un mode de communication ; 10. situer la question dans un emplacement précis.

6.3 Guide pédagogique pour développer les capacités adaptatives chez les élèves du secondaire

Un guide pédagogique intitulé le défi climatique et l’école marocaine été élaboré dans le cadre du projet ACCMA, ce guide a pour but d’outiller les enseignants pour travailler avec leurs élèves sur l’adaptation aux changements climatiques. Dans le guide pédagogique, on propose:

des informations sur les changements climatiques; des stratégies pédagogiques; un scénario complet pour travailler sur les adaptations avec les élèves.

L’éducation à l’adaptation aux changements climatiques vise la préparation des apprenants à prendre des mesures d’adaptation efficaces. Pour ce faire, on doit les inviter à analyser les problèmes environnementaux locaux, à prédire les impacts possibles des changements climatiques sur ces problèmes, à évaluer le degré de vulnérabilité de leur communauté et à résoudre les problèmes potentiels qui pourraient y être engendrés. Les connaissances à transmettre ou à faire construire par les apprenants sont vastes. Elle concerne les concepts strictement liés aux changements climatiques, la connaissance scientifique des problèmes écologiques et sociaux locaux, la connaissance des ressources communautaires pouvant faciliter l’adaptation ainsi que la connaissance de moyens d’adaptation. De plus, si l’on donne que les apprenants réussissent à mettre en place des mesures d’adaptation efficaces, l’unique renforcement de leurs connaissances n’est pas suffisant, mais on doit développer chez eux certaines compétences environnementales.

Les compétences peuvent être développées chez les élèves grâce à diverses stratégies pédagogiques. Les stratégies qui sont présentées dans le guide sont :

13. la prise de décision environnementale : cette stratégie permet d’aider les apprenants à prendre des décisions en lien avec les changements climatiques, dans lesquelles ils considèrent l’avenir, la santé humaine et la qualité des écosystèmes;

14. l’éducation aux valeurs environnementales : par cette stratégie, on veut aider les apprenants à réfléchir à leurs valeurs en lien avec l’environnement et à écouter les idées de leurs pairs ;

15. l’approche accélérée de recherche participative : cette stratégie favorise le partage d’informations au sujet d’un problème local et elle encourage la réalisation de mesures d’adaptation ;

16. l’éducation en milieu naturel : cette stratégie permet aux apprenants d’entrer en étroite communication avec les éléments naturels;

17. l’apprentissage expérientiel : on fait vivre aux apprenants une expérience réelle de contact direct avec le milieu (naturel ou construit) ;

18. l’enquête appréciative : on met l’accent sur les accomplissements, ressources et capacités de la communauté plutôt que sur ses problèmes. Les apprenants étudient les éléments positifs, les forces et les pressions présentes dans la communauté et mettent à profit ces éléments pour initier un changement ;

19. la résolution de problèmes environnementaux : cette stratégie invite les apprenants à découvrir et à résoudre des problèmes environnementaux dans leur milieu ;

20. l’approche critique : dans cette stratégie, on apprend aux apprenants à critiquer des documents ou des situations en relation avec les changements climatiques ;

21. l’utilisation des histoires : on présente aux apprenants divers types d’histoires, pour leur faire apprécier leur milieu, pour leur démontrer qu’ils peuvent réussir des actions environnementales ou pour leur expliquer des problèmes environnementaux ;

22. l’éducation au futur : on invite les apprenants à prédire les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes locaux, sur leur propre vie, et on les encourage à améliorer leur avenir;

23. le débat : il s’agit d’une stratégie qui permet aux apprenants de débattre une question environnementale;

24. l’éducation à la viabilité urbaine : on fait comprendre aux apprenants le concept de viabilité, on leur fait évaluer la viabilité de leur communauté et on leur donne l’occasion d’effectuer une action environnementale.

6.4 Le scénario pédagogique

Au cours des activités programmées dans le guide, les apprenants prennent conscience des causes et des impacts des changements climatiques dans leur région au niveau des régimes de précipitation. Ils prennent aussi conscience du concept de vulnérabilité en lien avec les changements climatiques; explorent un impact particulier lié à la problématique des sécheresses ou des inondations; écrient des scénarios du futur pour le problème à l’étude afin de mieux le connaître; comprennent le concept d’adaptation aux changements climatiques; proposent des mesures d’adaptation liées à l’impact choisi; apprennent à mieux connaître le problème à l’étude et proposent de nouvelles mesures d’adaptation; et enfin choisissent une mesure d’adaptation, planifient et réalisent cette mesure dans le but d’aider leur communauté à s’adapter aux changements climatiques.

6.5 Renforcement des capacités en éducation aux changements climatiques

Pour initier la réflexion des cadres enseignants sur les changements climatiques, des ateliers de formation des enseignants du secondaire ont été organisés conjointement avec les Délégations de l’Éducation Nationale des provinces de Berkane et de Nador. Ces recours avaient a pour but principal d’initier les enseignants de la région aux méthodes d’éducation à l’environnement et plus particulièrement à l’éducation à l’adaptation aux changements climatiques. Le guide pédagogique à été utilisé comme support de formation. Ce guide permettra aux cadres enseignants de réfléchir et de choisir les stratégies avec lesquelles ils se sentiront le plus à l’aise pour travailler dans leurs classes.

V

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V- PLAN D’ACTION ADAPTE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES POUR LE LITTORAL MEDITERRANEN ORIENTAL

1- Révision et adaptation des plans d’action de la GIZC dans la zone du projet ACCMA

1.1 Cadre et fondements des plans d’action de la GIZC

Malgré l’intérêt qu’affichent les autorités pour les zones côtières, aucune stratégie globale de gestion intégrée du littoral marocain n’a été jusqu’à présent initiée. Une stratégie de réponse aux changements climatiques au niveau du littoral ne peut donc être efficace que si elle est considérée dans le cadre plus global d’une gestion intégrée des zones côtières (GIZC) qui constitue un outil incontournable pour le développement durable des littoraux marocains.

Dans le cadre du programme SMAP III (Programme d’Actions Prioritaires à Court et Moyen Termes pour l’Environnement) financé par la Communauté Européenne, deux projets ont été consacrés au littoral méditerranéen oriental pour promouvoir la GIZC. Le premier, CAP Nador(2008), s’est attaché à élaborer des plans d’action intégrés pour le littoral de la commune rurale de Boudinar, la commune rurale de Beni Chiker et la lagune de Nador. Le second, El Kala/Moulouya (Département de l’Environnement, 2009) a également préparé de tels plans pour les environs de l’embouchure de la Moulouya. Dans les deux cas, une approche participative faisant intervenir tous les acteurs de la scène littorale, réunis dans de nombreux forums et rencontres, a été adopté pour élaborer des solutions intégrées aux problèmes littoraux.

Deux types d’approches adaptatives ont été suivis par ces plans :

Une approche technique qui vise à rechercher et mettre en place les meilleurs outils de réponse aux risques littoraux. Elle consiste à restaurer et/ou à consolider les secteurs vulnérables.

Une approche plus globale qui consiste à repenser l’aménagement afin de diminuer la vulnérabilité de certains secteurs littoraux, dont les infrastructures et les agglomérations humaines.

1.2 Eléments des plans d’action du programme SMAPIII nécessitant une révision

L’approche suivie pour la conception des plans d’action est l’approche du Cadre Logique. La phase d’analyse s’est focalisée sur les diagnostiques socioéconomiques et biophysiques en faisant l’état des lieux des connaissances existantes et sur la mobilisation du public pour définir les domaines prioritaires d’intervention.

L’étape de planification a permis de développer les objectifs généraux des plans d’action pour les traduire en questions concrètes et structurées.

Les objectifs généraux à partir desquels les actions de la GIZC ont été développées, sont résumés dans le tableau 24:

Tableau 24: Objectifs généraux pilote des plans d’action du programme SMAPIII dans chaque site pilote

SITE OBJECTIFS GENERAUX PILOTE

La lagune G1. Améliorer les conditions de travail et de vie des pêcheurs artisanaux et contribuer de Nador à la durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques. G2. Améliorer la qualité écologique et paysagère des sites et réduire les risques naturels. G3. Contribuer à l’amélioration de la gestion des déchets solides du grand Nador. G4. Révéler le potentiel urbanistique et établir les documents d’urbanisme de la lagune et son voisinage, et mise à niveau des quartiers non restructurés.

La G1. Protéger l’environnement et le patrimoine naturel, notamment au niveau du SIBE. commune G2. Améliorer et étendre les infrastructures de base. rurale de Beni G3. Maîtriser l’urbanisation au niveau du SIBE et du centre de Béni Chiker. Chiker G4. Soutenir les activités traditionnelles au profit de la population locale.

La G1. Améliorer la qualité écologique et paysagère et lutter contre l’érosion, en Commune combinaison avec la diversification et la promotion des activités agricoles. Rurale de G2. Améliorer les conditions de travail des pêcheurs artisanaux et contribuer à la Boudinar durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques. G3. Maîtriser l’urbanisation de l’espace côtier en respectant les spécificités locales, et améliorer le raccordement et la qualité urbanistique de l’ensemble de la commune. G4. Désenclaver le territoire de la commune afin de faciliter l’accessibilité interne et l’ouverture vers la zone côtière. G5. Créer de nouvelles sources de revenus, notamment par l’insertion de la population locale dans le tissu socioéconomique de la commune.

Le littoral G1. Maîtriser l’usage des ressources dans une optique de gestion durable des de Saïdia ressources naturelles. Ras El Ma G2. Maîtriser l’urbanisation du littoral, et conserver et maintenir la biodiversité du SIBE. G3. Maîtriser la conurbation de la zone côtière et réduire le risque de l’érosion côtière et de l’inondation. G4. Améliorer le contexte de gestion intégrée des zones côtières et marines. G5. Développer l’écotourisme.

L’analyse de ces plans d’action au regard des impacts des changements climatique prévus dans la région a permis d’identifier les éléments des plans d’action du programme SMAPIII qui nécessitent une révision dans le contexte des changements climatiques. Les actions nécessitant une révision sont présentées dans les tableaux 25, 28, 31 et 34.

L’adaptation des plans d’action de la GIZC élaborés dans le cadre du programme SMAP III au contexte des changements climatiques consiste à apporter des recommandations sur les actions de la GIZC et ceci a travers l’analyse des études de vulnérabilité aux changements climatiques réalisées dans le cadre de projet ACCMA, l’amendement des actions proposées dans le cadre du programme SMAP III par d’autres actions d’adaptation identifiées en collaboration avec les parties prenantes dans le cadre du projet ACCMA.

1.3 Méthode de révision et d’adaptation des plans d’actions du programme SMAPIII

La méthodologie de révision des plans d’action de la GIZC est déclinée en trois étapes successives, à savoir :

i. analyse des résultats saillants des études thématiques ayant trait à la vulnérabilité et mesures d’adaptation aux changements climatiques. Cette analyse a pour but de déterminer les zones et les secteurs les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques ;

ii. analyse des plans d’action SMAPIII pour déterminer les éléments susceptibles d’être modifiés pour une adaptation appropriée des actions face aux risques des changements climatiques. La révision a concerné les Plans d’action SMAP III des deux projets Cap Nador et les Plans d’action Kala/ Moulouya.

Les critères utilisés pour évaluer la pertinence de révision des actions du Programme SMAPIII concernent essentiellement l’emplacement de l’action pour apprécier sa vulnérabilité face aux risques potentiels (inondation, érosion, élévation du niveau de mer, etc.) ; et la durabilité de l’action (action durable dans le futur malgré l’exposition aux effets potentiels des changements climatiques). Les plans d’action sont pour la suite complétés par des mesures d’adaptation aux changements climatiques définies collaborativement par les chercheurs du projet et les parties prenantes. Pour ce faire, une série d’ateliers sectoriels organisés aux deux niveaux provinciaux et au niveau local communautaire.

