REVUE DE PRESSE

4e ÉDITION DES RENCONTRES PROFESSIONNELLES des Producteurs Créateurs de Programmes Audiovisuels

10 mai 2016 0123 18 | télévisions DIMANCHE 29 - LUNDI 30 MAI 2016 La production, un travail à la chaîne

De plus en plus de producteurs dénoncent une baisse des financements, qui leur impose de gérer les programmes à flux tendu

« demandé de faire 10 millions ENQUÊTE d’économies ». l paraît loin désormais le Le programme de flux – pro- temps béni où le moindre di- grammes destinés à être diffusés vertissement programmé à une seule fois, comme les émis- la télévision pouvait rappor- sions de jeux, de débats ou de di- Iter gros, très gros même, aux pro- vertissement – se pose en victime ducteurs. Un temps où l’on parlait collatérale de cette conjoncture de marges stratosphériques dé- économique, alors même qu’il re- passant parfois les 40 %. Où M6 présente près de 30 % des grilles prenait le risque de lâcher entre des chaînes ( Télévisons y 15 et 20 millions d’euros pour lan- consacre annuellement quelque cer « Loft Story » ; où TF1 répliquait 400 millions d’euros). « Son chiffre en diffusant en grande pompe la d’affaires est de 1,5 milliard d’euros, « Star Academy », qui bénéficiait et c’est quelque 50 000 collabora- de plusieurs dizaines de millions teurs », rappelle Jacques Clément, d’euros de budget. C’était en 2001. président du Syndicat des produc- Un âge d’or révolu. teurs et créateurs d’émissions de « La “Star Academy”, époque TF1, télévision (Spect). Certains pro- ne pourrait plus exister aujour- ducteurs regrettent que le flux d’hui, c’était hors norme en termes soit devenu « une variable d’ajus- de fabrication, concède Alexia tement pour les chaînes », comme Laroche-Joubert, productrice de le martèle Nicolas Coppermann, ce show. Depuis environ dix ans, il président d’Endemol France « La télévision tion et aux moyens du groupe d’argent, ça se voit à l’écran », les producteurs assurent sacrifier y a une vraie baisse du finance- (« Money Drop »). France Télévisions. « Certes, mais il affirme Vincent Gisbert, délégué leurs marges et jurent être arrivés à ment des chaînes, qu’on peut esti- « Il y a encore dix ans, les chaînes subit ce que la faut rappeler aussi qu’au début de général du Spect. Et cela fait fuir des prix planchers. « Les chaînes ne mer entre 20 % et 30 %. » « Au bas gagnaient beaucoup d’argent, et publicité a connu la TNT, les chaînes hertziennes y les téléspectateurs. s’en rendent pas compte », se désole mot ! » renchérit Christophe De- nous, producteurs, vivions confor- ont recyclé leurs programmes pha- Pour Alexia Laroche-Joubert, dé- M. Dechavanne. « Le budget de “Sa- chavanne, président de Coyote tablement. Aujourd’hui, nous il y a vingt ans : res. Du coup, on a habitué les télés- sormais présidente d’Adventure lut les terriens” [sur Canal+] n’a pas (« Bienvenue au camping »). Le payons encore cette mauvaise c’était une pectateurs des petites antennes à Line Productions (« Koh-Lanta »), bougé depuis dix ans, alors que les coût de certains programmes a image de “voleurs de patates” : les une grande qualité de production. « la télévision subit ce que la publi- coûts techniques et ceux de la vie même été divisé par deux. chaînes restent convaincues que économie hors Aujourd’hui, elles nous demandent cité a connu il y a vingt ans : c’était ont augmenté. J’ai même accepté de Depuis l’essor de la télé-réalité nous faisons des marges considé- norme et elle les mêmes exigences avec un tarif une économie hors norme et elle rallonger l’émission de trente minu- au début des années 2000, le pe- rables, or elles oscillent, selon les réduit. On continue de le faire, mais s’est normalisée. La télé a naturelle- tes pour 5 000 euros », assure l’ani- tit écran a subi une mue considé- programmes, en brut, entre 5 % et s’est normalisée » notre société est quasiment à ment suivi ce chemin, et notre sec- mateur-producteur Thierry Ardis- rable. La crise des subprimes, 15 % », argue-t-il. « Il y a certaine- marge zéro, parfois elle est néga- teur s’est équilibré ». Quoi qu’il en son. « Nous sommes obligés de met- ALEXIA LAROCHE-JOUBERT en 2007, provoque d’abord un ment eu des abus des chaînes et tive », expose M. Dechavanne. soit, les producteurs sont obligés tre la pression sur nos prestataires présidente d’Adventure impact sur les comptes des chaî- des producteurs dans le passé, on de trouver des leviers pour opti- techniques, regrette Monica Galer, Line Productions nes historiques. Selon l’Institut confondait probablement le prix Décors fabriqués au Portugal miser les coûts et dégager du pro- de FremantleMedia France. Nous de recherches et d’études publici- de l’émission avec celui de la case, Certains producteurs en sont fit. Loin d’être une sinécure. Les réclamons des réductions pour con- taires (IREP), les recettes publici- note Nagui. Aujourd’hui, il y a des convaincus : les chaînes accepte- charges sociales représentent, se- tinuer à délivrer de la qualité avec taires nettes des antennes ont été audits effectués très régulière- ront à terme de revoir leurs stan- lon le Spect, 60 % des coûts de pro- moins d’argent. » Les décors sont de 3,24 milliards d’euros en 2015, ment, les abus sont impossibles : dards de qualité à la baisse. duction. « L’humain est la clé dans parfois élaborés en dehors de soit 220 millions d’euros de tout est vérifié ! » Moins de lumière, de caméras, un notre métier, note Thierry Lachkar, l’Hexagone. « On fait de plus en moins qu’en 2007. Les nouvelles chaînes ont con- plateau moins clinquant… « Ou président de Shine France (« The plus fabriquer au Portugal, c’est tribué à casser le marché. « Les nos programmes seront rempla- Voice »). Mais les charges sont 30 % inférieur aux coûts français », « Voleurs de patates » producteurs ont dû apprendre à fa- cés par une série américaine moindres en Angleterre ou en Alle- souligne Fabrice Bonanno, vice- Mais c’est surtout l’arrivée de la briquer avec beaucoup moins d’ar- doublement plus rentable à court magne, alors que les financements président de Coyote. TNT, en 2005, qui a profondément gent », explique Alexandra Crucq, terme pour une chaîne », clame N- augmentent là-bas. Nous sommes Le passage en haute définition déstabilisé le marché. « Nous som- directrice du développement chez icolas Coppermann, d’Endemol doublement pénalisés. » constitue aussi un surcoût impor- mes passés de six chaînes à vingt- Newen (« Harry », « Plus belle la France. « Une émission avec moins Ainsi, pour continuer à exister, tant. De plus en plus de tournages six. Une nouvelle concurrence dont vie »). « Les chaînes historiques ont ont beaucoup souffert, et souffrent constaté que les producteurs pou- encore, les diffuseurs historiques, vaient livrer des programmes explique Monica Galer, prési- moins chers pour la TNT, ils en ont En Europe, des variations de coût parfois très fortes dente de FremantleMedia France profité pour faire baisser les prix », (« »). La publicité raconte la responsable d’une COÛT DE PRODUCTION COMPARAISON, EN EUROS PAR JOURNÉE DE TRAVAIL, DES SALAIRES CHARGES COMPRISES s’est aussi déportée sur Internet. antenne (désirant que son nom DES ÉMISSIONS DE FLUX, DANS LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE Les grandes chaînes ont été obli- ne soit pas cité), prenant l’exem- 100 = COÛT EN FRANCE gées de baisser leurs coûts de grille. ple de RMC Découverte qui ra- Effet domino : tous les producteurs chète des formats de prime time 700 souffrent également. » pour 60 000 euros. France Ainsi que l’exprime poliment Un prime sur TF1, qui valait en France 100 Nagui, qui gère Air Productions moyenne 800 000 euros, se négo- 600 Allemagne (« Taratata ») : « Le mot d’ordre est cie désormais entre 600 000 et Belgique à l’économie. » Les patrons d’an- 700 000 euros. Sa deuxième 500 tenne doivent revêtir le costume partie de soirée coûtait Allemagne 127 Espagne sombre du « cost-killer », dégrais- 300 000 euros, mais, « depuis six 400 ser les grilles, et imposer des tarifs mois, TF1 nous demande de la faire Roy.-Uni au rabais. « Il y a eu une fragmen- pour 200 000 euros maxi », souffle Belgique 57 tation des audiences. Les chaînes une productrice qui souhaite gar- 300 ont moins d’argent, c’est normal der l’anonymat. Et sur les nouvel- de chercher à faire des écono- les chaînes ? Un prime vaut entre Espagne 63 mies », explique sereinement 100 000 et 150 000 euros en 200 Thomas Valentin, vice-président moyenne, huit fois moins cher du directoire du groupe M6, que TF1, quatre fois moins que Pays-Bas 63 100 chargé des antennes et des conte- ou M6. « Tout en exigeant nus. En avril, son grand rival TF1 a les mêmes standards de qualité », annoncé avoir perdu 13,1 millions gronde Christophe Dechavanne. Roy.-Uni 129 Assistant Directeur Habilleur- d’euros au premier trimestre de « La qualité n’est pas négociable, le Cameraman Maquilleur cette année. Et Vincent Meslet, di- budget oui », a récemment déclaré réalisateur photo costumier recteur de France 2, vient de rap- Christian Vion, directeur général peler dans Télérama qu’on lui a délégué à la gestion, à la produc- SOURCE : ANALYSYS 0123 DIMANCHE 29 - LUNDI 30 MAI 2016 télévisions | 19

