Orchestre De Paris
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ORCHESTRE DE PARIS THE UNANSWERED QUESTION Charles IVES 1874-1954 CONCERTO POUR VIOLON No 2, SZ. 112 Béla BARTÓK 1881-1945 Entracte LA MORT DE CLÉOPÂTRE, SCÈNE LYRIQUE POUR MEZZO-SOPRANO ET ORCHESTRE Grande salle Pierre Boulez – Philharmonie Hector BERLIOZ 1803-1869 TARAS BULBA, RHAPSODIE POUR ORCHESTRE Leoš JANÁČEK 20h30 1854-1928 Fin du concert aux environs de 22H40 2018 Renaud Capuçon dédicacera ses disques à l'issue des concerts Jakub HRŮŠA direction septembre Renaud CAPUÇON violon 20 Stéphanie d' OUSTRAC mezzo-soprano Vincent WARNIER orgue (TARAS BULBA) jeudi et Orchestre de Paris 19 Philippe AÏCHE violon solo Le concert du 19 septembre sera diffusé en différé par France Musique, puis disponible à la réécoute sur le site internet de France Musique (streaming) pendant 3 ans. Mercredi THE UNANSWERED QUESTION Charles IVES Mon Dieu, qu’est-ce que le son a à Pièce composée en 1908, révisée vers voir avec la musique ? Pourquoi la 1930-1935 et créée à New York, au McMillin Theatre, Columbia University, musique ne peut-elle s’épandre au le 11 mai 1946 par un ensemble dehors de la même façon qu’elle d’étudiants de la Juilliard School, sous la double direction d'Edgar Schenkman s’épand au-dedans d’un homme, sans (sur scène) et Theodore Bloomield (en coulisses) qu’elle ait à grimper par-dessus une 6 minutes Durée approximative : barrière de sons, de cages thoraciques de cordes en boyau, de fils de fer, de bois et de cuivre ? Charles Ives EN SAVOIR PLUS ous-titrée « Un paysage cosmique », « La – Gianfranco Vinay : Charles Ives et l’utopie sonore américaine, Rouen, Éditions Tum/ Question laissée sans réponse » (The Unanswered Michel de Maule, 2001 SQuestion) composée par Ives en 1908 fut – Charles Ives : Essais avant une sonate, ensuite laissée de côté par son auteur, comme Lausanne, Éditions L’Âge d’homme, 1987 la plupart de ses autres partitions, avant qu’il ne la révise au début des années 1930. Elle ne sera finalement créée qu’en 1946. Au-delà de son titre énigmatique, l’œuvre, dont l’exécution dépasse à peine cinq minutes, frappe d’emblée par la singularité de son dispositif instrumental L’ŒUVRE ET L’ORCHESTRE et par son organisation spatiale : un quatuor de flûtes, une trompette solo et un orchestre (ou un The Unanswered Question est au réper- toire de l'Orchestre de Paris depuis quatuor) à cordes, dont le composteur précise 2016 où elle fut dirigée par Paavo Järvi. qu’il doit jouer, sinon en coulisses, du moins en retrait du groupe des vents, figurant ainsi les trois personnages d’une véritable dramaturgie. Les cordes tissent en effet en sourdine, tout au long de la partition et selon un tempo très lent, une trame harmonique imperturbable, non dénuée de mélancolie et sans pulsation perceptible, représentant « le silence des druides qui savent, voient et n’entendent rien », ainsi que l’écrit Ives dans le commentaire accompagnant la partition. La trompette solo entonne quant à elle, en CHARLES IVES une phrase de cinq notes jouée par sept fois à Né en 1874 à Danbury l’identique, « l’éternelle question de l’existence ». (Connecticut), Charles Ives Symbolisant « la quête de l’invisible réponse », les apprend d’abord la musique auprès flûtes viennent inscrire sur cet arrière-plan quasi d’un père qui lui donne le goût de statique des salves de plus en plus grinçantes l’expérimentation, tient l’orgue de et agitées, reprenant le motif de la trompette sa ville natale à 14 ans puis étudie en le déformant et s’animant progressivement de 1894 à 1898 à l’université de jusqu’à une nuance con fuoco (avec fougue). Yale où il approfondit, entre autres, « Après leur disparition, précise Ives, la question la composition avec Horatio est posée pour la dernière fois et l’on entend à Parker. Ayant fondé une compagnie nouveau le silence, dans une solitude que plus d’assurances, il compose durant ses rien ne trouble. » Le titre de l’œuvre, l’une des plus loisirs, à l’écart des institutions, fréquemment interprétées parmi toutes celles que une œuvre audacieuse marquée Ives composa, pour l’essentiel entre 1896 et 1916, par la superposition de strates provient du poème écrit en 1841 par Ralph Monro hétérogènes, les citations de motifs Emerson, figure fondatrice du transcendantalisme populaires, une quête de l’espace américain, auquel le compositeur vouait une sonore et une adhésion aux valeurs profonde admiration et qui lui inspira le mouvement morales du transcendantalisme initial de sa Concord Sonata entreprise en 1904. d’Emerson et de Thoreau. Dès Si ce courant philosophique et religieux éclaire le 1918, sa santé déclinant, il cesse sens symbolique de cette œuvre à bien des égards peu à peu ses activités. L’avant- singulière, il sous-tend également l’intérêt constant garde musicale new yorkaise le du compositeur pour les expérimentations sonores, découvre au cours des années comme autant d’interprétations de la nature vingt. Il laisse une centaine de selon des