La Chanson D'auteur Espagnole
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La chanson d’auteur espagnole : culture ou contre-culture ? Luttes et revendications sur le chemin de la liberté (de la fin du franquisme à nos jours) José Rafael Ramos Barranco To cite this version: José Rafael Ramos Barranco. La chanson d’auteur espagnole : culture ou contre-culture ? Luttes et revendications sur le chemin de la liberté (de la fin du franquisme à nos jours). Isabelle felici, Florence Belmonte, Philippe Martel. Chanter la lutte, Atelier de création libertaire, pp.61-74, 2016, Chanter la lutte, 978-2-35104-089-8. hal-01383720 HAL Id: hal-01383720 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01383720 Submitted on 21 Oct 2016 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. hanter la lutte ? Il n’y a pas que les armes comme arme. La chanson peut aussi jouer son rôle, en tant que vecteur Cdu message de la contestation de l’ordre établi. Cela a été vrai à toutes les époques, et partout. Ce dont il est question ici, c’est du rôle que la chanson de lutte a pu jouer dans les sociétés du sud de l’Europe – Italie, Espagne et Grèce – comme dans ses prolongements outre Atlantique, mais aussi dans cet autre Sud qui se trouve de l’autre côté de la Méditerranée : le Maghreb. Tout au e long du xx siècle, la chanson engagée, à sa façon, a accompagné les combats menés contre les dictatures, pour l’amélioration de la condition de la femme, ou celle des prisonniers. Au-delà de la musique, au-delà du folklore auquel on pourrait parfois être tenté de la réduire, la chanson dit quelque chose de l’histoire contemporaine des Suds. Amar Ammouden, Julien Calvié, Sabina Ciminari, Alfonso Colorado, Teresa Cristina Duarte Simões, Sandrine Frayssinhes Ribes, Baptiste Lavat, Philippe Martel, Samia Miossec-Kchir, Antonio Muñoz de Arenillas Valdés, Céline Pruvost, José Rafael Ramos Barranco, Elisa Santalena, Carlos Tous, Bieke Van Camp. Chanter Actes du colloque de Montpellier - mars 2015 T Chanter la lutte N E R A CH LA LUTTE la lutte Sous la direction de Ouvrage publié avec le concours de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 Florence Belmonte, Isabelle Felici et Philippe Martel ATELIER DE CRÉATION LIBERTAIRE ISBN 978-2-35104-089-8 16,00 € Chanter-la-lutte-COUV-BAT.indd 1 01/02/2016 10:18:12 Chanter la lutte Chanter la lutte Actes du colloque de Montpellier, mars 2015 Sous la direction de Florence Belmonte Isabelle Felici Philippe Martel Ouvrage publié avec le concours de l'université Paul-Valéry Montpellier 3 Atelier de création libertaire 2016 Le colloque Chanter la lutte (18-20 mars 2015) s’inscrit dans le programme Chants des Suds de l’axe de recherche transversale « Civilisations contemporaines des Suds » du laboratoire LLACS (Langues, littératures, arts et cultures des Suds) de l’université Paul Valéry Montpellier 3. Il fait suite à deux journées d’études, De la chanson à l’hymne, de l’affiche à l’emblème (13 juin 2013) et À vos hymnes ! (28 mars 2014). Florence Belmonte, Isabelle Felici et Philippe Martel, professeurs en études hispaniques, italiennes et occitanes à l’université Paul Valéry Montpellier 3, ont coordonné l’ensemble de ce programme. Merci à Claire Latxague pour le logo Chanter la lutte. Merci à Solange Bidault pour la révision des textes. Couverture d'après une photo de Mimmo Pucciarelli (http://www.atelierdecreationlibertaire.com/croix-rousse-alternative/) Atelier de création libertaire BP 1186, F-69202 Lyon cedex 01 Tél/fax : 04.78.29.28.26 site Internet : http://www.atelierdecreationlibertaire.com http://twitter.com/ACLibertaire courriel : [email protected] ISBN 978-2-35104-089-8 L’Atelier de création libertaire publie tous les mois une lettre électronique. Pour s’abonner et aussi pour consulter le catalogue en ligne et passer vos commandes : http://www.atelierdecreationlibertaire.com Chanter la lutte, lutter en chantant Philippe Martel Ce titre pourrait a priori sembler curieux pour un colloque universitaire, tenu dans les locaux, confortables certes, mais fort peu musicaux de vocation, du site Saint-Charles de l’université Paul-Valéry Montpellier 3. La chanson est-elle vraiment un objet de recherche scientifique, tout particulièrement quand elle se donne pour but de défendre des idées politiques, le plus souvent extrêmes ou proches de l’être ? Les enseignants-chercheurs impliqués dans le versant « civilisation contemporaine » de l’équipe LLACS avaient commencé à se rapprocher de ce sujet au cours de deux journées d’études consacrées aux Chants des Suds 1. Il leur avait semblé alors que l’on pouvait élargir le champ à l’ensemble de la thématique du rapport entre la chanson comme vecteur, et un