VOS SOIRÉES TÉLÉ « A bout de souffle », épreuve d’immunité du jeu « Koh-Lanta », saison 2016. TF1 DIMANCHE 29 MAI

TF1 20.55 Monuments Men Film de George Clooney. Avec Programme cherche animateur Cate Blanchett (EU, 2014, 140 min). 23.15 Esprits criminels Pour les stars du petit écran, le mercato est précoce cette année. Série (EU, saison 5, ép. 9 et 10/23). Les producteurs mettent en cause une pénurie de présentateurs France 2 20.55 Le crime est notre affaire Film de Pascal Thomas. Avec Catherine Frot (Fr., 2008, 110 min). e mémoire, Christo- « Si Arthur garder l’anonymat. D’où la néces- 22.45 Apocalypse Verdun phe Dechavanne ne se sité d’avoir un nom connu pour le Documentaire d’Isabelle Clarke souvient pas d’un tel est toujours là, faire connaître et le vendre à la et Daniel Costelle (Fr., 2016, 85 min). mercato. « En quinze si je suis encore presse. Nous n’avons plus le temps Dans, je n’ai jamais vu ça. Ça part de pouvoir nous offrir un inconnu France 3 dans tous les sens », explique le pré- présent, c’est et de le former. » 20.55 Harry Bosch sentateur qui, à son grand étonne- que la télévision Force est cependant de constater Série (EU, 2014, S1, ép.4 à 6/10). ment, n’est pas à l’antenne. Depuis que les nouvelles chaînes ont 23.30 Violence et passion plusieurs semaines, les chaînes n’a pas réussi à manqué de jouer le rôle qu’elles ne Drame de Luchino Visconti. Avec s’arrachent les vedettes – confir- générer d’autres se sont pas privées de revendiquer Burt Lancaster (It.-Fr., 1974, 120 min). mées ou montantes – du petit à leur arrivée : à savoir, celui de écran. TF1 a pris Yann Barthès et personnalités » faire émerger des talents. « Je re- Canal+ Grégoire Margotton à Canal + ; LCI, grette que la TNT n’ait pas été un la- 20.45 Rugby THIERRY ARDISSON Yves Calvi à France 5 ; tandis boratoire. C’est le recyclage qui a Top 14 : Montpellier - Toulon. présentateur depuis 1985 qu’Ophélie Meunier quitte la prévalu, et j’ai aussi ma part de res- 22.50 Le Supplément interdit chaîne cryptée pour rejoindre ponsabilité », a reconnu, lors de la Magazine présenté par Ali Baddou. M6 et que Wendy Bouchard lâche table ronde, Bibiane Godfroid, an- M6 pour France 3. France 2 a, elle, de « », et qui est cienne patronne des programmes France 5 récupéré Thomas Thouroude, toujours en contrat d’exclusivité du groupe M6, aujourd’hui en 20.40 Hold-up sur la banane parti de Canal. Maïtena Biraben avec la chaîne. « La raison est sim- charge des contenus chez le pro- Documentaire de François Cardona cherche un refuge sur une autre ple, dit-il. Avant, les stars étaient les ducteur Newen. « Les grands ani- (Fr., 2016, 50 min). antenne… Et c’est loin d’être fini : animateurs ; maintenant, ce sont mateurs ont occupé la place sur la 22.25 Morts sous X l’été n’a pas encore commencé. les programmes. Quand j’étais TNT, constate Alexia Laroche-Jou- Documentaire d’Agnès Pizzini Une nouvelle génération de pré- jeune, on disait qu’on allait regar- bert. Et les jeunes talents sont partis (Fr., 2016, 55 min). sentateurs semble prête à animer der Drucker ou Foucault. sur YouTube. » Aujourd’hui, les plateaux de télévision. Mais Aujourd’hui, on dit qu’on va regar- France 2, qui souhaite rajeunir son Arte qu’en est-il réellement ? Le 10 mai, der “The Voice”. » antenne, est en quête de nouveaux 20.45 Pas si simple lors d’une table ronde organisée Désormais, le direct a cédé la visages. M6 continue à miser sur Comédie de Nancy Meyers. Avec par le Syndicat des producteurs et place au conducteur et au promp- des experts inconnus du grand pu- Meryl Streep (EU, 2009, 115 min). créateurs de programmes audiovi- teur, qui doivent être scrupuleuse- blic, comme le prochain présenta- 22.40 Les Dessous chics suels (Spect) sur les programmes ment respectés. « Et quand on teur de « Capital ». de Hollywood de télévision, Arthur a surpris tout change un animateur sur un pro- Documentaire d’Hermann Vaske le monde en soulignant que la gramme, on note peu d’impact sur Prendre son temps (All., 2014, 90 min). France souffrait d’« une pénurie l’audience », souligne Vincent Ce- La présidente de FremantleMedia d’animateurs ». « C’est un vrai pro- rutti. « J’ai commencé, il y a trente France, Monica Galer, estime pour M6 blème. On a beau avoir une superbe ans, en troisième partie de soirée, sa part que les animateurs-pro- 21.00 Zone interdite idée, nous manquons cruellement une tranche qui n’existe plus », ducteurs ont une responsabilité Magazine. ou de doublages sont réalisés en format », indique-t-on du côté de d’animateurs », a-t-il expliqué. « Si ajoute Thierry Ardisson. « On ne dans cette pénurie. Leur situation 23.00 Enquête exclusive Belgique. Les captations (de piè- la Première chaîne. Les syndicats Arthur est toujours là, si je suis en- naît pas animateur, on l’apprend, de monopole ayant pour effet de « Michel Neyret : ces de théâtre par