perspectives renouvelées. Comme pour mélodies, quatre symphonies, prolonger au-delà des limites de l’œuvre cette deux sonates pour piano – dont « Question laissée sans réponse » qui est celle de l’imposante Concord Sonata –, notre existence dans l’univers, un point d’orgue deux quatuors à cordes et de (signe musical modifiant une note ou un silence et nombreuses pièces instrumentales dont la fonction est d'en prolonger la durée au gré pour des formations diverses, dont de l'interprète) surmonte encore le signe indiquant la plupart ne seront interprétées la fin de la partition, une fois les dernières notes que bien après sa mort en 1954 à évanouies dans le silence. New York. Alain Galliari CONCERTO POUR VIOLON NO 2, SZ. 112 Béla BARTÓK Dans la musique savante de haut niveau, il y a pour ainsi dire toujours Composé en 1937-1938 à la demande de Zoltán Székely, violoniste et ami du eu des influences de la musique compositeur ; créé par Zoltán Székely le 23 mars 1939 à Amsterdam, avec populaire. l’Orchestre du Concertgebouw sous la direction de Willem Mengelberg Béla Bartók Trois mouvements : 1. Allegro ma non troppo – 2. Andante tranquillo n « véritable » concerto pour violon, avait 3. Allegro molto demandé le violoniste Zoltán Székely, Durée approximative : 40 minutes U déjà créateur des deux Rhapsodies pour violon et orchestre de Bartók en 1929. Le compositeur respecta donc la traditionnelle structure en trois mouvements, renonçant à EN SAVOIR PLUS la forme à variations qu’il voulait étendre à – Yann Queffélec, Béla Bartók, Éd. l’échelle de l’œuvre entière (en définitive, le Mazarine, 1981, rééd. et rév. Bartillat, « thème et variations » se limite à l’Andante 2013 : l’écrivain consacra son premier tranquillo central). En outre, il révisa la fin du livre à Bartók. finale afin que le soliste puisse y briller, alors – Béla Bartók, Écrits, Contrechamps, 2006 : le compositeur y parle notamment qu’il l’avait à l’origine confiée à l’orchestre. Ce de ses relations à la musique populaire. concerto virtuose place le violon au premier plan presque en permanence. Mais il ne sacrifie aux conventions qu’en apparence. Les thèmes, jamais présentés deux fois à l’identique, sont L’ŒUVRE ET L’ORCHESTRE l’objet de constantes métamorphoses. Et surtout, le finale constitue une vaste variante Ce concerto est au répertoire de du premier mouvement, dont il reprend le l’Orchestre de Paris depuis 1974, où matériau et la construction : si Bartók semble se il fut interprété par Luben Yordanoff, alors Premier violon solo de l’orchestre plier aux exigences de Székely, il ne renonce pas sous la direction de sir Georg Solti. Lui totalement à son idée de départ. Par ailleurs, ont succédé depuis Salvatore Accardo il avait pensé intituler le premier mouvement (dir. Claudio Abbado) en 1980, Ivry Gitlis en 1987 (dir. Zubin Mehta), Tempo di verbunkos, référence à cette musique Viktoria Mullova (dir. Gilbert Varga) en jouée par des orchestres tsiganes pour 1996, Gil Shaham en 1999 (dir. Wolfgang accompagner les recrutements militaires et qui Sawallisch), en 2001 (dir. Pierre Boulez) puise ses racines dans les danses populaires et 2013 (dir. Paavo Järvi) et enfin Leonidas Kavakos en 2016 (dir. Paavo hongroises. Un verbunkos se divise en deux Järvi). parties : la première, lassú, se caractérise par un tempo lent et flexible, un ton mélancolique et la présence d’une ornementation abondante ; la seconde, friss, contraste par le dynamisme BARTÓK ET LE VIOLON fiévreux de son tempo rapide. L’Allegro non Les œuvres pour violon de troppo du concerto ne respecte pas à la lettre Bartók furent souvent stimulées cette coupe bipartite, mais il fait alterner par la fréquentation d’éminents des sections calmes et expressives avec des instrumentistes : Stefi Geyer, sections vives et fougueuses. Si la mélodie et aimée du compositeur qui le rythme empruntent à la musique populaire, lui destina son Premier celle-ci est toutefois distanciée à l’extrême : concerto pour violon ; elle fusionne avec le langage personnel de Jelly Arányi, dédicataire des Bartók, marqué ici par une écriture d’une grande deux Sonates pour piano densité, l’utilisation d’un thème de douze sons et violon ; Joseph Szigeti, dans le premier mouvement (procédé hérité instigateur des Contrastes pour de Schoenberg) et le raffinement de la couleur violon, clarinette et piano, orchestrale toujours changeante. C’est au moyen officiellement commandés par de cet ancrage dans la tradition populaire que le clarinettiste de jazz Benny Bartók conservera un lien avec son pays natal : Goodman ; Yehudi Menuhin, afin de fuir la menace nazie, il émigrera aux à l’origine de la Sonate pour États-Unis en 1940. violon seul. On songera aussi Hélène Cao aux six Quatuors à cordes (les quatre premiers créés par le Quatuor Waldbauer-Kerpely, les deux derniers par le Quatuor Je me trouve pour l’instant dans la Kolisch), qui renouvelèrent le genre comme aucune œuvre ne plus grande perplexité, même si j’ai l’avait fait depuis Beethoven.