message de nature politique, identitaire ou sociale, bref, que même si la chanson par nature ne constitue pas en soi l’équivalent d’un discours construit et longuement argumenté, en tant qu’emblème, signe de ralliement ou expression artistique des aspirations d’une société ou d’une fraction de cette société, elle mérite d’être interrogée à la fois dans sa forme – musique, paroles –, dans son fond (pour ce 1. Les deux journées d’étude, Chants des Suds. De la chanson à l’hymne, de l’affiche à l’emblème et Chants des Suds. À vos hymnes !, organisées par Florence Belmonte, Isabelle Felici et Philippe Martel, se sont tenues les 13 juin 2013 et 28 mars 2014. Les actes de la première ont été publiés dans la revue Lengas. Revue de sociolinguistique, n°74, 2013, <http://lengas.revues. org/296> (consulté le 23 juillet 2015). 5 – Chanter la lutte – qui touche aux idées défendues, dans les modalités de sa gestation), et dans son impact, quand elle en a un. Tout cela à partir de l’étude de cas particuliers, choisis dans les cultures des Suds, puisque ce sont ces cultures qui sont au centre des recherches de l’équipe LLACS. Les Suds, certes, mais quels Suds ? La composition de l’équipe, rassem- blant des enseignants-chercheurs travaillant sur des langues du sud de l’Europe, de la Grèce au Portugal en passant par le sud occitanophone de la France, mais aussi des prolongements outre-atlantique des aires linguistiques concernées, avait permis dès les précédentes journées d’études d’associer plusieurs de ces langues du sud, espagnol, portu- gais, grec (chypriote en l’occurrence), italien et occitan, ce bien que cette dernière langue ne soit pas celle d’un État, puisque l’hymne est le plus souvent associé à un État. Pour le colloque sur Chanter la lutte, si le même espace de référence a été conservé, il s’est enrichi d’une traversée de la Méditerranée en direction d’un autre Sud, le Maghreb. Du même coup, l’éventail des situations et des histoires particulières des divers territoires concernés s’élargissait considérablement, au risque d’empêcher tout véritable travail comparatif. Mais on a vite constaté que les passerelles, les points communs, les convergences thématiques, les influences partagées permettaient de lancer entre tous ces territoires des passerelles suffisamment solides pour que la traversée de la Méditerranée ou de l’Océan débouche sur des échanges féconds. Grâce aux intervenants qui ont relevé le défi, il est permis de proposer aujourd’hui au lecteur un panorama de ces cas particuliers. On se limitera ici à quelques remarques d’ordre général permettant un premier balisage du terrain. Premier problème, celui de l’époque considérée. Après tout, on peut faire remonter la chanson engagée à contenu politique assez loin dans le temps. Le profil contemporanéiste des intervenants comme des orga- nisateurs les dispensait de se pencher sur les préfigurations médiévales ou modernes de l’utilisation du chant comme vecteur de message poli- tique. Mais les deux siècles de la période contemporaine fournissaient déjà un champ d’exploration assez large. Hasard ou nécessité, c’est pour l’essentiel le XXe siècle qui a suscité l’attention la plus soutenue, autour de deux moments principaux : le milieu du siècle avec les grands conflits entre camp des démocraties et camp des dictatures, le temps des résistants, un peu partout dans l’Europe occupée. Et la période de l’après Mai 68 – même si des formes plus récentes, voire totalement 6 – Chanter la lutte, lutter en chantant – actuelles, ont pu faire l’objet de communications importantes. Ce n’est pas un hasard si les années post-68 ont été, un peu partout dans le monde, propices à l’émergence d’une chanson protestataire bénéficiant d’un impact certain. Outre que les soubresauts de l’histoire contem- poraine – décolonisation, émergence du tiers-monde comme acteur géopolitique d’importance, contradictions des systèmes politiques et sociaux des pays développés, émergence de luttes nouvelles, féministes, écologistes, contre les prisons – ne pouvaient que trouver un écho dans cette chanson protestataire, il faut faire intervenir d’autres facteurs qui introduisent un certain nombre de ruptures par rapport aux époques antérieures. Il y a d’abord un fait générationnel, l’apparition dans le champ poli- tique (du moins dans le monde dit développé) au cours des années soixante d’une jeunesse présentant un certain nombre de caractéris- tiques : un niveau culturel global plus élevé qu’aux époques précédentes, une sensibilisation à des problématiques dépassant le strict cadre national – une sorte de mondialisation des luttes résultant d’inte- ractions entre États et continents de plus en plus importantes.