Revue De Presse
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REVUE DE PRESSE 4e ÉDITION DES RENCONTRES PROFESSIONNELLES des Producteurs Créateurs de Programmes Audiovisuels 10 mai 2016 0123 18 | télévisions DIMANCHE 29 - LUNDI 30 MAI 2016 La production, un travail à la chaîne De plus en plus de producteurs dénoncent une baisse des financements, qui leur impose de gérer les programmes à flux tendu « demandé de faire 10 millions ENQUÊTE d’économies ». l paraît loin désormais le Le programme de flux – pro- temps béni où le moindre di- grammes destinés à être diffusés vertissement programmé à une seule fois, comme les émis- la télévision pouvait rappor- sions de jeux, de débats ou de di- Iter gros, très gros même, aux pro- vertissement – se pose en victime ducteurs. Un temps où l’on parlait collatérale de cette conjoncture de marges stratosphériques dé- économique, alors même qu’il re- passant parfois les 40 %. Où M6 présente près de 30 % des grilles prenait le risque de lâcher entre des chaînes (France Télévisons y 15 et 20 millions d’euros pour lan- consacre annuellement quelque cer « Loft Story » ; où TF1 répliquait 400 millions d’euros). « Son chiffre en diffusant en grande pompe la d’affaires est de 1,5 milliard d’euros, « Star Academy », qui bénéficiait et c’est quelque 50 000 collabora- de plusieurs dizaines de millions teurs », rappelle Jacques Clément, d’euros de budget. C’était en 2001. président du Syndicat des produc- Un âge d’or révolu. teurs et créateurs d’émissions de « La “Star Academy”, époque TF1, télévision (Spect). Certains pro- ne pourrait plus exister aujour- ducteurs regrettent que le flux d’hui, c’était hors norme en termes soit devenu « une variable d’ajus- de fabrication, concède Alexia tement pour les chaînes », comme Laroche-Joubert, productrice de le martèle Nicolas Coppermann, ce show. Depuis environ dix ans, il président d’Endemol France « La télévision tion et aux moyens du groupe d’argent, ça se voit à l’écran », les producteurs assurent sacrifier y a une vraie baisse du finance- (« Money Drop »). France Télévisions. « Certes, mais il affirme Vincent Gisbert, délégué leurs marges et jurent être arrivés à ment des chaînes, qu’on peut esti- « Il y a encore dix ans, les chaînes subit ce que la faut rappeler aussi qu’au début de général du Spect. Et cela fait fuir des prix planchers. « Les chaînes ne mer entre 20 % et 30 %. » « Au bas gagnaient beaucoup d’argent, et publicité a connu la TNT, les chaînes hertziennes y les téléspectateurs. s’en rendent pas compte », se désole mot ! » renchérit Christophe De- nous, producteurs, vivions confor- ont recyclé leurs programmes pha- Pour Alexia Laroche-Joubert, dé- M. Dechavanne. « Le budget de “Sa- chavanne, président de Coyote tablement. Aujourd’hui, nous il y a vingt ans : res. Du coup, on a habitué les télés- sormais présidente d’Adventure lut les terriens” [sur Canal+] n’a pas (« Bienvenue au camping »). Le payons encore cette mauvaise c’était une pectateurs des petites antennes à Line Productions (« Koh-Lanta »), bougé depuis dix ans, alors que les coût de certains programmes a image de “voleurs de patates” : les une grande qualité de production. « la télévision subit ce que la publi- coûts techniques et ceux de la vie même été divisé par deux. chaînes restent convaincues que économie hors Aujourd’hui, elles nous demandent cité a connu il y a vingt ans : c’était ont augmenté. J’ai même accepté de Depuis l’essor de la télé-réalité nous faisons des marges considé- norme et elle les mêmes exigences avec un tarif une économie hors norme et elle rallonger l’émission de trente minu- au début des années 2000, le pe- rables, or elles oscillent, selon les réduit. On continue de le faire, mais s’est normalisée. La télé a naturelle- tes pour 5 000 euros », assure l’ani- tit écran a subi une mue considé- programmes, en brut, entre 5 % et s’est normalisée » notre société est quasiment à ment suivi ce chemin, et notre sec- mateur-producteur Thierry Ardis- rable. La crise des subprimes, 15 % », argue-t-il. « Il y a certaine- marge zéro, parfois elle est néga- teur s’est équilibré ». Quoi qu’il en son. « Nous sommes obligés de met- ALEXIA LAROCHE-JOUBERT en 2007, provoque d’abord un ment eu des abus des chaînes et tive », expose M. Dechavanne. soit, les producteurs sont obligés tre la pression sur nos prestataires présidente d’Adventure impact sur les comptes des chaî- des producteurs dans le passé, on de trouver des leviers pour opti- techniques, regrette Monica Galer, Line Productions nes historiques. Selon l’Institut confondait probablement le prix Décors fabriqués au Portugal miser les coûts et dégager du pro- de FremantleMedia France. Nous de recherches et d’études publici- de l’émission avec celui de la case, Certains producteurs en sont fit. Loin d’être une sinécure. Les réclamons des réductions pour con- taires (IREP), les recettes publici- note Nagui. Aujourd’hui, il y a des convaincus : les chaînes accepte- charges sociales représentent, se- tinuer à délivrer de la qualité avec taires nettes des antennes ont été audits effectués très régulière- ront à terme de revoir leurs stan- lon le Spect, 60 % des coûts de pro- moins d’argent. » Les décors sont de 3,24 milliards d’euros en 2015, ment, les abus sont impossibles : dards de qualité à la baisse. duction. « L’humain est la clé dans parfois élaborés en dehors de soit 220 millions d’euros de tout est vérifié ! » Moins de lumière, de caméras, un notre métier, note Thierry Lachkar, l’Hexagone. « On fait de plus en moins qu’en 2007. Les nouvelles chaînes ont con- plateau moins clinquant… « Ou président de Shine France (« The plus fabriquer au Portugal, c’est tribué à casser le marché. « Les nos programmes seront rempla- Voice »). Mais les charges sont 30 % inférieur aux coûts français », « Voleurs de patates » producteurs ont dû apprendre à fa- cés par une série américaine moindres en Angleterre ou en Alle- souligne Fabrice Bonanno, vice- Mais c’est surtout l’arrivée de la briquer avec beaucoup moins d’ar- doublement plus rentable à court magne, alors que les financements président de Coyote. TNT, en 2005, qui a profondément gent », explique Alexandra Crucq, terme pour une chaîne », clame N- augmentent là-bas. Nous sommes Le passage en haute définition déstabilisé le marché. « Nous som- directrice du développement chez icolas Coppermann, d’Endemol doublement pénalisés. » constitue aussi un surcoût impor- mes passés de six chaînes à vingt- Newen (« Harry », « Plus belle la France. « Une émission avec moins Ainsi, pour continuer à exister, tant. De plus en plus de tournages six. Une nouvelle concurrence dont vie »). « Les chaînes historiques ont ont beaucoup souffert, et souffrent constaté que les producteurs pou- encore, les diffuseurs historiques, vaient livrer des programmes explique Monica Galer, prési- moins chers pour la TNT, ils en ont En Europe, des variations de coût parfois très fortes dente de FremantleMedia France profité pour faire baisser les prix », (« Nouvelle Star »). La publicité raconte la responsable d’une COÛT DE PRODUCTION COMPARAISON, EN EUROS PAR JOURNÉE DE TRAVAIL, DES SALAIRES CHARGES COMPRISES s’est aussi déportée sur Internet. antenne (désirant que son nom DES ÉMISSIONS DE FLUX, DANS LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE Les grandes chaînes ont été obli- ne soit pas cité), prenant l’exem- 100 = COÛT EN FRANCE gées de baisser leurs coûts de grille. ple de RMC Découverte qui ra- Effet domino : tous les producteurs chète des formats de prime time 700 souffrent également. » pour 60 000 euros. France Ainsi que l’exprime poliment Un prime sur TF1, qui valait en France 100 Nagui, qui gère Air Productions moyenne 800 000 euros, se négo- 600 Allemagne (« Taratata ») : « Le mot d’ordre est cie désormais entre 600 000 et Belgique à l’économie. » Les patrons d’an- 700 000 euros. Sa deuxième 500 tenne doivent revêtir le costume partie de soirée coûtait Allemagne 127 Espagne sombre du « cost-killer », dégrais- 300 000 euros, mais, « depuis six 400 ser les grilles, et imposer des tarifs mois, TF1 nous demande de la faire Roy.-Uni au rabais. « Il y a eu une fragmen- pour 200 000 euros maxi », souffle Belgique 57 tation des audiences. Les chaînes une productrice qui souhaite gar- 300 ont moins d’argent, c’est normal der l’anonymat. Et sur les nouvel- de chercher à faire des écono- les chaînes ? Un prime vaut entre Espagne 63 mies », explique sereinement 100 000 et 150 000 euros en 200 Thomas Valentin, vice-président moyenne, huit fois moins cher du directoire du groupe M6, que TF1, quatre fois moins que Pays-Bas 63 100 chargé des antennes et des conte- France 2 ou M6. « Tout en exigeant nus. En avril, son grand rival TF1 a les mêmes standards de qualité », annoncé avoir perdu 13,1 millions gronde Christophe Dechavanne. Roy.-Uni 129 Assistant Directeur Habilleur- d’euros au premier trimestre de « La qualité n’est pas négociable, le Cameraman Maquilleur cette année. Et Vincent Meslet, di- budget oui », a récemment déclaré réalisateur photo costumier recteur de France 2, vient de rap- Christian Vion, directeur général peler dans Télérama qu’on lui a délégué à la gestion, à la produc- SOURCE : ANALYSYS 0123 DIMANCHE 29 - LUNDI 30 MAI 2016 télévisions | 19 VOS SOIRÉES TÉLÉ « A bout de souffle », épreuve d’immunité du jeu « Koh-Lanta », saison 2016. TF1 DIMANCHE 29 MAI TF1 20.55 Monuments Men Film de George Clooney. Avec Programme cherche animateur Cate Blanchett (EU, 2014, 140 min). 23.15 Esprits criminels Pour les stars du petit écran, le mercato est précoce cette année. Série (EU, saison 5, ép. 9 et 10/23). Les producteurs mettent en cause une pénurie de présentateurs France 2 20.55 Le crime est notre affaire Film de Pascal Thomas.