Les aspects abordés dans ces ateliers se rapportent aux points suivants :

a. principaux aléas climatiques ressentis par la population dans la région ; b. classification des aléas en fonction de leur importance ; c. impacts des principaux aléas retenus ; d. stratégie d’adaptation aux impacts des aléas retenus ; e. mesures d’adaptation préconisées en fonction des priorités de la communauté.

2- Plan d’Action GIZC adapté pour la lagune de Nador

Le Plan d’Action GIZC adapté au contexte des changements climatiques pour le site de la Lagune de Nador est le résultat de :

la révision et l’adaptation des actions du plan d’action de GIZC du projet Cap Nador ayant été jugées vulnérables aux changements climatiques compte tenu des résultats et des recommandations de l’ensemble des études thématiques de vulnérabilité du littoral méditerranéen oriental conduites par le projet ACCMA sur la période 2007-2010;

les propositions prioritaires d’actions d’adaptation aux changements climatiques identifiées en concertation avec les parties prenantes lors des ateliers participatifs organisés dans le cadre du projet ACCMA.

2.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques

Les actions proposées dans le cadre du projet CAP Nador pour le site de la lagune de Nador et qui sont vulnérables aux impacts des changements climatiques sont résumées dans le tableau 25.

Tableau 25: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et à adapter, et critère de pertinence de révision pour la Lagune de Nador

Objectifs spécifiques du Plan d’action du Action programmée, vulnérable Critères de pertinence de Projet Cap Nador (SMAPIII) et à adapter la révision des actions Action 1.1.1.2. Elaboration, Période de repos approbation et mise en œuvre biologique vis-à-vis de S1.1. Élaborer et faire approuver un plan de d’un rapport de gestion de la l’augmentation de la gestion de la pêche artisanale dans la pêche dans la lagune de Nador, à température et la lagune de Nador. partir des résultats des études perturbation des saisons préliminaires. de pêche. Action 2.1.1.1. Etude pour S2.1. Remettre une tranche du cordon l’organisation de l’accès aux Emplacement des circuits dunaire à l’état naturel, avec une véhicules à moteur sur le cordon et des voies de passage végétation climax pour lutter contre dunaire de Boukana. vis-à-vis du risque d’ENM l’érosion, et augmenter la qualité Action 2.1.2.1. Aménagement de et de l’érosion côtière. écologique et paysagère. voies de passage sur le cordon dunaire. S4.1. Identifier les zones d’intervention particulières, et obtenir une vision locale et Action 4.1.1.2. Réaliser une étude Emplacement des circuits globale des communes limitrophes à la Mar des circuits qui valoriseront et vis-à-vis du risque d’ENM, Chica afin de mener des politiques révéleront le potentiel de l’érosion côtière et des d’aménagements urbaines et de environnemental de la lagune et inondations. préservation de l’environnement de ses alentours. cohérentes. Action 4.4.1.1 Elaboration d’une Emplacement des habitats S4.4. Maîtriser et absorber l’urbanisation étude portant sur l’habitat vis-à-vis du risque illégale et anarchique. clandestin. d’inondation.

La vulnérabilité identifiée concerne essentiellement l’augmentation de la température et son impact sur l’écosystème marin en termes de structure, de fonctionnement, de production et de répartition des stocks halieutiques. Les recommandations concernent la période de repos biologique normalisée par les autorités qui n’est plus efficace, du fait que les conditions de reproduction (température, etc.) ne sont plus remplies à l’intérieur de cet intervalle, mais surviennent un peu plutôt tôt dans l’année. Ce facteur constitue un risque pour les alevins qui peuvent être pris dans les filets mettant en péril la régénération du stock halieutique. Par ailleurs, le Plan de Gestion de la Pêche devrait être basé sur une approche écosystémique et doté d’une souplesse d’évolution rapide en fonction des résultats obtenus aux différentes étapes de sa mise en œuvre (révision continue) au regard de l’évolution rapide des processus biologiques et écologiques des espèces.

Le second aspect de vulnérabilité du cordon dunaire induit par l’élévation du niveau de la mer, la sédimentation et l’érosion côtière concerne l’aménagement des voies de passage des visiteurs et des véhicules à moteur. A ce titre, les voies de passage aménagées doivent être construites dans les zones les plus stables (érosion côtière), et éloignées des zones inondables par ENM. Les pistes et les voies doivent être protégées contre le sable mobilisé par le vent ; la protection sera assurée par installation de ganivelles. La signalétique portera sur les zones ou la circulation des véhicules est interdite et l’information de sensibilisation sur la fragilité de l’écosystème dunaire.

La vulnérabilité aux inondations est caractérisée par une superficie de 81 ha à risque d’inondation très élevé. Dans les zones urbanisées, l’élévation du niveau de la mer aura un impact sur le réseau de transport. Avec un niveau de 0,23m, il est prévu une submersion de 2% de la longueur des routes principales et 5% de la longueur des routes secondaires. A ce titre, les études concernant les circuits et les habitats clandestins envisagés dans le plan d’action doivent intégrer ces risques et interdire toutes les constructions dans les zones sensibles en exploitant la carte du risque d’inondation et la carte de la vulnérabilité à l’élévation du niveau de mer du projet ACCMA (Chapitre III).

2.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les acteurs locaux à Nador

A travers les diverses études du projet ACCMA, les priorités d’intervention face aux impacts des changements climatiques pour la province de Nador sont essentiellement focalisés sur trois axes :

Axe 1 : Protection de l’environnement côtier de la lagune de Nador contre l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière ;

Axe 2 : Protection de la ville de Nador et des communes avoisinantes contre les crues et les inondations ;

Axe 3 : Amélioration des conditions de travail des pêcheurs et préservation du stock halieutique.

Ces priorités sont tout à fait justifiées du fait que l’érosion marine fait du site de la lagune de Nador l’un des espaces des plus vulnérables aux effets du changement climatique. En plus de la submersion des terrains bas, l’élévation du niveau de la mer a comme conséquence l’accentuation de l’érosion marine qui pourrait aussi favoriser l’avancée de la mer au dépend du continent. Les mesures d’adaptation des côtes devraient par conséquent tenir compte des effets potentiels combinés, et induits à la fois par l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière.

Les actions proposées pour la protection du cordon dunaire (Axe 1) de la lagune de Nador contre l’ENM et l’érosion côtier sont :

 mise en place d’un observatoire du niveau de la mer dans le port de Béni Ensar : des échelles de marée dans le port de Béni Ensar sont nécessaires pour le suivi de la variation temporelle du niveau de la mer en relation avec les changements climatiques ;  stabilisation et fixation des dunes du cordon dunaire dans la partie de Béni Ensar, Boukana, Al Mouhaindis, El Jazira et Kariat Arekmane: Combinaison des techniques de fixation mécanique et biologiques par l'installation des ganivelles (clôture en bois) permettant de piéger le sable et de consolider la fixation de la dune (Photo 16); et plantation régulière de 3 principales espèces forestières adaptées : Eucalyptus gomphocephalla, Acacia cyclops et Acacia cyanophylla. Le recouvrement par branchage de la surface des dunes aide à diminuer l’érosion, et permet la régénération locale par la création d’un microclimat favorable ;

 recharge en sable de la plage de Kariate Arekmane pour compenser le déséquilibre crée par l’érosion.

Photo 16:Ganivelles utilisés pour la fixation des dunes

La vulnérabilité aux inondations (principalement crues de pluies exceptionnelles) est aggravée par plusieurs facteurs dont essentiellement le rejet des déchets dans les lits du cours d’eau pendant la saison estivale, l’utilisation des lits d’oued à des fin agricoles ou d’autres, le rétrécissement des lits au détriment de la construction et l’absence des murs de protection dans les zones. Les actions proposées pour contrecarrer les effets des inondations (Axe 2) sur la province de Nador sont :

 protection des berges de l’oued Cabaylo et oued Akhandok : maintenir la stabilité des terres en dépit de l'action de l'eau. Les berges sont en effet attaquées par des courants perturbateurs générés par les crues ;

 endiguement de l’oued Cabaylo, Akhandok par la réalisation de digues qui longent le cours d'eau sur ses deux berges : Ce type de protection permet en outre de réaliser une protection sélective. Il peut en effet être établi graduellement en commençant par mettre à l'abri de la plupart des crues, la partie la plus riche et la plus peuplée des zones exposées ;

 curage de l’oued Cabaylo et oued Akhandok : permettre une nette amélioration des conditions d'écoulement suite à l'élimination de tous les obstacles et dépôts entravant l'écoulement des eaux dans le cours d'eau ;

 construction des retenus d’eau tels que les barrages collinaires pour le stockage et le laminage des crues à l'amont des zones menacées : ouvrages permettant la protection de la population, le rechargement de la nappe phréatique et par conséquent la désalinisation. Deux barrages collinaires sont proposés pour la commune d’Iksan et la commune d’Ihdadane ;

 reboisement des versants bordant la lagune : particulièrement les versants de Béni Bouyafour et Kebdana. L’espèce qui parait plus adaptée est le pin d’Alep (climat semi aride) ;

 instauration d’un système d’alerte au niveau des écoles : conduire des essais de simulations d’évacuation en cas d’inondation (Exemple de l’expérience pilote menée au niveau de la Délégation de l’Enseignement de Nador dans 5 écoles) ;

Dans le troisième axe d’intervention spécifique relatif à l’activité de pêche, quatre principales actions d’adaptation sont proposées à savoir :

 construction d’un Point de Débarquement Aménagé (PDA) au niveau d’Arjel pour résoudre le problème de la multitude des sites de débarquement et leur éparpillement tout au tour de la lagune, et assurer la disponibilité d’autres infrastructures : chambres froides, halle aux poissons, fabrique de glace, ainsi que des locaux pour les suivis et la formation des pêcheurs ;

 modernisation de la flottille de pêche artisanale par introduction de nouvelle barque en fibre de verre (poids plus léger et barque plus stable en mer) à la place des barques traditionnelles en bois. Ces techniques visent à augmenter le revenu des pêcheurs par l’optimisation des conditions d'hygiène, de sécurité et la diminution des charges (réduction de la consommation en carburant) ;

 Préservation du stock halieutique par la création de nouveaux habitats (récifs coralliens artificiels), et la préservation des espèces menacées. L’installation de tel projet dans la région aura un impact positif non seulement sur le stock halieutique, mais également sur toutes les ressources et les infrastructures locales. le projet concernera tout le littoral du Nador et couvrira une superficie de 200 ha et un volume de 35 000 Km3.

Organisation et formation des pêcheurs: encourager les membres de la communauté à créer des associations qui se chargeront de cette tâche ; leur rôle doit également inciter à prendre des actions pratiques telles que la formation et l’encadrement des pêcheurs, par l’organisation d’ateliers sur les nouvelles techniques de pêche et leur utilisation, sensibilisation et amélioration des connaissances des pêcheurs sur les CC et leurs répercussions ; financement du secteur, notamment par des microcrédits.

Le plan d’action complet pour une gestion intégrée des zones côtières adapté au contexte des changements climatiques pour le site de la Lagune de Nador est représenté dans l’annexe 1.

3- Plan d’action adapté par le projet ACCMA pour le Cap des Trois Fourches

3.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques

Les actions proposées dans le cadre du projet CAP Nador pour la commune rurale de Béni Chiker qui se sont avérées vulnérables aux impacts des changements climatiques compte tenu des études thématiques (Chapitre III) sont résumées par le tableau 26. Tableau 26: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et à adapter, et critère de pertinence de révision pour le Cap des Trois Fourches Objectifs spécifiques du Critères de pertinence de la Plan d’action du Projet Actions programmée, vulnérable et à adapter révision des actions Cap Nador (SMAPIII) S1.3. Améliorer la Degré de sensibilisation de la connaissance sur le population local vis-à-vis des Action 1.3.2.2 Réalisation de campagnes d’information patrimoine naturelle du Cap impacts des changements pour la population locale sur les divers enjeux existants des Trois Fourches et ses climatiques et des mesures et les valeurs écologiques de la région. menaces. d’adaptation. S2.2. Contribuer à la structuration du secteur de Action 2.2.1.2 Promotion d’un réseau de transport Résistance du réseau de l’éducation et de économique reliant les principaux douars avec le centre transport vis-à-vis du risque l’enseignement. de la commune, celui de et Nador. d’érosion hydrique.

