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LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 25 MAI 2001

LES JEUNES PRISONS PHILOSOPHES Deux sociologues se penchent pages VIII et IX sur l’univers des condamnés aux longues peines et Jean-Marc Rouillan raconte STEPHEN VIZINCZEY son incarcération Le feuilleton RIMBAUD ANNIE PROULX JEUNESSE page XI a de Pierre Lepape page II page III page V page VI Philip Roth, La vengeance de Philip Roth guerre et l’époque glaciale du maccar- parviennent pas toujours à les pas- ple (6). La dureté est au rendez-vous, deux, c’est Roth, et la littérature est thysme. Ce sont des romans plutôt sionner – encore que Ira/Iron, com- Avec « J’ai épousé et surtout le sentiment que, lorsque impitoyable. Dans le combat d’Ira et naturalistes, assez pesants parfois. me ses deux prénoms l’indiquent, Roth parle de la femme de son héros, d’Eve, on retrouve le Roth de tou- Voilà bien l’ultime victoire de Roth, soit un homme en colère, un homme un communiste », Eve, il manifeste une incompréhen- jours, percutant, surpuissant, et sans doute une secrète vengean- de fer, une brute parfois, un person- sion totale pour ce « deuxième effrayant, acharné à montrer qu’en- ce : écrire, à plus de soixante ans (il nage assez singulier et inattendu l’écrivain américain sexe » avec lequel il faut tenter de tre les hommes et les femmes rien est né en 1933) des livres pour les lec- dans l’œuvre de Roth. Pour ses lec- vivre. Quand Ira rencontre Eve Fra- n’est possible sauf le cycle infernal près les sommets que teurs qui n’aiment pas son œuvre. Et teurs de toujours, comme l’observe revient sur l’époque me, une ancienne star de Hollywood séduction-passion-lutte à mort. Une sont Opération Shylock et Le Théâtre il a réussi. Pastorale américaine a con- André Bleikasten dans l’excellente du maccarthysme. qui fut mariée à une autre star dont démonstration à laquelle s’em- Ade Sabbath (1), deux livres éblouis- introduction à Roth qu’il elle a une fille, il est «ébloui». «Il ploient, de manière très ennuyeuse, sants d’un écrivain en pleine maturi- vient de publier dans la faut bien dire qu’elle était éblouissante, beaucoup de supposés romanciers. té, qu’allait donc faire Philip Roth ? Josyane Savigneau collection « Voix améri- Deuxième volet et que l’éblouissement a sa propre logi- Mais que la lucidité infernale et le sty- On croyait que ce créateur hanté par caines » dirigée par que. » Il « croit avoir trouvé l’amour le féroce de Philip Roth rendent irré- le double était allé aussi loin que pos- quis, notamment en France, un Marc Chénetier, « l’écriture de Roth d’une trilogie naturaliste de sa vie. Et avec l’amour de sa vie, on futable. sible dans Shylock en affrontant son public nouveau, amateur d’un cer- est une écriture en ébullition, pleine de ne va pas pinailler sur les détails ». narrateur, nommé cette fois-là Philip tain réalisme. Il devrait en aller de bruit et de fureur, en même temps qui devrait continuer C’est avec une sorte de rage qu’est (1) « Folio », Gallimard, Roth, à un personnage qui est «un même avec J’ai épousé un communis- qu’une écriture en état d’alerte, une décrite la désastreuse histoire d’Ira et no 2937 et 3072. faux lui-même » et s’appelle… Philip te. écriture de résistance et de combat. à séduire ceux qui Eve, version noire de La Belle et la (2) « Folio » no 3533. Roth. Mais ce romancier imprévisible Quant à ceux qui ont tout lu avec Résistance à toutes les pesanteurs, à Bête. Cette affaire vouée d’emblée à (3) A paraître chez Gallimard. pouvait être plus fort encore. Il s’est passion, depuis Goodbye, Columbus commencer par celles de la langue ; jusqu’alors n’aimaient l’échec, qui est au cœur du roman, se (4) « Folio » no 1185. mis à écrire une trilogie avec arrière- (1959) (4), ils sont définitivement combat contre les inerties, les illusions lit évidemment comme l’évocation (5) Houghton Mifflin. fond historique dont voici le deuxiè- acquis à celui qu’ils tiennent pour et les impostures du discours social, le guère son œuvre terrible d’un autre couple, celui du (6) « Folio » no 2803. me volet, J’ai épousé un communiste, l’un des plus grands écrivains prêt-à-penser des idéologies, la folie romancier Philip Roth avec l’actrice (7) Virago Press. après Pastorale américaine (2) et contemporains. Même s’ils s’en- meurtrière des fanatismes – toutes les Philip Roth, menant « cette bataille Claire Bloom (ils se sont rencontrés avant The Human Stain (La Tache nuient à la description minutieuse de formes de ce que, dans La Tache jamais gagnée contre la bêtise » en 1975, mariés en 1990 et ont divor- J’AI ÉPOUSÉ UN COMMUNISTE humaine) (3). Le premier se passe la fabrication des gants en peau dans humaine, il appelle “la tyrannie du « avec une rageuse rudesse qui n’est cé en 1995). Comme l’héroïne de J’ai (I Married a Communist) Stephen Vizinczey, dans l’Amérique des années 1960, Pastorale américaine. Même si les nous” ». qu’à lui ». Ceux qui sont arrivés à lui épousé un communiste, Claire Bloom de Philip Roth. confrontée à sa jeunesse en révolte, démêlés du communiste Ira Ringold Dans cette trilogie historique, il y a par Pastorale américaine seraient tout (qui restera à jamais la jeune Theresa Traduit de l’anglais (Etats-Unis) et le dernier pendant le second man- (devenu l’homme de radio Iron Rinn) sans doute, pour les vrais de même bien avisés de lire dès main- du Limelight de Charlie Chaplin) avait par Josée Kamoun, dat de Clinton. Quant à J’ai épousé un avec les anticommunistes fanatiques « rothiens », un peu trop de « nous » tenant le Philip Roth d’André Bleikas- une fille musicienne que Roth ne sup- Gallimard, « Du monde entier », communiste, il revient sur l’après- de l’Amérique des années 1950 ne et pas assez du « je » magnifique de ten pour prendre la mesure de cet portait pas. Elle raconte en détails 406 p., 130 F [19,82 ¤]). « écrivain incommode » et en finir leurs rapports houleux dans un livre avec une certaine naïveté. Car, com- de mémoires, Leaving a Doll’s House PHILIP ROTH me le disait Roth à la Book Review du (7) que Roth a sûrement lu comme d’André Bleikasten. Times en mai 2000, il souhai- une trahison. Malheureusement Belin, « Voix américaines », te désormais « débarrasser [sa] tête pour Claire Bloom, l’écrivain, des 128 p., 50 F [7,62 ¤]). de tout ce sérieux ». «Jeveuxune autre voix pour maintenant. Pendant six mois, un an, je voudrais regarder les choses d’une autre manière. J’essaie de m’arracher à la vision sombre qu’a Zuckerman de la vie américaine. » Et le roman qui vient de paraître aux Etats-Unis, The Dying Animal,estfidè- le à cette déclaration (5). Pour l’heure, en France, lenteur de traduction oblige, c’est encore l’écri- vain Nathan Zuckerman (autre dou- ble romanesque de Roth) qui parle, ou plutôt, comme dans Pastorale américaine, qui écoute le récit du frè- re de son héros. Dans J’ai épousé un communiste, ledit frère est un ancien Arthur Rimbaud, professeur de Zuckerman, Murray Ringold. Dans sa jeunesse, Zucker- man a beaucoup admiré Ira, le com- muniste – subissant même son influence politique –, dont Murray raconte la déroute, la destruction, notamment en raison de la trahison de sa femme, lorsqu’elle a publié un livre de règlements de comptes intitu- lé… J’ai épousé un communiste. «En France, cette phrase n’a rien de scan- daleux », expliquait en riant Philip Roth, venu pour une master class à Aix-en-Provence en 1999. « Aux Etats- Unis, I married a Communist est un titre-choc et, dans les années 1950, c’était, d’emblée, une dénonciation. » Démonter minutieusement, froide- ment, brutalement aussi, les mécanis- mes de la trahison est l’un des propos de ce livre qu’on peut lire de trois manières au moins. Pour compren- dre Ira Ringold et la situation histori- que de son temps. Pour retrouver la méditation de Roth sur l’identité, qui traverse toute son œuvre. Pour explo- rer de nouveau la vengeance person- Annie Proulx… nelle de Roth contre les femmes, qui, elle aussi, est une constante chez lui. Mais ici, l’humour a déserté les lieux,

NANCY CRAMPTON contrairement à Tromperie, par exem-

www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17521 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 25 MAI 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

L’Europe de M. Jospin Une justice ordinaire pour le président ? b a Le premier ministre Les proches de Lionel Jospin proposent que le chef de l’Etat puisse être traité comme tous exposera lundi les justiciables b Ils refusent la procédure de Haute Cour défendue par Arnaud Montebourg b La droite sa vision accuse le premier ministre d’avoir donné son aval à l’offensive de ce député contre Jacques Chirac LE GROUPE SOCIALISTE de double fonction politique : d’une de la construction l’Assemblée nationale discutera, le part, répondre au député socialiste 29 mai, d’une proposition de loi Arnaud Montebourg, qui dénonce européenne constitutionnelle tendant à réfor- l’impunité de fait dont bénéficie mer le régime juridique du prési- Jacques Chirac, mis en cause dans a Au menu, dent de la République. Cette pro- deux instructions relatives aux J. VINK/MAGNUM position, conforme à ce que le PS affaires parisiennes ; d’autre part, GRAND PRIX DU « MIDI LIBRE » avait prévu de faire figurer dans obliger l’opposition et l’Elysée à la réforme son programme pour les élections prendre position sur le principe de du fonctionnement de 2002, dispose que le chef de l’immunité, alors que M. Chirac lui- Un coup de l’Etat continuerait à relever de la même avait déclaré, le 14 décem- de l’Union avant Haute Cour de justice pour des fau- bre 2000, sur TF1, qu’il regrettait tes commises « dans l’exercice de de ne pouvoir répondre aux ques- moins bien son élargissement ses fonctions », mais que pour tions des juges. celles « qui relèvent du droit com- L’initiative socialiste répond à la De Saint-Cyprien à Pézenas, la seconde mun, commises avant ou pendant contre-offensive menée par l’Ely- a étape du Grand Prix du Midi libre, mar- Il devrait son mandat (...), il puisse relever de sée à la suite de la publication de la quée par un violent orage, a été pénible la justice ordinaire », a indiqué proposition de mise en accusation suggérer Jean-Marc Ayrault, président du de M. Chirac, rédigée par M. Mon- pour notre reporteur-coureur. Malgré groupe socialiste, mercredi 23 mai. tebourg et signée par trente et un l’aide des juniors de l’Union cycliste Per- un renforcement Une telle réforme ne pourrait députés. Le chef de l’Etat a donné pignan Roussillon qui l’accompagnent, aboutir qu’avec l’accord du Sénat. pour consigne de dénoncer M. Jos- les encouragements des professionnels des institutions En outre, l’initiative en étant prise pin comme le véritable inspirateur et ceux du public, Eric Fottorino (à gau- par des députés, elle devrait obliga- de la démarche de M. Montebourg. existantes toirement être soumise à référen- che) a subi un « coup de moins bien », dum, procédure qui dépend du Lire page 5, un point de vue comme disent les cyclards. Il a dû s’ac- Lire page 2 chef de l’Etat. Cependant, la démar- page 10 et notre éditorial page 11 crocher pour tenir. p. 9 et 18 che des socialistes, naturellement f www.lemonde.fr/ue avalisée par Lionel Jospin, a une f www.lemonde.fr/chirac-affaires f www.lemonde.fr/midilibre Israël-Palestine, Renate, la cousine de Gerhard Schröder qui travaillait pour la Stasi BERLIN naissance. On organise une rencontre à l’hôtel aux cours du soir. Ses quatre mariages l’ont ren- la diplomatie de notre correspondant Mariott de Gera, le 9 mai, sous le feu des photo- du plutôt sympathique. Sa femme et la fille de « La cousine de Schröder travaillait à la Sta- graphes. Une cousine n’est pas venue, mais les cette dernière lui permettent de se donner une YASSER ARAFAT, en visite si », la sinistre police secrète de l’ex-Allemagne deux autres apportent des images de famille au image de père de famille. Son demi-frère, qui a à Paris mercredi 23 mai, a de l’Est. C’est le quotidien Bild Zeitung qui a chancelier, qui avait souvent déploré qu’il ne s’est retrouvé au chômage l’été dernier, comme souhaité l’organisation d’un som- révélé l’apparente infamie. Le journal précise subsiste – croyait-il – qu’une seule photo de des millions d’Allemands, permet de rappeler met pour œuvrer en faveur de l’ap- aussitôt : « Elle lui a tout confessé. Le chancelier son père. « C’est émouvant de connaître ses cou- que la vie n’est pas toujours facile. Et puis à plication des conclusions du rap- lui a pardonné. » sines après tant de temps. Un destin écrit par la l’Est, il y a cette nouvelle famille tombée du ciel. CLIMAT port Mitchell. Ce rapport, active- C’est le dernier rebondissement de la saga guerre », commente alors le chancelier. Des Certes, la cousine Renate n’a pas accompa- ment soutenu par les Etats-Unis et familiale du chancelier Gerhard Schröder. Tout cousines pauvres dans l’ex-RDA, une aubaine gné ses sœurs à l’hôtel Mariott parce qu’elle par l’Union européenne, fait l’ob- commence avec les recherches de sa sœur, Gun- pour un homme qui n’a guère d’attaches avec était traductrice pour la Stasi. Mais ne faisait L’anticyclone jet de lectures divergentes par les hild, qui tente de retrouver la tombe de leur les nouveaux Länder. Les retrouvailles familia- pas partie, semble-t-il, des « collaborateurs Israéliens et par les Palestiniens. Il père, Fritz Schröder, caporal de la Wehrmacht les rapporteront sans doute plus de voix que informels », ces informateurs secrets honnis nous a trahis s’agit cependant de la seule initiati- tombé au front en Roumanie, en 1944, à l’âge tous les voyages que pourrait faire le chancelier qui trahissaient jusque sur l’oreiller. Alors, le Après sept mois de pluies intenses ve diplomatique importante à ce de trente-deux ans. Elle finit par la trouver et dans la campagne est-allemande. chancelier, qu’elle a rencontré en secret il y a sur l’Europe de l’Ouest, les spécialis- jour susceptible de ramener le cal- découvre aussi que son père avait un frère, Gerhard Schröder incarne assez bien le des- quinze jours, se montre grand seigneur. « Est- me dans un Proche-Orient trou- Kurt, décédé en 1990 à Eisenach, dans l’ex- tin d’une Allemagne brisée par la guerre et la ce que je sais si j’aurais pu résister dans un tel tes de la météo et du climat s’interro- blé, après huit mois d’Intifada et à RDA. A l’adresse de son dernier domicile con- division. A l’Ouest, il y a Gerhard Schröder, système ? », dit-il à Bild, avant de citer le gent sur les raisons de ces intempé- l’heure du premier anniversaire de nu, vit toujours l’une de ses filles. C’est ainsi jeune héros des difficiles années de la recons- Christ : « Que celui d’entre vous qui est sans ries. Si le mécanisme de formation du l’évacuation du Liban-sud par que le chancelier et sa sœur apprennent qu’ils truction : l’homme sait faire verser une larme péché lui jette la première pierre. » Avec la com- rail qui guidait ces vagues pluvieuses Israël. avaient en fait trois cousines germaines de sur sa mère, femme de ménage, qui vivait jadis plicité de Bild, M. Schröder retourne à son est bien compris, les positions inhabi- l’autre côté du rideau de fer, en Thuringe. de l’aide sociale, ou sur son beau-père atteint avantage cette parenté qui aurait, en d’autres Lire page 3 L’émotion est réelle pour M. Schröder, qui n’a de tuberculose. Ancien apprenti dans un maga- temps, pu être gênante. tuelles de la dépression d’Islande et jamais connu son père, ancien ouvrier des foi- sin de porcelaine, le jeune Gerhard était monté de l’anticyclone des Açores restent f www.lemonde.fr/israel-palestiniens res foraines, décédé quelques mois après sa à la force du poignet, devenant avocat grâce Arnaud Leparmentier un mystère. p. 19 Radiohead L’équilibre instable en France du statut de la Corse RELATIVEMENT dépassionné, tion et prévenir celles du Conseil pour une fois, le débat sur le sta- constitutionnel, l’article premier tut de la Corse à l’Assemblée est en retrait sur la nature même nationale a été, comme c’est sou- du statut envisagé. Avant d’être vent le cas lorsqu’il s’agit de l’île, amendé, le projet rapprochait, fût- complexe ; d’autant plus difficile à ce de manière timide, la Corse de saisir que non-dits, sous-enten- la plupart des autres îles européen- dus, arguments en trompe-l’œil nes, qui ont un statut d’autono- LUCA BRUNO/AP n’ont pas manqué. Le texte tel mie. La délégation du pouvoir qu’il a été voté en première lectu- législatif est, en effet, selon les FOOTBALL THOM YORKE re, mardi 22 mai, avec une opposi- définitions communément admi- tion souvent plus mesurée qu’au ses, une composante fondamenta- LE GROUPE britannique Radio- début du « processus de Mati- le d’un tel statut. En ce sens, le diri- Légendaire head, mené par le chanteur Thom gnon », est le reflet de cette geant autonomiste historique Yorke, doit donner, le 28 mai, un con- complexité. Edmond Simeoni avait pu évo- Bayern cert unique en France, à Vaison-la- Le texte comportait trois arti- quer une « pré-autonomie ». Les joueurs du Bayern Munich (photo) Romaine (Vaucluse). Il sera retrans- cles « vedettes ». Le premier – l’ar- Aujourd’hui, ce terme ne s’appli- mis à Angers, Angoulême, Bordeaux, ticle 1er – organisait un transfert que sans doute plus : le contrôle ont remporté, mercredi 23 mai, à Milan Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Mar- limité du pouvoir législatif et régle- qui sera exercé par le gouverne- (Italie), la Ligue des champions en battant seille, Montpellier, Orléans et Paris. mentaire à l’Assemblée de Corse, ment et le Parlement semble les Espagnols du FC Valence au terme de le deuxième – l’article 7 – portait désormais trop étroit, voire trop l’épreuve des tirs au but (1-1, 5 tirs au Lire page 22 sur la langue, le troisième – l’arti- tatillon, pour que cette délégation but à 4). Cette victoire permet au mythi- cle 12 – prévoyait des possibilités fonctionne réellement, tant que que club allemand de renouer avec la Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, de dérogation à la loi littoral. Le l’éventuelle révision constitution- 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; gloire, lui qui attendait un titre de cette Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; ministre de l’intérieur, Daniel nelle de 2004, qui prend pour le Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- Vaillant, soutient que le texte voté coup une importance nouvelle, importance depuis vingt-cinq ans. p. 18 gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; est « équilibré ». Mais le recul, au n’a pas eu lieu. Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; moins sur un point essentiel, est Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; International...... 2 Tableau de bord ...... 15 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. difficile à nier par rapport à la ver- Jean-Louis Andreani France...... 5 Aujourd’hui ...... 18 sion initiale du projet et aux orien- Société...... 7 Météorologie ...... 21 tations approuvées en juillet, puis Lire la suite page 11 M 0147 - 525 - 7,50 F Horizons ...... 9 Jeux ...... 21 en décembre 2000, par une large et le point de vue Carnet...... 12 Culture ...... 22 majorité de l’Assemblée de Corse. de Gabriel-Xavier Culioli page 10 Abonnements ...... 12 Guide culturel ...... 24 A force d’être édulcoré, pour Entreprises...... 13 Radio-Télévision ...... 25 3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@f@c@p@k; désarmer les critiques de l’opposi- f www.lemonde.fr/corse 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

UNION EUROPÉENNE. Lio- consulté, notamment Jacques Delors rer, à l’horizon 2004, une réforme entre les organes de décision exis- légitime aux yeux des citoyens. b CE nel Jospin prononcera, lundi 28 mai, et Valéry Giscard d’Estaing, conçoit profonde des institutions européen- tant actuellement dans l’Union, mais DÉBAT intervient alors que la crois- à Paris, le discours sur l’Europe son intervention comme une contri- nes. b CONTRAIREMENT aux proposi- souhaite leur renforcement pour ren- sance faiblit en Europe à la suite du annoncé depuis plusieurs mois. b LE bution au grand débat que les autori- tions allemandes, M. Jospin refuse dre l’Europe à la fois plus efficace ralentissement américain et des diffi- PREMIER MINISTRE, qui a beaucoup tés françaises ont lancé pour prépa- un bouleversement de l’équilibre dans la défense de ses valeurs et plus cultés de l’économie allemande. M. Jospin veut renforcer l’Europe sans changer son équilibre institutionnel Après Joschka Fischer, Jacques Chirac et Gerhard Schröder, le premier ministre devrait apporter, dans un discours prononcé lundi 28 mai à Paris, sa contribution au débat sur l’avenir de l’Union européenne. Il cherche à concilier maîtrise de la mondialisation et légitimité démocratique

ENFIN ! Lionel Jospin va parler, « groupe pionnier » doté d’un te membres pourra-t-elle fonction- se fait généralement en France de la tuant », pour ne pas effrayer les sou- Moscovici a proposé la mise en pla- de l’Europe, de son sens et de son « secrétariat » ; ni au chancelier ner ? Joschka Fischer avait plus énu- construction européenne. L’idée verainistes ? ce d’un conseil permanent de minis- organisation. Son discours était Schröder, qui au nom du SPD, a méré des hypothèses que proposé d’une mutation du Conseil en une En tout cas, les propositions ne tres spécialisés en matière euro- annoncé depuis des mois, depuis récemment présenté ses proposi- des solutions. Un an plus tard, le sorte de Sénat a été plutôt mal manquent pas pour donner plus de péenne, qui gérerait les affaires que, le 12 mai 2000, Joschka Fis- tions. chancelier a été plus précis. Il a reçue. Lionel Jospin devrait réaffir- poids aux institutions européennes. communautaires avec la Commis- cher, ministre allemand des affaires Lionel Jospin ne veut d’ailleurs repris à son compte la politique dite mer que la réforme des institutions La Commission serait d’autant plus sion, tandis que les ministres des étrangères, a relancé le débat sur pas se laisser enfermer dans une dis- « de la chrysalide », proposée européennes passe par le renforce- performante que ses effectifs affaires étrangères se consacre- une Constitution de l’Union. Il a été cussion purement institutionnelle. ment du triangle existant – Conseil, seraient réduits et d’autant plus légi- raient à la diplomatie commune. ajourné à plusieurs reprises : après Comme le dit encore Pascal Lamy, il Commission, Parlement – sans que time que son président serait le chef Lionel Jospin reprendra-t-il l’idée à la présidence française de l’UE, ne faut pas que l’Union européenne Le premier ministre l’équilibre en soit fondamentale- de file du parti ayant recueilli le plus son compte, quitte à mécontenter après les élections municipales… se comporte « comme un club omnis- ment bouleversé. Il devrait redire grand nombre de suffrages aux élec- Hubert Védrine ? Il sera difficile Le premier ministre a choisi son ports dont les membres ne cesseraient a choisi son heure. Il a aussi que le Conseil européen, qui tions européennes. Le Parlement ne d’avancer à vingt-cinq ou trente, heure, pas trop tôt pour laisser à de débattre des statuts alors qu’ils ne réunit les chefs d’Etat et de gouver- serait plus cet organe un peu fanto- mais le premier ministre ne retien- d’autres le soin de se découvrir, et sont pas d’accord sur les disciplines à pris son temps. Il doit nement des pays membres, déten- matique, si son mode d’élection le dra pas l’idée d’un « noyau dur » pas trop tard pour ne pas interférer pratiquer : rugby ou pétanque ? » teurs d’une légitimité démocrati- rendait plus proche des citoyens, en – devenu « groupe pionnier » dans dans la campagne présidentielle. Il a La première question à laquelle le maintenant être précis, que, doit continuer à jouer un rôle France et ailleurs. le vocabulaire chiraquien – préfé- pris son temps, refusant de réagir premier ministre veut apporter une essentiel dans le processus de déci- Pour mieux associer les Parle- rant les « coopérations renforcées » sous la pression, pesant les posi- contribution, est donc : pourquoi sans toutefois entrer sion. ments nationaux aux décisions, il entre quelques Etats membres, plus tions déjà exprimées et les réactions l’Europe ? Il a déjà eu l’occasion Lionel Jospin ira-t-il au-delà de n’est pas nécessaire de créer une ouvertes et moins contraignantes. qu’elles ont suscitées. Surmontant d’esquisser des réponses. L’Europe trop dans les détails ces principes généraux pour énumé- seconde Chambre, mais on peut réu- Lionel Jospin n’a sans doute inté- aussi sa perplexité vis-à-vis de la doit avoir une influence politique rer les modifications institutionnel- nir une ou deux fois par an leurs rêt ni à trop entrer dans les détails construction européenne : l’Union dans le monde conforme à son les conduisant à une Fédération représentants dans une sorte de ni à nourrir un débat théologique est-elle le fourrier de la libéralisa- poids économique et monétaire, naguère par les démocrates-chré- d’Etats-nations, selon l’expression Congrès, chargé de vérifier le res- entre intégration communautaire tion générale ou un instrument de avec l’euro. Elle doit défendre son tiens : la Commission se transforme employée par Jacques Delors, voilà pect par l’Union et les Etats du prin- et coopération intergouvernementa- maîtrise de la mondialisation ? modèle de développement social, en gouvernement, le Parlement plusieurs années déjà, et largement cipe de subsidiarité. Quant au Con- le. Il doit cependant être suffisam- « L’Europe n’est pas un problème, fondé sur l’équilibre entre les néces- européen en Chambre basse et le acceptée ? Prononcera-t-il le mot seil, tout le monde s’accorde à dire ment précis pour ne pas être soup- mais une solution », répond Pascal sités de la croissance et le respect de Conseil des ministres en Chambre de « Constitution » européenne que son fonctionnement actuel çonné de masquer derrière des Lamy, commissaire européen. Enco- l’environnement et des droits des des Etats. Un modèle institutionnel pour désigner le texte qui pourrait n’est pas satisfaisant et qu’il est généralités l’absence de convictions re devait-il en convaincre Lionel Jos- citoyens ; défendre aussi la notion calqué sur celui de la République sortir du débat prévu jusqu’en 2004 menacé de paralysie totale avec fortes. pin. de service public et la solidarité fédérale. ou se contentera-t-il d’un terme l’élargissement. Le premier ministre a compulsé entre les différentes couches so- Ce n’est pas la conception qu’on plus vague, comme « traité consti- Après Jacques Delors, Pierre Daniel Vernet force notes préparées par ses colla- ciales comme entre les pays du borateurs et les ministres concer- Nord et du Sud. Elle doit permettre nés. Il a beaucoup consulté. Ces con- une réponse politique à la mondiali- tributions ont rempli une sorte de sation qu’il ne s’agit pas de nier Ne pas laisser le champ libre aux Allemands… et à Jacques Chirac « boîte à idées ». Son discours du mais de réguler. Pour y parvenir, lundi 28 mai ne sera pas une répon- l’Europe doit être à la fois légitime EN ATTENDANT le discours de Lionel Jos- tradition européenne et sa peur que l’Allema- qu’on va faire de l’Europe, il faut des instru- se à qui que ce soit, ni à Jacques Chi- et efficace. pin, le ministre délégué aux affaires européen- gne doive payer pour les pauvres de l’Europe. ments permettant un véritable jeu démocrati- rac qui avait pris position, il y a déjà C’est là que le débat institution- nes, Pierre Moscovici, a occupé le terrain et Et les Länder se battent pour que leur autono- que évitant les compromis honteux. L’aile gau- un an, devant le Bundestag, pour nel est inévitable. Comment une affirmé la différence du projet socialiste par mie ne soit pas sacrifiée sur l’autel européen. che des socialistes, qui vient de se regrouper au une Constitution européenne et un Europe élargie à vingt-cinq ou tren- rapport aux déclarations européennes de Jac- Il n’y a qu’en France, finalement, que le niveau européen autour d’une « contribution débat n’a jamais vraiment décollé, empêtré des gauches européennes », commence à le ANALYSE dans la cohabitation, bloqué par l’acceptation comprendre. En son nom, Henri Emmanuelli a molle d’une évolution lente et naturelle qui ne défendu au congrès de Berlin l’idée de transfor- Au moment où l’élargissement morde pas trop sur les intérêts nationaux. Ni mer le PSE en un véritable parti capable d’arbi- change le centre de gravité Jacques Chirac ni Lionel Jospin ne passent pour trer des conflits. Le combat doit se mener de l’Union, la France ne peut se des visionnaires. L’un et l’autre sentent pour- désormais à l’intérieur des institutions euro- contenter de rester sur la défensive tant que la France est bien obligée de s’agréger péennes, et non pas en dehors, comme le au mouvement, qu’au moment où l’élargisse- croient encore les mouvements antimondialisa- ment change le centre de gravité de l’Union, tion : une constatation identique a amené le ques Chirac. « Un néogaulliste et un socialiste ne elle ne peut se contenter de rester sur la défen- syndicat CFDT, suivi aujourd’hui par la CGT, à pensent pas la même chose », a-t-il lancé, diman- sive. « Nous nous rapprochons de l’épreuve de renforcer ces dernières années son action à che 20 mai, en estimant que M. Jospin n’avait vérité sur l’Europe politique », a reconnu Pierre Bruxelles. pas de leçon d’Europe à recevoir. Pourtant, le Moscovici. De son côté, Pierre Moscovici s’est prononcé président de la République a placé la barre pour un renforcement du pôle exécutif et des assez haut, en reprenant à son compte l’idée UN VÉRITABLE JEU DÉMOCRATIQUE pouvoirs du Parlement européen. Il veut une d’une Constitution européenne, relancée par le De passage au congrès du Parti des socialis- Commission plus forte, plus indépendante, ministre allemand des affaires étrangères, Jos- tes européens (PSE), le 7 mai à Berlin, le pre- pour assister un Conseil européen dont les tra- chka Fischer, puis le concept de fédération mier ministre a averti la délégation française vaux seraient coordonnés par des ministres des d’Etats-nations inventé par Jacques Delors. qu’il ne se laisserait pas entraîner dans une dis- affaires européennes dépendant directement A la veille de franchir une nouvelle étape, les cussion sur l’organisation de l’Europe future, des chefs de gouvernement et siégeant au Quinze ont ressenti le besoin de lancer publi- qu’il voulait d’abord parler contenu. Obsédé moins une fois par semaine à Bruxelles. Il s’op- quement le débat et beaucoup militent pour par l’idée d’une Union-cheval de Troie du libé- pose clairement, sur ce point, au SPD alle- que la prochaine réforme, en 2004, ne soit plus ralisme menaçant dans ses fondements la Fran- mand, qui propose de transformer le conseil confiée aux diplomates, mais préparée par un ce républicaine, il veut des garanties. « Il faut des ministres en une Chambre des Etats, trou- forum incluant des parlementaires européens qu’il dise en quoi l’Europe est un instrument de vant finalement plus de points de rapproche- et nationaux. Dans tous les pays, les forma- résistance ou d’organisation dans la mondialisa- ment avec les propositions faites en mai 2000 tions politiques aiguisent leurs armes. Tony tion, quelles politiques nous voulons mettre en par Joschka Fischer. Ces positions disposent Blair, en Grande-Bretagne, affronte le jusqu’au- œuvre, quelle sécurité alimentaire, quelle sécuri- d’un large soutien à la direction du PS. Fran- boutisme anti-européen des conservateurs, té maritime », avait indiqué, après Berlin, çois Hollande a prononcé au congrès du Parti requinqué par Margaret Thatcher. En Allema- M. Moscovici. des socialistes européens une véritable profes- gne, à un an des élections législatives, le chance- Mais la coopération intergouvernementale à sion de foi en faveur de l’intégration, appelant lier Schröder vient de proposer au nom de son Quinze, qui fonctionne sur le consensus et le de ses vœux une Constitution « qui sera naturel- Parti social-démocrate (SPD) un modèle d’inté- rapport de forces, n’a pas empêché que la Fran- lement de caractère fédéral ». gration à l’allemande qui coupe l’herbe sous le ce fasse au libéralisme des concessions qui sont pied de son opposition de droite, prise entre sa passées sans coup férir. Si l’on veut peser sur ce Henri de Bresson Le ralentissement économique américain atteint le Vieux Continent LA MAISON BLANCHE a beau perspectives à 2,4 % (contre 3,4 % au premier trimestre. « L’Allema- qui ont apparemment réagi plus répéter, comme elle l’a fait mercre- en octobre), l’OCDE à 2,6 % et la gne reste la lanterne rouge en Euro- que prévu au ralentissement mon- di 23 mai par la voix du principal Commission européenne à 2,8 %. pe car ses performances restent infé- dial en adoptant des comporte- conseiller économique du prési- C’est au tour des responsables poli- rieures à la moyenne si on les com- ments prudents en termes dent Bush, Glenn Hubbard, que tiques de se montrer moins opti- pare à celle de la France et de l’Ita- d’achats de biens d’équipement ou les Etats-Unis ne sont pas en réces- mistes. lie », estiment les économistes de de stocks, ce qui a pesé sur l’activi- sion, il s’agit d’une clause de style. Mercredi, le ministre allemand la banque HSBC. té. Ainsi, leurs investissements ont La définition autorisée de la des finances a avoué « se faire quel- progressé de seulement 0,4 % au « récession » est une croissance ques soucis » au sujet de l’inflation MAUVAISE SURPRISE premier trimestre, après 3,2 % au négative constatée sur deux trimes- dans son pays, qui a connu une La France commence pourtant à dernier trimestre 2000. Au total, tres consécutifs. Et si la situation nette poussée en mai, à 3,5 % en tousser. Au point que Laurent alors que la demande des ménages américaine ne répond pas stricte- glissement annuel, soit un record Fabius a reconnu, mercredi, que la s’est accélérée au premier trimes- ment à cette définition (M. Hub- depuis décembre 1993, alors que croissance française pourrait être tre (1,3 % après 0,1 %), la demande bard prédit que le PIB devrait croî- le moral des patrons est en berne. « légèrement en dessous » des prévi- des entreprises a reculé. tre de 2,2 % au cours des quatre tri- L’indice IFO du climat des affai- sions du gouvernement (2,9 %) si « Il est de plus en plus évident que mestres 2001), l’atterrissage améri- res a encore chuté en avril, per- les résultats du premier trimestre l’environnement économique de la cain n’en a pas moins été brutal. dant 1,4 % à 92,5, soit un plus bas se confirmaient. La croissance a zone euro se détériore », observe L’Europe, qui avait bien résisté depuis mai 1999. Les mauvaises atteint seulement 0,5 % sur les une banque canadienne. La seule jusqu’à présent, commence à en perspectives dessinées par la trois premiers mois de l’année au bonne nouvelle est la bonne tenue sentir les effets. L’activité fléchit dégradation de la confiance des lieu des 0,8 % attendus par l’Insee, des exportations de la zone euro. dans la plupart des pays de industriels sont complétées par selon une première estimation D’après les premières estima- l’Union et l’inflation repart à la l’effondrement des commandes à publiée mercredi. tions d’Eurostat pour le mois de hausse, signifiant que la zone euro l’industrie qui ont chuté de 3 % en L’inflation s’est également accé- mars, publiées mercredi, l’Union a est plus sensible aux aléas de la mars. La consommation intérieure lérée, puisqu’en avril les prix à la enregistré un excédent de son com- conjoncture internationale que les ne répond pas. La croissance est consommation ont augmenté de merce extérieur de 4,3 milliards politiques veulent bien le dire. restée faible. 0,5 % par rapport à mars, portant d’euros avec le reste du monde, à Les unes après les autres, les ins- Le PIB allemand a certes pro- la progression de l’inflation sur un comparer aux 3,6 milliards de titutions internationales avaient gressé de 0,4 % au premier trimes- an à 1,8 %. Comme en Allemagne, mars 2000. révisé leurs prévisions pour 2001 à tre 2001 par rapport au dernier tri- la mauvaise surprise est venue du la baisse: le FMI avait ramené ses mestre 2000 pour atteindre 1,6 % comportement des entreprises, Babette Stern INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 3

Israéliens et Palestiniens divergent sur l’application Conflit du Cachemire : l’Inde du rapport de la commission Mitchell tend la main au Pakistan Yasser Arafat a rencontré Lionel Jospin et Jacques Chirac à Paris Changeant de stratégie, le gouvernement indien Le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Ara- conclusions du rapport Mitchell. Les Israéliens et ont cependant deux lectures encore différentes a mis fin au cessez-le-feu décrété au Cachemire fat, a demandé mardi 23 mai, à Paris, la réunion les Palestiniens, qui ont globalement approuvé du calendrier et des mesures qui pourraient con- d’un sommet pour œuvrer à l’application des les conclusions de la commission internationale, duire à un retour au calme. et a invité le chef de la junte pakistanaise au dialogue

APRÈS quelques heures passées mettre fin aux violences et de repren- met de Charm el-Cheikh, en octo- sion Mitchell », M. Chirac a assuré NEW DELHI les actions qu’elles jugeront les plus à Paris, mercredi 23 mai, le chef de dre le dialogue ». bre 2000, et à l’origine de la créa- que « la priorité est aujourd’hui que de notre correspondante appropriées contre les terroristes. » l’Autorité palestinienne, Yasser Ara- Selon la Maison Blanche, les tion de la commission Mitchell, ain- la violence cesse, immédiatement, en Asie du Sud Le cessez-le-feu n’avait jamais été fat, a quitté la capitale française deux responsables ont assuré si que les membres de cette même sans condition et sans préalable, et Inversant totalement son initiati- accepté par les groupes militants pour l’Egypte, où il devrait s’entrete- M. Bush de leur volonté d’œuvrer commission, pour « œuvrer » rapi- que les fils du dialogue soient ve de paix au Cachemire, l’Inde a armés qui combattent au Cachemi- nir avec le président Moubarak des en ce sens, même s’ils se trouvent dement à l’application de ces renoués. Des gestes d’apaisement invité, mercredi 23 mai, le chef de re et, de leur côté, les forces indien- conclusions du rapport Mitchell. La dans des situations différentes. recommandations. « L’essentiel, doivent également être faits de part l’exécutif pakistanais, le général Per- nes poursuivaient des opérations commission internationale prési- M. Sharon, qui est radicalement a-t-il ajouté, c’est que les membres et d’autre ». Selon sa porte-parole, vez Moucharraf, à venir à New Del- ciblées contre les « rebelles ». dée par l’ancien sénateur démocra- opposé au gel de la colonisation de cette conférence se réunissent de Catherine Colonna, le président de hi. Dans le même temps, le gouver- A part les premières semaines, l’ef- te avait pour mission de faire la prôné par la commission internatio- nouveau. (…) Il faut que nous la République a souligné que «la nement indien a mis fin au cessez- fet du cessez-le-feu avait été de lumière sur les origines des violen- nale, a demandé aux Palestiniens œuvrions tous pour l’arrêt de la vio- France souhaite une mise en œuvre le-feu unilatéral que ses forces courte durée. Du 27 novembre ces mais, par un curieux hasard de de faire le premier pas tout en don- étaient censées observer depuis le (date de son entrée en vigueur) jus- l’histoire, son travail, accueilli favo- nant mardi des consignes de modé- 27 novembre au Cachemire. Ces qu’au 1er mai, la police a recensé rablement par les Etats-Unis et par ration à l’armée israélienne. Une La violence reste élevée dans les territoires décisions ont été annoncées à l’is- 1 049 personnes tuées au Cachemi- l’Union européenne, constitue initiative saluée par Washington sue d’une réunion du Conseil natio- re, dont 404 civils, 425 militants et aujourd’hui la première initiative ainsi que par Paris. Des tireurs palestiniens ont tué, mercredi 23 mai, un garde israé- nal de sécurité, présidée par le pre- 220 membres des forces de sécurité. diplomatique sérieuse pour tenter lien posté devant un établissement scolaire de la colonie juive mier ministre, Atal Bihari Vajpayee. L’armée, a indiqué M. Singh, conti- de ramener le calme dans les terri- FAIRE UN « GESTE » d’Ariel, en Cisjordanie. Des tireurs palestiniens ont également « Le gouvernement a décidé d’invi- nuera d’observer le « maximum de toires palestiniens après huit mois M. Arafat ne dispose pas de la ouvert le feu sur le quartier juif de Gilo, dans la zone orientale de ter le général Pervez Moucharraf à retenue » sur la ligne de contrôle d’Intifada en proposant un retour même marge de manœuvre Jérusalem annexée par Israël, blessant gravement un homme de visiter l’Inde à la date la plus proche (LOC) qui sépare, au Cachemire, les au calme et l’adoption de mesures vis-à-vis des acteurs palestiniens 84 ans. Des témoins ont indiqué que les soldats israéliens avaient qui lui conviendra. Une invitation for- armées de l’Inde et du Pakistan. La de confiance telles que le gel total des violences qui ont exprimé à de répliqué moins d’une minute plus tard. melle sera transmise prochaine- cessation des tirs le long de la LOC de la colonisation israélienne des multiples reprises leur défiance Par ailleurs, 45 Palestiniens, dont un bébé de 18 mois, ont été bles- ment », a indiqué le ministre des depuis novembre a permis aux territoires palestiniens. même si, de source diplomatique sés lors de violents échanges de tirs avec des militaires israéliens qui affaires étrangères et de la défense, populations locales de reprendre A Paris, M. Arafat, qui a rencon- française, la capacité de contrôle ont pénétré en zone autonome dans la bande de Gaza, selon des Jaswant Singh, en lisant une déclara- une vie quasiment normale dans tré successivement le premier du chef de l’OLP n’est pas négligea- sources médicales palestiniennes. L’armée israélienne a démenti tion. Cette invitation met fin au dis- cette région. ministre Lionel Jospin et le prési- ble. Le message que la diplomatie que des bulldozers aient effectué une nouvelle incursion dans une cours du gouvernement indien qui La fin du cessez-le-feu signe toute- dent de la République Jacques Chi- française entendait faire passer zone sous contrôle palestinien de la bande de Gaza. – (AFP, Reuters.) affirmait depuis deux ans qu’il n’y fois l’échec du gouvernement rac, a été invité à donner son analy- mardi au chef de l’Autorité palesti- aurait pas de dialogue avec le Pakis- indien à développer parallèlement se du rapport Mitchell. Dans la nien était d’ailleurs de faire un tan avant que celui-ci ne restreigne une politique capable de convaincre matinée, il s’en était déjà entretenu « geste » en ce sens. Comme l’avait lence, des bombardements, de l’esca- réelle et complète de ces recomman- l’action des groupes armés qui com- les Cachemiris de sa volonté de trou- au téléphone avec le président amé- indiqué Hubert Védrine, le minis- lade militaire à travers l’application dations par les deux parties, Palesti- battent au Cachemire indien. ver une solution acceptable. Les ricain George Bush, qui lui avait tre français des affaires étrangères, entière et immédiate de l’initiative niens et Israéliens ». groupes séparatistes politiques de demandé de « saisir l’occasion offer- évoquant la visite de M. Arafat et égypto-jordanienne [une initiative Alors que la diplomatie américai- GROUPES SÉPARATISTES l’All Parties Hurriyat Conference te (…) pour mettre fin à la violence celles à venir du président libanais, diplomatique similaire] et du rap- ne, longtemps absente, reprend dis- Islamabad a accueilli positive- (APHC), en particulier, ont continué dans la région » et qui l’avait exhor- de M. Sharon et du président port Mitchell, comme un tout indivisi- crètement ses marques, le bras de ment cette annonce et immédiate- de plaider pour des négociations tri- té « à développer un cadre de mise syrien : « Nous leur dirons (…) : ble », c’est-à-dire y compris le gel fer entre Israël et les Palestiniens ment réitéré son désir de dialogue. partites (Inde, Pakistan et Cachemi- en œuvre des recommandations du “Qu’est-ce que vous pouvez faire de la colonisation. se poursuit. La seule avancée, nota- Intervenant à la télévision, le secré- ris). Or New Delhi a été incapable rapport ». M. Bush, qui a délivré un vous-même ?”» Saluant « la volonté de paix expri- ble, est qu’il n’est plus désormais taire général du ministère des affai- de les amener à la table des négocia- message identique au premier M. Arafat, cependant, a préféré mée par le président Arafat, sa volon- strictement militaire mais égale- res étrangères a rappelé que le géné- tions. Le gouvernement indien a ministre israélien Ariel Sharon, a demander mardi la tenue « le plus té d’arrêter toute violence et sa déter- ment diplomatique. ral Moucharraf avait, à plusieurs donc choisi de se retourner vers Isla- estimé qu’« il faut avant tout que les rapidement possible » d’un sommet mination à appliquer l’intégralité reprises, affirmé que le Pakistan mabad, mais l’ouverture de vérita- parties elles-mêmes acceptent de réunissant les participants au som- des recommandations de la commis- Gilles Paris était prêt à parler avec l’Inde «à bles négociations n’est sans doute n’importe quel niveau, n’importe où pas pour demain. En mettant fin au et n’importe quand ». M. Vajpayee cessez-le-feu tout en invitant le n’a jamais rencontré le général Mou- général Moucharraf, l’Inde cherche Un an après le retrait israélien, anniversaire sans joie au Liban sud charraf, que beaucoup en Inde tien- incontestablement à maintenir son nent comme principal responsable image de pays pacifique et répond HOULA (Liban sud) Une zone encore instable voulez-vous que les gens vivent ? Il n’y de la guerre de Kargil sur les hau- aux discrètes pressions internationa- de notre envoyée spéciale a rien ici », assure Michel. Comme teurs du Cachemire, à l’été 1999. Les les en faveur du dialogue. A Houla, un conseil de sages et d’autres, il sait que le Liban connaît deux hommes s’étaient parlé cepen- Mais le Pakistan n’a jamais caché Mer LIBAN de représentants des partis politi- Méditerranée Nabatiyé Hasbaya une crise économique et financière dant en janvier, à l’occasion du trem- que tout dialogue devait être centré ques devait se réunir mercredi SYRIE sévère, mais le retard pris par le Sud blement de terre du Gujarat. sur le Cachemire, un projet a priori Merjayoun LIMITE DE LA ZONE Litani Hameaux accentue les difficultés. Qui pis est, M. Singh a justifié la fin du cessez- rejeté par l’Inde. Pour l’instant, aucu- de Chebaa REPORTAGE D'OPÉRATION DE LA FINUL une conférence des donateurs, sur le-feu en affirmant : « Nous nous ne condition à la venue du général Tyr Taïbeh laquelle les autorités libanaises fon- attendions à ce que différents groupes Moucharraf n’a été annoncée, mais « Bienvenue à Houla, Zone Markaba démilitarisée daient de grands espoirs, ne s’est et organisations terroristes, la plupart celui-ci cherchera sûrement à en la ville des 124 martyrs », Houla jamais tenue. étrangers, reconnaissent les impéra- savoir plus avant de faire un voyage Tebnine proclame Kyriat Comme il n’est jamais trop tard tifs de paix, de dialogue et de coopéra- déjà dénoncé par certains groupes 50 km Tripoli une banderole Beit Yahoun Chmoneh Homs pour bien faire, et que le tableau tion. Ces groupes ont empêché le réta- radicaux islamistes pakistanais. Naqoura LIBAN n’est pas tout à fait noir, le démina- blissement de la paix et par consé- Yatar GALILÉE Beyrouth Bint Jbaïl Saïda ge de l’ancienne zone occupée est quent les forces de sécurité mèneront Françoise Chipaux 23 mai en fin d’après-midi. Il fallait Damas enfin sur les rails grâce, notam- tirer au clair un mystère et décider SYRIE ment, à un don de cinquante mil- GOLAN ISRAËL de la marche à suivre, après que lions de dollars de l’Etat des Emirats ISRAËL sept voitures eurent été dynamitées Nahariya Tel-Aviv CISJORDANIE arabes unis. Jean-Marie Guéhenno, 5km Le cycle répression-manifestations Amman en l’espace de trois à quatre mois, Gaza le secrétaire général adjoint de en pleine nuit, les deux dernières ANCIENNE ZONE OCCUPÉE PAR ISRAËL Jérusalem JORDANIE l’ONU, pour le maintien de la paix, pas plus tard que la nuit précédente. Source : ONU en tournée dans la région, a fait le se poursuit en Kabylie Mohamad Ahmad Nasrallah, le déplacement pour l’occasion, maire de cette bourgade de quelque village au plus tard aujourd’hui. louanges, le patriotisme et le coura- manière de signifier aux autorités ALGER manifestants s’en sont pris au siè- quatorze mille habitants, tous chii- « Qui est donc le corbeau et que veut- ge ont été chantés au lendemain de libanaises que « l’engagement des correspondance ge de la gendarmerie, devenue tes, veut dédramatiser : « Vous il ? S’agit-il de règlements de comp- la libération, est retombé dans Nations unies reste entier ». Autre- « Escalade » : le mot est conju- l’objet de toutes les colères en savez, ici comme dans tous les villa- tes privés ou politiques, ou bien Israël l’oubli, assurent toutes les person- ment dit pour les rassurer, à un gué sur tous les tons dans la pres- Kabylie. Les forces de l’ordre ont ges, il peut y avoir des problèmes. Ce tente-t-il à nouveau de diviser les nes rencontrées. « Rien de nouveau moment où le Conseil de sécurité se se algérienne pour décrire la situa- riposté à coups de gaz lacrymo- sont vraisemblablement des règle- Libanais ? Pour nous, tout cela n’est sous le soleil, dit un vieillard édenté prépare à commencer à alléger les tion en Kabylie, trente-six jours gènes. Les affrontements ont ments de comptes personnels. Le cal- pas rassurant », ajoute ce jeune qui faisait du stop sur le bord de la effectifs de la Finul. après le début des troubles. duré plus de trois heures. me règne. Et surtout la liberté n’a pas homme d’une vingtaine d’années route. Les promesses des autorités, Un an, c’est en fait la période que Les affrontements quasi quoti- Réagissant à la détérioration de prix. Sous l’occupation, nous qui préfère ne pas être identifié. c’est de l’encre sur du papier. L’encre les Nations unies ont jugée suffisam- diens dans plusieurs localités de manifeste de la situation, le Ras- n’osions pas sortir. Pour quitter le vil- Depuis quelques mois, quelques est aussi bon marché que le papier. ment probante pour reconfigurer la wilaya (préfecture) de Bejaïa se semblement pour la culture et la lage, nous avions besoin d’une autori- explosions du même genre ont eu On nous a promis des routes, des pro- une force, présente sur le terrain sont durcis mercredi 23 mai. Les démocratie (RCD), qui a quitté le sation. » « Aujourd’hui, nous som- lieu dans d’autres localités de l’an- jets, des aides… Au final, rien. Parfois depuis vingt-trois ans, qui a, com- habitants de la région mettent en gouvernement en raison de la mes libres. Le reste est secondaire », cienne zone occupée. Elles ont tou- des dédommagements viennent en me le rappelle Jean-Marie Gué- cause le comportement « brutal répression en Kabylie, a accusé le affirme-t-il. tes visé des biens d’anciens « colla- et provocant » des forces de l’or- pouvoir de mettre en œuvre la Houla, dans la partie orientale de bos », tous musulmans, chiites ou dre, qui entretient la colère. Tel « stratégie du pire » et la « terreur la zone que l’armée israélienne a sunnites. Elles n’ont pas fait de victi- Cent trente mille mines à neutraliser serait le cas à Kherrata (à 60 kilo- d’Etat ». Le parti de Saïd Saadi évacuée le 24 mai 2000, après vingt- mes. D’après une opinion très large- mètres de Bejaïa), un haut lieu du affirme que, « dans la wilaya de deux ans d’occupation, aurait plus ment répandue et que partage Sur le thème « Libérons le pays des mines », l’opération a été lan- militantisme nationaliste algérien Bejaïa, des éléments de la gendar- d’une leçon à donner en matière de Timur Goksel, le porte-parole de la cée en grande pompe, à l’avant-veille du premier anniversaire de durant l’occupation française. merie et des CNS violent des domi- « patriotisme ». En 1948, rappellent Force intérimaire de l’ONU pour le l’évacuation par l’armée israélienne du Liban sud, par une confé- Le passage à tabac d’un ensei- ciles, fracassent des portes de le maire et ses visiteurs, les Israé- Liban (Finul), ces attentats ne rence organisée à Beyrouth. Le nombre de mines laissées par l’occu- gnant, qui voulait dissuader les magasins et passent à tabac tout liens ont rassemblé quatre-vingt- seraient pas l’œuvre de partis poli- pant et sa milice auxiliaire est évalué à quelque cent trente mille. gendarmes de pénétrer dans citoyen qui se trouve sur leur passa- dix habitants dans une même mai- tiques, mais des actes de vengeance Cent seize personnes en ont été les victimes en un an. l’établissement scolaire où il tra- ge, engendrant du même coup des son et l’ont dynamitée. Depuis, les individuels. Staffan de Mistura, le représentant personnel pour le Liban sud vaille, a déclenché l’émeute : une réactions d’émeute ». Devant cet- hommes du village ont été de tou- Hormis ces incidents, un calme du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, affichait, mardi 22 mai, manifestation improvisée a tour- te « campagne de terreur, indigne tes les « batailles » contre l’Etat juif. réel règne dans l’ancienne zone un air réjoui à Nabatiyé, où l’armée libanaise avait organisé une né à la casse ; une station d’essen- d’un Etat , le silence criminel des « Bienvenue à Houla, la ville des cent occupée, bien que la sécurité ne soit séance de démonstration des méthodes de déminage des experts ce et des édifices publics ont été pouvoirs publics apparaît aujour- vingt-quatre martyrs », dit une ban- assurée que par un petit poste de de différentes nationalités qui y participent. – (Corresp.) saccagés par les manifestants ; d’hui comme une politique visant à derole à l’entrée de la localité. gendarmerie ici, ou des patrouilles les affrontements avec les forces provoquer l’irréparable dans la mixtes de gendarmes et de comman- de l’ordre ont fait de nombreux nation », estime le RCD. UN CALME RÉEL dos de l’armée libanaise ailleurs, et deçà de la valeur des biens perdus ou henno, un « rôle essentiel de vérifica- blessés. D’autre part, la décision du Rares sont ceux que l’on pourrait malgré le retour remarqué de nom- endommagés. » tion et de surveillance ». Maintenant gouvernement de reporter au soupçonner d’avoir « collaboré » breux partis politiques dont la coha- « Dans toute la région [ancien- que les Israéliens se sont retirés, la « STRATÉGIE DU PIRE » 28 juillet les examens du bacca- du temps de l’occupation. Si les bitation n’a pourtant pas toujours nement occupée] il y a aujourd’hui Finul doit surveiller, non plus une Dans la localité d’Aokas, des lauréat à Bejaïa et Tizi-Ouzou cinq premières voitures dynamitées été harmonieuse, dans le Sud com- deux ou trois entreprises qui pour- zone, mais une ligne, la ligne bleue affrontements ont fait mercredi ainsi que dans certaines sous-pré- appartenaient précisément à quel- me dans le reste du pays. La popula- raient embaucher. Et encore, trois ou qu’elle a elle-même tracée après le une vingtaine de blessés parmi fectures des wilayas limitrophes ques-uns de cette poignée, les deux tion se félicite de ce calme, comme quatre employés à peine », dit repli des Israéliens. les émeutiers, dont cinq touchés suscite une levée de boucliers derniers attentats sont d’autant par exemple dans la ville de Mer- Michel – ce n’est pas son vrai pré- « La logique des Nations unies est par balles. La tension était vive générale. Les lycéens ainsi que plus inquiétants que les propriétai- jayoun – à majorité chrétienne – nom –, rencontré à Merjayoun, où une logique militaire, ajoute M. Gué- dans plusieurs autres localités de de nombreuses organisations res des véhicules sont au-dessus de plus à l’est, ou à Yatar ou encore à la milice libanaise, auxiliaire d’Is- henno. Il ne faut pas raisonner sur les la wilaya où les jeunes ont érigé sociales demandent que l’exa- tout soupçon. L’un d’eux, assure un Tebnine, plus à l’ouest. raël, avait établi son quartier géné- symboles. Des nombres démesurés des barrages sur la route nationa- men ait lieu le 9 juin comme jeune homme, loin des oreilles de Tout aussi unanime est néan- ral durant l’occupation. « Tous ceux donnent l’illusion que l’on peut faire le et n’hésitent plus à recourir dans le reste du pays tout en ses aînés, est un militant commu- moins le dépit des gens vis-à-vis de qui travaillaient en Israël sont aujour- davantage que ce qui est le mandat aux cocktails Molotov contre les réclamant l’organisation d’une niste qui a même reçu des menaces l’Etat, un dépit quasi résigné. Le d’hui au chômage. N’allez surtout de la Finul. » véhicules des forces de l’ordre. deuxième session à l’automne. écrites, glissées sous la porte de son Liban sud, historiquement traité en pas croire que je souhaite que les C’était le cas dans la soirée de domicile, le sommant de quitter le parent pauvre du pays, et dont les Israéliens reviennent. Mais comment Mouna Naïm mercredi à Tizi-Ouzou, où les f www.lemonde.fr/algerie 4 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 INTERNATIONAL Les troupes yougoslaves achèvent Le centralisme de l’Eglise critiqué leur déploiement au sud de la Serbie GOLEMO BRDO. Les forces yougoslaves ont entamé, jeudi 24 mai, au cours du consistoire des cardinaux à Rome leur déploiement dans le dernier secteur de la zone de sécurité ins- taurée en juin 1999 autour du Kosovo par l’OTAN, qui leur était encore interdit. Des chars T-55 et des transports de troupes se sont Des propositions pour un nouvel élan « missionnaire » ont été soumises au pape ébranlés depuis une colline vers la zone de sécurité pour appuyer quelque 4 000 militaires et policiers qui doivent prendre possession Cent cinquante-cinq cardinaux (sur 183) ont par- Paul II. Dans un rapport final rédigé par le cardi- dre les difficultés de relations entre la Curie et de ce territoire, nommé secteur B. Le secteur B était contrôlé depuis ticipé, du lundi 21 au jeudi 24 mai au Vatican, au nal mexicain Juan Iniguez Sandoval, des proposi- les Eglises locales et d’une réforme de la procédu- plus de seize mois par la guérilla albanaise, qui a accepté lundi de consistoire extraordinaire convoqué par Jean tions ont été remises au pape en vue de résou- re des synodes d’évêques à Rome. déposer les armes. Les conditions sur le terrain sont réunies « pour un redéploiement ROME tinguer d’un « concile ») réunissant phy O’Connor (Londres) ou Daoud Un point a toutefois fait l’unani- pacifique » des forces yougoslaves dans le secteur B, a estimé mer- de notre envoyé spécial catholiques, orthodoxes, anglicans, (Curie). Même le conservateur mité : plutôt que de beaux « pro- credi le vice-premier ministre serbe Nebojsa Covic. Le président you- On en avait fait une sorte de répé- protestants, etc. Idée séduisante, Mario Pompedda, chef de dicastè- grammes », l’Eglise a surtout goslave, Vojislav Kostunica, s’est, de son côté, élevé contre l’amnis- tition générale du conclave qui, le mais qui laisse perplexe : se réunir, re à la Curie, a créé la surprise en besoin d’un nouvel effort mission- tie garantie par l’OTAN aux extrémistes albanais après l’acceptation jour venu, devra élire un nouveau mais sur quel ordre du jour ? demandant que les Eglises locales naire, notamment en Asie, souvent de la démobilisation de leur mouvement armé. – (AFP, Reuters.) pape. Mais, balayant les scénarios Même prier ensemble est devenu soient davantage consultées avant citée. Le cardinal Etchegaray de fin de règne, le consistoire de impossible entre orthodoxes et la nomination par Rome des évê- (Curie) s’est réjoui de l’image de cardinaux s’est conformé au nou- catholiques. La « primauté » du ques. modestie donnée par les gestes de Tchétchénie : Human Rights Watch vel élan donné par Jean Paul II à la pape – l’obstacle majeur pour les On doute que Jean Paul II, pape « repentance », jusqu’au dernier fin du Jubilé de l’an 2000, même si autres confessions – n’a pas fait qui a beaucoup innové, mais peu pardon demandé à Athènes aux aucune des propositions avancées l’objet de mise en cause lors du con- réformé, soit en mesure d’engager orthodoxes par le pape. « Seule une dénonce le silence des Occidentaux n’est à proprement parler révolu- sistoire, alors que Jean Paul II, dans de profonds remaniements dans le Eglise plus pauvre peut devenir mis- tionnaire. Le pape avait souhaité son encyclique Ut unum sint (1995), « gouvernement » de son Eglise. sionnaire », a-t-il ajouté. Dans le MOSCOU. A la veille d’une visite à Moscou du secrétaire général que ce consistoire « mette en lumiè- avait lui-même frayé la voie à un Pourtant, même feutrées, ces criti- même esprit, le cardinal Lustiger a du Conseil de l’Europe, Walter Schwimmer, l’organisation de défen- re de nouvelles priorités missionnai- possible débat. Illustrant l’impasse, ques ne peuvent pas ne pas avoir assuré que « l’annonce de l’Evangile se des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé res et des méthodes de travail plus le cardinal grec-catholique (uniate) été entendues. Comment accrédi- en est encore à son commence- dans un rapport le « silence assourdissant » des Occidentaux sur la adaptées ». Il a été entendu sur d’Ukraine, Lubomyr Husar, a mis ter l’idée d’un nouvel élan sans le ment ». Même observation, en ter- Tchétchénie et sur les insuffisances de l’enquête de la justice russe quelques points principaux. en garde contre tout dialogue avec changement d’hommes qui incar- mes plus imagés, du cardinal slova- concernant un charnier de 51 corps retrouvé en février près de la b Le dialogue interreligieux. les orthodoxes qui risquerait de nent l’immobilisme doctrinal (cardi- que Tomko, ancien préfet de con- principale base militaire russe en Tchétchénie. Seize corps au Ce fut le thème le plus souvent « sacrifier » les « uniates ». nal Ratzinger, dont le départ pour- grégation : « Une Eglise de mécani- moins, portant des traces de tortures et d’exécution sommaire, traité, car il est « existentiel » pour b La famille. rait être annoncé en octobre) ou ciens qui ne s’intéressent qu’à de peti- seraient ceux de civils arrêtés par les forces fédérales. une Eglise confrontée en Asie et en S’il est un sujet de consensus politique (cardinal Sodano, secré- tes réparations ne nous intéresse pas. HRW a notamment critiqué l’attitude du Conseil de l’Europe qui Afrique à l’islam ou aux grandes dans la hiérarchie catholique, c’est taire d’Etat) de Rome ? Telle est la Il faut sortir des églises, des maisons, n’a, selon elle, « pas utilisé sa position de seule organisation interna- sagesses orientales. Les cardinaux bien celui de la désagrégation des limite de l’exercice voulu par le des bureaux, des universités et rede- tionale présente sur le terrain pour exiger une enquête efficace » sur ont approuvé les initiatives de Jean structures familiales. Le désarroi pape : ce consistoire n’aura servi à venir missionnaires. » les charniers et les exactions des troupes russes dans la République Paul II à cet égard. Ils n’ont pas mis est tel que le cardinal Lopez-Tru- rien s’il n’est pas suivi de réformes indépendantiste. M. Schwimmer a estimé, mercredi, qu’« un cer- en cause directement la lettre du jillo, préfet du conseil pontifical concrètes. H. T. tain progrès a été obtenu dans la situation en Tchétchénie » et que cardinal Ratzinger (Dominus Jesus, pour la famille, a proposé la rédac- « la question tchétchène occuperait une place importante, mais ne septembre 2000), qui avait suscité tion d’un « lexique » précisant des serait pas la plus importante », lors de ces entretiens. – (AFP.) des critiques tant à l’extérieur qu’à notions que la culture moderne TROIS QUESTIONS AU… Oui, parce que le synode pourrait l’intérieur de l’Eglise catholique aurait rendu plus obscures (le être l’instrument privilégié de cette pour un ton qui rappelait celui de mariage, les différentes formes de CARDINAL « collégialité ». Mais son fonctionne- Le président George W. Bush la Rome préconciliaire. Mais plu- cohabitation, les droits sexuels). ment actuel ne permet pas de faire sieurs d’entre eux ont estimé que Comment peut-on parler d’éthique GODFRIED DANNEELS émerger une vraie culture du débat. c’était le « paradoxe » majeur pour chrétienne, dit-il, si l’on n’est pas Les travaux de groupes sont trop soutient le dalaï-lama l’avenir de devoir à la fois dialo- d’accord sur le vocabulaire ? La Archevêque de Bruxelles, vous courts, les propositions finales rédi- guer avec les confessions non chré- désaffection des fidèles par rapport 1êtes intervenu pour souhaiter de gées à la hâte. Il faut trouver WASHINGTON. Recevant le dalaï-lama à la Maison Blanche, mer- tiennes et continuer à annoncer à l’enseignement du magistère sur nouvelles formes de délibération au d’autres méthodes de travail. Dans credi 23 mai, le président George W. Bush a exprimé son soutien l’Evangile. les questions sexuelles – qui figu- « sommet » de l’Eglise. Pourquoi ? l’Eglise, on ne doit plus avoir peur au chef spirituel tibétain, au grand déplaisir de Pékin, qui célèbre b L’œcuménisme. rait pourtant à l’ordre du jour – n’a C’est un paradoxe : plus le monde d’une culture de concertation et de le cinquantième anniversaire de la prise de contrôle du Tibet par la La recherche de l’unité des Egli- pas été examinée pour elle-même. s’étend et se parcellise, plus on a débat. Chine. A l’issue de l’entretien, le porte-parole de la présidence amé- ses est devenue un « marathon », b Le centralisme. besoin de commandement et d’uni- ricaine a indiqué que M. Bush avait promis d’« encourager » les selon le cardinal Etchegaray, On pouvait s’attendre à des escar- té. Une primauté forte du pape com- Vous avez souligné que le autorités chinoises à dialoguer avec le dalaï-lama. « alors que le Christ en faisait une mouches sur la pratique de la « col- me facteur d’unité est donc plus 3« beau » n’est pas non plus suffi- M. Bush a exprimé en outre « l’engagement solide des Etats-Unis prière ». Nombre de cardinaux ont légialité » touchant aux rapports indispensable que jamais. Et il faut samment mis en valeur dans la foi pour préserver l’identité unique du Tibet en matière religieuse, cultu- estimé que l’œcuménisme était entre la Curie et les Eglises locales. constater que, si les autres Eglises chrétienne... relle et linguistique », selon la Maison Blanche. Pékin a protesté une absolue priorité. Archevêque D’un mot, le cardinal Martini chrétiennes ont peur de cette pri- Oui, si la « vérité » et le « bien » (la contre la visite du dalaï-lama aux Etats-Unis, accusant le chef spiri- de Westminster (Londres), le cardi- (Milan) a estimé qu’il fallait « revoir mauté du pape, en même temps perfection morale) permettent d’ac- tuel tibétain de vouloir diviser la Chine. – (AFP, Reuters.) nal Murphy O’Connor a souhaité la les règles des synodes romains ». elles aspirent aussi à trouver un céder à Dieu, le « beau » aussi. Or, le réunion – en Angleterre ? – d’une D’autres l’ont suivi, comme les car- modèle d’unité. Tout en respectant christianisme a tant de belles choses DÉPÊCHES « rencontre panchrétienne » (à dis- dinaux Danneels (Bruxelles), Mur- cette primauté de Rome, comment à dire et montrer au monde. Je cite- a CHINE/ÉTATS-UNIS : l’avion-espion américain, qui avait été faire vivre une « décentralisation » rai seulement François d’Assise et son forcé à un atterrissage d’urgence sur l’île de Hainan (Chine) le vers nos Eglises locales, par exemple Cantique du soleil, Jean de la Croix et 1er avril, sera démonté et renvoyé par bateau vers les Etats-Unis, au dans la nomination des évêques, ses poèmes. Le « beau » peut faire la terme d’un accord entre les deux pays, a annoncé, jeudi 24 mai, le dans la relation entre la Curie et les synthèse du « vrai » et du « bien ». ministère chinois des affaires étrangères. « La partie américaine a conférences épiscopales ? Les instru- Ce sont trois noms de Dieu, mais le soumis une proposition de démontage de l’appareil américain afin de ments de cette « collégialité » ne « beau » a été peu exploité en péda- le transporter [aux Etats-Unis]. La partie chinoise a accepté cette pro- sont pas encore au point. gogie religieuse et en théologie. position », a déclaré le porte-parole du ministère, Zhu Bang- N’est-il pas temps de s’y mettre ? zao. – (AFP.) Vous avez surtout critiqué la a RUSSIE : le président russe Vladimir Poutine a estimé, jeudi 2procédure des synodes d’évê- Propos recueillis par 24 mai, que les ravages causés par le fleuve Lena en Iakoutie ques à Rome... Henri Tincq étaient le résultat de « décennies » d’incurie, et estimé que l’am- pleur des dégâts nécessiterait un amendement au budget de l’Etat. « Les travaux d’ordre prophylactique n’ont pas été effectués durant des décennies. (…) Les problèmes se sont accumulés depuis des Mobilisation en Suisse pour élucider années », a déclaré le président lors d’une visite à Lensk, la ville la plus ravagée par les inondations. Iakoutsk, ville de 200 000 habi- tants, a été épargnée de justesse par la crue après avoir été mena- la disparition d’un écologiste au Sarawak cée pendant plusieurs jours. Au total, 28 000 personnes ont été tou- chées par les inondations en Sibérie. – (AFP.) BERNE du Sarawak, ce qui lui vaut d’être a TADJIKISTAN : le président tadjik Emomali Rakhmonov a de notre correspondant arrêté et expulsé. Il revient de nou- demandé à l’ONU et aux dirigeants occidentaux d’accorder au Un totem haut de 5 mètres a été veau clandestinement en l’an 2000. Tadjikistan une aide alimentaire en raison de la sécheresse qui frap- planté, mercredi 23 mai,à Berne Le 23 mai 2000, il envoie un mes- pe ce pays d’Asie centrale, a indiqué, mercredi 23 mai, son porte- pour rappeler la disparition, il y a sage à sa compagne en Suisse. parole. Le Tadjikistan, ex-République soviétique de 6,1 millions exactement un an, de Bruno Man- C’est le dernier. Personne n’a plus d’habitants, a besoin d’une aide de 500 000 tonnes de blé pour cou- ser, un ethnologue suisse. Depuis eu de nouvelles de lui et ses pro- vrir les besoins du pays, qui s’élèvent à 1 million de tonnes par an, 1984, M. Manser avait pris la défen- ches craignent le pire, d’autant selon la même source. – (AFP.) se des Pénans, un des derniers peu- que sa tête a été mise à prix. Les a UNION EUROPÉENNE : les chefs d’état-major des armées de ples nomades de la forêt du manifestations prévues à Berne jus- l’Union européenne, réunis mercredi 23 mai à Bruxelles, ont Sarawak, sur l’île de Bornéo. qu’à dimanche visent, selon les recensé entre trente et quarante lacunes à combler d’ici à A l’époque, Bruno Manser, organisateurs, à rappeler aux auto- 2003 pour constituer une force de réaction rapide. Ces manques ancien berger d’alpage, racontait : rités helvétiques leur devoir de pro- concernent principalement le transport aérien stratégique, le ren- « A partager leur vie et en leur com- tection de leurs citoyens à l’étran- seignement et les communications, qui sont nécessaires à la ges- pagnie, j’ai tout appris sur la forêt ger et surtout à poursuivre le com- tion de crise. Les chefs militaires des Quinze ont prévu de se revoir tropicale qu’ils connaissent mieux bat de Bruno Manser pour la sur- en novembre 2001 pour améliorer la force. – (AFP.) que personne. A tel point que j’ai vie des peuples indigènes et de la a POLOGNE : la justice polonaise a lancé, mercredi 23 mai, les fini par ne plus me sentir étranger, forêt pluviale. préparatifs pour les exhumations des corps de quelque vivant comme eux et pensant dans 1 600 juifs massacrés pendant la seconde guerre mondiale dans leur langue. » SOLIDES INIMITIÉS l’est de la Pologne, afin d’établir s’ils ont été tués par les nazis alle- Mais il découvre en même Activiste non violent mais déter- mands ou par des Polonais. Ces exhumations dans la ville de Jed- temps l’ampleur des dégâts com- miné, l’écologiste avait su attirer wabne ont été réclamées par l’Institut national de la mémoire, une mis sur l’écosystème par l’exploita- l’attention sur la rapide dégrada- institution publique chargée d’enquêter sur les crimes de guerre, tion forestière menée par les gran- tion des conditions d’existence de après la parution d’un livre de l’historien polonais Jan Gross, Voi- des compagnies malaisiennes et ces populations nomades, sur les sin, qui a déclenché une vive polémique dans le pays. – (Reuters.) les atteintes au mode de vie des abus commis à leur égard et sur le habitants, et participe au mouve- peu de cas des autorités pour leurs ment de protestation des Pénans. droits fondamentaux. L’opposition tchadienne dénonce En 1989, un mandat d’arrêt est Il invitait le gouvernement malai- lancé contre lui par la Malaisie sien à garantir le droit des indigè- (dont le Sarawak est une provin- nes à leur territoire traditionnel la « fraude électorale massive » ce), qui voit ses activités d’un mau- ainsi qu’à l’autodétermination. vais œil. Le chercheur regagne son Cela lui a valu de solides inimitiés N’DJAMENA. Les six candidats de l’opposition au premier tour de pays. Dans l’espoir de se faire parmi les responsables officiels et la présidentielle, qui s’est tenu le 20 mai au Tchad, ont dénoncé, entendre, il jeûne en 1993 pendant leurs affidés, et ses proches crai- mercredi 22 mai, dans un « mémorandum » présenté lors d’une soixante jours devant le Palais gnent que des hommes de main ne conférence de presse conjointe, de nombreuses irrégularités, du fédéral, à Berne, à l’endroit même lui aient fait payer le prix fort de recensement électoral aux opérations de vote. « Il n’y a plus d’illu- où vient d’être dressé le totem. son engagement aux côtés des sions à se faire, affirment-ils en conclusion, quant à l’issue de ce Le gouvernement de Kuala Lum- plus démunis. scrutin entaché de fraude massive et quant à la volonté de Déby [le pur l’accuse de « fomenter des trou- Reste que les incertitudes liées à président Idriss Déby, candidat à sa succession] de rester coûte que bles parmi les indigènes » et l’inter- sa disparition inexpliquée laissent coûte au pouvoir, contre la volonté populaire. » dit de séjour. L’écologiste retourne ouvertes toutes les hypothèses : Alors que le dépouillement des suffrages est en cours et que l’an- néanmoins discrètement au faute de preuves, ses amis veulent nonce des résultats est attendue pour la fin de la semaine, les oppo- Sarawak et accomplit un coup encore espérer. sants se réservent « le droit d’engager des actions légales en annula- d’éclat : en 1999, il survole en ULM tion pour défendre la démocratie dans le pays ». – (Corresp.) la résidence du premier ministre Jean-Claude Buhrer 5 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

COHABITATION Le groupe de l’Etat devant la justice pénale blée. b LIONEL JOSPIN répond ainsi, teur de la démarche d’Arnaud Mon- et Jean-François Mattei (DL), ont socialiste de l’Assemblée nationale ordinaire pour des faits antérieurs à par socialistes interposés, à la polé- tebourg. b LES PRÉSIDENTS des trois publié un communiqué commun, examinera, le 29 mai, une proposi- son élection ou non liés à sa fonc- mique déclenchée par l’Elysée et groupes de l’opposition de l’Assem- mercredi 23 mai, dans lequel ils tion de loi constitutionnelle tendant tion. Ce texte pourrait être inscrit en visant à faire apparaître le premier blée nationale, Jean-Louis Debré dénoncent « l’opération menée avec à permettre la mise en cause du chef octobre à l’ordre du jour de l’Assem- ministre comme le véritable inspira- (RPR), Philippe Douste-Blazy (UDF) l’aval de Lionel Jospin lui-même ». Les députés PS proposent de mettre fin à l’immunité du chef de l’Etat Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l’Assemblée, présentera à ses collègues, le 29 mai, une proposition de réforme de la Constitution qui pourrait être examinée en octobre. Lionel Jospin tente de sortir ainsi de la difficulté que lui crée Arnaud Montebourg

MATIGNON n’a « rien à dire » ger la proposition de loi et de la tout au sein de l’électorat de gau- peuvent dire tout ce qu’ils veulent en aux accusations lancées par la droi- présenter, mardi 29 mai, au groupe che. Il était politiquement difficile toute sérénité. Je suis la victime per- te, en défense de Jacques Chirac. socialiste de l’Assemblée. pour le premier ministre de s’oppo- manente dans cette affaire. » Matignon ne « réagit pas » au com- M. Ayrault se plonge aussitôt ser aux siens pour défendre, au Pour l’opposition, cette parade muniqué des trois présidents de dans le calendrier parlementaire. nom des compromis de cohabita- s’apparente à un lent poison. En groupe de l’Assemblée nationale, Le groupe socialiste dispose de tion et d’une stratégie présidentiel- pleine tempête Méry, tous les son- Jean-Louis Debré (RPR), Jean-Fran- deux « niches » les 12 et 14 juin et le à venir, l’actuel occupant de l’Ely- dages ont témoigné que les Fran- çois Mattei (DL) et Philippe Dous- d’une autre en octobre. Les deux sée. çais ne comprennent pas l’immuni- te-Blazy (UDF) dénonçant la « com- premières sont d’ores et déjà réser- M. Jospin en était d’autant plus té dont bénéficie le chef de l’Etat. plicité évidente de certains collabora- vées à l’examen de la proposition agacé qu’il s’attendait à être inter- Confrontée à une telle proposition teurs du premier ministre » et donc de loi sur l’autorité parentale. pellé sur cette affaire dès mardi ou de loi, l’opposition ne peut que se « l’aval de Lionel Jospin lui-même » Modifier cet ordre du jour pour y mercredi après-midi, à la séance de trouver embarrassée, d’autant donné à l’initiative du député (PS), inscrire une réforme constitution- questions au gouvernement par Arnaud Montebourg. Mais Mati- nelle sur l’immunité présidentielle l’opposition. Echaudés sans doute gnon contre-attaque. A sa maniè- signerait trop visiblement l’urgen- par l’expérience douloureuse de Il était difficile pour re, bien sûr : indirecte, inattendue, ce et la manœuvre politique. On certains retours de volée dans l’hé- discrète et redoutable. s’oriente donc plutôt vers une ins- micycle, les trois groupes de droite, le premier ministre En fin d’après-midi, mercredi cription en octobre. sur consigne de l’Elysée, ne lui ont 23 mai, une dépêche de l’AFP Une telle proposition devrait, pas offert cette tribune, tout en de s’opposer aux siens annonçait que, « dans les couloirs pour être adoptée, être votée en entretenant savamment la polémi- du Palais-Bourbon », le président termes identiques par l’Assemblée que (lire ci-dessous). pour défendre l’actuel du groupe socialiste, Jean-Marc et le Sénat. Dans cette hypothèse, Il fallait vite trouver une parade. Ayrault, avait déclaré qu’il tra- il reviendrait ensuite au président La proposition de loi constitution- occupant de l’Elysée vaillait, avec ses collègues du grou- de la République de soumettre cet- nelle de M. Ayrault la fournit. Elle pe socialiste, à une « proposition de te proposition de révision à un réfé- permet à M. Jospin de retourner loi constitutionnelle qui permettrait rendum… Il est donc fort peu pro- contre Jacques Chirac et la droite, qu’elle compte en son sein des de régler une fois pour toutes » le me ça, à la veille du long week-end proposition. Une invitation implici- bable que, juridiquement, la ques- le piège dans lequel il se débat rivaux de M. Chirac à la présiden- problème de l’immunité du prési- ensoleillé de l’Ascension, mais qui te à la relancer ? tion de l’immunité présidentielle depuis quelques jours. Elle lui per- tielle. Que décideraient, par exem- dent de la République. « Personne annoncent la guerre. Le débat n’est Dès le lendemain matin, elle soit tranchée avant l’élection de met aussi de retrouver une autori- ple, les amis de François Bayrou ? ne nie que Jacques Chirac a des sou- pas nouveau. Après la décision du était évoquée au secrétariat natio- 2002. Mais politiquement, elle aura té sur les députés socialistes, de Mercredi 23 mai, Alain Madelin a cis avec la justice, mais les juges s’ar- Conseil constitutionnel, le premier nal du PS. Opportunément, celui-ci été posée. Et c’est évidemment plus en plus tentés de signer la pro- d’ores et déjà déclaré, de son côté, rêtent parce qu’ils ne peuvent pas secrétaire du PS, François Hollan- engage, en effet, le débat sur les l’objectif recherché par les socialis- position Montebourg, en dépit des qu’il « faut revoir le statut du prési- aller plus loin », a-t-il dit. Il faut de, avait indiqué que la réforme du propositions de réformes institu- tes. consignes insistantes de Matignon. dent de la République ». « Est-il un donc que « le président de la Répu- statut du président de la Républi- tionnelles qui pourraient nourrir le L’initiative de M. Montebourg a Pour l’Elysée, la situation justiciable comme les autres ? Non, blique dans l’exercice de ses fonc- que, et notamment de son immuni- programme du candidat socialiste en effet enfermé le premier minis- devient compliquée : M. Chirac, il faut protéger sa fonction (…) Doit- tions, pour des fautes qui seraient té, figurerait au programme du can- en 2002. A ce chapitre figure la pro- tre et les siens dans un double piè- rappelle-t-on volontiers au PS, a il être pour autant au-dessus des commises par lui, puisse continuer à didat socialiste en 2002 (Le Monde position de Bernard Roman, prési- ge : face aux accusations répétées lui-même publiquement « regret- lois ? Non, bien évidemment », a-t-il être jugé en Haute Cour, et que pour du 3 octobre 2000). dent de la commission des lois de de la droite sur l’« orchestration » té » son immunité présidentielle. indiqué sur France inter. Au PS, on les affaires qui relèvent du droit com- Mardi 22 mai, lors du petit-déjeu- l’Assemblée nationale, modifiant par Matignon de la procédure de la Interrogé sur France 3, le 14 décem- entend « mettre la droite au pied du mun, commises avant ou pendant ner hebdomadaire des dirigeants l’article 68 de la Constitution sur le Haute Cour, M. Jospin et surtout bre, au lendemain de la diffusion mur ». Lionel Jospin n’y verra pas son mandat, comme tout Français, il socialistes à Matignon, au cours statut pénal du chef de l’Etat. M. Hollande ont été contraints de de la cassette Méry, il avait déclaré d’inconvénient ! puisse relever de la justice ordinai- duquel ils ont débattu du « cas » La décision est donc prise de s’en- dénoncer publiquement une initia- que « malheureusement », il ne pou- re ». Montebourg, le premier ministre a gager dans cette voie sans attendre tive qui rencontre un écho réel au vait pas être entendu par un juge. Gérard Courtois Quelques phrases lancées com- rappelé qu’il était favorable à cette 2002. Consigne est donnée de rédi- sein du groupe socialiste, mais sur- « Tous ceux qui m’attaquent (…) et Pascale Robert-Diard