exemple) se ont d’ores et déjà prévu de discuter core présent, c’est que la télévision et le devient. Il ne faut pas exposer « ralentir la croissance de la com- la chute d’un grand flic ». font sur une journée et non plus avec M6 et Canal+ pour obtenir n’a pas réussi à générer d’autres per- quelqu’un qui a peu d’expérience munauté des présentateurs ». Un Présenté par Bernard de La Villardière. sur trois, comme auparavant. des accords similaires. sonnalités, reconnaît de son côté sur un gros programme, au risque avis que conteste Nagui : « Il y a du L’enregistrement en série aussi : Moins de moyens signifie aussi Thierry Ardisson, 67 ans, présenta- de le cramer, mais le laisser gran- monde au portillon, et c’est tant certains, comme Arthur, enchaî- moins d’investissement dans la teur depuis 1985. A part Cyril Ha- dir », explique la productrice mieux. Nous sommes tous rempla- LUNDI 30 MAI nent plusieurs tournages d’émis- création de nouveaux formats et nouna et Yann Barthès, il n’y a per- Alexia Laroche-Joubert. Sur les çables. Le problème a toujours été le sions de prime time dans la dans le financement de pilotes. sonne. » chaînes historiques comme sur même : trouver le bon concept avec TF1 même journée pour amortir Une équation que réfute Thomas les nouvelles antennes, les gran- le bon animateur à la bonne case. » 20.50 Football les frais, entre autres, de location Valentin : « Ce n’est pas vrai, dit-il. Un métier difficile des émissions de jeux ou de diver- Pour le showman de 54 ans, à Match de préparation à l’Euro : de plateau… « Ce n’est pas trop Les grandes émissions coûtent tou- Selon Arthur, 50 ans – à l’écran de- tissement sont, le plus souvent, l’écran depuis 1983, « il existe une France - Cameroun. ma télé, je préfère le direct à jours aussi cher, on ne donne pas puis 1992 –, le métier d’animateur toujours confiées aux mêmes tê- génération nouvelle qui arrive ». 22.55 Esprits criminels l’industrie », argue Christophe moins d’argent. Mais la contrainte ne donne plus « envie » aux plus tes d’affiche. Mais « il faut prendre son temps ». Série (S4, ép. 3, 4, 14 et 23/26). Dechavanne. Nagui enregistre économique stimule la créativité. jeunes. « C’est un métier difficile. Rien d’étonnant, dès lors, à re- « Dans ce métier, il est urgent d’être douze « N’oubliez pas les paroles » C’est le rôle des producteurs que Aussi étrange que cela puisse paraî- trouver des Benjamin Castaldi ou patient », assure Vincent Cerutti. Et France 2 (France 2) à la suite. « Avant, j’en d’avoir des idées et prendre des tre, il n’y a plus grand monde en autres Julien Courbet sur la TNT. pour devenir un bon animateur, 20.55 Monsieur Paul aurais tourné six ou huit mais je risques. » C’est ce que fait Shine, fi- France », reconnaît Vincent Ce- « L’explosion des chaînes exige de l’avis de Nagui, il est nécessaire Téléfilm d’Olivier Schatzky. Avec perds de l’argent sur “Taratata” », liale d’un groupe international, rutti, 35 ans, qui a pourtant pré- qu’un programme soit immédiate- de « faire de la radio, l’école de la ri- François Morel (Fr., 2016, 95 min). souligne-t-il. « On tourne deux qui a pu lancer pour le marché senté plus de soixante-dix prime ment visible, souligne une respon- gueur ». A bon entendeur ! p 22.30 La Traque des nazis émissions du “Grand Blind Test” français « Prodiges » (France 2) ou time pour TF1, dont cinq saisons sable d’une antenne qui souhaite m. ks Documentaire d’Isabelle Clarke [sur TF1], explique le producteur « Le Grand Blind Test », qui se vend (Fr., 2006, 85 min). Thierry Ardisson. Pour gagner à l’étranger. « C’est un retour sur in- plus d’argent, on devrait en enre- vestissement », se félicite M. Lach- « Quand tu n’as pas de moyens, trouve des idées » France 3 gistrer une troisième, mais elle ris- kar, coproducteur. 20.55 France Gall et Michel que d’être moins bien. » Les producteurs sont à la recher- Berger, « Toi sinon personne » che de nouveaux relais de crois- face à la baisse des prix exi- moins qu’auparavant pour postproduction : j’ai treize Documentaire d’Olivier Amiot et Les « killer formats », l’exception sance. Ils demandent au Conseil gée par les chaînes, Jérémy Mi- produire. Il faut donc revoir no- bancs de montage. Pour les Antoine Coursat (Fr., 2016, 120 min). Seule solution : faire du volume. supérieur de l’audiovisuel de re- chalak, le producteur des « An- tre façon de travailler. J’ai de plateaux, j’ai trouvé un jeune 23.35 La France en docs « C’est l’un des nerfs de la guerre », voir sa législation sur la publicité. ges de la téléréalité », incite à petits bureaux dans un quar- décorateur qui ne prend pas assure Thierry Lachkar. Ainsi, les Ils souhaiteraient avoir recours créer des formats. tier populaire de Boulogne- 60 % de marge ; nous nous Canal+ producteurs demandent aux au placement de produit ou Billancourt et pas sur les sommes associés pour créer 