S4.5. Promouvoir un Action 4.5.2.2 Elaboration d’une étude sur les circuits Résistance des circuits vis-à-vis tourisme responsable. qui permettraient de mettre en valeur le potentiel du risque d’érosion hydrique. environnemental de la commune.

Les études thématiques de vulnérabilité (Chapitre III) ont révélé que, d’une part le site du Cap des Trois Fourches est menacé par les risques de submersion et l’érosion hydrique, et d’autre part que ces menaces vont s’aggraver avec les changements climatiques prévus dans la région. Les recommandations à ce titre concernent essentiellement l’amélioration des capacités d’adaptation des populations par des campagnes d’information et de sensibilisation au sujet des impacts prévisibles du changement climatique à l’échelle régionale.

Le second aspect de vulnérabilité mis en relief par les études précédentes se traduit par la quasi-dominance des sols à risque d’érosion élevé à très élevé sur une superficie de 7013 ha, soit près de 54% de la superficie totale du site. L’étude sur les circuits de circulation qui permettraient de valoriser le potentiel environnemental de la commune doit intégrer le risque d’érosion ; la carte de risque d’érosion élaborée dans le cadre du projet ACCMA constitue un précieux outil d’aide à la décision à cette fin.

3.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les parties prenantes

Des ateliers avec les agriculteurs, les pêcheurs et les femmes ont été organisés dans la Commune rurale de Béni Chiker afin de sensibiliser cette frange de la population aux aléas des changements climatiques et de ressortir avec des propositions d’atténuation et d’adaptation.

Les aléas climatiques majeurs ressentis par la population dans cette région et sur la base desquelles les actions d’adaptations ont été développées concernent principalement les périodes de forte chaleur, les inondations et les précipitations intenses, la sécheresse, les tempêtes et l’intensification des houles en mer. A partir de ce constat, les actions proposées par les parties prenantes ont été structurées autour de principaux quatre axes, à savoir :

Axe 1 : Renforcer les capacités de la communauté face aux effets adverses des changements climatiques.

Axe 2 : Renforcer les capacités d’adaptation des pêcheurs face à l’augmentation des températures et des vagues de chaleur : amélioration de la conservation des poissons en période de chaleur.

Axe 3: Améliorer les conditions de travail des pêcheurs face aux impacts des évènements climatiques extrêmes, en particulier les tempêtes.

Axe 4 : Mettre en place des pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation de la communauté agricole aux effets de la sécheresse.

Au niveau de l’axe 1, les propositions d’actions concernent deux volets de base liés au domaine cognitif, notamment :

 l’organisation de sessions d’information et de sensibilisation permettant à la communauté d’acquérir de l’expérience et de nouvelles connaissances liées au changement climatique. Les sessions de formation peuvent être initiées et conduites par diverses organisations de la société civile disposant des moyens et des capacités nécessaires ;

 des actions d’alphabétisation des femmes et des hommes pour les préparer à mieux assimiler les informations des actions de sensibilisations concernant les impacts des changements climatiques.

L’axe 2 se justifie principalement par l’important nombre de pêcheurs qui perdent leur production (pêche) en raison du manque de moyen de conservation et de congélation en particulier lors des périodes de chaleur intense. Pour palier cette insuffisance, les actions proposées ont trait à :

 la réhabilitation de l’unité de fabrique de glace du village de Tibouda (Photo 17) : électrification de l’unité de fabrication de la glace destinée à l’approvisionnement des besoins de conservation du poisson en plein mer. L’électrification va permettre également de réduire le prix de revient de la glace, mais aussi améliorer les prestations de l’association des pêcheurs ;

Photo 17: Unité de fabrique de glace existant dans le village de Tibouda

 la Consolidation du fonctionnement efficient et durable de l’unité de fabrique de glace, à travers la responsabilisation et la formation de quelques pêcheurs / techniciens, mais aussi par la mise en place d’un système de participation de la communauté des pêcheurs au fonctionnement ;

 l’équipement des pêcheurs en glacières mobiles : permettre aux pêcheurs de conserver le poisson le plus longtemps possible même si la température est très élevée (pêche de quantité maximale en plein mer, et conservation de la qualité de consommation) ;

 la construction d’un lieu de dépôt et de stockage des poissons : infrastructure nécessaire afin de permettre aux pêcheurs de bien gérer leurs pêches avant la vente toute en conservant une bonne qualité se consommation garantie d’un bon prix de vente.

L’axe 3 est focalisé sur la sécurité des pêcheurs et du matériel de pêche face aux intempéries à travers 4 principales actions d’adaptation, en l’occurrence :

 l’équipement des barques de pêche à l’aide de moteurs pour accélérer l’opération de pêche, et le retour rapide au port en cas de tempête ou de houle sévère ;

 la création d’un atelier de réparation des moteurs et de vente de matériel de pêche;

 la construction d’une station météorologique locale pour informer les pêcheurs des aléas climatiques éventuels et de l’état des houles;

 la construction de structures protectrices dans le cadre d’un PDA ou un VDP : construction d’un Point de Débarquement Aménagé (PDA) ou préférentiellement un Village de Pêcheurs (VDP) car ce dernier inclut l’établissement d’une digue permettant à l’activité de pêche d’être à l’abri des conditions météorologiques et maritimes et de protéger les outils des endommagements éventuels ; le rendement de l’activité en serait optimisé. L'aménagement comprend également le développement des principales infrastructures liées à la commercialisation (halle au poisson, magasins pour les pêcheurs ainsi que la mise en marche des fabriques de glace), ainsi que des locaux administratifs destinés aux formations et au suivi des ressources.

L’axe 4 met l’accent sur les capacités d’adaptation face aux problèmes posés par la sécheresse aux agriculteurs de la région à travers cinq principales actions, notamment :

 creusement d’impluviums et réhabilitation des anciens bassins destinés à la collecte des eaux de ruissellement ; l’action cible l’augmentation de la capacité de stockage des eaux ;

 l’approvisionnement de la population en semences sélectionnées adaptées à la sécheresse et sous le contrôle de l’état ;

 l’encadrement des agriculteurs par la vulgarisation de techniques modernes d’irrigation tel le goûte à goûte ;

 le reboisement et la plantation d’arbres fruitiers (olivier, amandier, caroubier) plus résistants à la sécheresse. Cette action nécessite une étude préalable pour la détermination des terres et des espèces à reboiser ;

 la création d’une pépinière locale pour développer les variétés rustiques.

L’adaptation contre les inondations constitue le thème principal des actions proposées par les agriculteurs dans le cadre de l’axe 5, à travers :

 la construction d’un barrage collinaire pour le stockage des eaux de pluie et se protéger contre les inondations;

 l’encouragement des agriculteurs pour construire des infrastructures de stockage de l’eau superficielle : seuils en pierres sèches et seuils en gabion;

 le nettoyage et curage des lits d’oueds, afin d’éviter lors des inondations, que les habitants soient envahis par leurs propres déchets ;

 la plantation dans les berges des oueds d’espèces à croissance rapide afin de permettre de consolider et de fixer les berges;

 la construction de routes et de voies de passages pouvant résister aux inondations afin d’éviter l’isolement et l’enclavement qui empêche de se rendre aux centres de santé, au marché, à l’école, en raison de la destruction des routes par les inondations. Cette action nécessite au préalable une étude sur le tracé des voies de desserte ;

 la sensibilisation des acteurs locaux, notamment les services chargés de l’habitat et de l’urbanisme sur la nécessité de revoir les normes suivies lors de la planification du territoire et l’établissement des plans d’aménagement et d’urbanisme.

A fin d’augmenter les capacités d’adaptation de la population locale face aux impacts des changements climatiques, il a été proposé de développer quelques activités qui ne sont pas influencé directement par les changements climatiques. Les actions proposées dans ce sens constituent l’axe 6 à travers :

 la réalisation d’études pour la valorisation des plantes aromatiques et médicinales existant dans la région, notamment à Colombo qui renferme plusieurs variétés;

 la valorisation des produits du caroubier (résistant à la sécheresse) destiné à plusieurs usages notamment l’alimentation du bétail et la fabrication d’huile;

 le développement de l’apiculture dans la région de Gourougou ;

 la création de coopératives et d’associations professionnelles pour renforcer les capacités des communautés à lutter contre les impacts des changements climatiques et valoriser les produits locaux.

Le plan d’action complet pour une gestion intégrée des zones côtières adapté au contexte des changements climatiques pour la commune rurale de Beni Chiker est représenté dans l’annexe 2.

4- Plan d’action adapté par le projet ACCMA pour la Commune de Boudinar

4.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques

La révision du Plan d’action de GIZC du projet CAP Nador pour la Commune rurale de Boudinar a permis d’identifier les actions vulnérables aux impacts des changements climatiques qui nécessitent une adaptation (tableau 27). Tableau 27: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et critère de pertinence de révision pour la Commune rurale de Boudinar

Objectifs spécifiques du Plan d’action Actions programmée, vulnérable et Critères de pertinence de la du Projet Cap Nador (SMAPIII) à adapter révision des actions

S1.1. Augmenter et diversifier la masse Action 1.1.1.2 Élaboration et mise Résistance des espèces à forestière de la commune en suivant en œuvre d’un plan de reboisement reboiser aux effets des des critères écologiques et de fixation sur des terrains forestiers sensibles à changements climatiques. du sol. l’érosion.

S1.2. Contribuer à la restauration et Action 1.2.1.1. Étude protection d’agro-écosystèmes et de d’identification et de détermination Choix des superficies à sols dégradés et à la diversification de la de la surface agricole à restaurer en reboiser en fonction de la production agricole. tenant compte des problèmes sensibilité à l’érosion. érosifs.

S.3.1 Maîtriser la transformation Prise en compte des risques Action 3.1.1.1 Elaborer un plan progressive de l’habitat rural en naturels accentué par les CC d’aménagement pour la zone agglomération côtière. dans le plan côtière de la commune. d’aménagement.

S4.1. Concevoir des infrastructures Action 4.1.2.1 Réalisation d’une routières qui permettront la Résistance des pistes et des étude qui détermine les pistes, voies communication entre les douars, et les voies vis-à-vis du risque de communication à construire autres communes ainsi que l’ouverture d’inondation et d’érosion et/ou à réhabiliter dans la vers la zone côtière. hydrique. commune.

La vulnérabilité mise en relief par les études thématiques et les ateliers de concertation avec les parties prenantes de la Commune de Boudinar couvre essentiellement trois aspects :

- l’occurrence de sécheresses répétées et la fréquence de perturbations des paramètres climatiques ;

- l’état très avancé de l’érosion observée qui se traduit par l’extension de la classe des terres à risque d’érosion élevé à très élevé sur près de 77,5% des terres ;

- l’exposition négative du réseau routier aux effets endommageant des crues et des inondations. Des risques d’inondations croissant impacteraient beaucoup plus le réseau de transport. La carte des zones inondables montre que, pour des scénarios de crues décennale et centennale, des longueurs respectives de 0,7 et 1,3 km de la rocade pourrait être menacée par la submersion temporaire. Pour les routes secondaires (pistes automobiles et sentiers) qui constituent un nerf vital pour la mobilité et les activités socioéconomiques de la population riveraine, les longueurs des tronçons routiers à risque d’inondation seraient respectivement de 1,3 et 11,1 km en cas de crues décennales ; et de 2,6 et 15,3 km en cas de crues centennales.

