Staatskapelle Berlin Daniel Barenboim Anne-Sophie Mutter
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE Mardi 29 juin 2021 – 20h 2e Biennale Pierre Boulez Staatskapelle Berlin Daniel Barenboim Anne-Sophie Mutter Programme Pierre Boulez Initiale Ludwig van Beethoven Concerto pour violon Pierre Boulez Mémoriale Ludwig van Beethoven Symphonie no 5 Staatskapelle Berlin Daniel Barenboim, direction Anne-Sophie Mutter, violon Coproduction Piano****, Phiharmonie de Paris Dans le cadre de la 2e Biennale Pierre Boulez, en partenariat avec la Pierre Boulez Saal Berlin FIN DU CONCERT (SANS ENTRACTE) VERS 22H00. Les œuvres Pierre Boulez (1925-2016) Initiale pour septuor de cuivres Composition : 1987, révision en 2010. Commande de Dominique de Menil pour l’inauguration du musée de la Menil Collection à Houston Création : le 30 novembre 1986 au musée de la Menil Collection à Houston. Effectif : 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, tuba. Durée : environ 5 minutes. Parallèlement à ses œuvres les plus ambitieuses, Pierre Boulez a composé plusieurs pièces brèves pour répondre à des commandes : Pour le Dr Kalmus pour cinq instruments (1969), Initiale pour sept cuivres (1987), Incises pour piano (1995), Une page d’éphéméride pour piano (2005). Le cadre de la création d’Initiale (le musée de la Menil Collection à Houston tout juste inauguré) ne pouvait que séduire le compositeur : Renzo Piano était l’architecte de ce musée d’art contemporain, situé près de la Rothko Chapel commandée également par les collectionneurs Dominique et John de Menil. La division de l’effectif en deux groupes instrumentaux se prête à la spatialisation, bien qu’elle ne soit pas spécifiée dans la partition. La figure mélodique de la première page – un motif d’arpège ascendant, typiquement boulézien – sert de matrice à toute l’œuvre, où se succèdent de brèves sections différenciées par leur tempo, leur rythme, leur phrasé et leur écriture. Les motifs circulent entre les deux groupes (une trompette, un cor et un trombone d’une part ; une trompette, un cor, un trombone et un tuba d’autre part), de façon à créer une sensation de spirale tournoyant autour des auditeurs. Une polarité se dégage : la note fa, répétée avec insistance, telle une « initiale » à partir de laquelle se déploie le discours. Le titre suggère aussi que la partition constituerait une sorte de geste liminaire dont le potentiel resterait à développer, selon le concept de work in progress qui sous-tend toute la création boulézienne. 4 Ludwig van Beethoven (1770-1827) Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61 I. Allegro ma non troppo II. Larghetto III. Rondo. Allegro Composition : 1806. Dédicace : à Stephan Breuning. Création : le 23 décembre 1806 à Vienne, avec le soliste Franz Clément. Effectif : violon solo – flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes – timbales – cordes. Publication : Comptoir des Arts et de l’Industrie, 1809. Durée : environ 50 minutes. e En ce début de XIX siècle qui chérit les virtuoses, le Concerto pour violon de Beethoven refuse le déploiement d’une technique spectaculaire. Voilà qui explique sans doute les réserves de la critique, lors de la création en 1806. L’œuvre attendra plusieurs décen- nies pour réellement s’imposer, défendue notamment par Joseph Joachim. En effet, le genre concertant devient ici l’objet d’une nouvelle dialectique : le soliste orne les lignes mélodiques de l’orchestre et intensifie leur expression plus qu’il ne s’oppose à la masse instrumentale. Le violon évolue souvent dans l’aigu, mettant ainsi en valeur le jeu de Franz Clément (1780-1842), premier violon et chef de l’orchestre du Theater an der Wien. Les témoignages de l’époque rapportent que le créateur de la partition excellait dans ce registre. Beethoven, qui tenait Clément en haute estime, lui a laissé l’initiative des cadences. En outre, les dimensions de l’œuvre ont probablement dérouté les premiers auditeurs. Beethoven compose là le plus long de ses concertos, la durée du premier mouvement dépassant de surcroît celle des deux autres mouvements réunis. Le Concerto pour violon se caractérise également par ses couleurs en demi-teinte. Si l’Allegro ma non troppo initial contient quelques épisodes majestueux ou énergiques, il est toutefois dépourvu de l’agressivité qui émaille tant de partitions beethovéniennes. Il laisse s’épancher le chant, le soliste déroulant de délicates arabesques aux volutes toujours renouvelées. 