21.00 Le Bureau des légendes chaînes un engagement – une qu’un annonceur finance une Des producteurs dénoncent Champs-Elysées. Je n’achète Téléconstructeurs. Je ne fais Série (S2, ép. 7 et 8/10). sorte de compensation – sur plu- partie du programme. « Nous n’y la baisse de financement pas de formats, j’en crée. pas de dumping social, mais 22.45 Spécial investigation sieurs saisons, ou d’augmenter la sommes pas favorables, répond des programmes par les dif- Quand tu n’as pas de moyens, on travaille plus que les autres : « Hollande : pacte avec le Medef ». durée ou le nombre d’épisodes. Thomas Valentin. Il ne peut y fuseurs. Qu’en pensez-vous ? trouve des idées, c’est gratuit. j’assiste aux tournages et s’il Présenté par Stéphane Haumant. Comme l’explique Alexia Laro- avoir deux régies publicitaires qui Ceux qui protestent sont les La contrainte financière doit faut passer un coup de balai, je che-Joubert, la première saison vendent la même chose. » producteurs qui ont connu les être un moteur de création. le fais. Je vois mal un dirigeant France 5 d’une émission engrange très peu Dans cet univers où les tarifs années 1990 et le début des an- d’un grand groupe faire le café. 20.45 Un dimanche de marge (5 %), c’est sur les suivan- sont revus à la baisse, il existe nées 2000 : l’âge d’or de la télé. Mais créer nécessite à la campagne tes que les bénéfices se font. quelques exceptions : des « killers Certains sont devenus richissi- des investissements… Pensez-vous comme Arthur Comédie de Bertrand Tavernier Nagui a resigné avec France 2 et formats » qui drainent plus de mes en réalisant des marges J’ai commencé sur Fun TV, qu’il y a une pénurie (Fr., 1984, 95 min). « c’est la première fois en vingt ans 6 millions de téléspectateurs et pharaoniques. J’aurais aimé nous avions quatre balles cin- d’animateurs en France ? 22.20 C dans l’air que je sais que je serai à l’antenne plus de 10 millions d’euros de re- connaître cette époque, mais quante pour faire douze heu- Les animateurs d’aujourd’hui Magazine. en septembre, je n’ai jamais eu de cettes publicitaires. Un levier rare elle est révolue. Si tu veux faire res de direct. J’ai appris à poser ne seront pas les vedettes de visibilité », assure-t-il. qui permet aux producteurs de de la télévision en pensant ma voix, à poser des questions, demain. J’ai présenté sur Arte Après France Télévisions, TF1 a faire pression sur la chaîne pour faire un hold-up financier, tu te à repasser une chemise, à France 2 « Face à la bande », 20.55 Assurance sur la mort annoncé, mardi 24 mai, avoir si- tenter d’augmenter les prix. C’est trompes. Parler d’un problème monter… Récemment, j’ai pro- mais les gens ne sont pas ve- Film. Billy Wilder (EU, 1943, 105 min). gné un accord avec les syndicats le cas de « The Voice » ou de « Koh- de financement est un dis- duit un documentaire à l’autre nus voir l’émission pour moi, 22.40 Mon enfance de producteurs de contenus (Sa- Lanta », présent sur TF1 depuis cours qui n’est pas honnête. bout du monde avec une per- et c’est le cas pour 90 % des ani- Drame de Bill Douglas tev, Sedpa, Spect, SPFA, SPI, USPA), 2001. Selon nos informations, ce sonne en fauteuil roulant : mateurs. Il n’y a pas de relève (GB, 1972, 50 min). et la chaîne s’engage à maintenir jeu d’aventures a un taux de renta- Pour quelles raisons ? 60 000 euros de budget. Je ne en France. J’ai 35 ans, et je suis le montant de ses investissements bilité proche d’une série améri- Je ne subis pas la pression pouvais pas payer de réalisa- l’un des plus jeunes. Ce métier M6 dans la création, soit 12,5 % de son caine : quelque 650 000 euros par d’actionnaires. Si je perds de teur, eh bien je l’ai réalisé. Je ne fait plus rêver : plus besoin 21.00 Mince alors ! chiffre d’affaires net éditeur, pour prime. TF1 vient de resigner trois l’argent, personne ne viendra n’ai pas pu prendre une de passer à la télé pour devenir Comédie de Charlotte de Turckheim. quatre ans. Près de 75 % de ces saisons avec plus d’une édition me le reprocher. Je suis mon deuxième caméra, eh bien j’ai célèbre, il suffit parfois d’avoir Avec Victoria Abril, Lola Dewaere investissements seront consacrés par an. Mais ce genre de « block- propre patron, ma société de filmé avec mon portable. Et ça un téléphone. Pour les plus jeu- (Fr., 2012, 120 min). à des productions inédites. « Le buster » n’existe plus, depuis des production, La Grosse Equipe, le fait ! Il y a douze mille solu- nes, un animateur télé, c’est 23.00 Nouveau look contexte est difficile, mais on se années, sur le marché. p ne dépend pas d’un groupe. tions pour sortir de sa zone de ringard. p pour une nouvelle vie donnera les moyens pour lancer un mustapha kessous C’est vrai, les chaînes donnent confort. J’ai internalisé toute la propos recueillis par m. ks Présenté par Cristina Cordula. Les Echos Vendredi 13, samedi 14 mai 2016 // 23