A ce titre, les recommandations proposées pour l’adaptation des actions jugées vulnérables concernent principalement :

i. la prise en compte par le plan de reboisement de protection antiérosif (Action 1.1.1.2) des aléas du changement climatique dans le choix des espèces à reboiser, en intégrant des espèces rustiques adaptées à la sécheresse et à tempérament plastique vis-à-vis de conditions climatiques changeantes ;

ii. accorder la priorité d’intervention aux superficies agricoles à restaurer (Action 1.2.1.1) correspondant aux classes d’aménagement antiérosive A3, B1 et B2 (figure 94) ;

iii. l’aménagement des routes et des voies de circulation (Action 4.1.2.1) loin des cours d’eau, et leur protection contre les inondations par l’entretien et la confection d’ouvrages d’art ;

iv. l’interdiction, à travers le plan d’aménagement de la zone côtière de la commune (Action 3.1.1. 1) des constructions d’habitats à proximité des cours d’eau ; et la lutte contre les habitats clandestins.

v. la prise en compte par les décideurs des changements climatiques dans tout plan d’aménagement communal futur.

4.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les parties prenantes

Au termes des études thématiques de vulnérabilité, et à l’issue de plusieurs ateliers de sensibilisation et de concertation organisés au profit des acteurs locaux et de la population locale au sujet des changements climatiques ainsi que des mesures d’ atténuation et d’adaptation, les principaux aléas climatiques sujets d’inquiétude collective restent les inondations, la sécheresse, l’irrégularité des pluies, ainsi que les problèmes d’érosion des sols. Face à ces aléas, les actions prioritaires d’adaptation proposées par les parties prenantes ont été hiérarchisées en plusieurs axes, à savoir :

Axe 1 : Mise en place de mesures pour contrecarrer les dommages provoqués par les inondations ;

Axe 2 : Détermination des aires prioritaires pour les aménagements antiérosifs, et conception et spatialisation des mesures antiérosives ;

Axe 3 : Mise en œuvre de pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation de la communauté agricole au problème de la sécheresse ;

Axe 4 : Développement d’autres activités génératrices de revenu peu sensibles aux impacts des changements climatiques.

Face aux inondations soulevées par l’axe 1, quatre principales mesures d’adaptations ont été retenues par les parties prenantes, notamment :

 aménagement des infrastructures de base, notamment la construction de routes et des ponts;

 aménagement des voies de passage des eaux des pluies et promotion des petits aménagements hydrauliques ;

 nettoyage des oueds pendant l’été pour être prêts à recevoir l’eau de pluie pendant l’hiver ;

 interdiction et lutte contre les constructions dans les lits d’oueds et dans les régions menacées d’inondation.

Par ailleurs, l’érosion hydrique dans la Commune de Boudinar est très active et s’exprime par toutes les formes d'érosion (de l'érosion en nappe jusqu'aux ravinements et badlands) ; d’où la nécessité de mettre en place immédiate d’actions de lutte contre l’érosion. A ce titre, les mesures d’adaptation proposées à l’axe 2 se focalisent spécialement sur :

 la détermination de l’aménagement antiérosif approprié pour chaque zone prioritaire d’action selon l’intensité d’érosion. Les classes d’aménagement antiérosif sont représentées dans la (figure 94) ;

 l’encadrement des agriculteurs, la vulgarisation des techniques antiérosives et d’amélioration de la fertilité des sols.

La Commune rurale Boudinar a récemment vécue des périodes de sécheresse successives ayant engendré des pertes de récolte agricole, des dégradations de sol et une diminution qualitative et quantitative des ressources en eaux de surface et souterraine. Face à ces contraintes d’ordre climatique, l’axe 3 est décliné en plusieurs mesures destinées à l’adaptation des communautés agricoles, notamment par :

 la promotion de l’exploitation, de la planification et de la gestion locale des ressources en eau par l’utilisation de l’irrigation localisée en zone irriguée ;

 la construction d’un barrage collinaire pour la conservation des eaux de surface et l’alimentation des eaux souterraines ;

 la construction des impluviums et de bassins de décantation pour le stockage de l’eau destinée aux travaux ruraux et l’abreuvage du cheptel (Photo 18);

 l’inventaire des ressources en eau souterraine, la construction de puits et de canalisations pour l’irrigation des zones agricoles ;

 l’utilisation de variétés résistantes à la sécheresse telles que l’olivier, le cactus, l’amandier, le grenadier et le caroubier.

Figure 94:Classes d’aménagement anti-érosif dans la Commune de Boudinar Légende C1 : Aucune grande surface n’est à traiter, construction A1 : Apport d’engrais organiques pour améliorer la structure du de seuils le long des ravines, la protection du sol est sol, rotation avec des légumineuses, maintien des résidus de bonne aussi longtemps que la végétation est récolte ; maintenue ;

A2 : Mesure de A1 valables, en fonction de la sévérité des C2 : Aucun traitement ne s’avère nécessaire, la limitations ; labour en courbes de niveau, éléments de banquettes protection du sol est bonne aussi longtemps que la association à la plantation fruitière, banquettes de diversion ; végétation est maintenue ;

A3 : Aménagement des terrains en terrasses, plantation suivant D0 : Aménagement des terrains en terrasses, les courbes de niveau, construction de murettes ou cordons de embroussaillement, introduction d’espèces pierres, petits seuils en pierres sèches le longs des rigoles ; fourragères, traitement biologique des ravines, etc.

B1 : Plantation d’arbres fruitiers suivant les courbes de niveau, D1 : Embroussaillement, construction de petits seuils construction de cordons de pierres, traitement biologique des en pierres sèches, seuils biologiques, grands seuils en ravines, seuils en gabions ; pierres sèches, plantation de cactus, d’agave dans les dépôts en amont des seuils ; B2 : Plantation suivant les courbes de niveau, construction de cordons de pierres, petits seuils le long des rigoles, installation des D2 : Mesure de D1, avec embroussaillement généralisé seuils déversoirs liés aux banquettes ; D3 : Aucun traitement aussi longtemps que l’extension C0 : Reboisement domanial ; spatiale reste limitée.

Photo 18: Réservoir de collecte d’eau dans le douar de Tizza

En complément aux mesures citées ci-dessus, le quatrième axe des priorités regroupe les actions d’adaptation destinées au développement d’activités génératrices de revenus à travers les mesures suivantes :

 la réalisation d’études sur les potentialités de la région en matière de valorisation des plantes aromatiques et médicinales) ;

 l’encadrement des agriculteurs sur l’exploitation de la figue, son stockage et sa commercialisation;

 le développement de la production du cactus).

Le plan d’action complet pour une gestion intégrée des zones côtières adapté au contexte des changements climatiques pour la commune rurale de Boudinar est représenté dans l’annexe 3.

5- Plan d’action Adapté par le projet ACCMA pour le littoral Saïdia – Ras El Ma

5.1 Actions jugées vulnérables et recommandations d’adaptation aux changements climatiques

La révision des actions planifiées pour la GIZC dans le cadre du projet EL Kala/Moulouya (SMAPIII) pour le littoral Saïdia – Ras El Ma, sur la base des résultats des études thématiques, a permis d’identifier les actions vulnérables de ce plan aux impacts des changements climatiques (tableau 28).

Tableau 28: Objectifs spécifiques du plan d’action SMAPIII, actions à réviser et critère de pertinence de révision pour le littoral de Saïdia Ras - El Ma Objectifs spécifiques du Plan Actions programmée, vulnérable et à Critères de pertinence de la d’action du projet El adapter révision des actions Kala/Moulouya (SMAPIII) S2.1. Encadrer l’extension des Action. 2.1.1 : Identification de nouvelles Durabilité des emplacements des agglomérations dans les zones zones urbanisables sur des terres à très zones urbanisable vis-à-vis du sensibles (SIBE) et zones à risques. faible potentiel agricole. risque d’inondation.

S2.2. Préservation des sites sensibles Action. 2.2.2 : Renforcement des ouvrages Durabilité des ouvrages de naturels et Restauration des milieux de Réhabilitation des dunes sur la frange réhabilitation vis-à-vis de endommagés. littorale (Site FADESA-Saïdia et cap de l’eau). l’érosion côtière.

Action.3.2.1 : Elaboration d’un plan intégral Dynamique côtière estimée à S3.2. Gestion du stock sédimentaire pour la gestion du stock sédimentaire du moyen et à long terme (érosion et et lutte contre l’érosion côtière. littoral. sédimentation).

La vulnérabilité du plan initial de GIZC (Projet El Kala/Moulouya) du littoral Saïdia – Ras El Ma, mise en relief à travers les études thématiques de vulnérabilité (Chapitre III) et les divers ateliers participatifs, apparaît essentiellement au niveau de :

i. l’importante étendue des zones à risque d’inondation très élevé, estimée à 121,85 ha, soit 11,1% de la surface totale des zones à risque d’inondation lorsqu’il s’agit d’identifier de nouvelles zones urbanisables sur des terres agricoles à faible potentiel ;

ii. le manque d’intégration des contraintes des changements climatiques (ENM, érosion côtière, inondations, sécheresses) dans les campagnes de sensibilisation en matière d’environnement, de risques naturels et de conséquences économiques destinées aux promoteurs immobiliers et aux investisseurs ;

iii. l’intensité de l’érosion au niveau de l’embouchure de la Moulouya caractérisée par un taux maximum de -10,94 m/an ; et au niveau Est du port de Ras EL Ma avec un taux plus fort d’accrétion de valeur maximale + 5,74 m/an.

Face à ces aspects de vulnérabilité, les recommandations proposées par les parties prenantes concernent essentiellement :

i. la prise en compte et l’Intégration effective de l’augmentation des risques d’inondation et des risques liés aux changements climatiques dans tout plan d’aménagement ou d’urbanisation (DR1-1-2), en particulier par l’interdiction de tout aménagement dans les zones inondables les plus sensibles ;

ii. l’intégration des considérations des changements climatiques dans toute campagne de sensibilisation au respect de l’environnement (DR1-1-3) et à la gestion des risques naturels et des conséquences économiques (V1-1-2) par la proposition de mesures d’adaptation afin d’inciter les gens à modifier leur comportement ;

iii. face à l’érosion côtière (DR2-1-2), l’abandon des constructions d’ouvrages «durs» sur le littoral (caractère naturel) et l’utilisation des solutions «softs» (exemple : la construction ou le renfort des dunes et le remblayage artificiel permet d’augmenter la largeur de la plage et constitue également une source de sédiments pour les dunes ;

iv. la prise en compte à court, moyen et long termes de la dynamique côtière dans le contexte des changements climatiques pour l’établissement du plan intégral de gestion du stock sédimentaire (V1- 2-1).

5.2 Priorités d’intervention et mesures d’adaptation proposées par les acteurs locaux

Les ateliers organisés dans la province de Berkane et les communes avoisinantes pour sensibiliser les acteurs locaux et la population aux aléas des changements climatiques ont permis d’hiérarchiser les propositions prioritaires d’adaptation. Celles-ci sont focalisées sur trois aspects, à savoir : la protection du SIBE de

l’embouchure de la Moulouya, la protection face aux inondations et la lutte et l’adaptation face à la sécheresse. Les mesures proposées par les parties prenantes sont structurées en 7 axes, notamment :

Axe 1 : Protection de l’environnement côtier du site contre l’érosion côtière, et préservation du SIBE

Axe 2 : Mise en place de mesures d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer

Axe 3 : Protection des villes de Berkane et de Saïdia et des communes avoisinantes contre les crues et les inondations.

Axe 4 : Facilitation de l’acquisition du petit matériel aux pêcheurs pour l’amélioration des conditions de travail et des revenus.