TROIS QUESTIONS À... ses intérêts personnels dans cet- te opération. Il s’est mis à son Un statut pénal encore très controversé MAURICE LEROY compte personnel, avec comme seule idée en tête de parvenir à LE STATUT pénal du président dent que la « haute trahison », sans bles de celle-ci ? La réponse est Les controverses déclenchées Député UDF de Loir-et-Cher, une hypermédiatisation visant à de la République est précisé par l’ar- que cette notion soit, d’ailleurs, pré- venue du Conseil constitutionnel, par cette décision, dès lors qu’elle 1proche de François Bayrou, le transformer en Saint-Just de la ticle 68 de la Constitution : « Le pré- cisée. Pour le reste, comme le roi dans sa décision du 22 janvier met le président à l’abri de poursui- que vous inspire la proposition politique française. Si Lionel Jos- sident de la République n’est respon- avant lui, le chef de l’Etat républi- 1999 sur le traité créant la Cour tes pénales ordinaires, ont conduit de résolution rédigée par le pin avait orchestré tout cela, il sable des actes accomplis dans l’exer- cain « ne peut mal faire ». pénale internationale. Il avait alors le Conseil constitutionnel à s’expli- député socialiste Arnaud Monte- aurait d’ailleurs commis une gra- cice de ses fonctions qu’en cas de L’implication éventuelle de Jac- considéré « qu’il résulte de l’arti- quer dans une longue note (Le Mon- bourg ? ve erreur, car il ne manquerait haute trahison. Il ne peut être mis en ques Chirac dans des affaires de cle 68 que le président de la Républi- de du 12 octobre 2000). Il y préci- Je ne la cosignerai pas, car je la pas de recevoir très vite un effet accusation que par les deux Assem- financement politique quand il que, pour des actes accomplis dans sait que le chef de l’Etat n’est pas trouve indigne du débat boomerang. Attaquer aussi fron- blées statuant par un vote identique était président du RPR et maire de l’exercice de ses fonctions et hors le exonéré de sa responsabilité péna- présidentiel à venir. Notre débat talement Jacques Chirac peut en au scrutin public et à la majorité Paris a conduit à poser très concrè- cas de haute trahison, bénéficie le, mais qu’il bénéficie d’« un privi- démocratique mérite nettement effet retourner l’opinion publi- absolue des membres les composant ; tement la question : le président de d’une immunité ». Il ajoutait : «Au lège de juridiction jusqu’à la fin de mieux que le petit bout de la lor- que en sa faveur. il est jugé par la Haute Cour de jus- la République peut-il être poursui- surplus, pendant la durée de ses fonc- son mandat ». Cela signifie que gnette que nous propose Arnaud tice. » La Constitution ne prévoit vi, et par quelle juridiction, pour tions, sa responsabilité pénale ne « toute poursuite devant les juridic- Montebourg. La vraie question Propos recueillis par donc, explicitement, pas d’autre des crimes ou des délits antérieurs peut être mise en cause que devant la tions pénales ordinaires est suspen- qui se pose est que la démocratie Jean-Baptiste de Montvalon chef d’accusation contre le prési- à sa prise de fonctions ou détacha- Haute Cour de justice. » due pendant le mandat », mais a un coût, que les Français doi- pourrait reprendre au terme de vent accepter de payer, notam- celui-ci. Le Conseil ajoutait que la ment par l’impôt, si l’on ne veut Haute Cour, seule habilitée à juger plus que des affaires défraient la La riposte de l’Elysée à Arnaud Montebourg a été minutieusement orchestrée le président en exercice, pourrait le chronique. Cela permettrait, en faire pour deux types d’actes : outre, de régler la question du CE N’EST pas son style de pren- quand il conserve, lui, une image de autour des affaires, l’Elysée n’a ces- blée nationale, qui permettrait au d’une part, ceux commis « dans non-cumul des mandats. dre les coups sans rien dire. Jac- vertu dans l’opinion. M. Chirac s’in- sé d’envoyer des signes à Mati- premier ministre de répondre publi- l’exercice de ses fonctions et qualifia- ques Chirac est donc décidé à quiète, aussi, de voir les affaires gnon : chaque fois que l’on parlera quement et de se justifier. bles de haute trahison » ; d’autre Les règles de l’immunité dont répondre pied à pied aux tentatives commencer à ternir son image, des HLM ou des emplois fictifs à Mercredi matin, comme l’affaire part, « des actes détachables des 2bénéficie le chef de l’Etat d’Arnaud Montebourg, à la pro- alors qu’il garde une grande popula- propos du président, l’Elysée rétor- Montebourg enflait encore, fonctions, commis pendant son man- doivent-elles, selon vous, être gression des juges, aux attaques rité auprès des Français. L’Elysée a quera MNEF et emplois fictifs pour M. Debré est arrivé à la réunion du dat ou, s’ils ne sont pas prescrits, revues ? médiatiques sur les affaires. L’Ely- été passablement bouleversé en M. Jospin. groupe RPR avec un texte dénon- antérieurement à celui-ci ». Oui. Il appartiendra au nou- sée et ses relais parmi la droite se lisant les résultats de l’enquête Dès mardi, après concertation çant « les mises en cause organisées veau président de la République, sont donc largement mobilisés, menée les 10 et 11 mai par CSA avec l’Elysée, le porte-parole du et savamment distillées par les socia- G. C. au gouvernement et à sa majori- après la publication de la proposi- pour La Croix : seulement 50 % des RPR, Patrick Devedjian, a donc été listes » et destiné à être publié au té de corriger les règles qui sont tion de résolution du député socia- personnes interrogées le jugeaient envoyé au feu le premier pour évo- nom des députés RPR. Edouard actuellement en vigueur en ima- liste visant à la comparution du pré- « honnête », soit 10 points de quer « les turpitudes du PS ». Pen- Balladur et Alain Juppé sont venus ginant une réforme. Il est clair sident de la République devant la moins que lors de la même enquête dant ce temps, avait lieu le tradition- plaider pour que le communiqué que le président de la Républi- Haute Cour de justice. deux années auparavant. nel petit déjeuner entre le président soit également signé par les deux que, qui n’est pas un citoyen L’équipe présidentielle attendait de la République, la présidente du autres groupes de la droite parle- comme les autres, doit être pro- l’offensive de M. Montebourg. «A RÉPONDRE PIED À PIED RPR, Michèle Alliot-Marie, et les mentaire, UDF et DL, afin que la tégé. Mais il ne faut pas donner vrai dire, nous pensions même qu’il Le président croit aussi que les présidents des groupes parlementai- défense ne paraisse pas seulement un sentiment d’impunité totale sortirait son texte une semaine aupa- Français n’aiment pas voir leurs ins- res, Jean-Louis Debré et Josselin de chiraquienne. Philippe Douste-Bla- pour des actes qui ne relèvent ravant. Mais il a été malade, non ? » titutions et leur chef de l’Etat atta- Rohan. Ils en sont sortis avec leur zy, président du groupe UDF, Jean- pas de la compétence directe du feint de s’interroger un conseiller qués. Ils détestent encore plus feuille de route et le lexique à François Mattei, président du grou- chef de l’Etat. du président. Les chiraquiens avoir le sentiment qu’on les employer : « manœuvre », « compli- pe DL, tous deux fréquemment étaient donc prêts à répondre. Le manœuvre. Enfin, depuis deux ans cité », « intérêt politique ». Surtout, reçus à l’Elysée, ont donc signé. L’initiative d’Arnaud Monte- secrétaire général de l’Elysée, que le battage médiatique fait rage ne poser aucune question à l’Assem- L’Elysée a ajouté un élément 3bourg a-t-elle reçu, selon Dominique de Villepin, le plus strictement médiatique : l’in- vous, « l’aval » du premier minis- conseiller du président de la Répu- tervention de Bernadette Chirac. tre, Lionel Jospin, comme l’affir- blique, Jérôme Monod, ont mis à « Avec l’aval de Lionel Jospin lui-même… » Invitée mardi soir, sur TF1, pour ment les trois présidents de contribution, à l’extérieur, les voix son opération « pièces jaunes », groupe de l’opposition à l’Assem- du RPR. Et, très vite, la stratégie a Les présidents des trois groupes de l’opposition de l’Assemblée Mme Chirac avait été prévenue qu’el- blée nationale ? été déterminée : plutôt que d’atta- nationale, Jean-Louis Debré (RPR), Philippe Douste-Blazy (UDF) et le serait interrogée sur les attaques Absolument pas ! Je pense que quer le député et de contester la Jean-François Mattei (DL), ont publié un communiqué commun, mer- visant son mari. L’épouse du chef mes amis politiques se trompent. légalité de sa démarche, l’Elysée a credi 23 mai, en début d’après-midi, dans lequel ils évoquent en ces de l’Etat avait décidé de ne pas se Leur communiqué est d’ailleurs décidé d’impliquer Lionel Jospin. termes la proposition d’Arnaud Montebourg de mise en accusation de dérober et de prendre sa défense, la preuve que Lionel Jospin n’a Le président ne croit pas forcé- Jacques Chirac devant la Haute Cour de justice : « L’opération menée tout en le déclarant candidat à un pas pu être derrière cette opéra- ment à une manœuvre du premier par le député de Saône-et-Loire, en fait voulue et préparée avec la compli- nouveau mandat. « La droite tion, puisqu’il montre qu’Arnaud ministre derrière la démarche de cité évidente de certains collaborateurs du premier ministre, et donc répond à Jospin, Bernadette prend Montebourg a donné à l’opposi- M. Montebourg. « Nous sommes l’aval de Lionel Jospin lui-même, ne peut qu’engendrer une réprobation les Français à témoin », résu- tion les moyens de combattre le bien placés pour savoir qu’il y a des générale. Voulant masquer ses difficultés, dissimuler l’implosion de la me-t-on à l’Elysée. M. Chirac a vou- premier ministre… types incontrôlables dans tous les par- majorité dite plurielle, M. Jospin va, tant qu’il y trouvera un intérêt politi- lu ajouter ce que l’Elysée appelle J’ai la conviction qu’Arnaud tis », dit-on dans son entourage. que, laisser faire la manœuvre et nous ne manquerons pas d’apprendre « la cerise sur le gâteau » : il a reçu Montebourg, en se situant à con- Mais le chef de l’Etat s’exaspère à que tel ou tel nouveau député vient de signer la proposition de résolution. Jean-Pierre Chevènement. tre-courant de Lionel Jospin et l’idée que M. Jospin trouve un inté- Cette conception de la politique, fondée sur la calomnie, le mensonge et la du Parti socialiste, ne sert que rêt à le voir englué dans les affaires, manipulation, déshonore ceux qui en sont les auteurs et les artisans. » Raphaëlle Bacqué 6 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 FRANCE Laurent Fabius juge « décevant » Constat de désaccord sur les licenciements dans la majorité Pendant que les députés de la majorité cherchaient en vain un accord sur le contrôle des licenciements économiques, le chiffre Lionel Jospin et les cinq chefs de parti de la majorité plurielle ont évoqué la préparation de 2002 au cours d’un dîner Les députés ont achevé l’examen, en deuxiè- débats. Sur la question, la plus controversée, licenciement économique, telle qu’elle figure di 29 mai. Mercredi soir, les chefs des cinq par- de la croissance me lecture, du projet de loi de modernisation des licenciements, Elisabeth Guigou et le dans le code du travail, ne sera pas modi- tis de la majorité ont dîné avec Lionel Jospin sociale jeudi 24 mai, au petit matin. Les pro- groupe socialiste n’ont pas cédé aux deman- fiée. Les communistes et le MDC ont affiché à Matignon. L’élection présidentielle et les fondes divisions aux sein de la majorité plu- des pressantes des communistes et des amis leur intention de voter « contre » lorsque le candidatures envisagées par certains d’entre au premier trimestre rielle n’ont cessé de s’exprimer durant les de Jean-Pierre Chevènement. La définition du texte sera solennellement mis aux voix, mar- eux ont été au centre de la discussion. « DÉCEVANT et un peu surpre- À L’AUBE, la majorité s’est quit- êtes des libéraux ! », ont jeté des maginable que ce texte ne soit pas (RPR, Vosges) est venu contem- il n’est pas représentatif », n’ont ces- nant » : c’est ainsi que Laurent tée déchirée. Cela s’est fait avec élus MDC à l’adresse du gouverne- voté », pestait M. Ayrault. Audi- pler la scène de ménage, le temps sé de répéter les élus PS. Las, Fabius a commenté, mercredi force sourires crispés et petites ment. « Si vous refusez la judiciari- teur assidu, Jean-Pierre Chevène- de quelques échanges. « Nous som- M. Bocquet a été mis en minorité 23 mai, à l’Assemblée nationale, le phrases assassines. « On s’est tout sation des licenciements, qu’est-ce ment était également là pour don- mes au balcon », soupirait l’ancien dans son propre camp… Du coup, chiffre de la croissance au premier dit », lançait déjà, quelques heures d’autre que le laisser-faire ? Assu- ner le « point de vue du citoyen ». ministre des affaires sociales Jac- faute d’entente, les débats se sont trimestre, publié dans la matinée auparavant, la ministre de l’emploi mez vos choix ! », a lancé Marie- ques Barrot (UDF, Haute-Loire). noyés dans les explications de tex- par l’Insee (Le Monde du 24 mai). et de la solidarité, Elisabeth Gui- Hélène Aubert (Verts, Eure-et- SCÈNE DE MÉNAGE Les commentaires sur la « gauche te, voire de mots. Désormais, l’ex- « Décevant » parce que le produit gou, dans les couloirs. « Oui, eh Loir). « Les propositions du gouverne- plurielle » allaient bon train. «Le pression « plan social » devra être intérieur brut n’a progressé que de bien, nous, on votera contre ! », lui Témoins de la nervosité ambian- ment ne sont pas satisfaisantes »,a problème du PC est qu’il est mort, il ainsi remplacée par celle, jugée 0,5 % sur les trois premiers mois de a répondu du tac au tac Georges te, Jean-Jack Queyranne, ministre tranché le président du MDC, est comme un poisson pris dans un plus positive par le gouvernement, l’année, alors que l’Insee tablait sur Sarre (MDC, Paris). « Mon senti- des relations avec le Parlement, et après la « mise au point » tentée filet », analysait dans les couloirs de « plan de sauvegarde de l’em- 0,8 % et les économistes sur 0,7 %. ment est que le vote “contre” est logi- Jean-Marc Ayrault, président du par Mme Guigou pour expliquer les Hervé Morin (UDF, Eure), tandis ploi ». Le débat tant attendu sur la « Surprenant parce qu’il est en con- que. Je ne vois pas comment il pour- groupe socialiste de l’Assemblée, différences entre « une économie que François Goulard (DL, Morbi- définition du licenciement écono- tradiction manifeste avec le chiffre rait en être autrement », a estimé ont marqué de leur présence leur administrée » et « une économie han) se demandait avec une mine mique a tourné court. des créations d’emplois qui est de de son côté, à l’issue des débats, soutien à Mme Guigou. « Il est ini- régulée ». Même Philippe Séguin gourmande si « le gouvernement Après des heures de discussion, 124 000 » au premier trimestre, a Maxime Gremetz (PCF, Somme). Jospin va tenir jusqu’à la fin de la Mme Guigou, le rapporteur (PS), jugé le ministre de l’économie et Jeudi 25 mai, la discussion en journée ? ». Gérard Terrier, et le président (PS) des finances, en ajoutant : «On deuxième lecture du projet de loi Les dispositions adoptées A gauche, on se livrait aussi à de la commission des affaires n’arrive pas à expliquer comment de modernisation sociale, surnom- moult explications. « Progressive- sociales, Jean Le Garrec, ont con- l’emploi peut progresser de près de mée le « psychodrame » de la gau- b Licenciements. Pour éviter de l’administration. Dans ment, le PS et le gouvernement ont clu qu’il serait plus « sage »…de 1 %, alors que la croissance elle- che par l’opposition, s’est achevée que les entreprises ne se séparent les entreprises de plus commencé à prendre du champ par ne rien changer du tout au code du même progresse de 0,5 %. » peu avant 7 heures du matin à l’As- de leurs salariés par « paquets de 1 000 salariés, le « congé de rapport à la déclaration de politi- travail. « Je me vois mal venir Rappelant que la prévision de semblée nationale sur cette note. de neuf », ce qui ne nécessite reclassement », sans rupture du que générale de Lionel Jospin. Nous devant les salariés d’AOM et leur croissance du gouvernement pour Ce texte, inscrit depuis belle pas l’établissement d’un plan social, contrat de travail, est prévu jusqu’à assistons à un virage extrêmement dire : “statu quo, on ne bouge 2001 est de 2,9 %, M. Fabius a indi- lurette à l’agenda parlementaire, le plafond des licenciements neuf mois (douze pour les plus important, sur la Corse d’abord, et pas !” », s’est offusqué Claude qué que « ce chiffre, s’il était confir- devait être « une belle promena- dans ce cadre sera fixé à 18 par an de 50 ans). Le projet de loi reprend maintenant sur les licenciements », Billard (PCF, Val-de-Marne). mé au cours des trimestres suivants, de », s’est désolé un conseiller du contre 36 actuellement. Le comité la « jurisprudence Samaritaine » : soulignait M. Sarre. « Les députés « Face aux suppressions d’emplois, nous calerait légèrement en des- premier ministre. Il n’en a rien été. d’entreprise ne sera plus seulement en cas de plan social insuffisant, communistes sont libres, ils ne sont qui tombent comme à Gravelotte, le sous ». De fait, si la croissance Depuis l’annonce des licencie- informé mais « consulté » sur le juge pourra ordonner la pas là pour faire plaisir à Pierre, gouvernement dit “retour à la case devait se maintenir à un niveau de ments de Marks & Spencer, Dano- l’exécution du plan social. Il pourra réintégration des salariés licenciés Paul ou Lionel. La richesse de la gau- départ” ? Je suis sidéré ! », a enchaî- 0,5 % par trimestre d’ici à la fin de ne, Valeo, AOM-Air Liberté et les faire des propositions alternatives. ou le versement d’une indemnité che, c’est la diversité, ou alors c’est né M. Sarre. Le gouvernement l’année, la progression du PIB en résultats des dernières élections L’inspection du travail qui correspondant à un an de salaire. la dictature », assurait de son côté compte désormais sur les « avan- 2001 serait limitée à 2,4 %. Le gou- municipales, tout a changé. Le PS constaterait une carence du plan b Harcèlement moral. Il M. Gremetz. La ténacité du député cées considérables » du texte, vernement ne devrait pas pour s’est à nouveau trouvé isolé pour social pourra convoquer s’appliquera aux salariés du privé communiste, qui a multiplié les notamment sur le harcèlement autant réviser ses prévisions dans soutenir le gouvernement, de plus une réunion supplémentaire comme de la fonction publique, incidents de séance, a usé les nerfs moral, la précarité ou la validation les jours qui viennent. Il attendra, en plus critiqué par le PCF, les des représentants du personnel. qu’il s’agisse de relations entre des socialistes, dépités. La veille, des acquis professionnels, pour évi- pour cela, probablement, la prépa- Verts et le MDC, qui ont parfois L’employeur se verra dans collègues ou avec un supérieur ces derniers croyaient bien avoir ter le rejet du projet de loi, lors du ration du projet de loi de finances fait bloc pour voter ensemble des l’impossibilité de notifier hiérarchique. Il sera passible trouvé un accord avec le président vote solennel prévu mardi 29 mai. 2002, durant l’été. amendements sans toutefois par- les licenciements s’il ne répond pas d’un an de prison du groupe PCF de l’Assemblée, Pour expliquer le ralentissement venir à imposer leurs vues. « Vous aux suggestions d’amélioration et de 100 000 francs d’amende. Alain Bocquet. « Maxime est isolé, Isabelle Mandraud de l’économie française, M. Fabius a évoqué la baisse des exportations. Il a aussi parlé du « déstockage mas- sif », omettant de préciser qu’il était A Matignon, les dirigeants de la majorité font un premier inventaire des candidatures pour 2002 en grande partie dû à des ventes exceptionnelles d’Airbus. Concer- ALORS que la gauche plurielle (PS), Robert Hue (PCF), Domini- politique, « le vécu difficile de mil- droite ». M. Hollande s’est référé à calendrier, sur le sommet du nant la forte décélération des inves- traverse une zone de fortes turbu- que Voynet (Verts), Jean-Pierre lions de gens ». Le président du 1981 où la pluralité de candidatures 7 novembre 2000 de la majorité tissements qui s’est produite au pre- lences, la préparation de l’élection Chevènement (Mouvement des MDC a expliqué qu’il se détermine- au premier tour n’avait pas empê- « qui n’a pas été appliqué », sur les mier trimestre, le ministre a renou- présidentielle de 2002 a occupé une citoyens) et Jean-Michel Baylet rait « selon le choix des militants », ché la victoire de François Mit- dispositions sur les licenciements velé sa mise en garde contre « des place de choix lors du dîner annuel (Parti radical de gauche). « C’était mais qu’il serait difficile de « faire terrand au second. M. Jospin a redit « inadmissibles » dans le projet de mesures qui pourraient déstabiliser des dirigeants des cinq partis de la un dîner politique dans tous les sens l’impasse sur ce choix capital ». qu’il n’y avait pas eu d’« accord glo- loi de modernisation sociale. «Il les entrepreneurs ». Allusion directe majorité qui a réuni, mercredi du terme et… tout était sur la table », M. Hollande a indiqué que le PS bal » entre les cinq composantes de faut aller plus loin », a affirmé le au débat sur le contrôle des licencie- 23 mai, pendant plus de deux heu- a commenté M. Hollande tandis désignerait son candidat fin jan- la future majorité en 1997. Plus en secrétaire national du PCF, en répé- ments à l’Assemblée nationale. res autour de Lionel Jospin, et de qu’un autre participant soulignait vier. Du coup, même M. Baylet retrait en raison de son absence per- tant que « s’il n’y a pas d’améliora- son directeur de cabinet Olivier que « le climat était beaucoup plus s’est demandé si les radicaux de sonnelle de la compétition prési- tions substantielles, ce serait difficile Virginie Malingre Schrameck, François Hollande paisible que l’an dernier, alors que gauche ne devaient pas avoir leur dentielle, Mme Voynet a souligné de voter ce texte ». les problèmes étaient plus sérieux et candidat, bien que « personnelle- qu’il fallait « plus de débats » au M. Hollande a jugé inopportun les divergences plus profondes ». ment », ce ne soit « pas [sa] straté- sein de la gauche plurielle. de réunir un nouveau sommet de la Au moment de l’apéritif, les gie ». « Quand il y a cinq formations Tout en observant que la décen- majorité avant que le gouverne- convives ont commenté sur le dans une coalition, si l’une d’entre nie 90 a donné raison à ceux qui ment ait arrêté ses choix, d’ici la fin mode humoristique le chassé-croi- elles n’a pas de candidat ça ne va ont voté Maastricht et la guerre du juin, sur le SMIC, les emplois-jeu- sé du jour – M. Chevènement se pas », a-t-il estimé. Golfe, M. Chevènement a regretté nes, la famille, l’environnement. rendant à l’Elysée et Valéry Giscard « Il y a un esprit gauche plurielle qu’aucune réponse politique n’ait Les convives ont parlé des élections d’Estaing à Matignon, pour parler mais chacun a sa liberté. Il y a un été apportée à la mondialisation et municipales et, brièvement, de l’Eu- de l’Europe –, en plaisantant sur le socle majoritaire mais cela n’empê- à la manière dont on concevait l’Eu- rope et de la victoire de Silvio Ber- « caractère fortuit » de ces entre- che pas les problèmes politiques »,a rope. Il s’est inquiété, comme il lusconi en Italie. Ils n’ont pas dit un tiens prévus de longue date. L’élec- plaidé le premier secrétaire du PS. l’avait fait auprès de M. Chirac, de mot des affaires. Mais au dessert, tion présidentielle s’est ensuite Le premier ministre a jugé « nor- « l’unité de la République » par rap- aucune conclusion n’a été vraiment imposée dans la discussion. «Je mal » qu’il y ait plusieurs candidats port aux processus d’autonomisa- tirée de ces échanges « courtois » suis candidat, je me démarque »,a au premier tour – « il n’y a pas un tion. « C’était un peu “tout fout le et… « extrêmement francs ». confirmé M. Hue, en évoquant, en candidat de la gauche plurielle », camp” », résume un convive. réponse au bilan élogieux que a-t-il insisté – mais, au second tour, M. Hue a remis sur la table ses Béatrice Gurrey M. Jospin venait de dresser de sa « il faut se rassembler pour battre la désaccords : sur l’inversion du et Michel Noblecourt L’élection présidentielle pousse les communistes à se différencier C’EST « sans illusions », selon un tion gouvernementale, M. Laurent la Rhône, 7 000 militants, les « doutes et fait entendre sa voix dérangeante au proche, que Robert Hue s’est rendu voit ainsi : « Quand on lutte contre les interrogations » des communistes por- congrès de Martigues et que certains au dîner de la majorité plurielle. Offi- licenciements, on est phase avec notre tent la plupart du temps sur la ques- verraient bien en candidat présiden- ciellement candidat à la candidature à électorat. S’il y a beaucoup de monde tion des « racines profondes, de l’identi- tiel (Le Monde daté 20-21 mai). l’élection présidentielle, le secrétaire derrière nous, on aura des résultats. » té », selon le secrétaire fédéral, Jean- Un autre leader syndical communis- national du PCF est déjà en campa- Marc Coppola. De ce point de vue, te, Jean-Paul Israël, des marins CGT, gne. Il sait que Lionel Jospin ne veut « DOUTES ET INTERROGATIONS » l’initiative de Calais a rassemblé et ras- réputés pour leur âpreté dans les pas bouger « plus à gauche », campé Pas question, donc, d’abandonner suré. Que M. Hue dîne ou non avec batailles, assistait le 22 mai à une sur son bilan, malgré la progression le côté gestionnaire au seul profit du ses partenaires pluriels, peu importe… autre réunion critique de la gauche : de l’extrême gauche aux municipales. contestataire. « Je ne vois pas en quoi Mais le malaise communiste, que per- la convention appelée par le Rude période. quitter le gouvernement nous ferait sonne ne nie, a quelques expressions conseiller municipal Philippe San- Pour l’instant, dans le parti, aucune obtenir davantage », conclut M. Lau- organisées. Le 26 avril, les « orthodo- marco, à laquelle participaient aussi opposition n’est sortie du bois, en rent. Et s’il faut voter contre le projet xes » réunis dans Rouges vifs ont tenu des communistes refondateurs, des dehors des irréductibles réfractaires à de loi de modernisation sociale, parce une réunion publique, avec Aimé Hal- militants Verts, des socialistes et nom- la participation gouvernementale. On qu’il ne protège pas assez les salariés beher, ex-dirigeant communiste de bre d’inorganisés. Le même jour, les serrerait plutôt les coudes autour du contre les « licenciements boursiers », Renault et André Gerin, député du initiateurs communistes de l’appel secrétaire national et de sa stratégie il estime que le PCF devra le faire. Rhône, pour expliquer à quel point le « Il faut garder un parti de classe », de différenciation, adoptée depuis les « Un pied dans le mouvement popu- concept de gauche plurielle n’avait soutenus par le Parti des travailleurs municipales. « Notre posture est évi- laire, un pied dans les institutions, on pas de sens. La vedette était incontes- (PT), tenaient leur première réunion demment compliquée mais nos élec- marche sur deux jambes », dit-il. tablement Charles Hoareau, leader à Paris. teurs ne nous reprochent pas de partici- Dans la fédération des Bouches-du- des comités chômeurs CGT, qui avait Au-delà de la bataille des licencie- per au gouvernement. Plutôt de man- ments, qui sera sans doute suivie à quer de fermeté », observe la sénatrice l’automne d’un autre affrontement Nicole Borvo. « Tout ce qui prolonge LO craint « un marché de dupes » avec la LCR sur le projet de loi de financement de la colère sociale contre les licencie- la Sécurité sociale, beaucoup s’inquiè- ments, on sera dedans, c’est la question Dans une lettre datée du 21 mai, signée de Georges Kaldy, membre tent du score que pourra réaliser de fond, celle de l’impuissance du poli- de sa direction, Lutte ouvrière (LO) indique à la Ligue communiste M. Hue à la présidentielle. «Un tique devant l’économique », analyse révolutionnaire (LCR) que la question de l’alliance, proposée par Robert Hue à moins de 5 %, c’est une Michel Deschamps, ancien syndicalis- cette dernière pour les élections de 2002, ne pourrait être envisagée stratification de la vie politique pour te et membre de la direction du PCF. « qu’à la fin juin, lors d’un comité central ». LO refuse de s’engager longtemps », observait ainsi Stéphane « Tout le monde est d’accord pour avec une organisation qui lui paraît « divisée » sur cette stratégie et Gatignon, le jeune maire refondateur que nous soyons plus nous-mêmes au qui n’en décidera définitivement que le 23 juin, lors de sa conférence de Sevran, lors de la réunion à Saint- gouvernement. La gauche ce n’est pas nationale. Elle dit également craindre au final « un compromis » Denis, samedi 22 mai, des signataires pareil que la droite et quand la gauche entre les « cinq tendances » de la LCR, « bien loin de nos propres posi- de l’appel « Pour une perspective de gouverne au centre, elle perd », assène tions ». Pourquoi « ne pas dire clairement que [la LCR] n’apportera pas gauche ». pour sa part Michel Laurent, le respon- au second tour sa caution à Jospin ? », demande aussi cette lettre. sable de la fédération de Seine-Saint- Craignant « un marché de dupes », LO ne voit pas « pour le moment (…) Béatrice Gurrey Denis. La contradiction de la participa- l’utilité » d’une rencontre « pour discuter plus avant ». et Michel Samson (à Marseille) 7 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

RELIGION Outre ses 25 000 prê- une activité professionnelle, mariés de travail pour témoigner de leur qui compte actuellement 43 diacres, ou ouvrier, cinq diacres témoignent tres, l’Eglise catholique de France pour 92 % d’entre eux, ils remplis- foi. b CETTE FORME DE MINISTÈRE, l’évêché estime qu’« à terme le nom- du sens de leur engagement : « une compte actuellement 1 600 diacres sent une fonction au service de la qui était tombée en désuétude, a bre de prêtres et de diacres sera quasi- réponse étonnamment moderne de permanents. b MEMBRES DU CLER- communauté chrétienne et, parallè- été rétablie par le concile Vatican II, ment le même ». b AGRICULTEUR, l’Eglise aux besoins du monde GÉ mais exerçant majoritairement lement, sont « envoyés » sur le lieu en 1964. b DANS LE DIOCÈSE de Lille, profession libérale, cadres supérieurs contemporain », selon l’un deux. Le rôle croissant des diacres bouleverse discrètement les pratiques de l’Eglise Membres du clergé tout en exerçant une activité professionnelle, mariés pour la plupart, 1 600 diacres permanents occupent une fonction au service de la communauté chrétienne. Baptêmes, mariages, enterrements : leur poids se renforce dans une Eglise marquée par le vieillissement des prêtres

« VOUS N’ÊTES PAS des gens ajoutent : “S’ils pouvaient être qui signifie « serviteur ». « Par mission vers mon milieu profession- fonction au service de la commu- pays, les diacres permanents sont délégués syndicaux, vous êtes des ordonnés prêtres, ce serait encore mon ordination, je suis un signe de nel. J’y étais déjà quand on m’a nauté chrétienne, y compris dans davantage insérés dans l’institu- hommes d’Eglise ! » Le reproche, mieux…” » l’Eglise servante sur mon lieu de tra- ordonné, nuance Yves Brisciano. la liturgie. Par son ordination, le tion ecclésiale : selon le Père Man- lancé par un évêque, résonne enco- « Finalement, regrette Yves Bris- vail », explique le militant syndical. J’ai un métier, une famille. Les prê- diacre peut en effet célébrer des ceau, « en Allemagne, la moitié des re aux oreilles des diacres ciano, permanent syndical CFDT tres-ouvriers, eux, ont fait un choix baptêmes et des mariages, ou prési- diacres sont des permanents rémuné- d’Evreux. L’un d’entre eux, Roger et diacre du diocèse de Créteil (Val- DEUX OPTIONS de radicalité que je n’ai pas fait. » der des enterrements, même s’il ne rés par l’Eglise ». Plançon, se souvient : « Le 13 jan- de-Marne), ce sont les catholiques Les diacres seraient-ils la relève Pierre Niobey, le secrétaire natio- peut dire la messe. Pour d’autres, L’option clairement affichée par vier 1995, le jour de l’éviction de Jac- pratiquants qui ont le plus de mal à des prêtres-ouvriers vieillissants ? nal des prêtres-ouvriers, rappelle au contraire, le diaconat perma- l’Eglise catholique de France est ques Gaillot, une réunion des quinze comprendre le rôle du diacre. Mes Certains osent la comparaison : que « sur les 1 600 diacres perma- nent est « un ministère du seuil », donc de ne pas « cléricaliser » les diacres permanents était program- collègues de travail ne se posent pas « C’est un peu ainsi qu’on peut les nents, 70 seulement se réclament du mée. En nous y rendant, nous avons du tout la même question sur l’utilité situer, dans une société séculari- monde ouvrier ». tous appris la nouvelle par la radio. de mon ministère. » En accord avec sée », avance Mgr Hippolyte Il est vrai que les diacres se recru- Le débat sur les diaconesses reste ouvert Sous le coup de l’émotion, nous l’Eglise catholique de France, il Simon, l’évêque de Clermont- tent dans toutes les professions et avons rédigé et signé une pétition, met l’accent sur la dimension de Ferrand, chargé du diaconat. Et tous les secteurs d’activité. On trou- Le diaconat permanent pourrait-il, un jour, être ouvert à des fem- puis nous avons décidé de contacter « service » inhérente au diaconat. pourtant, le rapprochement agace ve aussi bien parmi eux des agricul- mes ? La question revient de manière récurrente dans les débats sur les diacres des autres diocèses pour C’est d’ailleurs l’étymologie du aussi bien les diacres que les teurs, des enseignants, des profes- la place de la femme dans l’Eglise catholique. On sait qu’il a existé, leur demander de manifester mot « diacre », du grec diakonos «PO».« Je n’ai pas été envoyé en sionnels de la santé, des ouvriers, dans les premiers temps du christianisme, des veuves et des vierges devant leur évêché le dimanche des cadres du privé, ou encore des qui étaient chargées d’un ministère analogue à celui des diacres. suivant. » Une proportion grandissante au sein de l'Église artistes. « Nous préférons le terme Elles avaient le titre de « diaconesses ». Le mot apparaît d’ailleurs une C’est ainsi que des hommes d’“interpellation” à celui de fois dans le Nouveau Testament, sous la plume de saint Paul, pour- d’Eglise sont descendus dans la ORDINATIONS DE DIACRES ET DE PRÊTRES DIOCÉSAINS 1971-1999 “vocation”, précise Alain Desjon- tant réputé misogyne : « Je vous recommande Phoebé, notre sœur, rue, le 15 janvier 1995, pour contes- en nombre quères, secrétaire du Comité natio- diacre [ou diaconesse] de l’Eglise de Cenchrées » (Epître aux Romains, 237 ter une décision d’Eglise. Pour la 250 nal du diaconat. Nous nous méfions 16, 1). Certains théologiens estiment cependant que la fonction de première fois, les diacres perma- de ceux qui se présentent d’eux- ces « diaconesses » était différente de celle des diacres masculins, et nents occupaient le devant de la 200 mêmes, qui “se portent volontaires”. ne s’apparentait pas à un ministère ordonné. Le débat reste ouvert, scène ecclésiale. « En ordonnant Une telle démarche peut cacher une contrairement à l’accès des femmes au ministère de prêtre, définiti- diacres des hommes qui étaient 150 117 vocation de prêtre rentrée, ou une vement refusé par le pape Jean Paul II, en 1994. De leur côté, les dans le monde, l’Eglise catholique a vie professionnelle qui n’est pas satis- protestants utilisent le terme de « diaconesses » pour désigner leurs pris un risque... et c’est tant 100 faisante. La plupart du temps, c’est communautés religieuses féminines. mieux ! », conclut M. Plançon. l’évêque qui propose le diaconat à 116 50 des personnes qui, spontanément, « SOUS-CURÉ OU SUPER-SACRISTAIN » 17 n’y avaient pas pensé. » entièrement tourné vers l’exté- diacres. Pourtant, certains évêques Ils sont aujourd’hui 1 600 dia- 0 « Le diacre est dans la vie, martè- rieur. « Toute notre réflexion actuel- participant au concile Vatican II cres permanents en France : des le le Père Manceau. Pour les gens le tend à dépasser cette dichotomie, nourrissaient l’arrière-pensée que hommes mariés à 92 %, exerçant 1971 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 qu’il rencontre au jour le jour, il est tempère Michel Manceau. Le dia- les diacres permanents pourraient une activité professionnelle pour ORDINATIONS DE DIACRES un peu l’Eglise qui vient vers eux. » cre doit se situer à l’articulation de un jour être ordonnés prêtres, si 66 % d’entre eux (32 % étant retrai- ORDINATIONS DE PRÊTRES DIOCÉSAINS Pourtant, un débat traverse tou- la vie interne de l’Eglise et du monde l’Eglise catholique autorisait l’ordi- tés). C’est le concile Vatican II qui Source : Eglise catholique de France jours l’Eglise catholique, entre extérieur. Il est dans un “aller- nation d’hommes mariés. Cette pers- a rétabli cette forme de ministère, Il y a actuellement dans l'Église catholique de France, 25 000 prêtres pour deux « options » différentes. Pour retour” entre les deux. » Cette pective est aujourd’hui écartée. en 1964, « non pas en vue du sacer- 1 600 diacres. Selon les estimations des évêques, la proportion sera d' un diacre les uns, le diacre doit être rattaché réflexion est propre à l’Eglise catho- « Penser le diaconat permanent com- doce, mais en vue du service » pour deux prêtres dans un peu plus d'une trentaine d'années. à une paroisse, pour y exercer une lique de France. Dans d’autres me une porte vers le ministère de prê- (constitution Lumen Gentium). tre, c’est passer à côté de leur originali- L’ordination de diacres est attes- té », affirme le Père Henri-Jérôme tée dès les premiers temps de l’Egli- Gagey, doyen de la Faculté de théo- se, ainsi qu’en témoignent plu- A Lille, une « mission à l’interface entre l’Eglise et le monde extérieur » logie de l’Institut catholique de sieurs passages du livre des Actes Paris. Selon lui, la présence des dia- des Apôtres. Mais elle était tom- C’EST en 1971 que le premier diacre a été pourront lui apporter préalablement leur point Avec la multiplication du nombre de diacres, cres permanents dans l’Eglise « aura bée en désuétude, pour ne plus ordonné à Lille. Ils sont maintenant 43 dans le de vue. « Pendant les menaces d’épizootie de fiè- la figure de l’Eglise du diocèse est en train de de toute façon un effet rénovateur ». subsister que sous la forme d’une diocèse, pour 550 prêtres diocésains et 136 reli- vre aphteuse, les diacres agriculteurs ont exprimé changer. De nouvelles questions se font jour. Une étude statistique, menée étape vers le ministère de prêtre. gieux. En 2000, trois nouveaux diacres ont été le désarroi du monde rural dans ces circonstan- « Nous nous interrogeons sur le statut de femme par Mgr Hippolyte Simon et pré- En décidant de rétablir un « diaco- ordonnés ; cinq le seront cette année. «A ces », raconte Mgr Brunin. de diacre : comme se sent-elle associée au minis- sentée aux évêques au cours de nat permanent », accessible à des terme, le nombre de prêtres et de diacres sera tère de son mari ? Certaines le vivent bien, leur assemblée annuelle de 1999, hommes mariés, l’Eglise catholi- quasiment égal dans notre diocèse », estime « UN TEMPS D’EXPLICATION » NÉCESSAIRE d’autres ne se sentent pas partie prenante. Elles montre que la proportion des dia- que a ouvert une brèche dans une Mgr Jean-Luc Brunin, évêque auxiliaire. L’immense majorité des diacres ordonnés ont le sentiment que le ministère est essentielle- cres dans l’Eglise va augmenter au certaine conception de l’ordina- Le diaconat est ici nettement voulu comme pour le diocèse de Lille sont « appelés » par ment vécu par le diacre lui-même. Pourtant, les cours des prochaines années, en tion, jusque-là exclusivement con- « un ministère du seuil », qui vise à rejoindre les l’évêque. « Nous avons connu, au début, une épouses sont systématiquement associées à la raison de la moyenne d’âge plus férée à des hommes célibataires, gens « qui frôlent l’Eglise ». « Il y a eu une période période où les futurs diacres se proposaient. Ce formation du diacre. Elles doivent donner leur élevée des prêtres. Cependant, relè- en vue de la prêtrise. de débat, dont on est en train de sortir, estime n’est plus le cas aujourd’hui, constate l’évêque accord pour l’ordination de leur mari. » ve l’étude, on assiste à « un réel pla- « Le diacre n’est pas là pour rem- Mgr Brunin. Un clivage entre ceux qui s’occupent auxiliaire. L’Eglise diocésaine engage même une Pour Mgr Brunin, le ministère du diacre est fonnement des ordinations diacona- placer ou suppléer les prêtres,met de l’Eglise rassemblée en communauté, et ceux qui réflexion, pour savoir quels sont les besoins, quels encore mal connu, y compris dans l’Eglise. Il les en France », autour d’une cen- en garde le Père Michel Manceau, travaillent pour la mission. Les diacres faisaient sont les lieux, les secteurs d’activité où la présence demande « un temps d’explication ». « La figure taine par an : « Il est clair, conclut responsable du Comité national valoir qu’ils étaient envoyés pour l’extérieur de d’un diacre serait utile. » qui vient spontanément à l’esprit des gens est l’enquête, que dans l’hypothèse où du diaconat. Il n’est pas un sous- l’Eglise. On commence à sortir de ce débat. Les L’Eglise catholique se défend de faire de celle du prêtre ou du religieux. L’ordination est un les rythmes d’ordination n’évoluent curé ou un super-sacristain ! » Et diacres sont en définitive à l’“interface” entre l’« entrisme » dans les milieux professionnels : acte public, qui permet de présenter ce qu’est pas, il y aura toujours plus de prê- pourtant, c’est ainsi qu’il est enco- l’Eglise catholique et le monde extérieur. » « Nous n’avons aucune prétention à régenter les vraiment le diaconat. Au cours de la dernière tres que de diacres », soit une pro- re perçu par beaucoup de catholi- Les professionnels engagés dans le diaconat affaires, explique l’évêque auxiliaire de Lille. ordination, une exposition avait été préparée portion d’au moins deux prêtres ques. « On entend souvent dire sont ainsi amenés à servir à la fois de relais et Simplement, là où les gens sont dans une situa- dans le fond de l’église, pour expliquer le rôle du pour un diacre, dans plus d’une dans les paroisses : “On n’a plus de de conseillers auprès de l’évêque, à partir du tion de questionnement ou de malaise, il est diacre. » trentaine d’années. prêtres, mais on aura des diacres”, milieu où ils travaillent. Que celui-ci s’exprime important que l’Eglise s’exprime, et pas d’une constate le Père Manceau. Et les par exemple sur la santé, les diacres médecins manière qui surplombe la société civile. » X. T. X. T. « Les gens s’habituent mais, dans leur esprit, c’est encore mieux quand c’est un prêtre qui baptise » ILS SONT agriculteurs, mem- dans le village de La Haye-Aubrée ne). Il a été ordonné diacre tout b Paul Israël, inspecteur du ordonné pour “gérer la boutique”. rée par semaine, dans le cadre de bres de professions libérales, et gère aussi une porcherie. «Je récemment, en juin 2000. C’est un travail. Ordonné en 1992 dans la Cela dit, je pense que l’Eglise a mon ministère de diacre. » cadres supérieurs, ou bien suis d’une famille chrétienne prati- prêtre du diocèse qui l’a « interpel- nouvelle cathédrale d’Evry (Esson- besoin de temps en temps qu’on lui b Michel Glaisner, technicien ouvriers. Un jour, ils ont été quante, raconte ce père de famille lé » en 1995. Jusque-là, il n’y avait ne), Paul Israël côtoie de près, de rappelle certaines réalités. » chez Renault et militant CGT. « interpellés » par leur évêque de huit enfants. J’étais déjà engagé « pas du tout pensé ». Après un an par son métier, le monde de b Christian Cordier, directeur Ordonné diacre en 1999, il est au dans la paroisse quand Jacques de réflexion et quatre ans de for- l’entreprise. Il est aussi diacre de des ressources humaines service de la Mission ouvrière du TÉMOIGNAGES Gaillot m’a appelé au diaconat, en mation, il a dit oui. L’évêque lui a la Mission de France, ce diocèse adjoint d’une grande entreprise Val-d’Oise. « Je suis toujours le 1986. J’ai été ordonné en 1992, tout confié une mission d’accompagne- sans territoire créé en 1941 pour du bâtiment. Il était le premier sur- même, je n’ai pas changé. Je suis Ces cinq diacres juste à la limite d’âge, puisque ment auprès des malades à domici- rejoindre les milieux défavorisés pris quand on lui a proposé de peut-être plus attentif à ce qui se vit permanents se sentent j’avais trente-cinq ans, l’âge mini- le, et une réflexion pour créer des et éloignés de l’Eglise. Pour lui, le devenir diacre. « Je n’y avais jamais autour de moi. Sur mon lieu de tra- plus proches des laïcs mum requis. » « lieux de parole » pour les profes- diaconat est un ministère «qui pensé. Je ne savais pas grand-chose vail, tout le monde ne sait pas que je de base que du clergé L’agriculteur normand exerce sionnels de la santé. « En tant que reste à inventer ». « C’est une façon du diaconat. J’ai réfléchi avec mon suis diacre. Mais l’attitude de quel- des responsabilités dans plusieurs médecin, je côtoie ceux qui souf- pour l’Eglise de signifier qu’aucune épouse et mes enfants, avant d’ac- ques-uns à mon égard a changé. On coopératives : « Ma mission est de frent : les malades et leur famille. réalité humaine ne lui est étrangè- cepter », explique cet homme de devient un confident, un référent. pour être ordonnés diacres perma- donner une certaine visibilité de la Depuis toujours, ma manière d’ap- re. Finalement, je trouve que c’est cinquante-sept ans. Pour certaines personnes, je repré- nents. Après avoir pris l’avis de foi dans le milieu agricole. Dans les préhender le dialogue et le rapport une réponse étonnamment moder- « Ma mission est d’avoir le souci sente l’Eglise. » Une fois, c’est un leur femme et de leurs enfants, ils responsabilités qui sont les miennes, au malade est colorée par ma foi. Je ne aux besoins du monde contempo- du facteur humain. J’essaie d’être collègue qui discute avec lui, parce ont accepté. Par leur ordination, j’essaie de faire prévaloir l’idée que ne conçois pas du tout ma mission rain. » davantage à l’écoute des personnes qu’il cherche un sens à sa vie. ils sont officiellement membres c’est l’homme qui est premier, avant comme une manière de faire du pro- Avant d’être ordonné, Paul qui ont des difficultés particulières. Michel Glaisner l’oriente vers une du clergé. Et pourtant, beaucoup la logique financière. Ça ne veut pas sélytisme. Finalement, depuis mon Israël a tenu à informer de son Il m’est arrivé de devoir faire face à équipe de catéchuménat, et il d’entre eux se sentent plus pro- dire que je sois forcément le ordination, c’est plutôt le regard des choix son directeur départemen- des situations de plans sociaux. J’ai vient de recevoir le baptême à ches des laïcs de base que d’une meilleur… » La paroisse d’Hughes autres qui a changé : ils me voient tal : « C’est une décision qui relève réussi à peser pour que certaines Pâques. Une autre fois, c’est un Eglise pyramidale et hiérarchique, Verhaeghe regroupe désormais comme appartenant au clergé ! de la sphère privée, mais l’ordina- personnes soient retirées de la liste secrétaire général de la CGT qui ne telle qu’on se la représente sou- une quarantaine de villages. Une Pourtant, je n’ai pas l’impression tion a un caractère public. » Au des licenciements. Je dois gérer une veut pas se marier à l’église, bien vent. Ils sont « envoyés » dans leur fois par mois, il célèbre une céré- d’être un ecclésiastique, en tout cas quotidien, l’inspecteur du travail tension entre les intérêts de l’entre- que sa femme soit croyante. milieu professionnel pour témoi- monie collective de baptêmes, à la pas au sens d’une Eglise pyramidale rencontre des patrons, des direc- prise et le bien-être des hommes et Quand il apprend que Michel gner, avec discrétion et sans prosé- place du curé. « Les gens s’habi- et hiérarchisée d’avant Vati- teurs des ressources humaines, des femmes qui y travaillent. » Glaisner est diacre, il lui demande lytisme, de leur foi. A leur façon, tuent, mais, dans leur esprit, c’est can II… » des dirigeants syndicaux, mais aus- Proche de la retraite, Christian de célébrer son mariage. ils inventent ce que pourrait être encore mieux quand c’est un prêtre En ce moment, Didier Bourdon si des personnes en situation pré- Cordier aimerait que l’Eglise catho- « Les incroyants me disent : “tu es la figure d’une Eglise du troisième qui baptise… » Depuis son ordina- prépare des fiancés au mariage reli- caire. « Le leitmotiv de mon engage- lique ordonne des diacres plus jeu- un peu comme un prêtre-ouvrier”. millénaire. tion, le jeune agriculteur se sent gieux, qu’il célébrera lui-même. ment, c’est que l’économique ne nes : « C’est bien qu’ils restent long- Je leur réponds que ça y ressemble, b Hughes Verhaeghe, exploi- « laïc et homme d’Eglise à la fois, « Qu’un homme marié prépare un doit pas avoir le dernier mot. Mon temps en activité. En même temps, mais que ma mission est un peu tant agricole, a été ordonné dia- mais tout de même davantage couple au mariage, c’est intéres- souci est de rejoindre les gens là où je sais que les couples jeunes doivent différente. » cre en 1992 par Mgr Gaillot, pour laïc ». sant. Après tout, je leur parle en con- ils sont. Le risque serait de se laisser consacrer du temps à leur famille. le diocèse d’Evreux (Eure). Il culti- b Didier Bourdon, cardiolo- naissance de cause, contrairement accaparer par l’organisation inter- Pour ma part, j’en suis à une moyen- Propos recueillis par ve du blé, de la betterave et du lin gue à Bry-sur-Marne (Val-de-Mar- à un prêtre célibataire… » ne de l’Eglise. Or moi, je n’ai pas été ne de deux ou trois réunions en soi- Xavier Ternisien 8 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 SOCIÉTÉ

Au procès des vacances en temps partagé, les preuves Une condamnation de principe de l’escroquerie se révèlent difficiles à réunir requise contre le collégien jugé Face à l’accusation, les frères Miller et leurs coprévenus présentent un front parfaitement uni pour dénonciation mensongère Le procès des vacances en temps partagé, devant difficultés à démontrer l’escroquerie en bande d’ illustres : un inspecteur général du tourisme et le tribunal de Paris, semble tourner à l’avantage organisée devant des prévenus particulièrement Georges Sarre, maire du 11e arrondissement de des prévenus. Le parquet éprouve de grandes solidaires. Parmi les 2 400 victimes s’en trouvaient Paris et ancien secrétaire d’Etat aux transports. Son professeur, accusé d’attouchements, s’était suicidé

SCOTT MILLER frétille sur son pas la juge, s’inquiète le procureur. On obligeait les touristes à pren- me ces 24 500 francs tombés sur son REIMS circonstances dans lesquelles la banc, mais en silence. D’ailleurs – C’est comme ça quand on dre leurs billets d’avion dans l’agen- compte en Belgique : il les a de notre envoyé spécial dénonciation a eu lieu. Dans un pre- l’amateur de poissons exotiques et aime », conclut philosophique- ce du groupe ? Pas du tout, protes- « gagnés au casino avec un ami ». Bernard Hanse, cinquante ans, mier temps, J. a informé ses parents âme du système de vente de vacan- ment Alain Zemour. tent les prévenus : 20 % ont choisi Les victimes dans la salle trouvent la s’est donné la mort le 10 juin 1997 des faits qu’il reprochait à l’ensei- ces en temps partagé jugé depuis Les prévenus offrent en tout cas d’autres compagnies, les billets sont force de rire. Elles rient plus jaune sur une route du département de la gnant. Après avoir tenté, sans suc- lundi 21 mai à un front remarquablement uni – en dans le dossier. Sur place, les heu- quand Daniel Magdeleine, le pugna- Marne. Il s’est suicidé dans son véhi- cès, une confrontation entre Paris (Le Mon- attendant l’audition des victimes, à reux gagnants étaient harcelés, selon ce procureur de la République, rap- cule, d’une balle dans la tête, parce M. Hanse et les parents du jeune de du 23 mai) partir du 29 mai. On reproche à l’accusation, pour acheter à grand pelle que les tours-operateurs qu’il n’a pas supporté les soupçons garçon, le chef d’établissement sai- a changé de l’autre frère Miller d’avoir émis des frais des semaines de vacances. concurrents surnommaient la com- que faisait peser sur lui la dénoncia- sissait la justice. Entendu quelques banc. Il n’est tickets à gratter, tous gagnants, qui pagnie « Air-blaireau » et que les tion d’un garçon de treize ans, l’ac- jours plus tard par les gendarmes, plus assis permettaient de gagner une semai- « AIR-BLAIREAU » ET « LES PIGEONS » commerciaux appelaient les clients cusant d’attouchements. Dans une J. se rétractait et était mis en exa- entre deux ne de vacances gratuites au soleil : « J’ai l’impression qu’on a un peu « les pigeons ». « Votre frère, ce sont lettre testamentaire, il avait évoqué men le 18 juin. Pour son avocat, gendarmes et sans aléa, ce n’est plus un jeu, mais forcé la main aux plaignants, proteste les poissons ; vous, c’est plutôt les vola- le « sordide » et le « dérisoire » de Me Jean-Marc Repka, ce revirement PROCÈS comparaît li- un délit. « Pas du tout, assure Steven Serge Baranès, responsable en Espa- tiles ! », tonne le procureur. « Reve- cette affaire pour justifier sa déci- s’explique par le contexte de l’épo- bre après avoir miraculeusement Miller, la majorité seulement était gne de l’une des résidences. On ne nons à nos moutons », suggère le pré- sion comme étant la seule « solu- que : « Bernard Hanse venait de se réussi, mardi, à trouver les gagnante. » La partie civile lui fait peut pas forcer les gens à rigoler, à sident. D’autant qu’il y en a eu de tion digne ». Bernard Hanse était suicider et le jeune garçon n’a sans 500 000 francs de caution qu’on lui observer qu’il y avait danser, à chanter... Je suis sidéré que célèbres : un inspecteur général du professeur d’éducation physique doute pas supporté la pression psycho- réclamait. Et puis, le procès ne se pas- 874 949 gagnants sur 875 000 tic- les gens qui étaient contents à cette tourisme, et même « un ancien minis- au collège de Montmirail (Marne). logique qui pesait sur ses épaules. » se pas mal : l’accusation peine un peu kets. « C’est une grande majorité », époque en gardent un souvenir de cau- tre, qui y a cru ». Le procureur s’est J., son accusateur, était l’un de ses Devant le juge pour enfants, J. réité- à caractériser l’escroquerie en bande convient le prévenu. L’accusation chemar. » Le « numéro 3 » du grou- bien gardé de donner un nom. Qui a élèves. Mercredi 23 mai, près de rera d’ailleurs ses accusations et organisée et les dix prévenus sont res- soutient encore que les gagnants, pe ne voit d’ailleurs pas où est l’escro- aussitôt circulé dans les couloirs : quatre ans après les faits, le jeune bénéficiera d’un non-lieu, avant tés une bande de sacrés copains. qui devaient verser 500 francs rem- querie. « Effectivement, nous avons c’est Georges Sarre, le député et mai- garçon, soupçonné d’avoir menti, que la chambre d’accusation de la Alain Zemour, par exemple, toujours boursables de « frais de réserva- déposé le bilan, explique Olivier Ané ; re chevènementiste du 11e arrondis- comparaissait, à huis clos, devant le cour d’appel de Reims ne le renvoie incarcéré, plusieurs fois licencié par tion », n’ont rien touché. Les frères effectivement, ça s’est mal passé, nous sement de Paris, ex-secrétaire d’Etat tribunal pour enfants de Reims, finalement devant le tribunal. Scott Miller et ruiné depuis, a de quoi Miller protestent du contraire : avons grandi trop vite. Les gens se plai- aux transports, donc un peu de la pour « dénonciation mensongère ». lui en vouloir. « J’ai envie de le tuer 10 millions de tickets ont été distri- gnent qu’il y ait moins de destinations partie. Sa lettre de protestation figu- Pour la famille de Bernard Hanse, RECONNAÎTRE LA CULPABILITÉ des fois, assure l’homme d’affaires. bués, 44 000 familles ont flairé la que prévu, c’est sûrement vrai. Mais ils re dans le dossier. Sur papier à ce procès devait être l’occasion de Face à ses juges, l’adolescent, âgé – Mais vous avez dit au juge d’ins- bonne aubaine, 19 000 ont versé les ont leur titre de propriété ! Ils conti- en-tête de la Mairie de Paris. réhabiliter l’« honneur » de l’ensei- aujourd’hui de dix-sept ans, aurait truction que vous aviez envie de l’em- 500 francs, 18 000 ont été rembour- nuent à partir en vacances ! » gnant. « Toute cette histoire est très maintenu sa version des faits. «Ila brasser sur la bouche – Scott Miller, sés, avant l’effondrement, en 1996. Restent quelques curiosités, com- Franck Johannès dure à vivre, a expliqué Gisèle Han- expliqué que M. Hanse lui avait cares- se, son épouse, avant le début de sé la jambe de bas en haut, a indiqué l’audience. On sent qu’un doute per- le représentant du ministère public. siste et on espère que ce jugement va A-t-il commis une erreur d’interpréta- Les Gitans du « village andalou » bordelais vont être relogés en urgence permettre de tout clarifier. » Dénon- tion sur la nature de ce geste ? Il ne çant les rumeurs, elle attend de la l’a pas dit mais on peut le penser. » BORDEAUX respecter les données géologiques. Le terrain est mise en place depuis lundi 21 mai. Elle sera justice « qu’elle lave définitivement M. Dintroz s’est employé à démon- de notre correspondante est pollué par un mélange de métaux lourds, également chargée de l’intégration sociale et de [son mari] de tout soupçon ». « Nous trer que les accusations de J. com- Le préfet de la Gironde, Christian Frémont, a d’hydrocarbures et de plomb à des taux anor- l’insertion professionnelle de cette population. ne cherchons pas à l’accabler, nous portaient des incohérences. annoncé, lundi 21 mai, le relogement d’urgence maux. De plus, les Gitans ont développé une Après des années d’atermoiements, la mairie de voulons seulement que l’innocence de Pour le procureur, les accusations de dizaines de familles gitanes habitant un camp importante activité de ferraillage. Bordeaux s’est engagée à trouver un logement notre frère soit reconnue », ont préci- réitérées du jeune garçon sont « sus- insalubre dans la banlieue nord de Bordeaux. Cet- durable à chacune des familles d’ici à la fin de l’an- sé, évoquant le jeune prévenu, Fran- pectes ». « On peut estimer qu’il a vou- te décision fait suite aux résultats d’une enquête « DES EFFORTS DE CHAQUE CÔTÉ » née. Six sont déjà relogées. Elles seront neuf d’ici çois et Alain Hanse, les frères de la lu régler des comptes avec ce profes- de la direction départementale des affaires sani- Devant ces derniers résultats alarmants, le pré- à septembre. La démarche est laborieuse : «Ni victime. Enseignants eux aussi, ils en seur qui [le jour des faits présumés] taires et sociales (Ddass), qui a mesuré les taux fet a décidé de reloger d’urgence, avant le 30 juin, les bailleurs sociaux ni les communes de l’agglomé- veulent surtout au principal du collè- l’avait exclu de son cours en raison de de plombémie chez les enfants gitans, des nour- les 47 familles habitant toujours le « village ». Cel- ration ne font preuve d’un enthousiasme extraordi- ge de Montmirail qui, en saisissant son comportement. » M. Dintroz a rissons aux adolescents. Sur 113 jeunes, 81 tests les dont les enfants sont les plus touchés seront naire », avait confié Alain Juppé, maire (RPR) de « trop hâtivement » le procureur, demandé au tribunal de reconnaître de plombémie ont pu être réalisés les 30 mars et relogées prioritairement. Il a également proposé Bordeaux, lors du conseil municipal du 30 avril. aurait « provoqué ce gâchis terri- la culpabilité de J., mais il n’a pas 11 avril : 13 révèlent des cas de saturnisme, soit un bilan de santé global sur la base du volontariat « Si nous souhaitons accélérer les choses, il faut fai- ble ». « Il suffisait d’interroger les pré- requis de peine. « Ça n’a pas de sens un taux de plombémie supérieur à 100 micro- à tous les habitants, soit plus de 220 personnes. re des efforts de chaque côté », avait-il ajouté, rap- tendus témoins pour s’apercevoir qu’il pour un enfant qui n’avait que treize grammes par litre de sang (µg/l). Six d’entre eux, « Ce relogement se fera avec un dispositif sembla- pelant que certaines familles avaient déjà refusé s’agissait d’une supercherie », ont-ils ans ; en revanche, c’est important principalement des jeunes adolescents, sont très ble à celui utilisé dans la Somme », explique Chris- des propositions de la ville. « Il faut agir dans la soutenu. Une conviction qui a incité pour la famille de la victime que cette intoxiqués avec des taux de 176 à 273 µg/l. tian Frémont : trois à quatre terrains de la com- plus grande concertation possible et prendre en Mme Hanse à déposer plainte devant culpabilité soit reconnue », a-t-il justi- Une enquête sociologique, des études géologi- munauté urbaine de Bordeaux, dont la localisa- compte les souhaits des uns et des autres, tempori- le tribunal administratif pour « dys- fié. L’adolescent encourt six mois de ques et des tests sanguins réalisés par Médecins tion n’est pas encore définie, vont être utilisés se M. Frémont, même si, je l’avoue, cela va être fonctionnement du service public de prison et 50 000 francs d’amende du Monde avaient déjà souligné la situation pré- pour les constructions provisoires. Les maisons compliqué. » Plusieurs maires interrogés par le l’éducation nationale ». – un maximum qui peut être réduit occupante du « village andalou », installé à du « village » seront ensuite détruites. quotidien Sud-Ouest ont déjà signalé qu’ils Selon le compte-rendu qu’en a de moitié si l’excuse de minorité est proximité d’une ancienne décharge d’ordures Afin de répondre à cette urgence, une « cellule n’avaient pas de terrain disponible. fait le procureur de la République, retenue. Jugement le 13 juin. ménagères (Le Monde du 9 août 2000). Les opérationnelle » composée des services Serge Dintroz, l’audience du tribu- 38 habitations ont été construites en 1991 sans concernés de l’Etat, de collectivités et de Gitans Claudia Courtois nal pour enfants est revenue sur les Acacio Pereira Le général Aussaresses conteste avoir fait l’apologie de la torture

LE GÉNÉRAL PAUL AUSSARESSES a démenti avoir fait l’apologie de la torture, mardi 22 mai, devant les policiers qui l’entendaient dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte contre lui le 17 mai par le parquet de Paris pour « apologie de crimes de guerre », à la suite d’une plainte de la Ligue des droits de l’homme. L’officier supérieur a affirmé avoir agi dans les limites fixées par des « ordres républicains ». La publi- cation d’un livre de souvenirs intitulé Services spéciaux, Algérie 1955-1957, dans lequel le général Aussaresses, 82 ans, revendique tortures et exécutions sommaires, est à l’origine des investigations. A l’issue de l’audition, Me Gilbert Collard, l’avocat du général, a indi- qué que son client avait dit que « cet ouvrage était une contribution à l’Histoire qui ne justifie en rien, ni n’excuse, les actes de tortures ». Lundi 21 mai, le général Aussaresses avait aussi été entendu comme témoin, en tant qu’ancien attaché militaire au Brésil en 1975, par le juge Roger Le Loire, qui enquête sur la disparition de Français au Chili sous le régime du général Pinochet. DÉPÊCHES a JUSTICE : trois garçons de 16 ans ont été mis en examen et écroués, mercredi 23 mai, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans l’enquête sur le viol collectif d’une femme sortant d’un hôpital psychiatrique, ce qui porte à douze le nombre de jeunes gens mis en examen pour viol ou complicité. Au total, une vingtaine de jeunes pourraient avoir été impliqués dans ce viol collectif commis le 12 mai. a Un homme de 21 ans a été condamné à deux ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis, mercredi 23 mai, à Angoulême (Charente) pour avoir attaqué, la veille, à coups de machette, un commissariat de la ville. a Le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne) a condamné, mercredi 23 mai, Monique Beljanski, veuve du biochimiste français Mirko Beljanski, à dix-huit mois de prison avec sursis et 200 000 francs d’amen- de, notamment pour « exercice illégal de la pharmacie », concernant des produits thérapeutiques à base de plantes pour sidéens et cancéreux. a Un élève du collège Claude-Le-Lorrain à Nancy, âgé de 16 ans, a été mis en examen et écroué, mercredi 23 mai, pour « violence sur personne ayant autorité », après avoir donné des coups de pied et de poing sur le visa- ge et les jambes de sa professeure de sciences physiques. L’adolescent, élève en troisième spécialisée, était déjà connu pour vol aggravé et violence. a ACCIDENT : un adolescent de Bourges (Cher), âgé de 13 ans, a été retrouvé mort dans sa chambre, mercredi 23 mai, après s’être apparem- ment livré au jeu de la strangulation, dit « jeu du foulard ». Il avait passé une ceinture autour de son cou, qu’il avait attachée au barreau supérieur de son lit superposé. Les enquêteurs ont exclu l’hypothèse d’un suicide. « Le jeu du foulard », qui se pratiquerait surtout dans les cours de récréa- tion entre garçons de 12 à 15 ans, consiste à étrangler un des participants jusqu’à l’évanouissement, pour qu’il raconte ensuite ses visions hallucina- toires. En septembre 2000, à Nice, un adolescent de 14 ans avait été découvert dans sa chambre, étranglé par sa ceinture de judo. LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 9 HORIZONS RÉCIT Deux cents kilomètres : c’est long...

’AI roulé dans le peloton, en plein milieu, la course avait quitté les plages ratissées par un grand vent, les Corbières com- mençaient à faire le gros dos, je venais de lire sur la route cette incroyable inscription à la peinture blanche, « Vas-y Fotto ». J J’ai jeté un coup d’œil en arrière et dans le soleil, à cent mètres, les coureurs roulaient sans excès. « On a rattrapé l’échap- pé ! », m’a lancé l’un d’eux en rigo- lant. Un autre m’a conseillé de manger et de boire, manger avant d’avoir faim, boire avant d’avoir soif, sinon, c’est trop tard. Peu à peu je me suis laissé glisser, des Ita- liens m’ont demandé comment allaient les jambes, m’ont simple- ment dit bonjour. Mais le commis- saire international, du haut de sa voiture, m’a prié de ne pas rester trop longtemps. J’étais comme en simple visite, quelques minutes de peloton et puis s’en va, il faut se laisser appri- voiser par cet animal qui peut d’une seconde à l’autre passer du calme à la frénésie. La radio de la course me l’avait annoncé déchaîné dès les lignes droites du bord de mer à la sortie de Saint-Cyprien. C’est une société pédalante assagie qui est revenue sur moi après la côte de Treilles, que j’ai laissé s’éloigner à regret car j’aurais pu rester encore un peu, bien au chaud, les coureurs n’avaient plus l’âme belliqueuse. Mais mieux valait obtempérer aux ordres du commissaire. Je sais déjà que dans les Cévennes, quand ça montera dur, je pourrai essayer de suivre des petits groupes d’attar- dés. J’ai attendu quatre mois. Je peux encore patienter deux jours. Deux cents bornes à vélo, c’est long, même avec ces juniors magni- cycles. Evidemment, il s’agit d’un un bon moment. Seul me rafraîchis- de vélo avec la romancière Alice Le départ de la deuxième étape fiques qui m’ont emmené bon train mot de Blondin, un de plus, dont se sait le passage de petits ponts Ferney. « Mon mari m’avait dit qu’il du Midi libre à Saint-Cyprien, dans leurs roues sous la conduite gargarisent tous les suiveurs de enjambant des rivières vivaces. Là, y avait quelque chose d’extraor- Eric Fottorino, au fond, tournant de Jacky, leur capitaine de route de pelotons. Un soir d’après boire, un air frais venu du sol semblait dinaire dans le cyclisme. J’ai voulu la tête, entouré par les juniors. l’Union cycliste Perpignan Rous- bien après l’arrivée des coureurs, comme par miracle éteindre l’em- voir. Une année, le Tour est passé à sillon. Ils m’ont protégé, encoura- l’auteur de Monsieur Jadis rencon- prise du soleil. Hossegor, dans les Landes. Je suis gé, abrité quand le vent décidément tre un de ses confrères, Emile Tou- allée le voir. Je ne peux pas dire pour- cendait vers Pézenas à près de faisait siffler nos bécanes comme louse. « Mon bon Emile, tu as quel AIS pour quelques ins- quoi, mais quand le peloton est passé 45 kilomètres à l’heure. des catamarans. D’autres juniors Deuxième âge maintenant ? – 59 ans », répond tants critiques, combien devant moi, je me suis mise à pleu- A l’arrivée, j’ai « dessoudé » mes les ont relayés après le contrôle de le chroniqueur. Blondin réfléchit un Mde moments magiques ! rer. » Dans les années d’après- pieds des pédales automatiques, ôté ravitaillement, on allait quitter étape instant. « Moi, 61. Eh ben tu sais pas, La traversée des villages dans le guerre, mes grands-parents allaient mes souliers de cycliste et marché l’Aude pour l’Hérault avant de s’en- je vais t’attendre » Une histoire de vrombissement des motos, l’ascen- dans les cols des Pyrénées pour pieds nus sur la route. Le goudron foncer dans les vignes et les tracés du Midi libre, cette eau me tient bien quelques sion de côtes même modestes où le assister au passage de la Grande était tiède. Je tenais mes godasses à courbes du Minervois ; on allait bornes. Après, il faut trouver autre public, en connaisseur des choses Boucle. Quand arrivait Fausto Cop- la main, comme Bahamontès dans quitter le soleil pour l’orage qui fen- et premier chose, un bout de chanson – à du vélo, s’est posté pour applaudir, pi, Claire, ma grand-mère, ne pou- un Tour perdu, qu’il abandonna, dait le ciel d’éclairs menaçants. condition de ne pas essayer de la communiquer un écart, crier : vait réprimer ses larmes. Etait-ce le épuisé, signifiant bien par ce geste « On va passer à travers », m’a « coup de fredonner sous peine d’étouffer. « Allez, monsieur Le Monde !» teint livide du « Campionnissimo », qu’il ne remonterait pas sur son vélo. crié un jeune coureur. Mais non, Etouffer, c’était bien le danger Dans le regard de ces gens, tou- ses joues creusées, ce regard de Moi, j’espère bien remonter dès jeudi c’est lui qui nous est passé à tra- moins bien ». dans la première partie de l’étape. jours cette même joie enfantine à souffrance ? pour l’épreuve du « chrono », 19 km vers, la pluie s’est abattue sur nos On avait beau m’exhorter à man- à travers les rues de Montpellier, près jambes, j’ai senti mes muscles se Deux cents ger, pas grand-chose ne passait. Il du stade de la Mosson. Marc Madiot durcir, il restait plus de 70 kilomè- faisait trop chaud. Seule l’eau colo- Je concentre mon regard sur ma roue avant : m’a promis un casque profilé. tres et je me suis dit que, cette fois, kilomètres, rée d’un fond de sirop passait bien. L’air était doux à Pézenas, l’orage j’allais commencer à souffrir. Et les ampoules de glucose que le voir le goudron défiler en accéléré évaporé. Je serais bien resté un D’abord les épaules, à force d’avoir c’est long, médecin de la course m’a versées moment avec des gens d’ici pour tiré dans le vent, les premières heu- dans un bidon en me lançant : « Fai- procure une sensation de soulagement. qu’ils me parlent des enfants du res de course. Puis les yeux qui se surtout après tes comme les coureurs quand je leur pays, Bobby Lapointe, le fils du mar- sont mis à brûler quand l’eau du prépare un truc, accrochez-vous à la On est planté, mais on avance quand même chand de fourrage, mathématicien ciel y a précipité la sueur du front. un orage, voiture ! » Les pros savent qu’il faut émérite qui trouva sa voie dans l’ava- Obligé d’ôter les lunettes, de s’as- beaucoup s’alimenter dans les pre- nie et la framboise. Et Molière qui perger de plus belle avec un bidon lorsque, trop mières heures de course. Sinon, voir passer des coureurs, quel que Le visage d’un cycliste est en devint ici, avec son « Illustre Théâ- pour enlever le sel de l’effort. Les c’est sous la douche qu’on digère soit leur rang, on acclame autant général plus lisible que son maillot. tre », comédien de Son Altesse séré- jambes, elles, tournaient, mais la vite rattrapé ses barres de céréales ! Mais quand les derniers que les cracks. Souvent Quand il a mal, ça se voit. Ces gens nissime le prince de Conti. Malgré route était glissante, les lignes blan- la chaleur s’en mêle, on ne pense je me demande : depuis combien sur la route nous scrutent, ils lut- tous les courants d’air de la journée, ches transformées en savonnettes, par le peloton, qu’à boire. de temps sont-ils là ? J’ai pensé à ce tent avec nous, battent des mains je n’ai pas oublié le mot de Pagnol : d’énormes flaques obstruaient, çà Quand ma voiture suiveuse a été dialogue dans Le Fabuleux Destin pour que tournent nos jambes. si Jean-Baptiste Poquelin est né à et là, la moitié du bitume. on le laisse retenue à l’arrière de la course, le d’Amélie Poulain : l’amour c’est Hier encore, on me disait comme Paris, « c’est à Pézenas que naquit La route, c’est parfois une dérou- directeur sportif de l’équipe Bon- comme le tour de France : on l’at- en confidence : « Ça y est, tu es pres- Molière ». Sur la route des Corbiè- te. Cela vient sans prévenir. Un revê- s’éloigner jour, Jean-René Bernaudeau, m’a tend longtemps et il passe vite. que en haut, encore cent mètres et res, à Fabrezan, j’ai laissé derrière tement plus rugueux, un faux plat proposé un bidon, et après lui son Je crois que les spectateurs accou- après ça descend ! » Ces moments moi la figure de Charles Cros, scienti- qu’on n’attendait pas, vent debout, à regret. collègue de la Lampre. J’ai fini par rus sur les routes du Midi libre trou- éphémères de communion, de com- fique, poète, inventeur de la photo- moral soudain atteint, il faut relan- accepter. Pour « sécher » un cou- vent au passage du peloton quel- plicité avec des inconnus, valent les graphie couleurs, et auteur d’un tex- cer, se « lever le cul de la selle », Eric Fottorino, reur, rien de tel que de le laisser cin- que chose d’indéfinissable qui souffrances endurées. Plus les jours te hilarant où il est question d’un empoigner la bécane pour l’arra- quante bornes sans une goutte appartient à l’enfance. C’est aussi vont passer, plus la foule se fera « hareng triste ». cher, et l’idée me traverse, fugitive, « monsieur d’eau. C’est ce qui m’est arrivé un un moment d’émotion que les mots compacte et pressante dans l’ascen- Mais, la ligne juste franchie, on que Pézenas est encore loin, que peu avant la mi-course, et sans ces restent impuissants à cerner. Quel- sion des cols. J’y ai pensé dans les m’a fait asseoir dans la voiture. Des j’ai maintenant l’impression de rece- “Le Monde“ » mains amies, j’aurais pédalé carré ques jours avant la course, j’ai parlé derniers kilomètres, quand on des- mains ont rangé mon vélo, d’autres voir des coups d’épingle dans le m’ont tendu à boire. « N’oublie pas dos, c’est toujours traître, les coups du grand prix MENDE SAINT-CYPRIEN • PÉZENAS que tu es d’abord coureur », m’a dans le dos. encore seriné Madiot. Et un cou- FLORAC e Quand on a un « coup de moins cycliste, a dû, RIGNAC MERCREDI 23 MAI 2 étape • 196,5 km reur, après la course, il ne doit plus bien » – ainsi parlent les LAISSAC s’occuper de rien, filer au massage, CATÉGORIE DU COL SPRINT RAVITAILLEMENT « cyclards » –, il faut s’accrocher à pour tenir, PONT rester allongé le plus possible. C’est la moindre occasion de reprendre DU GARD ce que j’ai fait. Patrick Gagnier, avec PÉZENAS du moral. Par exemple, je concen- qui j’ai couru dans le temps, m’a s’accrocher. MONTPELLIER tre mon regard sur ma roue avant : SÈTE remis les muscles et les épaules en voir le goudron défiler en accéléré A sa roue place. Il a repéré un coup de soleil

procure une sensation de soulage- GRUISSAN sur ma nuque. « Fais attention, si tu

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ment. On est planté, mais on avan- avant, aux LA brûles, tu vas souffrir ». Le docteur

ÈRES -BAR ce quand même. C’est aussi dans SAINT- RVOI Guillaume a soigné deux bobos mal

ces instants critiques où la tête sem- CYPRIEN EUIL placés « à la selle ». Je m’en remets à

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ble vouloir moins que les jambes, N-DE Don Quichotte : « Et poursuivit sa

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que je me raconte des histoires. RET route qui n’était autre que celle que

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la montée de la Treille, j’ai pensé à ST-CYPRIEN- aventures. »

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CAP PLAG l’anecdote racontée la veille par Récit d’une LEUC mon confrère de la radio, Jean-Paul Eric Fottorino Brouchon, une « voix » du vélo déroute évitée 0 km 50 100 150 196,5 Photos : John Vink/Magnum imprégnée de toute la légende des PYR.OR. AUDE HERAULT pour « Le Monde » 10 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 HORIZONS-DÉBATS Nous, les sentinelles de la terre de Corse par Gabriel-Xavier Culioli