Un Taïwanais prend Manuel Alduy HIGH-TECH la tête de Sharp quitte Canal+ 100.000 L’actuel numéro 2deHon Hai- Un autre pilier de Canal+ s’en va. EUROS D’AMENDE Foxconn, TaiJeng-wu (photo), ManuelAlduy,responsable de L’Arcep, le gendarme des &MEDIAS actuellement bras droit de Terry CanalPlay, le site de VoDdu télécoms, acondamné jeudi Gou, le PDGdugéant taïwanais groupe, du site WebdeCanal l’opérateur alternatifLyca- de l’assemblage de produits et des contenus de Studio+, la mobile à 100.000 euros électroniques, devrait prendre filiale dédiéeaux mini-séries, d’amende pour non-respect les commandesdeSharp après adonné sa démission. Celui qui de ses obligations en matière l’AG des actionnaires en juin. était auparavant directeur du de financement du service en Sharp, que Foxconn rachète, cinéma serait parti en bons universeldes télécoms, qui aessuyé 2milliardsd’euros termesetnepartirait pas à la prévoit que chacun puisse AFP pixels AFP de pertes sur l’exercice écoulé. concurrence, assure la chaîne. se raccorder au réseau. Audiovisuel :les sociétésdeproduction face au défi de la baisse des coûts l Sous la pression des chaînes, la réduction des coûts est devenue une priorité dans l’audiovisuel. l Plusieurs pistes existent, notamment sur la phase d’écriture ou encore sur la confection des décors.