Axe 5 : Amélioration de l’équipement des barques et approvisionnement des pêcheurs en matériel d’orientation face aux vents violents et à l’imprévisibilité climatique.

Axe 6 : Mise en œuvre de pratiques agricoles résilientes favorisant l’adaptation de la communauté agricole au problème de la sécheresse.

Axe 7 : Développement d’activités génératrices de revenu en collaboration avec les associations et les coopératives locales.

La protection du littoral contre l’érosion côtière (Axe 1) est déclinée à travers les adaptations suivantes :

 fixation mécanique des dunes combinée avec des techniques biologiques : installer les ganivelles dans la côte Est de l’embouchure de la Moulouya, et par la suite la plantation par des espèces fixatrices telles que Acacia cyclops en tenant compte de l’influence des vents dominants. Les clôtures vont capter le sable apporté par la mer ou les vents et favoriser ainsi la reconstitution des dunes ; mais aussi limiter la fréquentation des dunes qui contribue à leur érosion.

 protection du haut de plage avec un front en enrochement, et pavage de gabions en arrière plan « technique de Pic de rochers ». Cette technique préconisée aux points a1, a2, a3, a4 de la carte (Figure 95), va permettre de protéger les installations de palissade sur les dunes et l’installation de végétation fixatrice de dune sur la rive droite. Aux points a11, a13, a15, a16 de la carte (Figure 95), cette technique va contribuer à protéger la forêt d’eucalyptus situé entre la côte et la voix de communication contre la remonté des vagues.

 l’installation de murs en bois. Les murs en bois sont des structures verticales dont le rôle est de protéger le cordon dunaire et la zone humide contre les vagues de forte intensité. L’installation est prévue aux points a7, a9, a10 de la figure 95.

 le revêtement des dunes en pente. Les revêtements sont des structures qui reposent sur une surface en pente. Pour permettre leur application, la pente doit être relativement régulière et près de son angle d'équilibre ; soit 1 mètre de hauteur sur 2 mètres de largeur pouvant aller jusqu'à 4 mètres de largeur. Les emplacements sujets au revêtement correspondent aux points a5, a6, a8, a12 et a14 de la figure 95.

 l’alimentation artificielle des plages les plus exposées à l’érosion. Le rechargement artificiel des plages consiste à apporter 100 000 m3 de sable sur la plage de Saïdia et le coté Est du port de plaisance de Saïdia. Il faut s'assurer que le sable réintégré dans le système côtier corresponde dans ses

caractéristiques physico-chimiques. Le dragage du sable en excès dans l’Est du port de Ras EL Ma et dans l’Ouest du port de plaisance de Saida peut servir à l’approvisionnement.

 la préservation du SIBE de la Moulouya par l’interdiction de toute construction à l’intérieur du SIBE, la poursuite des efforts de fixation des dunes, et la limitation et le contrôle de la fréquentation humaine, l’interdiction de la circulation des véhicules, et la préservation de la dynamique naturelle des milieux.

Figure 95: Zone d’intervention contre l’érosion sur le cordon dunaire à l’embouchure de la Moulouya

Face à l’élévation du niveau de la mer, les mesures d’adaptation proposées dans l’axe 2 sont les suivantes :

 le rehaussement des infrastructures portuaires. Ces zones portuaires sont avérées comme des zones à risque d’inondation, et nécessitent une protection. Le premier port de plaisance de Saïdia (zone du projet FADESA), est protégé contre les houles du large par une digue de 820 m et une contre digue de 360 m de long. Le port de Ras Kebdana, situé à l’extrémité ouest dans la commune rurale de Ras El Ma, est protégé contre les houles du N et NW par des ouvrages constitués au nord par une jetée principale de 493 m, et contre celles de l’Est par une jetée secondaire de 523 m. Les mesures à apporter consisteraient entre autres à surélever progressivement la crête des digues jusqu’à une valeur légèrement supérieure au niveau d’inondation maximum (2m supposé à l’an 2100) ;

 l’appui à la reconversion du mode de production de l’agriculture vers l’aquaculture (Aaouine et al, 2009) pour les zones à risque d’ENM élevée. En effet, avec un niveau d’élévation de 0,5 m à l’horizon de 2050, près de 0,47 km² de la superficie totale occupé par les terres agricoles irriguées situées au niveau de l’embouchure de l’Oued du Moulouya serait perdu ; ces terres souffrent déjà d’une forte salinisation des eaux et des sols et sont de plus en plus abandonnées. La reconversion de l’agriculture vers l’aquaculture est une option qui nécessite une forte composante de sensibilisation et de formation.

La protection des villes de Berkane et de Saïdia, et des communes avoisinantes contre les crues et les inondations (Axe 3) a soulevée les actions d’adaptation suivantes :

 la construction de fossés d’évacuation des eaux de pluie, notamment par l’aménagement de fossés longitudinaux qui collectent les eaux des crues des bassins versants de la partie Est des reliefs, puis l'évacuation de ces eaux par des fossés transversaux vers la mer Méditerranée ; le reste étant cheminé par un fossé longitudinal vers la Moulouya ;

 le reboisement des bassins versants ; les aménagements à réaliser au niveau de la plaine doivent être accompagnés par des mesures d'aménagement des bassins versants concernant l’Oued Mansour. Les bassins versant qui dominent la plaine sont peu boisés et mériteraient une action de grande portée. Le reboisement concernerait les terrains domaniaux en priorité du fait du statut juridique « melk » de nombreux terrains ;

 le curage de Saguitat Boudlal et Ain Chabak pour permettre d’extraire les dépôts (boues, sables, gravats) accumulés dans le réseau et assurer une amélioration des écoulements des eaux ;

 l’information et la sensibilisation de la population aux risques d’inondations, notamment sur les causes du risque, ses conséquences et ses impacts à court et à moyen terme. La sensibilisation des décideurs à la problématique des risques et leurs impacts sur l’environnement est une action à envisager notamment par les spécialistes de la communauté scientifique. La sensibilité à cette problématique n'est pas dans tous les esprits. En effet il a été constaté que le tracé des « Chaâbats » ou des zones inondables ne sont pas intégrés au plan d'aménagement ; c’est le cas notamment de la ville de Saïdia qui est installée dans une zone plaine à risque d’inondation ;

 la préparation aux catastrophes et l’implantation de dispositifs de surveillance et d’alerte. L’inondation est un risque prévisible dans son intensité, mais il est difficile de connaître le moment où elle se manifesterait. La prévision des inondations consiste principalement en une observation continue des précipitations. En effet les prévisions météorologiques sur 24 et 48 heures permettent d’informer à l’avance des fortes perturbations climatiques qui risquent de provoquer une catastrophe.

Deux principales actions d’adaptations ont été proposées pour l’amélioration des conditions de travail des pêcheurs et l’acquisition facilitée de petit matériel (Axe 4), à savoir :

 la création d’une « Banque de matériel de pêche », gérée par l’association des pêcheurs ;

 l’octroi de facilités pour l’achat des filets améliorés et de l’outillage de pêche, notamment à travers le prêt ou la vente à des prix réduits.

L’axe 5 focalisé sur l’amélioration de l’équipement des barques et l’approvisionner les pêcheurs en matériel d’orientation faire face aux tempêtes et à l’imprévisibilité climatique regroupe 4 principales actions d’adaptation, notamment :

 l’équipement des barques en GPS et Radio pour le guidage et la transmission, en particulier en cas d’événement extrême;

 la mise en place et l’expérimentation d’un système communautaire d’alerte et de prévention pour favoriser la protection (sécurité) des pêcheurs ;

 l’équipement des pêcheurs en glacières mobiles;

 la création d’une petite fabrique de glace dans la zone.

L’agriculture constitue la principale activité dans la zone côtière Saïdia - Ras El Ma. La lutte et l’adaptation à la sécheresse des communautés agricoles (Axe 6) sont une nécessité face à la pénurie d’eau causée en partie par la sécheresse prolongée et des précipitations très réduites et souvent sous forme d’averses. A ce titre, les actions proposées par les parties prenantes concernent principalement :

 La récupération et le stockage des eaux de pluie pour l’abreuvage du bétail et les activités de reproduction pendant les périodes de sécheresse, à travers la construction des bassins de récolte ;

 la vulgarisation des techniques de stockage, de conservation et de conditionnement des récoltes et des semences ;

 la formation des populations sur les techniques de gestion conservatoire de l’eau et de la fertilité des sols ;

 l’utilisation des techniques ou produits pour conserver l’humidité du sol ;

L’axe 7 est focalisé sur le développement des activités génératrices de revenu en collaboration avec des associations et coopératives locales, moyennent les actions d’adaptation ci-après :

 La réalisation d’études pour déterminer les potentialités de la région;

 la création d’activités génératrices de revenus (élevage de moutons, de lapins, de dindes et de poulets, etc.) ;

 l’organisation de foires et de manifestations agricoles pour promouvoir la commercialisation par les associations et coopératives agricoles locales des récoltes et des produits de la région.

Le plan d’action complet pour une gestion intégrée des zones côtières adapté au contexte des changements climatiques pour le littoral de Saidia Ras El MA est représenté dans l’annexe 4.

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Annexes

Annexe 1: Le plan d’action complet pour le site de la Lagune de Nador Le plan d’action complet pour le site de la Lagune de Nador Objectifs Généraux Objectifs Spécifiques Actions G1. Améliorer les S.1.1. Élaborer et faire Action 1.1.1. Réalisation d’études préliminaires qui conditions de travail approuver un plan de gestion permettront la mise en place d’une pêche durable sur la et de vie des de la pêche artisanale dans la lagune. pêcheurs artisanaux lagune de Nador. Action 1.1.2. Elaboration, approbation et mise en œuvre et contribuer à la d’un rapport de gestion de la pêche avec une révision durabilité de continue au regard de l’évolution rapide des processus l’exploitation des biologiques et écologiques des espèces. ressources Action 1.1.3. Journées de formation et sensibilisation aux halieutiques. bénéfices de la mise en œuvre d’un rapport de gestion au profit des pêcheurs artisanaux. S.1.2. Améliorer les revenus Action 1.2.1. Formation des pêcheurs participant au projet des pêcheurs à travers des écotouristique : trésorerie, administration, conditions de activités écotouristiques. sécurité, animation. Action 1.2.2 Elaborer et mettre en place une stratégie de marketing et de communication. Action 1.2.3 Construire un bateau prévu pour l’activité d’une capacité d’environ 60 personnes. Acquérir le matériel nécessaire pour la pêche récréative et pour la sécurité des biens et des personnes. Action 1.2.4 Aménagement d’un point de restauration, de type « naturel » construit avec des structures légères, au niveau de Boukana. G2. Améliorer la S.2.1. Remettre une tranche Action 2.1.1. Etude pour l’organisation de l’accès aux qualité écologique et du cordon dunaire à l’état véhicules à moteur sur le cordon dunaire de Boukana avec paysagère des sites naturel, avec une végétation une attention particulière sur les zones à risque (érosion et réduire les risques climax pour lutter contre côtière et ENM). naturels. l’érosion, augmenter la Action 2.1.2. Aménagement de voies de passage sur le qualité écologique et du cordon dunaire. Limiter l’accès aux parties sensibles du paysage. cordon dunaire par la plantation de ganivelles (clôture en bois) et mettre en place des panneaux de signalisation pour les zones ou la circulation des véhicules et interdite. Action 2.1.3. Restauration de la couverture végétale des espaces clôturés par des essences climax du cordon dunaire. S.2.2. Promouvoir la Action 2.2.1. Mise en place des panneaux de connaissance des valeurs sensibilisation sur la fragilité de l’écosystème, le naturelles du site et comportement respectueux avec la nature, et de développer un comportement vulgarisation des connaissances naturelles. respectueux envers la nature Action 2.2.2. Mise en place d’un programme d’éducation à de la part de la société civile. l’environnement des valeurs naturelles du cordon dunaire à travers des sorties de terrain et au sein du centre d’éducation environnementale de Gourougou. S.2.3 Réduire les rejets des Action 2.3.1. Sensibiliser les agriculteurs de Bouareg sur déchets liquides non assainis les impacts de la pollution chimique sur les écosystèmes dans la lagune et dans les lagunaires, causée par les pesticides et les produits oueds. phytosanitaires dans l’agriculture et la nécessité d’une utilisation rationnelle. G3. Contribuer à S.3.1. Développer des moyens Action 3.1.1. Aménagement et construction des voies de l’amélioration de la financiers, matériels et communication afin de rendre l’ensemble des quartiers