E débat parlementaire con- gée que les autres côtes françaises Deux mille années d’emprisonne- droits de France où sont recyclées ronnement corse. Parlons-en. Il n’y la paix civile pour construire immo- sacré au prochain statut de et européennes. ment ont puni des militants qui les plus grandes masses d’argent a pas si longtemps la direction dérément. C’est évident : l’Etat, loin la Corse et les comptes ren- On nous dit donc aujourd’hui : firent passer l’intérêt de leur terre sale sont respectivement le départementale de l’équipement et d’être garant de l’intégrité écologis- Ldus médiatiques ont été « La Corse est un joyau. Il faut à tout avant leur propre confort. Deux mil- 17e arrondissement de Paris, où bon la préfecture avalisait des permis de te, est le fer de lance d’une marchan- dans leur ensemble relativement prix préserver son littoral. » L’énoncé le ans de vies souvent brisées, d’es- nombre de mafieux soviétiques construire qui défiguraient nos pay- disation à outrance de notre terre. humiliants pour la communauté de cette constatation et de ce sou- poirs détruits. Voilà ce que coûta la achètent force appartements, et le sages pourvu que les bénéficiaires Ce double jeu est insupportable. insulaire. Sans jamais vraiment hait est étrange lorsqu’il cherche à beauté de nos côtes que chacun 2e arrondissement où l’industrie du aient le bras long. Qui, aujourd’hui, est le mieux placé mesurer la portée de leurs propos, culpabiliser par avance l’unique aujourd’hui admire et veut proté- vêtement favorise la fausse factura- Le spéculateur Dewez, propriétai- pour apprécier la beauté de notre île des parlementaires opposés aux communauté humaine qui puisse ger. Combien d’hommes et de fem- tion et le travail au noir à grande re du golf de Sperone, a ainsi bénéfi- sinon ceux qui l’ont préservée jus- accords de Matignon n’ont pas s’enorgueillir de posséder les seules mes, appartenant à la nomenkla- échelle. Vient ensuite la Côte d’Azur cié de toutes les largesses des ban- qu’à aujourd’hui ? Il est évident que craint, une fois encore, de pratiquer côtes de Méditerranée qui aient tura française de gauche comme où des biens considérables sont ques nationales pour implanter son la société corse est traversée, un amalgame scandaleux entre la échappé à l’immonde déferlante de droite, s’ébaudissent, les beaux aujourd’hui achetés souvent en petit paradis de milliardaires où le comme n’importe quelle société, violence et l’ensemble des Corses, architecturale des années 1970. Que jours venus, devant notre nature liquide sans que les autorités françai- Tout-Paris se rencontre pour mieux par des courants divers. Nous avons prétextant que le statut serait une nos détracteurs visitent toutes les exalter les valeurs sauvages de notre nos voyous et nos spéculateurs. récompense « à ceux qui versent le autres îles méditerranéennes. Aucu- île. Ce spéculateur qui s’afficha com- Mais qu’ils paraissent petits à côté sang quand le reste de la France est ne n’a sauvé sa nature comme l’a Il est évident que la société corse est traversée, me le M. Propre de la Corse, après la des bétonneurs de la Côte d’Azur privée d’une véritable décentralisa- fait la Corse. Qu’ils observent avec mystérieuse affaire de racket dont il ou des intérêts mafieux présents sur tion ». attention les côtes françaises médi- comme n’importe quelle société, fut la victime, doit aujourd’hui le continent ! La première réponse qui vient à terranéennes et atlantiques. Toutes 660 000 francs à l’Office hydrauli- La loi littoral est transférée en l’esprit est basique : pour quelles rai- sont défigurées par des construc- par des courants divers. que de la Corse et 19 millions au Cré- Corse. C’est une bonne chose : sons tous ces personnages qui occu- tions horribles, bâties sans grâce. dit agricole et à la Cadec. Le centiè- enfin les Corses vont pouvoir être pèrent le pouvoir n’ont-ils pas mis Ainsi, dans cette île en proie à un Nous avons nos voyous et nos spéculateurs. me d’un tel montant a valu à des responsables sans s’en référer à tout en œuvre cette réforme si fonda- désordre endémique entretenu par agriculteurs insulaires d’être cloués instant à Paris. Ne craignez rien, mentale lorsqu’ils en avaient les une population génétiquement agi- Mais qu’ils paraissent petits au pilori par la presse continentale. continentaux, nous veillons sur nos moyens politiques ? tée, les glorieux représentants de Le centième de ce qu’il doit à l’Offi- côtes avec la vigilance d’une chatte Mais la blessure la plus impor- l’Etat auraient réussi pendant trente à côté des bétonneurs de la Côte d’Azur ce hydraulique a valu à des particu- sur ses petits. Nous les protégerons tante a été causée par cette suspi- ans à contenir ces fameux intérêts liers d’être privés d’eau jusqu’à rem- contre les spéculateurs, qu’ils soient cion presque unanime quant aux mafieux qu’ils n’auraient donc pas ou des intérêts mafieux boursement du dernier centime. corses ou non corses. menaces que nous, Corses, ferions maîtrisés dans l’Hexagone, au vu de Mieux : tandis que le sémillant Notre relation avec la terre corse peser sur notre propre terre, jusque- l’état des côtes ? L’absurdité d’un tel présents sur le continent ! préfet Bonnet pratiquait sa justice est tellement puissante et mystérieu- là préservée du béton. Le ci-devant raisonnement a visiblement échap- privée contre les paillotes, il laissait se que nous saurons protéger avec ministre de l’intérieur Chevène- pé à une partie de la classe politique tourner des établissements noctur- constance nos côtes, mais aussi nos ment, ce Mr. Bean de la politique française et à une presse travaillée unique et n’hésitent pas, lorsque la ses interviennent efficacement. nes construits sans permis sur des montagnes auxquelles il convient française, va plus loin lorsqu’il affir- par un anti-corsisme obsessionnel mode l’exige, à vilipender les En matière d’investissements dou- terrains agricoles, et notoirement de réinsuffler vie et jeunesse. me que les Corses dans leur ensem- aux relents de camphre et de naph- acteurs mêmes de cette préser- teux, la Corse se trouve, toujours dirigés par la voyoucratie du sud de Sachez que nous ne nous considé- ble n’attendraient que le transfert taline. vation ? selon les organismes européens, l’île. Comment trois préfets ont-ils rons pas comme les propriétaires de de la loi littoral vers la collectivité La vérité est plus simple et facile- Le risque mafieux : la Corse est à loin derrière Marseille, Grenoble et pu ignorer de tels faits connus de ce sol mais seulement les dépositai- territoriale pour massivement ment vérifiable. La défense du litto- ma connaissance le seul lieu de Lyon sans oublier Lille et la frontiè- toute la population insulaire ? res. Nous sommes imprégnés de s’adonner aux joies jusque-là interdi- ral corse fut le fait de Corses qui France où des manifestations de rue re septentrionale. C’est dire si les Pendant que M. Chevènement l’idée que nous devons défendre à tes de la spéculation immobilière, payèrent souvent de leur liberté des dénoncèrent le risque de contagion accusations de blanchiment concer- éructait sur les paillotes, ce sont des tout prix cette terre sacrée que nous du bétonnage à outrance et du blan- actions désignées comme illégales, mafieuse, où des actions publiques nant la Corse sont en grande partie maisons en dur qui poussaient com- remettrons à nos enfants. Notre chiment de l’argent sale. même lorsqu’elles visaient à faire furent entreprises pour désigner des fantasmatiques et subjectives, mê- me des champignons sur les terres patriotisme ne repose pas sur des De telles affirmations, énoncées, appliquer des décisions de justice lieux de blanchiment. me s’il est évident qu’une région qui de Corse avec la complicité de l’Etat termes creux et ronflants. La société comme à l’habitude du personnage, restées lettre morte. Un seul exem- Il est désormais un jeu national détient un tel potentiel naturel est protecteur-parrain-patron. A l’heu- corse possède ses propres anticorps sans aucune démonstration sinon ple : l’hôtel de Tarcu et le complexe qui consiste à désigner la Corse com- sujette à des opérations de la part re actuelle, des compagnies d’assu- aux parasites mafieux ou ultralibé- d’antiques mouvements de menton, touristique de l’Alba Serena, main- me le vecteur de tous les péchés de des forces d’argent qui surfent sur le rances et des banques possèdent raux qu’elle enfante ou attire. méritent quelques remarques de tes fois plastiqués après des déci- la République. Or, selon les instan- libéralisme officiel pour marchandi- plusieurs milliers d’hectares situés bon sens. En premier lieu, la Corse sions de justice ordonnant la démoli- ces européennes, Paris est aujour- ser toutes les valeurs. dans la zone comprise entre la Testa n’a pas été préservée du bétonnage. tion qui ne sera effectuée que des d’hui la capitale européenne de la Nos détracteurs prétendent sans Vintilegna et Porto-Vecchio. Ces Gabriel-Xavier Culioli est Elle a simplement été mieux proté- années après le jugement. mafia russe, l’Organitsaya. Les en- vergogne que l’Etat a protégé l’envi- sociétés attendent l’installation de écrivain. Une demande simple à Jacques Chirac Courir derrière par André Vallini l’extrême gauche ? L est salutaire que la justice ment en janvier 2000. Avant de un : le président de la République. Cour aux crimes de haute trahison se soit émancipée. Mais si la pouvoir un jour l’inscrire dans le En le rendant exclusivement justi- commis par le président dans par Claude Estier contrepartie de leur dépen- marbre de la loi, la pratique du ciable de la seule Haute Cour de l’exercice de ses fonctions, le ren- Idance d’hier était une certai- gouvernement Jospin est en tout justice pendant la durée de son drait en revanche justiciable des EPUIS quelques semai- qu’il vouait naguère aux gémonies. ne forme d’irresponsabilité des cas conforme à cette idée qu’il ne mandat, quel que soit l’acte péna- tribunaux et procédures ordinai- nes, un thème répétitif On voit bien ce que peut être l’in- magistrats, le corollaire de leur saurait y avoir, en démocratie, lement répréhensible qui peut lui res pour les crimes et délits qu’il est apparu dans les quiétude de Robert Hue à la lecture indépendance d’aujourd’hui doit une justice variable selon le être reproché, la décision du Con- aurait commis avant son entrée en Dmédias : la progression des sondages, qui placent Arlette être leur responsabilité. niveau de la société ou le camp seil constitutionnel du 22 janvier fonction ou pendant son mandat de l’extrême gauche constatée lors Laguiller devant le candidat du PC à Les projets du gouvernement politique auquel on appartient : 1999 a abouti à lui conférer une mais détachables de sa fonction. des élections municipales inquiéte- la présidentielle. Mais ne voit-il pas allaient donc dans le bon sens, qui Et plutôt que d’essayer vaine- rait gravement Lionel Jospin, dont qu’en courant derrière elle, en défi- donnaient au garde des sceaux le ment d’obtenir le renvoi de Jac- les chances à la présidentielle lant à ses côtés – jusqu’à Londres –, rôle de définir la politique pénale Plutôt que d’essayer vainement ques Chirac devant la Haute Cour, seraient compromises si les voies il ne fait que lui apporter une cau- du gouvernement et de fixer les posons-lui la question suivante : obtenues par Arlette Laguiller ne se tion qui profite plus à elle qu’à lui grands principes de l’action des d’obtenir son renvoi devant la Haute Cour, monsieur le président, trouvez- reportaient pas sur son nom au dans la mesure où des électeurs com- magistrats du parquet, mais lui vous conforme aux principes répu- second tour. munistes protestataires peuvent y interdisait d’intervenir dans les posons-lui la question suivante : blicains le statut d’« intouchable » Dans la mesure où tout ce qui trouver – certains l’ont déjà fait – affaires judiciaires individuelles. que vous a conféré le Conseil cons- peut gêner le premier ministre est une justification rendue « respecta- En contrepoint de cette autono- monsieur le président, trouvez-vous titutionnel ? Estimez-vous compa- bon à prendre, plusieurs de ces ble » par leur propre parti. mie du parquet libéré des pres- tible avec les règles de la démocra- médias se livrent à une véritable pro- sions politiques, il était prévu de conforme aux principes républicains tie cette impunité judiciaire qui motion de la responsable de Lutte renforcer la responsabilité des vous met à l’abri de toute respon- ouvrière ainsi invitée à s’exprimer Elle a toujours existé magistrats et de constituer des le statut d’« intouchable » sabilité ? plus souvent qu’à son tour. Sans commissions auprès des cours Ou bien êtes-vous prêt à enga- d’ailleurs que ceux qui l’interrogent en France, avec d’appel, pour instruire les plaintes que vous a conféré ger une réforme de la Constitu- se demandent eux-mêmes ce qu’il des citoyens sur les dysfonctionne- tion pour faire du chef de l’Etat un adviendrait de l’économie française des hauts et des bas. ments de la machine judiciaire. le Conseil constitutionnel ? citoyen qui doit, dans sa vie de si les dogmes qu’elle assène avec Sans oublier la nouvelle composi- citoyen, et comme tout citoyen, constance depuis un quart de siècle Mais qui peut penser tion d’un Conseil supérieur de la rendre des comptes à la justice de devenaient un jour réalité. Ce nou- magistrature (CSM) rénové où les c’en est fini, depuis quatre ans, impunité quasi totale. son pays ? A engager la révision vel avatar de la pensée unique appel- qu’elle ait la moindre magistrats n’auraient plus été des interventions de nature à Alors, faut-il renvoyer Jacques constitutionnelle nécessaire pour le pourtant plusieurs remarques. majoritaires. dévier le cours de la justice, et, Chirac en Haute Cour ? C’est la mettre fin à cette impunité d’un D’abord, s’il est vrai que les listes chance d’accéder Si ces projets n’ont pu être pour parler clair, à protéger les question que se posent légitime- autre temps ? d’extrême gauche ont marqué quel- menés à bien, c’est à cause de la amis du pouvoir. ment certains parlementaires Les Français ont jugé sévère- ques points en mars 2001 – ce qui au pouvoir – ce qu’elle droite mais aussi du président de Le temps de l’impunité est donc devant l’impasse juridique à ment le refus de Jacques Chirac de était déjà vrai aux dernières euro- la République, qui les a bloqués en révolu. Et les « intouchables » laquelle sont conduits les juges en prêter, comme témoin, son con- péennes qui ont envoyé Laguiller et ne désire d’ailleurs pas ? ajournant le Congrès du Parle- appartiennent au passé. Tous sauf charge des « dossiers » de la Mai- cours à la justice. Justice dont il Krivine au Parlement européen –, la rie de Paris dans lesquels est cité est pourtant le garant suprême du progression n’est pas telle qu’elle le nom du président de la Républi- bon fonctionnement en tant que bouleverse autant que certains le L’extrême gauche a toujours exis- AU COURRIER DU « MONDE » « Sens de l’Histoire » ? Il ne que. Mais comment peut-on rai- président du CSM ? disent – ou le souhaitent – l’échi- té en France avec des hauts et des connaît ni mon histoire ni mon par- sonnablement envisager que des Ne doutons pas que leur juge- quier politique français. bas. Mais qui peut penser qu’elle ait LE NON-SENS cours pour se permettre de s’éri- juges hors du commun, les parle- ment serait plus sévère encore En deuxième lieu, ce n’est pas la moindre chance d’accéder au pou- D’UNE CHRONIQUE ger ainsi en procureur. Je m’éton- mentaires, soient à même de juger s’ils constataient qu’il élude la d’aujourd’hui que Lutte ouvrière voir – ce qu’elle ne désire d’ailleurs C’est par deux fois que j’ai eu les ne qu’il se laisse aller à suggérer, un accusé hors du commun, le pré- question posée. Car, alors, son refuse officiellement de choisir entre pas ? honneurs de la chronique télévi- par des sous-entendus insidieux, sident de la République, selon une silence aurait la force d’un aveu : la gauche et la droite au nom d’une Dès lors, l’alternative est simple : sion (Le Monde du 23 janvier et du que je pourrais, sur des sujets aus- procédure elle-même hors du com- l’aveu que non seulement il accep- prétendue pureté révolutionnaire ou bien la gauche plurielle, forte de 22 mai) et focalisé l’attention de si sensibles que la spoliation des mun, la Haute Cour de justice, te son immunité pénale mais, pis qui, concrètement, favorise la secon- sa diversité, retrouve très vite la son titulaire sur les tenues vesti- biens juifs sous l’Occupation, ou la pour des délits qui, eux, sont de encore, qu’y tenant plus que tout, de. Le fait nouveau est qu’Alain Krivi- cohérence qu’elle a su garder pen- mentaires que je porte sur le pla- guerre du Golfe, tenir des propos droit commun ? c’est peut-être le souci de conti- ne, qui jusqu’ici savait faire la distinc- dant quatre ans autour de Lionel Jos- teau du « Sens de l’Histoire » sur guidés par l’« ignorance » ou le par- La procédure de la Haute Cour, nuer à en bénéficier qui motivera tion, serait tenté d’adopter la même pin et elle l’emportera l’an prochain La Cinquième. C’est avec surprise ti pris. Mes travaux universitaires lourde, longue, grave, solennelle, bientôt sa candidature à l’élection position « blanc bonnet, bonnet grâce à sa capacité d’entraînement ; que je découvre en votre chroni- en tant que chercheuse au CNRS doit être réservée aux crimes de de 2002. blanc » qui serait à mes yeux la néga- ou bien la droite reviendra au gou- queur un fin connaisseur de la démontrent le contraire. haute trahison commis par le pré- C’est pourquoi, plutôt que de tion du combat mené depuis si long- vernement en remettant en cause mode féminine, mais je ne suis pas Cette remise en cause de ma sident dans l’exercice de ses fonc- nous engager dans une procédure temps par la Ligue communiste révo- les réformes sociales réalisées certaine qu’il se serait autorisé déontologie est inacceptable. tions. C’est là notre tradition à la juridique hasardeuse, celle du lutionnaire. Encore n’est-il pas cer- depuis 1997 et qu’elle n’a jamais pareille privauté s’agissant d’un L’acrimonie et l’acharnement de fois historique, politique et juridi- « président-accusé », je propose tain que les électeurs, aussi bien de acceptées. présentateur de télévision de sexe votre chroniqueur auront en tout que. Et la décision du Conseil cons- d’engager une bataille politique LO que de la LCR, ne sauraient pas On entrerait alors dans une nou- masculin… Mais foin de détails qui cas eu le mérite d’avoir permis au titutionnel ne saurait être accep- décisive, celle du « président- choisir le moment venu ce qui serait, velle période de régression, ce qui semblent régaler ses dimanches « Sens de l’Histoire », qui disparaî- tée comme définitive. citoyen ». même pour eux, le moindre mal. n’empêcherait pas Arlette Laguiller après-midi et venons-en au fond. tra définitivement de l’antenne au Alors, sans attendre un hypothé- Une troisième remarque concerne d’être à nouveau candidate en 2007. Par quel prodige suis-je devenue mois de juin, d’être passé de la tique revirement de cette jurispru- plutôt le comportement actuel du soudainement l’objet de sa vindic- confidentialité à la notoriété. dence, la seule solution pour sor- André Vallini est député (PS) Parti communiste, critique à l’égard te, après deux années, passées ina- Séverine Labat tir de l’impasse est celle qui, réser- de l’Isère, responsable national du de Lionel Jospin mais soudain bien- Claude Estier est président du perçues de lui, de présentation du Paris vant la procédure de la Haute PS chargé des institutions. veillant envers l’extrême gauche, groupe socialiste au Sénat. HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 11 Le malaise philippin 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 GLORIA MACAPAGAL ARROYO, qui a hérité elle n’aura pas probablement à affronter un foules ravitaillées, – le clan Estrada ne manque Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F de la présidence des Philippines après le limo- Congrès introuvable ou hostile. Avec mention pas de moyens financiers —, la drogue a tout Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). geage de Joseph Estrada en janvier, a « écra- passable, elle a réussi son premier examen. aussi bien pu circuler. Les propos tenus par les Internet : http: // www.lemonde.fr sé » avec autorité une « rébellion » populaire Pourtant, le malaise est évident. En janvier, alliés de l’ancien président n’ont, enfin, rien début mai. L’armée et la police ne se sont pas quand le Sénat transformé en Haute Cour de fait pour calmer l’ire de manifestants violents ÉDITORIAL dérobées. Arrêté le 25 avril, Estrada, auquel justice a refusé d’examiner les comptes bancai- mais beaucoup moins nombreux que ceux de Mme Arroyo a rendu visite à deux reprises res d’Estrada, la bonne société de Manille est janvier. depuis, a été transféré dans une geôle conforta- descendue dans la rue, cols blancs en tête, à Il reste, toutefois, que les émeutiers ainsi ble à l’extérieur de Manille. L’ordre a été réta- l’appel de l’Eglise et suivie, non sans hésita- que des mères de famille en pleurs sont venues Immunité présidentielle bli et le scrutin du 14 mai, pour le renouvelle- tion, par le commandement militaire. En avril, des taudis qui regroupent le tiers de dix mil- ment de la moitié du Sénat, de la Chambre des quand Estrada a été arrêté sous l’inculpation lions de Manillais. Ces pauvres gens n’espèrent ’IMPUISSANCE de la jus- qui est « conforme à l’esprit même représentants ainsi que de milliers d’élus de « pillage économique » – crime passible de rien de la bonne société philippine et de ses tice ordinaire dans les des institutions ». Telle est enfin locaux, a eu lieu comme prévu, au prix toute- la peine de mort —, ce sont les pauvres venus « deux cents familles » qui dominent l’écono- affaires de la Ville de l’analyse du Conseil constitution- fois d’une centaine de victimes, le bilan le plus des bidonvilles qui se sont portés à la res- mie et la politique. La corruption étant la pra- LParis dès lors que celles- nel qui a estimé, le 10 octobre, lourd depuis 1986. cousse de leur héros, humilié par la diffusion tique la mieux partagée dans l’archipel, les ci mettent en cause Jacques Chi- que le président de la Républi- A la tête de ce pays de plus de 80 millions télévisée de relevés d’empreintes digitales, de accusations portées contre Estrada et son rac en sa qualité d’ancien maire que peut être traduit devant la d’habitants, Mme Arroyo a donc connu de diffici- prises de clichés et de son installation dans une entourage les laissent indifférents, sinon incré- de la capitale crée une situation Haute Cour pour « des actes déta- les débuts et semble s’en être relativement cellule. dules. Il en va de même de ses frasques et de sa détestable. Elle donne en effet chables des fonctions, commis pen- bien sortie. Dans l’attente de résultats officiels, Peut-être y a-t-il eu complot contre l’Etat, vie débridée d’ancien acteur populaire qui a l’impression que le président de dant son mandat ou, s’ils ne sont qui ne seront connus que début juin, ses candi- ainsi que l’a affirmé le gouvernement pour jus- accumulé maîtresses et sans doute deniers. la République, quoi qu’il ait pu pas prescrits, antérieurement à dats sont en tête aux élections, – les seules à tifier la proclamation momentanée d’un « état Même s’il n’a pas fait grand-chose en leur faire dans le passé, bénéficie celui-ci ». l’échelon national —, concernant les treize siè- de rébellion » qui a permis quelques arresta- faveur pendant ses trente et un mois de prési- d’une quasi-impunité alors Pourtant, cette voie-là paraît ges à pourvoir sur les vingt-quatre du Sénat. tions sans mandat. Des meneurs ont peut-être dence, c’est le seul, rétorquent les pauvres, qui même qu’autour de lui des res- également impraticable à beau- L’électorat, surtout celui des classes moyen- été commandités pour prendre d’assaut le s’est préoccupé de leur sort. Beaucoup de peti- ponsables politiques de tous coup, à la fois parce qu’elle nes, semble lui avoir plutôt donné raison et palais présidentiel de Malacanang. Dans des tes gens le reconnaissent comme l’un des leurs, niveaux sont invités à s’expli- serait disproportionnée aux fau- ce qui a expliqué son élection triomphale en quer devant les tribunaux et par- tes dont Jacques Chirac est soup- 1998. Ce n’est pas par hasard que Mme Arroyo a fois sanctionnés pour des actes çonné et parce qu’elle étendrait, effectué quelques marches arrière depuis la contraires à la loi. Il est vrai que implicitement, d’une manière Hyper-espace par Fabio Viscogliosi « rébellion » de début mai : abandon des pour- le chef de l’Etat n’est pas, ainsi abusive la notion de « haute tra- suites contre les « comploteurs », visites à qu’il l’a rappelé le 14 décembre hison », seul motif de poursuites Estrada et dans les bidonvilles, annonce de pro- sur TF1, « un citoyen tout à fait reconnu par la Constitution. Dès grammes en faveur des pauvres qui représen- comme les autres » et qu’il n’est lors il semble logique d’envisa- tent le tiers de la population de l’archipel. pas non plus un élu tout à fait ger, comme le suggèrent les comme les autres. Il n’empêche socialistes, une réforme de la « CLEPTOCRATES » que le système politique français Constitution qui rende possible Certes, les Philippines n’ont pas le monopole a trop souvent encouragé l’ir- la traduction du chef de l’Etat dans la région d’une société à deux vitesses. On responsabilité de ses dirigeants devant la justice ordinaire pour pourrait en dire presque autant de la Thaï- pour qu’une telle entorse à la les affaires qui relèvent du droit lande, où le niveau de vie est toutefois beau- démocratie soit plus longtemps commun. coup plus élevé et la société civile plus solide- acceptable. C’est cette proposition que le ment ancrée. Mais, aux Philippines, l’exclusion Les voies normales de la jus- président du groupe socialiste des pauvres est d’autant plus sensible que les tice étant bloquées, c’est la Hau- de l’Assemblée nationale, Jean- barrières sociales semblent difficiles à franchir. te Cour de justice qui a, selon la Marc Ayrault, va soumettre au Estrada, le nouveau riche et ancien allié du cou- Constitution, le pouvoir de pour- Parlement. On voit l’avantage ple Marcos, également considérés comme des suivre le président de la Républi- politique que les socialistes parvenus avant de se doubler de « cleptocra- que. Tel est l’avis du député entendent retirer de cette initiati- tes », n’ont jamais été acceptés par les familles socialiste Arnaud Montebourg ve. D’une part, elle leur permet des grands propriétaires terriens. qui tente de rassembler les signa- d’opposer un contre-feu à l’of- Après avoir joué du bâton, Gloria Macapagal tures nécessaires à la mise en fensive d’Arnaud Montebourg, Arroyo se garde de se couper des petites gens. accusation du président. Telle qu’ils désapprouvent. D’autre Les affrontements de fin avril et début mai, est aussi l’opinion de Jacques part, elle peut mettre dans l’em- affirme-t-elle, ne se résument pas à une guerre Chirac qui, le 14 décembre, affir- barras Jacques Chirac, qui s’est entre riches et pauvres. Elle a l’intention de mait qu’« il n’y a pas de vide juri- retranché derrière la Constitu- réduire les écarts considérables de revenus, ce dique pour le chef de l’Etat » et tion pour se poser en « victime qui requiert du temps et, pour commencer, une que, si celui-ci « a fauté avant ou permanente ». Mais, même si elle forte relance de l’expansion économique qui ne pendant ses fonctions », «ily a n’était que tactique, elle aurait se dessine pas. C’est probablement sur ce ter- une procédure particulière », qui le mérite d’offrir une solution rain glissant que la partie va se jouer : les Philip- est la Haute Cour de justice et pour sortir de l’impasse. pines sont en piteux état et les intérêts qui s’op- posent à d’indispensables réformes structu- 0123 est édité par la SA LE MONDE relles sont solides. Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Mme Arroyo ne peut, certes, être jugée sur les Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. quatre premiers mois d’une présidence dont Secrétaire général du directoire : Alain Fourment elle a hérité, en quelque sorte, par défaut et Directeur de la rédaction : Edwy Plenel dans le flou constitutionnel. Elle a engagé, ce Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon qui est généralement apprécié, le dialogue avec Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin deux sortes d’insurrections armées : des frus- Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard trés d’obédience marxiste et des musulmans Rédacteur en chef technique : Eric Azan Rédaction en chef centrale : qui se sentent citoyens de seconde zone. Mais Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, même s’il y a eu, début mai, une part de mani- Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre Rédaction en chef : pulation des pauvres, ces derniers ne s’en Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; sentent pas moins « marginalisés », ainsi que l’a Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) rappelé Mgr Teodoro Bacani, évêque de Manille. Le populisme d’Estrada s’est greffé sur Médiateur : Robert Solé Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg une misère que la bonne société philippine Directeur des relations internationales : Daniel Vernet aurait tort de continuer de négliger. Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Jean-Claude Pomonti Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. accord au millimètre, mis au point tions à la loi littoral de 1986 : point moteur de leur développement est Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, L’équilibre instable entre le gouvernement et les élus ultra-sensible, au point que cer- le tourisme. Après bien des réticen- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, corses pendant près d’un an et tains députés de droite tentés par ces, ce raisonnement n’est plus Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. demi. Les prochaines semaines, un vote positif, soudainement sou- vraiment contesté. Or, tout le mon- du statut voire les prochains mois, montre- cieux de la virginité du littoral cor- de sait que la Corse est sous-équi- ront si la volonté, de part et se, se sont abrités derrière cet arti- pée, notamment en infrastructu- ILYA50 ANS, DANS 0123 d’autre, de débloquer la situation cle pour s’en tenir à une absten- res hôtelières modernes. Le touris- de la Corse de l’île l’emporte sur la déception, tion, plus facile à assumer vis-à-vis me « vert » est un excellent fac- en particulier dans les rangs de leur camp. Là encore, la situa- teur de revitalisation de l’intérieur. Des fleurs sur une tombe Suite de la première page nationalistes. tion est particulièrement Mais la masse des touristes conti- Au demeurant, pour les tenants complexe : c’est le seul sujet sur nuera longtemps à choisir la plage. LE PRÉSIDENT de l’Assemblée a C’est pourquoi le président a eu Ainsi, pour s’en tenir au pouvoir de la version initiale, le recul sur lequel le front des partisans du pro- Il faudra de toute façon construire. marqué la fin de la législature par au cours de ces quatre ans et demi réglementaire, chaque dérogation l’article 1 s’accompagne d’une… cessus de Matignon s’est rompu. La question est non seulement où un discours que tous les Français une tâche infiniment difficile et ferait l’objet d’une demande préa- avancée sur l’article 7. C’est une La tentation du bétonnage exis- et quoi, mais aussi comment : les pourront lire sur les murs jusqu’à n’a pas caché son irritation contre lable au gouvernement, qui rédaction de type « polynésien » te, à l’évidence, chez certains mai- communes de Corse, montagne ce que le vent et la pluie l’aient effi- la double opposition « constitution- devrait lui-même saisir les parle- qui a été finalement retenue. res corses, comme chez leurs dans la mer, sont dans leur intégra- loché. M. Edouard Herriot a parlé nelle », contre « la rudesse de mentaires. Lorsqu’on connaît la Autrement dit, l’enseignement du homologues du continent. Dans lité soumises aux restrictions de la en homme politique. En partisan, l’agression » communiste et «le lourdeur et les délais de l’adminis- corse est intégré dans les horaires l’état actuel de la législation et des loi littoral ou de la loi montagne, non certes. Il y a plusieurs demeu- défi » lancé selon lui à Bagatelle tration, ajoutés à la méconnaissan- normaux des élèves du primaire et usages, un maire qui se bat pour voire des deux pour toutes les com- res dans la maison de la démocratie par le général de Gaulle. «Le ce profonde, chez la plupart des du secondaire, conformément aux préserver des espaces naturels n’y munes du littoral. telle qu’il la conçoit et l’idéalise. Il y peuple français va juger », a conclu parlementaires nationaux, de la souhaits de la grande majorité des gagne rien, si ce n’est une satisfac- Si l’on soutient, comme le fait a même place pour une opposition M. Edouard Herriot en demandant situation et des besoins de la Cor- élus de l’Assemblée de Corse. tion morale. Celui qui autorise le Pierre Lellouche, député RPR de non seulement contre les gouverne- aux républicains de s’unir en face se, on imagine facilement qu’une grignotage par le béton y gagne en Paris, que « la Corse est un des ments et la majorité, mais même du double péril. L’instrument du telle disposition risque de tomber LITTORAL CONVOITÉ taxes locales, en population, en joyaux de notre pays et [que] sa contre le régime. jugement n’est pas parfait, il s’en en désuétude avant même d’avoir Les longues discussions sur cet retombées de la fréquentation tou- beauté n’est pas seulement la pro- Les plus belles années de la faut, et notamment ne laisse pas été appliquée. Ce qui explique, par article ont fourni une illustration ristique, voire en suffrages des priété des Corses, mais celle de tous IIIe République furent peut-être cel- aux électeurs l’indépendance qu’il exemple, le mécontentement du du fossé entre la Corse et le conti- nombreux candidats à la les Français et même de tous les les de sa jeunesse, quand siégeait à faudrait. On peut penser que l’As- président du conseil exécutif de nent. Ici, le refus de l’article 7 s’ap- construction… Le littoral corse fait amoureux de la nature », il faut droite de la Chambre une opposi- semblée prochaine en souffrira. l’Assemblée de Corse, Jean Baggio- puyait sur un argument principal : l’objet de nombreuses convoitises aussi prendre en compte les ton monarchiste. Il est vrai qu’elle Déjà beaucoup par avance, et peut- ni (RPR), présent à Paris pendant les familles refusant que leurs et les pouvoirs publics – partie pre- conséquences d’une logique de gardait un parfum de courtoisie rela- être avec présomption, la décla- les débats. De son côté, pour sortir enfants reçoivent un enseigne- nante des projets démesurés et « réserve » étendue à toute une tive qui s’est beaucoup évaporé. rent « ingouvernable ». du piège, le président de l’Assem- ment en Corse s’exposeraient à avortés des années 1960 – ont eu à région : c’est-à-dire un rôle accru Nous vivons en des temps plus blée territoriale, José Rossi (DL), des représailles sociales, notam- s’opposer, notamment au début des subsides publics, pour com- rudes. Mais c’est plus la faute des Rémy Roure s’est fixé un nouvel objectif : obte- ment de la part des nationalistes. des années 1990, aux élus insulai- penser le gel du territoire. José événements que celle des hommes, nir que soient énumérés dans la loi Sur place, alors que l’enseigne- res qui voulaient profiter de la man- Rossi n’a pas tort d’affirmer : contraints de se plier à leur loi. (25 mai 1951.) des transferts précis de compéten- ment du corse est déjà largement ne touristique, quitte à avoir la « On ne peut pas nous reprocher ce réglementaire. diffusé depuis des années, person- main lourde sur le béton. constamment notre dépendance à Au bout du compte, l’actuel arti- ne n’a jamais évoqué, parmi les Mais la loi littoral n’est pas une l’égard des fonds publics et en 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS cle premier du texte (qui peut être nombreux troubles que connaît la panacée. Ailleurs qu’en Corse, elle même temps nous refuser les modifié par le Sénat en octobre, Corse, de tels incidents… Les argu- n’a que très partiellement freiné le moyens de la maîtrise de notre Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr puis de nouveau par les députés ments locaux contre la généralisa- bétonnage. Des facteurs locaux développement ! » L’impératif est Télématique : 3615 code LEMONDE en cas de désaccord – probable – tion de l’enseignement du corse ont donc préservé les côtes cor- de faire d’un patrimoine excep- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) entre les deux Assemblées) corres- sont moins dramatiques, plutôt ses : une prise de conscience d’une tionnel, intelligemment valorisé, ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) pond surtout à un approfondisse- d’ordre technique. Ou bien ils pren- partie des élus et de la société cor- un levier du développement éco- ment de la décentralisation. Mais nent en compte des réticences de se, et une pression forte, parfois nomique. C’est là que se jouera la Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 la réécriture du texte, sur un point la part d’enseignants. par les bombes. Par ailleurs, le responsabilité des élus corses. symbolique et politique essentiel, Autre article âprement discuté, continent répète depuis des Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 a conduit à modifier les bases d’un l’article 12, qui permet des déroga- années aux Corses que le principal Jean-Louis Andreani 12 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » –Mme Marie-Louise Manceau, Colloques son épouse, Ses enfants, petits-enfants L'Etat de droit, la démocratie, Naissances et arrière-petits-enfants, la religion. Luc et Blandine MANSION, font part du décès de Colloque organisé par la faculté leur fille, Eglantine, des sciences sociales et économiques ont la joie de faire part de la naissance de Joseph Antoine MANCEAU, de l'Institut catholique de Paris, Alessandro professeur honoraire. le mardi 29 mai 2001 Jade, de 10 heures à 16 h 30, 110, rue Lagrange-Chancel, avec Joseph Maïla, Pierre Manent, Philippe Raynaud et Jacques Rollet. le 14 mai 2001. 24000 Périgueux. Renseignements et inscriptions au : Natta 01-44-39-52-62/52-04 ou par e-mail : – Marc et Anne Rocca, [email protected] ou [email protected] Anniversaires de naissance Michel et Monique Rocca, Un ancien leader du Hélène et Dominique Faucompré Mylène et leurs enfants, Débats ont la douleur de faire part du décès de Parti communiste italien La Maison des écrivains MAI 2001 a dix-huit ans. Mme Amandine ROCCA, 53, rue de Verneuil, ON L’APPELAIT affectueuse- 75007 Paris. Nous sommes heureux. née SPITZ, ment « le Professeur ». Alessandro Natta, quatre-vingt-trois ans, s’est Lundi 28 mai, à 20 heures, Joyeux anniversaire ! survenu le 6 mai 2001. Cycle En débat. éteint mercredi 23 mai. « Natta est La narration dans le siècle, mort, communiste et gentilhomme » Roman, Florence et Floréal. La cérémonie religieuse et les avec T. Samoyault, M. Crépu titre dans son édition du 24 le quo- obsèques ont été célébrées dans l'intimité et A. Raybaud. familiale, à Orly-sur-Morin, le 11 mai. « Eloge de l’amour » tidien L’Unità, fondé en 1924 par Décès Modération : F. de Martinoir. Antonio Gramsci. – Bruno Boccara, Mercredi 30 mai, 20 heures, L’homme, né à Imperia (Ligurie) son père, Jean THIBAULT, Cycle Revues en vue. dans une famille de bouchers, était Danielle Boccara, notaire honoraire, Le Cahier Critique de Poésie selon Jean-Luc Godard un fin lettré, et avait très tôt milité (revue du Centre international de poésie sa belle-mère, avec des intellectuels antifascistes. Frédéric Monnot, nous a quittés le 20 mai 2001, dans sa de Marseille). son compagnon, Avec : J.-P. Boyer, E. Ponsart, Déporté pendant la guerre dans un soixante-seizième année. J.-F. Bory, J.-M. Baillieu, camp de concentration, il y ensei- Macha Boccara-Baumer, sa fille, J. Lapeyrère, A. Veinstein gna le grec et le latin à d’autres Les obsèques ont été célébrées, dans et J.-J. Viton. M. Guy Soutter et Mme, l'intimité familiale, le mardi 22 mai, en détenus officiers. En 1948, il est élu née Monique Boccara, l'église de Lorgues. pour la première fois député, étant sa sœur et son beau-frère, Entrée : 20 F DOSSIER : Philippe et Guillaume, (gratuit pour les adhérents, membre du Parti communiste ita- Selon sa volonté, ses cendres ont été les étudiants, les chômeurs). lien depuis trois ans. Il sera sans leurs enfants, dispersées dans ses bois. Pia Boccara, Renseignements au 01-49-54-68-87. LA PIEUVRE cesse réélu, et occupera un rôle-clé sa tante, dans plusieurs commissions parle- Familles Thibault, Menet, Cassone, La famille et les amis, Bouchara, Caplat, Leroux et Gorget. mentaires (instruction publique, ont la douleur de faire part du décès de Communications diverses PUBLICITAIRE défense etc.). – Centre communautaire de Paris, Il accède à la fin des années Conférences mercredi 30 mai, à 21 heures. Leçon Sylvie BOCCARA, talmudique d'Elie Wiesel, Prix Nobel de 1970 à la direction du PCI. Celui avocat à la cour, Vendredi 25 mai, 20 h 15 à 21 h 30, la paix, sur le thème : « Ne te sépare pas La fabrique des désirs en qui certains ne voulaient recon- « La magie de la pensée et du désir ». de la communauté », sous la présidence naître que « l’exécuteur testamen- Loge Unie des Théosophes, de Moïse Cohen, président de l'ACIP. taire de Berlinguer » résume com- survenu le 22 mai 2001, dans sa 11 bis, rue Kepler, Paris-16e, Dans les salons Cap 15 : 1-13, quai de e me un miroir l’histoire de son par- quarante-septième année. entrée libre et gratuite. Grenelle, Paris-15 . Réservations à Des marques au fer rouge Tél. : 01-47-20-42-87 l'avance : 01-53-20-52-52. PAF. ti. Il en devint le secrétaire géné- L'inhumation aura lieu au cimetière www.theosophie.asso.fr 100 francs et 80 francs. ral, après la mort du grand diri- parisien de Bagneux, le vendredi 25 mai, dans nos consciences geant, œuvrant dans la continuité à 14 heures. et non dans la rupture, ce qui CARNET DU MONDE Résister à l’impérialisme l’amena en 1990 à tirer les conclu- Cet avis tient lieu de faire-part. TARIFS année 2001 - TARIF à la ligne sions de sa mise en minorité en DÉCÈS, REMERCIEMENTS, quittant sa charge. Marié à Adele, – Sylvie, Mireille, Bernard, Florence, AVIS DE MESSE, Rosine, Marjolaine, Laure, Nancy, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS d’un système qu’il avait connue sur les bancs de 141 F TTC - 21,50 E l’école, il sut montrer que « la poli- Ariane, TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 E ses enfants, et leurs conjoints, tique n’est pas une course au trans- Mlle Simone Monod, NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, Des parasites formisme, elle est le sens vrai de la MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS sa sœur, E Ses petits et arrière-petits-enfants, 600 F TTC - 91,47 FORFAIT 10 LIGNES vie civile », comme écrit en son TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 E dans notre quotidien souvenir dans L’Unità son ami Parents et alliés des familles Monod et FORFAIT 10 LIGNES Piero Sansonetti. Cadier, La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 E ont la tristesse de faire part du décès de THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 E COLLOQUES - CONFÉRENCES : Le marketing de la libération Danielle Rouard Mme Denise CADIER, Nous consulter née MONOD, m01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] Publicité sexiste NOMINATIONS le 17 mai 2001, à son domicile, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. par Ignacio Ramonet, Marie Bénilde, INTÉRIEUR Les obsèques ont été célébrées le Stéphane Fratacci, maître des 21 mai, à Trensacq (Landes). François Brune, Valérie Brunetière, requêtes au Conseil d’Etat, adjoint au directeur général de l’adminis- « L'Eternel est mon berger, (...) tration et de la fonction publique, Il me dirige près des eaux paisibles. » Psaume 23. Tom Frank et Dan Schiller a été nommé directeur des libertés publiques et des affaires juridiques Famille Cadier, LITTERAIRES

lors du conseil des ministres de La Bergerie, e mercredi 23 mai. Il remplace Jean- 40630 Trensacq. Marie Delarue, aux fonctions duquel il a été mis fin à sa – Muriel et Danièle La stratégie israélienne demande. ont perdu leur papa, 1,98 / F 13 [Né le 2 juin 1963, diplômé de l’Ecole des Sartre M. Jean GRABIER, hautes études commerciales (HEC), Stépha- ancien expert des Nations unies, Vingt et un ans après sa mort, retour sur empêtrée ne Fratacci intègre le Conseil d’Etat à sa sor- tie de l’ENA en 1989. Il est nommé maître des le 22 mai 2001, à l'âge de soixante-dix- l’homme de mots et l’intellectuel engagé requêtes en 1992. Commissaire du gouverne- huit ans. dans tous les combats. ment près l’assemblée du contentieux au Con- seil d’Etat (1992-1996), il est parallèlement – L'administrateur rapporteur adjoint auprès du Conseil consti- Et les professeurs du Collège de b tutionnel (1994-1996) avant de devenir char- France ont la tristesse de faire part du décès, Les sectes, gé de mission auprès du directeur général de survenu le 17 mai 2001, de leur collègue, France 2 en octobre 1996. Stéphane Fratacci L‘héroïsme était depuis juillet 1998 directeur, adjoint au Jacques-Louis LIONS, cheval de Troie directeur général de l’administration et de la professeur honoraire De l’épopée antique au nihilisme contem- fonction publique (DGAFP).] au Collège de France, titulaire de la chaire porain, d’Ulysse au Bardamu de Céline des Etats-Unis en Europe MOUVEMENT d'Analyse mathématique des systèmes et en passant par Jeanne d’Arc ou Napoléon, de leur contrôle, de 1973 à 1998. CHEZ PRÉFECTORAL VOTRE les avatars de la figure héroïque. MARCHAND Michel Bilaud, secrétaire géné- Collège de France, DE ral de la préfecture de la Haute- 11, place Marcelin-Berthelot, JOURNAUX Garonne, a été nommé préfet du 75231 Paris Cedex 05. Gers lors du conseil des ministres (Le Monde du 21 mai) En finir, de mercredi 23 mai. Il succède à Claude Baland, récemment nom- mé directeur de l’administration une fois pour toutes, de la police nationale. PartezPartez enen vacancesvacances avecavec [Né le 12 avril 1945 à Cognac (Charente), Pour les suspensions ou transferts vacances : titulaire d’une maîtrise de philosophie et FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE Vous êtes abonné(e) un numéro exclusif 0 803 022 021 (0,99 F TTC la minute) diplômé d’administration publique, Michel VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): avec le développement Bilaud a d’abord enseigné la philosophie PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... avant d’être chargé des fonctions de direc- Commune de résidence habituelle (impératif): teur du cabinet du préfet du Jura (1978), et ● Retournez ce bulletin au moins ❏ Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) directeur des services départementaux 10 jours à l’avance sans oublier de du: ...... au: ...... (1982). L’année suivante, il devient directeur nous indiquer votre numéro d’abonné ❏ du cabinet du préfet de la Loire, puis, en (en haut à gauche de la «une» de votre Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) Egalement au sommaire : 1985, sous-préfet d’Argentan (Orne), et en journal). du: ...... au: ...... 1987, secrétaire général de la préfecture du Votre adresse de vacances: ● Lot-et-Garonne. Il est ensuite secrétaire géné- Si vous êtes abonné par prélève- La Russie en quête d’un nouveau ment automatique, votre compte sera Prénom:...... Nom: ...... ral de la préfecture de la Savoie (1992), direc- prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... teur du cabinet du préfet de la Seine-Saint- rôle ; L’« opération Condor », cau- dans le mois. Denis (1994), sous-préfet de Senlis dans Code postal: Ville: ...... chemar de l’Amérique latine ; l’Oise (1996). Michel Bilaud était secrétaire Pour tout autre renseignement : 01.42.17.32.90 RECEVEZ LE MONDE SUR Vous n’êtes pas abonné(e) de 8 h 30 à 18 h du lundi au vendredi général de la préfecture de la Haute-Garonne Votre adresse de vacances: 101MQVAC Arrière-pensées dans la lutte anticor- depuis décembre 1998.] LE LIEU DE VOS VACANCES. Retournez-nous au moins 10 jours à du:...... au: ...... ruption ; Violences contre les femmes l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... en Asie ; Conflits autour de la ménin- Chaque lundi votre règlement. Adresse: ...... Code postal: Ville: ...... DURÉE FRANCE gite en Afrique ; Menaces sur l’éco- Votre adresse habituelle: 0123 ❏ 2 semaines (13 n°) ...... 96F/14,64F nomie mondiale ; Enquête sur la avec ❏ 3 semaines (19 n°) ...... 139F/21,19F Adresse: ......

DATÉ MARDI F F question copte ; etc. ❏ 1 mois (26 n°)...... 173 /26,37 Code postal: Ville : ...... ❏ 2 mois (52 n°)...... 378F/57,63F Votre règlement: ❏ Chèque bancaire ou postal joint LE MONDE ❏ 3 mois (78 n°)...... 562F/85,68F ❏ Carte bancaire n°: ❏ 12 mois (312 n°) ...... 1 980F/301,85F En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: En vente chez votre marchand de journaux - 25 F - 3,81 e ECONOMIE Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements Offre valable jusqu’au 31/12/2001 60646 Chantilly Cedex 13 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

EUROPE L’entrée d’EDF dans le voir pour quelques jours, prépare pourraient souffrir du refroidisse- et en Allemagne. b LA DIRECTIVE respecter . b POUR EDF, l’internatio- capital de l’italien Montedison à hau- un décret-loi limitant le pouvoir ment franco-italien. b LE POIDS européenne libéralisant l’électricité nalisation constitue un axe essentiel teur de 20 % provoque de très vives d’EDF. b D’AUTRES ENTREPRI- d’EDF, et surtout son statut public, est complexe à mettre en de sa stratégie : près de la moitié de réactions. b LE GOUVERNEMENT SES comme Air France, qui négocie sont critiqués dans plusieurs pays œuvre. Paris fait valoir que le statut son chiffre d’affaires devrait être de centre gauche, encore au pou- un rapprochement avec Alitalia, européens, notamment en Espagne d’EDF n’empêche pas la France de la réalisé à l’étranger en 2005. L’Italie prépare, à son tour, une loi « anti-EDF » Rome devait adopter, jeudi 24 mai, un décret-loi limitant les droits de vote de l’entreprise publique dans Montedison. Les Italiens emboîtent le pas aux Espagnols, qui ont les premiers voulu marquer un coup d’arrêt à l’expansionnisme de l’électricien français

MADRID, FRANCFORT, tedison qui, en abaissant leur partici- dans la privatisation d’Endesa, son tion dans l’ouverture et l’environne- nombreux sont ceux qui estiment marchés du gaz et de l’électricité, ROME et BRUXELLES pation, auraient permis l’intrusion navire amiral électrique. D’où l’irrita- ment réglementaire de chacun des que la libéralisation du marché alle- dès 2005. de nos correspondants d’EDF. Dans l’équipe de M. Berlus- tion de Jose Maria Aznar : «Ilyade pays membres », dit-on auprès du mand n’est pas complète. L’accès Réitérant le scénario qui s’était Avant de laisser le pouvoir à Silvio coni, un des ministrables, Antonio simples règles à respecter, confiait VDEW, la Fédération allemande des des tiers aux réseaux de distribution, déroulé lors du sommet européen Berlusconi, le gouvernement italien Marzano, responsable économique récemment le chef du gouverne- producteurs d’électricité. Le ministè- voire de production, est difficile. de Stockholm, en mars, la France, sortant devait adopter, en conseil de Forza Italia, a approuvé la politi- ment à un petit groupe de journalis- re de l’économie se borne à souli- Rares sont les particuliers qui ont soutenue par l’Allemagne, s’y est des ministres jeudi 24 mai, un décret- que d’intervention du gouverne- tes, en évoquant EDF, et ces règles changé de compagnies électriques. opposée. Mais cette solidarité fran- loi limitant les pouvoirs d’EDF dans ment sortant mais il en a souligné la ont un nom : réciprocité. Pourquoi Ces réactions ne pouvaient laisser co-allemande pourrait bien être Montedison, le conglomérat dans responsabilité. « Ce sont les banques devrait-on laisser la porte grande La Commission Bruxelles insensible : la Commission mise à mal : Christian Pierret, le lequel le français détient désormais qui vont être décisives dans la bataille ouverte à quelqu’un qui maintient la souligne que, à ce stade, aucune secrétaire d’Etat à l’industrie, a stig- 20 % (Le Monde du 24 mai). Comme entre actionnaires », commentent de sienne fermée, c’est trop facile ! » européenne estime action n’est possible pour s’opposer matisé les pays qui se disent en Espagne, il s’agirait de limiter le nombreux éditorialistes. Seules voix Quitte à enfreindre les règles com- à la prise de participation d’EDF « ouverts à 100 % et qui, concrète- droit de vote du nouvel actionnaire. discordantes dans ce concert aux munautaires, l’Espagne s’est dotée qu’elle ne peut pas dans Montedison. Pour qu’il en soit ment, sont ouverts à 0 % », une allu- Ce décret, analyse Mario Sensini accents teintés de chauvinisme : fin 1999 d’un solide verrou, baptisé autrement, il faudrait que celle-ci sion transparente à l’Allemagne. dans La Stampa, « aurait une double quelques experts et une association « loi anti-EDF » : aucune entreprise s’opposer à entraîne une prise de contrôle effec- Quant à la stratégie d’EDF en Ita- action : stériliser la participation de la de consommateurs voient dans ce étrangère, à participation d’Etat, tive du groupe public français au lie, la Commission aurait bien un société publique française et sauvegar- contexte nouveau « la possibilité de directe ou indirecte, ne peut contrô- l’initiative du français sein de la firme italienne, ou que des moyen de s’y opposer : le Parlement der l’imminente privatisation des cen- remédier à une fourniture d’électricité ler une entreprise du secteur énergé- participations croisées d’EDF per- européen demande qu’un débat ait trales de l’ENEL, ex-compagnie publi- qui est la plus chère d’Europe, et dont tique espagnol à plus de 3 %, ris- mettent d’invoquer « des pratiques lieu sur la pratique consistant pour que, à laquelle peut prétendre partici- la production est très polluante ». quant ainsi de voir réduire ses droits gner que le gouvernement « cherche restrictives à la concurrence ».La un Etat à privatiser une entreprise per Montedison ». Il n’est pas exclu Ces critiques italiennes sont dans de vote au sein du groupe. Cette loi à faire avancer la libéralisation du France fait le minimum requis pour publique, pour que celle-ci soit que d’autres dossiers soient concer- la droite ligne des griefs formulés en vient d’être utilisée pour bloquer marché de l’électricité sur le conti- ouvrir son marché mais, avec 34 % rachetée, quelque temps après, par nés par le « refroidissement » fran- Espagne contre EDF. L’entreprise l’évolution du capital d’Hidrocanta- nent ». d’ouverture du sien, l’Italie n’est guè- l’entreprise publique d’un pays voi- co-italien, comme l’alliance qu’Air publique française est devenue la brico (Le Monde du 10 mai). Les initiatives italiennes d’EDF re plus vertueuse. sin, ce qui est peu ou prou le cas du France doit prochainement conclure bête noire du gouvernement Aznar. En Allemagne aussi, les critiques rappellent de récents souvenirs aux Au cabinet de Loyola de Palacio, couple Montedison/EDF. Or, pour avec Alitalia. Le géant français symbolise à lui seul contre EDF se multiplient. « Nous professionnels de l’électricité. En commissaire européenne chargée régler ce problème, c’est à la Com- Dès mercredi 23 mai, de nom- tout le « malaise » actuel entre Paris espérons que la Commission européen- 2000, l’arrivée d’EDF en Allemagne des transports et de l’énergie, on rap- mission de prendre une initiative. breux responsables politiques la sociale-démocrate et Madrid la ne sera active pour étudier le dossier. – grâce à l’acquisition auprès du pelle aux pays qu’ils doivent s’en avaient exprimé leur désapproba- libérale. Par ailleurs, à Madrid, « l’ap- L’initiative d’EDF nous conforte dans Land de Bade-Wurtemberg de prendre à eux-mêmes. Lors du der- Marie-Claude Decamps, tion, apparemment irrités de l’attitu- pétit d’EDF fait peur ». D’autant que notre avis critique sur le processus 25,01 % du troisième groupe du nier « conseil Energie », le 14 mai, la Philippe Ricard, de de Mediobanca et d’autres insti- l’Espagne a été un des pionniers européen de libéralisation : cela ren- pays, EnBW – avait suscité des résis- Commission a proposé en vain de Danielle Rouard tuts financiers actionnaires de Mon- dans l’ouverture de son marché et force la nécessité d’une harmonisa- tances. Aujourd’hui cependant, faire adopter l’ouverture totale des et Laurent Zechini L’application de la directive sur l’électricité suscite de nombreuses interrogations b Où en est la libéralisation du re du marché, cependant, est à pren- statut des entreprises. Si elle préco- tion de 20 % d’EDF dans Montedi- ne de justice pour infraction à la mission a, cependant, conscience de marché de l’électricité en Europe ? dre avec précaution. Officiellement, nise la liberté de mouvement des son ne semble pas devoir être soumi- liberté des capitaux dans le marché l’imperfection du système et veut La directive sur l’ouverture du le marché allemand est totalement capitaux et sanctionne les aides se à la direction européenne de la unique. aller plus loin. En mars, elle a propo- marché de l’électricité a été votée en libéralisé. Dans les faits, les produc- d’Etat, elle ne prend pas en compte concurrence. Si le français devient le La Commission, cependant, s’in- sé que le marché de l’électricité soit 1996 et devait être transposée dans teurs étrangers ont le plus grand la nature de l’entreprise. Une socié- premier actionnaire du groupe ita- quiète de la situation. Si elle refuse totalement ouvert pour les indus- tous les Etats européens en 1999. mal à y entrer. té entièrement contrôlée par une lien, il n’en a pas le contrôle et donc de se prononcer sur le statut d’entre- triels à partir de 2003, que celui du Elle prévoit que les marchés doivent La loi française prévoit aussi que famille n’est pas plus ouverte n’est pas a priori en position d’in- prise publique, ce qui reviendrait à gaz soit complètement libéralisé être au moins ouverts pour tous les les concurrents d’EDF doivent s’en- qu’une entreprise publique, fait fluencer sa conduite. préconiser une privatisation généra- pour les industriels à partir de 2004 , clients consommant 22 gigawatts gager à fournir les clients pendant valoir Bruxelles. b Les Italiens sont-ils en droit le dans l’Union, elle s’émeut aussi et que celui de l’énergie soit ouvert par an (les gros industriels) et que trois ans. La Commission considère Dès lors EDF est autorisée à pren- de demander la réciprocité ? du fait qu’une entreprise publique à partir de 2005 pour tous les cette ouverture doit représenter au que cette disposition n’est pas dans dre une participation dans une socié- La directive sur la libéralisation étrangère puisse prendre le contrô- clients, y compris les usagers de moins 30 % du marché national de l’esprit de la directive. Avant de sta- té étrangère, à la condition qu’elle du marché de l’électricité s’attaque le, sans obstacle, d’une société base. En parallèle, elle propose de l’électricité. Si ce pourcentage n’est tuer, la Commission veut se donner respecte les règles de la concurren- à l’ouverture du marché mais ne récemment privatisée, ce qui ramè- lancer des travaux sur les transports pas atteint, les pays doivent abaisser du temps pour juger si cette disposi- ce. Lors de son entrée dans le capital pose jamais le problème de l’entre- ne cette dernière dans le statut d’énergie européens, sur les obliga- le seuil des 22 gigawatts. A partir de tion constitue ou non une entrave de l’allemand EnBW, la direction de prise. La seule réciprocité possible public et peut s’assimiler à une remi- tions de service public et les moyens 2003, le marché doit être ouvert sur le marché français. EDF fait la concurrence a imposé à EDF la pour un Etat serait de fixer le seuil se en cause d’un choix politique de pour compléter le réseau et rendre pour les clients consommant plus valoir qu’elle a déjà perdu 48 clients cession d’une filiale helvétique qui d’intervention d’une entreprise privatisation. le marché fluide. Le projet a été de 9 gigawatts. Tous les pays de industriels, dont des usines d’Usi- lui aurait donné une situation domi- étrangère sur son marché au même b De quelles armes dispose la repoussé par la France et l’Allema- l’Union ont transposé cette directi- nor, de Pechiney, de Tefal, du pape- nante sur les échanges électriques niveau que ses producteurs peuvent Commission européenne ? gne, lors du sommet de Stockholm, ve dans leur législation. tier scandinave Svenska Cellulosa, entre l’Allemagne, la France, la Suis- avoir sur le marché de la société Pour l’instant, elle peut seule- fin mars. b La France joue-t-elle le jeu ? de Saint-Gobain, de BSN, de BASF. se et l’Italie. Bruxelles a aussi deman- étrangère. En clair, EDF ne pourrait ment assigner en justice un Etat qui La France fait figure de mauvais Ces pertes correspondent, selon dé à la France d’ouvrir le capital de pas prendre plus de 30 % d’un mar- ne respecte pas la directive. La Com- Martine Orange élève. Elle a transposé la directive EDF, à environ 3 % de son activité. la société publique Compagnie ché étranger, seuil d’ouverture du en 2000, juste avant d’être assignée b EDF, entreprise publique, nationale du Rhône (CNR). Fin marché français. En revanche, si devant la Cour de justice européen- a-t-elle le droit d’investir dans des avril, le gouvernement français a l’Italie ou l’Espagne, comme ce der- ne. Le marché français est ouvert sociétés étrangères ? autorisé une alliance entre la CNR nier pays semble l’envisager, adop- sur la base du minimum requis, La Commission européenne, et Electrabel, filiale électricité de taient des mesures de rétorsion con- 30 %, alors que la moyenne en Euro- depuis le traité de Rome, s’est tou- Suez. tre EDF, elles pourraient se voir pe est de 66 %. La notion d’ouvertu- jours interdit de se prononcer sur le Pour l’instant, la prise de participa- sanctionnées par la Cour européen- La déréglementation pousse l’électricien à accélérer son internationalisation

L’OFFENSIVE italienne d’EDF, L'Europe, priorité du groupe somme de 627,6 millions de dollars pour spectaculaire qu’elle soit, n’a (4,7 milliards de francs). rien d’exceptionnel. L’entreprise LES PRINCIPALES PARTICIPATIONS D'EDF EN EUROPE EDF justifie sa stratégie interna- réalise aujourd’hui 18 % de son tionale par deux raisons : la volon- chiffre d’affaires à l’étranger. Et SUÈDE té d’accompagner ses clients à cette part est appelée à progresser 35,9 % l’étranger et, surtout, la déréglemen- rapidement. EDF souhaite qu’en Graninge tation du marché de l’électricité. 2005 la moitié de son chiffre d’af- ROYAUME-UNI « Nous suivons nos grands clients qui faires provienne « d’activités 100% ont tous une dimension européenne autres que l’électricité en France », London Electricity et externalisent les fonctions qui ne selon les termes de son président, ALLEMAGNE POLOGNE sont pas dans leur cœur de métier, et François Roussely. 63,8 % notamment l’énergie. Chez eux, nos 34,5 % AUTRICHE Certes, l’expression est ambi- ECK-SA interlocuteurs sont passés progressive- EnBW güe, mais elle signifie qu’EDF 20 % ment des directeurs techniques aux HONGRIE entend se développer rapidement PORTUGAL Estag directeurs des achats, qui, pour ces SUISSE 50 % dans deux domaines : les services 10 % groupes européanisés, souhaitent que et l’international. « EDF doit deve- Demasz nous leur proposions des solutions à Tejo Energia 12,6 % nir un groupe multiservice et multié- Atel 89 % l’échelle européenne. Enfin, dès l’ins- nergie », martèle M. Roussely. ESPAGNE BeRt tant où EDF détenait 100 % du mar- Signe de cette évolution, le docu- 59,5 % ché et où, aujourd’hui, un tiers de ses ment qui régit les relations entre Hidrocantabrico ITALIE ventes est exposé à la concurrence, il EDF et l’Etat-actionnaire n’est détenus par le biais 20 % est légitime que nous recherchions plus un « contrat d’entreprise », de EnBW (en association Montedison dans l’accroissement de nos parts de mais un « contrat-groupe » avec Ferroatlantica) marché hors de France la compensa- (Le Monde du 25 janvier). Si cette 29 % tion à celles que nous allons perdre internationalisation est ancienne, Elcogas en France », expliquait M. Rous- 00 k elle s’est incontestablement déve- Source : EDF sely, dans La Tribune du 23 avril. loppée ces dernières années. Pour Si les Français continuent d’asso- investir à l’étranger, l’entreprise a dans les autres pays de l’Union de-Bretagne, Allemagne et Italie ». cier les notions de service public et même créé en 1992 une filiale – européenne, 6,9 milliards dans les Ce n’est donc pas un hasard si, rien de monopole et de croire que le ser- EDF International, aujourd’hui autres pays européens et 9,7 mil- que cette année, EDF est entré vice public n’exerce sa mission que présente dans 26 pays –, dont l’ob- liards dans le reste du monde. dans le capital de l’allemand sur le territoire national, l’interna- jectif est de porter les participa- EnBW, de Montedison et, par le tionalisation d’EDF – comme celle tions d’EDF à l’étranger. Si l’entre- ACCOMPAGNER SES CLIENTS biais d’EnBW, dans l’espagnol de France Télécom – montre que prise ne distingue plus dans ses Dans ses investissements, EDF Hidrocantabrico. Cela ne l’empê- cette vision est dépassée. Mais, comptes ses investissements inter- privilégie donc l’Europe. Le contrat che pas de faire ses emplettes sur alors que le statut de France Télé- nationaux, elle indique réaliser de groupe signé avec l’Etat d’autres continents : EDF, qui con- com a évolué, celui d’EDF est resté 173,2 milliards de francs (26,4 mil- mi-mars précise que l’entreprise trôlait déjà 40 % de l’électricien le même depuis 1947. liards d’euros) de chiffre d’affaires ciblera ses acquisitions « sur les argentin Endenor, a acquis début en France, 37 milliards de francs pays voisins, principalement en Gran- mai 50 % supplémentaires pour la Frédéric Lemaître 14 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 ENTREPRISES Silvio Berlusconi s’en prend L’euro victime du ralentissement français à la télévision publique italienne « LE GOUVERNEMENT a tenu la Rai comme lors d’une occupation et de la stagflation allemande militaire pendant la campagne », a dénoncé, mercredi 23 mai, Silvio Berlsuconi, prochain président du Conseil italien. Selon lui, la télévi- sion publique italienne a été à la solde du gouvernement sortant pen- La monnaie unique est tombée, jeudi, jusqu’à 0,8503 dollar dant la campagne pour les élections législatives qu’il a remporté, le 13 mai, à la tête de sa formation politique Forza Italia. L’euro continue de s’affaiblir. Jeudi 24 mai, en mois. Le ralentissement en Europe – qui contre Si ce risque de faible activité et de regain d’infla- Selon deux enquêtes indépendantes, le temps d’antenne consacré tout début de matinée, il est tombé jusqu’à toute attente a atteint aussi la France – joue con- tion se confirme, les marges de manœuvre de la par la Rai à M. Berlusconi s’est établi à 260 minutes contre 237 minu- 0,8503 dollar, son plus bas niveau depuis six tre lui. L’Allemagne, elle, craint une stagflation. Banque centrale européenne seraient amputées. tes à son adversaire du centre-gauche Francesco Rutelli. En revan- che, les chaînes du groupe Mediaset, contrôlé par M. Berlusconi, ont FRANCFORT La chute de l'euro peine, consommation intérieure rissage brutal de l’économie améri- consacré 690 minutes au leader de Forza Italia contre à peine de notre correspondant timide, certains experts n’écartent caine. Mercredi, les statistiques sur 40 minutes à M. Rutelli. Après la formation de son gouvernement, Ralentissement de la croissance COURS DE L'EURO EN DOLLAR plus l’éventualité d’une récession. la progression du PIB au premier tri- prévue lors de la première quinzaine de juin, M. Berlusconi contrôle- dans la zone euro, tensions infla- 0,98 0,8503 Cette situation risque de compli- mestre sont ressorties très en deçà ra 90 % des parts d’audiences de la télévision en Italie. tionnistes, incertitudes sur la politi- le 24 mai quer la tâche de la BCE car elle des pronostics, à 0,5 %. Le ministre que monétaire de la Banque centra- 0,96 table, en phase de ralentissement de l’économie et des finances, Lau- le européenne (BCE) : l’euro est de économique, sur une réduction des rent Fabius, les a jugées « surpre- Le CSA continue à s’intéresser nouveau sous pression. Très tôt, 0,94 tensions inflationnistes. C’est du nantes » et a annoncé que le gouver- jeudi 24 mai, la monnaie unique a moins un des arguments mis en nement serait amené à réviser à la atteint son niveau le plus bas face 0,92 avant pour justifier la baisse des baisse sa prévision de croissance à « Loft Story » au dollar depuis novembre 2000, à taux décidée le 10 mai par le con- pour l’année en cours, qui est de 0,8503 dollar. Face au yen, il était 0,90 seil des gouverneurs. Mais, en cas 2,9 % (lire aussi page 6). « JE VAIS LUI RÉPONDRE dans un courrier en lui disant que c’est à la toutefois en forte hausse, profitant de stagflation, l’arme des taux se Dans ces conditions, la prévisibili- fois inexact et injuste », a déclaré Dominique Baudis, président du Con- d’une mise en garde d’un responsa- 0,88 révèle délicate à utiliser : un assou- lité de la politique monétaire est seil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mercredi, à propos des déclara- ble du ministère japonais des finan- plissement monétaire, dont l’im- réduite. Tandis que les responsa- tions de Jack Lang, ministre de l’éducation nationale. Ce dernier avait ces, estimant le niveau de l’euro 0,86 pact peut soutenir l’activité, risque bles monétaires américains ont dis- reproché à l’organisme de régulation d’être « aux abonnés absents » inapproprié. Ce nouvel accès de fai- de dynamiser la progression des posé de marges de manœuvre suffi- sur ce sujet. blesse face au dollar a relancé les 0,84 prix. Au contraire, une hausse du santes pour mener le vaste mouve- M. Baudis a, par ailleurs, indiqué que les contrats de travail des partici- spéculations sur une éventuelle loyer de l’argent destinée à stabili- ment de baisse des taux engagée en pants à ce jeu sont actuellement étudiés par les services du CSA et par intervention de la BCE sur le mar- 0,82 ser l’inflation handicapera la crois- janvier, la BCE, après avoir attendu un expert extérieur. Outre les stipulations sur la « télé-réalité », qui ché des changes. En novembre, JJA S O N D JMF A M sance. Si la tendance perceptible en pour agir, pourrait être dans l’inca- devraient figurer dans les conventions de TF 1 et de M 6, actuellement l’institut d’émission s’était porté au 2000 2001 Allemagne, voire dans d’autres pacité d’en faire autant afin d’en- en renégociation, M. Baudis veut s’appuyer sur la plate-forme euro- secours de l’euro, alors que celui-ci Source : Bloomberg pays européens, se confirme, la rayer le ralentissement de l’activité. péenne des autorités de régulation (EPRA), qui réunit le CSA et ses se trouvait à des niveaux similaires. La monnaie unique européenne BCE pourrait donc être confrontée « Au total, si la hausse des prix, supé- pairs européens, pour demander à Bruxelles d’inscrire cette question Cette fois, le contexte est diffé- ne cesse de reculer depuis six mois. à un vrai dilemme, tandis qu’aucun rieure aux attentes, tend à reporter de la « télé-réalité » dans la directive « Télévision sans frontières ». rent. La BCE, qui a maintenu sans pays de la zone euro n’a connu une les baisses des taux, à l’opposé, l’am- surprise, mercredi, ses taux direc- tion, dévoilé dans les prochains inflation inférieure en rythme plification du ralentissement tend à teurs inchangés, pourrait être con- jours, pourrait même atteindre annuel au seuil de 2 % au mois les précipiter », note une étude de la EADS et Finmeccanica créent une frontée à une situation inédite mais 3,6 % en rythme annuel. Le minis- d’avril. Au contraire, l’indice des banque HSBC CCF. Le conseil des redoutée car elle limite leurs mar- tre des finances allemand, Hans prix à la consommation de la zone gouverneurs risque de se diviser ges de manœuvre : les risques de Eichel, a d’ailleurs affirmé avoir a bondi à 2,9 %, et risque d’être davantage sur la conduite à tenir, société unique d’avions régionaux stagflation, c’est-à-dire la concomit- « quelques soucis » vis-à-vis d’une dopé par la faiblesse de l’euro, qui retardant un nouvel assouplisse- tance d’une croissance atone et inflation dopée par la hausse du renchérit le coût des importations. ment monétaire. Handicapée par LE GROUPE aéronautique franco-allemand EADS et le conglomérat d’une inflation soutenue, pour- prix du pétrole et des produits ali- cette situation, la monnaie unique industriel italien Finmeccanica/Alenia Aerospazio ont annoncé, raient se préciser, en particulier en mentaires, dans la foulée des crises STATISTIQUES « SURPRENANTES » pourrait donc donner quelques mercredi, qu’ils allaient regrouper l’essentiel de leurs activités de Allemagne. agricoles. Dans le même temps, la La position de la BCE est sueurs froides aux gardiens moné- construction d’avions de transport régional ATR en une seule struc- La première économie de la zone croissance du produit intérieur d’autant plus délicate que les signes taires dans les prochaines semai- ture, ATR Integrated. a en effet enregistré en mai un taux brut allemand est faible : elle a de ralentissements se multiplient nes. En vue de renforcer l’efficacité et la rentabilité de cette activité, ATR d’inflation record depuis décem- atteint 2 % en rythme annuel au chez les voisins de l’Allemagne. Integrated regroupera notamment les divisions industrielles (chaîne bre 1993 (3,5 %) selon les statisti- premier trimestre. Moral des Notamment en France, la deuxiè- Philippe Ricard d’assemblage, ingéniérie, achats) d’EADS ATR et les activités d’ingé- ques rendues publiques mercredi ; patrons en berne, carnets de com- me économie de la zone, pour l’ins- niérie et d’achats assurées par Alenia Aerospazio. La fabrication du l’indice des prix à la consomma- mandes en recul, exportations à la tant relativement à l’abri de l’atter- f www.lemonde.fr/euro fuselage et de la voilure reste confiée respectivement à Alenia Aeros- pazio et à EADS. « ATR Integrated sera ainsi doté de compétences techniques et industrielles associées à une plus large autonomie de fonctionnement », précise un communiqué des deux compagnies. La Virgin Atlantic et Nouvelles Frontières s’intéressent à AOM création d’ATR Integrated, qui sera effective le 1er juin, n’entraînera pas de transaction financière. LA COURSE contre la montre ger, mais aussi 9 millions de passa- nels au sol et les hôtesses et (3,5 milliards de francs) dans AOM- est engagée pour la survie d’AOM- gers. » Un membre de la direction stewards d’AOM (la partie long- Air Liberté en échange d’un apure- Air Liberté. Une course qui met en d’AOM, envoyé en observation, a courrier du pôle aérien, dont ment du passif. D’où les âpres Bruxelles autorise la SNCF scène Marc Rochet, le PDG de la été pris à partie aux cris de « démis- les lignes semblent condamnées négociations menées par compagnie, ses actionnaires sion, démission ». Les CRS appelés faute d’un accord avec Air France, M. Rochet avec les actionnaires actuels, Ernest-Antoine Seillière et par Aéroports de Paris ont fait un selon le plan Rochet) ont recon- actuels d’AOM-Air Liberté pour à recapitaliser le Sernam Swissair, d’éventuels repreneurs et bref usage d’un canon à eau pour duit leur grève jusqu’à dimanche qu’ils assument une dernière fois les salariés, chacun tentant de disperser les manifestants et se soir. Les pilotes d’AOM, eux, ont leurs responsabilités avant de pas- LA COMMISSION EUROPÉENNE a décidé, mercredi, d’autoriser une jouer sa carte et de préserver ses sont contentés d’une interpella- décidé de poursuivre de façon illi- ser la main. aide à la restructuration de 448 millions d’euros en faveur du Sernam, intérêts. Mercredi 23 mai, d’un tion musclée d’un délégué du per- mitée le mouvement de grève filiale de messagerie de la SNCF. Le versement de cette aide devrait côté M. Rochet négociait avec les sonnel (CFDT) d’Air Liberté, relâ- engagé lundi. VIRGIN OU NOUVELLES FRONTIÈRES permettre la reprise du Sernam par la société Geodis, autre filiale représentants de Marine-Wendel ché assez rapidement. La direction d’AOM-Air Liberté Jeudi matin, la compagnie n’a partielle de la SNCF, spécialisée notamment dans le transport routier et Taitbout Antibes, les deux hol- laissait entendre voici peu qu’elle pas pu être jointe. En revanche, (Calberson, etc.) dings de M. Seillière, le finance- DIVISÉ POUR LA SUITE comptait sept repreneurs poten- Paul Fourier, le délégué syndical Le Sernam répond à la définition d’une entreprise en difficulté, ment du plan de restructuration Le personnel de la compagnie a tiels pour tout ou partie de l’activi- CGT du groupe, déclarait ne « pas selon la Commission, pour qui la prise de contrôle par Geodis et le annoncé en début de semaine, por- suivi massivement le mot d’ordre té. Selon Libération du 24 mai, être au courant » d’éventuelles dis- plan de restructuration qui sera mis en œuvre permettraient un tant sur 1 328 suppressions de pos- de grève lancé pour mercredi, M. Rochet aurait confirmé mercre- cussions avec Virgin. « Le nom de retour à la viabilité sous quatre ans. Le Sernam (ancien Service tes et dont le coût serait évalué mais il s’est divisé sur la suite à di soir que la compagnie britanni- Virgin circulait depuis quelque national de messagerie) était un service interne de la SNCF jus- autour de 2 milliards de francs ; et, donner au mouvement. A l’issue que Virgin Express, filiale de trans- temps, avec d’autres. La bonne nou- qu’en février 2000, date à laquelle a été constituée une société dis- d’un autre côté, les salariés ont fait d’une réunion de l’intersyndicale, port aérien à bas prix de Virgin velle, ce serait qu’un investisseur sor- tincte. Depuis lors, la SNCF a financé des pertes mensuelles d’envi- monter la pression sociale en la plupart des représentants d’Air Atlantic, la compagnie fondée par te enfin du bois. Ca pousserait les ron 7,6 millions d’euros. Geodis, présidé depuis peu par Pierre allant manifester leur colère à Liberté, qui assure les lignes inté- Richard Branson, serait sur les autres à se manifester de façon plus Blayau, l’ex-PDG de Moulinex, et qui a entrepris de nombreuses Orly. rieures, ont décidé de reprendre le rangs. M. Branson serait prêt à précise. » acquisitions et alliances ces dernières années, attend dans les pro- Selon les organisateurs, quelque travail dès jeudi. Mais les person- injecter 525 millions d’euros M. Fourier estime qu’une trans- chaines semaines un autre avis de la Commission, cette fois sur un 2 500 hôtesses, stewards, pilotes, formation d’AOM-Air Liberté en rapprochement avec La Poste. agents de maintenance et person- compagnie low cost comme Virgin nel au sol des deux compagnies Air Bretagne suspend ses deux lignes régulières Express ne serait pas la meilleure fusionnées (1 500 personnes, d’un point de vue social. Il table Le brasseur belge Interbrew va selon la police) ont envahi les pis- La compagnie aérienne Air Bretagne, basée à Vannes (Morbihan), plutôt sur une solution française. tes de l’aéroport durant plus d’une a informé le conseil général des Côtes-d’Armor qu’elle suspendait Celle d’une reprise par Nouvelles heure dans l’après-midi, occasion- « provisoirement », à partir du mercredi 23 mai au soir, ses deux Frontières, par exemple, dont le pouvoir racheter l’anglais Bass nant des perturbations momenta- lignes régulières exploitées au départ de l’aéroport de Saint-Brieuc, PDG, Jacques Maillot, a confirmé nées du trafic. Un avion de Royal invoquant des « raisons techniques ». son intérêt pour AOM jeudi matin LE BRASSEUR belge Interbrew a gagné, mercredi, son recours contre Air Maroc a notamment été blo- Air Bretagne assurait plusieurs rotations quotidiennes à desti- sur , et à qui l’actionnaire le blocage par les autorités britanniques de la concurrence de l’acquisi- qué sur le taxiway. Une banderole nation de Paris-Orly et de l’île anglo-normande de Jersey (Grande- allemand Preussag pourrait don- tion des activités brassicoles du groupe Bass. Londres avait mis son avait été déroulée, qui tentait de Bretagne). La compagnie, qui emploie une quarantaine de salariés ner les moyens de contrer l’offre veto le 3 janvier à cette opération de 3,65 milliards d’euros, estimant sensibiliser les voyageurs à la situa- dont 17 pilotes, connaît actuellement des difficultés financières. Un de Virgin. « Mais pour l’instant, on que ce rachat était nuisible à la concurrence sur le marché de la bière tion désespérée de la compagnie des six avions de la compagnie avait été saisi jeudi 17 mai par les en est au stade des spéculations », en Grande-Bretagne. La Haute Cour britannique a jugé que la et aux conséquences que sa dispari- autorités aéroportuaires de Jersey, la compagnie ne s’étant pas reconnaît le délégué CGT. décision du gouvernement avait été « injuste ». tion aurait aussi pour eux : « AOM- acquittée des droits d’atterrissage. Certains employés ont protesté Interbrew a déclaré « accueillir avec satisfaction » cette décision et sou- Air Liberté, 7 400 emplois en dan- contre des salaires impayés en avril. – (AFP.) Pascal Galinier (avec AFP) haite « rencontrer les autorités au plus vite afin d’aboutir à un règlement rapide de ce dossier », selon un communiqué. L’affaire doit repasser vendredi 25 mai devant la Haute Cour, pour déterminer les prochaines étapes du processus. La Commission britannique de la Alcatel en appelle à la Bourse pour se séparer de Nexans concurrence et le secrétaire britannique au commerce et à l’industrie peuvent encore faire appel de cette décision. ALCATEL a donné le coup d’en- retenue, de 23,5 euros à 27 euros gée par Gérard Hauser se place au d’une éventuelle fusion se poursui- voi de la mise en Bourse de son acti- par action, est inférieure aux atten- troisième rang mondial des fabri- vent et le titre Alcatel est très cha- vité de câbles, Nexans, mercredi tes. Elle valorise la totalité du capi- cants de câble derrière l’italien huté en Bourse. Mercredi, l’action La Bourse britannique veut 23 mai. L’entrée au Premier Mar- tal de Nexans entre 587 millions et Pirelli et le japonais Sumitomo. a perdu 5,26 % et terminait la séan- ché, programmée pour le 13 juin, 675 millions d’euros. Soit nette- Elle conçoit des câbles en cuivre ce à 34,25 euros. Si le mariage des marque une nouvelle étape du ment moins que les estimations de pour des applications très diverses deux sociétés se concrétisait, il don- se coter elle-même en juillet recentrage du groupe français sur le 700 millions à 850 millions d’euros qui vont du bâtiment à l’automobi- nerait naissance au numéro un marché des télécommunications. qui circulaient sur les marchés finan- le, en passant par l’aéronautique, mondial du marché des équipe- LA BOURSE britannique, deux fois centenaire, va entrer en Bourse. En fait, le projet avait été présen- ciers ces dernières semaines et très les applications médicales et bien ments de télécommunications. Le London Exchange (LSE) a annoncé, jeudi, qu’il comptait té en octobre 2000 et l’introduction en deçà de l’estimation d’un mil- sûr les télécommunications. Eloi- En parallèle, Lucent, qui traverse s’introduire en Bourse en juillet, en vue de conforter sa position de de Nexans aurait dû se dérouler liard d’euros évoquée l’an dernier. gné du cœur des préoccupations une période de véritable déroute première place européenne. C’est une étape importante dans le cadre avant la fin de l’année dernière. d’un groupe en plein recentrage financière, poursuit ses négocia- des efforts de modernisation de cette institution, entrepris par sa Mais les conditions de marché ont COMPLÈTE AUTONOMIE sur le secteur des télécommunica- tions pour la vente de son activité nouvelle directrice générale, Clara Furse. quelque peu perturbé le calendrier. Alcatel devrait céder 70 % des tions, placé sur un marché mature de câble en fibre optique. Alcatel Le LSE compte sur une valorisation de 1,2 milliard de livres (2 mil- Après une tentative de cession avor- titres de Nexans, avec une option au taux de croissance très faible, est bien évidemment candidat à la liards d’euros), et a ajouté qu’il relèverait sa limite actuelle de tée, Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel de surallocation de 15 % en cas de doté, de plus, d’un fort contenu reprise de cette filiale. Mais 4,9 % pour les participations. Il a fait savoir également qu’il pré- avait réitéré, le 27 avril, son inten- forte demande. A terme, l’objectif industriel, Nexans n’avait plus sa d’autres sociétés ont fait connaître voyait une distribution d’actions gratuites, à raison de neuf pour tion de se séparer de cette filiale est de donner une complète auto- place dans Alcatel. leur intérêt, à l’instar de Pirelli, JDS une, afin de faciliter les transactions de ses titres. Les actions LSE, avant l’été. nomie à cette filiale. Avec ses La mise en Bourse de sa filiale, se Uniphase et Corning. Lucent valori- qui s’échangent actuellement sur un marché privé sous la houlette Pour réussir l’opération, l’équipe- 18 200 employés, un chiffre d’affai- fait à un moment où l’équipemen- se sa filiale à près de 6 milliards du conseiller du groupe, la banque d’affaires Cazenove, ont clôtu- mentier de télécommunications a res de 4,8 milliards d’euros en 2000 tier français est au cœur des spécu- d’euros. ré à 33,60 livres, mercredi, ce qui valorise le LSE à environ 1 mil- préféré réduire ses prétentions et un bénéfice d’exploitation de lations. Les discussions avec la liard de livres. financières. La fourchette de prix 169 millions d’euros, la société diri- société américaine Lucent en vue Laurence Girard FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 15

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

6270,49 5938,30 5661,98 a DANEMARK : le Conseil éco- du portail Internet américain 6299 6012 5693 Le Sénat américain nomique et social du Danemark AFFAIRES ExciteAthome, affirment, 6118 5872 5519 a révisé à la baisse ses prévi- mercredi, les quotidiens 5938 5733 5346 approuve une baisse sions de croissance pour l’écono- INDUSTRIES Handelsblatt et Wall Street Journal 5757 5593 5172 mie danoise à 1,3 % en 2001 contre Europe. L’italien 2,4 % prévu auparavant, et à 1,7 % 5577 5454 4998 historique des impôts b RENAULT : le constructeur Tiscali serait aussi pour 2002, contre 2,0 % précédem- 5396 5314 4824 automobile français a annoncé, sur les rangs. [[[ [[[ [[[LE SÉNAT américain a approuvé ment, dans un rapport publié mer- mercredi 23 mai, avoir augmenté b INTERNET : quelque 26 F. 9 A. 24 M. 26 F. 9 A. 24 M. 26 F. 9 A. 24 M. mercredi 23 mai une baisse histori- credi. Le gouvernement de centre- de 174 millions d’euros le capital 90 personnes et sociétés ont été que des impôts en faveur des con- gauche s’attend à une croissance Indices cours Var. % Var. % de sa filiale roumaine Dacia. inculpées de fraude sur Internet Europe 12 h 30 f se´lection 24/05 23/05 31/12 tribuables, qui reflète les priorités de 1,5 % en 2001. Renault, qui avait payé dans le cadre d’une enquête des EUROPE EURO STOXX 50 4559,07 0,51 – 4,47 économiques du président George a 50 millions de dollars pour autorités américaines lancée à EUROPE STOXX 50 4355,97 0,44 – 4,41 W. Bush. Après d’interminables JAPON : les pression inflation- 50,96 % des actions en travers les Etats-Unis, a indiqué EUROPE EURO STOXX 324 376,72 0,39 – 3,85 débats, une majorité de soixante- nistes et les effets à venir de la septembre 1999, a investi mercredi le FBI. Selon lui, les EUROPE STOXX 653 348,77 0,25 – 3,06 deux sénateurs, dont douze démo- crise de l’énergie ont conduit, depuis 89,1 millions d’euros opérations de fraude ont touché PARIS CAC 40 5661,98 0,55 – 4,46 crates, ont adopté un projet de loi mercredi, le Comité de politique dans l’usine de Pitesti. quelque 56 000 personnes et causé PARIS MIDCAC 2534,27 – 0,22 2,30 prévoyant d’alléger la fiscalité d’en- monétaire de la Banque centrale environ 117 millions de dollars de PARIS SBF 120 3863,63 0,47 – 3,95 viron 1 350 milliards de dollars du Brésil à relever d’un demi-point b MATSUSHITA/HITACHI : pertes. L’enquête s’est concentrée PARIS SBF 250 3606,54 – 0,20 – 4,37 d’ici à 2011. le taux d’intérêt directeur pour le les groupes japonais de sur les fraudes en ligne, la PARIS SECOND MARCHE´ 2815,93 – 0,05 – 0,04 Les républicains espèrent envoyer fixer à 16,75 %. Il s’agit de la troisiè- l’électronique Hitachi et non-délivrance de marchandises AMSTERDAM AEX 597,80 .... – 6,24 d’ici la fin de la semaine le projet me hausse du genre en trois mois. Matsushita Electric Industrial ont payées et l’utilisation frauduleuse BRUXELLES BEL 20 2816,39 0,50 – 6,88 de loi définitif au président Bush Les analystes estiment que cette annoncé, mercredi, avoir conclu de cartes de crédit. FRANCFORT DAX 30 6270,49 0,89 – 2,54 pour signature. Ce dernier a appe- mesure servira à contenir les pous- une alliance dans les services LONDRES FTSE 100 5938,30 0,69 – 4,57 lé les deux chambres à s’accorder sées inflationnistes. informatiques et l’électroménager, b EM. TV : la société allemande MADRID STOCK EXCHANGE 9639 0,07 5,81 au plus vite sur ce dossier. La secteur sur lequel ils ambitionnent de droits audiovisuels, qui MILAN MIBTEL 30 40080,00 0,73 – 8,32 Chambre des représentants a, e a RUSSIE : le président de la de devenir ensemble « leader contrôle avec le groupe Kirch ZURICH SPI 7699,40 – 0,08 – 5,36 déjà approuvé plusieurs projets de Banque européenne pour la mondial » a déclaré Etsuhiko les droits commerciaux de la loi totalisant 1 600 milliards de dol- reconstruction et le développe- Shoyama, le patron d’Hitachi. Formule 1, table à nouveau ´ lars de baisses d’impôts, plus con- ment (BERD), Jean Lemierre, en sur des pertes en 2001 après AMERIQUES formes aux souhaits initiaux de la visite à Moscou, a salué « la straté- b TOPCO : le futur géant de un trou de 1,43 milliard d’euros Maison Blanche. Les discussions gie de réforme menée par les autori- l’industrie nucléaire française l’an dernier. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR ont commencé mercredi entre les tés russes », a indiqué mercredi envisage une acquisition ou une 11105,51 2243,48 0,858 deux chambres, qui devront ensui- 23 mai la banque dans un commu- alliance aux Etats-Unis, pour FINANCES 11337 2313 0,933 te chacune se prononcer une der- niqué. Le président de la BERD a profiter de la décision du 10948 2178 0,918 nière fois. néanmoins estimé que la mise en président George W.Bush b WACHOVIA-FIRST UNION : a L’économie américaine n’est place des réformes ne serait «pas 10558 2043 0,903 de relancer le nucléaire civil, les banques régionales pas en récession, les perspectives facile ». a déclaré dans La Tribune du américaines, qui avaient 10168 1908 0,888 de croissance restent positives, a La Russie a enregistré, au 23 mai Anne Lauvergeon, annoncé leur fusion mi-avril, 9779 1773 0,873 avec des prévisions de PIB en haus- cours du premier trimestre de présidente désignée du directoire ont porté plainte mercredi contre 9389 1638 0,858 se de 2,2 % en 2001 et de 3,4 % 2001, un excédent commercial de [[[ [[[ [[[ de Topco, qui assistait au congrès leur consœur SunTrust, qu’elles 26 F. 6 A. 23 M. 26 F. 6 A. 23 M. 26 F. 9 A. 24 M. pour 2002, a indiqué mercredi 14,3 milliards de dollars, inchangé du Nuclear Energy Institute accusent d’interférence Glenn Hubbard, président des con- par rapport à la même période de à Washington . trompeuse. Wachovia a rejeté, Indices cours Var. % Var. % seillers économiques de la Maison l’année précédente, selon les chif- Ame´rique 9h57 f se´lection 23/05 22/05 31/12 mardi, une offre non sollicitée de Blanche. « Il n’en demeure pas fres du Comité d’Etat aux statisti- E´TATS-UNIS DOW JONES 11105,51 – 1,35 2,95 la banque SunTrust d’un montant moins que certains facteurs négatifs ques, cités mercredi par l’agence SERVICES E´TATS-UNIS S&P 500 1289,05 – 1,55 – 2,37 de 14,7 milliards de dollars mais menacent de retarder le rétablisse- Interfax. E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2243,48 – 3,04 – 9,19 b SONERA : l’opérateur cette dernière a annoncé qu’elle ment total de l’économie », a-t-il TORONTO TSE INDEX 8348,56 – 0,56 – 6,55 a finlandais de la maintenait et qu’elle portait SAO PAULO BOVESPA 14691,61 .... – 3,72 ajouté. ROUMANIE : la pauvreté con- télécommunications a indiqué, l’affaire devant la justice. BOLSA 382,93 1,89 21,18 cerne actuellement sept fois MEXICO a mercredi, qu’il va retarder BUENOS AIRES MERVAL 440,68 0,88 5,74 UNION EUROPÉENNE/FRAN- plus de personnes en Roumanie l’introduction de ses services RÉSULTATS SANTIAGO IPSA GENERAL 107,35 – 0,39 11,82 CE : la Commission européenne qu’en 1989, selon une étude rédi- de téléphonie mobile de CARACAS CAPITAL GENERAL 7850,93 – 0,87 15,03 a autorisé une aide d’Etat pour gée par un organisme gouverne- troisième génération (UMTS) en a NIPPON STEEL : le numéro un l’industrie houillère française de mental rendue publique mercredi Finlande et dans les autres pays japonais de l’acier a enregistré, 991 millions d’euros (6,5 milliards à Bucarest. Le nombre de Rou- européens où il est engagé pour l’exercice 2000-2001 un bond ASIE - PACIFIQUE de francs) pour l’année 2001. Cette mains vivant en dessous du seuil (Allemagne, Espagne, Italie et de 137,1 % de son bénéfice net, à aide contribuera à accompagner de pauvreté représentait 44 % de Norvège), en raison d’une pénurie 26,49 milliards de yens (245,3 mil- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN les réductions d’activité et l’arrêt la population en 2000, contre 6 % de téléphones compatibles. lions d’euros). Son chiffre d’affai- 13895,79 13810,60 102,86 progressif, jusqu’à l’année 2005, en 1989, année qui a marqué la res a progressé de 2,6 % à de l’extraction charbonnière en chute du régime communiste. 14529 15230 112,8 b QUEBECOR : le groupe de 2 750,42 milliards de yens. France, a précisé la Commission. médias canadien a obtenu, 13987 14596 110,8 a ESTONIE : le taux de chômage mercredi, le feu vert des autorités a MITSUBISHI TOKYO : les trois 13445 13963 108,8 a ZONE EURO : le commerce a augmenté de 0,3 % à 14,2 % de fédérales pour l’acquisition grandes banques japonaises qui 12903 13330 106,8 extérieur de la zone euro a enre- la population active au premier de Videotron, premier constituent depuis début avril le 12361 12697 104,8 gistré en mars un excédent de trimestre 2001 par rapport au der- câblo-diffuseur au Québec. Les nouveau groupe Mitsubishi Tokyo 11819 12063 102,8 4,3 milliards d’euros, contre un nier trimestre 2000, selon les nor- actionnaires de Videotron avaient Financial Group (MTFG) ont [[[ [[[ [[[excédent de 0,3 milliard en février mes de l’Organisation internationa- accepté, en septembre 2000, annoncé, jeudi, une perte nette 26 F. 6 A. 24 M. 26 F. 6 A. 24 M. 26 F. 9 A. 24 M. et de 3,6 milliards en mars 2000, le du Travail (OIT), a indiqué mer- l’offre d’achat de Quebecor, combinée de 1,15 milliard d’euros, Indices cours Var. % Var. % selon les estimations publiées mer- credi le Bureau estonien des statis- d’un montant de 5,4 milliards de pour l’exercice 2000-2001 clos en Zone Asie 9h57 f se´lection 24/05 23/05 31/12 credi par Eurostat. tiques. dollars canadiens (4,07 milliards mars. TOKYO NIKKEI 225 13895,79 – 1,22 0,80 d’euros). a CRÉDIT LYONNAIS : la ban- HONGKONG HANG SENG 13810,60 – 0,21 – 8,51 a ALLEMAGNE : l’inflation a a VIETNAM : la balance com- que a annoncé un résultat net tri- SINGAPOUR STRAITS TIMES 1684,74 – 0,13 – 12,56 atteint 3,5 % sur un an en mai, merciale a enregistré un déficit b T-ONLINE : le premier mestriel en baisse de 13,9 %, accu- SE´OUL COMPOSITE INDEX 77,66 – 0,22 22,59 montant ainsi à son plus haut de 314 millions de dollars pour fournisseur d’accès à Internet sant le coup d’un important recul SYDNEY ALL ORDINARIES 3350,50 – 0,34 6,21 niveau depuis décembre 1993, les cinq premiers mois de 2001, en Europe, filiale de l’allemand des revenus de sa banque d’inves- BANGKOK SET 21,49 1,18 15,35 bien au-delà du seuil de tolérance contre 492 millions à la même Deutsche Telekom, envisage un tissement dans un environnement BOMBAY SENSITIVE INDEX 3690,70 0,44 – 7,08 de 2 % de la Banque centrale euro- période de 2000, a-t-on indiqué achat des activités européennes de marché dégradé. WELLINGTON NZSE-40 2049,49 0,18 7,77 péenne (BCE). mercredi de source officielle.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 23/05 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4593 Action Usinor PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9440 Usinor flanche LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,0515 en euro à Paris LA BOURSE de Paris s’inscrivait APRÈS six séances de hausse PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,2330 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6575 sur des perspectives 16,5 15,1 en hausse de 0,71 %, à consécutives, la progression du SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3269 le 23 mai 5 666,10 points, jeudi 24 mai, à la Nasdaq s’est interrompue, mercre- PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,6962 16,0 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,0322 décevantes mi-journée, dans un marché indé- di 23 mai, les investisseurs ayant FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....257,2100 15,5 cis et calme, pour cette séance de procédé à des prises de bénéfice. MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 24537 LE GROUPE sidérurgique français l’Ascension ouvrée en raisons de L’indice composite des valeurs DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,4320 Usinor devrait accuser « une baisse 15,0 l’harmonisation du calendrier des technologiques de la Bourse significative » de son résultat en 14,5 places financières européennes. électronique Nasdaq a cédé 70,35 Coursdechangecroise´s 2001, après une « très bonne » L’indice CAC 40 des valeurs vedet- points, soit 3,04 %, à 2 243,50 Cours Cours Cours Cours Cours Cours année 2000, a déclaré mercredi 14,0 tes de la place parisienne avait points. 24/05 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. 23 mai son PDG Francis Mer, à l’is- 13,5 terminé la séance de mercredi en Le Dow Jones, principal indica- DOLLAR ...... 0,83459 0,85835 0,13088 1,41555 0,56278 sue de l’assemblée générale des repli de 1,1 %, à 5 630,74 points. teur de Wall Street, a reculé de YEN ...... 119,82000 ..... 102,86500 15,67500 169,61000 67,42500 actionnaires. 2001 « ne sera pas une 13,0 151,73 points (– 1,35 %), à EURO...... 1,16503 0,97215 ..... 0,15245 1,64840 0,65565 FRANC...... 7,64075 6,37685 6,55957 ..... 10,81550 4,30080 bonne année », a-t-il prévenu. 11 105,51 points. Le Standard 12,5 FRANCFORT LIVRE ...... 0,70644 0,58955 0,60665 0,09245 ..... 0,39775 M. Mer prévoit un deuxième trimes- & Poor’s 500, qui regroupe un FRANC SUISSE ...... 1,77690 1,48295 1,52550 0,23250 2,51520 ..... tre « médiocre », mais vise « une 12,0 A LA MI-SÉANCE, jeudi, la Bour- plus grand nombre d’entreprises, remontée à partir du quatrième tri- 11,5 se de Francfort était en légère a abandonné 20,33 points Taux d’inte´reˆt(%) Matif mestre ». Le titre a fléchi de 5,86 %, ND J F MAM hausse, l’indice de référence Dax (– 1,55 %), à 1 289,05 points. Aupa- à 15,10 euros, mercredi en clôture. 2000 2001 progressant de 0,85 %, à ravant, c’était la première fois Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 23/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 12 h 30 f 24/05 prix prix Usinor avait déjà averti début Source : Bloomberg 6 268,97 points, dans les tout pre- depuis février 2000 que la Bourse FRANCE ...... 4,49 4,48 5,29 5,83 Notionnel 5,5 mars, lors de la présentation de ses miers échanges, contre réalisait un tel exploit : une haus- ALLEMAGNE .. 5,40 4,56 5,15 5,72 DE´CEMBRE 2001 24918 87,54 87,56 résultats 2000 (un bénéfice net de travailleurs basques (LAB) du grou- 6 215,25 points mercredi à la clôtu- se de 11 % en six jours. GDE-BRETAG. 4,94 5,06 5,19 4,86 Euribor 3 mois 759 millions d’euros), que l’année pe Aceralia ont manifesté près de la re, en baisse de 0,88 %. ITALIE...... 5,40 4,51 5,52 6,11 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,05 0,41 1,31 2,35 2001 serait « moins bonne ».En Maison de la chimie à Paris, où se TAUX E´TATS-UNIS... 3,97 3,64 5,41 5,80 2000, le groupe avait bénéficié de tenait l’assemblée générale. Ils s’in- LONDRES SUISSE ...... 3,12 3,11 3,51 4,20 Pe´trole bons prix de vente et d’une hausse quiètent des conséquences sociales LE RENDEMENT des emprunts PAYS-BAS...... 5,30 4,51 5,31 5,78 Cours Var. % de la consommation réelle de de la fusion. M. Mer s’est voulu ras- LA BOURSE de Londres était en d’Etat européens se tendait légère- En dollars f 23/05 22/05 l’acier. surant en promettant que les sup- hausse jeudi, en milieu de journée, ment jeudi 24 mai, en début de Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 29,22 – 0,07 Le projet de fusion d’Usinor avec le pressions de postes seront réalisées l’indice Footsie des cent principa- matinée. Le taux de l’obligation WTI (NEW YORK) ...... 0,29 – 0,27 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 28,84 – 3,03 luxembourgeois Arbed et l’espa- sans licenciement. Tout en ajou- les valeurs progressait de 0,75 %, à assimilable du Trésor (OAT) En dollars f 23/05 22/05 gnol Aceralia sera transmis le 3 juin tant que la pyramide des âges des 5942,10 points. Le Footsie avait ter- français à dix ans s’établissait à ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE aux autorités européennes de la salariés d’Usinor allait entraîner miné la séance de mercredi en 5,298 %, tandis que celui du Bund, CUIVRE 3 MOIS...... 1728 – 0,29 Or concurrence. L’ensemble, baptisé des départs normaux à la retraite. recul de 1,33 %, à 5 897,4 points. son homologue allemand, ALUMINIUM 3 MOIS...... 1534 – 0,26 PLOMB 3 MOIS ...... 482 – 0,41 provisoirement NewCo, sera le Par ailleurs, Usinor, qui a noué des s’établissait à 5,17 %. Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 4930 – 0,40 En euros f 23/05 22/05 numéro un mondial de l’acier, avec relations avec le japonais Nippon ZINC 3 MOIS...... 952 – 0,42 + TOKYO NICKEL 3 MOIS...... 7145 – 0,35 OR FIN KILO BARRE ...... 10350 0,49 5 % du marché et 30 milliards Steel, regarde outre-Atlantique. OR FIN LINGOT...... 10500 + 0,57 MONNAIES ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE d’euros de chiffre d’affaires. M. Mer a souligné, à l’issue de l’as- POUR la troisième séance consé- ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,58 + 0,77 ` M. Mer n’espère pas de réponse semblée générale, les difficultés de cutive, jeudi, la Bourse de Tokyo L’EURO restait faible, dans les PIECE FRANCE 20 F ...... 59,50 + 0,68 PLATINE A TERME ...... 165268,50 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 60,30 + 2,73 des autorités européennes avant la sidérurgie nord-américaine, qua- s’est repliée, l’appréciation du yen premiers échanges jeudi matin, GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 60 + 2,21 octobre. Cette fusion a été annon- lifiant la situation de « grave » et et la chute de 3,04 % du marché face au dollar. La monnaie unique BLE´ (CHICAGO)...... 261,75 + 0,67 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 185,75 .... MAIS (CHICAGO) ...... 192,75 + 0,26 PIE`CE 20 DOLLARS US ... 370 .... cée en février. Il faudra donc atten- « sans précédent ». « La sidérurgie américain du Nasdaq ayant pesé s’échangeait à 0,8503 dollar (lire SOJA TOURTEAU (CHG.) 163,20 + 0,49 PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 380 – 1,30 dre environ un an pour qu’elle américaine se porte très mal », a-t-il sur les valeurs vedettes de la tech- page 14). Le yen repartait à la SOFTS $/TONNE entre dans les faits. précisé. nologie. L’indice Nikkei 225 a per- hausse face à la devise américaine CACAO (NEW YORK) ...... 1081 + 1,22 Cotations, graphiques et indices en temps Environ 150 représentants de la du 171,91 points, soit 1,22 %, à et cotait 119,83 yens pour 1 dollar CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». CGT d’Usinor et du Syndicat des Pascale Santi (avec AFP) 13 895,79 points. jeudi matin. www.lemonde.fr/bourse 16 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 348,77 4559,07 404 5426 383 5119 350,50 4580,59 4556,69 347,74 b Les valeurs technologiques se Dax avec un repli de 4,68 %, à 362 347,70 4813 sont orientées à la baisse, mercre- 43,75 euros.

