Réseau Des Organisations D'eleveurs Et Pasteurs D'afrique
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Réseau des Organisations d’Eleveurs et Pasteurs d’Afrique SECRETARIAT PERMANENT Situation pastorale globalement bonne avec cependant des signes annonciateurs de crise dans l’ouest du Sahel NOTE SYNTHESE DE LA SITUATION PASTORALE Août 2017 1. INTRODUCTION Le Réseau Billital Maroobè (RBM) a initié, en 2013, une veille informative effectuée par ses Antennes nationales du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Le Réseau a assigné à la veille trois missions essentielles : a) observer la dynamique pastorale et les modalités de circulation de l’information dans la zone transfrontalière ; b) relayer les informations relatives à la situation des pasteurs ; c) fournir des éléments permettant de développer des stratégies opérationnelles transfrontalières d’accès aux ressources pastorales. En 2014, le RBM a élargi la veille à l’ensemble des sept pays où il est implanté. En 2015, deux nouveaux adhérents, le Togo et le Tchad, viennent participer également à la veille informative qui couvre maintenant neuf pays : le Bénin (l'ensemble du territoire national), le Burkina Faso (régions de l’Est et du Sahel ), le Mali (régions de Gao, de Tombouctou, de Kidal et de Kayes), la Mauritanie (wilaya de Gorgol et de Hodh El Gharbi), le Niger (régions de Tillabéry, de Diffa, et de Tahoua), le Nigeria (Etats de Kano, de Kaduna et de Katsina), le Sénégal (la zone pastorale du Ferlo, soit les départements de Linguère, de Podor et de Matam), le Tchad (régions de Hadjer Lamis, de Mayo kebbi Est et du Chari Baguirmi) et le Togo (l’ensemble du territoire national). L’objectif de la veille informative est d’assurer un suivi proactif de la situation pastorale et des menaces qui pèsent sur les familles de pasteurs. Ainsi, le RBM cherche à avoir la possibilité d'alerter les pouvoirs publics, afin qu'ils puissent déclencher des actions rapides et efficaces destinées à atténuer les souffrances vécues par les éleveurs et à renforcer les systèmes pastoraux. Les informations collectées portent sur : la situation pastorale (déroulement de la saison des pluies, production fourragère, état des ressources en eau, mouvements des éleveurs et situation des marchés à bétail) ; les événements critiques (situation des réfugiés, conflits, exactions, etc.) ; les initiatives politiques en cours (actions innovantes) ; les mesures prioritaires et les recommandations. 2. DYNAMIQUE DES RESSOURCES PASTORALES La campagne pastorale s’est généralement installée de façon précoce en fin mai début juin dans la majeure partie de la zone d’observation et les pluies bien réparties dans l’espace et le temps, générant de bons pâturages et remplissant les mares. Toutefois, dans la partie ouest du Sahel, les pluies n’ont commencé qu’en juillet en Mauritanie et dans le nord du Ferlo au Sénégal. Ces zones ont également subi de longues périodes sèches qui ont porté préjudice à la production fourragère et au remplissage des mares. Elles peuvent être considérées comme des zones à risque de crise pastorales. Même dans les zones de bonne production, elle ne sera pas suffisante pour couvrir les besoins et des mouvements de transhumance à la recherche de pâturage et d’eau seront encore nécessaires, parfois dès la fin de la campagne pastorale. Dans le Nord Mali et autour du lac Tchad, les pasteurs n’ont pas pu exploiter les ressources disponibles en raison de l’insécurité liée aux conflits armés. 2.1 Situation des pâturages Au Bénin la rareté des ressources pastorales s’accentue avec l’augmentation de l’emblavure des superficies en cultures de rente et en céréales ainsi que l’utilisation des herbicides. La question de la disponibilité des espaces portant les ressources pastorales reste une question cruciale. Les forêts classées et l’urbanisation sont aussi deux facteurs qui viennent diminuer la disponibilité de terres de parcours. Le pâturage étant intimement lié aux ressources naturelles, durant le premier semestre de l’année 2017, les éleveurs du Bénin ont souffert pour nourrir leurs troupeaux. Ils sont allés très tôt en petite transhumance. Ceux qui sont restés sont obligés de se rendre dans des villes pour faire paître les animaux dans des carrés non construits. Les quelques rares pâturages qui existent sont envahis par l’eau suite à des pluies abondantes et rapprochées qui se sont déversées depuis le début de la saison des pluies en mai. Après quatre mois d’installation effective des pluies dans la région de l’Est du Burkina Faso, les pasteurs jugent satisfaisant l’état des pâturages dans la région. Ils estiment que les pâturages de cette année sont meilleurs par rapport aux pâturages de l’année précédente, tant du point de vue qualité que de la quantité. Cela s’explique par la régularité des pluies reçues dans certaines parties de la région depuis le démarrage de la saison entre fin mai et début juin. Toute fois dans la province de la