MÉDIAS Flux:où se situe la France ? Marina Alcaraz @marina_alcaraz La France est plus compéti- tivedans les programmes L’industrie du rêve n’échappe pas à de flux que le Royaume-Uni la réalité.Dans un environnement et l’Allemagne, avecdes devenu plus difficile, l’audiovisuel coûts de production n’est pas épargné par la chasse aux inférieursd’unpeu moins coûts. Face au recul des recettes de 30 %, mais moins que la publicitaires, à la fragmentation Belgique, l’Espagne et les des audiences, les chaînes ont dû Pays-Bas (d’environ 40 %), revoir à la baisse leurscoûts de selon une étude d’Analysis grille, ce qui apesé sur le secteur de Mason pour le Syndicat des la production.« Il yadeplus en plus producteurs créateurs de une volonté d’économies, tout en programmes audiovisuels. gardantune exigencedequalité », Toutefois, la taille des mar- résument Aliette de Villeneuve et chésvarie beaucoup, ce qui Maxime Pannetier,coauteurs renddifficiles les comparai- d’une étudesur le sujetpour NPA sons objectives. Parmiles Conseil. facteurs qui permettent Parexemple, dans la fiction, le d’expliquer les écarts, les coûthorairemoyenareculéde10% coûts salariaux mais aussi entre2014 et 2015, à 859.000 euros des pratiquesdifférentes : environ, d’après le Centre national en Espagne,par exemple, les du cinéma et de l’image animée moyens techniquessont sou- (CNC). Bien évidemment, il yades vent prêtéspar leschaînes. exceptions et des séries à gros bud- get (comme « Versailles »), qui mieuxles maîtriser.Cela ne pourra horaires et il commence à yavoir Aliette de Villeneuve. Alorsqu’en gie peut aider à aller plusvitesur le faussent les moyennes, mais la ten- En France,ilfaut pas se fairepar de grosses coupes : des commandes trèsencadrées. France, le recours à des starsde temps de production.NPA cons- dance est beletbien à la décrois- une dizaine de jours plus de la moitiédes dépensesdans Mais « les chaînes donnent générale- cinéma s’est généralisé,dans plu- tate en effet que celui-ci est plus sance.Mêmeconstatdanslesémis- la fiction sontliées auxhommes, ment peu de contraintes de budget. Si sieurs pays, au contraire, même élevé en France que dans d’autres sions de flux (jeux, débats, etc.), pour tourner que protègent des conventions col- l’on avait des choses plus précises, on pourdes séries à succès comme pays :une dizaine de jours, pour un dont les prix sont plus élastiques un épisode de fiction, lectives. Mais il reste possible de pourraitfairedesarbitragesdèsl’écri- “Hatufim” (à l’originede“Home- épisodede fiction, contre sept aux –de350.000 à 1million d’euros contresept rognerunpeu partoutetdepous- ture », reprend Thomas Anargyros. land”)enIsraël, les comédiens ne Etats-Unis.Laduréelégale du tra- pour un prime time. « Lesproduc- ser les feuxentermes d’industriali- sont pas connusetles contrats peu- vail joue, maislatechniqueaussi. teursont fait beaucoupd’efforts aux Etats-Unis. sation. Deschoix à poser dès vent êtreverrouilléssur plusieurs Parexemple,ledécor virtuel, très pour diminuer les coûts,sibienque Tout d’abord,sur la conception la conception d’un projet saisons. » Un système dont la utilisé danslafiction américaine, les margesont fondu d’untiers, voire d’EuropaCorp TV et président de même desprogrammes. Même si NPApréconise notamment de France pourrait s’inspirer. pourrait l’être davantage en de moitié,endix ans. On parle désor- l’Union syndicale de la production celapeut paraître étonnant, « sou- mieuxpenser dès le départlechoix Ensuite, il s’agit d’inciter les chaî- France,oùilreste plus rare. « En mais de margesde10%à 15 %dans audiovisuelle (USPA).Laplupart vent, on pense projet,etseulement des décorsoules cachets des per- nesdetélévision à commander de prenant de simplesphotos, on peut l’industrie.Difficile d’aller vraiment des professionnelss’accordent tou- ensuite prix », note Bibiane God- sonnalités. Le poids de l’interpréta- plus gros volumes afin de réaliser reproduiredes décors, évitant ainsi plusloin, au risque de ne pluspou- tefois à dire qu’il existe encore des froid, chargéedes contenuschez tion représente entre8et18%d’un des économies d’échelle. Enfin, des coûtdelocation, des déplace- voir fairedeR&D », souligne Tho- marges de manœuvre pour ratio- Newen. Les producteursont certes budget de fiction. « C’est donc un l’autre grand axed’amélioration ments, etc. », remarque Maxime mas Anargyros, coprésident naliser les coûts, ou du moins pour des idées en fonction des cases levier non négligeable, observe relève de la technique. La technolo- Pannetier. n Trois recettes pour réaliser des économies V FTV anal+ tel/FT eil/ e/C Bal uss eR lippe Lahach oph Phi ier ist Chr Jean- Xav «Dialogues citoyens »: des décors «Fais pas ci, fais pas ça » :louer «LeBureau des Légendes » : fabriquésauPortugal une maison pour plus de flexibilité un showrunner pour superviser