342 4507 4545,13 di, sur les principales places euro- b Le titre Univeler a progressé de 348,77

321 345,87 4201 4537,14 péennes, après six séances consécu- 0,63 % à 64,3 euros à la Bourse 4559,07 tives de hausses. Le secteur des d’Amsterdam où les valeurs ali- 300 3894 [[[[[[[[ [[[[[[[[ valeurs technologiques a terminé mentaires et agroalimentaires ont 24 MAI 20 NOV. 24 MAI VLMMJ 24 MAI 20 NOV. 24 MAI VLMMJ sur un repli de 2,8 %, dans le sillage été bien orientées. b du titre Alcatel, équipementier Marks et Spencer, a encore per- RICHEMONT UNITS CH 3029,01 .... SKF -B- SE 20 .... CC CARREFOUR ES e 15,45 + 0,32 français des télécommunications, du 3,5 pence à la clôture à Londres, ROY.PHILIPS ELE NL e 35,50 – 1,66 ALIMENTATION ET BOISSON SMITHS GROUP GB 13,98 + 0,12 CHARLES VOEGELE CH 138,84 .... qui a cédé 5,26 % en clôture après cotant 255,5 euros, après l’annon- RYANAIR HLDGS IE 13,23 – 0,53 ALLIED DOMECQ GB 7,06 .... SOPHUS BEREND - DK 28,82 .... CONTINENTE ES e 19,02 .... SAIRGROUP N CH 85,14 .... ASSOCIAT BRIT F GB 6,82 + 1,23 SPIRENT GB 5,12 – 0,32 D’IETEREN SA BE e 190 – 3,80 l’annonce d’un éventuel rachat de ce de la troisième baisse consécuti- SAS DANMARK A/S DK 13,14 .... BBAG OE BRAU-BE AT e 43,61 .... T.I.GROUP PLC GB 6,73 .... DEBENHAMS GB 7,62 – 0,86 l’américain Lucent Technologies ve de ses bénéfices annuels. SEB FR e 59,55 + 0,93 BRAU-UNION AT e 41,73 .... TECAN GROUP N CH 1054,42 .... DIXONS GROUP GB 4,14 .... pour 34 milliards de dollars. A Ams- b L’action Kingfisher, groupe bri- SODEXHO ALLIANC FR e 52,55 + 1,55 CADBURY SCHWEPP GB 7,34 – 0,45 TPI ES e 5,85 – 0,34 GAL LAFAYETTE FR e 193,80 – 0,67 TELE PIZZA ES e 2,59 + 1,17 CARLSBERG -B- DK 53,36 .... THALES FR e 50,50 + 2,39 GEHE AG DE e 44,90 + 1,13 terdam, le câblo-opérateur UPC a tannique de distribution, s’est THE SWATCH GRP CH 1372,06 .... CARLSBERG AS -A DK 47,73 .... TOMRA SYSTEMS NO 20,64 .... GREAT UNIV STOR GB 9,94 + 1,52 perdu 1,97 %, à 6,96 euros, et Phi- appréciée de 2 pence, à THE SWATCH GRP CH 284,56 .... COCA COLA HBC GR 15,90 – 0,25 TRAFFICMASTER GB 5,48 .... GUCCI GROUP NL e 107,35 – 0,14 lips 4,95 %, à 36,10 euros ; à Franc- 444 euros, après la confirmation THOMSON MULTIME PA 51,80 + 1,17 DANISCO DK 41,83 .... UNAXIS HLDG N CH 212,52 .... HENNES & MAURIT SE 20 .... J D WETHERSPOON GB 6,06 – 0,54 DANONE FR e 146,10 + 1,04 VA TECHNOLOGIE AT e 38,85 .... KARSTADT QUELLE DE e 35,40 + 1,72 fort, Infineon, deuxième fabricant de la cession de ses activités de WILSON BOWDEN GB 13,47 + 0,99 DELTA HOLDINGS GR 7,92 + 0,25 VEDIOR NV NL e 15,05 – 0,99 KINGFISHER GB 7,39 + 0,45 européen de semi-conducteurs, a magasins généralistes et d’électro- WM-DATA -B- SE 4,96 .... DIAGEO GB 12,46 + 0,40 VESTAS WIND SYS DK 58,32 .... MARKS & SPENCER GB 4,24 .... e e enregistré la plus forte baisse du ménager-bricolage. WOLFORD AG AT 17,10 .... ELAIS OLEAGINOU GR 22,10 + 0,36 VINCI FR 71,80 + 1,13 MATALAN GB 7,98 – 1,43 WW/WW UK UNITS IR e 1,18 .... ERID.BEGH.SAY FR e 100,50 .... VIVENDI ENVIRON FR e 50,10 – 0,40 METRO DE e 46,50 + 0,87 f DJ E STOXX CYC GO P 151,28 – 0,50 HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 .... VOLVO -A- SE 18,06 .... NEXT PLC GB 16,53 – 0,20 HELLENIC SUGAR GR 10 + 5,26 VOLVO -B- SE 18,78 .... PINAULT PRINT. FR e 210,50 + 0,10 LAPORTE GB 11,50 .... KAMPS DE e 9,70 + 2,11 f DJ E STOXX IND GO P 476,77 + 0,36 SIGNET GROUP GB 1,26 .... Code Cours % Var. CH 690,29 KERRY GRP-A- GB 22,03 .... VALORA HLDG N CH 201,72 .... 24/05 12 h 29 f LONZA GRP N .... pays en euros 23/05 NORSK HYDRO NO 48,53 .... PHARMACIE KONINKLIJKE NUM NL e 46,20 – 0,09 VENDEX KBB NV NL e 15,15 + 0,66 e e ASSURANCES W.H SMITH GB 8,66 + 3,16 RHODIA FR 14,04 + 0,29 ACTELION N CH 161,77 .... MONTEDISON IT 2,90 – 1,69 e WOLSELEY PLC GB 9,01 + 1,68 AUTOMOBILE SOLVAY BE 55 .... ALTANA AG DE e 40,50 + 1,22 NESTLE N CH 2429,76 .... AEGIS GROUP GB 2,09 + 2,44 e f DJ E STOXX RETL P 349,82 – 0,23 AUTOLIV SDR SE 22,92 .... SYNGENTA N CH 57,96 .... ASTRAZENECA GB 56,52 + 0,77 PARMALAT IT 1,82 .... AEGON NV NL e 34,10 + 0,77 e e + BASF AG BE e 49,40 + 0,10 TESSENDERLO CHE BE 30,20 – 0,17 AVENTIS FR e 85,55 + 0,53 PERNOD RICARD FR 78,75 0,96 AGF FR e 68 + 1,19 e BMW DE e 40,45 + 0,87 f DJ E STOXX CHEM P 389,70 – 0,03 BB BIOTECH CH 91,03 .... RAISIO GRP -V- FI 1,57 .... ALLEANZA ASS IT e 12,53 + 0,72 + HAUTE TECHNOLOGIE CONTINENTAL AG DE e 16,85 – 2,60 CELLTECH GROUP GB 20,24 + 1,83 SCOTT & NEWCAST GB 8,56 0,58 ALLIANZ N DE e 321 + 1,10 DAIMLERCHRYSLER DE e 56,60 + 0,53 ELAN CORP IE 39,75 – 1,27 SOUTH AFRICAN B GB 8,28 + 1,83 ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... AIXTRON DE e 106,90 + 0,33 ´ + FIAT IT e 27,55 + 0,77 CONGLOMERATS ESSILOR INTL FR e 334 + 1,21 TATE & LYLE GB 4,19 0,40 AXA FR e 35,05 + 0,81 ALCATEL-A- FR e 34,64 + 1,14 TOMKINS GB 3,20 FIAT PRIV. IT e 17,10 + 1,60 D’IETEREN SA BE e 190 – 3,80 FRESENIUS MED C DE e 84,60 + 1,44 .... BALOISE HLDG N CH 1179,51 .... ALTEC SA REG. GR 5,88 – 0,34 UNILEVER NL e 63,20 MICHELIN FR e 42,26 – 0,33 AZEO FR e 71,95 .... GAMBRO -A- SE 8,34 ...... BRITANNIC GB 15,65 – 1,56 ARM HOLDINGS GB 6,43 – 0,51 UNILEVER GB 8,88 + 0,37 PEUGEOT FR e 329,50 – 1,08 GBL BE e 300,10 .... GLAXOSMITHKLINE GB 31,72 + 1,48 CGNU GB 15,31 + 2,21 ARC INTERNATION GB 1,66 .... UNIQ GB 3,40 e e PIRELLI SPA IT e 3,69 + 0,27 GEVAERT BE e 35,80 – 0,56 H. LUNDBECK DK 27,30 ...... CNP ASSURANCES FR 35,25 + 0,97 ASM LITHOGRAPHY NL 29,92 – 0,56 WHITBREAD GB 10,39 e e DR ING PORSCHE DE e 389,20 + 1,09 INCHCAPE GB 7,45 – 0,66 NOVARTIS N CH 47,22 ...... CORP MAPFRE R ES 23,65 + 0,64 BAAN COMPANY NL 2,66 – 0,37 f 246,77 + 0,56 e RENAULT FR e 57,20 – 2,05 KVAERNER -A- NO 9,19 .... NOVO-NORDISK -B DK 215,84 .... DJ E STOXX F & BV P ERGO VERSICHERU DE 162,50 + 0,31 BALTIMORE TECH GB 1,23 + 2,78 VALEO FR e 52 + 0,58 MYTILINEOS GR 7,70 – 1,53 NYCOMED AMERSHA GB 9,43 + 0,71 ETHNIKI GEN INS GR 11,78 + 0,51 BAE SYSTEMS GB 5,75 – 1,14 VOLKSWAGEN DE e 59,75 – 0,75 UNAXIS HLDG N CH 212,52 .... ORION B FI e 19,50 .... EULER FR e 55 – 0,54 BROKAT DE e 8,29 + 0,85 e f DJ E STOXX AUTO P 252,88 + 0,28 ORKLA NO 20,64 .... OXFORD GLYCOSCI GB 18,75 .... BIENS D’E´QUIPEMENT CODAN DK 92,50 .... BULL FR 3,13 – 0,32 SONAE SGPS PT e 0,97 + 1,04 PHONAK HLDG N CH 3936,08 .... FORTIS (B) BE e 29,33 + 0,48 BUSINESS OBJECT FR e 43,68 + 0,62 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... QIAGEN NV NL e 30,78 + 0,92 ABB N CH 83,83 .... GENERALI ASS IT e 34,25 + 0,74 CAP GEMINI FR e 149,80 + 0,67 BANQUES ROCHE HLDG CH 103,15 .... ADECCO N CH 699,46 .... GENERALI HLD VI AT e 181,10 .... COMPTEL FI e 12,25 .... ROCHE HOLDING G CH 8383 .... AEROPORTIDIRO IT e 9,14 .... INDEPENDENT INS GB 2,32 + 2,94 DASSAULT SYST. FR e 58,05 + 0,43 ABBEY NATIONAL GB 20,72 + 0,89 ´ ´ SANOFI SYNTHELA FR e 73 + 0,34 AGGREKO GB 8,48 + 1,19 INTERAM HELLEN GR 16,08 + 0,88 DIALOG SEMICOND GB 91,10 .... ABN AMRO HOLDIN NL e 22,68 + 1,11 TELECOMMUNICATIONS SCHERING AG DE e 61,15 – 0,16 ALSTOM FR e 31,56 – 1,93 IRISH LIFE & PE GB 13,42 – 1,94 ERICSSON -B- SE 8,01 .... ALL & LEICS GB 12,89 + 0,39 ATLANTIC TELECO GB 0,46 .... SERONO -B- CH 1130,39 .... ALTRAN TECHNO FR e 72,20 – 0,55 FONDIARIA ASS IT e 6,50 – 1,07 F-SECURE FI e 1,37 .... ALLIED IRISH BA GB 21,62 – 3,33 BRITISH TELECOM GB 7,02 – 0,93 SHIRE PHARMA GR GB 18,72 + 1,16 ALUSUISSE GRP N CH 825,20 .... LEGAL & GENERAL GB 2,57 + 0,65 FILTRONIC GB 4,64 + 0,36 ALPHA BANK GR 31,48 – 0,13 CABLE & WIRELES GB 8,07 + 1,46 SMITH & NEPHEW GB 5,43 + 0,61 ASSA ABLOY-B- SE 18,56 .... MEDIOLANUM IT e 13,69 + 1,33 FINMATICA IT e 22,79 .... B.P.SONDRIO IT e 11,30 .... COLT TELECOM NE GB 13,81 + 1,71 SSL INTL GB 9,56 + 1,58 ASSOC BR PORTS GB 7,02 + 0,24 MUENCH RUECKVER DE e 310,50 + 0,81 GETRONICS NL e 6,14 – 0,49 B.P.VERONA E S. IT e 11,10 – 2,63 DEUTSCHE TELEKO DE e 26,81 + 1,13 SULZER AG 100N CH 515,42 .... ATLAS COPCO -A- SE 25,47 .... SCHW NATL VERS CH 654,92 .... GN GREAT NORDIC DK 13,74 .... BA HOLDING AG AT e 62 .... E.BISCOM IT e 89,10 + 1,14 SYNTHES-STRATEC CH 718,45 .... ATLAS COPCO -B- SE 24,47 .... POHJOLA GRP.B FI e 26,60 .... INFINEON TECHNO DE e 43,60 – 0,68 BANK OF IRELAND GB 18,97 – 2,14 EIRCOM IR e 1,14 – 0,87 UCB BE e 33,96 – 0,12 ATTICA ENTR SA GR 7,88 – 4,14 PRUDENTIAL GB 13,43 + 3,97 INFOGRAMES ENTE FR e 22,98 + 0,13 BANK OF PIRAEUS GR 14,42 – 0,55 ELISA COMMUNICA IE 20,98 .... WILLIAM DEMANT DK 37,94 .... BAA GB 9,81 .... RAS IT e 15,12 + 1,82 INTRACOM R GR 20,34 + 0,69 BANKINTER R ES e 42,70 – 0,12 ENERGIS GB 5,07 + 2 WS ATKINS GB 13,17 + 0,38 BBA GROUP PLC GB 4,97 – 0,99 ROYAL SUN ALLIA GB 7,84 + 1,28 KEWILL SYSTEMS GB 2,22 – 2,19 BARCLAYS PLC GB 36,16 + 0,83 EQUANT NV DE e 32,50 – 2,40 ZELTIA ES e 12,38 – 0,40 BOOKHAM TECHNOL GB 7,62 + 8,24 SAI IT e 17,25 + 2,62 LEICA GEOSYSTEM CH 343,18 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 57 – 0,18 EUROPOLITAN HLD SE 9,28 .... NOVOZYMES -B- DK 25 .... BTG GB 22,78 – 2,14 SAMPO -A- FI e 9,89 .... LOGICA GB 16,73 + 0,90 BBVA R ES e 16,09 + 0,31 FRANCE TELECOM FR e 72,30 + 0,91 GALEN HOLDINGS GB 15,16 – 0,44 CIR IT e 1,91 + 0,53 SWISS RE N CH 2266,03 .... LOGITECH INTL N CH 359,55 .... BCA AG.MANTOVAN IT e 10,04 – 0,99 HELLENIC TELE ( GR 16,74 + 1,58 f DJ E STOXX HEAL 564,01 + 0,57 CAPITA GRP GB 8,17 – 1,40 SCOR FR e 51,60 + 1,78 MARCONI GB 6,82 + 1,48 BCA FIDEURAM IT e 13,48 + 0,75 HELS.TELEPH E FI e 102,60 .... SKANDIA INSURAN SE 13,70 .... NOKIA FI e 38,25 .... INTESABCI IT e 4,44 + 0,68 KINGSTON COM GB 1,95 – 0,84 (Publicite´) ST JAMES’S PLAC GB 6,96 – 0,47 OCE NL e 14,60 + 3,18 BCA LOMBARDA IT e 9,98 + 0,30 KONINKLIJKE KPN NL e 13,02 – 0,61 STOREBRAND NO 8,62 .... OLIVETTI IT e 2,47 + 0,82 BCA P.BERG.-C.V IT e 19,60 + 0,36 KPNQWEST NV -C- NL e 14,88 – 0,13 SWISS LIFE REG CH 801,62 .... PSION GB 2,35 – 2,07 BCA P.MILANO IT e 4,60 + 0,44 LIBERTEL NV NL e 11,95 + 0,42 TOPDANMARK DK 30,83 .... SAGE GRP GB 5,04 + 0,33 B.P.EMILIA ROMA IT e 37,20 – 0,27 MANNESMANN N DE e 125 – 0,99 ZURICH FINL SVC CH 419,80 .... SAGEM FR e 90 + 0,67 B.P.NOVARA IT e 7,82 – 0,64 MOBILCOM DE e 19,85 – 0,20 f DJ E STOXX INSU P 393,79 + 0,87 SAP AG DE e 178,10 + 0,06 B.P.LODI IT e 12,02 – 0,08 PANAFON HELLENI GR 7,26 + 0,83 À NOS ABONNÉS SAP VZ DE e 179 – 0,22 BCA ROMA IT e 4,42 .... PT TELECOM SGPS PT e 9,71 + 0,73 SEMA GB 9,24 .... BCO POPULAR ESP ES e 39,40 – 0,13 SONERA FI e 10,98 .... MEDIAS SEZ HLDG N CH 726,96 .... BCP R PT e 4,71 – 0,63 SWISSCOM N CH 288,17 .... SIEMENS AG N DE e 90,55 + 0,39 BIPOP CARIRE IT e 4,74 + 0,42 T.I.M. IT e 7,52 + 0,80 Pour vos changements d’adresse BSKYBGROUP GB 12,72 + 0,79 MB SOFTWARE DE e 3,70 .... BK OF SCOTLAND GB 13,47 + 0,99 SONG NETWORKS SE 3,91 .... CANAL PLUS FR e 3,80 + 0,53 SPIRENT GB 5,12 – 0,32 BNL IT e 3,74 + 0,54 TDC -B- DK 43,50 .... CAPITAL RADIO GB 12,51 – 2,58 STMICROELEC SIC FR e 46,90 + 0,11 BNP PARIBAS FR e 104,50 – 0,38 TELE2 -B- SE 46,29 .... ou suspensions d’abonnement CAPITAL SHOPPIN GB 6,38 .... TECNOST IT e 2,83 .... BSCH R ES e 11,18 – 0,97 TELECEL PT e 11,48 – 0,17 CARLTON COMMUNI GB 6,51 + 0,26 THINK TOOLS CH 33,07 .... CHRISTIANIA BK NO 6,14 .... TELECOM ITALIA IT e 12 + 0,33 DLY MAIL & GEN GB 13,75 + 3,11 THUS GB 1,03 .... COMIT IT e 6,16 .... TELECOM ITALIA IT e 6,72 + 0,60 durant vos vacances ELSEVIER NL e 14,55 – 0,34 TIETOENATOR FI e 35,39 .... COMM.BANK OF GR GR 53,86 + 0,30 TELIA SE 6,63 .... EMAP PLC GB 13,32 – 0,12 f DJ E STOXX TECH P 684,80 + 0,28 COMMERZBANK DE e 32,05 + 0,47 TISCALI IT e 14,79 + 0,61 FOX KIDS EUROPE NL e 9,60 – 2,54 CREDIT LYONNAIS FR e 41,45 + 0,36 VERSATEL TELECO NL e 5,38 – 1,28 FUTURE NETWORK GB 1,26 .... DANSKE BANK DK 18,43 .... VODAFONE GROUP GB 3,28 + 1,02 GRANADA GB 2,90 + 1,16 SERVICES COLLECTIFS DEUTSCHE BANK N DE e 93,95 + 0,48 f DJ E STOXX TCOM P 624,42 + 0,47 GRUPPO L’ESPRES IT e 5,30 .... DEXIA BE e 178,20 + 0,56 un seul numéro GWR GROUP GB 6,84 – 1,67 ACEA IT e 10,10 + 0,80 DNB HOLDING -A- NO 4,98 .... HAVAS ADVERTISI FR e 16,50 + 1,41 AEM IT e 2,81 + 0,72 DRESDNER BANK N DE e 51,05 + 0,59 CONSTRUCTION INDP NEWS AND M IR e 2,60 + 1,17 ANGLIAN WATER GB 10 .... EFG EUROBK ERGA GR 17,24 + 1,06 0803 022 021 INFORMA GROUP GB 8,76 + 3,73 BRITISH ENERGY GB 4,59 + 0,73 ACCIONA ES e 41,38 + 0,32 ERSTE BANK AT e 57,80 .... LAGARDERE SCA N FR e 66,30 – 0,15 CENTRICA GB 3,98 + 0,42 ACS ES e 31,24 – 0,03 ESPIRITO SANTO PT e 15,21 + 0,73 LAMBRAKIS PRESS GR 10,98 – 0,36 EDISON IT e 11,15 + 0,18 AGGREGATE IND GB 1,49 + 1,12 (0,99 F TTC/mn) FOERENINGSSB A SE 13,92 .... M6 METROPOLE TV FR e 33,91 – 0,26 ELECTRABEL BE e 235,70 + 0,68 AKTOR SA GR 8,06 – 1,47 HALIFAX GROUP GB 13,35 + 1,13 MEDIASET IT e 11,72 + 0,09 ELECTRIC PORTUG PT e 2,99 .... AMEY GB 6,44 + 0,26 HSBC HLDG GB 14,97 + 1,01 MODERN TIMES GR SE 32,70 .... ENDESA ES e 18,66 + 0,54 UPONOR -A- FI e 18 .... IKB DE e 15,95 + 0,31 MONDADORI IT e 10,21 + 1,19 ENEL IT e 3,63 + 1,11 AUREA R ES e 20,35 – 0,34 KBC BANCASSURAN BE e 43,39 – 0,25 CDB WEB TECH IN IT e 4,37 + 0,23 NRJ GROUP FR e 19,15 – 0,52 EVN AT e 30,10 .... ACESA R ES e 11,25 – 0,35 E´NERGIE LLOYDS TSB GB 12,03 + 0,28 CGIP FR e 48,56 – 0,49 PEARSON GB 23,16 – 0,43 FORTUM FI e 5,30 .... BLUE CIRCLE IND GB 7,72 .... MONTE PASCHI SI IT e 3,97 + 1,53 COOKSON GROUP P GB 2,87 – 6,49 PRISA ES e 13,98 .... GAS NATURAL SDG ES e 18,54 + 0,65 BOUYGUES FR e 46,36 + 1,78 BG GROUP GB 4,60 + 0,36 NAT BANK GREECE GR 43,82 – 0,32 DAMPSKIBS -A- DK 8512,86 .... PROSIEBEN SAT.1 DE e 20,10 + 3,08 HIDRO CANTABRIC ES e 26,81 + 0,11 BPB GB 4,36 – 1,87 BP GB 10,35 + 0,16 NATEXIS BQ POP. FR e 98,80 – 0,20 e DAMPSKIBS -B- DK 9451,29 .... PT MULTIMEDIA R PT e 14,82 – 1,20 IBERDROLA ES e 15,78 + 0,51 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,59 – 0,75 CEPSA ES 13,26 + 0,38 NORDEA SE 6,74 .... e DAMSKIBS SVEND DK 12534,69 .... PUBLICIS GROUPE FR e 38,02 .... INNOGY HOLDINGS GB 3,53 + 0,47 BUZZI UNICEM IT e 11,37 – 1,98 COFLEXIP FR 163,90 – 1,86 ROLO BANCA 1473 IT e 19,11 + 0,63 e E.ON AG DE e 58,80 + 3,16 PUBLIGROUPE N CH 488,57 .... ITALGAS IT e 5,26 .... NOVAR GB 3,01 + 0,55 DORDTSCHE PETRO NL 57,80 .... ROYAL BK SCOTL GB 27,56 + 0,85 e EADS SICO. FR e 23,88 – 0,29 REED INTERNATIO GB 10,20 – 0,48 KELDA GB 6,18 + 1,63 CRH PLC GB 33,96 – 0,63 ENI IT 7,54 + 0,94 S-E-BANKEN -A- SE 11,27 .... ELECTROCOMPONEN GB 10,35 – 4,58 REUTERS GROUP GB 17,39 – 1,78 NATIONAL GRID G GB 9,67 + 1,74 CIMPOR R PT e 24,70 + 2,32 ENTERPRISE OIL GB 10,27 + 1,31 SAN PAOLO IMI IT e 16,19 + 1,63 EPCOS DE e 77,30 – 0,64 RTL GROUP LU e 69,95 + 7,62 INTERNATIONAL P GB 4,85 – 0,34 COLAS FR e 68,90 + 0,29 HELLENIC PETROL GR 9,14 + 0,22 STANDARD CHARTE GB 16,22 + 0,62 EUROTUNNEL FR e 1,31 + 0,77 SMG GB 3,45 – 1,89 OESTERR ELEKTR AT e 111,02 .... GRUPO DRAGADOS ES e 14,58 + 3,48 LASMO GB 2,98 .... STE GENERAL-A- FR e 73,80 + 0,61 EXEL GB 13,62 – SOGECABLE R ES e 25,70 + 0,59 PENNON GROUP GB 9,84 + 2,24 FCC ES e 23,97 – 0,13 LATTICE GROUP GB 2,19 + 0,76 0,36 SV HANDBK -A- SE 16,96 .... e XANSA GB 6,34 + TAYLOR NELSON S GB 4,17 – 1,18 POWERGEN GB 11,88 + 0,28 GRUPO FERROVIAL ES e 19,27 – 0,67 OMV AG AT 110,76 .... 0,79 SWEDISH MATCH SE 5,36 .... TELEFONICA ES e 18,15 .... SCOTTISH POWER GB 8,23 + 0,81 HANSON PLC GB 8,56 + 1,37 PETROLEUM GEO-S NO 13,34 .... GROUP 4 FALCK DK 135,40 .... UBS N CH 180,43 .... e e + TELEWEST COMM. GB 2,10 .... SEVERN TRENT GB 11,28 + 0,59 HEIDELBERGER ZE DE e 59 + 0,43 REPSOL YPF ES 21,60 – 0,51 FINMECCANICA IT 1,26 0,80 UNICREDITO ITAL IT e 5,42 – 0,18 e e TF1 FR e 41,36 + 0,63 SUEZ FR e 36,27 + 1,09 HELL.TECHNODO.R GR 7,20 + 1,12 ROYAL DUTCH CO NL 70,64 + 0,48 FINNLINES FI 26 .... UNIDANMARK -A- DK 85,80 .... e TRINITY MIRROR GB 7,75 .... SYDKRAFT -A- SE 25,96 .... HERACLES GENL R GR 14,16 – 0,28 SAIPEM IT 7,34 + 1,24 FKI GB 3,98 – 2,83 f DJ E STOXX BANK P 333,05 + 0,11 UNITED PAN-EURO NL e 6,98 + 0,29 SYDKRAFT -C- SE 20,55 .... HOCHTIEF ESSEN DE e 24,80 + 0,61 SHELL TRANSP GB 10,12 + 0,16 FLS IND.B DK 15,55 .... e e UTD BUSINESS ME GB 11,81 .... THAMES WATER GB 20,21 .... HOLCIM CH 1300,02 .... TOTAL FINA ELF FR 173,70 + 0,12 FLUGHAFEN WIEN AT 37,94 .... e e VIVENDI UNIVERS FR e 79 + 0,51 FENOSA ES e 21,10 – 0,19 IMERYS FR e 122,70 – 1,76 IHC CALAND NL 58,75 + 0,26 GAMESA ES 26,50 + 0,38 PRODUITS DE BASE + VNU NL e 48,73 – 0,51 UNITED UTILITIE GB 10,39 + 2,12 ITALCEMENTI IT e 10,15 + 0,50 f DJ E STOXX ENGY P 380,82 0,34 GKN GB 12,72 – 0,65 e WOLTERS KLUWER NL e 32,20 + 0,53 VIRIDIAN GROUP GB 11,03 + 3,10 ACERALIA ES e 14,86 – 1,59 LAFARGE FR e 109,90 + 0,18 HAGEMEYER NV NL 24,85 – 1 WPP GROUP GB 13,58 – 0,49 f DJ E STOXX PO SUP P 314,87 + 1,44 ACERINOX R ES e 36,83 + 0,38 MICHANIKI REG. GR 3,08 + 1,99 HALKOR GR 4,40 + 0,46 f DJ E STOXX MEDIA P 423,11 + 0,40 ALUMINIUM GREEC GR 42,96 + 0,05 PILKINGTON PLC GB 1,97 – 0,83 HAYS GB 5,32 – 2,13 e ANGLO AMERICAN GB 20,42 + 0,24 RMC GROUP PLC GB 12,32 – 0,80 HEIDELBERGER DR DE 61,10 + 0,16 ASSIDOMAEN AB SE 25,13 .... SAINT GOBAIN FR e 172,50 + 0,17 SERVICES FINANCIERS HUHTAMAEKI VAN FI e 28,80 .... e + IFIL IT e 7,92 + 0,25 BIENS DE CONSOMMATION BEKAERT BE 39,70 0,51 SKANSKA -B- SE 46,24 .... 3I GROUP GB 21,14 + 0,55 GB 6,36 – IMI PLC GB 4,19 – 0,78 AHOLD NL e 35,62 – 0,11 EURO BILLITON .... TAYLOR WOODROW GB 3,41 0,96 ALMANIJ BE e 41,10 + 0,07 BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,40 e + INDRA SISTEMAS ES e 24,50 .... ALTADIS ES e 14,83 – 0,47 ______.... TECHNIP FR 177 1,96 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... GB 7,57 + + IND.VAERDEN -A- SE 21,76 .... AMADEUS GLOBAL ES e 7,52 + 1,90 BUNZL PLC 0,22 TITAN CEMENT RE GR 42,10 1,45 AMVESCAP GB 22,06 – 0,45 – e + INVESTOR -A- SE 15,19 .... ATHENS MEDICAL GR 5,20 – 0,38 NOUVEAU CORUS GROUP GB 1,28 4,94 VINCI FR 71,80 1,13 BHW HOLDING AG DE e 31,95 + 1,11 GR 4,10 + e INVESTOR -B- SE 15,19 .... AUSTRIA TABAK A AT e 74,50 .... ELVAL 0,49 WIENERB BAUSTOF AT 19,63 .... BPI R PT e 3,15 – 0,94 SE 22,21 f + ISS DK 67,30 .... AVIS EUROPE GB 2,60 – 3,09 ´ HOLMEN -B- .... DJ E STOXX CNST P 247,35 0,45 BRITISH LAND CO GB 8,32 + 0,80 MARCHE NL e 4,15 – JOT AUTOMATION FI e 1,18 .... BEIERSDORF AG DE e 112 – 0,88 ISPAT INTERNATI 2,12 CANARY WHARF GR GB 9,01 + 1,12 JOHNSON MATTHEY GB 16,91 – 3,68 KINNEVIK -B- SE 27,29 .... BIC FR e 43,91 + 0,83 Cours % Var. CAPITAL SHOPPIN GB 6,38 .... 12 h 29 AT e 54,74 CONSOMMATION CYCLIQUE COPENHAGEN AIRP DK 93,84 .... BRIT AMER TOBAC GB 8,81 + 0,38 24/05 f en euros 23/05 MAYR-MELNHOF KA .... CATTLES ORD. GB 5,20 – 3,68 FI e 8,50 KONE B FI e 85 .... CASINO GP FR e 102,60 + 0,59 M-REAL -B- .... ACCOR FR e 50,80 + 0,20 CLOSE BROS GRP GB 16,86 + 0,79 FI e 10,30 LEGRAND FR e 249 + 0,16 CLARINS FR e 89,40 – 0,45 OUTOKUMPU .... ADIDAS-SALOMON DE e 71,20 + 0,28 COBEPA BE e 66 + 2,33 AMSTERDAM FR e 63,90 + LINDE AG DE e 51,95 + 1,27 DELHAIZE BE e 64,30 – 0,31 PECHINEY-A- 1,03 AGFA-GEVAERT BE e 17,86 + 1,08 CONSORS DISC-BR DE e 28,58 – 0,07 AIRSPRAY NV 22 + 0,23 FI e 4,70 MAN AG DE e 28,15 + 0,54 COLRUYT BE e 40,84 + 0,84 RAUTARUUKKI K .... AIR FRANCE FR e 21,97 + 0,41 CORP FIN ALBA ES e 26,55 + 1,53 ANTONOV 0,55 + 5,77 GB 23,77 + MG TECHNOLOGIES DE e 13 FIRSTGROUP GB 5,45 + 1,86 RIO TINTO 1,06 AIRTOURS PLC GB 4,82 – 0,34 CS GROUP N CH 217,43 ...... C/TAC 3,25 .... GR 3,50 + e FREESERVE GB 1,57 .... SIDENOR 1,74 ALITALIA IT e 1,72 – 0,58 DEPFA-BANK DE e 81,75 – 0,18 WARTSILA CORP A FI 25,20 .... CARDIO CONTROL 2,76 – 3,16 GR 22,84 + e GALLAHER GRP GB 7,45 .... SILVER & BARYTE 0,88 AUSTRIAN AIRLIN AT e 10,91 .... DIREKT ANLAGE B DE e 25,30 + 1,61 METSO FI 12,35 .... CSS 23,90 .... GB 2,25 – GIB BE e 45 .... SMURFIT JEFFERS .... AUTOGRILL IT e 12,90 – 0,39 DROTT -B- SE 12,98 .... MORGAN CRUCIBLE GB 5,17 1,58 HITT NV 8,20 .... FI e 13,20 GIVAUDAN N CH 316,65 .... STORA ENSO -A- .... BANG & OLUFSEN DK 34,86 .... EURAZEO FR e 69,50 + 0,29 TELE2 -B- SE 46,29 .... INNOCONCEPTS NV 19,25 .... FI e 13,26 + HENKEL KGAA VZ DE e 73,20 + 1,24 STORA ENSO -R- .... BASS GB 12,97 .... FINAXA FR e 119 .... NKT HOLDING DK 24,80 0,54 NEDGRAPHICS HOLD 8,50 + 4,29 SE 25,58 IMPERIAL TOBACC GB 12,72 + 0,66 SVENSKA CELLULO .... BENETTON GROUP IT e 16,55 .... FORTIS (B) BE e 29,33 + 0,48 EXEL GB 13,62 – 0,36 SOPHEON 1,36 – 1,45 DE e 18 + JERONIMO MARTIN PT e 7,97 – 0,25 THYSSENKRUPP 1,12 BERKELEY GROUP GB 13,40 – 1,70 FORTIS (NL) NL e 29,28 + 0,51 PACE MICRO TECH GB 8,48 – 1,54 PROLION HOLDING 94 .... BE e 49,30 + e KESKO -B- FI e 8,70 .... UNION MINIERE 0,10 BRITISH AIRWAYS GB 6,28 .... GECINA FR e 100,50 – 0,59 PARTEK FI 11,55 .... RING ROSA 0,05 .... FI e 37,20 L’OREAL FR e 79,25 + 3,12 UPM-KYMMENE COR .... BULGARI IT e 13,40 – 1,83 GIMV BE e 42,10 .... PENINS.ORIENT.S GB 5 – 0,66 RING ROSA WT 0,02 .... FR e 14,99 – e LAURUS NV NL e 7,70 .... USINOR 0,73 CHRISTIAN DIOR FR e 49,07 – 0,37 GREAT PORTLAND GB 5,04 – 0,65 PERLOS FI 16,25 .... UCC GROEP NV 6,85 .... GR 11 + MORRISON SUPERM GB 3,30 + 0,51 VIOHALCO 1,10 CLUB MED. FR e 82,20 + 0,31 HAMMERSON GB 8,30 + 0,60 PREMIER FARNELL GB 5,38 – 11,20 AT e 32,85 RECKITT BENCKIS GB 15,22 – 0,11 VOEST-ALPINE ST .... COMPASS GROUP GB 8,80 – 0,38 ING GROEP NL e 76,25 – 0,70 RAILTRACK GB 7,49 – 5,24 FR e 19,80 e SAFEWAY GB 6,18 + 0,81 WORMS N .... DT.LUFTHANSA N DE e 22,45 – 1,32 LAND SECURITIES GB 14,96 + 1,46 RANDSTAD HOLDIN NL 14,70 .... BRUXELLES f 198,02 + 0,18 SAINSBURY J. PL GB 7,11 + 0,47 DJ E STOXX BASI P ELECTROLUX -B- SE 17,79 .... LIBERTY INTL GB 8,91 + 0,19 RENTOKIL INITIA GB 3,16 + 0,53 STAGECOACH HLDG GB 1,04 – 3,08 ARTHUR 5 .... EM.TV & MERCHAN DE e 4,44 + 0,45 MAN GROUP GB 14,84 – 0,44 REXAM GB 5,15 – 0,32 e ENVIPCO HLD CT 0,48 .... e REXEL FR e 77,90 + 0,52 T-ONLINE INT DE 13,05 .... EMI GROUP GB 7,67 .... MARSCHOLLEK LAU DE 130,50 – 0,76 FARDIS B 18,80 .... CHIMIE e TERRA LYCOS ES e 9,87 + 0,92 EURO DISNEY FR e 0,90 .... MEDIOBANCA IT e 13,10 – 0,38 RHI AG AT 21,20 .... TESCO PLC GB 4,03 – 0,41 INTERNOC HLD 0,56 – 5,08 AIR LIQUIDE FR e 168,30 + 0,78 HERMES INTL FR e 166,80 + 0,12 METROVACESA ES e 17,99 + 0,78 RIETER HLDG N CH 284,24 .... TNT POST GROEP NL e 25,45 – 0,20 INTL BRACHYTHER B 9,20 .... AKZO NOBEL NV NL e 48,80 – 0,22 HILTON GROUP GB 3,99 – 0,41 MONTEDISON IT e 2,90 – 1,69 ROLLS ROYCE GB 3,79 – 3,78 WANADOO FR e 7,13 – 0,70 LINK SOFTWARE B 3,80 .... BASF AG DE e 49,40 + 0,10 HDP IT e 4,60 – 0,65 PERPETUAL PLC GB 64,07 .... SANDVIK SE 25,47 .... WORLD ONLINE IN NL e 7,80 .... BAYER AG DE e 47,25 – 0,11 HUNTER DOUGLAS NL e 30,55 .... PROVIDENT FIN GB 13,19 – 0,50 SAURER ARBON N CH 495,12 .... f DJ E STOXX N CY G P 412,99 + 0,82 BOC GROUP PLC GB 17,67 – 0,09 KLM NL e 22,20 + 0,23 REALDANMARK DK 71,05 .... SCHNEIDER ELECT FR e 74,75 + 0,13 e CODES PAYS ZONE EURO e + e + e SEAT PAGINE GIA IT e 1,19 + 1,71 CELANESE N DE 25,60 0,79 LVMH FR 69 0,66 RODAMCO EUROPE NL 44,85 – 0,99 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne e e + SECURICOR GB 2,93 – 1,12 CIBA SPEC CHIMI CH 71,22 .... MEDION DE 104,50 .... RODAMCO NORTH A NL 47,35 0,21 COMMERCE DISTRIBUTION IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CLARIANT N CH 332,05 .... MOULINEX FR e 3,95 – 1,25 SCHRODERS GB 16,80 – 0,59 SECURITAS -B- SE 22,26 .... LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche DEGUSSA-HUELS DE e 37,60 .... NH HOTELES ES e 14,30 – 0,35 SIMCO N FR e 76,15 + 0,20 SERCO GROUP GB 7,82 – 0,63 ALLIANCE UNICHE GB 9,18 + 0,73 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DSM NL e 44,25 + 0,34 NXT GB 7,11 + 0,94 SLOUGH ESTATES GB 6,18 – 0,53 SGL CARBON DE e 49,90 + 2,25 AVA ALLG HAND.G DE e 40,50 .... EMS-CHEM HOLD A CH 4843,15 .... P & O PRINCESS GB 6,03 – 0,27 UNIBAIL FR e 189,10 .... SHANKS GROUP GB 3,23 .... BOOTS CO PLC GB 9,69 + 0,86 CODES PAYS HORS ZONE EURO ICI GB 7,49 – 3 PERSIMMON PLC GB 5,91 + 0,28 VALLEHERMOSO ES e 7,43 – 0,93 SIDEL FR e 49,68 .... BUHRMANN NV NL e 19,40 + 1,04 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e e e KEMIRA FI 6,75 .... PREUSSAG AG DE 40,25 + 0,63 WCM BETEILIGUNG DE 18,95 + 0,26 INVENSYS GB 2,27 – 0,72 CARREFOUR FR 65,45 – 0,61 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KON. VOPAK NV NL e 26,30 + 0,77 RANK GROUP GB 3,89 + 3,07 f DJ E STOXX FINS P 285,28 – 0,29 SINGULUS TECHNO DE e 28,71 – 1,68 CASTO.DUBOIS FR e 255 .... FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 17

ALCATEL...... w 34,58 226,83 +0,96 34,25 EURO DISNEY ...... w 0,89 5,84 – 1,11 0,90 REMY COINTRE..... w 37,15 243,69 – 0,88 37,48 w w Compen- ALCATEL O ...... 27,40 179,73 – 1,08 ... EUROTUNNEL ...... 1,31 8,59 +0,77 1,30 RENAULT ...... 57 373,90 – 2,40 58,40 Cours Cours % Var. sation ALSTOM ...... w 31,50 206,63 – 2,11 32,18 FAURECIA...... w 60,20 394,89 +0,17 60,10 REXEL...... w 77,90 510,99 +0,52 77,50 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w 72,30 474,26 – 0,41 72,60 FIMALAC SA...... w 40,49 265,60 +1,15 40,03 RHODIA ...... w 14 91,83 ... 14,00 ATOS ORIGIN...... w 100,40 658,58 +0,40 100,00 F.F.P. (NY)...... ROCHETTE (LA ...... 8,17 53,59 ...... ADECCO ...... 70,25 460,81 +0,79 ... ARBEL...... FINAXA ...... ROYAL CANIN...... w 107,60 705,81 +0,37 107,20 AMERICAN EXP...... 52,70 345,69 +1,35 ... AVENTIS ...... w 85,55 561,17 +0,53 85,10 FIVES-LILLE ...... ROUGIER #...... 69 452,61 ...... AMVESCAP EXP...... b Le titre Alcatel est reparti à la hausse AXA ...... w 34,98 229,45 +0,60 34,77 FONC.LYON.#...... 33,10 217,12 – 0,15 ... RUE IMPERIAL...... 1705 11184,07 +0,29 ... ANGLOGOLD LT .... 44,30 290,59 – 1,56 ... avec un gain de 0,73 %, à 34,5 euros à BAIL INVESTI...... w 133 872,42 – 0,75 134,00 FRANCE TELEC ..... w 72,35 474,58 +0,98 71,65 SADE (NY) ...... 48,90 320,76 +0,85 ... A.T.T. #...... 24,12 158,22 ...... BAZAR HOT. V...... 134,10 879,64 ...... FROMAGERIES...... 505 3312,58 – 2,60 ... SAGEM S.A...... w 90 590,36 +0,67 89,40 BARRICK GOLD...... 20,70 135,78 +0,24 ... l’ouverture de la Bourse de Paris, jeudi BIC...... w 43,91 288,03 +0,83 43,55 GALERIES LAF ...... w 193,90 1271,90 – 0,62 195,10 SAGEM ADP...... 62,25 408,33 – 0,24 ... COLGATE PAL...... 69,80 457,86 +1,90 ... 24 mai. Mercredi, il avait perdu 5,26 % BIS ...... 167,50 1098,73 ...... GAUMONT # ...... 43,10 282,72 – 2,20 ... SAINT-GOBAIN...... w 172,50 1131,53 +0,17 172,20 CROWN CORK O.... 6,15 40,34 – 1,60 ... après la révélation d’une éventuelle fusion BNPPARIBAS...... w 104,60 686,13 – 0,29 104,90 GECINA...... w 100,50 659,24 – 0,59 101,10 SALVEPAR (NY ...... DE BEERS #...... 53,90 353,56 ...... BOLLORE...... w 233,50 1531,66 +2,10 228,70 GEOPHYSIQUE...... w 77 505,09 +0,92 76,30 SANOFI SYNTH...... w 72,70 476,88 – 0,07 72,75 DIAGO PLC...... 12,06 79,11 – 1,39 ... du groupe français d’équipements pour les BOLLORE INV...... 53,80 352,90 – 0,37 ... GFI INFORMAT ..... w 27,58 180,91 +1,47 27,18 SCHNEIDER EL...... w 74,80 490,66 +0,20 74,65 DOW CHEMICAL...... télécommunications avec l’américain BONGRAIN ...... 42,64 279,70 +1,16 ... GRANDVISION...... w 21,74 142,61 – 0,23 21,79 SCOR ...... w 51,60 338,47 +1,78 50,70 DU PONT NEMO ... 55,50 364,06 – 1,94 ... Lucent Technologies. BOUYGUES ...... w 46,36 304,10 +1,78 45,55 GROUPE ANDRE... 136 892,10 – 0,58 ... S.E.B...... w 59,20 388,33 +0,34 59,00 ECHO BAY MIN ...... 1,18 7,74 ...... BOUYGUES OFF..... w 59,05 387,34 – 0,08 59,10 GROUPE GASCO ... 87,20 571,99 – 0,91 ... SEITA...... w 48,30 316,83 ... 48,30 ELECTROLUX ...... 17,98 117,94 +2,16 ... b L’action Michelin, qui avait bondi la BULL# ...... w 3,15 20,66 +0,32 3,14 GR.ZANNIER ( ...... 93,60 613,98 – 1,42 ... SELECTIBAIL(...... 17,19 112,76 +0,23 ... ELF GABON...... 204,90 1344,06 – 1,49 ... veille de 5,32 %, bénéficiant de la fin des BUSINESS OBJ ...... w 43,60 286 +0,44 43,41 GROUPE PARTO.... 69,40 455,23 – 0,93 ... SIDEL EX.OPA ...... 48,50 318,14 +0,62 ... ERICSSON #...... w 8,10 53,13 +1,12 8,01 B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w 91 596,92 – 1,09 92,00 SILIC...... 170 1115,13 – 1,16 ... FORD MOTOR #..... 30,04 197,05 +3,59 ... relations commerciales entre le fabricant BURELLE (LY) ...... 73,45 481,80 +0,62 ... HAVAS ADVERT ..... w 16,45 107,90 +1,11 16,27 SIMCO...... w 76,15 499,51 +0,20 76,00 GENERAL ELEC ...... 59,95 393,25 +0,67 ... de pneumatiques Firestone et le groupe CANAL + ...... w 3,76 24,66 – 0,53 3,78 IMERYS ...... w 122,70 804,86 – 1,76 124,90 SKIS ROSSIGN ...... 17,05 111,84 +2,22 ... GENERAL MOTO.... 64,85 425,39 – 0,23 ... automobile Ford, était la plus demandée à CAP GEMINI...... w 149,90 983,28 +0,74 148,80 IMMOBANQUE ..... 142,50 934,74 – 0,97 ... SOCIETE GENE ...... w 73,75 483,77 +0,55 73,35 GOLD FIELDS...... 5,69 37,32 – 0,87 ... CARBONE-LORR.... w 48,50 318,14 – 0,61 48,80 IMMEUBLES DE ...... SODEXHO ALLI ...... w 52,65 345,36 +1,74 51,75 HARMONY GOLD .. 6,60 43,29 – 5,04 ... l’ouverture jeudi. Elle s’échangeait à 42,40 CARREFOUR ...... w 65,40 429 – 0,68 65,85 INFOGRAMES E .... w 22,98 150,74 +0,13 22,95 SOGEPARC (FI ...... HITACHI # ...... 13 85,27 +2,77 ... euros. CASINO GUICH...... w 102,60 673,01 +0,59 102,00 IM.MARSEILLA ...... 3275 21482,59 – 0,76 ... SOMMER-ALLIB ...... HSBC HOLDING .... w 14,95 98,07 +1,56 14,72 b L’action Crédit lyonnais, qui a annoncé CASINO GUICH...... 70,40 461,79 +1,15 ... INGENICO ...... w 25,80 169,24 +1,18 25,50 SOPHIA ...... w 32,35 212,20 – 0,31 32,45 I.B.M...... w 135,90 891,45 – 0,59 136,70 CASTORAMA DU ... w 261,80 1717,30 +0,31 261,00 ISIS...... w 118 774,03 – 1,67 120,00 SOPRA # ...... w 78,95 517,88 – 1,44 80,10 I.C.I...... mercredi après la clôture une baisse de CEA INDUSTRI...... 230,50 1511,98 – 1,58 ... KAUFMAN ET B..... w 22,10 144,97 ... 22,10 SPIR COMMUNI .... w 88,90 583,15 +0,11 88,80 ITO YOKADO # ...... 61,85 405,71 ...... 13,9 % de son bénéfice net au premier tri- CEGID (LY) ...... 115 754,35 +0,44 ... KLEPIERRE ...... w 104 682,20 ... 104,00 SR TELEPERFO ...... w 28,39 186,23 +0,35 28,29 I.T.T. INDUS ...... w w mestre 2001, à 260 millions d’euros, a cédé CFF.RECYCLIN ...... 47,80 313,55 +0,10 ... LAFARGE ...... 109,90 720,90 +0,18 109,70 STUDIOCANAL ...... 12,01 78,78 – 1,96 ... KINGFISHER P ...... 7,38 48,41 – 0,40 7,41 CGIP ...... w 48,56 318,53 – 0,49 48,80 LAGARDERE ...... w 66,30 434,90 – 0,15 66,40 SUCR.PITHIVI ...... MATSUSHITA...... 22,01 144,38 – 0,41 ... 0,61 %, à 41,05 euros après l’ouverture, jeu- CHARGEURS...... 83 544,44 +1,10 ... LAPEYRE ...... w 58,80 385,70 +2,62 57,30 SUEZ LYON.DE ...... w 36,30 238,11 +1,17 35,88 MC DONALD’S...... 35,25 231,22 +0,40 ... di, dans un marché calme en ce jour de l’As- CHRISTIAN DA ...... LEBON (CIE) ...... TAITTINGER ...... 827 5424,76 – 0,72 ... MERK AND CO...... 87,10 571,34 +1,87 ... CHRISTIAN DI...... w 49,07 321,88 – 0,37 49,25 LEGRAND ...... w 249 1633,33 +0,16 248,60 THALES ...... w 50,50 331,26 +2,39 49,32 MITSUBISHI C...... 9,38 61,53 +0,86 ... cension. Le Crédit lyonnais a pâti de l’impor- CIC -ACTIONS ...... 118,30 776 +0,17 ... LEGRAND ADP...... 184,30 1208,93 – 1,29 ... TF1...... w 41,36 271,30 +0,63 41,10 NESTLE SA #...... w 2419,50 15870,88 – 0,31 2427,00 tant recul des revenus de sa banque d’inves- CIMENTS FRAN ..... w 54,45 357,17 – 0,46 54,70 LEGRIS INDUS ...... w 53,85 353,23 +1,80 52,90 TECHNIP...... w 177 1161,04 +1,96 173,60 NORSK HYDRO...... 47,50 311,58 – 0,84 ... tissement, dans un environnement de mar- CLARINS...... w 89,40 586,43 – 0,45 89,80 LIBERTY SURF...... w 6,30 41,33 +3,28 6,10 THOMSON MULT . w 51,80 339,79 +1,17 51,20 PFIZER INC...... 50,45 330,93 +0,90 ... CLUB MEDITER ..... w 82,30 539,85 +0,43 81,95 LOCINDUS...... 135,80 890,79 – 0,07 ... TOTAL FINA E ...... w 173,90 1140,71 +0,23 173,50 PHILIP MORRI ...... 57,55 377,50 – 0,35 ... ché dégradé. CNP ASSURANC .... w 35,25 231,22 +0,97 34,91 L’OREAL...... w 79 518,21 +2,80 76,85 TRANSICIEL # ...... w 55,90 366,68 – 1,06 56,50 PROCTER GAMB .... 75,55 495,58 +1,82 ... bLe titre M6 restait stable, peu après COFACE...... w 84,75 555,92 – 1,45 86,00 LOUVRE #...... 95,20 624,47 – 2,56 ... UBI SOFT ENT ...... w 46,51 305,09 – 0,81 46,89 RIO TINTO PL...... 23,78 155,99 +0,34 ... l’ouverture, avec un très léger repli de COFLEXIP ...... w 163,90 1075,11 – 1,86 167,00 LVMH MOET HE.... w 69,10 453,27 +0,80 68,55 UNIBAIL ...... w 189,10 1240,41 ... 189,10 SCHLUMBERGER... 76 498,53 ...... COLAS...... w 68,90 451,95 +0,29 68,70 MARINE WENDE... w 83,30 546,41 +0,36 83,00 UNILOG ...... w 99 649,40 ... 99,00 SEGA ENTERPR...... 25,75 168,91 ...... 0,01 %, à 33,99 euros. L’action de la chaîne CONTIN.ENTRE...... MAUREL ET PR...... 11,25 73,80 – 0,27 ... USINOR...... w 15 98,39 – 0,66 15,10 SHELL TRANSP ...... 10,05 65,92 ...... de télévision privée restait soutenue grâce à CPR...... 58 380,46 ...... METALEUROP ...... 5,75 37,72 – 0,86 ... VALEO ...... w 51,90 340,44 +0,39 51,70 SONY CORP. # ...... w 95,95 629,39 – 1,08 97,00 CRED.FON.FRA...... 13,50 88,55 – 0,74 ... MICHELIN ...... w 42,26 277,21 – 0,33 42,40 VALLOUREC ...... w 70,05 459,50 +0,07 70,00 T.D.K. # ...... 72,50 475,57 +3,65 ... la diffusion de son émission phare « Loft CREDIT LYONN ..... w 41,38 271,44 +0,19 41,30 MARIONNAUD P .. 129 846,18 – 1,45 ... VIA BANQUE ...... 40 262,38 ...... TOSHIBA #...... 7,30 47,88 – 1,35 ... Story ». CS COM.ET SY...... 8,69 57 +1,05 ... MONTUPET SA...... 18,47 121,16 +0,38 ... VICAT...... 63,85 418,83 – 0,78 ... UNITED TECHO..... 98,90 648,74 +0,87 ... DAMART ...... 78,55 515,25 – 3,02 ... MOULINEX ...... 3,95 25,91 – 1,25 ... VINCI...... w 71,80 470,98 +1,13 71,00 ZAMBIA COPPE...... 0,61 4 ...... DANONE...... w 146,10 958,35 +1,04 144,60 NATEXIS BQ P ...... w 98,80 648,09 – 0,20 99,00 VIVENDI ENVI...... w 50 327,98 – 0,60 50,30 ...... DASSAULT-AVI...... 291 1908,83 +0,34 ... NEOPOST ...... w 29 190,23 ... 29,00 VIVENDI UNIV ...... w 79,05 518,53 +0,57 78,60 ´ DASSAULT SYS...... w 58 380,46 +0,35 57,80 NORBERT DENT ... 23,60 154,81 – 0,34 ... WANADOO...... w 7,12 46,70 – 0,84 7,18 ABRE´VIATIONS PREMIER MARCHE DE DIETRICH...... NORD-EST...... 28,80 188,92 – 1,37 ... WORMS (EX.SO...... 19,80 129,88 ...... ______+ w – w + B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. DEVEAUX(LY)# ...... 85,10 558,22 0,12 ... NRJ GROUP...... 19,15 125,62 0,52 19,25 ZODIAC...... 276,20 1811,75 0,80 274,00 DEV.R.N-P.CA...... OBERTHUR CAR.... w 16,75 109,87 – 1,47 17,00 ...... SYMBOLES JEUDI 24 MAI Cours a` 12 h 30 DMC (DOLLFUS..... 11,60 76,09 – 0,85 ... OLIPAR...... 9,20 60,35 +0,66 ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; DYNACTION ...... 26,49 173,76 +1,49 ... ORANGE ...... w 11,37 74,58 +0,26 11,34 ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 mai w EIFFAGE ...... 80,65 529,03 +1,13 79,75 OXYG.EXT-ORI...... 425 2787,82 – 0,02 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; w + w + ELIOR ...... 13,80 90,52 0,66 13,71 PECHINEY ACT...... 63,95 419,48 1,11 63,25 ...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service Compen- Cours Cours % Var. ELEC.MADAGAS..... 21 137,75 ...... PECHINEY B P ...... 59,90 392,92 – 1,80 ...... sation de re`glement diffe´re´. France f en euros en francs veille ENTENIAL(EX...... 30,50 200,07 ...... PENAUILLE PO...... w 61,45 403,09 – 0,08 61,50 ...... (1) ERAMET ...... w 44,55 292,23 – 0,89 44,95 PERNOD-RICAR .... w 78,75 516,57 +0,96 78,00 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : ACCOR ...... w 51 334,54 +0,59 50,70 ERIDANIA BEG...... w 100,40 658,58 – 0,10 100,50 PEUGEOT ...... w 328,90 2157,44 – 1,26 333,10 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : AGF ...... w 68 446,05 +1,19 67,20 ESSILOR INTL ...... w 334 2190,90 +1,21 330,00 PINAULT-PRIN...... w 210,90 1383,41 +0,29 210,30 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE(EXIMM ..... 40,90 268,29 +0,49 ... ESSO ...... 86,60 568,06 ...... PLASTIC OMN...... w 99,60 653,33 – 0,70 100,30 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AIR FRANCE G ...... w 21,97 144,11 +0,41 21,88 EULER...... w 55 360,78 – 0,54 55,30 PSB INDUSTRI ...... 83,95 550,68 – 0,06 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR LIQUIDE ...... w 168,70 1106,60 +1,02 167,00 EURAZEO ...... w 69,55 456,22 +0,36 69,30 PUBLICIS GR...... w 38,22 250,71 +0,53 38,02 ......

COALA # ...... 19,95 130,86 – 0,25 GENSET ...... w 15,24 99,97 – 0,26 MICROPOLE...... 8,40 55,10 – 5,51 GFI INDUSTRI...... 31,50 206,63 – 0,35 COHERIS ATIX...... 26,61 174,55 – 1,44 GL TRADE #...... 42 275,50 +2,44 MONDIAL PECH... 4,63 30,37 ... GRAND MARNIE .. 7250 47556,88 – 4,70 NOUVEAU COIL...... 17,84 117,02 ... GUILLEMOT # ...... 36,90 242,05 – 0,24 MULTIMANIA ...... 5,60 36,73 +5,66 SECOND GROUPE BOURB... 45,70 299,77 – 0,22 CION ET SYS...... 4,01 26,30 +0,25 GUYANOR ACTI .... 0,28 1,84 ... NATUREX ...... 13,20 86,59 ... ______GROUPE CRIT ...... 23,74 155,72 +4,63 ´ CONSODATA # ..... 17,40 114,14 +0,29 HF COMPANY ...... 56 367,34 – 1,23 NET2S # ...... 15,41 101,08 – 4,29 GROUPE J.C.D...... 150 983,94 – 0,20 MARCHE CONSODATA AC .. d 19,50 127,91 ... HIGH CO.#...... 113 741,23 ... NETGEM...... w 9,10 59,69 +1,45 ´ HERMES INTL...... w 166,80 1094,14 +0,12 CONSORS FRAN .. 5,49 36,01 – 1,08 HIGH CO NOUV.... d 89 583,80 ... NETVALUE # ...... 2,65 17,38 – 3,99 MARCHE HYPARLO #(LY ...... 33,30 218,43 +4,06 JEUDI 24 MAI CROSS SYSTEM.... 5,11 33,52 +2,20 HIGH BON DE ...... 6 39,36 ... NEURONES #...... 4,27 28,01 ... IMS(INT.META ...... 8,98 58,90 – 0,33 CRYO # ...... 7,80 51,16 +2,50 HIGHWAVE OPT ... w 30,60 200,72 +1,66 NICOX #...... 73,40 481,47 +4,86 JEUDI 24 MAI INTER PARFUM .... 73,70 483,44 +1,38 d d Une se´ lection. Cours releve´sa` 12 h 30 CRYO NV...... 6,25 41 ... HIGHWAVE OPT ... 30,91 202,76 ... OLITEC...... 24,90 163,33 – 0,40 JET MULTIMED .... 39,80 261,07 – 1,49 CRYONETWORKS. 3,20 20,99 ... HIMALAYA ...... 8,60 56,41 ... OPTIMS # ...... 3,43 22,50 +4,57 Une se´ lection. Cours releve´sa` 12 h 30 LABOR.ARKOPH.... 143 938,02 +0,35 CYBERDECK # ...... 1,30 8,53 ... HI MEDIA ...... 2,10 13,78 – 2,33 OXIS INTL RG ...... d 0,33 2,16 ... LAURENT-PERR .... 33,85 222,04 – 0,44 Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 20 131,19 +0,05 HOLOGRAM IND.. 10,60 69,53 – 0,93 PERFECT TECH .... 17,50 114,79 +2,82 Cours Cours % Var. LDC ...... 135 885,54 ... Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 3,98 26,11 – 0,75 HUBWOO.COM ..... 3,15 20,66 +1,61 PERF.TECHNO...... d 0,41 2,69 ... LECTRA SYST...... 6,20 40,67 ... ABEL GUILLEM..... 13,85 90,85 +1,47 CYRANO #...... d 1,21 7,94 ... IB GROUP.COM .... 10,29 67,50 +7,52 PHARMAGEST I.... 18 118,07 – 2,39 AB GROUPE ...... 44 288,62 +1,15 LOUIS DREYFU ..... 10,45 68,55 +0,48 AB SOFT ...... 5,50 36,08 ... DALET # ...... 4,57 29,98 +2,70 IDP ...... d 1,87 12,27 ... PHONE SYS.NE..... d 2,65 17,38 ... ACTIELEC TEC ...... d 6,85 44,93 ... LVL MEDICAL...... 66 432,93 ... ACCESS COMME .. 8,25 54,12 – 1,79 DATASQUARE #.... d 4,01 26,30 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 14,70 96,43 +2,37 ALGECO #...... 112 734,67 ... M6-METR.TV A...... w 33,91 222,44 – 0,26 ADL PARTNER ...... 20,50 134,47 – 0,05 DATATRONIC ...... 3,58 23,48 +9,82 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 49,95 327,65 +8,94 ALTEDIA...... 51 334,54 – 1,92 MANITOU #...... 76,15 499,51 – 0,20 ALGORIEL #...... 7,15 46,90 +0,70 DESK #...... 1,60 10,50 ... INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 11,49 75,37 ... ALTEN (SVN) ...... w 138 905,22 – 1,43 MANUTAN INTE... 49,45 324,37 +4,44 ALPHAMEDIA ...... 1,95 12,79 – 2,50 DEVOTEAM #...... w 49,15 322,40 – 1,70 IGE +XAO ...... 9,50 62,32 ... PROLOGUE SOF ... 8,12 53,26 – 0,37 APRIL S.A.#( ...... 213,10 1397,84 – 0,56 PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHA MOS #...... 5,25 34,44 ... DMS #...... 13,50 88,55 – 0,74 ILOG #...... 23,10 151,53 +4,81 PROXIDIS ...... d 1,33 8,72 ... ASSYSTEM # ...... 59,55 390,62 – 0,42 PCAS #...... 27 177,11 +1,69 ALPHA MOS BO.... 0,81 5,31 – 7,95 DIAGNOSTIC N.... d 14,50 95,11 ... IMECOM GROUP.. 2,12 13,91 +0,95 QBIOGENE ...... 4,90 32,14 ... AUBAY ...... 11,64 76,35 +2,56 PETIT FOREST...... 39,50 259,10 – 3,66 ALTAMIR & CI ...... 128,40 842,25 ... D INTERACTIV ..... 7,75 50,84 – 2,52 INFOSOURCES...... 1 6,56 ... QUALIFLOW ...... 18,59 121,94 +0,49 BENETEAU #...... 121,50 796,99 – 0,57 PIERRE VACAN...... 66,40 435,56 – 2,35 ALDETA ...... 4,30 28,21 – 4,44 D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ... INFOSOURCE B .... d 1,60 10,50 ... QUANTEL ...... 4,23 27,75 +0,24 BOIRON (LY)#...... 81,30 533,29 +0,37 PINGUELY HAU .... w 24,35 159,73 +0,21 ALTI #...... 12 78,71 – 3,61 D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ... INFOTEL # ...... 38 249,26 +0,80 R2I SANTE...... 7,80 51,16 +2,63 BONDUELLE...... 43 282,06 ... POCHET...... d 100 655,96 ... A NOVO # ...... w 177 1161,04 – 1,34 DIREKT ANLAG .... 24,25 159,07 – 4,15 INFO VISTA ...... 10,55 69,20 +5,50 RECIF # ...... 35,10 230,24 – 2,50 BQUE TARNEAU... 99,75 654,32 – 0,05 RADIALL # ...... 81,80 536,57 +3,41 ARTPRICE COM.... 12,70 83,31 +0,24 DIREKT ANLAG .... 22,10 144,97 +2,08 INTEGRA NET...... w 2,42 15,87 – 1,63 REPONSE # ...... 31,59 207,22 – 0,66 BRICORAMA # ...... 58 380,46 ... RALLYE (LY)...... w 59,10 387,67 – 0,08 ASTRA ...... d 0,88 5,77 ... DURAND ALLIZ.... 0,82 5,38 ... INTEGRA ACT...... REGINA RUBEN ... d 1,34 8,79 ... BRIOCHE PASQ .... 75 491,97 ... ROCANI(EX FI ...... d 13,64 89,47 ... AUFEMININ.CO.... 3,05 20,01 +1,67 DURAN DUBOI .... 16,40 107,58 – 0,97 INTERCALL #...... 2,40 15,74 – 18,09 RIBER #...... 12,20 80,03 – 7,15 BUFFALO GRIL..... 10,50 68,88 +0,10 RODRIGUEZ GR ... 56,50 370,62 – 0,70 AUTOMA TECH .... 8,64 56,67 – 0,69 DURAN BS 00 ...... 0,18 1,18 ... IPSOS # ...... w 90,95 596,59 – 0,05 RIGIFLEX INT...... 163 1069,21 ... C.A. OISE CC ...... 97 636,28 ... SABATE SA #...... 31,31 205,38 +0,68 AVENIR TELEC...... w 4,22 27,68 – 0,94 EFFIK # ...... d 12 78,71 ... IPSOS BS00...... 4,10 26,89 – 2,38 RISC TECHNOL .... 12,13 79,57 +1,08 C.A. PARIS I...... 74,50 488,69 ... SECHE ENVIRO ..... 87,90 576,59 – 0,06 AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ... EGIDE #...... 180 1180,72 ... ITESOFT...... 4,67 30,63 – 0,21 SAVEURS DE F...... 8,97 58,84 – 0,88 C.A.PAS CAL...... 147 964,26 – 1,34 SINOP.ASSET...... 20 131,19 – 2,44 BAC MAJESTIC...... 4,15 27,22 ... EMME(JCE 1/1...... 12 78,71 – 0,41 IT LINK...... 6,20 40,67 ... GUILLEMOT BS .... d 15,29 100,30 ... CDA-CIE DES...... 46,50 305,02 ... SIPAREX CROI ...... 29,70 194,82 – 1,66 BARBARA BUI ...... 16,56 108,63 +3,50 ESI GROUP ...... 30,60 200,72 – 1,29 IXO...... 1,25 8,20 ... SELF TRADE...... 5,12 33,58 – 1,54 CEGEDIM #...... 57,60 377,83 – 0,69 SOLERI ...... d 236 1548,06 ... BCI NAVIGATI...... 6,89 45,20 – 0,72 ESKER...... 6,20 40,67 – 0,64 JOLIEZ REGOL...... 1,20 7,87 – 6,25 SILICOMP #...... 53,20 348,97 – 1,30 CIE FIN.ST-H ...... 121,60 797,64 +0,08 SOLVING #...... 80,95 531 – 0,67 BELVEDERE...... 16,20 106,27 +1,25 EUROFINS SCI...... 26,35 172,84 – 0,57 KALISTO ENTE...... 2,07 13,58 +1,97 SITICOM GROU.... 21,50 141,03 +2,38 CNIM #...... 61,30 402,10 – 2,70 STEF-TFE # ...... 48 314,86 ... BOURSE DIREC .... 4,59 30,11 +1,10 EURO.CARGO S.... 11,50 75,44 ... KALISTO ACT...... d 3,33 21,84 ... SODITECH ING .... 9,50 62,32 +1,93 COFITEM-COFI..... 61,05 400,46 ... STERIA GROUP ..... 125 819,95 – 0,79 BRIME TECHNO... 51,25 336,18 – 0,29 FIMATEX # ...... w 4,40 28,86 – 0,45 KEYRUS PROGI ..... 2,22 14,56 +0,45 SOFT COMPUTI.... 8,56 56,15 – 0,47 DANE-ELEC ME.... 3,75 24,60 – 3,85 SYLEA ...... d 46,60 305,68 ... BRIME TECHN...... d 1,11 7,28 ... FI SYSTEM # ...... w 6,11 40,08 – 0,65 KAZIBAO ...... 1,08 7,08 ... SOI TEC SILI...... w 23,45 153,82 – 1,22 ENTRELEC # ...... 62,60 410,63 ... SYLIS # ...... 32 209,91 ... BUSINESS ET ...... 13,29 87,18 ... FI SYSTEME A...... d 4,91 32,21 ... LACIE GROUP ...... 8 52,48 – 5,88 SOI TEC BS 0...... 16,80 110,20 +4,35 ETAM DEVELOP ... 10,35 67,89 +5,61 SYNERGIE (EX ...... d 48 314,86 ... BUSINESS INT ...... 5,16 33,85 ... FI SYSTEM BS...... 0,45 2,95 – 10 LEXIBOOK #...... 17,04 111,78 +1,85 SOLUCOM ...... 47 308,30 – 0,82 EUROPEENNE C... 94,95 622,83 +1,01 TEAM PARTNER ... 17,30 113,48 +0,87 BVRP ACT.DIV...... w 29,50 193,51 – 1,24 FLOREANE MED .. 8,69 57 – 0,11 LEXIBOOK ACT...... d 20 131,19 ... SQLI ...... 3,45 22,63 – 2,82 EXPAND S.A...... 61,35 402,43 +0,08 TRIGANO...... w 45,50 298,46 +1,22 CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ... GAMELOFT COM . 2,41 15,81 – 0,82 LINEDATA SER...... 22,60 148,25 – 3,42 SQLI NOUV.01...... d 3,10 20,33 ... FINATIS(EX.L ...... 130,10 853,40 +0,08 UNION FIN.FR...... 42,80 280,75 +0,12 CALL CENTER...... 9,95 65,27 – 1,87 GAUDRIOT #...... 33,90 222,37 – 0,29 LYCOS EUROPE..... 1,80 11,81 – 3,74 STACI # ...... 2,50 16,40 +0,81 FININFO...... 34,50 226,31 – 1,43 VILMOR.CLAUS ..... 72,50 475,57 ... CAST ...... 13,50 88,55 – 0,15 GENERIX # ...... 24,30 159,40 ... MEDCOST #...... 7,60 49,85 ... STELAX...... 0,63 4,13 – 4,55 FLEURY MICHO ... 24,25 159,07 – 2,81 VIRBAC...... 87 570,68 ... CEREP...... 103 675,64 +0,98 GENESYS #...... 33,10 217,12 – 0,90 MEDIDEP #...... 118 774,03 +1,03 SYNELEC # ...... 15,50 101,67 +2,99 FOCAL (GROUP.... 68,70 450,64 – 0,15 ...... CHEMUNEX # ...... 0,20 1,31 – 9,09 GENESYS ACT...... d 42,20 276,81 ... MEMSCAP ...... 6,10 40,01 – 4,54 SYSTAR # ...... 11,10 72,81 +4,62 GENERALE LOC.... 124,90 819,29 – 0,08 ...... CMT MEDICAL ..... 18,89 123,91 +0,96 GENESYS BS00 ..... 5,08 33,32 – 2,12 METROLOGIC G ... 79 518,21 – 2,47 SYSTRAN ...... 5 32,80 ... GEODIS ...... 42 275,50 – 4,93 ......