gestion des déchets techniques pour les accessibles aux engins de collecte solides du grand communes. Action 3.1.2. Mise en place d’un itinéraire cohérent Nador. prenant en compte les nouveaux quartiers et les zones éloignées Action 3.1.3. Attribution de crédits pour les communes déficitaires afin d’aider au financement de la collecte. Action 3.1.4. Ouverture du groupement des communes de l’environnement à des partenariats nationaux et étrangers. Action 3.1.5. Optimisation du recours aux nouveaux outils financiers tel que celui du Mécanisme de Développement Propre (MDP) du protocole de Kyoto. S.3.2. Sensibiliser et éduquer Action 3.2.1. Etablir des campagnes de sensibilisation les populations à la collecte et auprès de la population sur les conséquences des rejets au recyclage des déchets. des déchets ménagers dans milieu naturel, et la collecte des déchets. Action 3.2.2. Organiser des ateliers, travaux pédagogiques auprès des enfants scolarisés sur des thèmes en rapport avec l’environnement. G4. Révéler le S.4.1. Identifier les zones Action 4.1.1. Etablir un plan de mise en valeur des rivages potentiel d’intervention particulières et de la lagune. urbanistique et obtenir une vision locale et Action 4.1.2. Réaliser une étude des circuits (terrestres et établir les globale des commune marins) qui valoriseront et révéleront le potentiel documents limitrophes à la Mar Chica afin environnemental de la lagune et de ses alentours et qui d’urbanisme de la de mener des politiques tiendront compte des impacts des inondations et de lagune et son d’aménagements urbaines et l’ENM. voisinage, ainsi que de préservation de Action 4.1.3. Protéger le cordon dunaire des impacts mettre à niveau les l’environnement cohérent. humains (urbanisation, pollution, perte de la biodiversité) quartiers non par l’application de servitudes de prote l’établissement restructurés. d’un PA (Plan Aménagement) et délimitation de zones à vocation spécifique. S.4.2. Elaborer un programme Action 4.2.1. Réunions et concertations avec les parties de réalisation des prenantes et notamment la société civile dans la équipements avec la planification des besoins en terme d’équipements par participation parties quartier. prenantes afin de remédier au déficit d’infrastructure. S.4.3. Organiser le transport à Action 4.3.1. Etablir une étude de la circulation pour Nador et Béni Ensar avec l’ensemble du voisinage de la lagune. l’élaboration d’un schéma directeur de circulation urbaine. S.4.4. Maîtriser et absorber Action 4.4.1. Elaboration d’une étude portant sur l’habitat l’urbanisation illégale et clandestin et interdire les constructions dans les zones à anarchique. risque d’inondation. Action 4.4.2. Elaboration des plans de restructuration des quartiers pour les communes de la lagune Nador et Beni Ensar. Action 4.4.3. Sensibiliser les associations de quartier à participer dans l’élaboration des plans de restructurations. S.5.1. Protection de Action 5.1.1. La mise en place d’un observatoire du niveau G.5 Mettre en place l’environnement côtier de la de la mer dans le port de Beni Ensar. des mesures lagune de Nador contre Action 5.1.2. Stabilisation et fixation des dunes du cordon d’adaptation aux l’élévation du niveau de la dunaire dans la partie de Beni Ensar, Boukana, Al impacts des mer et l’érosion côtière. Mouhaindis, El Jazira et Kariat Arekmane, changements Action 5.1.3. Le rechargement de la plage de Kariat

climatiques. Arekmane pour compenser le déséquilibre crée par l’érosion, S.5.2. Protection de la ville de Action 5.2.1. La protection des berges de l’oued Cabaylo Nador et des communes et oued Akhandok. avoisinantes contre les crues Action 5.2.2. L’endiguement de l’oued Cabaylo, Akhandok et les inondations. par la réalisation de digues qui longent le cours d'eau sur ses deux berges. Action 5.2.3. Le curage systématiques du fond de l’oued Cabaylo et oued Akhandok Action 5.2.4. Construction des retenus d’eau tels que les barrages collinaires pour le stockage et le laminage des crues à l'amont des zones menacées. Action 5.2.5. Le reboisement des versants bordant la lagune plus particulièrement dans les versants de Beni Bouyafour et Kebdana. Action 5.2.6. L’instauration d’un système d’alerte au niveau des écoles. Action 5.2.7. Etablir un Plan de Protection contre les inondations. S.5.3. Améliorer Les Action 5.3.1. Construction d’un Point de Débarquement conditions de travail des Aménagé au niveau d’Arjel. pêcheurs et préserver le stock Action 5.3.2. La modernisation de la flottille de pêche halieutique. artisanale. Action 5.3.3. Préservation du stock halieutique (récifs artificiels). Action 5.3.4. Élaboration d’un programme formation de pêche artisanale. Les contenus des cours doivent considérer : amélioration de l’efficacité de la pêche, la durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques, l’entretien des filets de pêche, et la mécanique des moteurs des barques. Action 5.3.5. Mise en place d’un programme de formation itinérant de la pêche artisanale. Action 5.3.6. Célébration de l’assemblé générale constitutive ayant pour objet l’approbation du statut et l’élection des membres du conseil d’administration. Action 5.3.7. Institution de la coopérative et démarrage des activités.

Annexe 2: Le plan d’action complet pour la commune rurale de Beni Chiker

Le plan d’action complet pour la commune rurale de Beni Chiker Objectifs Généraux Objectifs spécifiques Actions G1. Protéger S.1.1. Restaurer la couverture Action 1.1.1. Élaborer et mise en œuvre d’un plan de l’environnement et végétale des zones dégradées, restauration du couvert végétal et d’agroforesterie sur 20- le patrimoine qui contribuera à la lutte 30 hectares de terrains communaux et privés. naturel, notamment contre l’érosion et la au niveau du SIBE. désertification. S.1.2. Réguler les activités de Action 1.2.1. Diagnostic de l’état du gibier dans les forêts chasse et pêche, et le de Béni Chiker. prélèvement des ressources Action 1.2.2. Réintroduire les espèces menacées ou en naturelles. voie de disparition. Action 1.2.3. Renforcer le nombre de garde forestier. Action 1.2.4. Contrôler les activités de pêche sportive non autorisée de type commerciale. S.1.3. Améliorer la Action 1.3.1. Étude sur la richesse et la diversité de la connaissance sur le faune et la flore et de ses principales menaces. patrimoine naturel du CTF et Action 1.3.2. Élaboration de recommandations pour la ses menaces. gestion et protection du SIBE à partir des résultats de MedWetCoast et des établit dans Cap Nador. Action 1.3.3. Réunions et concertations des parties prenantes provinciales, nationales et de la société civile sur les recommandations émises. Action 1.3.4. Elaboration et mise en œuvre d’un plan de communication. Action 1.3.5. Réalisation de campagnes d’information pour la population locale sur les divers enjeux existants (désertification, protection des loups, zone côtière..) et les valeurs biologiques et écologiques de la région. S.1.4. Améliorer la gestion des Action 1.4.1. Mettre à la disposition de la commune le déchets solides et éliminer les matériel nécessaire. décharges sauvages. Action 1.4.2. Etablir une collaboration étroite entre la commune et l’association Tibouda pour une collecte régulière des déchets au niveau du CTF. Action 1.4.3. Informer la population sur les endroits où elle doit déposer les ordures ménagères. Action 1.4.4. Nettoyer les décharges sauvages du centre de la commune, et installer des panneaux interdisant de jeter les déchets. Action 1.4.5. Sensibiliser et informer la population sur le risque que peut causer la présence de points noirs (insectes, odeurs, maladies…). S.1.5. Participer au règlement Action.1.5.1. Conduire des ateliers du problème foncier au participatifs/consultatifs pour aborder le problème du niveau de CTF. foncier et l’occupation des terrains a CTF. G2. Améliorer et S.2.1. Contribuer à la Action 2.1.1. Réaménager l’école au niveau du CTF (village étendre les structuration du secteur de Kahf Dounia). infrastructures de l’éducation et de Action 2.1.2. Promouvoir un réseau de transport base. l’enseignement. économique reliant les principaux douars avec le centre de la commune et avec Farkhana et Nador en tiendront compte du risque d’érosion (les circuits doivent être installés dans les zones les plus stables).

S.2.2. Connecter la commune Action 2.2.1 Réaménager la piste qui va jusqu'à la plage. de Béni Chiker avec la zone côtière notamment le SIBE. S.2.3. Améliorer le secteur Action 2.3.1. Equiper en matériel et en ressources sanitaire humaines le dispensaire communal au niveau du douar de Rahouana. Action 2.3.2. Construire un dispensaire communal au village Tibouda. G3. Maîtriser S.3.1. Établir un schéma Action 3.1.1. Elaborer un schéma d’aménagement du CTF l’urbanisation au d’aménagement du littoral de identifiant des zones à vocation spécifiques. niveau du SIBE et du la commune de Béni Chiker. centre de Beni S.3.2. Valoriser et requalifier Action 3.2.1. Améliorer la qualité de l’espace urbain du Chiker. le centre de Beni Chiker. centre par le revêtement des voiries, la construction d’espaces vert, etc. G4. Soutenir les S.4.1. Insérer la femme dans Action 4.1.1. Promouvoir un programme de lutte contre activités le tissu économique et social l’analphabétisme au niveau du Douar Kahf Dounia en traditionnelles au de la commune réactivant le foyer féminin. profit de la Action 4.1.2. Sensibiliser et encadrer les femmes ayant le population locale. même métier dans une coopérative pour faciliter la commercialisation de leur produit. S.4.2. Appuyer la jeunesse de Action 4.2.1 Construire un club de sport au profit des la commune de Beni Chiker. jeunes de la commune de Beni Chiker. S.4.3. Promouvoir un Action 4.3.1. Sensibiliser la femme locale à promouvoir tourisme responsable. des projets d’écotourisme dans la commune. Action 4.3.2. Former les membres de l’association féminine et toutes les adhérentes en broderie et en céramique. Action 4.3.3. Produire des objets artisanaux et de décorations au niveau du Douar Kahf Dounia. Action 4.3.4. Réaménager le foyer d’hébergement pour les visiteurs/ touristes au niveau du SIBE et l’équiper du matériel nécessaire. Action 4.3.5. Elabore une étude concernant les circuits qui permettraient de valoriser et de révéler le potentiel environnemental de la commune. A.4.3.6. Former des guides touristiques au niveau du CTF. Action 4.3.7. Alimenter le CTF notamment les services de communication (réseaux, Tel, Internet). G.5 Mettre en place S.5.1. Renforcer les capacités Action 5.1.1. Organisation de sessions d’information et de des mesures de la communauté pour faire sensibilisation pour renforcer les capacités des individus à d’adaptation aux face aux effets adverses des faire face aux changements climatiques. impacts des changements climatiques. Action 5.1.2. Action d’alphabétisation des femmes et des changements hommes pour les préparer à mieux assimiler les climatiques. informations des actions de sensibilisations. S.5.2. Renforcer les capacités Action 5.2.1. Réhabilitation de l’unité de fabrique de glace d’adaptation des pêcheurs existant dans le village de Tibouda. face à l’augmentation des Action 5.2.2. Consolidation du fonctionnement efficient et températures et à durable de l’unité de fabrique de glace. l’augmentation des vagues de Action 5.2.3. Equipement des pêcheurs en glacières chaleur. mobiles. Action 5.2.4. Construire un lieu de dépôt et de stockage des poissons. Action 5.2.5. Construction d’un club pour les pêcheurs (café, restaurant, air de repos) au Douar Tibouda. S.5.3. Améliorer les conditions A.2.3.1.Equipement des barques à l’aide de moteur. de travail des pêcheurs pour Action 5.3.2.Création d’un atelier de réparation des