près le plombier polonais, voici le décorateur portugais. ourincarner l’histoire de deuxfamillesdevoisins, dont l’intri- eBureau desLégendes » (The OligarchsProductionsetFedera- Nombre de producteurs de programmes de flux(divertisse- gue se déroule le plus souvent chezeux, quoi de plus simple tion Entertainment), diffusé sur Canal+,est un bonexemple de A ment,jeux, débats, etc.)utilisent desdécors venantdecepays P quedeprendrelaréalité pour décor? ElephantStory, la L maîtrise des coûts.Unshowrunner,Eric Rochant,assure le rôle d’Europe du Sud. La PME locale Cenycet,par exemple, s’est fait une société de production de « Fais pas ci, fais pas ça »,diffuséesur les de chef d’orchestre de la série (16 millionsd’eurospour10 épisodes). réputation dans ce domaine, « avec des tarifs pouvant être50%moins chaînes de France Télévisions et 6ter,loue ainsi deux maisons à Sèvres Responsabledutravail au quotidien, il intervient à la fois au niveau chersque ceuxdes fabricants français, transport compris », selon les (enrégionparisienne)depuis le début des aventures des familles Lepic artistique, techniqueetfinancier. « Il aune vision globale qui lui permet spécialistes de NPAConseil. De plus en plus d’émissions populaires, et Bouley.Bien moins onéreuse qu’unstudio –chaquemaison coûte de prendredes décisions très rapidement. Ce quiest écrit peut êtrevite comme « The Voice »,importent donc des décors ou certains élé- entre 5.000et6.000 euros par mois –,cette formuleoffreaussidavan- mis en place, explique AlexBerger,producteur exécutif. Or,lorsque ments. Cetteillustration de la mondialisationdans l’audiovisuelafait tage de souplesse pour réaliserdes tournages lorsque la société le lorsqu’on produit 10 épisodesenenviron cinq mois, chaqueminute grincer des dentsaumomentdel’émission « Dialogues citoyens » souhaite,explique-t-elle. La longévité de la série –elle est diffusée compte. » Parailleurs,les producteurs ont tenté de concentrer les avecFrançois Hollande, mi-avril.L’écartproposé aurait été de plusde depuis 2007 et s’arrêtera en find’année, la saison 8 étantencoursde tournages:ils louent des studios à l’année, avecuntriple plateau pour 30.000 eurospar rapport à d’autres projets. La CGC médias de France tournage –apermis ce type de procédé.Enbonus, la production a changer plusvite de décor–ils sont aussidestinés à la communication TV s’en est inquiétée, d’autant que, selon le syndicat, c’est encore Ceny- installé des activitésadministratives dans cesdeux maisons, faisant ou à l’événementiel. Pour les tournagesenextérieur,ils ont choisi un cet quidevrait réaliser un décorpourlafuture chaîne d’infoencontinu. ainsi par la même occasion des économies surlalocation de bureaux. pays,leMaroc, pour desscènes en différents lieux du Moyen-Orient.