E´CUR. TECHNOLOGIES ...... 50,73 332,77 24/05 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 9,08 59,56 23/05 Fonds communs de placements CADENCE 3 D...... 153,42 1006,37 23/05 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 270,46 1774,10 CONVERTIS C ...... 250,78 24/05 CIC TECHNO. COM...... 131,38 861,80 23/05 STRATE´GIE CAC ...... 7391,19 48483,03 22/05 1645,01 23/05 E´PARCOURT-SICAV D ...... 27,69 181,63 24/05 SICAV et FCP STRATE´GIE INDICE USA...... 10982,59 72041,07 22/05 INTEROBLIG C ...... 57,74 378,75 23/05 GE´OPTIM C ...... 2257,98 14811,38 24/05 www.clamdirect.com INTERSE´LECTION FR. D...... 90,04 590,62 23/05 Fonds communs de placements www.lapostefinance.fr SE´LECT DE´FENSIF C...... 195,55 1282,72 23/05 ´ Sicav Info Poste : ´ Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 23 mai E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,78 254,38 24/05 EURCO SOLIDARITE...... 222,30 1458,19 23/05 SELECT DYNAMIQUE C ...... 280,46 1839,70 23/05 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) ´ ´ E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,04 223,29 24/05 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 483,20 3169,58 23/05 SELECT EQUILIBRE 2...... 183,92 1206,44 23/05 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 173,88 1140,58 23/05 Valeurs unitaires e Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 45,95 301,41 24/05 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 421,84 2767,09 23/05 ADDILYS C ...... 105,25 690,39 24/05 E´metteurs f SE´LECT PEA 1 ...... 242,38 1589,91 23/05 Euros francs ee cours SICAV 5000 ...... 193,33 1268,16 23/05 ADDILYS D...... 104,42 684,95 24/05 SG FRANCE OPPORT. C...... 531,03 3483,33 23/05 08 36 68 56 55 SLIVAFRANCE ...... 342,60 2247,31 23/05 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 31,63 207,48 24/05 AGIPI (2,21 F/mn) SLIVARENTE...... 40,33 264,55 23/05 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 31,01 203,41 24/05 SG FRANCE OPPORT. D...... 497,21 3261,48 23/05 SOGENFRANCE C ...... 583,92 3830,26 23/05 ATOUT CROISSANCE D...... 478,73 3140,26 23/05 SLIVINTER ...... 182,83 1199,29 23/05 AMPLITUDE EUROPE C...... 38,09 249,85 24/05 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 29 190,23 23/05 SOGENFRANCE D...... 526,20 3451,65 ATOUT FONCIER D...... 353,01 2315,59 23/05 TRILION...... 750,44 4922,56 23/05 AMPLITUDE EUROPE D...... 36,97 242,51 24/05 23/05 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 31,75 208,27 23/05 SOGEOBLIG C...... 108,77 713,48 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 93,92 616,07 23/05 AMPLITUDE FRANCE ...... 100,29 657,86 24/05 23/05 Fonds communs de placements ´ 3615 BNP ATOUTFRANCEEUROPED.. 216,34 1419,10 23/05 AMPLITUDE MONDE C ...... 278,68 1828,02 24/05 SOGEPARGNE D...... 44,96 294,92 23/05 ACTILION DYNAMIQUE C * . 210,98 1383,94 23/05 ATOUT FRANCE MONDE D .. 54,38 356,71 23/05 AMPLITUDE MONDE D...... 249,96 1639,63 24/05 SOGEPEA EUROPE...... 277,81 1822,31 23/05 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ACTILION DYNAMIQUE D * . 198,73 1303,58 23/05 ATOUT FUTUR C ...... 239,01 1567,80 23/05 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 20,93 137,29 24/05 SOGINTER C...... 79,02 518,34 23/05 ACTILION PEA DYNAMIQUE 81,32 533,42 23/05 BNP MONE´ COURT TERME.. 2451,48 16080,65 23/05 ATOUT FUTUR D ...... 216,58 1420,67 23/05 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 20,31 133,22 24/05 Fonds communs de placements ACTILION E´QUILIBRE C *..... 191,26 1254,58 23/05 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13458,82 88284,07 23/05 ATOUT SE´LECTION D ...... 128,51 842,97 23/05 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 123,68 811,29 24/05 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 18,64 122,27 22/05 ACTILION E´QUILIBRE D * .... 178,83 1173,05 23/05 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11750,84 77080,46 23/05 DIE`ZE C...... 471,95 3095,79 23/05 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 51,10 335,19 24/05 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 64,60 423,75 22/05 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 153131,05 1004473,84 23/05 EURODYN C ...... 616,28 4042,53 23/05 ACTILION PEA EQUILIBRE ... 189,32 1241,86 23/05 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 37,49 245,92 24/05 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 44,76 293,61 23/05 ´ BNP OBLI. CT...... 161,85 1061,67 23/05 INDICIA EUROLAND D ...... 136,83 897,55 22/05 ACTILION PRUDENCE C *.... 176,20 1155,80 23/05 GEOBILYS C ...... 116,82 766,29 24/05 DE´CLIC BOURSE PEA...... 59,49 390,23 22/05 ´ BNP OBLI. LT ...... 33,04 216,73 23/05 INDICIA FRANCE D ...... 462,07 3030,98 22/05 ACTILION PRUDENCE D * ... 164,20 1077,08 23/05 GEOBILYS D...... 107,46 704,89 24/05 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 17,97 117,88 22/05 BNP OBLI. MT C...... 149,07 977,84 23/05 INDOCAM AME´RIQUE C...... 50,27 329,75 23/05 INTERLION ...... 224,91 1475,31 23/05 INTENSYS C ...... 20,23 132,70 24/05 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,84 110,46 22/05 BNP OBLI. MT D ...... 136,76 897,09 23/05 INDOCAM ASIE C ...... 23,21 152,25 23/05 LION ACTION EURO ...... 109,51 718,34 23/05 INTENSYS D...... 17,19 112,76 24/05 DE´CLIC PEA EUROPE...... 30,37 199,21 22/05 BNP OBLI. SPREADS...... 179,96 1180,46 23/05 INDOCAM FRANCE C ...... 414,78 2720,78 23/05 LION PEA EURO...... 112,09 735,26 23/05 KALEIS DYNAMISME C...... 246,06 1614,05 24/05 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 74,82 490,79 22/05 BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1915,95 12567,81 23/05 INDOCAM FRANCE D...... 340,94 2236,42 23/05 KALEIS DYNAMISME D ...... 239,31 1569,77 24/05 FAVOR ...... 404,53 2653,54 23/05 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 180,04 1180,98 23/05 KALEIS DYNAMISME FR C.... 91,37 599,35 24/05 SOGESTION C...... 53,79 352,84 22/05 Fonds communs de placements ´ OBLIFUTUR C...... 97,51 639,62 23/05 KALEIS EQUILIBRE C...... 211,28 1385,91 24/05 SOGINDEX FRANCE C ...... 641,65 4208,95 22/05 BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1798,24 11795,68 23/05 ´ OBLIFUTUR D...... 80,44 527,65 23/05 CM EURO PEA...... 26,52 173,96 23/05 KALEIS EQUILIBRE D...... 204,68 1342,61 24/05 ...... ´ ´ ´ REVENU-VERT D...... 170,80 1120,37 23/05 CM EUROPE TECHNOL...... 6,38 41,85 23/05 KALEIS SERENITE C...... 193,42 1268,75 24/05 ...... BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ´ ´ ´ UNIVERS ACTIONS C...... 68,19 447,30 23/05 CM FRANCE ACTIONS ...... 42,80 280,75 23/05 KALEIS SERENITE D ...... 186,97 1226,44 24/05 ...... www.bpam.fr 01 58 19 40 00 UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 42,96 281,80 23/05 CM MID. ACT. FRANCE...... 38,69 253,79 23/05 KALEIS TONUS C...... 85,64 561,76 24/05 ...... 109,88 BP OBLI HAUT REND...... 111,35 730,41 22/05 Fonds communs de placements CM MONDE ACTIONS...... 377,25 2474,60 23/05 OBLITYS C...... 720,77 24/05 ...... ´ ´ OBLITYS D ...... 108,16 709,48 24/05 BP MEDITERRANEEDEV...... 76,87 504,23 22/05 ATOUT VALEUR D...... 96,78 634,84 22/05 CM OBLIG. LONG TERME .... 103,91 681,60 23/05 ...... ´ PLE´NITUDE D PEA ...... 48,44 317,75 24/05 BP NOUVELLE ECONOMIE ... 142,44 934,35 22/05 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 323,86 2124,38 22/05 CM OPTION DYNAM...... 35,48 232,73 23/05 ...... POSTE GESTION C ...... 2570,47 16861,18 24/05 BP OBLIG. EUROPE ...... 50,66 332,31 23/05 MASTER ACTIONS C...... 51,43 337,36 21/05 CM OPTION E´QUIL...... 54,90 360,12 23/05 ...... ´ ´ POSTE GESTION D...... 2278,67 14947,10 24/05 BP SECURITE...... 101152,76 663518,61 23/05 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,45 199,74 21/05 CM OBLIG. COURT TERME .. 160,80 1054,78 23/05 ...... POSTE PREMIE`RE...... 6985,22 45820,04 24/05 EUROACTION MIDCAP...... 164,94 1081,94 23/05 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 21,45 140,70 22/05 CM OBLIG. MOYEN TERME . 329,53 2161,58 23/05 ...... POSTE PREMIE`RE 1 AN...... 41396,28 271541,80 24/05 FRUCTI EURO 50 ...... 125,66 824,28 23/05 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 20,58 135 22/05 CM OBLIG. QUATRE...... 163,63 1073,34 23/05 ...... POSTE PREMIE`RE 2-3...... 8872,51 58199,85 24/05 FRUCTIFRANCE C ...... 104,31 684,23 23/05 OPTALIS E´QUILIB. C ...... 20,14 132,11 22/05 ...... Fonds communs de placements PRIMIEL EUROPE C...... 74,41 488,10 24/05 FRUCTIFONDS FRANCE NM 272,37 1786,63 21/05 OPTALIS E´QUILIB. D...... 18,84 123,58 22/05 ...... CM OPTION MODE´RATION . 19,24 126,21 23/05 REVENUS TRIMESTRIELS ..... 777,27 5098,56 24/05 OPTALIS EXPANSION C ...... 18,16 119,12 22/05 ...... www.cdcixis-am.fr THE´SORA C...... 182,40 1196,47 24/05 OPTALIS EXPANSION D...... 18,03 118,27 22/05 ...... ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 152,27 998,83 24/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18,02 118,20 22/05 ...... TRE´SORYS C...... 46549,70 305346,02 24/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 16,29 106,86 22/05 ...... AME´RIQUE 2000...... 157 1029,85 23/05 SOLSTICE D...... 360,25 2363,09 24/05 MULTI-PROMOTEURS PACTE SOL. LOGEM...... 77,15 506,07 22/05 ...... ASIE 2000 ...... 84,27 552,77 23/05 NORD SUD DE´VELOP. C...... 508,82 3337,64 21/05 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 82,04 538,15 22/05 Fonds communs de placements ...... NOUVELLE EUROPE...... 257,67 1690,20 23/05 NORD SUD DE´VELOP. D ...... 392,68 2575,81 21/05 UNIVAR C ...... 188,94 1239,37 25/05 DE´DIALYS FINANCE...... 95,81 628,47 24/05 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3488,05 22880,11 UNIVAR D...... 186,18 1221,26 25/05 23/05 DE´DIALYS MULTI-SECT...... 75,52 495,38 24/05 ...... Sicav en ligne : ´ SAINT-HONORE CAPITAL D. 3237,36 21235,69 23/05 DE´DIALYS SANTE´ ...... 103,32 677,73 24/05 ...... 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ´ ST-HONORE CONVERTIBLES 342,19 2244,62 23/05 DE´DIALYS TECHNOLOGIES.. 54,19 355,46 24/05 ...... ´ E´CUR. 1,2,3... FUTUR ...... 60,93 399,67 24/05 ST-HONORE FRANCE...... 67,11 440,21 23/05 DE´DIALYS TELECOM...... 62,46 409,71 24/05 ...... ´ E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 21,11 138,47 24/05 ST-HONORE PACIFIQUE ...... 119,40 783,21 23/05 POSTE EUROPE C...... 88,81 582,56 24/05 ...... CIC CONVERTIBLES...... 6,13 40,21 23/05 E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 79,17 519,32 24/05 ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 155,98 1023,16 23/05 POSTE EUROPE D ...... 85,22 559,01 24/05 ...... CIC FINUNION ...... 171,92 1127,72 23/05 E´CUR. CAPITALISATION C.... 42,74 280,36 24/05 ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 398,80 2615,96 23/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 190,39 1248,88 24/05 ...... CIC OBLI LONG TERME C..... 14,89 97,67 23/05 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 51,87 340,24 24/05 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 117,40 770,09 23/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 174,77 1146,42 24/05 ...... ´ ´ CIC OBLI LONG TERME D .... 14,89 97,67 23/05 ECUR. ENERGIE D PEA...... 50,46 331 24/05 Fonds communs de placements REMUNYS PLUS ...... 101,41 665,21 24/05 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14478,39 94972,01 24/05 CIC OBLIMONDE...... 134,01 879,05 23/05 WEB INTERNATIONAL ...... 34,30 224,99 23/05 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,44 271,83 24/05 CIC PIERRE...... 37,69 247,23 23/05 SG ASSET MANAGEMENT E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 63,32 415,35 24/05 RENTACIC ...... 22,82 149,69 23/05 Serveur vocal : ´ 559,93 ´ E´CUR. MONE´TAIRE C...... 220,33 1445,27 24/05 UNION AMERIQUE...... 3672,90 23/05 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) LEGENDE E´CUR. MONE´TAIRE D...... 190 1246,32 24/05 Fonds communs de placements CADENCE 1 D ...... 155,31 1018,77 23/05 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... 178,49 1170,82 24/05 CIC EURO OPPORTUNITE´..... 647,92 4250,08 23/05 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 246,72 1618,38 22/05 CADENCE 2 D ...... 153,21 1004,99 23/05 18 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

SPORTS Le Bayern Munich a (1-1, 5 tirs au but à 4). b AVEC CE 1974-75-76. b LES BAVAROIS achè- et Willy Sagnol, défenseurs des Ottmar Hitzfeld, que ses joueurs gagné, mercredi 23 mai, à Milan (Ita- SUCCÈS, le club allemand a mis fin à vent avec panache une saison Bleus, sont devenus les quinzième et considèrent comme « le meilleur lie), la Ligue des champions en bat- vingt-cinq ans de disette au plus 2000-2001 au cours de laquelle ils seizième Français à gagner le tro- technicien du monde», avait déjà tant les Espagnols du FC Valence à haut niveau européen et ranimé le ont gagné un 17e titre de champion phée depuis Raymond Kopa, en remporté la compétition, en 1997, l’issue de l’épreuve des tirs au but souvenir du glorieux triplé d’Allemagne. b BIXENTE LIZARAZU 1957. b L’ENTRAÎNEUR ALLEMAND, avec le Borussia Dortmund. En Ligue des champions, le Bayern Munich arrache son nouveau bonheur Vingt-cinq ans après son dernier titre et un triplé rare, le club bavarois a remporté la plus prestigieuse des coupes européennes. L’équipe du gardien Oliver Kahn, héros de la soirée, a battu le FC Valence au terme de la série de tirs au but et après que trois penalties ont été tirés dans le temps réglementaire

IL ÉTAIT DIT que rien ne serait Franz Beckenbauer alors qu’il tor Cuper, pour Valence, facile mais que tout se finirait bien. menait au score depuis la 6e minute, conduisaient les deux équipes jus- En remportant la Ligue des cham- grâce à Mario Basler. Les joueurs qu’à la prolongation, puis au terme pions, mercredi 23 mai, à Milan (Ita- allemands étaient longtemps restés de celle-ci. L’issue allait dépendre de lie), quatre jours après son 17e titre prostrés sur la pelouse. Le Ghanéen quatorze tirs au but. Oliver Kahn en de champion d’Allemagne, acquis Samuel Kuffour avait pleuré toutes sortait trois, dont le dernier, décisif, dans des conditions épiques (un but les larmes de son corps. « Pfff, what sur une frappe de l’Argentin Mauri- du Suédois Patrick Andersson dans a f… game ! » (Putain de jeu !), avait cio Pellegrino. « Je préfère ne pas pen- les arrêts de jeu a permis au club de soufflé, en conférence de presse, ser ce qui serait arrivé si on avait de conquérir le titre in extremis), le l’entraîneur de Manchester United, nouveau perdu », confiait, après le Bayern Munich a bouclé l’une des Alex Ferguson. match, le gardien allemand. saisons les plus folles et les plus euphoriques de son histoire. Il lui SIX MOIS POUR S’EN REMETTRE KAHN, LA « STAR ABSOLUE » aura fallu attendre vingt-cinq ans et « Il nous a fallu six mois pour nous « Il a été la star absolue de la soi- la série des tirs au but pour voir le en remettre », déclarerait, bien plus rée », déclarait, de son côté, Stefan club bavarois ranimer face aux Espa- tard, le défenseur Bixente Lizarazu, Effenberg, pour qui ce jour restera gnols du FC Valence le souvenir de qui, blessé, avait assisté au match comme « le plus beau de [sa] vie ». son triplé européen (1974, 1975, depuis les tribunes. Mercredi, Bixen- Le festival d’Oliver Kahn a égale- 1976). te Lizarazu et son coéquipier Willy ment été salué par Ottmar Hitzfeld : Le Bayern Munich semble avoir Sagnol sont devenus les quinzième « Oliver a été le héros du match. Ce retrouvé sa bonne étoile. Le 26 mai et seizième footballeurs français à joueur respire la victoire », a souligné 1999, au Camp Nou de Barcelone, avoir gagné le trophée, depuis Ray- le technicien, qui, à cinquante-deux un scénario hitchcockien avait ruiné mond Kopa en 1957 avec le Real ans dont dix-huit passés à diriger les illusions du plus titré des clubs Madrid. Par un curieux faisceau de des clubs suisses ou allemands, vient allemands. C’était en finale de la circonstances, le Bayern Munich se de gagner le 19e titre de sa carrière. Ligue des champions, face à Man- trouva de nouveau en face d’une En 1997, Ottmar Hitzfeld avait chester United. Deux buts inscrits accélération d’événements fâcheux, déjà gagné la Ligue des champions à e e aux 90 et 91 minutes, par Teddy sur la pelouse du stade Giuseppe- FELICE CALABRO/AP la tête du Borussia Dortmund (victoi- Sheringham et Ole-Gunnar Sols- Meazza de Milan. L’essentiel du dra- Oliver Kahn, le gardien du Bayern, a plongé du bon côté sur la tentative de Mauricio Pellegrini. re 3-1 en finale contre la Juventus kjaer, avaient fait chuter le club de me, toutefois, se noua en tout début Turin). Ses joueurs, aujourd’hui, lui de rencontre et non pas à la fin. Dès récidivait, mais de l’autre côté du ter- Ligue des champions serait-elle le ce, Amedeo Carboni. Sans états vouent un culte rare. Certains, com- e La fiche technique la 3 minute, l’arbitre néerlandais rain, en raison d’un croc-en-jambe remake de la tragédie barcelonnai- d’âme, Stefan Effenberg mettait les me Stefan Effenberg, le considèrent Dick Jol sanctionnait ainsi d’un de Jocelyn Angloma, trente-cinq se ? Dick Jol, qui exerce une activité deux équipes à égalité à la 50e minu- même comme « le meilleur entraî- BAYERN MUNICH - FC VALENCE : 1-1 penalty une main de Patrick ans, sur Stefan Effenberg. Le tir trop difficile, décidait cependant de don- te du match. Rien ne se passerait neur du monde ». Arrachée par les Ligue des champions - Finale Andersson dans la surface de répara- mou et trop mal cadré de Mehmet ner une chance supplémentaire aux plus, dès lors. cheveux, cette victoire au demeu- • Stade San Siro, à Milan; tion. Le milieu de terrain et capitai- Scholl était alors détourné par le gar- Munichois en sifflant son troisième En dépit d’une domination territo- rant méritée ne devrait pas ternir sa Temps beau et doux ; Pelouse bonne ; ne de Valence, Gaizka Mendieta, dien valencien, José Canizares. Haut- penalty de la soirée – le moins évi- riale des Allemands, les systèmes de réputation. 73 000 spectateurs; arbitre : M. Jol (PB) transformait la sentence. le-cœur dans les tribunes des sup- dent des trois – après une faute de jeu mis au point par les stratèges Ott- BUTS Trois minutes plus tard, Dick Jol porteurs bavarois : cette finale de main du défenseur italien de Valen- mar Hitzfeld, pour Munich, et Hec- Frédéric Potet BAYERN MUNICH : Effenberg (50e, s.p.) FC VALENCE : Mendieta (3e, s.p.) TIRS AU BUT BAYERN MUNICH : Réussis : Salihamidzic, Oliver Kahn, gardien de but sans peur, sans reproche et sans complexe Zickler, Effenberg, Lizarazu, Linke. Manqués : Paulo Sergio, Andersson. MILAN (Italie) de choristes de la Scala, drapés de Tout cela n’a sans doute pas internationale de football (FIFA), Cottbus, dans les dernières secon- FC VALENCE : Réussis : Mendieta, Carew, correspondance noir, firent ainsi une saisissante échappé à Oliver Kahn. Le gardien qui a octroyé cette année cette pal- des du match, fulminant à l’idée Baraja, Kily Gonzalez. Manqués : Zahovic, La réputation des Spider Mur- apparition sous la tribune alleman- de but du Bayern Munich est celui me au Français Fabien Barthez... de perdre, pour se faire une idée Carboni, Pellegrino. phy Gang n’avait guère franchi les de avant de rejoindre le centre du des joueurs bavarois qui incarnait de son caractère. AVERTISSEMENTS travées du Stade olympique de terrain pour honorer Verdi. le plus, avec le capitaine, Stefan DES COUPS DE SANG CÉLÈBRES Les gazettes en ont fait leurs e BAYERN MUNICH : Andersson (38 ) Munich, où ce groupe de heavy Effenberg, cette volonté d’en finir A trente et un ans, Oliver Kahn choux gras avant de donner la e FC VALENCE : Carboni (26 ); « BON JOUR POUR L’HISTOIRE » e e metal se produit les jours de grand avec cette attristante situation. termine sa septième année chez le parole à son épouse, Simone : «A Kily Gonzalez (116 );Canizares (120 ) match. Ces Bavarois chevelus sont C’en était presque trop pour les L’indétrônable portier de la sélec- champion d’Allemagne. Entraîné la maison, Oli est très calme, très • LES ÉQUIPES désormais connus en Italie, puis- Munichois, qui commencèrent par tion allemande s’est une nouvelle par Sepp Maier, le portier de la équilibré. » BAYERN MUNICH qu’une autorisation de séjour pro- siffler la prestation avant de se fois montré à la hauteur. mythique équipe des années 1970 Vivaldi, Tchaïkovski, mais aussi (sélectionneur : Hitzfeld) : Kahn • Kuffour, visoire leur a été accordée le raviser tout en déployant cette Trois tirs au but repoussés et un qui trusta trois titres de champion les marchés financiers ou l’ancien Andersson, Linke • Sagnol (Jancker, 46e), Effenberg, Salihamidzic, Hargreaves, temps de cette finale milanaise, où gigantesque banderole : « Aujour- arrêt réflexe devant le Slovène Zla- d’Europe à la suite, il s’inscrit dans chancelier social-démocrate Hel- Lizarazu • Scholl (Paulo Sergio, 108e), ils ont « commis » avant la rencon- d’hui est un bon jour pour écrire tko Zahovic, à qui il déroba le bal- la lignée des grands gardiens alle- mut Schmidt, sont les grandes pas- Elber (Zickler, 100e). tre deux morceaux face à la tribu- l’histoire. » Et, sur des milliers de lon d’un tour de passe-passe, ont mands, comme Harald Schuma- sions de cet homme désormais FC VALENCE ne des supporteurs du Bayern en feuilles de papier rouge et blanc, fait de lui le héros munichois. cher ou Andreas Köpke. sage qui vient de déclarer : « Il n’y (sélectionneur : Cuper) : Canizares • liesse. les couleurs du club, s’inscrivait « C’est le meilleur gardien du mon- Ses coups de sang sont célèbres. a pas de dieu du football, il n’y a e Angloma, Ayala (Djukic, 90 ), Pellegrino, Centenaire de la mort de Giusep- cette fameuse date qui devait effa- de », a répété Karl-Heinz Rumme- Il faut l’avoir vu, au cours de la sai- qu’un dieu, et il ne s’intéresse pas, je Carboni • Mendieta, Baraja, Aimar (Abelda, 46e), Kily Gonzalez • Sanchez pe Verdi oblige, cette finale avait cer vingt-cinq ans de disette du nigge, ancien joueur, devenu vice- son 2000-2001, monter à l’attaque crois, au football. » (Zahovic, 68e), Carew. pourtant été baptisée par l’UEFA plus grand titre européen : président du Bayern Munich. Une et boxer des deux poings le ballon « l’opéra du Calcio ». Une centaine 23.5.2001. pique à l’adresse de la Fédération dans la cage de son homologue Louis Rigal

DÉPÊCHES Frank Vandenbroucke veut croire à son propre retour La Fédération finlandaise de ski a FOOTBALL : une dizaine de sup- porteurs ont été interpellés, lundi PÉZENAS (Hérault) de prise d’érythropoïétine (EPO). Vilipendé par son 21 mai, puis déférés devant la justice de notre envoyé spécial employeur de l’époque, Cofidis, il écope alors d’une sus- aurait su que ses fondeurs se dopaient après les incidents du 13 mars, où Ce type a une gueule. Un visage anguleux taillé à la pension interne qui le prive de Tour de France. « VDB » 56 spectateurs avaient été légère- serpe, des cheveux jaunis et une fine barbe qui souligne réplique en attaquant devant les tribunaux pour sanc- LES SIX SKIEURS DE FOND fin- ces prises de substances interdites, ment blessés au Parc des Princes, son menton en galoche. Il a aussi du talent. D’aucun lui tion abusive, rompt son contrat avant de sceller une landais contrôlés positifs lors des selon les conclusions du rapport. lors du match de Ligue des cham- prédisait une carrière à la Hinault, voire à la Merckx réconciliation provisoire, prélude à un divorce définitif championnats du monde de Lahti « Nous n’avons cependant aucune pions entre Paris-SG et le Galatasa- (sans doute en raison de ses origines belges). Mais, pour et à une période « d’errance ». (Finlande), en février, s’étaient preuve que l’Hemohes permette aux ray Istanbul (Le Monde du 15 mars). l’heure et depuis 1995, année de ses débuts au sein de la dopés sur ordre de leur entraîneur athlètes de transcender leurs perfor- a TENNIS : Mary Pierce a déclaré formation Lotto, Frank Vandenbroucke (vingt-six ans) « NOUS NE SOMMES PAS DES BANDITS » et avec l’assentiment du médecin de mances. Nous pensons donc qu’il a forfait pour les Internationaux de a plus promis que gagné. « VDB », qui émargeait à près de 450 000 francs par l’équipe nationale et de leur Fédéra- été utilisé pour cacher d’autres pro- France de Roland-Garros Après une longue hibernation et plusieurs forfaits, il a mois chez Cofidis, disparaît du paysage cycliste. Sa répu- tion, selon un rapport d’enquête duits interdits, comme l’EPO », ajou- (28 mai-10 juin), mercredi 23 mai, en fini par retrouver les pelotons, voilà tout juste un mois. tation d’incontrôlable le rattrape. « J’ai sombré. Je ne remis mercredi 23 mai au gouverne- tent les experts dans leurs conclu- raison d’une inflammation chroni- « Je ne me suis pas entraîné beaucoup cet hiver. J’étais parvenais pas à m’en sortir. J’étais comme tiré vers le bas, ment finlandais. D’après ce rapport, sions. A Lahti, les athlètes finlandais que aux vertèbres lombaires. malade, perturbé. Physiquement je ne suis pas encore au vers une sorte de déchéance », analyse-t-il aujourd’hui. les six fondeurs – parmi lesquels le avaient été contrôlés positifs au Constamment blessée ou souffrante mieux », explique-t-il. Depuis mardi 22 mai, sur les rou- Désormais, Frank Vandenbroucke se dit « sorti d’affai- vétéran Harri Kirvesniemi, véritable HES (hydroxyethyl starch) par depuis le début de la saison, elle n’a tes du Midi libre, le nouveau coureur de la Lampre (il a re ». Il réapprend à vivre normalement, affirme vouloir héros national, et Mika Myllylae, l’Agence mondiale antidopage disputé que 20 matches depuis sa vic- signé avec la formation italienne en début de saison retrouver son meilleur niveau – « mon vieux niveau », champion olympique et quadruple (AMA). toire à Roland-Garros, en 2000. 2001) affûte une forme qui reste précaire. Mercredi dit-il – et une place parmi les cinq meilleurs coureurs champion du monde – ont tenté de Réapparue sur terre battue, il y a dix 23 mai, sur la ligne d’arrivée de Pézenas (Hérault), que mondiaux. Dure convalescence. Il ne désespère pas de dissimuler des prises d’érythropoïé- RÉDUIRE LA SUBVENTION jours, elle a subi deux défaites cuisan- son équipier tchèque Jan Svorada (vainqueur de l’épreu- disputer quelques accessits sur le prochain Tour de Fran- tine (EPO) avec un autre produit Ce rapport ne prouve rien, estime tes au 1er tour, à Rome et Strasbourg. ve en 1994) a franchie en tête, il est arrivé au milieu du ce. Un à un, il égrène le nombre de jours de course qu’il interdit, l’Hemohes. pour sa part Jari Piirainen, qui doit a LOTO : résultats des tirages peloton, au terme de cette deuxième étape, Saint-Cypri- devrait accumuler avant le 7 juillet, date du départ de la « L’Hemohes, qui dilue le plasma, prendre en juin la direction opéra- no 41 effectués mercredi 23 mai. Pre- en-Pézenas, longue de 197 kilomètres. Grande Boucle, à Dunkerque. « Vingt-six jours, comp- a été utilisé par les skieurs avec l’as- tionnelle de la FSA. « En concluant mier tirage : 1, 6, 16, 21, 25, 38 ; com- « VDB », ainsi qu’on le surnomme, est là « pour souf- te-t-il. Ça commence à revenir, petit à petit. Je ne veux pas sentiment de leur entraîneur. Les que les skieurs ont pris de l’EPO, ils plémentaire : 46. Rapports pour frir ». « Ces derniers mois, explique-t-il, j’avais perdu l’en- brusquer les étapes. Je m’améliore jour après jour. » deux parties savaient qu’il s’agissait [les auteurs du rapport] ont choisi 6 numéros : 5 383 600 F (820 724 ¤) ; vie de faire du vélo. Après mon abandon sur le Tour, l’équi- Victime des dérives d’un sport dont il demeure l’un d’une substance interdite », affirme d’extrapoler », a-t-il ajouté. Jari Pii- 5 numéros et complémentaire : pe Cofidis [son ancien employeur] ne m’a plus fait courir. des principaux acteurs, il voudrait se convaincre et con- l’un des rédacteurs du rapport. La rainen a également démenti que la 62 670 F (9 553 ¤) ; 5 numéros : Je n’avais plus confiance en moi. Je travaille pour retrou- vaincre autour de lui que « le cyclisme va mieux ».Il Fédération finlandaise de ski (FSA) FSA ait été au courant des pratiques 6 135 F (935 ¤) ; 4 numéros et com- ver cette envie. » Plus que ces récents démêlés avec la regrette vivement la suspicion qui pèse sur les coureurs, avait connaissance de ces pratiques incriminées. plémentaire : 280 F (42,68 ¤) ; formation française dirigée par Alain Bondue, « VDB » mais ne dit rien sur le fait qu’elle est la rançon d’années et n’a rien fait pour les empêcher, Les auteurs du rapport recom- 4 numéros : 140 F (21,34 ¤) ; 3 numé- vient de traverser deux années de déboires, parfois bap- de mensonge. « Nous devons nous défendre. Nous ne poursuit le document, tandis que mandent au gouvernement de rédui- ros et complémentaire : 28 F tisés « problèmes de santé ». D’abord un poignet qui se sommes pas des bandits », plaide-t-il. Il comprend que « les médecins ont donné leur re d’un million de markkas finlan- (4,26 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,13 ¤). brise, par malchance à la veille du départ de Paris-Nice, les organisateurs de courses, également mis en cause au concours à l’injection de l’Hemohes dais (168 188 ¤) la subvention Second tirage : 5, 9, 13, 25, 44, 49 ; en 2000, puis ce genou douloureux qui se manifeste plus fort des affaires, imposent désormais une charte tout en sachant qu’ils administraient annuelle de la FSA. Cette affaire de complémentaire : 34. 6 numéros : durant l’étape de Hautacam, lors du Tour de France, et, d’éthique au départ des courses, à l’instar du 53e Grand un produit interdit ». dopage avait créé un traumatisme 5 822 445 F (887 626 ¤) ; 5 numéros enfin, ce mal mystérieux qui l’aurait affecté à l’orée de Prix du Midi libre. « Je ne suis pas contre, assure-t-il, Le médecin de la sélection natio- en Finlande, au point que la prési- et complémentaire : 51 320 F la saison 2001. mais je pense que, pour nous coureurs, cela ne change nale, le docteur Juha-Pekka Turpeï- dente finlandaise, Tarja Halonen, (7 823 ¤) ; 5 numéros : 740 F (417 ¤) ; Mais il y eut également et plus concrètement, en rien. » nen, qui avait dû démissionner en avait publiquement condamné l’uti- 4 numéros et complémentaire : mai 1999, cette affaire dite Sainz-Lavelot, mise au jour février de son poste et qui a par la lisation de produits dopants et 156 F (23,78 ¤) ; 4 numéros : 78 F par la brigade des stupéfiants du quai des Orfèvres, à Yves Bordenave suite été renvoyé de l’Institut de reconnu que l’affaire avait eu « des (11, 89 ¤) ; 3 numéros et le complé- Paris, dans laquelle « VDB » est impliqué : garde à vue, recherche finlandais pour le sport effets négatifs sur la réputation » du mentaire : 20 F (3 04 ¤) ; 3 numéros : prise de sang, hématocrite élevé qui laisse des soupçons Lire aussi le récit d’Eric Fottorino page 9 de haut niveau, était au courant de pays. – (AFP.) 10 F (1,52 ¤). AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 19 L’homme De l’Islande aux Açores, un rail de perturbations sur l’Europe de l’Ouest de Cro-Magnon Les causes de la variation des positions des dépressions et de l’anticyclone sont encore un thème de recherche. Le problème est complexe car les perturbations sont aussi gouvernées dans la haute atmosphère par un courant-jet très puissant qui souffle vers l’est a mis carpes et lapins Entre septembre 2000 et avril 2001, une grande pays. Depuis six jours, le beau temps est reve- voquent les variations dans la position des anti- Ces systèmes ont une vie beaucoup plus compli- partie de la France a subi des pluies ininterrom- nu sur le nord de la France et se maintient grâ- cyclones et des dépressions. La cyclogenèse des quée qu’on ne le pensait. Les perturbations dans le moteur pues, battant ainsi des records de pluviosité. ce à la présence d’une ceinture cyclonique qui perturbations est, elle, beaucoup mieux très puissantes sont capables de modifier la tra- Une situation provoquée par la présence per- s’étend des Açores à l’Europe centrale. On ne connue, grâce notamment aux travaux réalisés jectoire du « rail » créé en haute altitude par un manente du « rail » de précipitations sur notre sait pas encore expliquer les processus qui pro- dans le cadre du programme français Fastex. courant-jet très puissant orienté vers l’est. de l’évolution DE SEPTEMBRE 2000 à rature qui accompagne le courant- L’ÉVOLUTION humaine, revisi- avril 2001, la France a subi des Les anomalies climatiques du mois de mars jet. Le rendement de ce moteur tée par les isotopes radioactifs, pluies ininterrompues et importan- dépend des températures », ajoute prend un peu des allures de fable tes, qui ont provoqué des inonda- TROPIQUE DU CANCER le spécialiste. Plus la perturbation de La Fontaine : alors que Néan- tions catastrophiques. Pendant est mince en altitude et reste confi- dertal se délectait de bovins et de toute cette période, le « rail des per- née en surface, plus son rende- tortues, l’homme moderne, turbations » est resté obstinément ment est faible. Sapiens sapiens, a fait toute la diffé- bloqué au-dessus de notre pays. La Dans ce cas-là, elle suit fidèle- rence en traquant lièvres et carpes. dépression d’Islande, qui dirige le ment le courant-jet en restant sur Et si le premier, arrivé en Europe il régime des pluies sur l’Europe de son rail. Si, au contraire, la pertur- y a 120 000 ans, a été éclipsé par le l’Ouest en cette période de l’an- bation s’étend sur toute la hauteur second, débarqué d’Asie il y a envi- ÉQUATEUR née, était placée plus au sud que la de la troposphère, environ 9 km, le ron 40 000 ans, c’est peut-être en normale, tandis que des anticyclo- rendement est maximal. Car la raison de cette différence de régi- nes susceptibles d’écarter le flux « source froide » est très froide en me alimentaire. C’est ce que suggè- pluvieux de notre pays, tel celui raison de l’altitude. Ce qui donne rent des chercheurs américains et des Açores, restaient à l’écart. alors une perturbation intense qui britanniques dans une étude Aujourd’hui, ils sont là et il fait a la capacité de se lier au courant- publiée dans les annales de l’Aca- enfin beau. Depuis six jours, le jet, d’interagir avec lui, de le traver- démie américaine des sciences nord du pays connaît un temps sec TROPIQUE DU CAPRICORNE ser et de modifier sa trajectoire. (PNAS) du 22 mai. et ensoleillé. Une situation due à la Situation exceptionnelle avec basses pressions Situation exceptionnelle avec des hautes Erik Trinkaus, de l’université réunion de plusieurs anticyclones (mauvais temps) très inférieures à la normale. pressions (beau temps) très supérieures à la normale. LE PETIT NINO DE L’ATLANTIQUE Washington (Missouri), et ses col- qui créent ainsi « une ceinture anti- Situation déficitaire: basses pressions Situation déficitaire : hautes pressions (beau temps) « C’est le train qui amène son rail lègues ont comparé la composi- cyclonique allant des Açores à l’Eu- légèrement inférieures à la normale. légèrement supérieures à la normale. avec lui », plaisante Alain Joly. tion du collagène conservé dans rope centrale en passant par les îles Deux possibilités se présentent. des ossements de neuf hommes Source : Météo France Britanniques » explique Patrick Soit la modification de la trajectoi- modernes vieux de 20 000 à Galois, ingénieur prévisionniste à Les sept derniers mois, et en particulier le mois de mars, ont noyé la France sous les précipitations. Des records de plu- re du courant-jet est importante et 30 000 ans à celle de squelettes de Météo France. La dépression d’Is- viosité ont été battus et certaines régions, comme la baie de Somme, submergées par les inondations. La raison de ce les perturbations se succéderont cinq Néandertaliens datant de lande, quant à elle, reste bloquée désorde? Des variations de position de la dépression centrée sur l'Islande et de l'anticyclone des Açores, qui ont favorisé sur cette nouvelle route. Soit elle 30 000 à 130 000 ans. Ces mesures sur le centre de l’Atlantique. l'installation au-dessus de la France d'un rail – inhabituel à cet endroit – emprunté par des vagues successives de préci- se corrige d’elle-même et « le systè- portaient sur le carbone 13 et l’azo- pitations. La carte ci-dessus, qui compare la moyenne des pressions du mois de mars par rapport à un mois de mars me retombe sur ses pieds », et les te 15, dont les concentrations rela- TRANSFERT D’ÉNERGIE « normal », témoigne du caractère exceptionnel de ces phénomènes. dépressions suivent les routes habi- tives donnent des indications sur Ces deux systèmes jouent un tuelles. L’oscillation nord-atlanti- le régime alimentaire des dix rôle important sur le climat de nos faut rappeler que notre Terre est produit les anticyclones tropicaux cient, cela génère un « rail de per- que (ONA), ce petit Niño de l’At- années précédant la mort. Elles régions. Mais ils n’expliquent tou- une gigantesque machine thermi- situés sur les océans, et notam- turbations ». Dans l’Atlantique lantique nord, souvent mis en ont montré que l’homme moderne jours pas quel est le moteur de que qui reçoit de l’énergie, donc de ment celui des Açores. nord, celles-ci prennent naissance avant pour expliquer le climat euro- mangeait des animaux aquatiques leurs variations malgré les progrès la chaleur, du Soleil. Du fait de sa Par ailleurs, aux pôles Nord et au large des côtes américaines à péen, intervient en fait assez peu. (poissons, mollusques et/ou accomplis dans la compréhension rotondité, le Soleil chauffe davan- Sud, il existe des basses pressions. cause du contraste thermique pro- Elle se manifeste par les différen- oiseaux), tandis que son « cou- de la cyclogenèse des perturba- tage les régions équatoriales et tro- Les vents se dirigent des hautes voqué par la rencontre des coulées ces de pression entre la dépression sin » néandertalien « tirait la majo- tions et des tempêtes. « C’est donc picales que les pôles. Pour rétablir pressions vers les basses pressions. d’air froid, qui y sont présentes en d’Islande et l’anticyclone des Aço- rité de ses protéines d’herbivores ter- encore un intense sujet de recher- l’équilibre thermique, notre planè- Mais, en raison de la rotation de la hiver, et des remontées d’air chaud res qui, si elles sont très marquées restres ». che », se réjouit Alain Joly, spécia- te transfère l’excès de chaleur des Terre, sous nos latitudes, « les provenant du Gulf Stream qui lon- (indice positif), donnent lieu à un liste des perturbations dans le régions chaudes vers les régions vents, au lieu d’aller de l’anticyclone ge les côtes de Floride. Les recher- hiver froid et sec sur le sud de l’Eu- UNE PREMIÈRE RÉVOLUTION groupe d’étude de l’atmosphère froides par le biais d’une grande cir- des Açores vers la dépression d’Islan- ches réalisées dans le cadre du pro- rope et le sud de la France, mais à « On savait déjà, grâce aux restes météorologique (unité mixte culation atmosphérique, appelée de, sont déviés vers l’est, explique gramme Fastex (Expérience sur le un hiver doux et humide sur le alimentaires retrouvés sur les sites Météo France et CNRS) à Toulou- cellule de Hadley, du nom de son Patrick Galois. Comme ce flux d’air rail des dépressions atlantiques et nord de l’Europe et de la France. archéologiques, que la variété de la se (Haute- Garonne). découvreur britannique. est rapide, dans certaines régions, des fronts) lancé en 1991 par Ce fut le cas entre 1988 et 1992. nourriture s’était accrue il y a Sous nos latitudes, ces perturba- A l’équateur, l’air très humide et cela donne des instabilités qui don- Météo France et l’Institut des Paradoxe, alors que l’hiver a été 18 000 à 15 000 ans, indique Erik tions jouent un rôle très impor- chaud perd son humidité sous for- nent naissance aux dépressions sciences de l’Univers du CNRS, et doux et humide en France, l’indice Trinkaus. Ce que le carbone et l’azo- tant, car elles participent au trans- me de pluies, monte dans l’at- mobiles que sont les perturbations ». réalisé en 1997, ont permis d’en a été légèrement négatif. Ce para- te montrent, c’est que ce régime ali- fert d’énergie entre l’équateur et mosphère, et redescend beaucoup En altitude, il se passe un autre savoir un peu plus sur la cyclo- mètre ne saurait donc à lui seul mentaire varié est bien plus ancien, les pôles. Pour comprendre cela, il plus sec sur les tropiques. Ce qui phénomène. La vitesse de rotation genèse des perturbations et des expliquer les phénomènes météo- et que nos ancêtres pêchaient et de l’atmosphère augmente au fur tempêtes. rologiques sur la France, avance chassaient beaucoup de petits ani- et à mesure que l’on se rapproche Serge Planton, responsable de la maux rapides. » Une reconstitution de l’atmosphère en 3 D des pôles. Cela a pour effet de UN MOTEUR THERMIQUE recherche climatique à Météo Fran- Ces proies constituent une res- créer dans chaque hémisphère, à On a découvert que ces systèmes ce. La France subit en effet plu- source assez constante, par rap- Afin d’améliorer les connaissances sur la variabilité climatique de une altitude de 9-10 kilomètres et ont une vie plus compliquée que sieurs influences climatiques. Cer- port aux grands herbivores com- la zone Europe-Atlantique, le Centre européen de prévisions météo- vers 30 degrés de latitude, un cou- prévu. « Certains se forment, se tains chercheurs estiment me le renne, dont il faut prévoir rologiques à moyen terme (ECMWF), situé à Reading (Grande- rant-jet très rapide, qui fait le tour développent, puis s’arrêtent pour d’ailleurs que le climat européen les migrations et dont l’abondance Bretagne), a entamé une nouvelle analyse de toutes les données du globe. « Dans ce courant, il se repartir ultérieurement, précise obéit plutôt aux effets d’une peut fortement varier d’une année disponibles sur l’atmosphère terrestre de 1957 à 2001. forme des tourbillons, des dépres- Alain Joly. La phase critique, avec oscillation de plus grande échelle, à l’autre. Les Néandertaliens Pour réaliser une telle étude, il faut en effet disposer de longues sions dynamiques qui se matériali- un vent très fort, se situe quand la l’oscillation arctique. Preuve que auraient été plus vulnérables face séries de données. Celles qui sont archivées concernent l’ensemble sent sous la forme de vents très forts perturbation passe sous le courant- rien n’est simple en matière de à ces fluctuations, comme le suggè- de la planète et sont le résultat de mesures prises par les bateaux, et très violents », ajoute Patrick jet. » La perturbation « est un météorologie et de climat. rent les pathologies et la mortalité les bouées et les satellites. Ce Re-Analysis Project, qui a déjà com- Galois. Lorsque les vents de surfa- moteur thermique et fabrique du reflétées par leurs ossements. Par mencé, consiste à utiliser des systèmes d’assimilation et d’analyse ce et ceux du courant-jet s’asso- vent à partir du contraste de tempé- Christiane Galus ailleurs, les poissons sont riches en des données très performants pour découper l’atmosphère en peti- acides gras, qui favorisent le déve- tes tranches. Objectif : « Obtenir de six heures en six heures une recons- loppement cérébral, et auraient titution de tous les paramètres atmosphériques en trois dimensions », donné un avantage supplémentai- explique Serge Planton, responsable de la recherche climatique à Ordinateur et téléphone partagent la même puce re à Cro-Magnon. Météo France. Pour Erik Trinkaus, le plus frap- L’INTÉGRATION de plusieurs qui fera appel à la gravure à numéro de téléphone, par exemple, pant est la coïncidence entre ces fonctions sur la même puce fait 0,13 micron pour la fabrication ou interroger un site Internet ou modifications alimentaires et l’ex- partie des principes fondateurs de de ces puces, assure qu’elles per- une base de données », estime-t-il. plosion artistique, technique et la microélectronique depuis l’ap- mettront d’économiser, en con- En attendant la montre intégrant aussi démographique du paléolithi- parition des premières puces, centrant trois boîtiers en un seul, téléphone et accès à Internet... que moyen-supérieur (– 30 000 à dans les années 1970. Après le « au moins 60 % d’encombrement Déjà, Swatch a annoncé un – 20 000 ans environ). « Il y a donc « système » et l’ordinateur sur sans compromis sur les trois fonc- accord avec AOL Time Warner eu une première révolution, souli- une seule pastille de silicium, Intel tions », affirme Gilles Pellet. pour développer un tel objet, et gne-t-il, bien antérieure à celle qui annonce le lancement pour la De plus, la suppression des Philips a présenté son Wrist- a préparé l’entrée dans le néolithi- mi-2002 d’un microprocesseur connexions entre les composants phone, un téléphone-montre ne que » avec la domestication, il y a intégrant les fonctions de commu- réduit les parasites et la consom- pesant que 36 grammes. 12 000 ans. nication et de traitement de la mation électrique et augmente parole d’un téléphone portable. les performances. La fréquence Michel Alberganti Hervé Morin « Nous avons développé les tech- d’horloge, aujourd’hui limitée à niques nécessaires à l’intégration 200 MHz sera ainsi multipliée par de trois circuits – éléments logiques, 5. L’autonomie des batteries pour- mémoires (Sdram et Flash) et com- rait alors atteindre un mois en posants analogiques (résistances et veille, contre environ une semaine capacités) – sur une même puce actuellement. fonctionnant à une fréquence de 1 gigahertz (GHz) », précise Gilles DOUTES SUR LA PUISSANCE Pellet, directeur vente et marke- Doté d’une mémoire Flash de ting des produits de communica- 128 Mo, la nouvelle puce ne rivali- tion chez Intel Europe. sera pas avec les ordinateurs dont Le numéro un mondial des les disques durs contiennent plu- microprocesseurs, confronté à un sieurs gigaoctets de données. ralentissement des ventes d’ordi- Néanmoins, elle permet d’envi- nateurs et à la concurrence sager le traitement du flux d’in- d’AMD, mise sur le développe- formations pouvant atteindre les ment des téléphones de troisième 2 mégabits par seconde promis génération (3G) pour diversifier par la 3G. ses ventes. Les déboires actuels des nouvel- Le traitement de la voix et des les générations de téléphonie données par le même appareil mobile jettent néanmoins quel- mobile pose de nouveaux problè- ques doutes sur les utilisations mes et requiert une puissance de possibles d’une telle puissance calcul dont les téléphones porta- informatique, équivalente à celle bles actuels ne disposent pas. d’un ordinateur fixe âgé aujour- Pour preuve, la lenteur de réac- d’hui d’un ou deux ans. tion de ceux qui intègrent déjà des Gilles Pellet ne partage pas ces fonctions telles que les agendas et interrogations. Pour lui, la taille autres jeux. modeste des téléphones mobiles Le défi concerne donc, pour conduira au développement de la une bonne part, la miniaturisation communication par la voix. «La de l’électronique embarquée dans reconnaissance vocale jouera un les téléphones portables. Intel, rôle important pour identifier un 20 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 AUJOURD’HUI-AVENTURES Les Indiana Jones de l’Indian River Du Bostswana Objectif Atlantide a réuni douze équipes à la recherche d’un butin imaginaire sur les côtes de la Dominique. au Kenya La mer Caraïbe reste le lieu mythique de la chasse aux trésors sous-marins en rollers PORTSMOUTH (Dominique) SON PÈRE, Gérard Gropaiz, était, de notre envoyé spécial avec Alain Gottvalles, alors record- Le compte à rebours touchait à man du monde, l’un des meilleurs sa fin. Depuis quatre jours, douze nageurs de sprint à l’époque des équipes de trois plongeurs s’étaient Jeux olympiques de Tokyo (1964). mêlées aux poissons grenouilles à Fabrice a choisi de parcourir le face lunaire, aux hippocampes et à monde en rollers. Après avoir tra- la faune bigarrée du Parc national versé les Etats-Unis, l’Europe, la sous-marin de la Dominique avec Mongolie, la Chine, l’Australie ses coraux parsemés de quelques entre 1996 et 1999, cet ancien étu- canons, témoins de la bataille nava- diant en droit a décidé de s’atta- le perdue, le 12 avril 1782, par l’ami- quer à l’Afrique. ral de Grasse contre la flotte anglai- Conçu pour le macadam ou les sur- se de l’amiral Rodney. Elles avaient faces dures, ce nouveau moyen de pu imaginer la violence du cyclone déplacement est mal adapté au David qui, le 29 août 1979, avait sable, à la savane, à la boue équato- drossé sur la grève de Portsmouth riale ou à la descente du Kilimand- plusieurs cargos toujours livrés à la jaro (5 963 m) et du mont Kenya rouille faute de moyens pour les (5 194 m), au programme de ce dégager. Elles avaient longé la man- périple de 7 000 km. Gérard Gro- grove de l’Indian River, imprégnée paiz a donc conçu un prototype en des mille senteurs des palétuviers polyamide, équipé de deux roues géants et de la forêt tropicale. avec pneus, d’une suspension et Abandonnant leur combinaison d’un système de freinage efficaces. et leur bouteille de plongée, les con- Il prévoit aussi d’utiliser des techni- currents d’Objectif Atlantide ques inhabituelles en roller : des avaient, parfois de nuit, exploré les bâtons pour dévaler les sommets, ruines en cours de restauration du et une mini-voile ou un cerf-volant Fort Shirley avec ses tunnels enco- pour progresser sur le sable. Parti re livrés aux serpents et aux chau- de Gaborone, au sud du Bostwana, ves-souris. Ils avaient passé au pei- le 21 mai, il espère rallier le Kenya gne fin les quinze kilomètres de en octobre, après avoir traversé le PHOTOGRAPHIES H.ESKENAZI côtes de Douglas Bay et Prince Zimbabwé, le Malawi, la Zambie et Rupert Bay à la recherche de trois la Tanzanie. « Ce défi a un aspect cents indices disséminés, à terre et Cap Capucin sportif, dit-il, mais le roller est un sous l’eau, pour remonter la piste PARC MARIN moyen unique de rencontrer les gens d’un trésor et de deux butins imagi- Douglas Bay Morne Diables car il suscite la sympathie. » naires. Parc national des Cabris 890 m www.extreme-skate.com Fort Shirley Indian River Portsmouth ULTIME INDICE Prince Rupert Bay Marigot Jeudi 10 mai en début d’après- Etonnants midi, deux équipes étaient proches Mer des Antilles du but. Les Suédois, vainqueurs de Morne Diablotins RÉSERVE la précédente chasse à Ibiza, plon- St-Barthélemy (Fr.) 1 447 m CARAÏBE voyageurs geaient à proximité du rivage de Prince Rupert Bay. Les représen- Porto-Rico (EU) tants de l’île de Saint-Barthélemy Guadeloupe (Fr.) à Saint-Malo les avaient rejoints et avaient aussi- Saint- DOMINIQUE Joseph tôt pénétré dans une grotte sur la COMME chaque année, Michel Le Martinique (Fr.) Morne Trois Pitons grève, bientôt suivis par leurs adver- 1424m Bris, directeur du festival Eton- saires. Les Français étaient ressor- Mer STE-LUCIE nants voyageurs, rassemble, du des Antilles tis en brandissant une toile avec un STE-VINCENT vendredi 1er au lundi 4 juin à Saint- dessin, ultime indice devant mener ROSEAU Malo, des écrivains, des réalisa- GRENADE Plus de trois cents indices avaient été disséminés, sur terre au trésor. Il ne restait plus que et sous l'eau, notamment parmi les coraux du Parc national teurs et des aventuriers. Rencon- deux heures avant la fin de cette TRINITÉ-ET-TOBAGO sous-marin de la Dominique (photo du haut). tres au Café littéraire, débats en chasse. Sur un morceau de poterie, on peut apercevoir Rotonde Surcouf ou à l’Hôtel du Les trois équipiers de Saint-Barth l'un de ces indices, représentant un secteur de la côte avec Louvre, projections de documentai- étaient revenus au ponton du Ports- 200 km VENEZUELA 5km le dessin de l'une des trois cent soixante-cinq rivières de l'île res au Palais du Grand Large mouth Beach Hotel, base de toutes (photo ci-dessus). devraient réunir Jorn Riel, Per les allées et venues. Tandis que Phi- Olov Enquist, Nick Tosches, Kossie lippe, rédacteur en chef de Har- banane. Privée des plages de sable offrait un cadre de choix pour naturaliste, recherches sur Inter- plongée quotidiennes et de recher- Efoui, Jean-François Deniau, Jean bour, un guide de l’île française, blond de ses voisines à cause d’un Patrick et Virginie, les deux princi- net, correspondances et extraits de ches à terre, pour parvenir au trésor Malaurie, Jean Raspail, Jean-Louis réclamait une bière fraîche, Jean- relief très volcanique, l’« île natu- paux auteurs du scénario d’Objectif journaux à propos d’un trafic d’es- au bout de trois et, si possible, quatre Etienne, Raymond Depardon, Jacques, musicien, et Sabine, moni- re » aux trois cent soixante-cinq Atlantide. sences tropicales et de plumes jours. » Un casse-tête pour les orga- Titouan Lamazou, etc. trice de plongée, récapitulaient les rivières et cours d’eau, qui abrite la d’oiseaux, etc. nisateurs, puis pour les concur- indices en leur possession, avant de dernière réserve des Indiens Caraï- UN CADRE DE CHOIX « Les scénarios sont très proches rents. Mais le plus dur pour tous e Le programme du festival est se remettre à l’eau. Un cri de joie bes, voudrait profiter de sa flore et Chaque équipe avait à démêler de la réalité d’une chasse au trésor, restera l’ultime expédition sur l’In- consultable sur le site annonçait bientôt leur réussite. de sa faune pour attirer les plon- un dossier de cinquante-cinq pages estime Daniel Méouchy. Nous dian River jusqu’au bar à « dynami- www.etonnants-voyageurs.com A moins de 10 mètres du ponton, geurs et développer un tourisme de composé de cartes et de docu- disons aux concurrents : “Nous te », un cocktail à base de rhum et par 3 ou 4 mètres de fond, les deux randonnées. Les 150 000 francs de ments imaginaires retraçant avec avons réuni ces documents pendant de graines aux effets réellement plongeurs venaient d’apercevoir un prestations offerts pour l’organisa- humour l’histoire d’un trésor dispa- des mois. A vous de jouer.” La diffi- explosifs. Internet récif de corail semblable au dessin tion de cette épreuve entraient ru : mythes et coutumes des culté consiste à prévoir une progres- du dernier indice. Quelques minu- dans cette promotion. Indiens Iahinos, carnet de route sion logique dans la découverte des tes plus tard, ils avaient désensablé Cet environnement luxuriant d’un explorateur, planche d’un indices, à partir de deux heures de Gérard Albouy au sommet le coffre de bambou que Sabine pouvait montrer triomphalement. Le prix de 1 000 dollars (1 136 ¤) de l’Everest attribué à l’équipe gagnante ne cou- Erick Surcouf, descendant de corsaire et chercheur d’épaves vrait même pas les frais d’inscrip- LE VOYAGISTE Club Aventure tion de 12 900 francs (1 967 ¤) par « LA MER est le plus grand richesses des Amériques. Après 300 kg d’or, 47 tonnes d’argent, niola, qui avait fait mettre aux proposait d’amener quelques concurrent, mais la vraie récompen- musée du monde », affirme Erick avoir rallié les Caraïbes, les voi- une cargaison d’émeraudes fers Christophe Colomb avant clients au sommet de l’Everest se des trente-six plongeurs était Surcouf, l’arrière-arrière- petit- liers se dirigeaient vers Cartage- colombiennes et la fortune des d’être rappelé en Espagne en (8 848 m) par le versant tibétain, d’avoir pu jouer les Indiana Jones neveu du « roi des corsaires ». Un na, Portobelo ou Truxillo pour quarante-trois dignitaires espa- 1502, rentrait avec sa fortune, techniquement plus abordable. des abysses durant quatre jours. tiers des trésors recensés et 40 % charger les trésors et les émerau- gnols qui étaient à bord. Inven- dont une pépite de 35 livres et L’expédition est encadrée par le « Objectif Atlantide doit rester un jeu des métaux précieux extraits des aztèques, l’or des mines du teur de ce trésor, l’Américain Mel une table en or massif de 3 310 guide chamoniard Bernard Muller, qui s’adresse à ceux qui ont toujours depuis l’Antiquité reposerait au Pérou, l’argent de Bolivie, avant Fisher fit coup double en retrou- livres. Coulé par un cyclone dès le et accompagnée par Jean-Marc rêvé de chasser un trésor sans en fond des océans dans les épaves de se regrouper à La Havane pour vant l’épave du Nuestra-Señora- premier jour, son galion n’a pas Porte, rédacteur en chef adjoint de avoir jamais eu les moyens », expli- de galions espagnols, de caraques regagner l’Espagne en convoi, par- de-Margarita, coulé dans la même été retrouvé. Trek Magazine. Pour faire vivre aux que Daniel Méouchy, son créateur. portugaises, de navires de la Com- fois de près de cent navires. tempête. Le produit de ces L’épave la plus riche de la zone internautes le quotidien d’une Depuis 1990, Objectif Atlantide, pagnie des Indes ou de jonques La méconnaissance des routes fouilles est estimé à 100 millions Caraïbe serait celle du San-José, expédition sur le Toit du monde. patronné par la Fédération françai- chinoises. « Sur plus de 40 000 par des navigateurs qui ne de dollars. naufragé en 1706 au large de Car- Depuis l’arrivée, le 2 avril, à Kath- se d’études et des sports sous- navires qui ont sombré sous toutes savaient pas calculer la longitude, tagena, avec 116 coffres remplis mandou, les internautes ont pu marins, s’est déplacé des îles de les mers du monde et sont réperto- les tempêtes, les surcharges et les RECHERCHES FIÉVREUSES d’émeraudes, des millions de vivre toutes les étapes obligées Lérins (Alpes-Maritimes) à celles riés, dit-il, à peine plus de 200 ont attaques des flibustiers, des corsai- Le trésor du Nuestra-Señora-de- pesos en or et en argent, les d’une telle expédition : les pre- du Frioul (Bouches-du-Rhône) et fait l’objet de recherches. » res, puis des pirates furent à l’ori- la-Concepcion, échoué en 1641 joyaux du vice-roi du Pérou et les miers contacts entre candidats à de Porquerolles (Var), de la Cala Après sa jeunesse passée au gine de bien des naufrages et de sur le Banc d’argent, au nord de biens de trois cents dignitaires qui cette aventure ; le voyage vers le Montjoy (Espagne) aux îles de milieu de maquettes de navires, pertes de trésors. L’utilisation du Saint-Domingue, fascine les cher- rentraient au pays. Les recherches plateau tibétain et l’arrivée au Perhentian (Malaisie), de la Jeu- de gravures d’abordages et de des- scaphandre autonome dans les cheurs depuis la découverte, en des groupes américains et anglo- camp de base chinois (5 300 m), les nesse (Cuba), de Racha (Thaïlande) sins de pirates, Erick Surcouf a années 1950 avait permis d’attein- 1687, d’une partie de sa cargaison saxons seraient aussi étroitement premiers regards vers ce sommet et d’Ibiza (Espagne), sans perdre commencé en 1980 son activité de dre quelques-unes de ces épaves, par l’Américain William Phips, surveillées par le gouvernement mythique ; la phase d’adaptation à son esprit convivial. chasseur de trésors et de con- mais les chasses sont devenues commandité par la cour d’Angle- colombien que par les narcotrafi- l’altitude, puis la progression, avec Pour les concurrents, le recours à seiller en archéologie sous-mari- scientifiques. Une campagne de terre. L’estimation frôle le mil- quants. Les recherches sont aussi une soixantaine de yaks pour por- la publicité rend cette chasse au tré- ne dans les Caraïbes, à la recher- plongée de plusieurs mois est pré- liard de dollars. Eperonné en difficiles dans les eaux cubaines, ter le matériel, jusqu’au camp de sor moins onéreuse qu’un simple che de l’Oxford de Henry Morgan, cédée de recherches historiques 1656, le Nuestra-Señora-de-las- chasse gardée familiale pour Fidel base avancé (6 400 m) sous le col séjour de plongée exotique. Ainsi le « roi des flibustiers ». Ayant en archives qui peuvent durer Maravillas avait plusieurs cales Castro et son frère Raoul, où repo- nord. Les internautes ont pu parta- les vainqueurs portaient les cou- réuni 960 hommes à l’Ile-à-Vache, deux à trois ans. Pour localiser les réservées à l’or, avec une statue serait le Santiago envoyé par Her- ger l’émotion de l’abandon de leurs du restaurant Do Brazil, les au sud d’ Haïti, pour attaquer un trésors, les chasseurs disposent de 500 kg représentant la Vierge nan Cortés avec une partie du tré- Carole, sourde-muette, puis le Guadeloupéens étaient aidés par convoi de galions en 1669, Mor- de détecteurs de métaux, de Marie et l’enfant Jésus. Son épa- sor aztèque. Quelques voix affir- renoncement de Jacques et, sur- leur club de plongée, les étudiants gan avait ordonné de tirer une sal- magnétomètres à résonance ve, retrouvée en 1972 par l’Améri- ment même que la fortune person- tout, l’évacuation dramatique de des Côtes-d’Armor soutenus par ve d’honneur pour célébrer l’ac- magnétique nucléaire, de robots cain Robert Marx sur un haut- nelle du Lider maximo ne serait Zeddy, un Koweïtien atteint d’un l’Ecole des métiers de l’environne- cord. Le maître canonnier, ivre filoguidés. Chaque opération fond au large de la Floride, est pas étrangère à ces trésors ? œdème cérébral compliqué d’un ment. D’autres, comme Sandrine, comme l’équipage, avait par nécessite un investissement de aujourd’hui encore en cours d’ex- œdème pulmonaire. Ils ont pu informaticienne à Air France et fidè- mégarde allumé la mèche d’un plusieurs dizaines de millions de ploration. G. A. vivre les allées et venues jusqu’aux le à Objectif Atlantide depuis cinq baril de poudre qui avait fait sau- francs. D’autres épaves font l’objet de différents camps d’altitude, jus- ans, n’ont jamais démarché de ter l’Oxford. Cette chasse, com- La mer des Caraïbes focalise l’at- recherches fiévreuses. Celle de la e « L’Or de la mer, épaves et tré- qu’à 8 300 mètres. Reste le suspen- sponsor. manditée par le bijoutier Cartier, tention de sociétés américaines Santa-Maria de Christophe sors engloutis », Erick Surcouf et se final : la brusque dégradation Dans son concept actuel, Objec- ne fut pas miraculeuse, mais cela qui ont remonté quelques fabu- Colomb, disloquée le soir de Noël Christian Bex, Le Cherche Midi Edi- des conditions météo permet- tif Atlantide repose sur un partena- n’a pas toujours été le cas. leux trésors. Celui de la Nuestra- 1492 par un récif coralien à proxi- teur, 220 p., 110 F, 16,76 ¤. « D’or, tra-t-elle à Bernard, Charly, Anna, riat étroit avec le pays visité. Indé- Les Caraïbes étaient au cœur Señora-de-Atocha fut retrouvé en mité d’Hispaniola (île de Saint- de rêves et de sang, l’épopée de Pierre, Claude, Guy, Yves, Floren- pendante depuis 1978, la Domini- du vaste trafic organisé par les 1985. Parti de La Havane en 1622, Domingue et Haïti), a surtout un la flibuste », Michel Le Bris, ce et Jean-Marc de tenter le som- que a une économie sinistrée par la Espagnols, du XVIe à la moitié du le galion, qui s’était éventré sur intérêt archéologique. Francisco Littératures, 386 p., met ? chute des cours du sucre et de la XVIIIe siècle, pour transférer les un récif des Keys, contenait de Bobadilla, gouverneur d’Hispa- 139 F, 21,19 ¤. www.club-aventure.com AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 21 ------Les orages se raréfient 25 MAI 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Les conditions anti- cumulus vont bourgeonner dans le vers 12h00 DU VOYAGEUR cycloniques se renforcent sur l’ouest ciel de l’Alsace à la Franche-Comté et et le nord du pays. La petite dépres- au plateau lorrain. Le soleil apparaî- Peu sion qui intéressait le Sud-Est s’éloi- tra plus longuement de la Champa- Belfast nuageux a AUSTRALIE. La compagnie gne vers l’Est et les orages vont se gne à la Bourgogne. Les températu- Liverpool Thaï Airways conforte sa position Dublin limiter au relief alpin. Les températu- res s’échelonnent de 24 à 26 degrés. Varsovie Kiev sur l’Australie avec 30 vols hebdo- res vont continuer de grimper pour Poitou-Charentes, Aquitaine, Amsterdam Berlin Brèves madaires reliant Bangkok à Syd- atteindre des valeurs proches de Midi-Pyrénées. Le soleil brille géné- ney, Melbourne, Perth et Brisba- Londres éclaircies 30 degrés dimanche. reusement près du littoral charentais 50 o Bruxelles ne. Ces vols accessibles depuis Bretagne, pays de Loire, Basse- et aquitain. Dans les terres, après la Prague Paris, via Bangkok (liaison quoti- Normandie. Le soleil brille large- dissipation de formations brumeu- Couvert dienne sans escale, en moins de ment de la Bretagne à la Vendée. De ses, le soleil alterne avec quelques Paris Strasbourg Vienne 12 heures, pour la capitale la Basse-Normandie à l’Anjou, il se cumulus de beau temps. Il fait de 21 Budapest thaïlandaise), avec une correspon- Nantes Brume réserve une belle part dans un ciel à 25 degrés des côtes vers les terres. Berne brouillard dance ultra-rapide pour Sydney agrémenté de cumulus. Les tempéra- Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest (une heure), sont proposés, du Lyon tures voisines de 17 à 19 degrés le Alpes. La matinée est partagée entre Milan Belgrade 27 mai au 24 juin 2001 (avec un long des côtes de la Manche attei- nuages et soleil. Les nuages bour- Sofia Averses retour possible jusqu’au 10 juillet) gnent 22 à 26 degrés dans les terres. geonnent l’après-midi et peuvent Toulouse Istanbul et en septembre (retour jusqu’au Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- donner une ondée en Auvergne, voi- Pluie 30 octobre), au tarif promotionnel France, Haute-Normandie, Cen- re un orage dans les Alpes. Il fait de Rome de 5 620 F, 854 ¤, A/R. Cette propo- tre. Soleil seul dans le ciel du Nord- 22 à 26 degrés. Barcelone Naples sition inclut une escale gratuite à o Madrid Pas-de-Calais aux Ardennes. De la Languedoc-Roussillon, Proven- 40 Bangkok à l’aller et (ou) au retour, Haute-Normandie à l’Ile-de-France ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le ciel Lisbonne Athènes Orages occasion de couper, par moitié, ce et au Centre, le soleil joue à armes se dégage près du littoral. Quelques long voyage aérien. Tarif qui impli- égales avec des cumulus inoffensifs. nuages se développent dans l’inté- Séville que certaines contraintes (7 jours Il fait de 17 à 19 degrés le long des rieur et donnent une ondée sur le Neige minimum sur place, un mois maxi- Alger Tunis côtes, 24 à 26 degrés dans les terres. relief corse, voire sur les Alpes-Mariti- mum de séjour, réservation et Champagne, Lorraine, Alsace, mes. Il fait de 25 à 28 degrés, locale- règlement simultanés, etc.). Réser- Rabat o o o Vent fort Bourgogne, Franche-Comté. Les ment 22 degrés sur les plages. 0 10 20 vation au 01-44-20-70-80. PRÉVISIONS POUR LE 25 MAI 2001 PAPEETE 24/29 S KIEV 12/23 S VENISE 19/24 S LE CAIRE 22/35 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 S LISBONNE 14/26 S VIENNE 11/25 S NAIROBI 16/26 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 21/26 S LIVERPOOL 11/20 C AMÉRIQUES PRETORIA 8/25 S EUROPE LONDRES 7/20 C BRASILIA 19/27 S RABAT 14/27 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 7/18 S LUXEMBOURG 12/24 S BUENOS AIR. 11/20 S TUNIS 15/22 S FRANCE métropole NANCY 13/24 N ATHENES 17/22 S MADRID 13/29 S CARACAS 24/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 14/22 N NANTES 12/22 S BARCELONE 15/23 S MILAN 16/24 S CHICAGO 8/15 S BANGKOK 26/34 P BIARRITZ 11/19 N NICE 16/22 S BELFAST 12/17 C MOSCOU 7/13 C LIMA 13/18 S BEYROUTH 22/26 S BORDEAUX 12/21 S PARIS 13/25 S BELGRADE 14/20 P MUNICH 11/23 S LOS ANGELES 14/24 S BOMBAY 30/35 S BOURGES 14/23 S PAU 9/21 S BERLIN 12/21 S NAPLES 15/22 P MEXICO 12/23 S DJAKARTA 27/29 C BREST 10/16 S PERPIGNAN 17/26 S BERNE 13/21 S OSLO 2/18 S MONTREAL 15/21 S DUBAI 27/37 S CAEN 14/19 S RENNES 13/25 S BRUXELLES 9/22 S PALMA DE M. 14/25 S NEW YORK 13/17 C HANOI 26/32 P CHERBOURG 10/16 S ST-ETIENNE 15/23 N BUCAREST 6/24 S PRAGUE 11/20 S SAN FRANCIS. 12/20 S HONGKONG 23/28 S CLERMONT-F. 14/21 N STRASBOURG 15/25 N BUDAPEST 14/26 S ROME 13/22 S SANTIAGO/CHI 6/18 C JERUSALEM 20/30 S DIJON 14/24 N TOULOUSE 13/23 S COPENHAGUE 7/16 S SEVILLE 18/35 S TORONTO 14/16 P NEW DEHLI 25/40 S GRENOBLE 16/23 N TOURS 14/24 S DUBLIN 10/19 C SOFIA 10/19 C WASHINGTON 16/22 P PEKIN 18/29 S LILLE 10/21 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 12/25 S ST-PETERSB. 3/7 P AFRIQUE SEOUL 16/27 C LIMOGES 13/21 S CAYENNE 24/29 P GENEVE 15/23 P STOCKHOLM 4/14 S ALGER 11/24 S SINGAPOUR 28/30 C LYON 17/23 N FORT-DE-FR. 26/31 S HELSINKI 1/9 S TENERIFE 19/23 S DAKAR 21/25 S SYDNEY 10/17 S MARSEILLE 17/26 S NOUMEA 21/25 S ISTANBUL 14/20 S VARSOVIE 7/21 S KINSHASA 22/27 P TOKYO 18/25 S Situation le 24 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 26 mai à 0 heure TU

VENTES Résultats Les archives d’une grande maison de tissus proposées à Cheverny Vente de tissus péruviens du 19 mai (Le Monde du 11 mai). UN DES SECTEURS les plus date du début du XXe siècle. Il est son père, et travaille avec son épou- étant présentées avec l’échantillon 763-916 ¤). Les carnets de placiers b Textile de couleur bleu nuit actifs du marché actuel est la spécia- rare de trouver un fonds d’archives se, Madeleine, qui, justement, a su correspondant ; elles sont estimées étaient utilisés par les représen- en laine très fine bordé de lité des arts textiles, où les prix mon- complet, et la vente de celles d’une préserver et enrichir leurs archives. autour de 2 000 F chacune (305 ¤), tants de commerce qui faisaient personnages humains formant les tent depuis cinq ans. Des amateurs grande maison de tissus, qui aura Un de leurs grands succès a été sans doute davantage pour le célè- choisir des tissus aux détaillants de franges, Pérou, Côte méridionale, venus de toute l’Europe et des Etats- lieu à Cheverny le 8 juin, sera l’occa- d’introduire de l’acétate dans les bre mannequin Bettina portant des toute l’Europe ; représentatifs des 200 av. J.-C. - 100 après, 29 000 F, Unis trouvent sans cesse de nou- sion de découvrir dans le détail les tissus de luxe, initiative qui a été robes Jacques Fath, Jean Desses ou goûts et des créations de chaque 4 427 ¤. veaux filons à collectionner : après coulisses de la production. saluée par l’enthousiasme des utili- Jacques Heim, ou pour la reine Eli- période, ces carnets sont datés b Petit fragment de bordure en les châles en cachemire, les costu- Fondée en 1888 sous le nom de sateurs des années 1950, et qui a zabeth II défilant en jaune canari entre 1884 et 1900 (8 000 à laine représentant des personnages mes anciens, la haute couture, les Bradford et Lauer, devenue en valu à Robert Perrier le surnom de dans un tissu Perrier. 12 000 F, 1 221 à 1 832 ¤). Les échan- détaillés, environ 300 av. J.-C., étoffes et les dentelles, ils se pas- 1941 la société des textiles Robert « roi de l’acétate ». tillons d’archives de la maison inté- 8 000 F, 1 221 ¤. sionnent maintenant pour les archi- Perrier, cette maison a fourni, La vente s’ouvre sur une trentai- ressent beaucoup de fabricants b Fragment de bordure bleu nuit ves textiles. Cette documentation, depuis sa création, tous les grands ne de photographies de mode des Des amateurs venus actuels et de jeunes couturiers ; ils avec la représentation des deux très importante dans l’histoire du couturiers de leur temps, de Worth années 1950 et 1960, où les vête- sont regroupés par matière : poil de démons, laines d’épaisseur tissu, a été en grande partie détrui- à Christian Dior. Robert Perrier ments ont été coupés dans des tis- de toute l’Europe chameau, jersey, taffetas, crêpe, différentes, 300 à 100 av. J.-C., te, et la majorité de celle qui circule hérite de la société à la mort de sus Perrier, beaucoup d’entre elles satin, etc. (1 000 à 5 000 F, 152 à 1 800 F, 274 ¤. et des Etats-Unis 763 ¤). Les dessins textiles, dont cer- b Grande cushma (poncho) avec tains sont signés, varient entre franges à décor de motifs Calendrier 27 mai, tél. : 05-65-41-18-97. du livre, vendredi 25 mai, trouvent sans cesse 1 000 et 5 000 F, 152 à 763 ¤. Au géométriques sur fond rouge, b Dreux (Eure-et-Loir), du tél. : 05-46-29-52-71. sommet de cette catégorie, un 300 à 100 av. J.-C., 13 500 F, 1 984 ¤. ANTIQUITÉS BROCANTES vendredi 25 au dimanche 27 mai, b Chaumont (Haute-Marne), de nouveaux filons ensemble de gouaches de Sonia b Textile à décor de têtes b Fouesnant (Finistère), tél. : 02-37-25-70-70. publicité ancienne, du Delaunay, réalisées pour des pro- humaines, jaune sur fond rouge, jusqu’au dimanche 27 mai, b Saint-Denis-de-l’Hôtel vendredi 25 au dimanche 27 mai, à collectionner jets textiles, sont estimées entre 300-700 ap. J.-C., 11 000 F, 1 679 ¤. tél. : 02-98-96-45-81. (Loiret), du vendredi 25 tél. : 03-25-32-43-59. 3 000 et 6 000 F (458 à 916 ¤). b Cushma divisé en 2 couleurs b Montmorillon (Vienne), au dimanche 27 mai, b Cahors (Lot), photos différentes, jaune et rouge clair, jusqu’au dimanche 27 mai, tél. : 02-38-46-83-40. cinéma, samedi 26 mai, Les nuanciers déploient des Catherine Bedel bordure à décor de Grecs, 200-400, tél. : 05-49-83-03-63. b Agon-Coutainville (Manche), tél. : 05-65-30-99-99. volées d’échantillons en camaïeux 58 000 F, 8 854 ¤. b Putot-en-Auge (Calvados), du vendredi 25 au dimanche b Richelieu (Indre-et-Loire), de toutes couleurs. Les plus anciens e Orangerie du château de Che- b Habit de cérémonie en plumes jusqu’au dimanche 27 mai, 27 mai, tél. : 02-33-76-67-30. livres anciens, samedi 26 datent des années 1890-1900 et verny, vendredi 8 juin ; exposition bleu et rouge, 400-1000, 16 000 F, tél. : 02-31-23-86-69. COLLECTIONS et dimanche 27 mai, sont estimés entre 3 000 et 6 000 F sur place de 10 à 18 heures, vente 2 442 ¤. b Deauville (Calvados), du b Paris-Bastille, affiches, photos, tél. : 02-47-58-13-58. (458 à 305 ¤). Reliés dans de gros à 20 heures. Etude Rouillac ; hôtel b Panneau décoratif vendredi 25 au dimanche 27 mai, gravures, du jeudi 24 au dimanche b Paris, avenue Gabriel, carnets parchemins, les livres de des ventes, route de Blois, 41100 probablement pour un habit tél. : 02-31-81-98-31. 27 mai, tél. : 01-56-53-93-93. philatélie, du jeudi 24 références et de commandes cou- Vendôme ; tél. : 02-54-80-24-24. de cérémonie à décor d’êtres b Gourdon-en-Quercy (Lot), b Les Portes-en-Ré au dimanche 27 mai, vrent la période 1894-1963 (de Catalogue complet sur Internet : mythiques disposés en diagonale, du vendredi 25 au dimanche (Charente-Maritime), journée tél. : 06-81-98-71-10. 2 000 à 5 000 - 6 000 F, 305 à http://www.rouillac.com 1000-1450, 30 000 F, 4 580 ¤.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 123 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 223 En collaboration avec la

123456789101112 Petite galette qui peut devenir grosse. En France. - 8. Réserve de I pétrole et de gaz. De la ceinture L’estampe, jalon d’un parcours artistique aux genoux une fois assis. - 9. NÉE à Paris en 1910, Aurélie II Cours élémentaire. Frappés. - 10. Nemours est élève de François Courbe en plein ciel. De un à six Léger. Après la découverte de l’œu- III au hasard. - 11. A développer si vre de Mondrian, elle trouve dans elle est bonne. Rejetait. - 12. l’abstraction géométrique son véri- Aurélie Nemours IV Amateur de musique devenu table moyen d’expression. Son (1910). amateur en toute chose. œuvre rigoureuse se bâtit autour « Structure V de la forme géométrique, de la du silence II », Philippe Dupuis ligne horizontale-verticale, du cons- 1990. Sérigraphie VI traste des couleurs vives, de la 65 × 50 cm. SOLUTION DU N° 01 - 122 recherche du rythme. Peintre avant La Cohue, Musée VII tout, elle travaille aussi le pastel, le de Vannes, Horizontalement collage et l’estampe. exposition VIII I. Soupir. Bémol. - II. A propos. En 1946-1948, elle réalise ses pre- « Aurélie Pâmé. - III. Violoncelles. - IV. On. miers bois gravés pour le livre Midi Nemours, IX Emir. Ollé. - V. Nil. Enivrée. - VI. la lune, accompagné de ses poèmes estampes », Aune. Aie. TP. - VII. Etna. Ab- et édité en 1950. Cette première jusqu’au 10 juin DOMINIQUE DIRO / ADAGP, 2001 X sente. - VIII. Treillis. Aeu. - IX. Ré. expérience de la gravure la pas- 2001. Veinées. - X. Esses. Essais. sionne et représente pour elle l’en- gagement de toute une vie, préci- tueuse collaboration avec l’artiste. ques de la Ville de Paris ? HORIZONTALEMENT peine fini, il recommence. - IX. Verticalement sant que l’« on entre en gravure com- En 1999, Aurélie Nemours a reçu Réponse dans Le Monde du Grecque. Du jamais vu. - X. Qu’il 1. Savon. Etre. - 2. Opiniâtres. - me on entre en peinture ». Le Musée un prix important. Lequel : 1er juin. I. Un impertinent qu’il faut faudra remettre au propre. Vit 3. Uro. Lune. - 4. Pole. Naïve. - 5. de La Cohue, qui possède un fonds a La médaille de la ville de Gre- Réponse du jeu no 222 paru remettre à sa place. Facile à naître Paul et Georges. Ipomée. Les. - 6. Rônin. Ali. - 7. important de ses estampes, les noble ? dans Le Monde du 18 mai. attraper en mauvaise saison. - II. Scriabine. - 8. Vissés. - 9. Eplorée. expose, et publie en même temps le a L’ordre de chevalier de la Dans Le Trésor de Rackham le Dépassement. Sans attention. - VERTICALEMENT Es. - 10. Malle. NASA. - 11. Ome- catalogue raisonné de son œuvre Légion d’honneur ? Rouge, Tintin et ses amis sont III. Sorties bien arrosées. Joli lette. - 12. Lèse. Peurs gravé, résultat d’une longue et fruc- a Le Grand Prix des arts plasti- embarqués à bord du Sirius. pour un homme mais pas pour le 1. Inventeur qu’il vaut mieux ne garçon. - IV. Au bout de la digue. pas suivre. - 2. Apportes en Divague. Convienne. - V. Lumière quantité. - 3. Fait l’interrogation. de la nuit. Est couché. - VI. Pour Impeccables. - 4. S’accroche aux interpeller une vierge. Plus branches. Eructa. - 5. A suivre par LE MONDE TELEVISION important s’il est diplomatique. - les bons marcheurs. Attachai à VII. Quatre faces, quatre som- contresens. - 6. Analysent les avec 0123 mets et six côtés. En liasse. - VIII. informations qu’ils reçoivent. - DATÉ DIM./LUNDI Armes blanches. Arme jaune. A 7. Planté pour un bon coup. 22 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001

MUSIQUE Les sorties rappro- groupes de rock. b L’AMÉRICAIN de son aîné, le chanteur de Radio- ajoute même qu’il a été longtemps b TOUTEFOIS, les nouveaux disques chées des Reveal, de R.E.M., et le Britannique Thom head avoue s’être « toujours servi hanté par les images des massacres de R.E.M. et de Radiohead permet- et Amnesiac (le 5 juin), de Radio- Yorke partagent une admiration réci- des chansons pour se confronter à au Rwanda : « Comment écrire une tent de relever que, au-delà de simi- head, sont une occasion de confron- proque pour leurs parcours respec- des choses qu’il ressentait sans pou- chanson après cela. Il n’y avait aucun litudes apparentes, ces musiciens ter les parcours des leaders de ces tifs. b SOUS L’INFLUENCE musicale voir les exprimer ». b THOM YORKE moyen de formuler cette horreur. » savent cultiver leur individualité. La liberté conquise des groupes R.E.M. et Radiohead Partageant une admiration réciproque, les musiciens anglo-saxons gardent leurs distances avec un système de production discographique de plus en plus déshumanisé. Chaque formation publie un nouveau disque. Une occasion d’analyser l’évolution de leur parcours