faire face aux impacts de moteurs et de vente de matériel de pêche. changement climatique en Action 5.3.3.Construction d’une station météorologique particulier les tempêtes. locale. Action 5.3.4.Construction de structures protectrices dans le cadre d’un PDA ou un VDP. S.5.4. Vulgarisation des Action 5.4.1. Creusement d’impluviums et réhabilitation pratiques agricoles résilientes des anciens bassins destinés à collecter les eaux de favorisant l’adaptation de la ruissellement. communauté agricole au Action 5.4.2. Raccorder le Douar Tibouda en eau grâce au problème de la sécheresse. puits. Action 5.4.3. Construire deux autres points d’eau au niveau de Kahf Dounia. Action 5.4.4. Approvisionnement de la population en semences sélectionnées adaptées à la sécheresse et sous le contrôle de l’état. Action 5.4.5. Encadrement des agriculteurs et vulgarisation de techniques modernes d’irrigation tel le goûte à goûte. Action 5.4.6. Reboisement et plantation des arbres fruitiers (olivier, amandier, caroubier, vigne) plus résistants à la sécheresse. Action 5.4.7. Création d’une pépinière locale pour développer les variétés rustiques. S.5.5. Mettre en place des Action 5.5.1. Construction d’un barrage collinaire pour le mesures d’adaptation aux stockage des eaux de pluie et se protéger contre les inondations pour diminuer les inondations. risques de dommages aux Action 5.5.2. Encourager les agriculteurs à construire des systèmes naturel et infrastructures de stockage de l’eau superficiel (seuils en socioéconomique. pierres sèches et seuils en gabion). Action 5.5.3. Nettoyage et curage des lits des oueds. Action 5.5.4. Plantation dans les berges des oueds d’espèces à croissance rapide afin de permettre de consolider et de fixer les berges. Action 5.5.5. Construction de routes et de voies de passages pouvant résister aux inondations. Action 5.5.6. Sensibilisation des acteurs locaux, notamment les responsables chargés de l’habitat et de l’urbanisme. S.5.6. Développement Action 5.6.1. Faire des études sur la valorisation des d’autres activités génératrice plantes aromatique et médicinales existant dans la région. de revenu et qui ne sont pas Action 5.6.2. Valorisation des produits du caroubier influencées par les impactes résistant à la sécheresse et utilisé à plusieurs usages des changements climatiques. notamment l’alimentation du bétail et la fabrication d’huile. Action 5.6.3. Développement de l’apiculture dans la région de Gourougou. Action 5.6.4. Création de coopératives et associations professionnelles pour renforcer les capacités des communautés à lutter contre les impacts des changements climatiques et valoriser les produits locaux.

Annexe 3: Le plan d’action complet pour la commune rurale de Boudinar Le plan d’action complet pour la commune rurale de Boudinar G1. Améliorer la S.1.1. Améliorer la qualité Action 1.1.1. Étude pour la sélection de la superficie qualité écologique et paysagère et écologique en dégradée d’intervention en tenant compte des problèmes paysagère et lutter luttant contre l’érosion grâce érosifs et des priorités d’intervention du Service des Eaux contre l’érosion, en à l’agroforesterie. et Forêts, et étude pour la sélection des essences combinaison avec la adéquates et qui contribuent à la lutte contre l’érosion. diversification et Action 1.1.2. Élaboration et mis en œuvre d’un plan de vivification des reboisement sur des terrains forestiers et érosifs en activités agricoles prévoyant des espèces rustiques adaptées à la sécheresse et résistantes au changement violant des conditions climatiques. Action 1.1.3. Ateliers de sensibilisation de la population locale sur les bénéfices de la forêt d’un point de vu écologique, économique et social. S.1.2. Améliorer les capacités Action 1.2.1. Atelier sur l’activité agricole de la commune. techniques et coopératives Action 1.2.3. Atelier sur la production fruitière, des agriculteurs et qui spécialement adressé aux agriculteurs qui participent au contribueront à une projet d’agroforesterie : techniques, valorisation et production et commercialisation de la production. commercialisation plus Action 1.2.3. Formation sur les bénéfices de la production efficaces. fruitière d’une façon coopérative, la procédure de constitution de la coopérative et son fonctionnement. Action 1.2.4. Programme d’alphabétisation continue au profit des agriculteurs qui font partie des associations agricoles. Action 1.2.5. Visite d’étude dans une région marocaine où les coopératives sont bien établies et fonctionne bien. A1.2.5. Institution de la coopérative et démarrage des activités G2. Améliorer les S.2.1. Améliorer les conditions Action 2.1.1. Identifier la localisation du site d’accostage conditions de travail de travail et de vie des sécurisé et évaluer sa durabilité. des pêcheurs pêcheurs artisanaux, Action 2.1.2. Construction d’un PDA doté de artisanaux et organiser les pêcheurs en l’infrastructure nécessaire (ateliers, fabrique de glace - contribuer à la associations et renforcer leurs chambre froide, et structures socio collectives). durabilité de capacités en techniques de Action 2.1.3. Assurer la formation des pêcheurs pour l’exploitation des pêche, sécurité et l’entretien de l’infrastructure du PDA et du matériel de ressources commercialisation. sauvetage et de sécurité. halieutiques. Action 2.1.4. Création de l’association des pêcheurs artisanaux de Boudinar. G3. Maîtriser S.3.1 Maîtriser la Action 3.1.1. Elaborer un plan d’aménagement pour la l’urbanisation de transformation progressive de zone côtière de la commune et qui doit interdire la l’espace côtier en l’habitat rural en construction des habitats à la proximité des cours d’eau et respectant les agglomération côtier. veiller à lutter contre les habitats clandestins. spécificités locales, S.3.2. Valoriser et requalifier Action 3.2.1. Aménagement et construction de la voirie et améliorer le le centre de Boudinar et (trottoirs, revêtements de la chaussée). raccordement et la équiper les différentes Action 3.2.2. Aménagement d’un jardin public. qualité urbanistique agglomérations en réseaux Action 3.2.3. Construction d’un marché quotidien. de l’ensemble de la d’assainissement et de Action 3.2.4. Elargir le réseau d’assainissement pour les commune. dispositifs de collecte des grands douars et la création d’une station d’épuration. ordures appropriés. Action 3.2.5. Elargir la collecte des déchets aux douars limitrophes. Action 3.2.6. Etude pour la réalisation d’une décharge

contrôlée et aménagement. Action 3.2.7. Sensibiliser la population à utiliser la décharge pour le dépôt des déchets ménagers et autres afin d’éliminer les points noirs. S.3.3. Révéler et renforcer le Action 3.3.1. Réaliser un diagnostic des sites d’intérêts patrimoine culturel. historiques, culturels, architecturaux ou autres (site de Sidi Driss) sur la commune de Boudinar et ses alentours. Action 3.3.2. Réhabilitation des sites archéologiques et historiques. G4. Désenclaver le S.4.1. Concevoir des Action 4.1.1. Réalisation d’une étude qui détermine les territoire de la infrastructures routières qui pistes, voies de communication à construire et/ou à commune afin de permettront la réhabiliter sur la commune, ces pistes et voies doivent faciliter communication entre les être loin du cours d’eau et elles doivent être protégées l’accessibilité interne douars et les autres contre les eaux d’inondation par la construction et et l’ouverture vers la communes ainsi que l’entretient des ouvrages d’art. zone côtière. l’ouverture vers la zone Action 4.1.2. Construction/réhabilitation des voies de côtière. communication au regard des résultats de l’étude. G5. Créer de S.5.1. Renforcer et structurer Action 5.1.1. Mise en place d’un programme nouvelles possibilités le secteur artisanal. d’alphabétisation continue au profit des femmes. de revenues, Action 5.1.2. Organiser des formations pour le notamment par renforcement et la structuration du secteur artisanal à l’insertion de la Boudinar notamment pour les femmes. population locale Action 5.1.3. Encadrer les femmes bénéficiant des dans le tissu formations en une coopérative afin d’améliorer la socioéconomique de commercialisation des produits et leurs revenus. la commune. Action 5.2.4. Réalisation d’une étude sur les sites écologiques et paysagers de la commune afin de proposer un circuit écotouristique qui prend en compte les multiples atouts de la zone. Action 5.2.5. Aménagement des structures d’accueil et d’activité sur la plage sidi Driss et sidi Abderazak avec la création de zones de stationnement, et d’équipements nécessaires à l’activité touristique. G.6 Mettre en place S.6.1 Mettre en place des Action 6.1.1. Aménagement des infrastructures de base, des mesures mesures pour contrecarrer les notamment la construction de routes et des ponts. d’adaptation aux dommages provoqués par les Action 6.1.2. Aménagement des voies de passage des eaux impacts des inondations. des pluies et promotion des petits aménagements changements hydrauliques. climatiques. Action 6.1.3. Le nettoyage et le curage des oueds pendant l’été pour qu’ils soient prêts à recevoir l’eau de pluie pendant l’hiver. Action 6.1.4. Interdire et lutter contre les constructions dans les lits des oueds et dans les régions menacées d’inondation. S.6.2 Vulgariser et mettre en Action 6.2.1. Détermination des aires prioritaires pour un palace des mesures aménagement antiérosifs, conception et spatialisation des antiérosives dans les zones mesures antiérosives. les plus touchées par Action 6.2.2. Encadrement des agriculteurs, vulgarisation l’érosion. des techniques antiérosives et d’amélioration de la fertilité des sols. S.6.3 Mettre en œuvre des Action 6.3.1. Promotion de l’exploitation, la planification pratiques agricoles résilientes et la gestion locales des ressources en eau par l’utilisation favorisant l’adaptation de la de l’irrigation localisée dans les zones irriguées. communauté agricole au Action 6.3.2. Construction d’infrastructures de stockage de problème de la sécheresse. l’eau superficiel (seuils en pierres sèches et seuils en gabion).

Action 6.3.3. Construction des impluviums et bassins de décantation pour le stockage de l’eau.

Action 6.3.4. Elaboration d’une étude hydraulique pour la construction de barrages collinaires (Oued Amekrane) afin de protéger les zones inondables, et mise en place des infrastructures. Action 6.3.5. Inventaire des ressources en eau souterraine, construction des puits et canalisations pour l’irrigation des zones agricoles. Action 6.3.6. Réalisation d’ateliers de sensibilisation sur les bénéfices de l’agroforesterie (intérêt économique, écologique et social) au profit de la population et des administrations. Action 6.3.7. Élaboration et mise en place d’un plan d’agroforesterie qui comprendra les espèces fruitières pour la restauration de l’écosystème sur des terrains communaux privés. Action 6.3.8. Utilisation de variétés résistantes à la sécheresse. S.6.4 Développement d’autres Action 6.4.1. Faire des études sur les potentialités de la activités génératrices de région en matière de valorisation des plantes aromatiques revenu et qui ne sont pas et médicinales. influencées directement par Action 6.4.1. Encadrement des agriculteurs sur les impacts des CC. l’exploitation de la figue, son stockage et sa commercialisation. Action 6.4.2. Le développement de la production du cactus. Action 6.4.3. Formation sur la production de fromage au profit de quelques membres d’ATTIR. Action 6.4.4. Acquisition de l’espace pour la mise en place d’une unité de production de fromage. Action 6.4.5. Formation sur la transformation de l’olive en huile au profit de quelques membres d’ATTIR et de l’association d’agriculteurs. Action 6.4.6. Acquisition des matériels nécessaires pour la transformation d’huiles d’olives. Action 6.4.7. Mise en place d’un programme d’alphabétisation continue au profit des participants dans les AGR.