Programmes : les recettes du succès

Lors des quatrièmes rencontres professionnelles du SPECT, les professionnels du flux ont échangé sur le thème « comment faire d’un bon programme un succès d’audience ».

« Comment créer de la création dans notre pays ? » C’est la question alambiquée posée par la sénatrice Sylvie Robert, qui a constaté « la faiblesse de la prise de risque chez les diffuseurs aujourd’hui » face aux spécialistes du secteur. Selon elle, « la compétitivité à l’international est essentielle » et « il faudrait mettre le paquet sur la recherche et développement ». Si les chaînes privées souhaitent un succès d’audience immédiat, ce qui caractérise France Télévisions dans sa relation avec les producteurs c’est « la volonté d’une certaine prise de risque que nous assumons », a expliqué Caroline Got. La DG déléguée à la stratégie et aux programmes de France Télévisions a également mis l’accent sur l’importance de l’accompagnement des projets. Jacques Essebag, alias Arthur, fondateur du groupe AWPG, qui produit » les trois formats les plus exportés dans le flux, ‘Vendredi tout est permis’, ‘Messmer’ et ‘Rock’n’roll Circus' », estime qu’ »on ne peut plus arriver chez le diffuseur avec un format papier : le nerf de la guerre, c’est le format ». Or « il faut en tester cinq ou six pour en avoir un bon, et une dizaine pour avoir ce qu’on appelle des blockbusters, qui se vendent dans le monde entier ». Comme « les principales sociétés de production françaises sont des groupes étrangers, leur objectif est déjà de mettre en avant les blockbusters de la maison mère et ils ont peut-être moins l’opportunité de développer des formats ‘in house' ». Arthur désigne la voie du succès : « Quand vous avez un format qui se vend bien à l’étranger, les revenus sont conséquents et permettent de financer largement la recherche et développement ».

IH

Si tu écoutes, j'annule tout

par Guillaume Meurice du lundi au vendredi à 17h30

L'émission du jeudi 12 mai 2016

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