LES HASARDS de l’actualité Les vingt années de carrière de rapprochent deux amis, Michael R.E.M. n’ont pas été épargnées Stipe et Thom Yorke, et mettent par les crises. La plus grave aura en perspective leurs groupes res- sans doute été celle liée, en 1995, pectifs, R.E.M. et Radiohead. Deux au départ de , batteur ori- formations qui, sans mimétisme ginel du groupe, victime d’une rup- musical excessif, partagent une ture d’anévrisme. « Le départ de admiration réciproque. Bill nous a libérés, sur le plan de la Les premiers sont originaires musique et du son », confie Mi- d’Athens, une ville universitaire du chael Stipe. nord-est de la Géorgie (Etats- La volonté d’expérience radicale Unis). A partir de 1980, Michael de Radiohead ne correspondait Stipe, , et pas qu’à un désir de renouvelle- Bill Berry posent les bases de ce ment artistique. Thom Yorke qui deviendra le rock alternatif révèle aussi l’origine du blocage américain. Un nouvel , personnel qui a provoqué cette Reveal, confirme aujourd’hui l’ex- remise en question : « Il y a trois ceptionnelle constance qualitative ans, je suis tombé à la télévision sur de ce quatuor devenu trio. Créé à un reportage consacré aux mas- Oxford, dix ans après R.E.M., par sacres au Rwanda. Une équipe de Thom Yorke, Ed O’Brien, Phil journalistes arrivait dans un village, Selway et les frères Jonny et Colin les gens les suppliaient de les emme- Greenwood, Radiohead a forgé sa ner. Le camion de journalistes repar- musique à la lisière de l’onirisme tait, puis revenait pour découvrir et et du dégoût de soi, du calme som- filmer les corps amputés de ces nambulique et de la violence élec- mêmes villageois. Ces images m’ont trocutée. Huit mois après la sortie obsédé pendant des mois. Comment d’un album, Kid A, énigmatique et écrire une chanson après cela ? Il culotté, le quintette publie Amne- n’y avait aucun moyen de formuler siac, suite audacieuse, en phase cette horreur. » avec leur hantise de la facilité. Les disciples de R.E.M. sont devenus à leur tour des maîtres « PRÉSERVER SON IDENTITÉ » influents. Thom Yorke se sent-il Avec Sonic Youth, Tim Buckley prêt à parrainer, lui aussi, ses admi- ou Queen, R.E.M. est l’une des rateurs ? « Michael est beaucoup influences fondatrices de Radio- plus généreux que moi. J’admire sa head. Les deux groupes se rencon- disponibilité, il a toujours du temps trent la première fois en 1995, au à partager. Je suis beaucoup plus cours d’une tournée américaine farouche. J’ai pourtant envie commune organisée à l’initiative d’aider ceux qui sont écartés par de Michael Stipe. Quelques mois une industrie musicale qui a de plus auparavant, les Britanniques ont en plus tendance à presser les sorti The Bends, deuxième album ANTON CORBIJN/WEA FRANÇOIS ROBIN artistes comme des citrons avant de aux chansons ardentes. Très tour- Le trio d’Athens, R.E.M. : Michael Stipe, Mike Mills et Peter Buck. A droite, Thom Yorke, le chanteur de Radiohead. les jeter. » menté par le succès, Thom Yorke flirte avec la dépression. Un an Si les chansons de R.E.M. et de sieurs groupes depuis l’âge de n’avons jamais été rock, pop, punk, expérience radicale qui nous fasse Stéphane Davet avant, Michael Stipe a perdu l’un Radiohead suscitent autant de pas- douze ans, c’est avec quatre folk, dance ou électronique, mais il y retrouver la liberté de création que (avec Bruno Lesprit) de ses disciples, Kurt Cobain, chan- sion, c’est que le rock a joué un copains de lycée que Yorke forme a des éléments de tous ces genres nous avions adolescents autour de teur de Nirvana, qui s’est donné la rôle vital dans l’adolescence des Radiohead : « Je me suis toujours dans ce que nous faisons. » notre quatre-pistes. » e Radiohead, Vaison-la-Romaine, mort. Il prodiguera d’autant plus deux chanteurs. Parlant de son pre- servi des chansons, dit-il, pour me Parmi les rejets posés comme le 28 mai (complet). Le concert volontiers conseils et réconfort au mier choc musical – l’album Hor- confronter à des choses que je res- « GARDER LE CONTRÔLE » postulat de ce nouveau Radiohead, sera retransmis en direct, par chanteur de Radiohead. ses, de –, Michael Stipe sentais sans pouvoir les exprimer. La Bien moins à l’aise avec son sta- l’extraordinaire potentiel émotif satellite, sur grand écran dans les Intime de Thom Yorke, la chan- disait : « Il m’a fait comprendre que musique m’aide à affronter la vie. » tut de vedette, Thom Yorke étouffe de la voix d’un chanteur aux mélo- lieux suivants (entrée libre, dans teuse P. J. Harvey confirmait j’étais, moi aussi, un exclu, séparé Si Patti Smith, lors d’un récent sous le poids de l’establishment. dies souvent tentées par les larmes. la limite des places disponibles) : récemment au Monde le respect des autres, mais que ma force était concert parisien, dédiait l’une de Kid A et aujourd’hui Amnesiac « Si la voix doit coller à une émotion, Paris, Le Bataclan ; Lyon, Ninkasi ; quasi filial qu’inspirait R.E.M. au d’avoir quelque chose que ces ses chansons à son ami Michael prennent le contre-pied de ce qui reconnaît Thom Yorke, il est impor- Bordeaux, Théâtre Barbey ; Mar- quintette d’Oxford : « Michael a eu autres n’avaient pas. » Parmi ces Stipe, « une véritable pop star amé- semblait les caractéristiques du tant d’en garder le contrôle. J’essaie seille, Le Poste à galène ; Orléans, une influence majeure dans le com- atouts, un chant qui envoûte ricaine, au sens le plus noble du groupe. « La vie d’un groupe, expli- de toujours garder à l’esprit la façon L’Astrolabe ; Angers, Le Chaba- portement de Radiohead. Le groupe d’autant plus que son sens de- terme », le chanteur de R.E.M. que Thom Yorke, a beaucoup de incroyable dont Michael Stipe par- da ; Lille, L’Aéronef ; Montpellier, admire énormément R.E.M., sa meure souvent indéchiffrable. assume sa célébrité en moquant mal à sortir des rails de l’industrie vient à maîtriser la sienne. En ce Rockstore Odéon ; Angoulême, façon de préserver son identité, de « La musique n’est pas censée être les clichés de l’imagerie rock. musicale. Grâce au succès d’O.K. moment, je suis obsédé par un titre La Nef ; Clermont-Ferrand, Coo- n’obéir qu’aux impératifs du cœur, mathématique, logique, et elle n’a « Aujourd’hui, j’élimine tout ce qui Computer, nous étions dans la posi- comme , je n’arrive tou- pérative de mai. Sur Internet : d’être capable de disques expérimen- pas à avoir de sens », explique la est rock et le remplace par autre tion unique de pouvoir prendre jours pas à comprendre comment il www.lesinrocks.com ou www. taux et d’engagement politique. » voix de R.E.M. Membre de plu- chose, en essayant d’être moi. Nous notre propre route, de tenter une arrive à susciter autant de magie. » itineris.com

D’Athens pour la major Warner, après Ni révélations ni amnésie signature d’un contrat estimé à à Oxford 6 millions de dollars. Le succès IL PEUT d’abord sembler curieux (Monster) puis effacées (Up), les gui- Le destin commercial d’Amnesiac Radiohead n’a pas négligé quelques du groupe franchit les frontières de réunir dans une même chronique tares de Peter Buck se sont remises semble lui aussi dessiné d’avance grands moments de beauté mélan- b 1980. Formation à Athens des Etats-Unis. Premiers deux objets aussi disparates que les à carillonner comme aux premiers puisqu’il est écrit à peu près par- colique à progression dramatique (Géorgie), de R.E.M. (Rapid Eye concerts dans des stades. nouveaux albums de Radiohead jours de R.E.M. (et des Byrds). Les tout, sans que personne s’étonne de majestueuse (Pyramid Song, You Movement, le mouvement rapide b 1989. Formation à Oxford (Amnesiac) et de R.E.M. (Reveal). boîtes à rythme, que le groupe avait la boursouflure de la formule, que and Whose Army ?). des yeux qui précède le sommeil du groupe On A Friday, futur L’exercice permet cependant de utilisées avec originalité dans Up, Radiohead est le meilleur groupe du L’étonnant I Might Be Wrong mon- paradoxal) par le chanteur Radiohead, par le chanteur comparer les évolutions respectives ont été chassées par une section monde. Là encore, l’effet de sur- tre aussi comment faire du neuf à Michael Stipe, le guitariste Peter Thom Yorke, les guitaristes des formations depuis deux disques classiquement rock (la basse de prise est quasi nul puisque l’album partir d’un riff de blues usé jusqu’à Buck, le bassiste Mike Mills Jonny Greenwood et Ed O’Brien, voisins parus à peu près au même Mick Mills et la batterie de Joey est issu des mêmes sessions d’enre- la corde. Mais Radiohead, qui a et le batteur Bill Berry. le bassiste Colin Greenwood moment – O.K. Computer (1997), du Waronker). Le chant de Michael gistrement que son prédécesseur, honte du mot rock, flirte parfois b 1981. Le groupe enregistre et le batteur Phil Selway. quintette d’Oxford, et Up (1998), du Stipe a naturellement retrouvé ses Kid A, disque de la transition bru- avec une complaisance « arty » – son premier 45 tours, b 1991. Out of Time (R.E.M.). trio d’Athens – qu’il n’est pas absur- envolées élégiaques. L’efficacité tale de Radiohead, d’un rock torturé comment ne pas s’assoupir à l’écou- Radio Free Europe. Numéro un aux Etats-Unis et en de de considérer comme leurs chefs- mélodique, enfin, est systématique- à guitares à une électronique plain- te de Pull Pulk Revolving Doors, b 1982. Parution du mini-album Grande-Bretagne, il va se vendre d’œuvre respectifs. ment privilégiée au détriment des tive et prudente – on peut d’ailleurs quand le procédé des bandes inver- , sur le label I.R.S., à 10 millions d’exemplaires. A cette date, Radiohead signait atmosphères mystérieuses et envoû- se demander pourquoi le groupe sées de Like Spinning Plates est aussi pressé à 1 000 exemplaires. b 1992. un flamboyant adieu au rock à guita- tantes d’Up. n’a pas publié un double album plu- éculé que risible. Enfin, alors que b 1983. Premier album, (R.E.M.) ; Radiohead signe avec res, déjà perturbé par des construc- Bien qu’enregistré dans quatre tôt que deux opus si proches à huit Michael Stipe a fait un effort dans le Murmur, disque de l’année pour le label Parlophone (groupe tions syncopées volées à la musique lieux différents (Vancouver, Athens, mois d’intervalle. nouvel album de R.E.M. pour être le magazine . EMI) et publie un mini-album électronique, pendant que R.E.M. Dublin et Miami), Reveal est un moins énigmatique, les paroles (et b 1984. Reckoning. Le groupe Drill. orchestrait un passionnant dialogue album homogène, dont le titre est PERCUSSIONS MARTIENNES parfois la diction) de Thom Yorke domine la scène alternative b 1993. Pablo Honey, premier entre six-cordes et machines. Avec trompeur : il ne revèle rien de Amnesiac est plus hétérogène que sont souvent inintelligibles. américaine. album de Radiohead. La chanson des fortunes diverses : Up s’est mal R.E.M. Le groupe ne semble sous Kid A. Difficile de trouver un point Peu importe, puisque Radiohead b 1985. Fables of The Creep connaît un énorme succès vendu pour un supergroupe qui l’influence que de lui-même, donc commun à ces onze titres buisson- serait le groupe de toutes les auda- Reconstruction - Reconstruction aux Etats-Unis. venait de décrocher le plus gros de ses anciennes amours, Beach niers, s’égarant dans les sous-bois ces depuis Kid A, (fausse) tentative of the Fables, enregistré b 1994. Monster (R.E.M.) contrat jamais signé avec une mai- Boys, Velvet Underground ou Big de la drum and bass et de l’ambient. de suicide commercial évidemment à Londres avec le producteur b 1995. Le 1er mars, à Lausanne, son de disques (85 millions de dol- Star. Il faudrait toutefois être bien Et même du jazz : apparemment, les avortée. Il pourrait enregistrer avec Joe Boyd (Nick Drake, Fairport le batteur de R.E.M., Bill Berry lars [99 millions d’euros] avec War- mal disposé pour ne pas goûter à modèles actuels du guitariste Jonny une flûte à bec, un tambourin et un Convention). s’effondre, victime d’une rupture ner, en 1996), alors que, dans les ces chansons tour à tour enso- Greenwood sont plus à chercher du kazoo, on crierait encore au génie 300 000 exemplaires d’anévrisme. The Bends référendums sur les meilleurs leillées et mélancoliques, surtout côté de Charlie Christian et de Djan- avant-gardiste. Pourtant, contraire- aux Etats-Unis. (Radiohead). Le groupe anglais albums du siècle, O. K. Computer a lorsqu’elles trouvent une synthèse go Reinhardt que des guitars heroes ment à ce que laisse supposer son b 1986. Lifes Rich Pageant, partage la tournée américaine souvent occupé les dix premiers idéale entre le folk-rock harmoni- du rock ; le pénible Life in a Glass- titre, Amnesiac ne fait pas table rase enregistré à Bloomington de R.E.M. rangs, un vote britannique le propul- que d’Automatic for the People et le house, qui referme l’album, se vou- du passé. Il confirme que Brian Eno, (Indiana), dans le studio du b 1996. New Adventures on Hi-Fi sant même à la plus haute marche futurisme d’Up. I’ve Been High, She drait sans doute une torch song, Kraftwerk et Pink Floyd forment le chanteur . (R.E.M.). Les ventes du groupe du podium, devant leurs majestés Just Wants To Be ou I’ll Take The avec fanfare de marche funèbre de triangle d’or incontournable d’un b 1987. Document, enregistré déclinent. les Beatles. Rain comptent parmi les plus belles La Nouvelle-Orléans. début de millénaire qui s’annonce à Nashville (Tennessee). La b 1997. Bill Berry quitte R.E.M. ; En conséquence, plutôt que de chansons que le groupe ait écrites, Amnesiac fourmille cependant de aussi planant que sérieux. chanson The One I Love atteint O.K. Computer (Radiohead). s’aventurer à nouveau dans une vei- avec Imitation of Life, tube irrésisti- trouvailles sonores intrigantes, cla- la neuvième place b 1998. Up (R.E.M). ne expérimentale, R.E.M. a fait ble qui devrait garantir à cet album viers à l’agonie, percussions martien- B. Lt des classements américains. b 1999. R.E.M. signe la bande machine arrière avec Reveal. A cette plus modeste dans ses ambitions nes, cloches idiotes, boîtes à rythme Dead Letter Office, compilation originale de Man on the Moon, aune, l’album peut être considéré que dans ses résultats un séjour pro- poussiéreuses, cordes fantomati- e R.E.M., Reveal, 1 CD Warner ; de faces B. de Milos Forman. comme décevant et frileux, voire longé dans les classements et restau- ques, au service de chansons plus Radiohead, Amnesiac, 1 CD EMI, à b 1988. Green, premier album b 2000. Kid A (Radiohead). rétrograde. Après s’être saturées rer la force de vente de ses auteurs. accessibles que celles de Kid A. paraître le 5 juin. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 23 La « Bérénice » Le premier forum international des orchestres français de Lambert Wilson a cherché à définir les outils de sa politique culturelle au programme Un texte de loi concernant le statut et l’emploi des musiciens permanents devrait être présenté prochainement au Sénat du Festival Le premier forum de l’Association française des tres au présent – musique vivante au XXIe siè- gnation constante, depuis trente ans, de la tiques et financiers des programmes, et, pour orchestres (AFO) s’est tenu, à Paris, le 16 et cle », a permis à cette assemblée d’orienter sa fréquentation des salles, les concerts en eux- finir, des débats sur les différentes missions du 17 mai. Le thème de cette réunion, « Orches- réflexion sur quatre axes primordiaux : la sta- mêmes, jugés trop élitistes, les paramètres artis- service public (éducation, décentralisation...). de Perpignan SOUS LA BANNIÈRE de l’Asso- sitions du ministre de l’éducation Théâtre national et du futur Opéra ment par trop inégalitaires, il a évo- rassurante, a renvoyé peu ou prou LES 14es ESTIVALES de Perpi- ciation française des orchestres en la matière : création, interpréta- de Pékin, assura cependant des len- qué une clarification des responsa- les interrogations au 14 juin pro- gnan (Pyrénées-Orientales) se tien- (AFO) s’est tenu, les 16 et 17 mai, à tion, audition. Une balle désor- demains qui chantent. bilités, et le souhait de finance- chain, date à laquelle le texte de loi dront du 30 juin au 30 juillet « sous Paris, le premier forum interna- mais dans le camp des professeurs. Ceux qui avaient espéré, sur la ments croisés (intercommunalité, concernant quelque trois cents à les couleurs du Sud ». Elles auront tional des orchestres français. En Le second point, non moins cru- question des répertoires, assister à région, Etat et Europe) garantis- quatre cents structures en France la primeur de la première mise en tête des quatre axes définis par le cial, concernait le spectacle de l’or- quelque tribale querelle entre (nou- sant une meilleure gestion des serait présenté au Sénat, et possi- scène de Lambert Wilson, Bérénice, thème de réflexion « Orchestres chestre, autrement dit le concert veaux) Anciens et (anciens) Moder- orchestres. blement en octobre à l’Assemblée de Racine, avec Kristin Scott Tho- au présent – musique vivante au lui-même. Il culpabilisa davantage. nes, en ont été pour leurs frais. nationale. mas dans le rôle-titre (les 7, 8 et XXIe siècle », la question récur- D’autant que l’exposé de la musico- Face à Pierre Boulez, William Il ne resta plus à Sylvie Hubac, 9 juillet). Le spectacle sera ensuite rente de la fréquentation des logue Laure Schnapper sur la nais- Christie ne se présenta pas, délé- « Le désir directrice de la musique, de la présenté au Festival d’Avignon (du concerts. Des chiffres en constante sance du concert moderne au XIXe guant la claveciniste Emmanuelle danse, du théâtre et des spectacles 17 au 26 juillet). Trois autres créa- stagnation depuis trente ans (et en remontra à plus d’un : «Le Haïm. Boulez fit posément un cer- d’expansion au ministère de la culture et de la tions mêleront théâtre, poésie et donc régressifs à terme), si l’on en rituel que nous connaissons aujour- tain nombre de constats : «Le communication, qu’à clore la séan- musique : C’est beau une ville la croît les dernières évaluations d’hui, lente fossilisation d’une écou- répertoire des orchestres a été gri- et la volonté ce. Il a donc été rappelé que le nuit, écrit et joué par Richard Boh- ministérielles, qui remontent à te devenue élitiste, est la résultante gnoté par les deux bouts, d’un côté financement de l’Etat représentait ringer, accompagné du groupe de 1997. Il y eut quelques protesta- d’une progressive désaffection de la la musique baroque et ses spécialis- de flexibilité seront 30 % des 700 millions de francs jazz One Take (le 12 juillet) ; Cen- tions devant ces quantifications pratique amateur qu’avaient si bien tes en veine d’authenticité, de (106,7 millions d’euros) globale- drars au cœur du monde, présenté jugées obsolètes, certains arguant su fédérer les orphéons et autres ins- l’autre la création contemporaine et les seuls garants ment dévolus aux orchestres et par Philippe Hottier (du 5 au que la vigueur et la multiplicité des tances édificatrices, à l’instar des son exigence de structures et d’effec- que priorité devait être donnée 11 juillet) ; Le Naufragé, de Thomas actions engagées par la plupart des Concerts Pasdeloup. » tifs diversifiés. » Abordant la pro- des institutions aux missions territoriale, artistique Bernhard, adapté et interprété par orchestres en direction de leurs Alors, à bas le rituel, le noir, les grammation, il en a décliné les (dans le domaine notoire de la créa- la comédienne Véronique Puchala publics devaient certainement queues-de-pie ? Faut-il donner au paramètres artistiques et finan- du futur », a souligné tion), sociale (combat contre l’éli- et le danseur Eric Vu-An. La so- commencer à porter leurs fruits et concert des moyens scéniques voi- ciers, avant d’inciter les orchestres tisme par la pédagogie), de ressour- prano Barbara Hendricks, accompa- la récolte sans cesse s’améliorer. re scénographiques ? Lui adjoin- à la reconquête des territoires per- Pierre Boulez ce (insertion des jeunes musiciens gnée de l’Orchestre de Cannes, La faute incomba donc à Voltaire ! dre l’image et le verbe ? Que nen- dus tant sur le plan patrimonial en relation avec les conservatoi- ouvrira le festival avec des airs Constater une fois de plus la pla- ni ! « Un brin de rituel ne saurait que topographique (multiplication res) et de communication (élabora- d’opéra de Mozart, Bizet, Mas- ce exiguë de la musique dans les nuire », dixit le compositeur Marc- des lieux par une technique de gué- Enfin la nouvelle tant attendue tion de sites Internet et réflexion senet et Catalini. Sont également programmes scolaires fut un jeu André Dalbavie : « car il neutralise rilla). « Le désir d’expansion et la fut annoncée : « Projet d’établisse- sur l’image audiovisuelle). invités : le chanteur catalan Lluis d’enfant ; le responsable du servi- l’œil au profit de l’écoute. » On volonté de flexibilité », conclut-il, ment public de coopération cultu- A enfin été annoncée la création Llach, la chanteuse Cesaria Evora, ce pédagogique de l’Orchestre sym- constata derechef le manque affli- « seront les seuls garants des institu- relle », appelé à remplacer les diffé- probable de deux nouveaux la chorégraphe Carolyn Carlson, le phonique de Londres, Mr. Richard geant de salles de concert dignes tions du futur. » rents statuts administratifs qui orchestres en régions Centre et ballet flamenco de Saras Bars, la McNicol, affirma quant à lui que de ce nom – indigentes en nom- Restait donc à débattre des régissent les orchestres français. Franche-Comté, réaffirmé le bien- compagnie de l’Américain Bill seul le volontarisme pratiqué bre, inefficientes en pratique. On outils de la politique culturelle : la La table ronde interpella donc le fondé d’une nouvelle salle de T. Jones. Renseignements, tél. : depuis dix ans dans les écoles bri- aura fustigé la sacro-sainte salle parole revint à René Rizzardo, législateur en la personne d’Ivan concerts à La Villette « permettant 08-20-07-20-20. Internet : www. tanniques avait pu éviter l’inélucta- polyvalente, lieu fourre-tout par directeur de l’Observatoire des Renar, sénateur du Nord et prési- à la fois l’ancrage des formations estivales.com ble. Les regards se tournèrent tout essence, inadéquat par définition. politiques culturelles, lequel a réi- dent de l’AFO. Une inquiétude syn- parisiennes ainsi que l’accueil des naturellement vers l’inspecteur Une brève et heureuse irruption téré les différentes missions du ser- dicale émergea du public : quelle formations régionales et inter- a MUSIQUE : la Gaîté-Lyrique général de l’éducation nationale, dans le monde en trois dimensions vice public – éducation, décentrali- en serait la teneur en termes de sta- nationales ». devrait être vouée aux musiques Vincent Maestracci, lequel confir- de l’architecte aéroportuaire Paul sation et internationalisation. Sou- tut et d’emploi des musiciens per- nouvelles. C’est ce qu’estime le ma les récentes et favorables dispo- Andreu, concepteur du Grand lignant des modes de fonctionne- manents ? La réponse, évasive et Marie-Aude Roux maire de Paris, le socialiste Ber- trand Delanoë. Son adjoint à la culture, Christophe Girard (Verts) avait suggéré, de son côté, de trans- L’ombre du paradis à Bagatelle former le théâtre fermé depuis 1989 en bibliothèque avec, « com- CYRUS AIMAIT LE PARFUM des fleurs, l’Iran islamique le reflet de l’ordre céleste, du ment, mais aussi un lieu de volupté, d’expé- lections privées, qu’une approche systéma- me à San Francisco, une section l’ombre et la grâce des arbres. Le fondateur paradis décrit par le Coran. Cette structure rience mystique et poétique, ou encore de tique ou originale du thème du jardin dans le gays et lesbiennes dont Paris man- de l’empire achéménide (559/330 av. JC) pous- donne lieu à d’innombrables variantes, rencontres des amours impossibles. monde persan. que actuellement ». M. Delanoë a sa si loin ce goût des jardins qu’il en fera le respectant toutes cependant la symétrie Le jardin de l’Inde moghole évoque davan- Dans un autre pavillon, une exposition de précisé « travailler très bien avec principe architectural de Pasargades, sa capi- comme agencement. tage les bonheurs intimes et les amours du photographies et de relevés de plans de jar- son adjoint », qui est « très créa- tale. Cet ordonnancement régulier de plantes prince. Le peintre, qui n’eut jamais le droit de din, réalisée à partir de l’ouvrage The Persian tif ». Il lui a néanmoins recomman- et de cours d’eau dans un espace clos donne- FONCTION SOCIALE ET FANTASMATIQUE pénétrer dans l’espace privé réservé aux Garden – Echoes of Paradise, de Mehdi Khan- dé de « ne pas se marginaliser ». ra au français – via le grec – le mot « para- Isfahan (aujourd’hui Ispahan), devenue en femmes de la cour, le zenâna, fantasme en sari, M. Reza Moghtader et Minouch Yavari a PHOTOGRAPHIE : Bertrand dis » et aux pays de culture persane des jar- 1598 capitale de la dynastie safavide, à l’archi- les représentant dans les positions les plus (éd. Mage, 1998), complète cette invitation Meunier recevra, le 5 juillet à dins, lieux de délices et de plénitude, au cœur tecture somptueuse, sera même construite sensuelles mais aussi dans les gestes les plus au paradis. Même s’il manque parfois quel- Arles, le 20e prix Oskar-Barnack, d’un environnement naturel souvent aride. sur ce plan du Tchahar Bagh, autour de la quotidiens. Des thèmes de l’iconographie ques éléments d’information, les plus beaux d’un montant de 10 000 DM Le Trianon de Bagatelle propose quelques rivière qui la traverse. En 1840, Eugène Flan- indienne s’intègrent à cette peinture, comme jardins de l’Iran et de l’Inde sont représentés, (5 113 ¤), décerné par l’entreprise échos de ce paradis terrestre en présentant din, épris de ses jardins luxuriants et de sa une splendide gouache sur papier, Jeune fille permettant de visualiser leur architecture Leica, pour son travail en noir et des miniatures, tapis, faïences, instruments douceur de vivre, lui consacre nombre de se tenant à un arbre pleureur, où l’héroïne, mais aussi l’environnement austère dans blanc sur le déclin des cités indus- de musique et lithographies évoquant ces lithographies, dont la très orientaliste Isfa- anxieuse, en attente de son amoureux, est lequel ils ont été plantés. trielles en Chine. Chômage, pollu- créations. Cette exposition cherche à rendre han, deux vues du Tchahar Bâgh, exposée à représentée dans une pose à la fois codifiée tion, précarité et prostitution sont compte d’un art de vivre et d’une architec- Bagatelle. Rivalisant d’élégance et de beauté, et très gracieuse. Agnès Devictor au centre d’une série d’images ture qui, depuis l’Iran, rayonnera dans le les miniatures indiennes et iraniennes témoi- Regrettons que cette promenade atempo- entreprise en 1997 par un photo- monde islamique, et particulièrement dans gnent, dans cette exposition, de quelques relle et bucolique ne soit qu’intérieure, et e Trianon de Bagatelle, jusqu’au 1er juillet. graphe de l’agence Vu. Le photo- l’Inde moghole, l’Asie centrale et l’Afghanis- variantes, non pas tant dans l’architecture que le parc de Bagatelle n’ait pu accueillir un Exposition photographique jusqu’au graphe islandais Ragnar Axelsson tan timouride. Hérité d’une croyance qui que dans la fonction sociale et fantasma- jardin persan. Malgré la beauté de certaines 29 juillet, parc de Bagatelle, Paris-16e.Mo Por- a obtenu une « mention honora- sépare l’univers en quatre parties suivant le tique de ces jardins. Dans l’Iran timouride et pièces présentées, l’exposition semble davan- te-Maillot puis autobus 244, arrêt Bagatelle. ble » pour son travail sur le monde cours de quatre fleuves, le Tchahar Bagh safavide, le jardin est un lieu de pouvoir tage un prétexte pour rassembler des trésors, Tél. : 01-45-01-20-10. Entrée : 35 F (5,34 ¤), nord-atlantique. Tous deux seront – archétype du jardin persan – devient dans quand le prince y reçoit avec faste et raffine- éparpillés entre les musées français et des col- plus 10 F (1,52 ¤) pour l’entrée au parc. exposés dans la cour des Podes- tats, à Arles, du 4 juillet au 7 juillet, dans le cadre des Rencontres pho- tographiques. L’Interceltique de Lorient veut prendre un nouveau virage a GRÈVE : le Louvre était ouvert, mercredi 23 mai, ainsi que les autres musées et monuments Dirigé par Jacques-Charles Morice, le festival lorientais, autofinancé à 70 %, recherche des partenaires privés et publics nationaux, pendant que des négo- ciations sur la réduction du temps LORIENT fonctions le 1er mai. Le conseil d’ad- vals ? –, de la gestion et de la direc- pour sa part M. Le Drian. Il faut Reste à traduire ce vent porteur en de travail (RTT) se tenaient au de notre correspondante régionale ministration lui a donné six semai- tion du personnel, des moyens de que ça explose ! » L’ancien ministre projets artistiques. ministère de la culture et de la « Pichard a gagné ! » La nouvelle nes pour inventer, avec Jean-Pierre rassurer les partenaires financiers. s’en remet pour cela au directeur L’homme préfère, pour le mo- communication. Ces négociations s’est répandue à la vitesse d’un cou- Pichard, un avenir à la grande fête Comment devenir plus profes- de toujours, qui « a retrouvé son ment, énumérer ses plans de sur la réduction du temps de rant d’air tournant, en habitué des populaire des Celtes et de leurs cou- sionnel tout en sauvegardant la allégresse et ses intuitions de conquête du reste de la planète. En travail, prévues initialement le lieux, dans les rues à angle droit qui sins plus ou moins lointains. convivialité due au sourire des départ ». 2002, le Stade de France devrait mardi 22 mai, avaient été repor- mènent au port de Lorient. Ces der- Car, si elles n’ont pas surpris bénévoles lorientais ? Grâce à eux, Jean-Pierre Pichard aurait beau accueillir une déclinaison des Nuits tées à ce mercredi, mais le préavis niers mois, la ville s’est fait du grand monde, les conclusions de « chaque année on soupire qu’il y a jeu de souligner que « le FIL a lou- magiques de Lorient, une sorte de grève déposé à partir de ce jour souci : Jean-Pierre Pichard – le l’audit commandé à Jean-Pierre encore Tri Yann, encore Gilles Ser- voyé pendant des années dans une de vaste « kaléidoscope musical et avait pourtant été maintenu. Les directeur, ou plus exactement Niederhauser, enseignant à Paris-I, vat, avant de se laisser gagner par la incompréhension étonnante à l’éche- visuel de ce qui se passe en Bretagne négociations devaient être consa- l’âme même du Festival intercel- ont le mérite de poser à plat les dif- magie de la fête », témoigne un lon régional comme au niveau natio- aujourd’hui », et l’Interceltique crées essentiellement aux emplois tique, selon l’expression consacrée observateur local. nal. Qu’il est resté cantonné dans un doit être présent au prochain fes- postés, un point sensible dans les localement – était en pleine ba- L’analyse peut cependant être statut de festival provincial d’arts tival de Houston, au Texas. revendications des personnels sur garre avec son nouveau président, Comment devenir brièvement résumée ainsi : riche mineurs quels que soient les hommes l’application de la RTT, qui doit Guy Delion. Assurément, le fleu- de l’engagement de ses huit cents politiques au pouvoir ». Mais bon, Martine Valo être effective au 1er janvier 2002. ron de la vie lorientaise, qui attire plus professionnel bénévoles, le FIL manque cruelle- l’heure est à la recherche du parte- chaque été plus de monde – près ment de financements. En filigrane nariat tous azimuts, privés et de 500 000 visiteurs en 2000 –, ris- tout apparaît la véritable question : publics, pas à la polémique. Dans quait d’en pâtir. Les relations avec celle du renouvellement d’une la région, les chefs d’entreprise les artistes, les contacts chaleureux en sauvegardant manifestation qui n’a jamais cessé sont au demeurant de plus en plus avec les délégations étrangères de grossir depuis sa première édi- nombreux à s’intéresser de près à – tous ces joueurs de gaïta et ces la convivialité tion, en 1971, au point de devenir cette culture identitaire capable pipe bands qui ne viennent que sans doute la première de France d’ouvrir de nouveaux marchés. Et pour le plaisir – ou les négociations due au sourire par son nombre de visiteurs. Et si les élus politiques locaux font avec TF1, qui a retransmis la l’une des moins aidées puisqu’elle souvent montre de davantage de Grande Parade l’été dernier, c’est des bénévoles vit à 70 % de ses propres ressour- frilosité à cet égard, ils ne peuvent encore lui. ces. « Il est difficile de se renouveler plus ignorer le mouvement. Le pré- « C’est vrai, on a failli avoir une lorientais ? avec un budget qui dépasse à peine sident du festival les Vieilles Char- crise, lâche Jean-Yves le Drian (PS), 25 millions de francs (3,8 millions rues vient de conquérir la mairie de député et président de la commu- d’euros), souligne M. Morice. Du Carhaix-Plouguer, dans le Finis- nauté d’agglomération. Alors, nous férents aspects de ce que chacun coup, cela pourrait devenir un peu tère. Celui des Tombées de la nuit avons commandé un audit de fonc- s’accorde à qualifier de crise de popote, mais ce n’est ni le choix ni la de Rennes est élu dans une petite tionnement », et M. Delion a dû par- croissance. Les interrogations sont demande du conseil d’administra- commune du Morbihan. tir. Après un hiver de transition, Jac- nombreuses au sujet de l’éven- tion », assure le tout nouveau pré- Grâce au consensus actuel, la ques-Charles Morice, par ailleurs tuelle création d’une société d’éco- sident, qui s’inquiète néanmoins culture bretonne – pas seulement membre du directoire de la Caisse nomie mixte à la place de l’actuelle « du positionnement du festival traditionnelle – doit pouvoir trou- d’épargne de Bretagne, vient d’être structure associative du FIL – mais vis-à-vis des jeunes ». « De l’audace, ver une nouvelle dimension, «à élu à la tête du Festival intercelti- n’est-ce pas le statut conservé par de la création, de l’ouverture, une moins de manquer le virage du que de Lorient (FIL). Il a pris ses nombre d’autres grands festi- offre culturelle diversifiée, réclame XXIe siècle », estime M. Pichard. 24 / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 CULTURE Aux Polysonneries, SORTIR PARIS connaître. Deux films courts, l’un signé par François Delebecque, Xavier Richardeau Quartet l’autre par le photographe Jan Fabre expérimente Bassiste, clarinettiste et Quentin Bertoux, les soutiennent saxophoniste, Xavier Richardeau dans leur périple au milieu des a choisi de jouer quasi objets et des pantins désarticulés exclusivement du baryton au de Jean-Pierre Larroche. début des années 1990. A la fois Théâtre de la Cité internationale, la magie rouge e dans le sillage de Gerry Mulligan 21, boulevard Jourdan, Paris-14 . et intelligemment obstiné à Mo Cité-Universitaire. 20 heures, A Lyon, durant sept heures, le chorégraphe développer son propre son, les 25, 26, 28, 29 et 31 mai Richardeau est un formidable et le 1er juin ; 17 heures, le 27. Tél. : flamand éprouve, par son sang versé, sa foi en l'art soliste, énergique, sachant mettre 01-43-13-50-50. De 55 F à 110 F. en avant la partie la plus nous sommes restés une vingtaine, émotionnelle de la musique. Son SEINE-ET-MARNE SANGUIS/MANTIS, de Jan Fabre. debout, titubants, totalement embar- récent enregistrement Live in Paris Philippe Jamet Les Polysonneries, aux Subsis- qués dans un autre monde, perdant (Taxi Records/Mélodie) est un Jamais en reste d’heureuses tances, à Lyon, le 19 mai, à la notion du temps, observant ce modèle du genre, consacré trouvailles pour mettre la danse 15 heures. 8 bis, quai Saint- croisé de l’art d’en découdre avec lui- essentiellement au répertoire du à la portée de tout un chacun, Vincent, 69002. Jan Fabre au même. On était propulsé dans la pianiste Freddie Redd, artiste trop le chorégraphe Philippe Jamet Festival d’Avignon, du 20 au tête de l’artiste en même temps caché de l’histoire du jazz. Avec poursuit sa quête obstinée d’un 23 juillet, 22 h 30, Cour d’hon- qu’on accompagnait pas à pas son Richardeau, le jazz est généreux art de proximité avec sa nouvelle neur. Tél. : 04-90-27-66-50. théâtre de l’épuisement. Genou à et sans contraintes. création Danse, Villes et terre, il ne bouge plus, se relève avec Petit Opportun, 15, rue des Sentiments. Dans un vieux bus Ecrire des poèmes avec son sang, peine, dégage son cou de l’acier, res- Lavandières-Sainte-Opportune, aménagé, il se balade dans cinq éclabousser la feuille blanche de pirant bruyamment. Mais à chaque Paris-1er.Mo Châtelet. 22 h 30, villes du département (Meaux, taches d’un noir rougeoyant pen- fois, il se reprend, arpente le lieu, les 25 et 26. Tél. : 01-42-36-01-36. Torcy, Thorigny-sur-Marne, dant sept heures d’affilée… L’artiste dressant les genoux très haut pour De 80 F à 100 F. Villeparisis, Pontault-Combault) flamand Jan Fabre est venu aux Poly- frapper sa tunique de ses chausses, Mito Mito et invite les gens à monter à bord sonneries de Lyon se mettre à provoquant un fracas identique au C’est une histoire jolie et pour échanger gestes et paroles, l’épreuve dans une opération en bagnard qui se déplace traînant ses délicatement farfelue. Après avoir écouter de la musique, regarder solo, titrée Sanguis/Mantis (sanguis : chaînes. entretenu un échange épistolaire, danser et se faire filmer si le cœur sang ; mantis : mante, celle qui dé- les deux chorégraphes Pascale leur en dit (accès gratuit, les 25 et vore). Comme s’il lui fallait, loin UN RELIEF LAQUÉ, LUISANT Houbin et Georges Appaix ont 26 mai à Torcy, les 2 et 3 juin à d’Anvers et de sa compagnie Trou- Ce voyage au bout de soi-même décidé de mettre en scène et en Pontault-Combault, les 8 et 9 juin bleyn, jeter par un acte fondateur se joue aux Subsistances, nouveau danse cette correspondance aux à Thorigny, les 15 et 16 juin à quasi mystique le soubassement de lieu lyonnais, bien décidé à porter accents mystérieux et poétiques. Villeparisis, renseignements au Je suis sang (conte de fées médiéval), haut, sous la férule de Sylvie Ferré, Dans Mito Mito, ces amoureux 01-42-54-12-33). Parallèlement, spectacle qu’il présentera au pro- l’esprit de la performance. Renouant MALOU SWINNEN / ANGELOS des mots qui savent la beauté des le samedi 26 mai à Torcy, une chain Festival d’Avignon. ainsi avec les manifestations qu’Or- Aveuglé par un casque privilégiant la vision sur les côtés, virgules, des ellipses et des points opération spéciale intitulée Comme s’il lui fallait dire et redire lan et Hubert Besacier rendirent célè- Jan Fabre, en chevalier-insecte, s’oriente à l’oreille. de suspension, ont le talent inné « Parcours ascensionnel » la condition violente faite à celui qui bres dans cette même ville, en 1979, de faire jaillir le non-dit au détour rassemble des chorégraphes sur le crée. Hurler mais sans qu’un cri ne puis en 1983. Lyon et la région sou- ments à la pliure des avant-bras tion, pour sceller son destin en un d’un geste, racontent leur thème de la confrontation de la sorte. Brimé par une armure qu’il a tiennent du bout des lèvres des aven- sont tachés de rouge. Et le sang ultime dessin, quand soudain il rencontre au fil d’une danse à l’espace urbain. Avec des lui-même imaginée. Aveuglé par un tures qui échappent aux catégories versé à même la feuille fabrique un décide de sortir de la pièce. chorégraphie fragile comme actions en plein air dans les casque privilégiant la vision sur les et aux classements des subventions. relief laqué, luisant. Odorant. Il est 8 heures du soir. Le héros le désir. Les mots du corps jardins de la mairie de Torcy, côtés. Chevalier-insecte, il s’oriente Subversif ? Aujourd’hui où tout est Au-delà de la métaphore incarnée solitaire sort dans la cour pavée. s’incarnent alors dans une danse des rencontres, des débats. à l’oreille. Douze tables rappellent à à voir, et à consommer, ça dérange du créateur qui paie son œuvre de Ceux qui sont restés le suivent, tels vive, complice d’un dialogue Le tout est gratuit. la fois la Cène et les stations du qu’un artiste comme Jan Fabre, son sang versé, au-delà du foison- les enfants le joueur de flûte de inédit entre deux êtres, qui se Torcy (Seine-et-Marne). Parc des Christ. Sur ces tables, il clouera les reconnu internationalement autant nement du sens, c’est l’intensité tra- Hamelin. Mais c’est seul qu’il s’enfer- reconnaissent sans encore oser se Charmettes. Tél. : 01-60-37-37-60. feuilles qui accueilleront ses futures pour son théâtre dansé que pour gique avec laquelle Jan Fabre réalise me à nouveau dans la salle de ses « sanguines ». son œuvre plastique, se cabre à ce son cheminement toujours recom- exploits. Avec Sanguis/Mantis,Jan Sanguis/Mantis a nécessité six pri- point. Il ne s’offre pas en sacrifice. Il mencé qui touche. Fabre, provocateur jamais superfi- GUIDE ses de sang, effectuées sur l’acteur, dit que l’artiste, connu, reconnu, ou ciel – autant homme de théâtre que au fur et à mesure de son déroule- inconnu, est de toute façon « un nau- RÉINJECTÉ DANS L’ŒUVRE plasticien et cinéaste de l’excès – ment par une infirmière aux doigts fragé ». Dans son sang coule sa li- C’est aussi cette réalité du sang reprenait contact avec la mise en Zita Swoon FESTIVAL CINÉMA Café de la danse, 5, passage Louis-Phi- de fée. Pas l’ombre d’un doute : la berté, irréductible. aspiré par la seringue, puis réinjecté danger qu’il avait abandonnée en e o The Beat generation : lippe, Paris-11 .M Bastille. 19 h 30, le notion de performance ne prend Cette opération de magie rouge dans l’œuvre en une sorte d’auto- 1982, mais qui avait contribué à le 25. Tél. : 01-47-00-57-59. 121 F. son sens qu’en fonction de la durée. envoûte, et émeut profondément. immunisation en circuit fermé. faire connaître dès 1976 (Je prends sur la route du cinéma Rétrospective basée sur une tentative Juan Jose Mosalini Elle seule (pour une grande part) Le fin pinceau trempé dans l’éprou- D’auto-dévoration. Tout un systè- tout au sérieux, mais pas au tragique ; de rapprochement entre l’écrit (Jack et son orchestre de tango Théâtre national de Chaillot, 1, place transcende ce qui ne serait qu’un vette sert à écrire quelques lignes me qui rend la production de l’artis- Dîner, etc.). Il n’avait que seize ans… Kerouac, Allen Ginsberg, William Bur- e o spectacle de plus. Après la curiosité qu’on lit derrière l’épaule de l’ar- te indissociable de son corps. Le Après une petite heure de repos, on roughs…) et l’image (Conrad Rooks, du Trocadéro, Paris-16 .M Trocadéro. Robert Franck, John Cassavetes, Davis 20 h 30, les 25 et 26 ; 15 heures, le 27. suscitée par les avertissements qu’il tiste : « On ne s’habitue pas à l’art » ; sang, dernier rempart, est aussi ce vit le « performer » récupérer Tél. : 01-53-65-30-00. De 70 F à 150 F. y avait danger pour le public, après ou : « Dans un monde où tout est dû qui, tout autant que l’armure, protè- devant un bœuf à l’estouffade, Cronenberg, Shirley Clarke…). Une exposition de peintures et collages de avoir lu les panneaux de mise en gar- au hasard l’artiste dispose tout au ge… Au fil des heures qui s’écoulent, mitonné au vin rouge. Claude Pélieu et Mary Beach, proches RÉGIONS de comme quoi la sensibilité des plus d’une chance de remporter une de la lumière qui baisse, l’artiste et traducteurs français des poètes de la A torts et à raisons spectateurs pouvait être mise à mal, victoire sur la chance. » Les panse- ploie, cahotant vers la dernière sta- Dominique Frétard Beat génération, accompagne et com- de Ronald Hardwood, mise en scène plète la manifestation. de Marcel Bluwal, avec Claude Bras- Toulouse (Haute-Garonne). La Cinéma- seur, Michel Bouquet. thèque de Toulouse, 69, rue du Taur. Lyon (Rhône). Théâtre des Célestins, Jusqu’au 17 juin. Tél. : 05-62-30-30-11. place des Célestins. 20 h 30, les 26, 29, Le théâtre et la peur sous l’œil chamanique de Bruno Meyssat (Horaires variables). 25 F et 28 F. 30 mai et 1er juin ; 15 heures, le 27 ; 19 h 30, le 31. Tél. : 04-72-77-40-40. De mythes et légendes du Rameau d’or dans les- matiques apposées sur les parois des cavernes TROUVER SON FILM 50 F à 190 F. Dernières. Fin de partie RONDES DE NUIT, essai d’un théâtre des quels a puisé le metteur en scène. préhistoriques et qui se tendent ici vers d’autres Tous les films Paris et régions sur le de Samuel Beckett, mise en scène de Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : peurs de l’homme, de Bruno Meyssat. Avec Chez Bruno Meyssat, le fond de scène agit mains inscrites dans la haute histoire théâtrale. François-Michel Pessenti, avec Christo- Gaël Baron, Geoffrey Carey, Elisabeth Doll, comme fond de l’œil. Depuis une dizaine d’an- Celles dessinées par Shakespeare pour Lady 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). phe Avril, Pierre Palmi. Delphine Eliet, Pascale Nandillon, Jean- nées, il tente de recomposer une membrane Macbeth, par exemple. Alors le sang peut cou- Marseille (Bouches-du-Rhône). La Fri- ENTRÉES IMMÉDIATES che Belle-de-Mai, 23, rue Guibal. Michel Rivinoff. théâtrale oublieuse des images originelles, recou- ler des plaies d’un rideau (de scène), avec la er MC 93, 1, boulevard Lénine, Bobigny (Seine- verte par les couches successives de la tragédie musique de Verdi. Le Kiosque Théâtre : les places de cer- 21 heures, les 26, 29, 30, 31 mai, 1 et 2 juin. Tél. : 04-91-11-45-65. 45 F et Saint-Denis). Mo Pablo-Picasso. Tél. : 01-41- classique ou du drame bourgeois. A charge pour Des rythmes totémiques, après l’opéra, tains des spectacles vendues le jour même à moitié prix (+ 16 F de commis- 70 F. 60-72-72. Durée : 1 h 20. De 60 F (9,15 ¤) à 140 F le metteur en scène, lorsque les traces sont trop relaient la voix d’une de nos grandes dames sion par place). Buchettino (21,34 ¤). Du 29 mai au 2 juin, à 20 h 30. peu discernables, de les réinventer. Il promène d’images, tandis qu’un souffle murmure : « Der Place de la Madeleine et Parvis de la d’après Charles Perrault, mise en scène alors son projecteur dans le noir du théâtre com- Wind » (« le vent »). La nature fait signe de loin. gare Montparnasse. De 12 h 30 à de Chiara Guidi, avec Sylvia Pasello. 20 heures, du mardi au samedi ; de Rennes (Ille-et-Vilaine). Théâtre natio- Un homme s’expose devant une table d’opé- me s’il était nuit des temps. Isolant tel person- Le torrent s’enferme dans le clapotis d’une nal de Bretagne, 1, rue Saint-Hélier. ration chirurgicale qui sera tour à tour autel, nage qui part au travail et se retrouve embrin- cuvette de plastique et le tonnerre dans l’enve- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Orchestre philharmonique 19 heures, le 26 ; 16 heures, le 27 ; tribune, lieu de communion, d’exorcisme, de gué dans une affaire chamanique. Tel « esprit », loppe d’un pétard de carnaval. En inventant les de Radio-France 20 heures, le 28. Tél. : 02-99-31-12-31. sacrifice. Il est question d’un décollement de la assez actif pour donner du fil à retordre aux chas- simulacres dont le théâtre serait le temple, une Burgan : Le Lac, création. Messiaen : 40 F. Dernières. rétine et de son traitement, effectué en direct. seurs de sorts qui le rabattent hors du plateau. liturgie sans croyance, sinon celle que le théâtre Turangalila - Symphonie. Eliahu Inbal Le Gardien de Harold Pinter, mise en scène de Démonstration. Chacun retient son souffle. Il suffirait d’un rien pour passer d’un monde peut encore relier, en pointillés, à un territoire (direction). Théâtre musical de Paris, 1, place du Stuart Seide, avec Cyril Dubreuil. Des silhouettes humaines s’extraient de l’om- à l’autre. L’au-delà est à portée de main. A force d’aventures millénaire, Bruno Meyssat joue er o Châtelet, Paris-1 .M Châtelet. 20 heu- Tourcoing (Nord). Ancien Hospice, rue bre et s’animent. Une horloge tique-taque et se de faire semblant, le théâtre peut-il réveiller la l’étonnement, musical, davantage que la peur d’Havré. 20 h 30, les 26, 29, 30, 31 mai, res, le 25. Tél. : 01-40-28-28-40. De 50 F er tait. Dans des crissements de verre brisé, des magie, la vraie de vraie ? Voyez ces mains de devant la succession de naissances, de morts et à 250 F. 1 , 2 et 5 juin ; 16 heures, les 27 mai et Jean Guillou (orgue) 3 juin. De 55 F à 140 F. Jusqu’au 9 juin. esprits frappeurs, des corps languissants ou sur- carton géantes qui poussent au bout de bras. de renaissances. Sans relâche et sans fin. Ballet de l’Opéra de Bordeaux Schumann : Intégrale de l’œuvre d’or- voltés, enchaînent d’étranges cérémonies qui De grossiers découpages d’enfants, empeintur- Charles Jude : Cendrillon 2001. gue. évoquent autant Edgar Allan Poe que les lurés de rouge, semblables aux empreintes énig- Bordeaux (Gironde). Grand Théâtre, Jean-Louis Perrier Eglise Saint-Eustache, 2, rue du Jour, er o place de la Comédie. 15 heures, les 26 Paris-1 .M Les Halles. 20 heures, le 25. et 27 ; 20 heures, les 28 et 29. Tél. : Location Fnac. 100 F. 05-56-00-85-95. De 60 F à 180 F. European Camerata Œuvres de Bach, Webern, Bacri, ANNULATION Salvatore Sciarrino et son autre « Lohengrin » Schoenberg. Nicholas Angelich (pia- no). La pianiste argentine Martha Argerich femmes proches de la crise de nerfs chanteuse dans un fauteuil roulant, comédien Patrick Blauwart. Quel- Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise). Eglise annule ses deux prochains concerts LOHENGRIN, de Salvatore Sciar- d’Erwartung, d’Arnold Schoenberg, d’où elle ne s’extrait que quelques ques lumières seulement, mais jus- Notre-Dame, place de l’Eglise. 21 heu- parisiens de l’Orchestre de Paris (OP), rino – PARTS, de Hanspeter ou de La Voix humaine, de Francis instants, pour se poster, tel un tes, une mise en espace minimale, res, le 25. Tél. : 01-30-36-77-77. De Salle Pleyel, les 30 et 31 mai à 20 heu- Kyburz. Par Marianne Pousseur Poulenc, d’après Jean Cocteau ; une oiseau, sur le bord de l’estrade. La mais exacte (un contexte hospita- 110 F à 230 F. res. Ces deux rendez-vous sont cepen- Olivier Termime Quintet (voix), Patrick Blauwart (comé- étude bruitiste dans l’esprit d’un chanteuse et comédienne belge est lier), une direction précise et poéti- dant maintenus. Le directeur musical Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- de l’OP, l’Allemand Christoph Eschen- dien), Axe 21, Ensemble InterCon- théâtre musical guttural, quelque une Ophélie hallucinée, prostrée que de la part du nouveau directeur bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, bach, lui-même pianiste, remplacera temporain, Jonathan Nott (direc- part entre Peter Maxwell Davis (Huit comme à l’intérieur de ses cavités de l’Ensemble InterContemporain, les 25 et 26. Tél. : 01-42-33-22-88. Martha Argerich. Il interprétera la par- tion), Jean-Claude Berutti (mise en chants pour un roi fou), György Ligeti buccales et résonnantes. Elle Jonathan Nott, et le tour est belle- 100 F. tie du soliste du 1er Concerto de , e espace), Rudy Sabounghi (costu- (Aventures et Nouvelles Aventures) et « tient » de bout en bout ce récit ment joué. Camper Van Chadbourne de Beethoven, au lieu du 2 Concerto Montreuil (Seine-Saint-Denis). Instants de piano, de Beethoven. Le reste du mes). Cité de la musique, le 22 mai. Dieter Schnebel (Maulwerke). dont bien des aspects grotesques, au La puissance poétique de ce chavirés, 7, rue Richard-Lenoir. programme est inchangé avec la Mais le Lohengrin du compositeur sens vrai du terme, pourraient bascu- Lohengrin ne doit pourtant pas occul- 20 h 30, le 25. Tél. : 01-42-87-25-91. 5e Symphonie, de Chostakovitch. Tél. : On peut voir dans le Lohengrin italien est autre chose, une œuvre ler dans le ridicule s’ils n’étaient ter la beauté de Parts, une pièce 80 F. 01-45-61-53-0 (1982-1984) de Salvatore Sciarrino singulière, isolée, dont la bizarrerie vécus avec cette intensité. pour ensemble instrumental du com- (né en 1947) plusieurs « spectres » absolue est préservée et magnifiée positeur allemand Hanspeter de ce que, par commodité, on ap- par une poésie d’un raffinement POÉSIE ÉTRANGE ET LUNAIRE Kyburz (né en 1960), donnée en pre- pelle le « théâtre musical » : une sor- extrême, au service d’une « action Quand Vivianne de Muynck, sous mière partie. Les trouvailles sonores te de condensé essentiel, un substrat invisible » pour une vocaliste, chan- la direction scénique d’Ingrid von (célesta, harpe, guitare, mêlés à une du Lohengrin, de Richard Wagner, tant rarement, mais récitant un texte Wantoch Rekowski, incarnait cette formation de cordes et de vents), la dont ne subsisterait qu’une longue polyphonique où se mêlent deux per- partie comme le ferait une narra- subtilité harmonique, le sens de la plainte en harmoniques, couleur sonnages, Elsa et Lohengrin, sans trice perversement distante (à la durée dénotaient une maîtrise déjà « bleu acier » (comme disait Tho- compter l’inévitable cygne. Bruits de manière des « officiantes » du film confondante à l’époque (1994-1995) mas Mann du prélude de l’opéra de glotte, de salivation, toux, cris Salo, de Pier Paolo Pasolini), au festi- où le compositeur l’écrivait. En quel- Wagner) dans le dernier tiers de la d’oiseaux, tous amplifiés de près, val Ars Musica de Bruxelles (Le ques pièces décisives, dont The Voy- partition (40 minutes environ), fai- comme l’ensemble instrumental Monde du 24 mars), Marianne Pous- nich Cyper Manuscript, Hanspeter sant sonner les intervalles du Big requis – lequel, à la Cité de la musi- seur lui imprime une poésie étrange Kyburz a prouvé qu’il était sans Ben londonien (car il est dit par Sciar- que, dans la saisissante mise en espa- et lunaire, parfaitement accordée au aucun doute un talent de ce siècle rino lui-même qu’Elsa est assourdie ce conçue par Jean-Claude Berutti, beau texte programmatique que Sal- nouveau. par le son des cloches) ; un monodra- joue derrière un écran de tulle. vatore Sciarrino a écrit pour l’occa- me dans le souvenir très décalé des Le metteur en scène a placé la sion et que lisait, en prologue, le Renaud Machart RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / 25 JEUDI 24 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.25 Questions d'enfants. 21.00 Récital au Louvre. 17.50 L'Invraisemblable Vérité aa TÉLÉVISION ARTE [3/6]. Etre porté. Planète Avec Isabelle Cals, mezzo-soprano ; Fritz Lang (Etats-Unis, 1956, & 21.10 et 0.10 Le Club LCI. [2/3]. Qui a peur Guillaume Sutre, violon ; v.o., 80 min) . Cinétoile 19.00 Voyages, voyages. 21.50 Qui a peur de... Luc-Marie Aguera, violon ; Faut-il interdire les free-Party. LCI du chat de la sorcière ? Odyssée 18.00 Elizabeth aa TF 1 19.45 Météo, Arte info. Miguel Da Silva, alto ; Shekhar Kapur (Grande-Bretagne, 21.00 Quand l'enfant découvre 22.10 Les Brûlures de l'Histoire. François Salque, violoncelle. Muzzik 1998, 120 min) &. Ciné Cinémas 2 17.30 Sunset Beach. 20.15 Reportage. Fulham. Le rêve de Mo. son environnement. Forum Mai 1968, 22.00 Mozart. Concerto pour violon aa 20.45 Thema. le rêve général. La Chaîne Histoire 18.05 Mission 18.20 Exclusif. 22.00 Baleines, et orchestre n˚2. Avec Gidon Kremer, Roland Joffé (Grande-Bretagne, 19.00 Le Bigdil. Examens : une épreuve pour réussir ? 22.25 Thema. Trois sur mille. Arte violon. Par l'Orchestre philharmonique % 20.46 Ralentir école. 1986, 120 min) . Ciné Cinémas 1 20.00 Journal, Tiercé, Météo. la conscience de la mer. Forum de Vienne, dir. N. Harnoncourt. Mezzo aa 22.05 Toy Boys. Gaby Dellal (v.o.). 22.40 Grenouilles et compagnie. 18.25 Les Chiens 20.55 Une femme d'honneur. 22.25 Trois sur mille. 23.00 Monnaie, du troc à l'euro. Forum La grenouille acrobate. Odyssée 23.45 L'Enfant et les Sortilèges. Alain Jessua (France, 1978, Fantaisie lyrique de Ravel. Une ombre au tableau. 23.10 Un été à toute épreuve. 23.00 Sur la route avec Ray Brown. 100 min) %. Ciné Cinémas 3 Film. Tetsuya Nakashima (v.o.). MAGAZINES Avec Nathalie Dessay, aa 22.55 Starship Troopers Entre les lignes. Muzzik Isabelle Eschenbrenner. Mezzo 20.30 Le Prisonnier d'Alcatraz Film. Paul Verhoeven ?. 0.25 Les Alsaciens 23.05 Biographie. 23.50 The Joshua Redman Quartet. John Frankenheimer (Etats-Unis, ou les Deux Mathilde. 18.30 L'Invité de PLS. LCI 1962, 150 min). Festival 1.20 Vol de nuit. 19.00 Nulle part ailleurs. Joseph Staline. La Chaîne Histoire Enregistré en juillet 1995. Muzzik aa Les écrivains sont immortels. Téléfilm. Michel Favart. [4/4]. 23.15 L'Inde fantôme, 21.00 Titanic 1.55 L'Aventure humaine. Invité : Louis Chedid. Canal + TÉLÉFILMS Herbert Selpin et Werner Klingler 22.45 Faxculture. Le tarot de Niki. réflexions sur un voyage. (Allemagne, 1943, 95 min) &. Histoire FRANCE 2 Invité : Niki de Saint Phalle. TSR [4/7]. La tentation du rêve. Planète aa M6 20.55 Pour l'amour d'Elvie. 21.00 La vie est belle 17.25 Un livre. 23.40 Les Grands Fleuves. Hans-Jürgen Tögel %. TMC Roberto Benigni (Italie, 1998, 22.50 Pièces à conviction. & 17.30 Mort sur le Nil 17.15 E = M 6 Spécial. Bernard Tapie, Le Gange. Odyssée 22.25 Lettre à mon père. v.o., 115 min) . Ciné Cinémas 3 Film. John Guillermin. 19.00 et 20.40, 20.50 Loft Story. l'homme qui rebondit. France 3 23.50 Notre siècle. Churchill John Harwood. %. Téva 21.00 Land and Freedom aa 19.50 Un gars, une fille. 23.20 Toutes les télés. M6 et son état-major. La Chaîne Histoire 23.00 Scandale à la une. Ken Loach (GB - Esp. - All., 19.50 I-minute. 1994, 105 min) &. Cinéstar 2 20.00 Journal, Météo. 0.10 Qui a tué le juge Falcone ? Planète David Lowell Rich. Festival 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.15 Bad Lieutenant aa 20.50 Spéciale Les Z'amours. & DOCUMENTAIRES 0.40 Les Brûlures de l'Histoire. 0.00 Les Actes des apôtres. 20.05 Une nounou d'enfer . Roberto Rossellini [5/5]. &. Histoire Abel Ferrara (Etats-Unis, 1992, 23.00 Comment je me suis disputé... Mai 1968, la danse v.o., 95 min) !. Cinéfaz 23.20 Toutes les télés. 20.15 Reportage. Fulham, le rêve de Mo. Arte du pouvoir. La Chaîne Histoire 0.25 Les Alsaciens (ma vie sexuelle) aa 0.35 Drôle de scène. 20.25 Terre magique ou les Deux Mathilde. Film. Arnaud Desplechin. 1.05 Voleurs à 15 ans. du Sikkim. Odyssée SPORTS EN DIRECT Michel Favart [4/4]. Arte 1.55 Météo. er 0.40 Belphégor. Claude Barma [1/4]. Festival 20.30 Notre siècle. [1 volet]. Corée, 20.00 Volley-ball. Championnat d'Europe RADIO la guerre oubliée. La Chaîne Histoire féminin (qualifications) : FRANCE 3 20.30 Histoires d'avions. France - Pays-Bas. Pathé Sport SÉRIES 17.50 C'est pas sorcier. Les chasseurs anglais. Planète 20.00 Football. Festival international 20.40 Buffy contre les vampires. 18.15 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE 20.46 Thema. Ralentir école. Arte Espoirs de Toulon et du Var. Groupe Sœurs ennemies &. Série Club 18.20 Questions pour un champion. A. Colombie - Pays-Bas. Eurosport 20.30 Radiodrames. 21.00 L'Art de la direction d'orchestre. 20.55 Une femme d'honneur. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Party, d'Anna Langhoff. [1/2]. Mezzo MUSIQUE Une ombre au tableau. TF 1 20.15 Tout le sport. 21.00 Le Gai Savoir. 21.05 François Mitterrand, 22.15 Mélissol. La Déchirure. TV 5 20.25 Tous égaux. 22.12 Multipistes. le roman du pouvoir. 20.05 Alban Berg. Quatuor à cordes. 23.35 Les Repentis. 20.55 Passager 57 22.30 Surpris par la nuit. [2/4]. Le conquérant (1958-1981). TV 5 Par le Quatuor Alban Berg. Mezzo [1/2]. Drôle de relève. TF 6 Film. Kevin Hooks %. Slam sur Paname. 22.20 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. 22.50 Pièces à conviction. Jérôme Garcin (C'était tous les jours tempête). 0.25 Europeos. 0.40 Chansons dans la nuit. 0.50 Espace francophone. 1.00 Les Nuits (rediff.). 22.25 Jeune et innocent aa Spécial cinéma africain. Alfred Hitchcock. 1.15 Toute la musique qu'ils aiment. Arte Arte Histoire Avec Nova Pilbeam, Derrick De Marney, Percy Marmont Magazine musical. FRANCE-MUSIQUES 20.15 Fulham : le rêve de Mo 20.45 Examens : 21.00 Titanic aa (GB, 1937, v.o., 85 min) &. Cinétoile 20.00 Concert. David Gormezano revient sur l'aven- une épreuve pour réussir ? En 1942, Josef Goebbels, maître 22.55 Samba Traoré aa CANAL + Par l'Orchestre philharmonique Idrissa Ouedraogo (Burk. - Fr. - Sui., de Radio France, dir. Günther Herbig. ture du milliardaire égyptien Moha- Dans leur documentaire Ralentir idéologique du cinéma allemand, 1993, 85 min) &. Cinéstar 2 f En clair jusqu'à 19.00 Œuvres de Prokofiev, Poulenc, Haydn. med Al Fayed (le père de Dodi, ami école, diffusé en ouverture de cette impose la réalisation d'un film 23.00 Comment je me suis disputé... 18.00 Spy Groove %. 22.00 Jazz, suivez le thème. Yesterdays. de la princesse Lady Di) qui a rache- « Thema »‚ Vincent Glenn et Eric sur la catastrophe du Titanic à (ma vie sexuelle) aa 18.30 Nulle part ailleurs cinéma. 23.00 Le Conversatoire. té, il y a quatre ans, le Fulham FC, Guéret suivent le parcours scolaire Wolfgang Selpin. Celui-ci critique Arnaud Desplechin (France, 1996, 18.50 Canal + classique &. 0.00 Tapage nocturne. 175 min). France 2 19.00 Nulle part ailleurs &. vieux club de football du sud-ouest d'enfants afin de comprendre la le scénario et se retrouve jeté en aa 23.50 Les Frissons de l'angoisse 20.35 Un coup d'enfer RADIO CLASSIQUE londonien. En quelques années, à logique du système français. Ils prison. Il y est retrouvé pendu. Dario Argento (Italie, 1975, Film. Mike Barker %. 105 min) !. Cinéfaz 20.40 Les Rendez-vous du soir. coups de dizaines de milliards de analysent et montrent, avec les C'est Werner Klinger qui terminera aa 22.05 Le « Cygne » du destin 0.10 Sailor et Lula Film. Charlie Peters (v.o.) &. Par l'Orpheus Chamber Orchestra, livres, le Fulham FC est redevenu témoignages d'élèves, d'histo- le film. Sans grande valeur artisti- David Lynch (Etats-Unis, 1990, Esther Budiardjo, piano. une équipe de haut niveau, et riens, d'enseignants et de sociolo- que, il constitue un stupéfiant docu- v.o., 125 min) ?. Canal Jimmy 23.50 Mickro ciné. Œuvres de Schoenberg, Mozart, aaa 0.20 Vincent, François, Paul Webern, Beethoven. Al Fayed, « le Président Mo », est gues, la valeur des diplômes dans ment sur les méthodes d'une propa- 0.25 Les Ailes du désir Wim Wenders (Fr. - All., 1987, et les autres (version réalisateur) a 22.50 Les Rendez-vous du soir (suite). reconnu par l'homme de la rue. la société actuelle. gande antibritannique acharnée. 125 min) %. Ciné Cinémas 1 Film. Claude Sautet &. Œuvres de Dvorak, Janacek, Suk.

VENDREDI 25 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.45 Les Mystères de l'Histoire. 19.30 Classic Archive. 14.05 Guêpier pour trois abeilles aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Les comptes Avec Ivry Gitlis, violon Joseph L. Mankiewicz 21.00 La Poste, de la lettre d'une armée oubliée. Chaîne Histoire et l'Orchestre national de l'ORTF, (EU, 1966, 130 min) &. Cinétoile 14.35 Crèches, le pour et le contre. dir. Francesco Manderer. Mezzo aa à l'e-mail. Forum 19.55 La Terre en question. 14.55 Samba Traoré TF 1 15.30 Jangal. Touche pas aux grizzli. Odyssée 19.30 The Nat « King » Cole Show 7. Idrissa Ouedraogo (Burk. - Fr. - Sui., 16.00 Le Système Ikea. [1/4]. 22.00 L'idéologie a-t-elle disparu ? Forum enregistré en juillet 1957. Muzzik 1993, 80 min) &. Cinéstar 1 14.45 Trahison intime. 20.05 The Awful Truth. 16.30 Les Ecrans du savoir. e Téléfilm. William A. Graham. 23.05 Quel public 15.15 Les Frissons de l'angoisse aa e [8 volet]. Canal Jimmy 20.50 New Zik. RFO Sat 16.35 Les Dessous de Palm Beach. 17.35 100 % question 2 génération. Forum Dario Argento (Italie, 1975, v.o., pour le documentaire ? 20.05 Louisiane à volonté. Muzzik 21.00 Rabih Abou Khalil. 125 min) %. Ciné Cinémas 3 17.30 Sunset Beach. 18.05 Le Monde des animaux. Enregistré en 1994. Muzzik MAGAZINES 20.15 Reportage. La Muraille des dingos. Arte 15.50 Outrage aa 18.20 Exclusif. 18.40 Le Journal de la santé. 21.00 Civilisations. 22.30 Jazz à Vienne 1998. Ida Lupino (Etats-Unis, 1950, 19.00 Le Bigdil. 18.55 Météo. Avec Maria Schneider, piano ; 13.45 C'est mon choix. France 3 Irak, 5 000 ans et 6 semaines. Histoire v.o., 85 min). TCM 19.50 Vivre com ça. 19.00 Tracks. Ben Monder, guitare ; aa 21.20 Les Mystères de l'Histoire. Greg Gisbert, trompette ; 16.25 Les Chiens 19.55 et 0.58 Parce qu'il y aura 19.45 Météo, Arte info. 18.05 Ciné-Cinécourts. Alain Jessua (France, 1978, La mer. CinéCinémas Le dernier voyage Ingrid Jensen, trompette. Muzzik 20.15 Reportage. La Muraille des dingos. de Drake. La Chaîne Histoire 100 min) %. Ciné Cinémas 1 toujours des hommes. 19.00 Nulle part ailleurs. 22.50 Rock Masters. AC/DC. aa 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 20.45 Le Clown braqueur. 21.25 Le jour où vous m'aimerez. Planète Londres, 1977. Canal Jimmy 18.15 Atlantique latitude 41˚ Téléfilm. Tim Trageser. Invité : Patrick Poivre d'Arvor. Canal + Roy Ward Baker (Grande-Bretagne, 20.55 Les Enfants de la télé. 19.00 Tracks. Tribal : Danse hip-hop. 22.00 Flics de banlieues. 0.15 Horace Silver Quintet. Muzzik 1958, 120 min) &. Histoire 22.15 Grand format. La Dernière Cigarette. 23.15 Sans aucun doute. a Dream : Everlast. Live : Big Youth. La guerre des bandes. Odyssée 20.40 Braveheart aa 23.40 Mossane Film. Safi Faye (v.o.). Vibration : Art modeste. Planète VARIÉTÉS 22.00 Nelli et Elmar. Mel Gibson (Etats-Unis, 1995, FRANCE 2 1.20 Le Dessous des cartes. Backstage : New bled vibration. Arte 22.05 Civilisations. La Corne de l'Afrique. 170 min) %. TSR Jérusalem, une ville, deux capitales 20.50 Thalassa. Escale dans le golfe 23.40 Top à Robert Charlebois. a [1/3] : Une construction de l'histoire. [3/3]. Cendres et moissons. Histoire Novembre 1973. Canal Jimmy 21.00 L'Ennui 15.50 Planque et caméra. du Morbihan. France 3 Cédric Kahn (France, 1998, 22.10 Les Grandes Batailles. ? 16.05 et 22.25 Les Jours euros. 20.55 Le Droit de savoir. Flics de banlieue, Gallipoli. La Chaîne Histoire 120 min) . Ciné Cinémas 2 M6 TÉLÉFILMS aa 16.10 Rex. la guerre des bandes. Odyssée 22.15 Grand format. 21.15 L'Empire de la passion Nagisa Oshima (France - Japon, 1978, 16.55 Un livre. 13.35 Entre l'amour et l'honneur. 21.00 Rock Press Club. La Dernière Cigarette. Arte 17.05 Scandale à la une. ! Téléfilm. Sam Pillsbury &. e David Lowell Rich. Festival v.o., 80 min) . Cinéfaz 17.00 Des chiffres et des lettres. Le hard rock (2 partie). Canal Jimmy Benjamin Franklin, 15.15 Les Routes du paradis &. 23.00 Biographie. 21.55 La Petite Voiture aa 17.30 et 0.15 CD' aujourd'hui. Helena. 21.00 Recto Verso. citoyen du monde. Chaîne Histoire 17.20 Au secours, papa divorce ! 17.00 Drôle de scène. Fred Gerber &. M6 Marco Ferreri (Espagne, 1960, 17.35 Viper. Invité : Julien Clerc. Paris Première 23.30 Les Fleuves de sable. Odyssée v.o., 85 min) &. Ciné Classics 17.19 Bi6clette. 18.25 Un agent très secret &. 22.35 Bouillon de culture. 0.10 Histoires d'avions. 19.00 Le Retour de Wyatt Earp. 22.25 Firefox, l'arme absolue aa 17.20 Au secours, papa divorce ! Livrets de familles. Paul Landres et 19.15 Qui est qui ? & Les chasseurs anglais. Planète & Clint Eastwood (Etats-Unis, 1982, Téléfilm. Fred Gerber . Invités : Pierre Bergounioux ; Frank McDonald . CinéCinémas % 19.50 Un gars, une fille. 0.25 Chroniques d'Hollywood. v.o., 135 min) . Ciné Cinémas 1 19.00 et 20.40, 1.15 Loft Story. Patrick Besson ; Jean-Noël Pancrazi ; 19.00 A chacun son tour. aaa 20.00 Journal, Météo. Franck Ribault. France 2 Femmes d'influence. Histoire 22.35 Yol, La permission 19.50 I-minute. Peter Bogdanovich. Disney Channel Yilmaz Güney 20.45 Maigret. Mon ami Maigret. 23.25 Dites-moi. 0.50 La Guerre des cancers. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.30 Une folie. Georges Folgoas. Festival et Serif Gören (Turquie, 1982, v.o., 22.30 Bouche à oreille. Invité : Ousmane Sow. RTBF 1 [2/4]. La course au remède. Histoire % 20.05 Une nounou d'enfer &. 20.45 L'Enfer au soleil. 115 min) . Ciné Cinémas 3 23.30 On ne peut pas plaire aa 22.35 Bouillon de culture. 20.38 Un jour à part. SPORTS EN DIRECT Serge Rodnunsky ?. RTL 9 22.40 L'Impossible Amour Livrets de familles. à tout le monde. France 3 Vincent Sherman (Etats-Unis, 1943, 23.55 Journal, Météo. 20.39 Météo du week-end. 22.20 Thérèse Humbert. v.o., 110 min). TCM Tour d'Italie (6e étape) : Marcel Bluwal [2/2]. Festival & 20.50 Les Aventures du vendredi. 15.00 Cyclisme. 0.20 Histoires courtes. Baobabi . & DOCUMENTAIRES Nettuno - Rieti (153 km). Eurosport Stargate SG-1. La malédiction. . 0.05 Belphégor. 21.35 Le venin du serpent &. 18.00 Football. Festival international Espoirs Claude Barma [2/4]. Festival FRANCE 3 22.40 Sliders, les mondes parallèles. 17.00 Les Brûlures de l'Histoire. de Toulon et du Var (groupe B) : Mai 1968, la danse Un monde sous tutelle &. Japon - Pologne. Eurosport COURTS MÉTRAGES 14.55 Le Retour de Sherlock Holmes. Un monde de faux prophètes &. du pouvoir. La Chaîne Histoire 20.00 France - Portugal. Eurosport & Téléfilm. Kenneth Johnson . 0.20 Live Zone. 17.05 Les Enquêtes 20.30 Volley-ball. Championnat d'Europe 0.20 Histoires courtes. 16.35 MNK. & du National Geographic. féminin (qualifications) : Baobab. Laurence Attali . France 2 17.35 A toi l'actu@. Les chevaux de Dublin. TMC France - Lettonie. Pathé Sport SÉRIES 17.50 C'est pas sorcier. Le tennis. RADIO 17.15 Les Croisades. 18.15 Un livre, un jour. [3/4]. La guerre sainte. Planète DANSE 18.25 Un agent très secret. 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE 17.35 Les Mystères 21.00 La Fleur de pierre. Le retour de l'œuf &. France 2 18.45 Les Jours euros. des mayas. Monte-Carlo TMC Chorégraphie de Youri Grigorovitch. 19.25 Hill Street Blues. 18.50 Le 19-20 de l'information. 19.30 Appel d'air. Nunavut. Musique de Serge Prokofiev. Vidéo poker &. Monte-Carlo TMC 20.30 Black & Blue. 18.00 L'Histoire des grands ballets. Enregistré en 1991. Par le ballet du Kirov. 20.05 Météo. [7/20]. Giselle. Mezzo Pièges pour Jean-Louis Chautemps. Avec l'Orchestre du Théâtre Maryinsky, 19.50 Homicide. 20.10 Tout le sport. Invité : Jean-Louis Chautemps. 18.05 Cinq colonnes à la une. dir. Alexandre Viliumanis. Mezzo La loi et le désordre. Série Club e 20.20 Tous égaux. 21.30 Cultures d'islam. L'Egypte de terre. [121 volet]. Planète 22.55 Mansouria. 20.00 La Vie à cinq. Nuits songeuses. Téva 20.50 Thalassa. Invités : Nabil Naoum ; Luc Barbulesco. 18.05 Le Monde des animaux. Chorégraphie de Josette Baiz. 20.05 Une nounou d'enfer. [2/2]. Escale dans le golfe du Morbihan. aa 22.12 Multipistes. Animaux rescapés. Musique d'Ibrahim Petliensese. Tout est bien qui finit bien &. M6 22.50 L'Empire des sens 22.10 Faut pas rêver. 22.30 Surpris par la nuit. [9/24]. Le bonobo, le faisan de Wallich, Par les enfants de l'école Saint-André Nagisa Oshima. Avec Eiko Matsuda, 20.45 New York District. Virus mortel. 23.05 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. le cerf du père David. La Cinquième de Marseille. Mezzo ème Tatsuya Fuji (France - Japon, 1975, Traque sur Internet %. 13 RUE ! 18.25 L'Actors Studio. v.o., 100 min) . Cinéfaz 23.30 On ne peut pas plaire 20.45 Felicity. Meilleurs ennemis. Alan Alda. Paris Première MUSIQUE 22.50 Les Nuits de Cabiria aaa à tout le monde. FRANCE-MUSIQUES Changement de cap. TF 6 Federico Fellini (Italie, 1957, 18.30 Les Leçons de musique 17.45 Haydn. Messe de la Sainte-Cécile. 20.45 Maigret. Mon ami Maigret. France 2 105 min) &. Cinétoile 18.00 Le jazz est un roman. L'auberge Enregistré en 1982. CANAL + des songes, avec Philippe Carles. de Leonard Bernstein. 20.50 Stargate SG-1. La malédiction &. 23.40 Mossane a Hommage à Sibelius. Mezzo Avec Lucia Popp, soprano ; Le venin du serpent &. M6 Safi Faye (Sénégal, 1996, 15.35 Jakob le menteur 19.07 A côté de la plaque. Doris Soffel, alto ; Kurt Moll, basse ; v.o., 100 min). Arte Film. Peter Kassovitz %. 20.00 Concert. Par l'Orchestre 18.30 Ciel, ma géo ! Vallée de la Romanche Celui qui avait un livre Horst Laubenthal, ténor. 0.55 Friends. philharmonique de Radio France, et l'île de Noirmoutier. Voyage Par l'Orchestre symphonique à la bibliothèque (v.o.) &. 17.30 Mickro ciné. f dir. Eliahu Inbal : Œuvres 19.00 Biographie. et les Chœurs de la Radio bavaroise, Celui qui n'aimait pas En clair jusqu'à 20.35 de Burgan, Messiaen. Oskar Schindler. La Chaîne Histoire dir. Rafael Kubelík. Muzzik les chiens (v.o.) &. Canal Jimmy % 18.00 Spy Groove . 22.30 Alla breve (rediff.). 18.30 Nulle part ailleurs cinéma. 22.45 Jazz-club. 18.50 Canal + classique. Fête des mères &. 19.00 Nulle part ailleurs &. RADIO CLASSIQUE 20.35 Allons au cinéma ce week-end. 21.00 La Veuve de Saint-Pierre a 18.30 L'Actualité musicale. France 3 Ciné Cinémas 2 Arte Film. Patrice Leconte &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. 22.50 Coup de foudre à Notting Hill a Gérard de Nerval et la musique. a a Film. Roger Michell &. Œuvres de Faust, Berlioz, Weber, Liszt, 20.50 Thalassa : 21.00 L'Ennui 23.40 Mossane Meyerbeer, J. Strauss Fils, Schubert ; Escale dans le golfe du Morbihan L’Ennui, roman d’Alberto Moravia, A quatorze ans, Mossane est une 0.50 Surprises. Wagner. 0.55 Les gens normaux Dans le golfe du Morbihan, vaste est adapté ici par Cédric Kahn, qui belle jeune fille et attire tous les 22.35 Les Rendez-vous du soir (suite). n'ont rien d'exceptionnel Œuvres de Janequin et De Sermisy, plan d'eau entre océan et campa- nous en fait une interprétation litté- regards dans son village au Sénégal. Film. Laurence Ferreira-Barbosa &. Mozart, Spohr, Gluck, Alkan. gne, une grande fête maritime est raire. Le réalisateur se pose en relec- Ses parents décident dès lors de la organisée autour du week-end de teur d’une sorte d’énigme amoureu- marier au plus vite à Diogoye, qui aa SIGNIFICATION DES SYMBOLES l'Ascension. Ainsi, on peut décou- se, érotique, à partir du personnage travaille dans un grand hôtel pari- 23.45 Madame Butterfly Frédéric Mitterrand. Les codes du CSA Les cotes des films vrir des quillards, des misainiers, tourmenté qu’est Martin (Charles sien et qui s'est engagé à payer leurs Avec Ying Huang, Richard Troxell & Tous publics aaa On peut voir des fameux sinagos, des rustiques Berling), prof de philo dépressif, dettes. Safi Faye a construit son film (France, 1995, 135 min). Mezzo % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aaa ? aaa bateaux gaulois. « Thalassa » pro- entretenant une relation avec une comme une légende, celle d'une 0.35 Le Tambour Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Volker Schlöndorff (Allemagne, 1979, ? Les symboles spéciaux de Canal + % ou interdit aux moins de 12 ans pose à cette occasion une balade adolescente, modèle d’un peintre. jeune fille qui se révolte contre la 140 min) . Ciné Cinémas 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion dans ce paradis tranquille des îles, Certains aspects de ce sujet brûlant « vente » de son corps et de sa 1.05 La vie est belle aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Roberto Benigni (Italie, 1998, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants à la rencontre des îliens. font penser à Intimité de Chéreau. vertu. En v.o. v.o., 110 min) &. Ciné Cinémas 3 26

VENDREDI 25 MAI 2001 Un nouvel attentat mortel La défection d’un républicain va faire basculer de l’ETA à Saint-Sébastien le Sénat américain dans le camp démocrate L’administrateur d’« El Diario Vasco » a été tué James Jeffords devait annoncer, vendredi, qu’il quitte son parti pour devenir indépendant