Annexe 4: Le plan d’action complet pour la zone côtière Saidia Ras El Ma Le plan d’action complet pour la zone côtière Saidia Ras El Ma G.1 Réduire la S.1.1 Maîtrise d’usage des Action 1.1.1. Analyse de l’état des lieux au niveau de la Vulnérabilité des ressources dans une optique qualité et la quantité des ressources hydriques. ressources en eaux de Gestion Durable des Action 1.1.2. Réalisation du réseau d’assainissement et Ressources Naturelles. d’une station d’épuration à la commune rurale de Laatamna et pour le complexe Saidia Meditérrannéa. Action 1.1.3. Renforcement des traitements secondaires de la station d’épuration des eaux usées de Berkane. Action 1.1.4. Etablissement d’un plan de gestion intégrée de l’eau. Action 1.1.5. Lancement d’une campagne de sensibilisation auprès des agriculteurs pour l’utilisation rationnelle des engrais et pesticides. Action 1.1.5. Actions de surveillance ou de mise aux normes à prévoir en amont (bassin versant) pour les installations industrielles polluantes, les sites miniers et les décharges. Action 1.1.6. Organisation de campagne de sensibilisation des habitants et des résidents de la station balnéaire à l’utilisation économe de la ressource en eau pour les usages domestiques. Action 1.1.7. Soutien à la reconversion du mode de production (économie d’eau…). G.2 Conservation S.2.1 Maîtrise de Action 2.1.1. Aménagement, en espace vert, d’une des ressources l’urbanisation du littoral. bordure aux alentours du SIBE (En concertation avec les naturelles terrestres élus locaux) et pour limiter l’extension de l’urbanisation et marine vers le SIBE. Action 2.1.2. Identification de nouvelles zones urbanisables sur des terres à très faible potentiel agricole, risque faible d’inondation et sans impact sur le SIBE et Faire bénéficier la population locale des lots de terrain. Action 2.1.3. organisation de journées de sensibilisation au profit des acteurs immobiliers au respect de l’environnement. Action 2.1.4. Adaptation des zonages existants dans les documents d’urbanisme. S.2.2 Conservation et Action 2.2.1. Définir et mettre en place un classement de maintien de la biodiversité du protection du territoire SIBE, en concertation avec les SIBE. acteurs locaux. Action 2.2.2. Renforcement des ouvrages de Réhabilitation des dunes sur la frange littorale (Site FADESA-Saidia et cap de l’eau) par la construction ou le renfort des dunes et le remblayage artificiel. Action 2.2.3. Entretien de la clôture de mise en défens des écosystèmes à Juniperaie. Action 2.2.4. Définition d’un plan de circulation à l’intérieur du SIBE. Action 2.2.5. Surveillance et contrôle du SIBE (Recrutement d’éco gardes). Action 2.2.6. Création d’un centre d’éducation à

l’environnement. Action 2.2.7. Mise en défens du bras mort sur la rive droite et des zones de nidification des Marais de Chrarba et Karbacha. Action 2.2.8. Campagne de prévention et de lutte contre les moustiques vecteurs des maladies et nuisances de la zone littorale.

G.3 Vulnérabilité de S.3.1 Maîtrise de la Action 3.1.1. Intégration des risques majeurs dans les la zone côtière face conurbation de la zone mesures édictées par les documents d’urbanismes et leur aux risques naturels côtière entre Saidia et Cap de mise en application. l’eau. Action 3.1.2. Campagne de sensibilisation des investisseurs sur le problème des risques naturels et de leurs conséquences économiques. Action 3.1.3. Elaboration d’un plan intégral pour la gestion du stock sédimentaire littoral avec une estimation à court, moyen et long terme. S.3.2 Réduction du risque de Action 3.2.1. Étude de cartographie des aléas actuels et l’érosion côtière et de futurs de la zone entre Saidia et cap de l’eau (érosion, l’inondation. Inondations et Changements Climatiques, pollution).

G.4 Renforcement S.4.1 Améliorer le contexte de Action 4.1.1. Formation et renforcement des capacités de des capacités de gestion intégrée des zones la cellule littoral sur les outils d’aide à la décision dans la bonne gouvernance côtières et marines. gestion intégrée de la zone côtière. locale Action 4.1.2. Organiser des séminaires et rencontres à différents échelons (élus locaux, ONG, administrations) portant sur les méthodologies et outils de la GIZC. G.5 Développement S.5.1 Amélioration des Action 5.1.1. Requalification des emplois liés aux secteurs et appui conditions de la population agricoles et touristiques. socioéconomique locale. Action 5.1.2. Création d’un marché local pour les produits du terroir Action 5.1.3. Recyclages des produits plastiques des décharges sauvages et des autres déchets Action 5.1.4. Pose et entretien de clôtures électriques contre les sangliers sur les parcelles sensibles. Action 5.1.5. Etude de faisabilité pour la création d’une coopérative de chasse du sanglier au profit de touristes étrangers. Action 5.1.6. Soutien et incitation à l’organisation professionnelle. S.5.2 Réduction de la pression Action 5.2.1. Développement et Requalification anthropique sur les d’infrastructures (pont, piste…). ressources naturelles. G.6 Développement S.6.1 Protéger et mettre en Action 6.1.1. Faire un suivi de la capacité d’accueil de l’écotourisme valeur les territoires naturels touristique (l'ECAT) à l’aide, d’indicateurs de la zone côtière Moulouya /Saidia. Action 6.1.2. Identification des réalisations en matière d’écotourisme (bilan des activités, pratiques et projets). Action 6.1.3. Intégration des opérateurs dans le processus GIZC. S.6.2 Organisation du secteur Action 6.2.1. Réaliser des études sur la valeur économique éco touristique dans la zone de l’écotourisme dans le site de la Moulouya, incluant les côtière Moulouya /Saidia et études de marché, les études sur les retombées ses régions. économiques engendrées par l’industrie de l’ecotourisme.

Action 6.2.2. Créer et maintenir la Table de concertation sur l’écotourisme et ajuster son rôle pour en faire un mécanisme privilégié de suivi du présent plan d’action. Action 6.2.3. Soutenir les dynamiques locales et régionales en fournissant des outils facilitant l’organisation et la coopération en région des entreprises et des organismes d’écotourisme. Action 6.2.4. Soutenir les initiatives permettant aux associations ou aux regroupements d’entreprises de générer des revenus autonomes et d’accroître leur pérennité. Action 6.2.5. Renforcement des capacités humaines dans le domaine de l’écotourisme. S.6.3 Développer l’offre des Action 6.3.1. Développement des activités de population produits écotouristiques humaine en fonction de la demande des besoins variés et adaptés comme outil exprimées par les activités touristiques existante. de conservation Action 6.3.2. développer et accompagner les entreprises environnemental et de dans leur démarche de certification de la qualité des développement services et dans celle de leurs produits d’écotourisme. communautaire durable. S.6.4 Orienter la promotion Action 6.4.1. Réaliser des actions promotionnelles de l’écotourisme pour concertées avec les principaux partenaires accompagner les autres gouvernementaux, associatifs et régionaux sur les segments de marché variés. marchés. Action 6.4.2. Sensibilisation des clientèles à l’adoption de comportements responsables. G.7 Assurer un suivi S.7.1 Assurer le suivi Action 7.1.1. Analyse de l’état de lieux au niveau qualité et environnemental et environnemental de quantité des ressources hydrique par un organisme agrée. promouvoir une l’écosystème et promouvoir Action 7.1.2. Actions de surveillance ou de mise aux recherche la recherche scientifique sur normes à prévoir en amont (bassin versant) pour les scientifique. le SIBE. installations industrielles polluantes et les décharges. Action 7.1.3. Identification de nouvelles zones urbanisables sur des terres à très faible potentiel agricole, risque faible et sans impact sur le SIBE. Action 7.1.4. Étude de cartographie des aléas actuels et futurs de la zone entre Saida et cap de l’eau (érosion, Inondations et Changements Climatiques, pollution). Action 7.1.5. Action de suivi et d’étude de la biodiversité. Action 7.1.6. Mise en place d’un observatoire du littoral. S.8.1 Action 8.1.1. Fixation mécanique et fixation biologique des Protection de dunes. l’environnement côtier du site Action 8.1.2. Protection du haut de plage par un front en contre l’érosion côtière, et enrochement, et pavage de gabions en arrière plan préservation du SIBE. « technique de Pic de rochers ». G.8 Mettre en place Action 8.1.3. Installation des Murs en bois. des mesures Action 8.1.4. Revêtement des dunes en pente. d’adaptation aux Action 8.1.5. Alimentation artificielle des plages les plus impacts des exposées à l’érosion. changements Action 8.1.6. Préservation du SIBE de la Moulouya. climatiques. S.8.2 Action 8.2.1. Rehaussement des infrastructures portuaires. Mettre en place des mesures Action 8.2.2. Appui à la reconversion du mode de d’adaptation à l’élévation du production de l’agriculture vers l’aquaculture. niveau de la mer. S.8.3 Action 8.3.1. Construction des fossés d’évacuation des Protection des villes de eaux de pluie.

Berkane et de Saïdia et des Action 8.3.2. Reboisement des bassins versants. communes avoisinantes Action 8.3.3. Curage de Seguiat Boudlal et Ain Chabak. contre les crues et les Action 8.3.4. Information et sensibilisation de la inondations. population aux risques d’inondations. Action 8.3.5. Préparation aux catastrophes et implantation des dispositifs de surveillance et d’alerte. S.8.4 Action 8.4.1. Création d’une banque de matériels de pêche Faciliter l’accès des pêcheurs gérée par l’association des pêcheurs. à du petit matériel, leur permettant d’améliorer leurs Action 8.4.2. Facilitations pour l’achat des filets améliorés conditions de travail et leurs et d’outillage de pêche. revenus. Action 8.5.1. Equipement des barques en GPS et Radio pour le guidage et la transmission, en particulier en cas S.8.5 d’événement extrême. Améliorer l’équipement des Action 8.5.2. Mise en place et expérimentation d’un barques et approvisionner les système communautaire d’alerte et de prévention pour pêcheurs en matériel favoriser la protection des pêcheurs. d’orientation pour faire face Action 8.5.3. Equipement des pêcheurs en glacières aux vents violents et à mobiles. l’imprévisibilité climatique. Action 8.5.4. Création d’une petite fabrique de glace dans la zone. Action 8.6.1. Récupération et stockage des eaux de pluie pour l’abreuvement du bétail et les activités de S.8.6 reproduction pendant les périodes de sécheresse. Mettre en œuvre des Action 8.6.2. Vulgarisation des techniques de stockage. pratiques agricoles résilientes conservation et de conditionnement des récoltes et favorisant l’adaptation de la semences. communauté agricole au Action 8.6.3. Formation des populations sur les techniques problème de la sécheresse. de gestion conservatoire de l’eau et de la fertilité des sols. Action 8.6.4. Utilisation de techniques ou produits pour conserver l’humidité du sol; Action 8.7.1 Faire des études pour déterminer les S.8.7 potentialités de la région. Développement des activités Action 8.7.2 Création d’activités génératrices de revenus génératrices de revenu en (Elevage de moutons, de lapins, de dindes et de poulets...). collaboration avec des Action 8.7.3 Appui aux associations et coopératives locales associations et coopérative pour la commercialisation de leurs produits dans le cadre locale. des foires et manifestations organisés dans la région.