5 Alors que dans ce premier mouvement, la claire tonalité de ré majeur (adoptée ensuite par Brahms et Tchaïkovski dans leurs concertos pour violon) était parfois ombrée de quelques couleurs mineures, le Larghetto ne quitte guère le ton de sol majeur. Forme à variations combinant deux thèmes principaux, il captive par son climat contemplatif. L’orchestration réduite, où domine le timbre pastoral des bois, ajoute à l’impression d’intimité et d’intériorité. Le finale, qui associe les principes du rondo et de la forme sonate, réserve une place plus importante à la virtuosité du soliste. Son refrain, à l’esprit populaire, contraste avec les mélodies soutenues ou rêveuses des mouvements précédents. En concluant son concerto avec cette fraîcheur enjouée, Beethoven n’est pas sans annoncer le finale de sa Symphonie no 6 « Pastorale », composée deux ans après. Hélène Cao Pierre Boulez Mémoriale pour flûte solo et huit instruments Composition : 1985. Création : le 29 novembre 1985 au Théâtre des Amandiers (Nanterre), par Sophie Cherrier et l’Ensemble intercontemporain sous la direction du compositeur. Effectif : flûte solo – 2 cors – 3 violons, 2 alos, violoncelle. Durée : environ 7 minutes. Avant tout, la pièce est un hommage et un témoignage d’amitié envers Larry Beauregard, flûtiste de l’Ensemble Intercontemporain disparu en septembre 1985. Il travaillait alors en étroite relation avec le compositeur et d’autres chercheurs de l’Ircam (Andrew Gerzso, Barry Vercoe, Xavier Chabot), à la reformulation de l’ancienne version de … explosante-fixe …, pour flûte et ensemble instrumentai (1970). 6 Le nouveau projet pour lequel l’interprète se passionnait, consistait à trouver une « jonction » entre l’instrument et l’ordinateur musical le plus perfectionné de cette époque, la « machine 4X ». Mémoriale est constitué de l’original pour flûte de cette œuvre, que soutient un petit ensemble composé de trois violons, deux altos, un violoncelle et deux cors. Cette élégie à celui qui constituait, selon Pierre Boulez, le « modèle de ce que devrait être, idéalement, tout musicien du futur », dure environ 7 minutes. Dominique Jameux Ludwig van Beethoven Symphonie no 5 en ut mineur op. 67 I. Allegro con brio II. Andante con moto III. Allegro IV. Allegro Composition : 1808. Création : Vienne, 1808. Effectif : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, contrebasson – 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales –cordes. Durée : environ 34 minutes. Cette partition emblématique de l’histoire de la musique, mille fois commentée et sollicitée dans tous les contextes, demeure encore de nos jours une prodigieuse expérience de concert. Entreprise en 1805, mais souvent interrompue pour faire place à d’autres projets (dont celui de la Symphonie no 6 « Pastorale »), elle remporte dès sa création un succès qui ne devait jamais se démentir. E. T. A. Hoffmann y vit la quintessence de l’art romantique, et l’on rapporte que Goethe, qui ne la découvrit pourtant, en 1830, que lorsque Mendelssohn lui en joua une transcription 7 au piano, aurait déclaré : « C’est très grand, c’est absolument fou ! On aurait peur que la maison s’écroule ! » Le premier mouvement, Allegro con brio, demeure associé à sa cellule mélodico-rythmique de quatre notes, dite des « coups du destin », dont Beethoven exploite l’énergie d’une manière absolument inédite, révolutionnant l’écriture symphonique comme la pensée de la forme musicale. Cet élément somme toute très simple devient en effet une figure origi- nelle, dont l’ubiquité structurante permet au discours de se déployer en violents contrastes. Tendu, haletant, animé d’une puissance irrépressible, ce premier mouvement renferme toutefois, au début de la réexposition, un superbe thème de hautbois à l’esprit cadentiel, dont la solennité tragique aurait été inspirée à Beethoven par une inscription évoquant l’irrémédiable solitude de l’homme, au fronton d’un temple égyptien. Le deuxième mouvement, Andante con moto, adopte le principe du thème accompagné de variations. La mélodie, simple et sereine, apparaît aux altos et aux violoncelles avant d’être reprise par les bois, puis les cuivres, en une exaltation conquérante. Vient ensuite un Allegro où Beethoven semble essayer de réitérer le miracle du premier mouvement, en proposant un thème que Schumann qualifia d’« interrogateur », comme si l’Homme, prenant l’initiative, interpellait cette fois le Destin. Mais c’est bien un combat qui s’engage : les cors martèlent l’appel de la destinée, qui finit toutefois par se disloquer, comme si du tourbillon des passions humaines émergeait une affirmation de liberté. Après un étrange moment de suspens, l’énergie se libère en un fabuleux crescendo, conduisant sans transition au finale. Celui-ci, Allegro, s’assimile à une marche de victoire, pour laquelle l’orchestre symphonique, pour la première fois de l’histoire, intégra des trombones. Cette pièce allégorise, comme dans le finale de Fidelio, la victoire de l’humanité sur toute forme d’aliénation. On assiste ici à une profusion d’idées musicales, qui cependant convergent toutes en une disposition triomphale sur laquelle se clôt la symphonie. Frédéric Sounac 8 Pierre BoulezLes compositeurs