MADRID moitié de ses députés, au profit de la NEW YORK l’ensemble des experts washingto- Patrick Leahy, prendra celle de la damentalement modéré (pro-avor- de notre correspondante voie pacifique, défendue par les de notre correspondante niens, l’impact de cette décision commission judiciaire. La commis- tement, pro-environnement et qui L’ETA a frappé à nouveau. Et à nationalistes modérés du Parti natio- C’est, d’une certaine manière, le devrait être considérable : elle cons- sion judiciaire est cruciale pour la avait voté contre la destitution de nouveau elle a frappé ce monde jour- naliste basque (PNV). retour de bâton de la très étrange titue un grave revers pour le prési- procédure de confirmation de juges Bill Clinton en 1999) par rapport au nalistique qui lui est si défavorable, élection de l’automne dernier. Un dent George W. Bush, désormais à la Cour suprême et des juges fédé- poids croissant de l’aile conservatri- et qu’elle a mis en tête de ses futures RÉTABLIR LE « DIALOGUE » PERDU sénateur, un seul, était, mercredi contraint de gouverner sans majori- raux, dont M. Bush vient de nom- ce de son parti. Mais le 6 avril der- cibles, selon les constatations des Et de fait, après une campagne 23 mai sur le point de faire basculer té au Sénat et qui va en trouver sa mer tout un groupe, dominé par des nier, M. Jeffords s’était opposé à la experts de la lutte antiterroriste. Un électorale virulente qui a laissé de le fragile édifice sur lequel repose tâche singulièrement compliquée, juges conservateurs au grand dam Maison Blanche, lors de la discus- commando a abattu par balles Santi- fortes fractures au sein de la société, l’administration Bush en faisant même s’il conserve une étroite majo- des démocrates. sion du budget, qu’il jugeait trop ago Oleaga, administrateur financier le chef du gouvernement basque sor- défection au camp républicain, ce rité à la Chambre des représentants. maigre pour l’éducation, son sec- du journal El Diario Vasco, jeudi tant, Juan José Ibarretxe (PNV), est à qui aura pour effet d’offrir automati- Les tentatives républicaines, mercre- POURQUOI CETTE TRAHISON ? teur de prédilection. Selon les matin 24 mai, en plein Saint-Sébas- l’heure actuelle en train de mener quement au Parti démocrate la di, de faire faire défection à un séna- Mardi, le président Bush a invité médias à Washington, M. Bush et tien. M. Oleaga, qui était âgé de cin- une première et difficile série de con- majorité au Sénat puisque, jusqu’ici, teur démocrate centriste, Zell M. Jeffords à venir le voir à la Mai- son équipe auraient très mal pris cet- quante-deux ans, se trouvait dans sultations avec les différentes forma- avec 50 sénateurs républicains et Miller, pour restaurer l’équilibre pré- son Blanche pour tenter, apparem- te incartade, et quelque temps plus un parking près de l’hôpital Matia tions politiques basques, pour for- 50 sénateurs démocrates, le Parti cédent ont apparemment échoué. ment en vain, de le faire changer tard omettaient d’inviter le sénateur sur le Paseo de los Pinos, à proximi- mer le futur gouvernement. Une ten- républicain ne détenait la majorité Au-delà de son impact psychologi- d’avis. Le vice-président Dick Che- du Vermont à une cérémonie à la té de son journal. Il a reçu plusieurs tative pour rétablir le « dialogue » que grâce à la voix du vice-président que, l’abandon de James Jeffords, ney s’y est essayé aussi, sans plus de Maison Blanche destinée à décorer balles en pleine tête. perdu, ces derniers mois, entre natio- Dick Cheney. un homme de soixante-sept ans con- succès. Le sénateur du Vermont a le meilleur enseignant, qui se trou- En prenant la fuite, ses assassins nalistes et non-nationalistes qui Après vingt-quatre heures d’inten- nu pour sa modération et sa courtoi- néanmoins accepté de repousser sa vait être du Vermont. C’était au tour ont, semble-t-il, fait exploser la voi- devait se concrétiser précisément, ce se fébrilité au Capitole, d’efforts sie, va entraîner le remplacement du décision à jeudi, ce qui a notam- du sénateur de prendre ombrage de ture dans laquelle ils étaient venus, jeudi, par une rencontre entre Juan désespérés du leadership républi- républicain Trent Lott par le démo- ment permis au Sénat d’adopter cette brimade, d’autant plus que, afin d’effacer toute trace. Et c’est un José Ibarretxe et celui qui fut le can- cain pour le garder et d’une cour crate Tom Daschle comme chef de mercredi le projet de loi du prési- dans le même temps, se répandait la miracle si cette explosion n’a pas fait didat du Parti populaire de José assidue des démocrates pour l’atti- la majorité sénatoriale ; il va aussi dent sur les réductions fiscales (d’un rumeur de la révision, sur décision de nouvelles victimes, car elle a eu Maria Aznar aux élections, l’ex- rer, le sénateur James Jeffords contraindre les présidents républi- montant de 1,35 trillion de dollars de la Maison Blanche, d’une conven- lieu en pleine ville, à 300 mètres d’un ministre de l’intérieur, Jaime Mayor devait, selon son entourage et l’en- cains des puissantes commissions sur onze ans), son premier grand tion laitière de première importance collège. Ce dernier attentat porte à Oreja. La situation était tellement semble des médias, annoncer ven- du Sénat à céder la place aux démo- chantier législatif. pour les producteurs de lait du Ver- 31 le nombre de victimes tuées par crispée que cela faisait quinze mois dredi matin depuis sa circonscrip- crates : Ted Kennedy, par exemple, Pourquoi cette trahison ? Plu- mont. « Personne n’a cherché l’épreu- l’organisation séparatiste basque que les dirigeants du Parti populaire, tion du Vermont qu’il quittait le Par- prendra la présidence de la commis- sieurs raisons ont été avancées. Le ve de force, a tenu à rectifier mercre- armée, depuis la fin de la trêve, en au Pays basque, ne s’étaient pas ren- ti républicain pour devenir indépen- sion sur l’éducation, et l’autre séna- sénateur Jeffords fait circuler celle di, sombre, le porte-parole de la Mai- décembre 2000. dus auprès du chef du gouverne- dant. Qualifié de « sismique » par teur du Vermont, le démocrate de la lassitude d’un républicain fon- son Blanche Ari Fleischer. Le séna- Il y a quelques jours, l’ETA avait ment basque, pour discuter. teur Jeffords a simplement toujours déjà essayé de tuer le journaliste M. Ibarretxe, conscient des diffi- été un penseur indépendant. » Gorka Landaburu, à Zarauz près de cultés qui l’attendent, n’a pas prévu Certains, comme le sénateur War- Saint-Sébastien, en lui envoyant une de réussir à former un gouverne- Sécurité : une étape vers le renforcement ner, ont commencé à attribuer la res- lettre piégée, qui lui a arraché un ment avant l’été, mais d’ores et déjà, ponsabilité de ce fiasco au lea- doigt et plusieurs phalanges, le bles- en recevant il y a trois jours les diri- dership républicain au Congrès, qui sant également au visage et au ven- geants d’Euskal Herritarrok, il leur a des pouvoirs des maires n’a rien vu venir. D’autres pensent tre. Mercredi, c’est un agent de sur- signifié sa ferme intention de ne con- que M. Bush aurait dû intervenir veillance de l’université du Pays bas- clure aucun pacte avec eux tant que LE TRAIN de sénateur n’est le département et pour soumettre Schmidt (PS, Territoire de Bel- plus tôt. Pour le sénateur républi- que, à Bilbao, qui a été visé. Ce der- ces derniers n’auront pas condamné pas une vue de l’esprit. Les élus les objectifs ». fort). « Que fait dehors un enfant cain John McCain, c’est un avertisse- nier a roulé sur plusieurs kilomètres la violence. du Palais du Luxembourg ont L’étude de l’amendement 11, de moins de treize ans à minuit ? », ment à retenir : « Lorsque l’on mena- avec une bombe de 1 kilo de dynami- Des manifestations pour protes- avancé d’une heure, mercredi qui donne au maire la faculté d’in- s’est exclamé M. Schosteck. «La ce les gens de représailles, de vengean- te sous son siège, qui n’a pas explosé ter contre la violence de l’ETA 23 mai, la fin du deuxième jour terdire aux mineurs de moins de protection de l’enfance vaut mieux ce et de punition parce qu’ils n’ont en raison d’un défaut à l’allumage. avaient déjà été prévues, à l’universi- de l’examen de la loi sur la sécuri- treize ans de circuler entre minuit que la suspicion », a plaidé pas voté exactement comme on le vou- Trois attentats déjà, dont un mor- té du Pays basque. Dans la journée, té quotidienne. Placé devant le et 6 heures du matin, a suscité des M. Vaillant. En vain. L’amende- lait, il faut être prêt à en assumer les tel : c’est la réponse de l’ETA, qui de nouvelles concentrations silen- fait accompli, le ministre de l’inté- échanges tendus. Cette mesure ment couvre-feu a été adopté. conséquences. » refuse de s’avouer battue, aux élec- cieuses se tiendront, un peu partout rieur, Daniel Vaillant, est reparti « risque de conduire à des ba- tions autonomes basques du 13 mai. dans le pays, cette fois pour condam- avec sa serviette peu avant vures », a estimé Michel Dreyfus- Elie Barth Sylvie Kauffmann Sa « vitrine politique », la coalition ner l’assassinat de Santiago Oleaga. 18 heures. « Il n’aurait pas été rai- indépendantiste radicale Euskal Her- sonnable d’aborder les amende- ritarrok, a perdu lors de ce scrutin la Marie-Claude Decamps ments portant sur la délinquance des mineurs en sachant que nous ne pourrons pas mettre un terme à la discussion dans la journée »,a Les propositions de Jacques Chirac estimé Henri de Raincourt (Répu- blicains et indépendants, Yonne). M. Vaillant a proposé alors l’étu- pour l’école de d’un article plus ramassé, rela- tif au régime des armes et muni- LE PRÉSIDENT de la République tous », tout en reconnaissant la diver- tions. Rejeté. « Je remercie le a choisi de traiter jeudi 24 mai, l’un sité des talents. Alors que le ministre ministre de nous libérer », a con- des sujets qui, il en est convaincu, chargé de l’enseignement profes- clu Jean-Claude Gaudin (RI, Bou- sera déterminant lors de la campa- sionnel Jean-Luc Mélenchon s’effor- ches-du-Rhône), qui présidait la gne présidentielle : l’école. C’est un ce de revaloriser les filères technolo- séance. terrain difficile, mais Jacques Chirac giques, le président a souligné la Pour la majorité sénatoriale de l’a abordé par ceux qui « consom- nécessité de revoir « à égale dignité droite, il sera toujours temps d’af- ment » l’éducation et non ceux qui les voies techniques et générales » et ficher, mardi 29 mai, ses divisions la font : les parents. Jeudi 24 mai, à d’encourager la « formation tout au au sujet de l’ordonnance du Saint-Etienne, le chef de l’Etat a long de la vie ». Mais il a surtout insis- 2 avril 1945 relative à l’enfance ouvert le congrès de la PEEP té sur la « priorité et le préalable » délinquante. En attendant, elle a (Parents des élèves de l’enseigne- que doivent être aujourd’hui la sécu- manifesté, mercredi, des concep- ment public), la plus ancienne et la rité et le respect des règles parta- tions divergentes sur le rôle du deuxième des deux plus grosses gées. Rappelant que l’autorité des maire en matière de sécurité. Le fédérations de parents d’élèves en professeurs doit être reconnue, rapporteur du texte, Jean-Pierre France, traditionnellement classée à M. Chirac a ainsi insisté sur le fait Schosteck (RPR, Hauts-de-Seine), droite. M. Chirac a centré son pro- que l’école doit être un espace de tra- a soutenu un amendement qui pos sur les trois thèmes les plus sen- vail et non un espace ludique. Cepen- impose au procureur de la Répu- sibles aux yeux des parents : la solidi- dant, alors que le débat sur la décen- blique d’informer le maire des cri- té des apprentissages fondamen- tralisation pose la question éventuel- mes et délits commis sur le terri- taux et notamment de l’usage du le de la délégation aux régions de toire de la commune. « Ce n’est français, l’égale reconnaissance des l’enseignement, M. Chirac, tout en pas raisonnable », a vitupéré fillières générales et techniques et appelant à plus de « souplesse et de Christian Bonnet (RI, Morbihan) surtout la violence scolaire qui est pragmatisme dans la gestion du systè- en évoquant une surcharge pour devenue la plaie de bon nombre me éducatif », s’est prononcé pour les procureurs. Roger Karoutchi d’établissements. le maintien dans le cadre national (RPR, Hauts-de-Seine) a défendu Le chef de l’Etat a réaffirmé la du service public de l’éducation. un sous-amendement attribuant nécessité de sauvegarder une école aux officiers de police judiciaire de « l’équité et de la chance pour Raphaëlle Bacqué cette obligation d’information. M. Schosteck et le président de la commission des lois, Jacques Lar- ché (RI, Seine-et-Marne), ont La mise en garde des associations repoussé cette version. C’est donc la première mouture qui a été votée. « Les procureurs ont du tra- de victimes de l’amiante vail ? Ils peuvent en avoir un peu plus, ils n’en mourront pas », a indi- LES ASSOCIATIONS de défense des victimes de l’amiante mettent en gar- qué M. Larché. de le gouvernement, par un communiqué commun daté du 22 mai, sur des dispositions qu’ils jugent inacceptables dans le projet de décret créant le « INFORMER LES ÉLUS » Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva). Les associations Les sénateurs ont également reprochent notamment aux pouvoirs publics de ne pas doter de moyens octroyé aux maires la possibilité propres ce fonds, dont la création a été prévue par l’article 53 de la loi de de se constituer partie civile au financement de la Sécurité sociale pour 2001. La gestion des dossiers serait nom de la commune en cas d’in- déléguée au Fonds de garantie automobile, déjà gestionnaire du Fonds fraction commise sur la voie publi- d’indemnisation des victimes d’infractions pénales, où il n’aurait cessé, que et de demander les motifs selon les associations, « de manifester son hostilité aux victimes de l’amiante d’un classement sans suite. Dans en multipliant les procédures dilatoires pour retarder leur indemnisation ». le même volet, consacré à l’infor- mation du maire, il a été créé un DÉPÊCHE conseil départemental de sécuri- a INONDATIONS : les députés ont procédé, mercredi 23 mai, àla té. Ce nouvel organisme devra se constitution de la commission d’enquête sur les inondations en France. réunir une fois par an autour du Présidée par Eric Doligé (RPR, Loiret), elle aura pour rapporteur Jacques préfet, des procureurs de la Répu- Fleury (PS, Somme) et devrait rendre ses conclusions à l’automne. blique, du président du conseil général et des représentants du Tirage du Monde daté jeudi 24 mai 2001 : 477 223 exemplaires. 1-3 maire « pour informer les élus de l’évolution de la délinquance dans XII / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Le Salon du livre de Turin à l’ère Berlusconi Chambéry b Vivendi convoite Houghton Mifflin. Après l’acquisition de La victoire aux élections législatives du patron du premier groupe d’édition italien style roman MP3, Jean-Marie Messier, pour qui la mondialisation est «le était au centre des discussions de la manifestation turinoise priori la 14e édition du Fes- moins bon de tous les systèmes à l’ex- tival du premier roman ception de tous les autres » (Le Pari- quelques exceptions faire valoir nos positions. » Toute- la question, même si je n’étais pas historique qui s’est déjà manifesté (16-19 mai) devait être sien du 22 mai), a entamé des dis- près, toute l’édition ita- fois, plutôt que de penser aux ris- d’accord avec lui, je n’ai jamais ces dernières années, mais la crise sans surprise. Ce qui ne cussions pour racheter l’éditeur lienne était présente à ques d’une mise au pas de la pensé qu’il pouvait y avoir un quel- d’identité de la gauche poussera veutA pas dire sans temps forts. On scolaire américain Houghton Mif- la Fiera del libro, qui culture, que personne pour le conque intérêt personnel dans sa les gens à la lecture ». Marco Zap- pouvait compter sur Yves Bichet flin, révèle le Wall Street Journal As’est tenue à Turin du 17 au moment n’envisage vraiment, plu- décision. Avec Berlusconi, je serai paroli, qui dirige la petite mais pour donner au titre de « parrain » du 22 mai. Vivendi Universal, dont 21 mai. Le grand rendez-vous sieurs professionnels présents à tout le temps tenté de le penser, très appréciée maison d’édition des 17 auteurs retenus (citons, outre l’objectif est d’être l’un des lea- annuel du monde du livre, auquel Turin s’interrogeaient sur les con- sans compter que le lobby Monda- Marcos y Marcos, estime que Jeanne Benameur ou Christian Gar- ders mondiaux de l’éducation, et participait un peu plus d’un mil- séquences économiques de l’ac- dori aura une relation directe « la victoire de Berlusconi marque cin, « débutants » aguerris par leurs qui est déjà bien implanté en Amé- lier d’éditeurs (+ 6 % par rapport cession au pouvoir de celui qui avec la présidence du conseil que le triomphe d’une culture souvent précédentes publications, Olivier rique du Sud, serait prêt à débour- à l’année passée), a été visité cet- contrôle toujours Mondadori, n’auront pas les autres éditeurs », antithétique au livre, la culture de Adam, Muriel Barbery, Gisèle Four- ser 1,7 milliard de dollars (1,94 mil- te année par environ 200 000 per- c’est-à-dire le premier groupe édi- s’inquiète Carmine Donzelli, la télé-poubelle, de la publicité et nier, Patrick Poumirau – Bruno liards d’euros) pour consolider ses sonnes. Le public, où les jeunes torial italien, qui, à travers ses dif- l’éditeur du best-seller de Nor- de Loft Story ». Une culture qui, Gibert manquait seul à l’appel) un positions aux Etats-Unis et s’offrir étaient particulièrement nom- férentes maisons d’édition (Einau- berto Bobbio, Droite et gauche. selon Marcello Baraghini, le relief singulier. Olivier Rolin, Kossi le dernier major indépendant sur breux, a beaucoup acheté. Le thè- di, Electa, Sperling & Kupfer, Dès le premier jour du Salon, à bouillonnant inventeur des Efoui, Jacques Aubert, Bertrand le marché de l’éducation – après me de la nature était cette année Signorelli, Minerva Italica, Le l’occasion d’une table ronde, « Millelire », favorise « la domi- Leclair comme Jean Bollack avaient la vente de Harcourt à Reed Else- à l’honneur et abordé sous tous Monnier, etc.), représente aujour- Gian Arturo Ferrari, le puissant nation du fast book, du livre rendez-vous à l’université de Savoie vier et Thomson. Créé en 1832 et les angles, mais les nouvelles tech- d’hui 30 % du marché du livre de directeur général de la division 100 % commercial ». Néanmoins, pour traiter de « la langue enjeu » – basé à Boston, Houghton Mifflin nologies, l’édition électronique et la Péninsule. livres du groupe Mondadori, a « face à la relative hégémonie cul- un tiré-à-part de la revue Le Polygra- a réalisé en 2000 un chiffre d’affai- le futur du e-book ont également essayé de rassurer, en déclarant turelle de la droite », Carlo Feltri- phe recueille sous le même titre res d’environ 1,14 milliard d’euros fait l’objet de plusieurs initiati- CRAINTES qu’il ne demandera pas une nelli refuse de se poser en vic- 23 contributions d’écrivains familiers et enregistré des pertes, au pre- ves. Les organisateurs essayant Si certains observateurs espè- remise en question de la loi sur time, en valorisant plutôt le rôle de Chambéry que l’éditeur Comp’act mier trimestre 2001, de 49 millions chaque année d’internationaliser rent que cette situation rendra le le prix unique, qu’il considère que peut jouer l’édition, « appe- distribue (32 p., 30 F [4,57 ¤]). Le d’euros. C’est le cinquième grou- davantage la manifestation, une gouvernement Berlusconi plus comme un « équitable compro- lée maintenant à faire vivre une romancier Francesco Biamonti, pe mondial en matière d’éduca- large place avait été réservée à la réceptif aux problèmes du livre mis ». Il a aussi défendu l’auto- culture laïque, démocratique et enfin, illumina de sa présence, tion après Pearson, McGraw-Hill, découverte de la littérature des que les précédents gouverne- nomie de son groupe, en souli- moderne ». au-delà des « palabres italiennes » Thomson’s Thomson Learning et Pays-Bas et des Flandres. ments du centre-gauche, beau- gnant que « Berlusconi ne partici- qui rappellent les liens tissés avec le Reed-Elsevier. La quatorzième édition du coup d’autres craignent plutôt le pe pas à la gestion de l’entreprise NOUVELLE Festival del primo romanzo de b Les records de Catherine Salon turinois s’ouvrant quelques « conflit d’intérêts » et des choix et encore moins à l’élaboration de BATAILLE CULTURELLE Cuneo, tout le final de l’édition 2001. M. L’éditeur allemand Goldmann jours seulement après la victoire de l’exécutif qui pourraient favo- sa ligne éditoriale ». L’indépen- Battue sur le plan politique, la Si l’on notait la progression du (groupe Bertelsmann) a acquis aux élections législatives de Sil- riser directement ou indirecte- dance culturelle d’Einaudi en gauche doit recommencer la jeune lectorat – deux nouveaux comi- pour 1,9 million de francs vio Berlusconi, un débat le con- ment l’empire éditorial du futur serait l’exemple : « Depuis 1994, bataille sur le plan culturel, tés, scolaire et étudiant, conduits en (0,29 million d’euros) les droits de cernant s’est inévitablement premier ministre. Giuseppe Late- l’année où nous avons pris le comme l’ont rappelé Antonio autonomie par les jeunes lecteurs – La Vie sexuelle de Catherine M., de engagé durant la manifestation, rza, le président de la célèbre contrôle de la plus illustre des mai- Tabucchi et Andrea Camilleri qui ne semble pas infléchir notable- Catherine Millet. Selon Le Seuil, bien que les discussions aient été maison d’édition du même nom, sons d’édition liées à la gauche, dans une table ronde organisée ment les choix de la sélection, c’est le « il s’agit d’une des plus importan- pour la plupart dépassionnées. l’a écrit sans détour dans les nous en avons toujours respecté pendant le Salon par la revue débat sur les limites du genre dit tes cessions de droits jamais réali- Face aux menaces évoquées par pages de La Stampa : « Qui peut l’identité, sans jamais intervenir Micromega. « En réaction au pou- « romanesque » qui a marqué ce sées à l’étranger pour un livre fran- plusieurs intellectuels pendant la garantir les concurrents de Berlus- dans ses choix éditoriaux. Nous ne voir de Margaret Thatcher, l’Angle- 14e palmarès. En retenant l’excellent çais ». Les droits ont déjà été ven- campagne électorale, on perçoit coni de l’impartialité du premier nous plions pas à l’idéologie de terre a eu une production culturelle Troubleau de Frédéric Durand dus à l’italien Mondadori, l’espa- aujourd’hui un certain attentis- ministre ? » Un thème sensible notre actionnaire majoritaire. » très riche et de très grande qualité. (Stock), voire Mauvais numéro, le pro- gnol Anagrama (et le catalan me, bien résumé par le directeur est, par exemple, celui du prix La victoire du Berlusconi et de J’espère la même chose pour l’Italie metteur premier opus d’Alexandre Empuries), l’américain Grove et du Salon, Ernesto Ferrero : «Il unique du livre, dont la nouvelle ses alliés a néanmoins poussé de Berlusconi », conclut le roman- Kauffmann (Arléa), qui ne relèvent l’anglais Serpent’s Tail ainsi qu’au faut rester serein et éviter tout loi a été fortement critiquée par beaucoup d’éditeurs à s’interro- cier Bruno Arpaia, qui, comme pas stricto sensu du roman, Chambé- Portugal, en Finlande, aux Pays- catastrophisme. Si des décisions Mondadori, qui a même réussi à ger sur la signification culturelle beaucoup d’autres, appelle à la ry redéfinit son champ. Celui d’un Bas et en Suède. Des discussions discutables devaient être prises faire augmenter le seuil des de ce résultat. Pour Cesare De résistance culturelle. Une résistan- éloge de la fiction où les conventions sont entamées avec le Japon et la par le nouveau gouvernement, on rabais autorisés de 10 % à 15 %. Michelis, le président de Marsi- ce pour laquelle beaucoup d’édi- discriminantes comptent moins que Corée. les dénoncera et on les combattra « Lorsque l’actuel président du lio, « la culture de droite va favori- teurs commencent à s’organiser. la littérature. A suivre. b Hommage à Jean-Toussaint avec fermeté. On peut résister et conseil, Giuliano Amato, a arbitré ser et légitimer le révisionnisme Fabio Gambaro Ph.-J. C. Desanti. Une journée de réflexion sur l’œuvre et l’enseignement du philosophe s’est tenue à l’Ecole normale supérieure de Lyon le 16 mai, en sa présence. Ses élèves et amis, parmi lesquels figuraient A L’ETRANGER notamment Sylvain Auroux, Patri- Nouvelle affaire Aussaresses b ce Loraux, Marie-José Mondzain, PRIX LITTÉRAIRES Bernard Besnier, Dominique- L’écrivain et critique littéraire George Steiner a obtenu le prix Antoine Grisoni, Hourya Sina- ffaire de mémoire et d’histoire, le scanda- toire de la guerre d’Algérie », estime Perrin, mais sa Principe de Asturias pour la littérature, doté de 5 millions de ceur, Pierre-François Moreau et le né des propos et des écrits du général publication « ne saurait en aucun cas constituer, ni pesetas (30 050 ¤) et d’une sculpture de Joan Miró. Son œuvre, Roger-Pol Droit, ont questionné Aussaresses sur son rôle de tortionnaire directement ni indirectement, une adhésion, une a précisé le jury, est un exemple de l’entente entre les diverses le penseur sur les multiples pendant la guerre d’Algérie est en passe approbation, une caution, et encore moins une apolo- langues, cultures et nationalités. Le prix Impac a été remporté aspects de sa trajectoire intellec- Ade se doubler d’un épais dossier judiciaire qui met gie des idées et des méthodes du général Aussares- par un écrivain canadien, Andrew McLeod, professeur d’an- tuelle. Cette rencontre se tenait à en cause les conditions de l’édition de son livre, Ser- ses », insiste l’éditeur dans une formulation manifes- glais à l’université de Windsor, pour son roman, No Great Mis- l’occasion de la publication d’un vices spéciaux, Algérie 1955-1957. Editeur de cet tement destinée à se démarquer de l’auteur, cible de chief. Ce prix international, qui a la réputation d’être le plus volume collectif rassemblant une ouvrage dont Le Monde a publié des extraits le la plainte de la Ligue des droits de l’homme. richement doté au monde (130 081 ¤), est décerné chaque vingtaine d’études sur l’œuvre du 3 mai, Xavier de Bartillat a été entendu, mercredi La polémique lancée par Le Figaro pourrait être à année par la Public Library de Dublin (Irlande) sur une liste éta- philosophe : Jean-Toussaint Desan- 23 mai, dans le cadre de l’information ouverte, le l’origine d’une autre procédure judiciaire. Interrogé blie par des bibliothèques publiques du monde entier. ti. Une pensée et son site. Textes 17 mai, par le parquet de Paris pour « apologie de cri- par ce journal, Georges Fleury, ancien parachutiste 100 bibliothèques de 34 pays avaient présenté leur sélection réunis par Georges Ravis-Giorda- mes de guerre » sur plainte de la Ligue des droits de en Algérie et romancier, a assuré avoir été en posses- pour 2001. ni, 274 p., 160 F. ENS Editions (dif- l’homme. sion d’une première version « impubliable »du b ENCHÈRES et SURENCHÈRES fusion Ophrys, 10, rue de Nesles, Un autre front s’est ouvert avec la publication, manuscrit Aussaresses, mais a reproché à ce dernier Après le manuscrit du Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdi- 75006 Paris). dans Le Figaro daté du 19 mai, de plusieurs articles d’en avoir confié la réécriture à un tiers « rompu à nand Céline, emporté par la Bibliothèque nationale de France, dénonçant un « coup éditorial » destiné, selon ce l’art de la négritude ». Claude Ribbe, romancier, qui pour 1,91 million d’euros (Le Monde du 17 mai), puis celui d’On Précisions quotidien, à alimenter « la cause de ceux qui, à gau- admet « faire partie des gens qui ont relu le manuscrit the Road, de Jack Kerouac, acquis pour 2,56 millions d’euros b Le sous-titre de l’article de Philip- che », souhaitent que l’Etat fasse acte de « repen et apporté des corrections mineures », n’a guère par Jim Irsay, propriétaire d’une équipe de football américain pe Sollers « Gloire de la Bible », fai- tance ». L’accusation a conduit l’éditeur à préciser, apprécié cette allusion à ses origines guadeloupéen- (Le Monde du 25 mai), un exemplaire de l’édition originale du sant allusion à des « traductions de dans un communiqué, la chronologie de sa décision nes et a annoncé son intention de porter plainte Manifeste communiste de Karl Marx, parue en 1848 à Londres, a traductions », ne concernait évi- de publier. Mettant en avant « le devoir d’informer, pour « injures raciales » (Le Monde du 24 mai). «Ce atteint également une somme record (99 700 euros) dans une demment pas l’Ancien Testament, fût-ce au prix d’informations qui peuvent choquer ou genre de dérapage inadmissible doit être sanctionné, vente aux enchères à Hambourg. Selon les chercheurs, il n’exis- mais seulement le Nouveau, com- inquiéter », les éditions Perrin précisent que le géné- estime M. Ribbe. Les paras ne vont pas casser du te que 25 exemplaires de l’édition originale. me le précisait bien la phrase ral Aussaresses, « par l’intermédiaire d’un tiers »,a nègre aujourd’hui comme ils cassaient du bougnoul b PLACE AUX JEUNES d’Henri Meschonnic citée dans l’ar- présenté un manuscrit couvrant l’ensemble de sa hier. » Il se trouve que, le 3 mai, jour de la publica- Les jeunes Chinois de 7 à 77 ans vont pouvoir lire « légale- ticle lui-même. carrière mais jugé « impubliable » par l’éditeur. tion du livre de Paul Aussaresses – aujourd’hui ven- ment » 22 aventures de Tintin grâce à un accord intervenu b L’adresse du prix Jean Prévost, « L’auteur nous a proposé de recourir à un tiers de du à 70 000 exemplaires –, Claude Ribbe a publié entre les éditions Casterman et la Maison d’édition pour annoncé dans « Le Monde des son choix, présentant toutes les garanties de sérieux son premier roman, Le Cri du centaure, qui aborde enfants de Chine. On pouvait toutefois se procurer jusqu’à pré- livres » du 4 mai, est : Association intellectuel et universitaire .» Un nouveau manuscrit, la question du racisme. Le livre est édité par Plon, sent des millions de versions pirates. Seule différence avec les Jean Prévost 2001, services cultu- présenté courant mars, « entièrement centré, selon la maison mère des éditions Perrin. L’auteur se serait albums en français, Tintin au Tibet est devenu Tintin au Tibet rels de la mairie de Montivilliers, volonté [du général], sur la période algérienne (…) », bien passé du court-circuit provoqué par l’« affaire chinois et Tintin chez les Soviets n’a pas été traduit. Quant à jardin de l’Abbaye, 76290 Monti- est celui qui a été publié. « En livrant ce manuscrit, Aussaresses ». Harry Potter, les ventes atteignent pour les 4 tomes quelque villiers, tél : 02-35-30-96-58). nous avons apporté un témoignage capital dans l’his- Philippe Bernard 100 millions d’exemplaires dans plus de 200 pays.

Conseil de la francophonie organi- res, 11, place Marcelin-Berthe- plume et le râteau qui a pour thè- AGENDA se plusieurs ateliers sur le thème lot, 75005. Amphithéâtre Margue- me « l'usage du paysage » avec le « La francophonie et le dialogue rite-de-Navarre). chapiteau des auteurs, un café lit- b LE 27 MAI. CELAN. A Paris, les des cultures : quelles straté- b LE 31 MAI. STAROBINSKI. A téraire, ateliers et la création du éditions du Seuil et la Maison de gies ? » présidés par le professeur Paris, la librairie Tschann et l’édi- prix Virgile (entrée 20 F [3,05 ¤], l’Amérique latine organisent une Jacques-Yvan Morin (Centre des teur Champ Vallon proposent une aux Jardins de l'imaginaire, 24120 rencontre autour de « la correspon- conférences internationales, lecture-rencontre avec Jean Staro- Terrasson, rens. et réservations dance Celan » avec Bertrand 19, avenue Kléber, 75016 Paris ; binski, qui sera accompagné de :05-53-50-86-82). Badiou, Yves Bonnefoy, Eric Celan, rens. : 01-42-75-76-53). Murielle Gagnebin et d’Yves Julia Kristeva, Jean Starobinski et b LE 29 MAI. DOUBLE. A Lyon, Bonnefoy (à 19 h 30, Tschann l’éditeur du poète, Maurice Olen- la bibliothèque de la Part-Dieu libraire, 125, boulevard du Mont- der (de 10 à 19 heures, Maison de propose autour du thème « L’écri- parnasse, 75006 Paris ; rens. : l’Amérique latine, 217, boulevard vain et son double », un dialogue, 01-43-35-42-05). Saint-Germain, 75007 Paris ; conduit par Anne-Marie Métailié, b LE 31 MAI. TALENTS. A rens. : 01-59-54-75-35). entre l’écrivain espagnol José Paris, les rendez-vous culturels b LE 28 MAI. DIFFUSION. A Manuel Fajardo et Claude Bleton, de la Fnac Italie 2 proposent Blanquefort (33) se déroule un directeur du Collège internatio- dans le cadre « Lire les nouveaux colloque européen, en partenariat nal des traducteurs littéraires talents » une rencontre-lecture avec l’Allemagne, la Suède, l’Espa- d’Arles (à 18 h 30, bibliothèque avec Thomas Günzig, pour son gne, autour des thèmes « Editer et Part-Dieu, 30, boulevard Vivier- livre Mort d’un parfait bilingue diffuser la littérature en Europe et Merle, 69003 Lyon ; rens. : (éd. Au diable vauvert), et comment prendre en compte cet- 04-78-62-18-00). Arnaud Cathrine, pour son ouvra- te évolution en préservant l’identi- b LES 29 MAI ET 5 JUIN. STA- ge La Route de Midland (éd. Verti- té culturelle de chacune des ROBINSKI. A Paris, le profes- cales) (à 18 heures, centre nations ? » (à 9 h 30, parc de Fon- seur honoraire à l’université de commercial Italie 2, 50, avenue gravey, salle polyvalente ; rens. : Genève donne deux conférences d’Italie, 75013 Paris, rens. : 05-56-95-24-27). au Collège de France, l’une sur 01-58-10-30-00). b LES 28 ET 29 MAI. FRANCO- « Le poème d’invitation : de la b LES 2 ET 3 JUIN. JARDINS. A PHONIE. A Paris, et dans le cadre latinité à Baudelaire », l’autre sur Terrasson (24), a lieu la 3e édition de sa 17e session plénière, le Haut « Eloquence et liberté ». A 17 heu- du Salon du livre des jardins : la VENDREDI 25 MAI 2001

LES JEUNES PRISONS PHILOSOPHES Deux sociologues se penchent pages VIII et IX sur l’univers des condamnés aux longues peines et Jean-Marc Rouillan raconte STEPHEN VIZINCZEY son incarcération Le feuilleton RIMBAUD ANNIE PROULX JEUNESSE page XI de Pierre Lepape page II page III page V page VI La vengeance de Philip Roth

guerre et l’époque glaciale du maccar- parviennent pas toujours à les pas- ple (6). La dureté est au rendez-vous, deux, c’est Roth, et la littérature est thysme. Ce sont des romans plutôt sionner – encore que Ira/Iron, com- Avec « J’ai épousé et surtout le sentiment que, lorsque impitoyable. Dans le combat d’Ira et naturalistes, assez pesants parfois. me ses deux prénoms l’indiquent, Roth parle de la femme de son héros, d’Eve, on retrouve le Roth de tou- Voilà bien l’ultime victoire de Roth, soit un homme en colère, un homme un communiste », Eve, il manifeste une incompréhen- jours, percutant, surpuissant, et sans doute une secrète vengean- de fer, une brute parfois, un person- sion totale pour ce « deuxième effrayant, acharné à montrer qu’en- ce : écrire, à plus de soixante ans (il nage assez singulier et inattendu l’écrivain américain sexe » avec lequel il faut tenter de tre les hommes et les femmes rien est né en 1933) des livres pour les lec- dans l’œuvre de Roth. Pour ses lec- vivre. Quand Ira rencontre Eve Fra- n’est possible sauf le cycle infernal près les sommets que teurs qui n’aiment pas son œuvre. Et teurs de toujours, comme l’observe revient sur l’époque me, une ancienne star de Hollywood séduction-passion-lutte à mort. Une sont Opération Shylock et Le Théâtre il a réussi. Pastorale américaine a con- André Bleikasten dans l’excellente du maccarthysme. qui fut mariée à une autre star dont démonstration à laquelle s’em- Ade Sabbath (1), deux livres éblouis- introduction à Roth qu’il elle a une fille, il est « ébloui ». «Il ploient, de manière très ennuyeuse, sants d’un écrivain en pleine maturi- vient de publier dans la faut bien dire qu’elle était éblouissante, beaucoup de supposés romanciers. té, qu’allait donc faire Philip Roth ? Josyane Savigneau collection « Voix améri- Deuxième volet et que l’éblouissement a sa propre logi- Mais que la lucidité infernale et le sty- On croyait que ce créateur hanté par caines » dirigée par que. » Il « croit avoir trouvé l’amour le féroce de Philip Roth rendent irré- le double était allé aussi loin que pos- quis, notamment en France, un Marc Chénetier, « l’écriture de Roth d’une trilogie naturaliste de sa vie. Et avec l’amour de sa vie, on futable. sible dans Shylock en affrontant son public nouveau, amateur d’un cer- est une écriture en ébullition, pleine de ne va pas pinailler sur les détails ». narrateur, nommé cette fois-là Philip tain réalisme. Il devrait en aller de bruit et de fureur, en même temps qui devrait continuer C’est avec une sorte de rage qu’est (1) « Folio », Gallimard, Roth, à un personnage qui est «un même avec J’ai épousé un communis- qu’une écriture en état d’alerte, une décrite la désastreuse histoire d’Ira et no 2937 et 3072. faux lui-même » et s’appelle… Philip te. écriture de résistance et de combat. à séduire ceux qui Eve, version noire de La Belle et la (2) « Folio » no 3533. Roth. Mais ce romancier imprévisible Quant à ceux qui ont tout lu avec Résistance à toutes les pesanteurs, à Bête. Cette affaire vouée d’emblée à (3) A paraître chez Gallimard. pouvait être plus fort encore. Il s’est passion, depuis Goodbye, Columbus commencer par celles de la langue ; jusqu’alors n’aimaient l’échec, qui est au cœur du roman, se (4) « Folio » no 1185. mis à écrire une trilogie avec arrière- (1959) (4), ils sont définitivement combat contre les inerties, les illusions lit évidemment comme l’évocation (5) Houghton Mifflin. fond historique dont voici le deuxiè- acquis à celui qu’ils tiennent pour et les impostures du discours social, le guère son œuvre terrible d’un autre couple, celui du (6) « Folio » no 2803. me volet, J’ai épousé un communiste, l’un des plus grands écrivains prêt-à-penser des idéologies, la folie romancier Philip Roth avec l’actrice (7) Virago Press. après Pastorale américaine (2) et contemporains. Même s’ils s’en- meurtrière des fanatismes – toutes les Philip Roth, menant « cette bataille Claire Bloom (ils se sont rencontrés avant The Human Stain (La Tache nuient à la description minutieuse de formes de ce que, dans La Tache jamais gagnée contre la bêtise » en 1975, mariés en 1990 et ont divor- J’AI ÉPOUSÉ UN COMMUNISTE humaine) (3). Le premier se passe la fabrication des gants en peau dans humaine, il appelle “la tyrannie du « avec une rageuse rudesse qui n’est cé en 1995). Comme l’héroïne de J’ai (I Married a Communist) dans l’Amérique des années 1960, Pastorale américaine. Même si les nous” ». qu’à lui ». Ceux qui sont arrivés à lui épousé un communiste, Claire Bloom de Philip Roth. confrontée à sa jeunesse en révolte, démêlés du communiste Ira Ringold Dans cette trilogie historique, il y a par Pastorale américaine seraient tout (qui restera à jamais la jeune Theresa Traduit de l’anglais (Etats-Unis) et le dernier pendant le second man- (devenu l’homme de radio Iron Rinn) sans doute, pour les vrais de même bien avisés de lire dès main- du Limelight de Charlie Chaplin) avait par Josée Kamoun, dat de Clinton. Quant à J’ai épousé un avec les anticommunistes fanatiques « rothiens », un peu trop de « nous » tenant le Philip Roth d’André Bleikas- une fille musicienne que Roth ne sup- Gallimard, « Du monde entier », communiste, il revient sur l’après- de l’Amérique des années 1950 ne et pas assez du « je » magnifique de ten pour prendre la mesure de cet portait pas. Elle raconte en détails 406 p., 130 F [19,82 ¤]). « écrivain incommode » et en finir leurs rapports houleux dans un livre avec une certaine naïveté. Car, com- de mémoires, Leaving a Doll’s House PHILIP ROTH me le disait Roth à la Book Review du (7) que Roth a sûrement lu comme d’André Bleikasten. New York Times en mai 2000, il souhai- une trahison. Malheureusement Belin, « Voix américaines », te désormais « débarrasser [sa] tête pour Claire Bloom, l’écrivain, des 128 p., 50 F [7,62 ¤]). de tout ce sérieux ». « Je veux une autre voix pour maintenant. Pendant six mois, un an, je voudrais regarder les choses d’une autre manière. J’essaie de m’arracher à la vision sombre qu’a Zuckerman de la vie américaine. » Et le roman qui vient de paraître aux Etats-Unis, The Dying Animal, est fidè- le à cette déclaration (5). Pour l’heure, en France, lenteur de traduction oblige, c’est encore l’écri- vain Nathan Zuckerman (autre dou- ble romanesque de Roth) qui parle, ou plutôt, comme dans Pastorale américaine, qui écoute le récit du frè- re de son héros. Dans J’ai épousé un communiste, ledit frère est un ancien professeur de Zuckerman, Murray Ringold. Dans sa jeunesse, Zucker- man a beaucoup admiré Ira, le com- muniste – subissant même son influence politique –, dont Murray raconte la déroute, la destruction, notamment en raison de la trahison de sa femme, lorsqu’elle a publié un livre de règlements de comptes intitu- lé… J’ai épousé un communiste. «En France, cette phrase n’a rien de scan- daleux », expliquait en riant Philip Roth, venu pour une master class à Aix-en-Provence en 1999. « Aux Etats- Unis, I married a Communist est un titre-choc et, dans les années 1950, c’était, d’emblée, une dénonciation. » Démonter minutieusement, froide- ment, brutalement aussi, les mécanis- mes de la trahison est l’un des propos de ce livre qu’on peut lire de trois manières au moins. Pour compren- dre Ira Ringold et la situation histori- que de son temps. Pour retrouver la méditation de Roth sur l’identité, qui traverse toute son œuvre. Pour explo- rer de nouveau la vengeance person- nelle de Roth contre les femmes, qui, elle aussi, est une constante chez lui. Mais ici, l’humour a déserté les lieux, contrairement à Tromperie, par exem- NANCY CRAMPTON II / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b d’infidélité à la mère patrie : « A vingt-trois ans, je croyais ÉLOGE DES FEMMES MÛRES encore qu’il ne pouvait exister qu’un seul vrai pays pour (In Praise of Older Women) chacun de nous. (…) Je quittai la Hongrie si peu de temps de Stephen Vizinczey. après que j’aurais volontiers donné ma vie pour elle. » Traduit de l’anglais (Canada) Vizinczey a désormais la double nationalité canadienne par Marie-Claude Peugeot, et britannique. éd. Anatolia - Le Rocher, 250 p., 125 F (19,06 ¤). Pour apprendre ’ironie, la légèreté, la profondeur, le naturel et VÉRITÉS ET MENSONGES EN LITTÉRATURE l’exactitude du romancier se retrouvent intacts (Truth and Lies in Literature) dans les textes du critique. Au reste, il y a si peu de Stephen Vizinczey. d’écart d’inspiration entre l’Eloge et Vérités et Traduit de l’anglais (Canada) par Philippe Babo Lmensonges que certains passages du roman se retrouvent et Marie-Claude Peugeot, à vivre tels quels dans les essais littéraires. Andras Vajda lit les éd. Anatolia - Le Rocher, 366 p., 135 F (20,58 ¤). femmes mûres comme Vizinczey fait l’amour avec les livres : même désir de comprendre par le plaisir, même l y a fondamentalement deux sortes de littérature, ouverture d’esprit et de cœur, même liberté lucide et pas- écrit Stephen Vizinczey. L’une vous aide à compren- sionnée pour la vérité et pour la beauté. On perdrait quel- dre, l’autre vous aide à oublier ; la première vous que chose à lire l’un de ces deux livres sans l’autre. aide à devenir une personne libre et un citoyen libre, Comme tous les bons livres, Vérités et mensonges Il’autre aide les gens à vous manipuler. L’une s’apparente à contient des phrases qu’on a envie de recopier comme on l’astronomie, l’autre à l’astrologie. » Mais si la différence encadre un tableau. Par exemple : « La plupart des musi- entre l’astronomie et l’astrologie, entre la science et le ciens professionnels connaissent par cœur des centaines de charlatanisme est claire pour la plupart des gens, explique de 1956, la fuite hors de la patrie, le vertige de l’exil, la partitions ; la plupart des écrivains n’ont que de vagues sou- encore Vizinczey, la différence entre la vraie et la fausse Andras Vajda lit les femmes mûres découverte du Nouveau Monde, si étrange, si éloigné des venirs des classiques – l’une des raisons pour lesquelles il y a littérature ne l’est pas. « La flagornerie, les mensonges léni- traditions et des solidarités de la vieille Europe catholi- plus de musiciens compétents que d’écrivains compétents. fiants, la prétention, les illusions, les autojustifications sont comme Vizinczey fait l’amour que. Face au jeunisme et aux cloisons, physiques et psy- Un violoniste qui disposerait du savoir-faire technique de la constamment pris pour de la vraie littérature, alors que la chologiques, entre classes d’âge qui sévissent dans les plupart des écrivains publiés ne parviendrait jamais à se fai- grande littérature est plus souvent qu’à son tour vilipendée, avec les livres : même désir sociétés modernes où chaque génération semble apparte- re recruter par un orchestre. » Ou : « Le plus grand auteur ignorée et censurée. » nir à une période différente de l’histoire, Vajda-Vizinczey, dramatique français est Shakespeare traduit en français. » L’auteur de cette mise au point cristalline est né en Hon- de comprendre par le plaisir, « ayant eu la chance de grandir dans ce qui était encore Ou encore : « On ne peut plus arriver à la vérité que dans grie en 1932. Il est étudiant à Budapest en 1956 lorsque les une société non cloisonnée », veut contribuer à mieux faire un roman. » troupes soviétiques noient dans le sang les velléités d’in- même ouverture d’esprit et de cœur, comprendre « cette vérité qu’hommes et femmes ont bien On aura compris que Vizinczey est un critique intrépi- dépendance de leur colonie magyare. Vizinczey fait par- des choses en commun même lorsqu’ils sont nés à des de et qu’il adore Stendhal. Il écrit sur son grand homme tie de ceux qui se battent jusqu’au bout, alors même que même liberté lucide et passionnée années d’écart. » des pages admirables de clarté et de profondeur. Il rap- tout espoir est perdu. En matière de mensonge et de véri- pelle que Stendhal n’acceptait rien les yeux fermés, il suit té, il sait de quoi il parle, il a payé pour le savoir. Après pour la vérité et pour la beauté ajda part d’un constat simple : ne connaissant son exemple. Il s’en prend avec une belle vigueur aux écri- l’écrasement de la révolte, il doit fuir. Il gagne l’Autriche, rien à la vie et à l’autre sexe, adolescents et ado- vains qu’il accuse de truquer, de manipuler, de se compor- puis l’Italie, puis le Canada où il débarque en connaissant bien ils ont trouvé son nom imprononçable, ou encore lescentes dès qu’ils veulent s’engager dans la ter comme des uhlans avec la vérité sous prétexte, disent- une cinquantaine de mots anglais : « Quand j’ai réalisé qu’il était encore beaucoup trop européen. vie amoureuse le font si maladroitement, avec ils, de servir l’art. Ce que Vizinczey, après Sartre, nomme que j’étais désormais un écrivain privé de langue, je suis Grâces soient donc rendues à Samuel Brussel et à sa Vtant de peurs, d’angoisses, de schémas préconçus et de la mauvaise foi, concept tout à la fois esthétique et moral. monté en ascenseur jusqu’au dernier étage d’un grand collection Anatolia. Les deux livres de Vizinczey sont trop modèles fournis par de mauvais livres, que leur double Que la littérature ait partie liée avec la morale, voilà enco- immeuble de la rue Dorchester à Montréal, avec l’intention délectables pour qu’on ne pardonne pas à l’éditeur fran- ignorance transforme en combats ce qui devrait être un re une affirmation qui tranche utilement et agréablement de me jeter dans le vide. En regardant à mes pieds depuis le çais de présenter Eloge des femmes mûres d’une façon plaisir. Et souvent pour toute la vie. Après quelques expé- avec la propagande ambiante. Vizinczey aime les écri- toit, terrifié à l’idée de mourir, mais ayant encore plus peur trop aguicheuse : « Un classique de la littérature éroti- riences catastrophiques avec des adolescentes, Vajda, qui vains qui apprennent à vivre avec autant d’enthousiasme de me briser la colonne vertébrale et de passer le restant de que », proclame la quatrième de couverture. Alors qu’il ne se résigne pas à considérer les femmes comme ses qu’il a de férocité pour ceux qui flattent, qui amusent la mes jours dans une chaise roulante, j’ai décidé d’essayer plu- s’agit par bonheur de bien autre chose. Quitte à découra- ennemies, décide de se débarrasser de son analphabétis- galerie, qui se paient de mots et qui plaident pour leur tôt de devenir un écrivain anglais. » ger quelques lecteurs friands de spectacles sexuels et de me amoureux en apprenant de celles qui savent : les fem- petite boutique. Pendant six ans, vivant d’expédients, il apprend à deve- gymnastique amoureuse, il est honnête de préciser que mes mûres. Il ne découvre pas seulement dans ses pérégri- Ses admirations n’étonnent pas : la poésie hongroise, nir écrivain dans une langue d’exil. A la fin de son appren- l’Eloge, loin des fantasmes et des névroses, cherche, com- nations une jouissance simple et gaie, une sexualité sans qu’il donne envie de découvrir, les prosateurs du XIXe siè- tissage, en 1965, il publie un chef-d’œuvre, Eloge des fem- me tous les grands romans, à apprendre à ceux qui les angoisse, fuyant la culpabilité, le péché ou la performan- cle, français, russes, allemands, avec une prédilection mes mûres. Ce roman éblouissant n’aura mis qu’un peu lisent la vérité de la vie. C’est un roman d’apprentissage ce, il apprend la chaleur, la tendresse, la délicatesse, la pour Stendhal, Balzac, Pouchkine, Gogol, Dostoievski et plus de trente-cinq ans à être traduit en France après qu’il serait souhaitable d’offrir aux jeunes gens des deux complexité des rapports humains, la voix de l’autre, l’usu- Kleist. Il se montre en revanche d’une allègre sévérité l’avoir été un peu partout dans le monde, avoir inspiré sexes dès qu’ils abordent les rivages enchantés et angois- re du temps, l’amitié, la compréhension, l’habitude et les pour ces saints tutélaires que sont Goethe, Melville, deux films et s’être vendu à plus de trois millions d’exem- sants de la sexualité. Un traité d’humanité. moyens de ruser avec elle, les erreurs, les hontes, les joies. Sainte-Beuve, Nabokov (à qui il reproche « d’apporter de plaires. C’est à se demander où nos éditeurs ont la tête. Le livre raconte l’initiation d’un jeune homme au bon- Une sorte d’universel de l’amour. la beauté à ce qui est répugnant à l’extrême » ou Malraux, Alors qu’ils passent leur temps dans les antichambres des heur amoureux, l’itinéraire qui le mène à la découverte de Rien d’extraordinaire dans les aventures de Vajda, pas figure-type de ces intellectuels français qui confondent le agents littéraires américains, qu’ils traduisent à la chaîne lui-même et des autres à travers l’expérience des femmes. de bluff, pas d’illusion, pas de transes extatiques ni d’ex- prestige et le génie. Son essai sur Styron a pour titre les produits de l’industrie romanesque d’outre-Atlanti- Il se nomme Andras Vajda, il ressemble comme un frère à hibitionnisme, pas la moindre provocation. Vizinczey « Anatomie des sérieuses foutaises, ou la baie des que, qu’ils ne nous dispensent d’aucun nanar, d’aucune l’auteur. Hongrois, il a connu gamin les privations et les n’a que faire de la transgression et des petits coqs Cochons de l’establishment littéraire américain ». L’intelli- série Z concoctés par les clones des écoles d’écriture et les troubles de la guerre et de l’après-guerre, l’occupation métaphysiques. Apprendre la vie lui semble une ambi- gence de Vizinczey est si vivifiante, si contagieuse que la agences de promotion rurale, ils regardaient sans doute soviétique, la terreur et la pudibonderie staliniennes qui tion suffisante après avoir failli perdre la sienne. L’Eloge lecture de ses livres vous plonge dans un bain de bonheur ailleurs lorsqu’il était question de Stephen Vizinczey. Ou n’épargnaient pas les chambres à coucher, la révolution des femmes mûres est aussi une déclaration d’amour et pendant une semaine au moins.

livraisons Quête Folies d’artistes b ÉCRIVAINS, 550 photographies, de Sophie Bassouls Depuis Henri Queffélec, il y a trente ans, nombreux sont les écri- vains français et étrangers qui se sont succédé derrière l’objectif Laure Murat explore l’asile des docteurs Blanche, à la croisée de Sophie Bassouls. De ces rencontres est né un bel album noir et e blanc. Une galerie prestigieuse où, d’Alain Absire à Alexandre des ombres de la psychiatrie balbutiante et des courants créatifs du XIX siècle Zinoviev, on s’amusera des jeux de miroir de Marie Darrieussecq, d’Edmund White, des postures drolatiques de Pierre Daninos, de son expérience. A la « Maison égard déclencha un délire de persé- avant d’être définitivement séduit par la fragilité de Nina Berbero- MADAME CLAPAIN LA MAISON DU DOCTEUR Blanche », les malades sont main- cution. Les Blanche furent les va ou l’élégant détachement de Jean-Jacques Schuhl. Préférant au d’Edouard Estaunié. BLANCHE tenus dans une certaine sociabili- témoins des grands mouvements gros plan qui « décapite », le plan large ou moyen, Sophie Bas- Ed. Mémoire du livre, 306 p., Histoire d’un asile té : quand leur état le leur permet, culturels du siècle, du romantisme souls introduit décors et objets, familiers ou insolites, mettant ain- 120 F (18,29 ¤). et de ses pensionnaires ils partagent pleinement la vie des à l’impressionnisme. Esprit Blan- si à jour une « histoire », romanesque, que l’on pourra prolonger de Nerval à Maupassant époux Blanche et de leurs enfants. che recevait Hector Berlioz ou avec l’exposition « Ecrivains hors textes » que la bibliothèque de n doit à l’écrivain de Laure Murat. A cette « thérapie familiale » Alfred de Vigny, venu s’enquérir la Ville de Paris consacre à la photographe jusqu’au 16 juin (22, Edouard Estaunié Ed. J.-C. Lattès, 424 p., avant la lettre, le praticien ajoute de la santé du poète Anthony rue Malher, 75006 Paris), (Flammarion, 504 p., 199 F [30,33 ¤]). (1862-1942), polytechni- 149 F (22,71 ¤). les maigres ressources dont il dis- Duchamp. Ce dernier resta sa vie Ch. R. cien et ingénieur de for- pose, en l’absence de toute psycho- durant à la « Maison Blanche », b LE VISAGE EFFLEURÉ DE PEINE, de Gisèle Prassinos mationO qui occupa de hautes fonc- igures parfaitement pon- pharmacologie : saignées, vomi- comme « pensionnaire libre ». Cet Ce texte que Gisèle Prassinos, née en 1920 à Istanbul, a publié en tions dans les PTT, la création du dérées du notable huma- tifs, bains, et camisole de force imbroglio de mondanités et de 1964, est une manière de conte philosophique, bizarre et sédui- mot : « télécommunication ». Il serait niste et cultivé du XIXe siè- dans les cas extrêmes. soins atteint son apogée sous la sant. L’héroïne se nomme Essentielle : elle a été mariée à un hom- injuste de conférer ce seul titre de cle, les Blanche père et Mais pour le père comme pour direction d’Emile Blanche. Ami des me auquel on a greffé un cerveau mécanique, un savant plongé gloire à un auteur dont l’œuvre a Ffils, Esprit et Emile, se sont le fils, l’efficacité du traitement Halévy, de Charles Gounod ou de dans ses livres chez qui, un jour, tout se dérègle… Après plusieurs connu une longue période d’oubli. confrontés à deux mondes : celui repose avant tout sur la persuasion Marie d’Agoult, il en fut autant le péripéties et rencontres qui multiplient les hypothèses romanes- Romancier de la province, il l’a, selon des fous et celui des créateurs. morale. Le médecin, directeur des confident que l’aliéniste privilégié. ques sur le passé du savant, Essentielle déboulonne sa « cer- Daniel-Rops, « peinte telle qu’elle est, Hôtes ou patients, les plus illustres consciences égarées, tente de les Cependant, jamais les Blanche velière » de métal : « Considérant l’esprit mécanique à la lueur capri- profonde comme une âme et profonde écrivains, musiciens, peintres, cour- ramener à la raison par la fermeté ne théoriseront le lien entre folie cieuse des bougies, on pouvait se croire au fond d’une mer transpa- comme une eau ». Pour autant, on ne tisans et mécènes, de Mme de La de son discours. La psychiatrie est et créativité. Ce n’est qu’a poste- rente, devant les restes d’un bateau échoué là depuis des siècles. Des saurait le classer parmi les auteurs Valette à Guy de Maupassant, une science encore balbutiante. riori que la critique jugera à l’aune millions de parasites : coquillages, astéries, éponges, coraux, ont régionalistes. Ses intrigues, minutieu- d’Hector Berlioz à la princesse Les causes de la folie sont recher- du dérèglement de leurs auteurs érigé sur lui leur géologie, planté leurs villes et leurs cimetières, ses et bien construites, peuvent sug- Mathilde, ont fréquenté l’asile pri- chées dans les troubles comporte- les œuvres de Gérard de Nerval, émoussant, grumelant, verdissant chaque forme. » A quatorze ans, gérer celles d’un naturaliste rigou- vé que fonda Esprit Blanche mentaux ou sociaux (alcoolisme, qui fut interné deux fois à l’hôtel Gisèle Prassinos avait étonné André Breton et ses amis avec ses reux. Mais Estaunié cherche surtout (1796-1852) et que reprit son fils débauche, pauvreté…), les malfor- de Lamballe, ou de Guy de Mau- poèmes. « Alice II », comme ils l’avaient surnommée, continua à à dévoiler les mécanismes intimes de Emile (1820-1893). Si cette pension mations physiques ou la dégénéres- passant, qui y finira sa vie. Pragma- écrire des textes d’inspiration surréaliste, puis des romans (La l’âme de ses personnages, déclen- dut sa renommée aux célébrités cence héréditaire. Abordant « la tique avant tout, Emile Blanche Voyageuse, en 1959, manqua de peu le prix Femina) et des cheurs de révélations cruelles, de qu’elle accueillit, on en connaissait folie au féminin », Laure Murat encourage Nerval à poursuivre son Mémoires (éd. du Cardinal, diff. : Addel, 111, rue du Faubourg- souffrances et de sacrifices, et l’appa- mal la vie quotidienne. Laure montre que les praticiens sont les œuvre mais tente de le ramener au Poissonnière, 75009 Paris, 172 p., 99 F [15, 09 ¤]). Cl. P. rente banalité de leurs modes de vie Murat en fait le récit minutieux grâ- garants des valeurs sociales et bon sens commun. Extraits de let- b LES YEUX EN FACE DES TROUS, d’Henri Vincenot ne fait pas longtemps illusion. De là ce à des archives inexploitées jus- morales : « Parce que leur affran- tres à l’appui, Laure Murat montre On parlait moins de l’auteur de La Billebaude, il y a quarante ans, une appréhension de la vie inté- qu’alors : les registres de l’asile et chissement menace l’ordre public le hiatus qui s’installe entre les quand parut cette histoire « d’amours et aventures d’un anarchiste rieure, une démarche spiritualiste, la correspondance privée des doc- ou trouble l’ordre familial, les fem- deux hommes, qui s’apprécient, contemporain » dont le personnage incarne le prolétariat des villes une quête des ombres qui font par- teurs Blanche. mes revendiquant leur autonomie mais ne se comprennent pas : et des champs. Chassé de ses terres par une compagnie pétrolière, fois penser à Mauriac. Perçus comme des créatures du seront taxées d’aliénées, d’hystéri- « Emile voulait attirer de force Ner- Jefkins devient citadin. Pour nourrir femme et enfants, il travaille Mémoire du livre a entrepris de diable, à peine mieux traités que ques, de maniaques. » Nombre de val sur le terrain balisé de la morale en usine. Dénonçant l’inhumanité des « technocrates… ces nou- rééditer l’œuvre d’Estaunié. Après des animaux, séquestrés et enchaî- femmes sont reléguées dans les positiviste bourgeoise, quand celui- veaux féodaux », il écrit des pamphlets. D’un humour mordant et L’Ascension de M. Baslèvre, voici nés dans les hôpitaux ou les mai- asiles parce qu’elles ont défié la ci errait parmi les fantômes fami- d’une vivacité de style pour une narration sans temps mort, ce Madame Clapain. Une femme mysté- sons d’arrêt, les « aliénés » changè- tutelle paternelle ou conjugale. liers de ses rêves littéraires. » roman de l’asservissement et de la liberté est d’un Vincenot à rieuse, madame Clapain, prend pen- rent de statut après la Révolution. Si, dans leur pratique médicale, découvrir, pamphlétaire comme son héros (éd. Anne Carrière, sion chez deux sœurs, à Langres, Philippe Pinel fut le premier à SOINS ET MONDANITÉS les docteurs Blanche père et fils se 246 p., 110 F [16,76 ¤]). P. R. L. dans les années 1920. Un jour, on la considérer la folie comme une Rares furent les pensionnaires firent les gardiens de la bien- b ALBERT CAMUS, PHILOSOPHE POUR CLASSES TERMINA- retrouve morte dans sa chambre, pathologie et à promouvoir son qui sortirent « guéris » de la « Mai- séance, la figure du créateur LES, de Jean-Jacques Brochier apparemment suicidée. L’une des « traitement moral » en place des son Blanche ». Pourtant l’institu- maudit aux sens altérés par son « La différence entre Camus et Nietzsche, c’est d’abord que deux sœurs va vouloir recomposer fers et des brutalités physiques. tion se vit confier les âmes en perdi- imagination leur demeure étran- Nietzsche savait penser », énonce l’auteur de ce pamphlet devenu les éléments d’un destin inavoué et Influencé par les écrits de son disci- tion des familles les plus illustres, gère. La meilleure preuve en est le depuis sa parution, il y a près de trente ans, un classique du genre. élucider le passé trouble, tragique et ple Etienne Esquirol, Esprit Blan- de l’Empire à la IIIe République, du soutien sans faille d’Emile Blanche Sa réédition fournit à Jean-Jacques Brochier l’occasion de réaffir- singulier de l’énigmatique locataire. che fonda un asile à proximité de fils du général Junot à la sœur du à la carrière artistique de son fils. mer, avec le même humour caustique, son irritation devant une Comme il est souligné en préface, Paris (à Montmartre en 1821, puis président Jules Grévy. Célébrité du Le médecin mit tout le poids de pensée trop facilement élevée, selon lui, au rang de modèle. Sartre Estaunié s’emploie à rendre sensible dans l’ancien hôtel particulier de la Second Empire, ancienne favorite ses relations et de sa notoriété reprochait à Camus sa « mesure méditerranéenne » illustrée par sa « un monde invisible plus vaste et plus princesse de Lamballe, à Passy, à de Napoléon III, la comtesse de pour que Jacques-Emile Blanche conception de l’absurde et déclarait dans Situations IV :«Vous fort que ce qui nous est donné à perce- partir de 1846). L’aliéniste s’oppo- Castiglione fréquenta longuement accomplisse son ambition de pein- détestez les difficultés de pensée et décrétez en hâte qu’il n’y a rien à voir par nos sens ». Par là, il « atteint à sa avec force aux châtiments corpo- l’hôtel de Lamballe en voisine et tre et d’écrivain, rompant ainsi comprendre pour éviter d’avance le reproche de n’avoir pas com- l’universel ». rels. Peu enclin à la théorisation, il amie, mais aussi comme malade, avec la dynastie des aliénistes. pris » ; propos approuvé par Brochier sans réserve (éd. La Différen- Pierre Kyria imposa son point de vue à partir quand la cruauté de la cour à son Eric Lamien ce, 142 p., 69 F [10,52 ¤]). St. L. enJcusLfèeepiu e asn u ’ncnutàeternr n ovleborpi eRimbaud de biographie nouvelle une entreprendre à conduit l’on qui raisons les explique Lefrère Jean-Jacques L eatctenuel oéi,il Rambow. comédie, nouvelle le cette hôtel, Devant un prosaï- devenu quement ainsi est mo- poétique béton vocation à de culturel long- L’institut cage derne. une depuis disparu à place, a temps, là, laisser de réellement pour loin a il non la où habité, pas celle n’était et mort, sienne, construite sa après Rimbaud, la bien Patatras, de solide. maison du du enfin tenait nouveau, on et d’édition, sons nom mai- grandes les autre toutes par refusées un Breton), sous des envoyées André canular le par après temps, son en démasqué, grotesque Rimbaud n acleeoiu ela de l’affaire de exotique Après Paris. de sait, Commune parcelle qui même, et une un France devenait de coin Yémen l’intériorité le à précieuse, hôtes que nouveaux n’attendait ses » Rimbaud de son la mort. vers la et implacable, maladie soleil courant, un d’armes sous trafiquant d’un stupides, de d’indigènes entouré trieur café d’un à être penser pénible de devait l’existence confort, le il dans Comme doux, rêves. mystère, son ses res- souffrance, de sa air, même sentir le respirer de dispa- communication ru, grand le en avec place, médiumnique sur là, poésie, d’être il effet, en enivrant, Comme être devait poésie, tourisme. c’est-à-dire poésie, tions, émo- récitations, rencontres, ques, collo- animations, d’écrivains spécialistes, de poètes, et de visites bâtiment, fran- çais, culturel du centre frais d’un création grands restaura- : à attendre tion pas font conséquences se vie ne Les sa Aden. de à lors sinistre habitée aurait qu’il u osae nrpi et nou- cette entrepris avez accumulées vous légendes que les toutes pour de Rimbaud de portrait uniquement le contempo- “nettoyer” Est-ce ses et rains. famille poète sa du avec en relations concernant les passé, particulier du abus erreurs ou certaines rectifie qui dite, iné- souvent et importante très documenta- tion une réuni avez Vous – me servi. à été pas j’ai n’ai plaindre, je décalage, 1991. ce sur en Et disparition, sa de tenaire cen- le sin- depuis un renforcement avec gulier poète, depuis pas ce sur courent ne siècle un qui pour suspect, épais, dire peu un toujours m’a paru qui légen- lyrisme et d’un des, mythes les et bio- graphique réalité la la entre décalage un exis- été tait s’il savoir de a désir le curiosité, motivation ma à reste Mais principale il Rimbaud. : sur à faux découvrir reste rien cela C’était plus et a Rimbaud”. faux, n’y sur “il : découvrir priori a Jean –, vaincre un à Guérin chercher de de Jacques aussi tentant de collections ou Hugues des autogra- phes aux pense je – récemment accessibles des et connus, privées, dans collections peu notamment conservés documents tains ? entreprise dans telle lancer une vous à amené avez- été Comment vous etc. Chypre, Harar, Aden, Hambourg, Batavia, ne, Mar- Vien- Stuttgart, à Londres, Bruxelles, Paris, mort Douai, par sa passant en seille, à naissance sa Charleville de : à poète du “périodes” vie la les de toutes de luxe précisions, même Rimbaud, un avec détaille, qui énorme d’Arthur une biographie publiez vous 1998), sur après se sur Lefrère, travaillé avoir Jean-Jacques « eRimbaud de esetceassli a«mai- « la : lois ses a spectacle Le léattnatduiie cer- d’utiliser tentant était Il – pè e rvu ePer rnl irePttiso noeAanBrr orne ie u quelques-uns, que citer n’en pour Borer, Alain encore ou Petitfils Pierre Brunel, Pierre de travaux les Après Luraot aad 1998), , [Lautréamont] aCas spirituelle Chasse La oopeDarzens Rodolphe hlpeSollers Philippe tatetfel maison la authentifie et découvre on Rim- aidant, de baud légende en la : 1990, cocasse est ’histoire nr élt igahqee légende et biographique réalité Entre efusil Le sdr Ducas- Isidore Illuminations c faux (ce (Fayard, , h ocaslmn u e laves tou- des n’y que on et absolument voit donc n’y che On sable mer. le la par de fond au comblé et volcan éteint de d’eau cratère un goutte est une Aden douce. pas terre, de celle par- dessé- aucune même d’herbe, brin ici, aucun ché, arbre aucun a : n’y Hugo) Victor de Paris, triom- à mort phale, septem- la 28 de (l’année le 1885 famille bre sa à raconte travailleur l’exilé que ce plutôt tons écou- mais fait vivable, L’endroit d’être semblant voitures. des par cés rempla- été ont chameaux che- des Des vaux, centrale. poste est tribunal la le devenu mais là, toujours est pou- (voilà Rimbaud adresse). l’Univers bonne une de Hôtel Grand le aperçoit on Point deve- Tawahi), Steamer (actuellement sont à qu’ils débarque ce On nus. et vus a Rim- baud que paysages les d’aujour- voit celles on photos d’hui, à des 1880 années confronte des on : neuse Aden à l’album Rimbaud dans constater se peuvent sec. donc. 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lyses ana- et assertions vos discuter chir, enri- contester, pour écrivent lecteurs vous vos que Aimez-vous publica- ? la noue tion après se lecteurs, qui les échange avec un com- vous, biographe me un pour a-t-il, Y – long- depuis fait Troyat, temps. est M. choix de celui mon et le Pichois Personnelle- M. entre ment, précédente. biogra- phie reconsti- la de paraphrase dialogues la ou tués les rejette document, il du près plus plus devenu exigeant, est Il biogra- évolué. genre a le prosodie, phique que enfin de a y point Il etc. un sur malen- revolver tendu d’un suite de la à coup Rimbaud sur un scène tirant en laine metteur Ver- 1950, années un des d’Hollywood par aurait vu qu’on présen- dit Rimbaud d’autres un que taient tandis ge, personna- son sur que biographe le sur plus apprendre d’en sentiment ibu eatl asndHsa l hikOha es1880 vers Sheick-Othman à Ali d’Hassan maison la devant Rimbaud tqej in emngrand- mon de tiens je que et , letipsil,c ibu.Et Rimbaud. ce impossible, est Il iosq’n eteque lettre qu’une Disons – littératures aCas spirituel- Chasse La osretrouverons Nous ibu upar vu Rimbaud Baudelaire de b bud » absurde « » à d’ivrognerie il riode allusion poétique, fait création grogne, sa l’inter- vie à sur risque sa roger se n’a l’on de si et parler il passée, de commerce, envie le aucune pour son perfectionner arabe qu’à pense romans, ne des il moins encore et naux » indescriptibles des dans vit il nuie, » accomplis. geurs e e rets u anr( gagner à dur si Ramas- argent plan. cet son ser a il lais- tranquille, l’armée le se de Qu’on Java). déserteur à néerlandaise le (lui mili- taire service son pour réclamer risque le de l’armée d’ailleurs avec Verlaine, Bruxelles de va l’affaire préparent on rappeler coup, France, mauvais un doute en sans Ces là-bas à poésie. s’intéresser lui, la de feignent à qui gens merde pas, sez des sonnet » décadente le u hfdo esi quelle sait ne d’on Chef ? » lui rinçures « », tant el asac eRimbaud… de naissance cinquantenaire la cent de du ans révéler à trois été choses à des pas sont pas ne Dites, ce à maison. bonne n’ont la ou sur posées elles Chypre à Stuttgart, aux Quant posées temps. plaques son n’exis- de présente pas Rimbaud tait l’on de que celle comme Harar mai- de la : son Rimbaud pas avec n’ont chance mémoire” de de “lieux inventeurs de construite Les longtemps. mort depuis étant été poète le 1900, qu’après n’a années de Rimbaud” maison quelques l’“authentique a comme y il demeure identifiée la que construc- alors nouvelle a d’une tion elle profit Bardey, au maison disparu main. la la à à Quant fusil le photographe, devant posé le jour un Scheik-Othmann, a maison Rimbaud où à la Ali ou d’Hassan poète, l’ancien employeur dernier de César le de fut qui factorerie Tian, la comme vil- le, cette dans dans Rimbaud place de séjour leur le eu ont maisons qui les d’Aden retrouver pu a Jean-Hugues Berrou Leroy, collec- Pierre la de tion à aujourd’hui appar- tiennent qui photographies vieilles ? poète du mort la centenaire de du prises commémoration qu’a la formes diverses 1880. des en sé pen- Aden qu’avez-vous : à largement Plus arrivée son la dès vécut pas Rimbaud où n’était Bardey, maison maison 1991 la en que inaugurée apprend y On en Ber- rou. mises Jean-Hugues blanc, par et perspective noir contempo- en photos raines des et –, d’elles photographies – Rimbaud qui des anciennes, album Pierre étonnant regroupe et un avec Leroy, Berrou également, publiez Jean-Hugues Vous – rc e nebede ensemble cet à Grâce – oels? Voyelles , dna ep de temps au Aden rpsrceli par recueillis Propos iiue» ridicule « u iuesrl’une sur figure qui ln i a e jour- les pas lit ne il , ’mrelatdu s’émerveillant ot maudit, Poète . liePaulhan Claire et e mots les jette , ibu s’en- Rimbaud désagréments « osnypen- n’y Vous , n pé- une « dégoû- « éco- « «je ee) ergr utlojci.Rim- l’objectif. fuit regard qui Le pelet). cha- geste (argent, un l’égrénement dans évoque poitrine, la sur canne littéraire qu’on zaine ce dans aujourd’hui lire à peut fusil contrairement son droite canne, mais, de d’une main s’agissait canon s’il la (comme le blanc, sur posée en rigi- étrange : dité une dans armes Le est chasse. sixième leurs d’une retour avec au comme s’exhibent friment, ils ils posent, ils tographiés, pho- d’être contents très colo- sont niaux cinq ani- Les les comme culturelles. toutes mations de ressurgit moquer qui, se une pour sait sujet, par ne prise son on seule la à inconnue, » photo maison « trompait se de on au Rim- où même : c’est moment surréaliste : attitude Evénement un baud. son sur par aussi- détonne tôt déjeuner d’eux L’un le perron. avant rassem- blés sont coloniaux sonnages per- six ruine, pro- en loin belle aujourd’hui priété une non dans est On d’oasis d’Aden. sorte Sheick- à Othman, groupe attente, de cliché toute un dans contre tographié, de » pied. fusil à jours tou- son caravane, la avec précédait il chasse, et, pendant petit pas marches, un montait les le possédant ne il que mulet, Bien indigè- ne. un comme torride soleil le qu’une vait bra- tête et grise, la également sur calotte, petite portait ne il gris- kaki, couleur ample, veste un une larges, tricot, plutôt sommairement, pantalons des fort avec mais l’euro- péenne, à vêtu tempes, gri- : les Rimbaud sur cheveux sonnants Italien, les décharné, partir Grand, Un « voit fusils. une Ferrandi, Tentons de s’en ? caravane quand vite, l’être, aller mais peut faut aller, qui Il ce ! ramasser mainte- alors manuscrits ça achète nant, les on bon cher peut- ah sera très même, en de il deux être ou siècle un qu’il pour instruire à devienne » pérégrinations fils un mes avoir dans me qui suive quelqu’un trouve je que drait » ( hiver » chauds gratuite et climats errante à vie habitué la trop « soit qu’il » bien position jour, de pas n’ai nenfer en à compris per- rien n’a : sonne faite toutes est De l’expérience littérature. façons, de pas tout efsld ibu,l oc pho- voici le Rimbaud, de fusil Ce ) , ,s air( marier se ), ami aceramenée gauche main la taux et néiu » ingénieur « , Illuminations enetpsune pas n’est ce emuri en mourrais je « asi fau- il mais « ,rnrrun rentrer ), rfsur- bref , n saison Une aQuin- La taux et dans , EMNE/VNRD 5MI20 / 2001 MAI 25 VENDREDI / MONDE LE ), dans » philosophie. la dure apprendre par ici est temps quelque vie passer la devraient que instant chaque : les riches dans propa- mode pays la la à doloriste mal- à gande du comme litanie humain la heur à adressée tion » plaisir. seul mon c’est un et l’occa- sion, trouve fais j’en quand bien je de peu contraire, Au à mal de personne. fait procédés jamais n’ai mes Je certaine humains. à d’une due route, le la considération dans sur reste, et du pays ces dans jouis mal Je pas parages… pille on et effet, par en cheveu un » blanchit minute. me il : mais d’une lettres phrase ses cette de à pense néga- le On et tif. lui entre messe voulu, de drôle message de Drôle encensoir un invisible. pré- avec se l’autel officiant à sentant un dirait On liturgi- Ensuite, que. presque concentré, zozos. en retrait, pacifique, est maintien ces Le ? quoi avec quelque com- de mun rien n’ai muettement je : D’abord chose. dit baud aad 6 . 9 2,7¤). (28,97 F 190 p., 168 Fayard, Lefrère. Jean-Jacques Leroy, Pierre Berrou, Jean-Hugues de ADEN À RIMBAUD ¤). (44,21 F 290 p., 240 1 Fayard, Lefrère. Jean-Jacques de RIMBAUD ARTHUR à » crier rares l’écœurement. ou ricaner bien sans fut fit qu’il des large, choses et une discrète probablement charité, : considérable mieux Sa « passant le ce a observé qui l’employeur, dey, tions hrats» charmantes des que temps dans premier voit un ne mais Rimbaud, en sans doute fusil, adore Verlaine un sorte. manque quelque le poètes leur pas il Les font ne poids, pas. ils mais pille gentils, sont ne on pas, colè- la » re. et l’ennui désert, le fardeau, npneecr et déclara- cette à encore pense On nn u a,o emassacre ne on pas, tue ne On iaeet ’s lrdBar- Alfred c’est Finalement, . n saison Une tasi: aussi Et exqirptn à répètent qui Ceux « asles dans em ot bien, porte me Je « : amrh,le marche, La « nmassacre, On « Illumina- choses « Déjà, III IV / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 littératures b Gabrielle Roy, sur la terre, au bord du ciel Berceuse Elle est l’une des figures les plus importantes de la littérature canadienne du XXe siècle : les éditions Boréal ont réuni neuf textes autobiographiques, qui permettent de retrouver son univers unique, son territoire, rempli de gens au cœur encore naïf, à l’esprit encore rustique tangage avec ses cohortes d’immigrants LE PAYS DE BONHEUR défilant l’un derrière l’autre sous (DES BERCEUSES) D’OCCASION leurs ballots « comme s’ils avaient d’Anne Farrer. de Gabrielle Roy. été engagés dans un défilé de mon- Gallimard, 258 p., 120 F (18,29 ¤). Ed. Boréal, 158 p., tagne », combien le monde est 85 F (12,95 ¤). grand et varié, elle n’a cessé de etite phrase qui vient du s’ouvrir sur l’univers : voyages en Temps gage, de Jean-Michel es éditions Boréal ont eu Europe, dans le Grand Nord (très Mension : « A cette époque, la très bonne idée de réu- belle page sur Fort Chino, en P les jeunes femmes habitaient nir en un volume neuf Ungava, où elle croyait toujours au sixième étage. » Pas mal de peti- courts récits autobiogra- marcher au bord du ciel, où elle tes phrases du même tonneau, ici. Lphiques de Gabrielle Roy, dispa- se demandait comment aider l’es- « La plage venait jusque sur les trot- rue en 1983 et considérée, à juste quimau, cet homme-enfant, à toirs et au bord des rues, le sable se titre, comme l’une des plus impor- s’aider lui-même), et surtout ce posait partout, et un jour, il aurait rai- tantes figures de la littérature séjour campagnard dans le quar- son de cette ville fantôme, puisque les canadienne du XXe siècle : textes tier de Saint-Henri, à Montréal, bombardements, une première fois, inédits ou déjà parus, épars dans ce faubourg des déracinés, de n’avaient pas suffi. » Ça se passe à différentes revues et que l’écri- gens au cœur encore naïf, à l’es- l’Amirauté (l’amirauté), tout l’été on vain n’avait pas songé elle-même prit encore rustique, projetés a bu des kirs (des kirs), il y a comme à intégrer dans Fragiles lumières brusquement dans l’ère indus- une écholalie étonnée, en permanen- de la terre, le recueil de ses essais trielle ; c’est au cours d’une ce, cet arrêt sur les mots. Cet arrêt divers paru en 1978. soirée orageuse d’avril que lui sur l’image des mots. Ce qui crée un D’où vient l’impression d’unité sont apparus les personnages de léger trouble, qui vacille et qui tan- profonde, de cohérence sensible Bonheur d’occasion, celui de gue. Les berceuses. de ses textes ? D’un style, lumi- Florentine, « moitié printemps, Un personnage s’appelle Chet neux, aigu, précis ; d’un ton singu- moitié misère ». Baker. Par intermittence, il a l’air lier – de clairvoyance modeste, de « Je savais, écrit-elle, que le d’être le musicien à brosse courte générosité sereine, de blessure talent, s’il m’était donné, ce serait connu sous le nom de Chet Baker. pacifiée, et surtout d’une fidélité pour le mettre au service des silen- C’est plutôt l’idée que se fait de Chet absolue, rayonnante à la géogra- cieux, de ceux qui ne parlent pas Baker quelqu’un à qui on aurait phie de son enfance. Fidélité à un ou si peu : c’était là ma voie. » Elle raconté, à l’Amirauté, le film de Bru- territoire, à une certaine petite a tenu parole. En retraçant la ce Weber sur Chet : « Les conduc- BERTHE SIMARD route droite, au ciel immense du Gabrielle Roy dans sa maison de Petite-Rivière-Saint-François vers 1970 genèse de son roman La Rivière teurs laissaient pendre leur bras à la Manitoba où elle est née. A la ville sans repos, elle montre comment portière, ils avaient poussé le son à de Saint-Boniface, comme engour- mémoire, un ordre social et moral des vies encore plus délaissées » ;il « pauvre petit peuple ballotté », « la plus belle fonction de l’écri- fond, il fallait qu’ils emportent partout die dans sa vie de paroisse sur les éprouvé », le souvenir d’« une mys- leur arrivait de se prendre pour la prêt à prendre le maquis. Elle se vain est d’être, à travers sa propre avec eux la Dance. » En effet. bords de la rivière Rouge, où n’ar- térieuse et profonde solidarité inex- troupe de la Comédie-Française souvient des soirées d’été où ils se douleur, amené à exprimer celle C’est Chet, dans le livre, qui mène rivaient qu’un tout petit train plicable » qu’elle goûtait au Cer- en tournée quand ils partaient sur parlaient à voix douce, de maison de tous ceux qui vivent dans un rap- la Dance. Mais c’est aussi un livre où local très peu connu et les mouet- cle Molière, la petite compagnie les routes. Avant de remporter, en maison, heureux d’employer, prochement qui n’a plus de limi- McCoy Tyner est vu en « éphèbe tes qui venaient, jusqu’au milieu de théâtre où elle a accompli ses un jour, au Festival d’Ottawa, un comme en secret, « leurs curieuses tes ». Elle a toujours cherché à sombre ». Et sa musique entendue du continent, les envelopper d’un premiers pas de comédienne avec trophée national pour la meil- tournures maritimes », alors que, concilier la paix du cœur – celle comme un rêve discret. En réalité, sentiment du large, d’une espèce quelques amateurs qui, égale- leure interprétation en langue là-bas, au bout du pont, il fallait, qu’elle éprouvait dans l’ombre tout ce qui était vécu s’est éloigné d’« angoisse des îles ». ment doux, timides et persévé- française. pour être toléré, « sortir son des vieux petits chênes, dans le dans une représentation. Dans la AlaRue Deschambault (titre de rants, seulement possédés par anglais ». Mais qu’on ne compte coin le plus campagnard de la rue génération précédente, il fallut des l’un de ses livres les plus célè- leurs rôles d’une saison (magnifi- À VOIX DOUCE pas sur Gabrielle Roy pour une Deschambault – et la troublante substances pour décrocher du réel. bres), si brève qu’on pouvait l’ar- que et bouleversant portrait de sa Mais si la petite communauté célébration identitaire à tout prix, solidarité avec la ville d’où mon- Ici, c’est une seconde nature. La pre- penter en quelques minutes et qui « camarade » de l’époque, la déjà du Manitoba, à laquelle elle appar- un militantisme nostalgique, la tait, de l’autre côté, la plainte mière impression, c’est que ce tim- contenait pourtant « une variété vieille institutrice qui, avant de tenait, était si soudée, c’était mythification amère d’une patrie « des hommes qui ne savent pas bre-là, ces petites phrases, c’est faci- propre à satisfaire les besoins chan- rejoindre le local des répétitions, parce que ses membres combat- perdue de la langue. vivre sans se faire du mal les uns le, minimaliste. Ce n’est qu’une geants du cœur », elle a puisé marmonnait son texte, interpel- taient tous pour défendre le fran- Parce que Rue Deschambault aux autres ». Et c’est cet aller- impression. L’état de conscience, dans ce paysage un sentiment de lait quelque invisible témoin dans çais, préserver, maintenir un îlot lui a enseigné, toute jeune, qu’on retour entre Détresse et enchante- quelque chose des psychés actuelles sécurité profonde – dont elle ne le tram aux lumières chiches), se de culture française en pleine mer a également besoin du « soi le ment qui donne à ce recueil cette et l’ivresse ordinaire du monde sont s’est jamais départie –, cette sécu- comportaient un peu comme les anglophone ; elle s’étonne, s’émer- plus secret et des autres les plus dif- merveilleuse impression de circu- atteints. Accès direct au désir. A son rité qui donne à la vie un passé gens de Tchekhov, « cherchant veille encore de leur « incroyable férents » ; que la ville de Winni- lation inquiète et lumineuse. absence. C’est un premier roman. entretenu par « des récits, la une issue à leurs vies délaissées en constance », de la volonté de ce peg, toute proche, lui a appris, Jean-Noël Pancrazi Francis Marmande Madame Bovary, c’est qui ? Le syndrome du babiroussa Pierre Gandelman explore les rapports amoureux et voraces entre un écrivain et l’une Lecteur de Sterne et de Swift, Eric Chevillard aime détourner les codes romanesques. de ses lectrices. Il cesse de la voir, elle se met à espionner son intimité pour écrire à son tour Ici, le capitaine Cook sert de prétexte à un récit qui joue sur tout ce qui l’entrave