Gnagna, les communes de Mani et de Bognadé ont connues des poches de sècheresse respectivement de 22 et 30 jours en juillet et août. Une parties des animaux de ces deux communes sont actuellement dans les communes de Coala (province de la Gnagna) et de Tibga dans la province du Gourma. Il faut aussi retenir l’état de diminution progressive des espaces pastoraux au profit des cultures de rentes (coton et sésame) et l’installation dans la région des nouveaux projets qui appui les producteurs de sésame, notamment dans la commune de Botou dans la province de la Tapoa. Il est important de noter également les efforts fournis par les organisations de la société civile pastorale et leurs partenaires dans la sécurisation des espaces pastoraux et un meilleur engagement du ministère des ressources animales dans la libération de la zone pastorale de Kabonga. Dans l’ensemble au Mali, les régions de Kidal, Mopti, Ménaka, Tombouctou en partie et Kayes, connaissent une bonne année avec des pâturages et points d’eau relativement bien fournis. Toutefois, dans le Gourma (rive droite du fleuve Niger) et dans la vallée du fleuve Niger le fourrage n’a pas atteint sa croissance optimale et l’on y craint un arrêt des pluies qui aurait des conséquences fâcheuse sur les pâturages. En Mauritanie, la situation des pâturages dans presque la totalité du territoire, est très inquiétante. Les pluies, dont les premières ont été enregistrées en juillet, sont restées médiocres durant ce trimestre qui représente habituellement le pic de la pluviométrie, dans la quasi-totalité des régions. Certaines communes n’ont pratiquement pas reçu la moindre pluie jusqu’en ce début de septembre, ce qui a eu un impact négatif sur la disponibilité des pâturages et le remplissage des points d’eau accessibles aux éleveurs. La production fourragère à mi-parcours de la saison reste encore faible sur l’ensemble des régions comparées à la même période de l’année passée. Cependant les pâturages sont assez abondants dans certaines parties des régions (le Brakna, le Guidimakha et quelques communes de l’Assaba). Quelques fois, les zones déficitaires sont aussi des zones de concentration des animaux (les deux Hodhs, l’Assaba et le Trarza). 3 Dans la wilaya de L’Assaba la pluviométrie est très déficitaire à l’exception de la Station de Kankossa. Les pâturages ont été très affectés par les arrêts de pluies prolongés qui ont été à l’origine d’un desséchement répétés des pousses avec pour conséquences une absence notoire des graminées et un développement insuffisant des autres espèces dont les légumineuses. Dans la bande sud, les pâturages ont connu une assez bonne croissance avec un développement meilleur au sud de la Moughataa de Kankossa. Dans la bande ouest la situation est passable dans la Moughataa de Barkeol et très médiocre dans celle de Guerou. Dans une bande Nord couvrant la Moughataa de Boumdeid et le Nord de la Moughataa de Kiffa les pâturages sont peu développés et d’un état médiocre. A travers cette situation se dessinent les prémices d’une année difficile car, quelles que soit les hauteurs pluviométriques enregistrées dans les jours à venir, la situation devient irréversible. S’agissant du mouvement de transhumance du cheptel vers le Mali, il est prévisible qu’il se déclenche beaucoup plutôt que prévu et au plus tard en décembre 2017 et janvier 2018. Dans la wilaya de Hodh El Gharbi, les arrêts de pluie prolongés et répétés, allant parfois jusqu'à plus d’un mois, ont eu pour effet le desséchement prématuré des pâturages et provoqué l’épuisement quasi total des réserves de semences de graminées. Les graminées étant les espèces les plus durables face aux vents et à l’effet de piétinement, leur absence affectera les pâturages. Dans la Zone Sud (Moughataa de Kobeni, sud des Moughataa d’Aioun et Tintane) les pâturages constituent un tapis continu malgré leur développement encore limité. Dans la Zone Nord (nord des Moughataa d’Ioun et Tintane et est de la Moughataa de Tamachakett) les pâturages sont meilleurs au fur et à mesure qu’on avance au Nord dans l’Aoukar. Cette zone semble prometteuse et donc en mesure de satisfaire les besoins du cheptel autochtone pour une bonne période de l’année ce qui décongestionnerait les pâturages du Sud de la wilaya. Dans la Zone Ouest (ouest des Moughataa de Tintane et Tamchakett) le pâturage est peu développés et clairsemés. Dans la wilaya de Hodh El Charghi, l’insuffisance et l’irrégularité des pluies dans les zones pastorales, comparés aux années précédentes, expliquent l’état dégradé des pâturages dans les zones les moins arrosées. Le long de la bande Nord (Aweinatt Z’Bill-Ouest jusqu'à Oualata-Est, communes de Twil, Noual et le centre de la Moughataa de Nema) le pâturage est médiocre, voire inexistant. A partir de l’Ouest de Djiguenni, en passant par le Sud de Timbedra, Amourj et Bassiknou, les pâturages sont passables et ne pourront subvenir aux besoins des animaux que jusqu’à la fin de l’hivernage.