la lectrice, Duroc n’a jamais été garantie serait la même : il est autre Sterne et de Swift, se plaît à nait à contresens. On analyse UN LENDEMAIN DE RÊVES humain, le lecteur du livre s’en rend chose, il connaît les hommes sous LES ABSENCES DU détourner par l’humour les codes l’effet de l’analogie qui « convulsi- de Pierre Gandelman. compte avec effroi, elle lui trouvait un autre angle, et la littérature, CAPITAINE COOK romanesques. Dans Les Absences vement enfant(e) des monstres » Gallimard, 176 p., 88 F (13,41 ¤). des mains un peu fines pour des aussi, il la regarde d’ailleurs : on a d’Eric Chevillard. du capitaine Cook, comme dans comme ces siamoises liées par les mains d’homme. L’amour, pour l’impression qu’il connaît les rava- Minuit, 252 p., Préhistoire (qu’évoque une allu- cheveux (« Honnêtement, c’est diffi- ne lectrice va tuer son elle, c’est sur le quai de la gare, ges qu’elle peut provoquer sur -les 99 F (15,09 ¤). sion à la grotte de Palès), il utilise cile à croire »). On critique le ton écrivain adoré d’une quand il ne vient pas la chercher, ça femmes seules, qui vivent en une forme dilatoire : le récit est péremptoire dont on use avec les balle dans la bouche. En fait tellement mal que ça paraît vrai. province un peu trop longtemps. Il mateurs de réalité », le constamment empêché par des lecteurs éventuels, on dénonce la attendant, et pour nous En fait, cette histoire ne devien- n’y a pas plus sévère critique de titre et le prière d’insé- « digressions interminables », des « magie du verbe », on se moque yU préparer, Pierre Gandelman les dra jamais naturelle, jamais autant « l’écriture littéraire » que le por- rer vous mettent en gar- « développements superflus » sur la des romanciers auxquels leurs per- regarde. La précision du récit colle qu’elle aurait semblé l’être dans un trait de cette lectrice qui se met à de : de l’infatigable capi- tulipe, la tuile vernissée ou la mar- sonnages échappent : « Menotté, parfaitement à l’horreur qui se roman de Duroc. Reste qu’en la écrire comme un enfant qui joue à Ataine Cook, dont le navire The motte en hibernation, quand il ne les chevilles entravées, voici notre prépare. reconstituant, en ramassant les mor- imiter les grands : il est le meilleur Adventure quitta Plymouth en 1772 s’agit pas d’ébauches de contes homme que nous avons fait mine de Un lendemain de rêves est sorti en ceaux de souvenir pour se faire du docteur, le plus grand aviateur, l’ins- pour les mers australes, il n’est « où tout est permis » ou d’inci- perdre de vue et que nous relâchons même temps que le film de Patrice mal, en en faisant une question de tituteur parfait et il le croit très guère question dans ce livre. dentes saugrenues sur le public de maintenant sur sa montagne, muni Chéreau, Intimité, dont il serait le survie, bref, en se mettant à son sérieusement, il est gorgé de lui- Quant à La Pérouse, son périple la girafe et de la femme à barbe. d’un collier émetteur à clous ». prolongement, l’insistance, et la tour à écrire un livre, elle croit pou- même, on s’attendrit, il ne nous tout entier tient dans l’accéléra- Si les promesses du résumé, qui Au fait, que deviennent les princi- réponse. Sauf qu’avec l’écriture, voir forcer le destin. La folie rôde. voit pas, on lui doit tout. tion délirante d’une de ces immen- annonce chaque chapitre, sont rare- paux protagonistes, comparses, même dans les plans les plus serrés, Elle retourne chez sa mère mais Pierre Gandelman est cruel ses phrases où Chevillard, superbe- ment tenues, si, procédant par asso- seconds couteaux et amis d’amis (le l’infime demeure stable, précis, jure qu’elle ne lui ressemblera pas : envers son personnage ; je suppose ment, inclut des vies, des mondes. ciations, le récit semble tenir du vieux Césario, Mélador, Granju, jamais impressionniste. La preuve « Je ferai une œuvre, moi. » Et pour qu’il s’y reconnaît un peu, et tente A peine Louis XVI lui avait-il coq-à-l’âne, si, du héros anonyme l’abbé Rompillon) qu’il serait tout par le hasard qu’il n’y a pas tou- jouer les pros, elle tente le grand de mettre à nu ce qu’il ne veut pas enjoint, en 1785, de rechercher aux multiples visages, « notre de même temps de faire apparaître jours, entre un livre et un film, cette mélange moderne de la fiction et être ou faire. Puisque madame « toutes les terres ayant échappé à homme », on ne sait que peu de et graviter autour de « notre relation indigeste appelée « adapta- Bovary c’est lui, disons l’attention de Cook » que La Pérou- choses (« Quand il était petit, il homme » ? Sitôt recensés, les voilà tion » ; on trouve une librairie à la qu’il fait son portrait en se s’embarquait, « levait l’ancre, his- confondait la sémiotique et la sémio- escamotés : « Qui les demande ? Ah sortie d’un cinéma, et l’écriture Christophe Donner pire, il ne prend pas seu- sait les voiles, et cinglait vers le logie »), tout l’ouvrage, dans son bien… bon… il y a quelqu’un auprès accomplit ce que l’image a rendu lement les apparences large, poussé par les alizés, bonne « ordre secret », est une défense et de vous ? c’est qu’il va falloir être très possible. du réel : elle espionne l’écrivain d’une folle, il lui donne les marche, fière allure, la poudre et les illustration du « syndrome du babi- courageux. Un accident terrible. Tous, Chéreau montre deux inconnus, dans son intimité. Au même 175 pages d’opportunités à côté des- armes à l’abri dans la cale avant… » roussa ». Le babiroussa, porc sau- oui. » Se dévoiler ainsi, c’est, pour qui font l’amour dans une maison moment, le film de Chéreau devient quelles il s’interdit de passer, Mais bientôt chaleur moite, barils vage de l’ordre des artiodactyles, un artiste, prendre des risques. Tel délabrée ; Pierre Gandelman décrit mélo, la découverte de l’autre fait comme écrivain. Ça fait un sacré de lard putréfié, paquets de mer, bri- se rencontre uniquement dans les est peut-être le sens du cruel apolo- deux prototypes sociaux, l’écrivain de l’espion un humain, un amou- livre. Avec une écriture aussi brillan- gantine en lambeaux, récifs écu- îles de l’océan Indien : ses canines gue des vitraux pour lesquels riva- Duroc et Sophie-la-lectrice, prof de reux. Tandis que pour Sophie, qui te, il a raison de se sentir menacé mants, et déjà c’est la fin, la défer- supérieures se recourbent comme lisent un vieux maître et un jeune collège, qui font l’amour dans une se cherche déjà un nom d’auteur, la par une semblable mésaventure : se lante, « à bas le grand hunier et le de puissantes défenses qui assu- disciple, et où l’emportent les chambre d’hôtel irréprochable… vision de la vraie vie de l’autre ne connaître est une curiosité inoffen- petit hunier, fracas épouvantable, rent sa protection en milieu « séductions spécieuses » du trompe- Dans les deux cas, ils devront produit rien, Duroc peut avoir une sive, mais se reconnaître sous la adieu La Pérouse, tous mourir contre hostile, jusqu’au jour où elles se l’œil. s’aimer assez longtemps pour se femme, une vraie, et un bébé accro- plume d’un autre, voilà une bles- l’écueil qui avait échappé à l’atten- plantent dans son propre crâne. Chevillard, pour sa part, choisit réconcilier avec l’atrocité sociale, ché à son épaule comme une puce, sure autrement redoutable. tion de Cook ». A quoi bon puis- les « anges », désignant par là les sexuelle, le convenu, la sauvagerie c’est un spectacle irréel. Malheureusement pour Sophie- qu’une simple fléchette d’enfant, AUTODÉRISION « impedimenta » : tout ce qui, dans de cette rencontre. Le couple écri- Les folles d’écrivains sont des la-lectrice, cette expérience n’est lancée sur une carte du monde, suf- Telle est l’autodérision perma- le roman, loin d’être nécessaire à vain-lecteur se forme autour d’un femmes obstinées qui portent en donnée qu’aux vrais proches, à fit à révéler une île inconnue des nente qui, chez « notre homme », l’action, l’entrave délibérément certain nombre de lettres, de ren- elles, tatouée, l’image chérie de leur ceux qui n’ont rien demandé. Elle géographes et des marins. Ces est une forme d’autodéfense, et – question déplacée, allusion obscu- dez-vous, et puis ce sont les chéri. Celle-ci n’est pas jalouse, elle n’aura pas droit à cet honneur. contrées où tout peut arriver, quel- qui, déjà, était essentielle dans re, association d’idées incongrue. A poèmes japonais, les coups de n’a jamais été amoureuse, celle-ci Dépitée, la garce achète un Beretta qu’un les connaît comme sa poche : L’Œuvre posthume de Thomas Pilas- l’impatient lecteur qui « lit d’une trai- téléphone. est vorace, elle le veut, lui, sa peau. SF 92. Ce n’est sans doute pas un c’est « notre homme », personnage ter, où Chevillard, sous le signe de te »ou« dévore » des livres qu’il a Après une quantité déraisonna- Elle se rend au Salon du livre pour hasard si j’aime à la fois les bluettes protéiforme – comme Palafox ou Borgès et de Nabokov, révélait hâte d’avoir terminé, il ose proposer ble de projets, elle parvient à fabri- voir si le rêve est encore possible ou et les coups de feu. On voit bien Crab dans Le Caoutchouc décidé- avec brio les mécanismes à l’œu- des livres dans lesquels on n’avance quer des surprises, divines, elle se s’il s’agit d’un autre jour, un lende- que son amour n’est qu’un pré- ment –, héros de ce vrai-faux roman vre dans son écriture. De même, pas, et dont on prolonge indéfini- sent guidée, élue, librement empor- main. Le sujet du livre est tout texte, le faux mobile d’un acte d’aventures. Les Absences du capitaine Cook ment la lecture en l’interrompant tée par l’amour, le vrai. Mais c’est le entier dans son titre : Pierre Gandel- méchant, gratuit. Sa passion n’est Quand il ne renverse pas, littéra- montrent, à travers les « atermoie- souvent, longtemps. « Nos vrais jour de la rupture qu’on sait si le man raconte le passage du rêve au qu’une pose : le style littéraire d’un lement, les points de vue, comme ments fastidieux de la prétérition », livres de chevet, ce sont ceux-là, la réel vous a rattrapé. Ce jour-là n’ar- lendemain. Dans la vie, Pierre Gan- long et savant rituel de meurtre. dans Au plafond, récit délicieuse- la fabrique d’un roman absent. preuve : on ne peut se résoudre à les rive pas, l’écrivain (goujat ou perspi- delman est médecin. On a beau Va-t-elle finir par tirer sur lui ? De ment loufoque et poétique, où, On envisage les péripéties qui finir. On choisit donc de vivre dedans, cace), sans rompre, disparaît, chan- dire, c’est une certaine garantie. Il toute façon, ce n’est pas elle qui d’en haut, l’on découvre un mon- « donneraient presque matière à un avec les anges, ange soi-même. » gé en lapin minuscule. Aux yeux de serait mécanicien, à Strasbourg, la écrira l’histoire. de nouveau, Chevillard, lecteur de livre » si « notre homme » ne chemi- Monique Petillon littératures LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / V b Annie Proulx, une conteuse à la main verte Bien qu’elle ait attendu son heure pour se décider à écrire, très vite, la romancière et nouvelliste s’est fait remarquer par son inspiration profondément terrienne, écologiste et contestataire, servie par un style énergique, violent, poétique

qualités d’eau qu’on y trouvait. femme modeste et sensible qui LES PIEDS DANS LA BOUE Aujourd’hui, la terre est stérile. » dans sa jeunesse avait écrit «un (Close Range) Elle sait aussi raconter « a good poème qui débutait par les mots : d’Annie Proulx. story », une bonne histoire. Cette notre vie est un beau conte de fées ». Traduit de l’anglais (Etats-Unis) conteuse a la main verte aux Quelques lignes plus loin, on par Anne Damour, champs comme au jardin, mais elle apprend que fatiguée par un dur Rivages, 296 p., 135 F (20,58 ¤). a aussi ce don qui fait qu’on ne voyage et les hurlements de son lâche plus le livre une fois commen- bébé, elle l’a jeté dans la rivière, CARTES POSTALES cé, quitte à bénir ses insomnies. Et montrant plus tard, forte de cette (Postcards) plus subtile encore, elle a l’art de expérience, une inquiétude maladi- d’Annie Proulx. créer des procédés qui permettent ve pour ses enfants survivants… Traduit de l’anglais (Etats-Unis) de suggérer certaines choses sans « Meurtrière, elle l’était peut-être, par Anne Damour. les écrire. mais personne ne pouvait dire que Rivages poche, « Bibliothèque sa maison n’était pas bien tenue. » étrangère », 400 p., 62 F (9,45 ¤). TABLEAU DE L’AMÉRIQUE La suite est terrible mais avec un Ainsi, dans Cartes postales, cha- point d’orgue : « Si vous y croyez, nnie Proulx est un écri- que chapitre commence par le tex- c’est que vous êtes capables de croi- vain remarquable. Dans te manuscrit d’une carte envoyée à re n’importe quoi. » la masse de livres qui l’un des personnages, créant un Les textes ébranlent pourtant déferlent chaque semai- contrepoint au texte principal. Ou autre chose que notre foi dans la Ane sur les tables des libraires, les bien, elle glisse un chapitre intitulé véracité des histoires. Pour preuve, siens devraient d’ailleurs porter un « Ce que je vois », qui apporte une la première nouvelle, « Brokeback bandeau, figurer sous une flèche, note de fantastique ici, une vision Mountain », met en scène toute pour que le lecteur ne s’y trompe du passé là, ou qui introduit une une vie d’amour contrarié mais irré- pas. Attention, écrivain remarqua- distance parfaitement maîtrisée pressible, entre deux hommes frus- ble ! ailleurs, ou juste un paysage, saisi tes qui ont grandi dans de « miséra- Elle a attendu son heure pour se en instantané : une vache, une prai- bles petits ranches », « deux gosses faire remarquer, vivant – à la rie, « un homme torse nu avec un de la prairie qui avaient tôt arrêté dure – sa vie, avant de se décider à visage acajou et une poitrine blan- l’école, sans avenir, mal embouchés, écrire : son premier recueil de nou- che ». Ce premier roman (1) a obte- aguerris à une existence stoïque ». velles (Heart Songs and Other Sto- nu, en 1993, le PEN/Faulkner Dans d’autres textes, les personna- ries, non traduit en français) a été Award for Fiction, faisant d’elle la ges, surtout masculins – car dans JEFFREY AARONSON/NETWORK ASPEN publié alors qu’elle avait plus de première femme à le recevoir ces terres dures, les femmes pas- cinquante ans. Mariée trois fois, écouter aussi. Ses livres sont tou- passe au crible et le convoyeur les blent à des cercles de métal autour depuis sa création, en 1980. Elle y sent presque toujours en arrière- divorcée trois fois, elle a élevé ses jours extraordinairement docu- déverse dans le tombereau. C’est du cou d’une princesse du Bénin, ni trace sur plus de quarante ans la plan – se bricolent des vies « com- quatre enfants, déménagé une mentés, précis, détaillés : ainsi un une des méthodes. L’autre, et c’est les vastes trous noirs de matière destinée de Loyal Blood, digne me on cloue des planches », se bou- grosse dizaine de fois, n’hésitant vieux fermier pousse ses fils à ache- celle que je choisirais à votre place, implosée, ils ne savent rien des palpi- d’un héros antique, marqué par la sillent au rodéo, s’esquintent pour pas à construire sa maison elle- ter une moissonneuse-batteuse : c’est la machine à une roue, une tations lumineuses des pulsars, de malédiction et condamné à passer une paire d’éperons, se consument même, cherchant à mettre du beur- « Prenez-la avec une barre de coupe roue munie de pointes, qui arrache l’atomisation des soleils, des étoiles sa vie dans la plus grande des soli- pour une passion brute, sans un re dans les épinards et du pain sur de cinq mètres quarante. Des vitres les betteraves avec leurs fanes et les naines dont le poids défie l’imagina- tudes, incapable de se fixer, pour- regard vers l’avenir, « il est plus faci- la table par toutes sortes de petits en verre de sécurité et l’air condition- décollette avant qu’elles soient reje- tion, des géantes rouges, du déploie- suivi par la dèche et la malchance, le qu’on croit de céder à ses instincts boulots, et surtout en écrivant né. Dites que vous voulez les roule- tées dans la remorque. C’est plus sim- ment des galaxies. » On l’aura com- errant sans autre but que de conti- les plus noirs ». Ils ne se posent pas pour les journaux, pas de la fiction, ments graissés à vie et le nouvel ple. » pris, Annie Proulx ne fait pas partie nuer à vivre, sans espoir, ni désirs. de questions, ils avancent avec une plutôt du « pratique » pour tous entraînement par poulies et cour- Remarquable, son style l’est aus- des écrivains urbains, branchés, En arrière-plan, se profile toute seule certitude : « l’essentiel dans ceux qui vivaient le mouvement de roies en V. Prenez la plus grande et si. Energique, violent, il prend des traînant leur mal de vivre entre dro- l’histoire de l’Amérique des campa- l’existence c’était de s’accrocher. « retour à la terre » : comment soi- la plus costaud que vous trouve- tons poétiques quand elle décrit les gues chics et fringues à la mode de gnes depuis la fin de la guerre. C’était ça : rester debout assez long- gner la vigne, comment réparer rez. ». Mais il s’y connaît aussi en paysages du Wyoming où se la semaine. Son inspiration est pro- Dans les onze nouvelles qui com- temps pour pouvoir s’asseoir. » une clôture, comment faire du troc culture de betteraves : « vous avez situent toutes les nouvelles des fondément terrienne, écologique posent Les Pieds dans la boue, Martine Silber ou planter des haricots… deux possibilités. La première est l’ar- Pieds dans la boue, ou quand parle et contestataire : « si tu veux savoir Annie Proulx manie l’humour rude De ses études d’historienne, elle racheuse qui fait l’étêtage sur place. un astronome passionné : « Ces à quel point on a gâché la terre et (« Le pur-sang bai »), ironique (1) Son deuxième roman Nœuds et a visiblement gardé le goût de la D’abord elle coupe le haut de la bet- pauvres crétins ignorent tout du nua- l’eau, maman, regarde les rapports (« Ice fit rapidement à Naomi un dénouements, le premier à avoir recherche et une infatigable curiosi- terave encore en terre. Ensuite elle ge de Magellan. Ils ne connaissent sur l’état de l’agriculture au début gosse puis un second aussi vite qu’el- été traduit (Rivages) a obtenu le té qui la poussent à s’instruire et dégage et soulève les betteraves en pas la nébuleuse à tête de cheval, ni du siècle – pense à toutes les variétés le put les mettre au monde ») ou prix Pulitzer et le National Book s’informer sur tout ou presque. A une seule opération. Le secoueur les les anneaux de Saturne qui ressem- d’herbe qui poussaient ici, toutes les noir, quand elle décrit une jeune Award en 1994. Traversée dans un monde sans appel Blanc comme l’âme Lancé dans un périple le menant du Mozambique à l’Angola, Pedro Rosa Mendes a recueilli des paroles, Tarjei Vesaas ou l’art d’élever un conflit banal des images, des souvenirs et des cauchemars qui tissent un beau récit naviguant entre fiction et réalité en drame métaphysique

filet de sécurité. » Cette vulnérabili- aut-il avoir traversé l’Afri- s’appellent « Terminus », « Africa mum de sollicitude ? BAIE DES TIGRES té, assortie d’une extraordinaire que, de l’Angola au Mozam- Hôtel » et « Cité Miséria », la guerre LA BLANCHISSERIE C’est aussi le drame de Krister, un (Baia dos Tigres) faculté d’imprégnation, permet à bique, pour se rendre comp- est omniprésente. Elle l’est à travers (Bleikeplassen) vieil infirme dont le destin corres- de Pedro Rosa Mendes. Pedro Rosa Mendes d’accumuler te que « le désespoir est le « ces hommes qui ont payé un prix de Tarjei Vesaas. pond point par point à celui de Tan- Traduit du portugais des impressions, des expériences, réflexeF le plus futile sur les chemins exorbitant en lambeaux de leur propre Traduit du néo-norvégien der. Krister se sentant mourir veut par Jacques Thiériot, sous formes de notes et d’enregis- sans appel » ? Jeune journaliste por- corps. Ils ont des mines au bout de par Eric et Elisabeth Eydoux, absolument obtenir une chemise Métailié, 336 p., 125 F (19,06 ¤). trements – pas moins de trente cas- tugais, déjà couvert de prix, Pedro leurs béquilles, des grenades là où Flammarion, 260 p., blanche pour la circonstance. Krister settes audio, dont l’auteur dit l’im- Rosa-Mendes a fait ce voyage en manquent leurs mains et des bombes 130 F (19,81¤). a fait de cette demande une sorte de ans une vie précédente, portance : « Les sons m’inspirent 1997, à pied ou en stop. Il en a rame- à portée de leurs cils. Un commerce de test ultime. Ce n’est pas seulement Pedro Rosa Mendes plus que les images. Il existe des né un livre, qui n’est pas un récit de troc en direct, c’est ça leur guerre : un amais l’expression « laver son une question de vie ou de mort, c’est était correspondant de poussières sonores capables de récu- voyage, un itinéraire raconté, mais pied pour chaque pas, un doigt pour linge sale en famille » n’aura son honneur qui est en cause, la preu- guerre. Grand reporter pérer tout le film des événements. un patchwork de reportages, de por- chaque retard, un homme pour cha- J été, malgré les apparences, ve de son appartenance à l’humanité. pourD le journal lisboete Publico,il En écoutant des fragments de con- traits, de lettres et d’anecdotes, « l’in- que pouce de terrain, un cri pour cha- moins appropriée même s’il Comme dans Les Oiseaux, son chef- a commencé par « couvrir » des versation, je peux réentendre, par vention d’une géographie par la paro- que douleur. Une génération pour cha- s’agit d’un drame de la jalousie qui se d’œuvre, Tarjei Vesaas élève un con- conflits au Zaïre, en Angola, au association d’idée, la marée qui le ». Dans ce décor, aidé par une bel- que prophète ». Celle à venir, la géné- passe dans une blanchisserie. Avec flit somme toute banal au rang de dra- Rwanda, en Afghanistan et en You- monte ou le bruit des bateaux. » le écriture, on apprend qu’« en Ango- ration des enfants d’aujourd’hui, pro- Tarjei Vesaas on est plus proche de la me métaphysique. Il ne se préoccupe goslavie. Jusqu’au jour où ce Portu- « Pendant ces trois mois et demi, la, les guerres naissent comme les met des lendemains pires encore. tragédie grecque que du drame bour- pas d’analyser les méandres de l’âme gais, né en 1968, a éprouvé le désir j’ai aussi écrit un récit de voyage, un jours », qu’il est des pays « où le der- « Vois cet enfant, il shoote son football geois et le rapport entre les personna- humaine mais il montre, avec une for- de rentrer dans l’intimité de la vrai, dit-il. Notamment dans les nier repas a lieu quand il y a à man- dans un crâne humain. Ce n’est pas ges semble dicté par le destin plutôt ce saisissante, l’individu désespéré- guerre. De ne plus être le specta- moments où je suis resté bloqué, ou ger », que l’on peut « partir de la vie par méchanceté. Le crâne était dispo- que par des considérations psycholo- ment solitaire dans un combat perdu teur, même attentif, même auda- emprisonné par l’Unita. Mais cela avec les ustensiles pour coloniser la nible, à portée de main et desséché. giques. d’avance. cieux, qui emmagasine de l’infor- ne correspondait pas à ce que je vou- mort ». De ce déplacement, on Toi et moi connaissons les balises de Johan Tander, la quarantaine, diri- Gérard Meudal mation pour le compte d’un jour- lais publier. Je l’ai considéré un peu revient « avec une contrebande de l’humanité : des crânes s’enterrent, les ge une blanchisserie quelque part en nal, mais un individu lâché dans comme un dépôt de matériel. » A cauchemars » mais, aussi, avec une ballons sont ronds. A cet enfant, per- Norvège. Parmi ses employés, il y a la « le vide de la capsule fermée qu’est partir de là, Pedro Rosa Mendes a malle de souvenirs dédouanés, le sonne n’a donné d’occasion pour jeune Vera dont il tombe éperdu- un pays en guerre ». Lancé en soli- rédigé un livre composé de faits doux-amer réconfort qu’il existe de autant. » ment amoureux. Mais Vera ne remar- taire dans une traversée du conti- vrais, pour la plupart (en dehors « l’allégresse dans un pays mutilé ». Etrangement, Pedro Rosa-Men- que même pas sa présence, elle aime nent africain, de l’Angola jusqu’au de certains noms, transformés Dans la mosaïque, quelques zelli- des rapporte des horreurs sans noir- Jan Vag un jeune forestier dont les Mozambique, l’homme a recueilli pour des raisons de sécurité), mais ges brillent plus que d’autres. On se cir ses pages. Dans son monde jeunes filles se disputent les faveurs. des paroles, des images et des intégrés dans une structure qu’il prend au jeu avec Augusto Amaral, recréé de traits de plume sûrs, il Johan, solitaire et taciturne, rumine bruits dont il a fait un livre à la fois qualifie « romanesque ». L’auteur inventeur d’une « table pour lire le règne la maka, l’intraduisible mot- sa fureur et décide de tuer Jan. Pour beau et surprenant. Car Baie des a modifié des situations, en inven- temps » ; on scrute une baie – deux valise angolais pour « désordre », tenter d’éviter le drame qui couve, Eli- tigres n’est pas vraiment un roman tant par exemple des rencontres galions ancrés au large – avec les « confusion », « grand bruit », se, la femme de Johan, prend une ini- – contrairement à ce qu’affi- entre des gens qui ne se sont yeux de Joao Tomas da Fonseca, « bagarre » ou « catastrophe ». tiative étrange. Un matin, en cachet- chaient les premières éditions de jamais vus. En imaginant des noti- mort-vivant comme l’histoire ; on Mais c’est un monde sans appel et, te, elle va tracer à la craie sur un mur son livre, en portugais –, mais pas ces nécrologiques, des courriers, perd son identité, et même le souci donc, sans désespoir. du village, bien en évidence, la phrase non plus un livre de voyage. Plutôt ou en racontant des scènes qu’on d’en avoir une, aux côtés de John Stephen Smith suivante. « Personne ne s’est intéressé un récit tricoté à deux aiguilles, cel- lui a relatées, mais auxquelles il n’a van Der Merve, en réalité un Portu- à Johan Tander ». Lorsque celui-ci le du réel (la plus longue) se croi- jamais assisté. Dans le cours de gais « assimilé » par l’Afrique du découvre l’inscription il se persuade sant avec celle de la fiction. son texte, il essaie aussi de resti- Sud de l’apartheid, « l’homme alors que seul son rival a pu commet- « Nous tous qui vivons à l’exté- tuer certaines sonorités du portu- debout de l’autre côté du fleuve » qui tre cette infamie. Et Elise s’aperçoit rieur de cette capsule, nous sommes gais tel qu’il est parlé dans cette s’est battu à la tête des Flechas qu’avec les meilleures intentions, elle protégés de ces lieux, même quand région du monde. Une région sinis- negras, un bataillon de bushmen ;on n’a fait qu’aggraver la situation. notre travail nous y conduit, expli- trée, un « épicentre du rien »,où écoute une femme – « je ne me suis Les personnages de Tarjei Vesaas que Pedro Rosa Mendes, chaleu- les routes, les ponts, les villes, pas mariée avec celui que j’ai aimé, je ne sont pas impliqués dans des con- reux jeune homme au visage min- même, ont été rayés de la carte. Et me suis mariée avec celui que j’ai ren- flits passionnels ou sentimentaux, ils ce, aux yeux obliques. Il y a une sor- où les individus sont coupés à la contré » – qui « adore tout ce qui souf- sont la proie de forces élémentaires te de membrane qu’on ne traverse fois du monde et de leur histoire. fre » ; et on meurt gratuitement, à qui les dépassent et les écrasent. L’af- généralement pas quand on a une C’est pour aller à la rencontre de Huambo, l’ancien Nova Lisboa, où frontement est aussi violent que le possibilité de retour. Alors cette fois, ces hommes, de ces femmes et de un fils et ses vieux parents sont assas- contraste entre la cave de la blanchis- je me suis rendu en Angola dans un ces enfants, pour comprendre com- sinés en l’espace de trois mois, trois serie imprégnée de la buée des lessi- esprit très différent : je n’avais aucu- ment ils survivent, que Pedro Rosa victimes « complètement inutiles » ves et l’étendoir où du linge immacu- ne raison d’être là-bas. Du coup, je Mendes a effectué cette saisissan- dont la mort n’a « atteint que ceux lé claque dans le vent. Toute l’action pouvais disparaître du jour au lende- te traversée de nulle part. qui les aimaient ». se concentre autour de cette unique main, sans instance d’appel, sans Raphaëlle Rérolle Dans ce livre, dont les trois parties question : peut-on vivre sans un mini- VI / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 jeunesse b Mère-grand, où sont passés nos contes d’antan ? C’est davantage par méconnaissance que par effet de mode que les héros d’Andersen ou de Grimm n’ont plus qu’un succès d’estime. Pour autant les éditeurs n’ont pas renoncé à remettre au goût du jour ce merveilleux patrimoine

lerte aux héros en voie sans les faire frémir. Les contes avons voulu rester proches des ver- Le Prince glacé et la Princesse étin- de disparition. Hansel sont proches de leur univers. Il y a sions d’origine. Car le problème, celante, de Mlle de Lubert, La Veu- et Gretel, Tom Pouce, sans doute des auteurs à l’eau de avec ces contes, lorsqu’ils ne sont ve et ses deux filles, de Mme Leprin- Riquet à la houppe, rose, Mme d’Aulnoy peut-être ? pas phagocytés par le dessin ani- ce de Beaumont… (Contes pré- ANils Holgersson et la Belle aux Mais il n’est pas difficile d’être en mé, c’est que l’histoire est souvent sentés par Elisabeth Lemirre, cheveux d’or dérivent à l’horizon phase avec l’air du temps. Il suffit affadie ou dénaturée. » 1 030 p., 185 F [28,20 ¤]). de notre mémoire collective. de prendre ce qui est un peu horri- Enfin, en point d’orgue à ces C’est du moins le constat d’un ble, et Dieu sait si on a le choix ! » ENTREPRISES ÉDITORIALES retrouvailles, comment ne pas certain nombre d’observateurs : Pour éviter les textes « siru- conseiller la superbe exposition « La majorité des enfants ne con- PROBLÈME DE TRANSMISSION peux », Grasset, grand éditeur de de la BNF sur les contes de fées naît plus les contes traditionnels, L’explosion de la production contes classiques et modernes (1) ? On y apprend que le mot s’alarme une mère de famille. Je pour la jeunesse, ces vingt der- (Gripari, Frédéric Clément…), « fée » vient du latin fata, qui ne parle pas de Dame Holle ou du nières années, a certainement s’est longtemps entouré des con- désigne les Parques, ces divinités Hardi Petit Tailleur. Même Le contribué à ce recul. Mais seils de Marc Soriano, spécialiste des Enfers qui filaient le sort des Petit Poucet : ils citent l’épisode d’autres facteurs sont également de Perrault, pour choisir les adap- hommes. On y découvre com- des petits cailloux, mais sont inca- en cause. La génération des tations « les plus proches de leur ment les contes – depuis long- pables de le replacer entre un 30-40 ans s’avère peu « prescrip- siècle » et les textes « qui vont jus- temps – ont été expurgés pour début et une fin. » Même analyse trice » de contes classiques, qu’au bout ». « Prenez La Belle des publics précis (milieux peu chez les libraires : « A part deux qu’elle jugerait « trop noirs, trop au bois dormant, note Marielle lettrés, âmes que l’Eglise souhai- ou trois classiques – La Princesse cruels ». « Les parents préféreront Gens. Lorsque la Belle se réveille, tait préserver des mauvaises lec- au petit pois, Le Chat Botté –, il y souvent un conte africain, plus elle attrape sa belle-mère et lui tures, enfants de plus en plus a une méconnaissance du patri- joyeux, constate Lydia Aveline, fait brûler les pieds. Il y a toute nombreux sous l’effet de la scola- moine », déplore Lydia Aveline, à pour qui la « cassure » viendrait une partie qu’on a gommée allé- risation). On y admire enfin l’infi- Paris. « Parlez aux enfants de La de Bettelheim et des ravages de grement et qui comporte des nie diversité de l’iconographie Petite Sirène, ils vous disent Walt la psychologie enfantine pas tou- aspects très sadiques. » (2), depuis Gustave Doré (hélas Disney. La transmission entre jours bien comprise. « C’est le La directrice de Grasset jeu- indisponible en librairie), Bilibi- générations se fait mal. Le ciment troisième âge qui achète », soupi- nesse, qui ne croit pas au recul ne ou Dulac, jusqu’à Claverie, culturel s’effrite. J’essaie de me re-t-elle en vantant les recueils du genre, avait publié en 1994 un Warja Lavater ou Philippe battre, mais les gens n’accrochent de Grimm et de Perrault publiés remarquable florilège des frères Dumas. pas. » par Gründ. Mais les parents pen- Grimm préfacé par Marc Soriano De cette plongée dans le mer- A Chantelivre, le conte ne sent aussi que ces histoires sont et illustré par la Polonaise Elzbie- veilleux, on sort d’autant plus représente que 3 % du chiffre racontées à l’école, tandis que ta Gaudasinska. Avec le même chagriné de l’amnésie, réelle ou d’affaires de la librairie. Si ce sec- les maîtres, les supposant trans- enthousiasme, elle rééditera en supposée, des jeunes généra- teur se développe plus vite que mises par les familles, préfèrent novembre une anthologie parue tions. Un lecteur d’aujourd’hui les autres, il est « tiré » par les initier les petits aux albums du il y a dix-huit ans et dont l’illus- ne peut-il pas lire Roald Dahl et auteurs contemporains, Pierre Père Castor ou aux Belles Histoi- tration, véritable porte ouverte les Contes de ma mère l’Oye ?A Gripari ou Muriel Bloch, ainsi res de Pomme d’api. « Moyennant sur l’art contemporain, a été con- leur propos, Perrault écrivait : que par les contes « ethniques », quoi, on passe à Pef ou à Quentin BNF fiée aux meilleurs graphistes « Tant que dans le Monde on Blanche-Neige et sa marâtre qui, eux, ont le vent en poupe. A Blake, puis à « Tom-Tom et d’Europe et d’Amérique – André aura des Enfants/ Des Mères et par Eduardo Arroyo (1995) l’époque de Harry Potter, de Brit- Nana » ou « Chair de poule ». On François, Etienne Delessert, Rita des mères-grand/ On en gardera ney Spears et de « Loft Story », enchaîne avec Harry Potter, Phi- proposé en sixième, ce qui fausse Ocelot, dont le célèbre Kirikou et Marshall, Georges Lemoine, la mémoire. » Espérons que, trois Andersen, Perrault, Collodi et les lip Pullman et Le Seigneur des un peu les choses. Grimm et Per- la sorcière s’est déjà vendu à Roberto Innocenti ou Sarah siècles plus tard, l’auteur de frères Grimm seraient-ils deve- anneaux et on a à peine vu un rault sont au coude à coude avec 50 000 exemplaires en seulement Moon, dont Le Petit Chaperon Peau d’âne continuera d’avoir nus anachroniques, pour ne pas conte de Perrault dans son par- des tirages de 3 000 à 4 000 exem- un an et demi. « Oui, il y a une rouge en photos avait fait scanda- raison. dire ringards ? « Pas du tout, cours de lecteur », regrette un plaires, régulièrement réimpri- érosion, admet Christine Foul- le à l’époque. Florence Noiville répond Véronique de Beaure- enseignant. més. Le seul que je ne réimprime quiès, chez Gautier-Languer- Erosion ou pas, il en faut donc gard, directrice de Chantelivre. N’exagérons rien. Tous les édi- pas chaque année, c’est Andersen. reau. Mais cela n’empêche pas les plus pour décourager les entre- (1) « Les Contes de fées », Bibliothè- Simplement, les enfants ne les con- teurs assurent que les contes de Peut-être parce que c’est le plus succès, comme le recueil haut de prises éditoriales les plus exi- que nationale de France, 58, rue de naissent pas. A la demande des fées font l’objet de sorties régu- noir, le plus social aussi, du moins gamme illustré par Jane Rey. Des geantes. Parmi celles-ci, on cite- Richelieu, 75002 Paris. Jusqu’au professeurs et des parents, nous lières. « La Belle et la Bête, tiré à pour La Petite Fille aux allumet- textes hyperclassiques et un prix ra aussi la réédition chez Pic- 17 juin. Catalogue coédité avec Le avons organisé des lectures en pri- 10 000 exemplaires et réimprimé tes – Poucette, lui, est plus ancré élevé : j’ai eu un peu peur avant quier du Cabinet des fées, où l’on Seuil, avec la collaboration de La Joie maire. Les CM1 ont adoré La Bar- plusieurs fois par an, est notre dans le merveilleux. » N’empê- de le publier. Mais le tirage initial retrouve la production des gran- par les livres (576 p., 280 F [42,69 ¤]). be-Bleue. Ces histoires de femmes meilleure vente, indique Cons- che. Aujourd’hui, chez Hachette, (8 000 exemplaires) a été épuisé des conteuses des XVIIe et (2) Sur ce point, voir aussi Fées et assassinées, de clé et de sang qui tance Joly pour Grimm et Andersen sont environ en un an, et nous réimprimerons XVIIIe siècles : L’Oiseau bleu ou princes charmants, de Véronique Ber- ne s’efface pas, les ont passionnés, jeunesse – mais ce titre est dix fois moins lus que Michel pour Noël. En l’occurrence, nous Le Nain jaune, de Mme d’Aulnoy, nard et Sylvie Delassus (éd. Nil, 1996).

livraisons b AVENTURES, d’Italo Calvino Contes : le retour des V.O. L’amitié gagnante Le Seuil redonne à lire l’œuvre nécessaire d’Italo Calvino. En marge des trois gros volumes parus ce printemps, Yan Nascimbene commente à sa façon, subtile et pudique, les Aventures (Gli amori dif- Féerie d’ombres et de lumières Rencontre avec Brune Bottéro, douze ans, ficili), composées entre 1949 et 1967, traduites par quatre spécialis- tes dont le texte est ici relu par Mario Fusco. La poésie élégante, la pour des classiques sans âge lauréate du prix « Je Bouquine » sobriété du trait comme la palette de l’artiste Nascimbene convien- nent à merveille à ces éclats de littérature qui sont des moments de n peut parier que l’irrésis- paraître avec Griselidis et Les Souhaits vant de connaître la célé- La révolte intime contre la timidi- pure grâce. On regrettera, certes, la rareté de ce contrepoint visuel tible Kirikou deviendra ridicules, dès 1694. L’heureuse fortu- brité avec La Première té : tel est justement le thème déve- si personnel, mais, à l’instar de « l’aventure d’un poète »,où« cha- rapidement un classique ne de ce Peau d’âne tient cependant Gorgée de bière, c’est sur loppé par Brune Bottéro, élève de que degré de perfection atteint par la nature » annonce « une planète du conte pour enfants. Et beaucoup à la mise en page raffinée les adolescents que Phi- 4e à Pelissanne, une bourgade de nouvelle ou une parole ignorée », le travail de Nascimbene offre un commeO Michel Ocelot a très vite réci- et à la nouvelle performance d’Eric Alippe Delerm a d’abord testé ses quelque huit mille âmes dans les accès inédit à un texte qui est superlativement littéraire (Seuil, divé avec les délicates variations de Battut, décidément aussi à l’aise dans « plaisirs minuscules ». Non pas la Bouches-du-Rhône. « Je voulais 192 p., 98 F [14,94 ¤]). A partir de dix ans. Princes et princesses – Le Seuil vient le défi « classique » – on se souvient joie d’écosser les petits pois montrer que l’amitié peut aller plus b C’EST PAS MA FAUTE !, de Christian Voltz d’achever Le Garçon des figues, La Sor- de sa lecture de Daudet et de La Chè- – c’était tout de même moins popu- loin que la timidité », affirme cette Sur le principe familier de la comptine à épisodes, Christian Voltz cière et La Reine cruelle, la publica- vre de M. Seguin (Didier) – que dans laire avec ce public-là – mais celle jeune écrivaine de douze ans, fille livre, une fois de plus, un petit bijou. Animaux et insultes colorées tion des six contes de cette féerie la création (outre l’illustration de de « céder sa place dans le métro » d’instituteurs, et qui, pour quel- se bousculent pour exercer la mémoire et railler la trop facile d’ombres en volume séparé (chacun Sables émouvants de Thomas Scotto ou de « gagner le cœur d’un arti- qu’un d’étonnamment à l’aise, a su recherche d’un coupable à ce qui n’est que l’ordre des choses. A 44 p., 39 F [5,95 ¤]) –, on pouvait chez Milan (28 p., 72 F [10,97 ¤]), il chaut » (C’est bien ! et C’est tou- décrire très finement l’audace des lire en réécoutant A la foire de l’Est, d’Angelo Branduardi (éd. du craindre que les fameuses histoires vient de donner à Lo Païs d’Enfance jours bien !, tous deux publiés chez timides. Grâce à Je Bouquine, le Rouergue, 40 p., 68 F [10,37 ¤]). A partir de trois ans. ancestrales, collectées ou transcrites un somptueux Ronds de nuit (28 p., Milan). Son art du texte bref, sa magazine littéraire des 11-14 ans, b PIPI DE NUIT, de Christine Schneider et Hervé Pinel par Perrault, les frères Grimm, 89 F [13,37 ¤] d’un onirisme pleine- peinture pudique des sentiments Brune poursuivra-t-elle sur le che- Comment dédramatiser le pipi nocturne qui gâche la vie des Antoine Galland, Alexandre Afana- ment convaincant. Cette Peau d’âne faisaient aussi merveille dans Elle min de l’écriture ? Elle a dans ses parents comme celle des petits ? Cet album astucieux qui double siev, voire Hans-Christian Andersen, donne une nouvelle lumière à la som- s’appelait Marine (Folio junior) qui tiroirs plusieurs débuts de roman, la quête du pot salvateur d’une ludique présentation des autres ne soient plus guère connues que par bre histoire d’inceste (Didier, 36 p., décrit l’émoi de Serge, élève de 5e, parfois quelques lignes seulement, acceptions du mot offre une piste de réponse bien séduisante le prisme déformé de quelque adapta- 83 F, [12,65 ¤]). lorsque arrive dans sa classe la qu’elle a abandonnés mort-nés. La (Albin Michel, 36 p., 69 F [10,52 ¤]). A partir de quatre ans. tion cinématographique style Le texte, rien que le texte, en revan- séduisante fille d’un peintre. lecture l’attire pour l’instant davan- b AMOURS, de Catherine Louis Disney, au péril de nuances et de che pour Sybille Delacroix, qui offre Cette fois, Philippe Delerm va tage, depuis « les histoires sentimen- Difficile pari que de rendre compte de l’état amoureux. Une ren- saveurs trop subtiles pour le marché un parfum de fronde à sa Barbe- plus loin. Relevant le pari de Je Bou- tales, comme Lettres d’amour de 0 à contre sur un banc public (merci Brassens !), deux artistes inspirés contemporain. Bleue (Duculot-Casterman, 28 p., quine, il a accepté d’écrire, non 10, de Susie Morgenstern, ou Verte, – il est musicien, elle peint – et la petite musique de la passion, Mais, là encore, Ocelot entretient 89 F, [13,56 ¤]) ou Jean-Marc Ro- plus pour les jeunes, mais avec de Marie Desplechin, jusqu’au fantas- bluette ou envol lyrique, ne tarde pas à se faire entendre. Avec de l’espérance. S’inspirant des estampes chette, dont Le Petit Poucet (Caster- eux. Un quatre mains, en somme, tique Harry Potter ou La Croisée subtiles variations sur la partition (accordéon, draps de lit, voile d’Hokusai et d’antiques fables japo- man, 36 p., 79 F, [12,04 ¤]), véritable comme le veut la règle du des mondes. » Sans oublier Je bou- nuptial ou décor d’une chaude rousseur), la vision de Catherine naises, il redonne, avec La Vieille éloge de la différence à mieux lire sa concours Mini-Plume, organisé quine qui, ce mois-ci, propose un Louis a un charme contagieux (éd. Thierry Magnier, 28 p., 69 F Dame et le Voleur, une chance à l’héri- « moralité », prolonge le parti-pris depuis seize ans par le magazine Je court roman inédit de Jean-Noël [10,52 ¤]). A partir de quatre ans. tage classique ; ce que bien des publi- de revisiter au plus près les classiques Bouquine (Bayard Presse) – en par- Blanc et un dossier sur Le Grand b FACILE À DIRE, de Bruno Heitz cations récentes confirment. inaugurés par le Pinocchio de Collodi tenariat avec Le Monde depuis Meaulnes. « Je ne me suis pas encore Sans langue de bois, Bruno Heitz poursuit son travail d’ébéniste, Certes, la belle anthologie de (160 p., 149 F [22,71 ¤]) – ce texte 2000. Le principe en est simple. Un lancée dans la grande littérature », inauguré par son mémorable Cornivore (Mango). Ici, toute pensée, Contes de fées que signe Berlie fameux trop peu lu reparaît en bilin- écrivain connu – Erik Orsenna, reconnaît Brune Bottéro. Comme tout rêve pèse d’un trop grand poids, assommant le héros, qui ne Doherty chez Gautier-Languereau gue en GF Flammarion). Des notes Daniel Pennac, Marie-Aude beaucoup de jeunes de son âge, la s’en sort que par la plus directe des franchises. Une recette radi- (224 p., 139 F [21,18 ¤]) ne revient pas discrètes et simples évitent d’altérer Murail… – propose une intrigue jeune fille, nourrie à la littérature de cale qui peut soulager à défaut d’être politiquement correcte. aux textes originaux, mais l’at- l’original ; et le travail visuel de que les enfants doivent terminer. jeunesse, trouve sans doute le patri- Heitz en philosophe malin ? On le croirait, à lire parallèlement Les mosphère du recueil, adapté en fran- Rochette gagne encore en épure : un Chez Philippe Delerm, la véritable moine classique un peu intimidant. Petits Poissons, qu’il cosigne avec Olivier Douzou, à la même ensei- çais par Françoise Rose, sait donner petit chef-d’œuvre. héroïne, c’est… la timidité : la peur Allons Brune, un peu d’audace… gne (éd. du Rouergue, 48 p. 68 F [10,37 ¤]). A partir de cinq ans. une couleur commune à la douzaine Le même souci d’authencité a pathologique de Stéphane, pour- Fl. N. b MARIUS, de Latifa Alaoui M. et Stéphane Poulin de récits repris de diverses traditions conduit Guy Leclercq à retraduire tant inscrit au club théâtre, de Marius est déchiré par la séparation de ses parents, mais ici la géographiques, ce que le beau travail Lewis Carroll. Voici donc Alice au poser le pied sur scène. Jusqu’au famille recomposée trouble l’identité des sexes, puisque papa a un graphique de Jane Rey confirme en le pays du merveilleux ailleurs (éd. Au jour où son ami Arnaud, le comé- ami. A l’heure où le pacs s’installe dans le regard social, cet album nuançant avec une réelle intelligen- bord des continents – Kervaon, dien brillant qui tient le rôle princi- sobre et intelligent disqualifie les approches bornées et les a priori ce. BP 210, 29205 Morlaix –, 160 p., pal, déménage… qui étouffent le bonheur. Salutairement tolérant (éd. L’Atelier du La tendance est plutôt au respect 165 F [25,15 ¤]), illustré par Jong « Cette histoire m’a assez bien ins- poisson soluble, 36 p., 88 F [13,5 ¤]). A partir de six ans. des versions originales. Certes, pour Romano. Le trait d’Alex Scheffer est pirée », reconnaît Brune Bottéro, b ULYSSE AU PAYS DES FOUS, de Marjane Satrapi accompagner le formidable travail autrement plus classique dans l’édi- lauréate du prix spécial Le Monde Bienvenue à Marjane Satrapi, récente révélation de la bande dessi- d’illustrateur d’Emre Orhun sur Ali tion jeunesse. Et sa tendre malice con- du concours Je Bouquine. « Je née, dans l’édition jeunesse. Ce conte initiatique qui prêche Baba et les 40 voleurs, Luc Lefort a joli- vient parfaitement au programme connais des timides et ça n’a pas l’ouverture, la curiosité et la tolérance, à travers les pérégrinations ment adapté la vénérable – trop composite qu’il a choisi : Boucle d’or, l’air simple. Quant au théâtre, j’en d’un chat qui cherche ailleurs la sagesse dont ses proches font vénérée ? – traduction que le Le Chat botté, Les Trois Petits Cochons fais aussi. Cette année, au collège, défaut, tient pourtant sa grâce orientale du trait de Jean-Pierre XVIIIe siècle nous a léguée des Mille et (Albin Michel, 96 p., 59 F, [8,99 ¤]). nous avons joué Antigone Duffour. On peut retrouver la jeune Iranienne dans Sagesses et Une Nuits (Nathan, 64 p., 99 F Une vision simple et juvénile comme d’Anouilh. Moi, j’étais Antigone. malices de la Perse, qu’elle cosigne avec Lila Ibrahim-Ouali et Bah- [15,09 ¤]). Tout comme Jean-Pierre ces fables sans âge, que les faiseurs Pas tout le rôle, juste des extraits. man Namvar-Motlag chez Albin Michel (Nathan, 32 p., 79 F Kerloc’h a librement réécrit le conte d’images réinventent à l’envi. J’aime beaucoup que cette femme [12,04 ¤]). A partir de quatre ans. Ph.-J. C. en vers que Charles Perrault avait fait Philippe-Jean Catinchi se rebelle. » La chronique LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / VII

de Roger - Pol Droit b

rien ne vaut le panorama des écoles UNE PROFESSION Dans l’Antiquité, hellénistiques, à la fois savant et DANGEREUSE Les risques il arrivait au philosophe accessible, mis au point par deux Les penseurs grecs philologues britanniques, Long et dans la Cité Sedley. Paru à Cambridge en 1987, (Anleitungen zum Umgang d’être condamné à mort, leur livre est devenu un des instru- mit Klassikern) de la pensée comme Socrate. ments de travail indispensables de de Luciano Canfora. tous ceux qui s’intéressent à la pen- Traduit de l’italien sée des premiers sceptiques, des épi- par Isabelle Abramé-Battesti, Ou vendu comme curiens, des stoïciens ou des pen- Ed. Desjonquères, « La mesure seurs de l’Académie ou des pyrrho- des choses », 158 p., esclave, ainsi Platon. niens tardifs. L’ouvrage rassemble, 130 F (19,81 ¤). classés thème par thème et annotés Ou encore lapidé avec le plus grand soin, un vaste LES PHILOSOPHIES choix de textes fournissant les don- HELLENISTIQUES par les chrétiens, nées essentielles. Il s’agit à la fois (The Hellenistic Philosophers) d’une anthologie, d’un manuel et de A. A. Long et D. N. Sedley. comme la belle Hypatie. d’une véritable base de données. Si Traduit de l’anglais par Jacques l’on ajoute que ce travail est complé- Brunschwig et Pierre Pellegrin, Malgré tout, les plus té par une considérable bibliogra- Tome I : Pyrrhon. L’épicurisme. phie thématique et critique, on ne T. II : Les Stoïciens. T. III : Les grands risques étaient peut que se réjouir que Jacques Académiciens. La renaissance Brunschwig et Pierre Pellegrin, du pyrrhonisme, sans doute ailleurs grands spécialistes des philosophes Flammarion, « GF » grecs, aient pris la peine de traduire respectivement 314 p., 57 F consacrent leur vie aux idées sont mis cette somme et d’en prolonger la (8,68 ¤), 572 p., 75 F (11,43 ¤) au ban de la société. » Sans doute la bibliographie pour les dernières et 254 p., 51 F (7,77 ¤). phrase, prononcée à Prague en années. Que tant de science soit 1935, prend-elle sens sur fond de accessible pour un prix modique n oublie souvent la bruta- pouvoir nazi : juif, Husserl se verra dans une édition de poche est heu- lité des mœurs antiques. bientôt retirer son titre de profes- reux, conforme à une certaine idée Socrate devisant calme- seur. On ne saurait toutefois de la philosophie s’adressant à tous. O ment dans les rues approuver son diagnostic dans sa Pour le reste, il appartiendra à d’Athènes, formulant posément généralité. Il a existé, à travers l’his- chacun de prendre ou non le risque quelque objection contre un préju- toire de l’Occident, mille manières de vivre en suspendant son juge- gé répandu, voilà qui nous paraît d’honorer ceux qui consacrèrent ment, ou en se persuadant que la vraisemblable et suffisant, la plu- leur vie aux idées. Ce fut même mort n’est rien, ou en demeurant part du temps. C’est que nous l’une des caractéristiques les plus convaincu que chacun possède avons une tendance fâcheuse : ima- constantes et les plus curieuses dans l’harmonie du tout un rôle spé- giner la vie populaire athénienne de la culture européenne. C’est cifique à jouer. Peut-être trouve- sur le modèle de nos débats acadé- entrevoir avec verve dans un ouvra- mée que neuf cents ans plus tard ! ils découpèrent en morceaux et brûlè- pourquoi il convient d’apercevoir ra-t-on que ce sont de piètres aven- miques, avec interlocuteurs polis ge d’abord publié en allemand. Il Toutefois, le maître savait bien que rent ses misérables restes », écrit une d’autres risques, auxquels les philo- tures à côté de celles traversées par (dans l’ensemble) et convenances rappelle combien la situation des l’on n’échappe pas à la nécessité de source ecclésiastique du temps. sophes n’ont cessé de s’exposer. les combattants clandestins ou les respectées (globalement). La réalité philosophes fut fréquemment insta- l’action politique. Lui qui n’a cessé Selon Damascius, les moines lui Admettons que nul ne les maltraite. héros des résistances. Pas sûr. Dès était tout autre. Il arrivait souvent ble, voire dangereuse, tout au long d’en ressentir la fascination écrit auraient arraché les yeux alors Que personne ne les poursuive. qu’on cesse de classer les dangers et que les discussions se terminent en de l’Antiquité. La période où vivent dans les Lois : « Assurément, les qu’elle était encore vivante. Peut- Que leurs conditions de travail et les gloires sur une seule échelle, on bagarre. Voyez par exemple ce que Socrate et Platon est traversée de affaires humaines ne valent pas être s’agit-il là d’une calomnie. de vie soient à peu près garanties. doit conclure que les aventuriers de rapporte, au sujet de Socrate, Diogè- tensions extrêmes : guerre civile, qu’on les prenne au sérieux ; mais Quoi qu’il en soit, les tentatives Ils n’en prennent pas moins le ris- la pensée ne courent finalement ne Laërce : « Comme souvent, dans tyrannie des Trente, retour in extre- nous y sommes forcés, et c’est là récentes pour diminuer la responsa- que, continu, difficile, de dérégler pas moins de risques que d’autres le cours de ses recherches, il discutait mis à la démocratie. En tenant notre infortune. » bilité des autorités chrétiennes dans les évidences. figures de l’ombre. Ce sont des ris- avec trop de violence, on lui répon- compte de ce chaos politique, sans Parmi les morts célèbres de la phi- ce meurtre ne paraissent pas réelle- Modifier chaque jour, patiem- ques d’un autre ordre, simplement. dait à coups de poing et en lui tirant doute voit-on sous une autre losophie, on ne saurait oublier ment convaincantes. Etre femme, ment, l’intérieur de la tête. Régler Des histoires au bord de la dérai- les cheveux. » D’autres lui don- lumière Socrate condamné à mort Hypatie d’Alexandrie. Fille du philosophe et néoplatonicienne au toute l’existence sur quelques pen- son, des dérèglements systémati- naient des coups de pied, ou l’inju- ou Platon vendu comme esclave mathématicien Théon, elle-même début du Ve siècle, c’était courir le sées. S’appliquer à rendre vivants ques des perspectives mentales. Il y riaient, ou se moquaient de lui de la par Denys de Syracuse. Heureuse- géomètre et théoricienne, influente risque de devenir… martyre païen- les principes. Pierre Hadot a mon- faut de l’endurance et du courage, manière la plus méprisante qui fût. ment Platon, en fondant l’Acadé- dans la Cité, célèbre pour sa beauté ne. tré comment ces tâches consti- au moins d’une certaine sorte. Nul Cette brutalité et cette bêtise de mie, ce monastère philosophique à et ses façons austères, Hypatie fut Ces dangers n’ont certes pas duré tuaient l’essentiel de la vie philoso- n’est assuré d’en sortir indemne. l’Athénien moyen, sa méfiance mi-chemin du centre d’étude et de assassinée en 415 après J.-C. par jusqu’à nous. Il y a une grande exa- phique dans l’Antiquité. Encore Certains s’y perdent sans retour. envers les cercles intellectuels – la secte, parvint à protéger la trans- une bande de moines chrétiens gération dans l’affirmation de Hus- faut-il saisir qu’une telle vie, en Quelques-uns en deviennent déran- jugés plus ou moins impies, débau- mission de sa doctrine pour des siè- fanatiques. « Ils l’entraînèrent jus- serl : « Dès sa naissance, la philoso- dépit de points communs, variait gés. D’autres s’y transforment en chés, décadents, dangereux –, l’his- cles. Soustraite à l’action du pou- que dans l’église (…) la dénudèrent et phie a connu la persécution, et fortement selon l’école que l’on sages. L’ennui, c’est qu’on ne sait torien Luciano Canfora les fait voir politique, l’école ne sera fer- la massacrèrent à coup de tuiles, puis depuis toujours les hommes qui avait choisie. Pour le comprendre, pas toujours lesquels. César, les sentiers de la gloire Les vies imaginaires de l’orateur Démade Luciano Canfora et Yann Le Bohec montrent un conquérant obsédé par En réhabilitant la figure d’un Athénien qui fut longtemps considéré le pouvoir, pour qui les guerres civiles ont été le meilleur chemin menant à Rome comme un traître, Patrice Brun nous offre une brillante leçon de méthode

bien mettre en relief que c’est la réorganisation de l’Etat ». Au total, renoncer aux jugements moraux qui, en 307, hissèrent un autre CÉSAR conquête du pouvoir à Rome qui une biographie déroutante, à l’ima- L’ORATEUR DÉMADE négatifs dont bien des auteurs contemporain de Démade, Lycur- Le dictateur démocrate dicte à César l’ensemble de ses ge de son héros. Essai d’histoire et anciens agrémentent leur récit. De gue, au rang de héros national, et (Giulio Cesare. actions aux quatre coins de l’Em- Tous comptes faits, peut-être est- d’historiographie plus, Démade apparaît souvent reléguèrent ainsi Démade à une Il dittatore democratico) pire, en Gaule comme en Syrie, en ce en se réfugiant dans la plus de Patrice Brun. dans les textes épigraphiques, puis- place marginale, le condamnant à de Luciano Canfora. Espagne comme en Afrique ou en grande neutralité que l’on parvient Ed. Ausonius (diff. De Boccard), qu’il prit l’initiative d’au moins l’oubli ; le neveu de Démosthène Traduit de l’italien Thessalie. Soucieux de ne pas pla- le mieux à saisir le personnage. 200 p., 184 F (28,05 ¤). 22 décrets, dont 18 sont conservés enfin, qui, en 287, fit par décret par Corinne Paul-Maier quer sur les réalités antiques des Yann Le Bohec ne prétend pas révé- dans la pierre, c’est-à-dire furent accréditer la thèse que Démos- avec la collaboration comportements idéologiques ana- ler un nouveau César, mais dans les ui connaît encore l’ora- votés par le peuple. On comparera thène avait été « le » patriote par de Sylvie Pittia. Flammarion, chroniques, Canfora s’abstient le trois premiers chapitres où il établit teur Démade ? Peut-être avec l’unique décret conservé de excellence, le dénonciateur soli- « Grandes biographies », plus souvent de caractériser de les éléments biographiques indispen- ceux qui ont étudié le Démosthène. Cela donne la me- taire du péril macédonien et, par 496 p., 159 F (24,24 ¤). manière nette les conflits d’objectifs sables à la compréhension de la car- Q grec au lycée et traduit sure de l’audience que ce « traître » conséquent, l’unique résistant. ou d’intérêts qui opposent César à rière militaire du futur dictateur, il des passages de Démos- avait auprès de ses concitoyens, qui Sur les bases d’une histoire offi- CÉSAR, CHEF DE GUERRE Pompée. D’où l’impression de flou nous donne en définitive tous les élé- thène se souviennent-ils qu’au lui firent si souvent confiance. cielle ainsi reconstruite, Plutarque, de Yann Le Bohec. qui entoure bien des épisodes de la ments nécessaires pour préciser le nombre des adversaires du « grand pour les besoins de ses édifiantes Ed. du Rocher, « L’art de la carrière des deux hommes, mais, au personnage, opportuniste, brillant, patriote » athénien figuraient non PARFAIT PATRIOTE Vies parallèles, celles de Démos- guerre », 512 p., 145 F (22,11 ¤). fond, l’attitude sinueuse d’un Cicé- ambitieux, intelligent, peu scrupu- seulement Eschine, suspect d’être Une telle conclusion suffirait à thène et de Phocion, n’avait plus ron atteste que l’indécision n’est pas leux, sachant avec un égal talent favorable à la Macédoine, mais aus- ébranler le portrait conventionnel, qu’à ciseler le portrait du traître- haque biographie du plus le fait des seuls modernes. manipuler les hommes et les réali- si Démade, l’image même du politi- mais Patrice Brun ne s’en contente repoussoir qui mettrait mieux en célèbre des Romains tés. Au total, peut-être plus homme cien fourbe et traître à sa patrie. pas et replace avec soin tout ce valeur les qualités de ses héros. devrait nous aider à mieux MANIPULATEUR d’action que de réflexion, ce qui res- Démade ou l’antithèse de la que les textes nous apprennent de Face à l’autorité de Plutarque ne C cerner la personnalité, la Le livre laisse cependant le lecteur sort bien de l’analyse que Yann Le noble figure de Démosthène. Ainsi Démade dans le contexte du comptèrent pour rien ni les témoi- carrière, les objectifs politiques ou perplexe pour d’autres raisons. Pas- Bohec donne du « chef de guerre ». le dépeint de manière quasi géné- moment, les informations sur sa gnages contradictoires des auteurs personnels du personnage. Or, à cha- sons sur quelques bévues étonnan- Car on ne doit pas oublier que César rale l’historiographie contemporai- famille et sur sa formation, ses pri- anciens (notamment celui de Dio- que fois, celui-ci semble s’éloigner, tes – l’existence d’une province passa l’essentiel de sa carrière sur les ne, prenant le relais des textes ses de position et son action dans dore de Sicile) ni les preuves épigra- s’évanouir dans le flou ou la confu- romaine de Syrie lors de l’avène- champs de bataille. anciens sans trop se soucier de la les drames que vit la cité, dans phiques. Faut-il ajouter que l’idée, sion, comme si la complexité même ment de Ptolémée XII en 80 av. J.-C. Spécialiste de l’histoire militaire réalité des accusations portées cette période essentielle de l’histoi- longtemps ancrée dans les esprits de l’homme déjouait les analyses. (p. 184) ou la dynastie « idu de Rome, Yann Le Bohec – qui a contre Démade. Patrice Brun a été re d’Athènes où, vaincue par Phi- savants, d’un déclin d’Athè- La biographie que lui consacre méenne » d’Hyrcan II (p. 204) – ou déjà donné dans la même collection intrigué par le fait que cet homme lippe de Macédoine à Chéronée, nes – ses défaites face à la Macé- Luciano Canfora ne déroge pas à impropriétés – « Hébreux » pour une Histoire militaire des guerres perdu de réputation ait pu tenir elle veut garder l’illusion d’un sur- doine en apportant en quelque sor- cette règle et l’on en sort à la fois ins- désigner les juifs ou les clientèles puniques (1995) et, ailleurs, un petit son rang à la tribune à Athènes pen- saut possible au lendemain de la te la preuve – invitait à chercher truit et perplexe. Instruit, car « syriaques » pour « syriennes » (p. César (PUF, 1994) – fait évidem- dant une vingtaine d’années : il en mort d’Alexandre. Or, dans chacu- des responsables, les inévitables Canfora, admirable connaisseur des 210) – , sans compter le choix désas- ment la part belle à la stratégie et à tire une brillante leçon de méthode ne de ces circonstances, Démade traîtres, les politiciens dévoyés qui textes comme de la bibliographie, treux de l’éditeur qui, en rejetant les la tactique, avec cartes, croquis et débouchant sur une biographie pas- se conduit en parfait patriote athé- avaient plongé la cité dans une cri- sait mettre en évidence des épisodes notes à la fin du livre, tue littérale- plan des batailles, mais il n’ignore sionnante de bout en bout, pour nien, en homme politique coura- se morale et politique à l’origine significatifs dont l’analyse fouillée ment la lecture. Le parti pris d’un pas que la guerre n’est pas une fin autant que l’on puisse nommer bio- geux et lucide, jusqu’à sa mort au du déclin ? Trop de parallèles révèle les côtés sombres du person- découpage en quarante-deux brefs en elle-même pour César, qu’elle ne graphie les éléments dispersés service de sa cité et de la liberté : il contemporains, au milieu du nage, comme le massacre gratuit chapitres semble induire un extrê- vise qu’à lui permettre de conquérir d’une vie juste entrevue. est égorgé sur ordre de Cassandre, XXe siècle, confortaient de telles des Usipètes et des Tenctères où me souci de la chronologie. En réali- ou de conserver le pouvoir. Passant au crible de la critique les avec son fils, lors d’une ambassade images, et Démade permettait en Canfora n’hésite pas à parler de té, Canfora ne cesse de revenir en L’auteur apporte non seulement un prises de position des historiens conduite au nom de la cité en 322. quelque sorte de parler du présent génocide. Le biographe se range arrière ou d’anticiper, ce qui crée un complément technique, mais la clef modernes, Patrice Brun commence D’où vient alors le portrait défa- sous le masque d’un lointain passé. dans le camp des adversaires farou- malaise diffus chez le lecteur. On res- même pour comprendre les déci- par une analyse rigoureuse des vorable si longtemps ancré dans C’est bien là tout ce qui fait le ches de la campagne des Gaules te donc souvent indécis, ignorant sions de César, qu’il soit contraint sources sur lesquelles elles se fon- l’historiographie contemporaine ? prix de ce livre : tout en se défen- – « campagne provoquée à froid, des ressorts profonds de l’action d’éliminer un rival ou soucieux de dent, toutes extérieures à Démade Patrice Brun n’hésite pas à dési- dant de se livrer à une entreprise sans qu’existât ni véritable danger, ni césarienne. Il est vrai que Canfora construire l’image de vainqueur lui-même, puisqu’aucun de ses dis- gner les responsables : Démétrios de réhabilitation, Patrice Brun n’en réelle menace ; l’asphyxie d’une civili- n’est pas entièrement responsable sans laquelle nul ne peut prétendre cours n’a été conservé, alors que les de Phalère d’abord, qui, dès la donne pas moins une vision tout à sation…, un massacre aux proportions de cette situation car, au total, on imposer sa volonté au Sénat. C’est Anciens le reconnaissaient comme mort de Démade, place au premier fait nouvelle et convaincante d’un impressionnantes… » – et ce avec peut se demander si César nourrit peut-être, en définitive, dans cette un orateur brillant et habile, habi- plan l’image de Phocion et porte homme politique majeur d’Athè- une énergie qui évoque davantage d’autres objectifs que le pouvoir primauté de la guerre que réside leté qui ne tarda pas à apparaître au noir celle de Démade, qui aurait nes. Mais, en même temps, il invite les joutes du Sénat de Rome que pour lui-même, et le jugement néga- l’originalité de la République comme une tare supplémentaire. pu lui faire de l’ombre (d’où les l’historien à ne jamais oublier qu’il celles des historiens deux mille ans tif de Tite-Live n’est sans doute pas romaine finissante, où le lucide Cicé- En fait, les sources contemporai- anecdotes et les bons mots soi- est aussi prisonnier des préoccupa- plus tard. Ses positions deviennent si éloigné de la vérité, s’agissant ron est réduit à l’impuissance faute nes de Démade lui sont bien moins gneusement distillés hors de tout tions de son temps et que son juge- moins passionnées lorsqu’il s’agit d’un homme « qui avait infligé à la d’avoir su – ou pu – se ciseler hostiles que les auteurs postérieurs contexte pour faire ressortir l’im- ment du passé peut s’en trouver d’analyser les choix politiques de République cinq ans de guerre civile, l’image d’un imperator. et, lorsqu’on s’en tient à la lettre moralité et le cynisme du person- gravement et durablement altéré. César, mais Canfora a le mérite de sans laisser de modèles applicables de Maurice Sartre des textes, on doit inévitablement nage) ; les Athéniens eux-mêmes M. Sa. VIII / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 dossier b Que font les jeunes philosophes ?

Les maîtres à penser « se préoccupe d’abord de porter assis- question à laquelle aucun jeune phi- exemple de la police vers la politique, lement des savoirs n’est plus tenable », ont disparu, dit-on. tance au monde en glissant sous lui le losophe n’échappe vraiment aujour- et non de la politique vers la police », et il serait temps que la philosophie Le fait est : les grandes matelas de la rationalité », ce monde d’hui. Symptôme significatif, c’est « dans l’idée qu’il n’est pas de voyage « se défasse d’un lien nocif à une abs- si fragile qui ne cesse d’exiger de la bien l’épreuve de ce désarroi qui fut plus différent que le voyage de retour traction excessive, aussi vaine que rui- figures de la scène des idées, raison qu’elle lui prête un sens. à l’origine de l’enquête menée pen- par rapport au voyage aller ». neuse ». Une attitude qu’elle nomme de Sartre à Foucault « C’est cette réclamation à l’infini que dant trois ans, au fil d’une série de Chez les plus novateurs, cette joliment « la pratique du présent ». et à Deleuze, n’ont pas le philosophe entend, cette écoute séminaires tenus entre 1997 et 2000, approche « de biais », cette quête de On note en second lieu que la réfé- eu de remplaçants. n fait paraît incontesta- qu’il appelle ”vocation”. » Une telle par le Collège de philosophie, ras- transversalité, associée à la recher- rence à certaines grandes figures de La France ne manque ble : la jeune génération tarde à prétention peut sembler d’autant semblant chaque fois entre 60 et che de passerelles inattendues, est la modernité – Nietzsche, Foucault, U« sortir du bois ». Au tournant des plus exorbitante que le philosophe, 120 personnes. « Arrivés au moment frappante. Qu’il s’agisse, comme Deleuze – reste très vivante, même si certes pas d’auteurs, années 1980, les trentenaires s’appe- relève l’auteur de l’Ethique mise à nu où le parcours universitaire cessait Antonia Birnbaum, qui a fait ses étu- plusieurs déplorent justement l’indif- essayistes et autres brins laient Alain Finkielkraut, Pascal Bruc- par ses paradoxes mêmes (2000), ne d’offrir à la plupart d’entre nous des des en Allemagne, de s’intéresser férence où l’Université française per- de plume. Mais point kner, Bernard-Henri Lévy, Luc Ferry, doit pas être « dupe ». objectifs tout faits et des urgences tou- aux rapports que le politique entre- siste à les tenir. Cette reprise s’opère de monstre ni de nouvelle Alain Renaut, Marcel Gauchet, etc. Cette conscience dégrisée d’une tes construites », expliquent ses ani- tient avec la part contingente du sen- toutefois au prix de substantielles diva. Que fait la nouvelle Or « qui pourrait nommer aujour- autolimitation, cette position de mateurs, et alors que la philosophie sible, notamment dans son Nietzs- transformations : de l’auteur de Zara- génération ? Qui a choisi d’hui un philosophe de trente ans, pas modestie assumée constituent le bénéficiait d’un spectaculaire retour che, les aventures de l’héroïsme (2000) thoustra, on retiendra surtout l’ap- seulement connu mais au moins deuxième aspect le plus saillant. en grâce, « pourquoi nous sentions- ou, avec Paul Audi, d’élucider les rai- prentissage de l’insolence et une cer- d’y être philosophe, reconnu ? », se demande l’un d’entre Antonia Birnbaum, pour qui il n’est nous si désemparés et comme dépour- sons pour lesquelles il serait légitime taine esthétique de l’existence. De et pourquoi ? eux, Pierre-Henri Tavoillot, maître plus question de voir dans la philoso- vus de tâches grandioses ? » La jeune de penser qu’éthique et esthétique même, le Foucault d’aujourd’hui Avec quelles références, de conférences à l’université Paris- phie la reine des sciences, comme si philosophie française offre de fait constituent une seule et même – qui demeure omniprésent – n’est-il quelles problématiques ? IV. Auparavant, un jeune philoso- elle était « en surplomb métaphysi- une image passablement éclatée, fai- chose. Il n’est pas question ici de dres- plus tout à fait celui des années Comment perçoit-elle phe s’insérait d’abord dans une que », parle, en ce sens, de « probité te de singularités qui s’agrègent ser un catalogue de ces problémati- 1960-1970, moins sollicité dans ses le paysage philosophique école en – isme qui, en retour, lui philosophique ». Si j’ai opté pour la selon des complicités plutôt infor- ques. Relevons toutefois que la ques- résultats que pour avoir exhumé «le conférait une identité. Cette époque philosophie, explique de son côté melles, le travail se déployant de tion de l’Autre ou du corps, au cœur souci de soi » et promu une démar- actuel ? C’est ce que nous semble révolue, tout comme celle, Pierre-Henri Tavoillot, qui exerce manière individuelle, dans le silence du travail phénoménologique de che invitant à explorer de nouveaux avons voulu commencer plus récente, où l’on entrait en philo- également la fonction de conseiller des passions, en même temps qu’il Nathalie Depraz, n’est pas absente domaines, loin des rigidités du com- à mettre en lumière. sophie en s’inscrivant en rupture, au ministère de l’éducation nationa- requiert, semble-t-il, un temps de du paysage ; ni celle de la religion mentaire académique. Les grandes Modestement : une enquête que l’on songe à la critique virulente le, c’est qu’elle « m’est apparue – Pierre- galaxies – néo-kantienne, nietzs- de journal ne peut prétendre de « la pensée 68 » par Ferry et comme susceptible d’être à la fois forte Alexandra Laignel-Lavastine Emma- chéenne, heideggerienne, héritage ni à l’exhaustivité Renaut ou à André Glucksmann et modeste : forte, car elle permet nuel de l’école de Francfort, dont beau- contre les « maîtres penseurs ». Fin, souvent d’aller plus vite, plus haut et Dauzat coup se réclament – n’en demeurent ni même à l’exactitude. donc, des effets de groupe. Mais plus loin ; modeste, car pour y parve- maturation plus long. Dans cet montrant par exemple comment le pas moins stables, signe que nous Elle livre des données, aussi fin du baptême polémique. Les nir, elle doit faire le deuil de toute pré- improbable paysage, on voit peut- spectre d’un Christ suicidé est reve- n’avons pas à faire à une pure diversi- des indications, des éléments jeunes philosophes ne ressentent tention totalisante, impérialiste ou sys- être, pourtant, se dessiner quelques nu hanter la modernité ; ni celle de té. On observe enfin la montée de pertinents. Elle ne prétend plus le besoin de rompre avec leurs tématique à l’égard des autres lignes de fracture. Les deux premiè- l’art contemporain, avec Mathieu nouvelles figures tutélaires, à même ni tout embrasser ni détenir aînés, précisément parce qu’il n’y sciences ». res tiendraient, d’une part à la redé- Kessler, ou du racisme et de l’antisé- d’aider à penser le siècle dans ses quelque vérité définitive. avait plus de maîtres à penser dans Ce « devoir d’ironie », selon l’ex- couverte de la démocratie, du droit, mitisme, abordés par Alain David dimensions tragiques, comme Han- la génération précédente. Aussi est- pression d’Eric Lecerf, plusieurs de la société civile, de la laïcité, com- dans un essai récent, ou encore du nah Arendt, Simone Weil, Walter Alexandra Laignel-Lavastine ce plutôt l’avènement d’une confron- années directeur de programme au me problèmes pour la pensée ; pardon dans l’histoire, chez Olivier Benjamin, et sur un autre registre, a enquêté auprès tation minimaliste ou technique, qui Collège international de philoso- d’autre part, au retour de la métaphy- Abel, disciple de Paul Ricœur, pro- Ludwig Wittgenstein dont la notorié- d’une douzaine d’auteurs. frappe aujourd’hui. Les modalités du phie, se retrouve chez Laurent Jaf- sique dans ses droits. La troisième che de la revue Esprit. té ne cesse de grandir (1). Tous sont nés après 1960, recrutement universitaire sont sans fro, né en 1963, qui raconte, non pourrait résider dans un certain rap- Trait révélateur, nombreux sont Philosophie moins ambitieuse ? ont publié déjà quelques doute pour beaucoup dans ce phéno- sans humour, qu’au-delà des bonnes port à l’autorité, dans la volonté de ceux qui disent ne se réclamer Mais ne faut-il pas aussi se féliciter, ouvrages de philosophie mène, du classicisme obligé des raisons qui l’ont conduit au métier légitimer de nouveaux objets – à la d’aucun philosophe en particulier, avec Paul Audi, qui codirige par objets de recherche (Platon, Descar- de philosophe – « l’attachement à la marge ou transfrontaliers. employant plus volontiers la notion ailleurs la collection « Perspectives et appartiennent à des écoles tes, Kant) au préjudice occasionné liberté de penser » –, il en est aussi de Parmi les travaux exemplaires de de « filiation » – comprise comme un critiques » au PUF, de cet émiette- ou des courants divers. par une éventuelle célébrité, jugée mauvaises. Ainsi « l’idée qu’on pou- cette orientation, on peut mention- horizon plutôt que comme un cadre ment du vrai ? Après tout, « la raison Ce sont des individualités d’autant plus malséante qu’elle sera vait faire de la philosophie avec un ner ceux d’Eric Lecerf, sur le chôma- intellectuel rigide ou confortable. Plu- n’a pas basculé dans son contraire intéressantes, évidemment. relayée par les médias. papier, un crayon et quelques livres, ge surtout, mais aussi sur la pauvreté sieurs remarques s’imposent ici. On – l’irrationalité –, elle se pluralise et Leur liste ne saurait Faut-il déduire de cette pacifica- alors que des disciplines comme la et l’oppression sociale, « ce problème constate d’abord le caractère délibé- c’est une bonne chose ». A condition, tion des mœurs philosophiques qu’il sociologie ou l’histoire nécessitaient la “négligeable”, dit-il, qui configure rément hétéroclite des références, serait-on tenté d’ajouter, que la toutefois composer on ne ne se passe rien ? S’en tenir au confrontation constante et troublante néanmoins l’actualité des deux tiers de comme si chacun tendait à bricoler jeune philosophie ne passe pas à sait quel palmarès de jeunes constat paradoxal d’un fossé entre l’humanité ». Ce sont ces questions- dans son laboratoire personnel. Ain- côté des enjeux sur lesquels on l’at- espoirs. Nous avons une « philosophie de printemps » là qui l’ont conduit à Hegel, Spinoza si Cynthia Fleury, dont le chemine- tend. En conclusion de son enquête, seulement voulu donner triomphante, en vogue comme et Bergson, à interroger les concepts ment vise à « établir la condition ima- le Collège de philosophie dénom- un aperçu jamais, et un repli des jeunes spécia- d’expérience ou d’absence, « à por- ginale de l’homme », n’hésite-t-elle brait ainsi six chantiers prioritaires : de ce qui les motive, listes sur un savoir ne répondant ter toute mon attention sur la qualifica- pas à faire dialoguer Ibn Arabi et la question du propre de l’homme, plus aux demandes de sens qui se tion morale et politique du sujet », Kant, Levinas et Rilke. Mêmes ren- largement renouvelée par les décou- des questions font jour dans le public ? L’entre- raconte cet ancien ouvrier spécialisé, contres surprenantes chez Paul vertes scientifiques récentes ; celle qui les occupent. deux, la catégorie de l’essayisme reçu au concours d’instituteur en Audi, où l’on voit Wittgenstein, Rous- de l’identité de l’individu (homme- La plupart d’entre eux ont savant, continuant, pour sa part, 1981 avant de soutenir sa thèse à la seau et Kierkegaard entrer en rela- femme, individu-communauté), la rédigé des réponses écrites, d’être occupé par leurs anciens pro- fin des années 1990. En dépit d’un tion avec Picasso et Romain Gary, double incertitude de l’éthique, de détaillées, fesseurs. « Nous souffrons à coup sûr parcours plus classique – khâgne à tandis qu’Hélène L’Heuillet circule ses fondements et de ses applica- souvent longues, d’un manque de médiation » qui per- Henri-IV, agrégation dans la fou- vaillamment de Bentham à Lacan et tions (bioéthique), l’approfondisse- mette à la philosophie de jouer «un lée –, la réflexion d’Hélène de Vidocq à Hegel. Dialogue, aussi, ment de la logique démocratique dont seule une petite partie rôle critique, ouvert mais rigoureux », avec un terrain extérieur ». Cette idée L’Heuillet, qui vient de publier chez entre les disciplines, que nombre de confrontée à de nouveaux défis com- a pu être reprise déplore Nathalie Depraz, spécialiste d’une autarcie de l’activité philoso- Fayard un passionnant ouvrage sur ces jeunes philosophes cherchent à me la crise de l’autorité ou la mondia- dans cette synthèse. de Husserl et brillante jeune phéno- phique était « heureusement faus- la police, appartient à la même caté- promouvoir, chacun à sa manière. Le lisation, celle enfin d’une culture criti- Alain Renaut, professeur ménologue. Elle est loin d’être la se », s’empresse d’ajouter l’auteur de gorie. La police ? « Aller chercher ses fantasme d’une sorte de pureté philo- que à l’égard de la tradition et d’une à l’université Paris-IV seule. Est-ce à dire qu’entre le « café Ethique de la communication et art objets hors de la philosophie, c’est le sophique, fermée à d’autres prati- sagesse qui paraît décidément bien (Sorbonne), indique philo » et l’hyper érudition, la jeune d’écrire (1998). principe même de la philosophie », et ques et de plus en plus éloignée du introuvable pour les modernes. philosophie contemporaine aurait Nostalgie de l’inscription en ruptu- c’est aussi par là, soutient-elle dans concret, leur paraît absurde, voire pour sa part les différences perdu de sa vitalité et n’aurait finale- re ? Le ton se fait parfois plus grave, le sillage de Foucault, qu’elle peut dangereux. Comme le souligne Fré- (1) Sur ces changements, voir les qu’il observe entre ment plus grand-chose à dire sur les et on est quelquefois surpris de voir retrouver « sa puissance de subver- dérique Ildefonse, spécialiste de l’An- remarques de François Dosse dans le cette génération et la sienne. grandes questions qui travaillent à quel point, pour certains représen- sion ». « Je tente de reposer les ques- tiquité grecque et très active au sein numéro anniversaire de la revue Le Enfin, Jean Birnbaum notre époque ? Hypothèse pessi- tants de cette génération, l’émancipa- tions traditionnelles à l’envers, par de l’excellente revue Vacarme, « l’iso- Débat, « 20 ans » (mai-août 2000). a recueilli les témoignages miste que notre enquête invite à tion des pesanteurs idéologiques de quatre étudiants qui nuancer fortement. – qu’on aurait pu croire acquise dans les années 1980 – est vécue comme se sont engagés dans HUMBLE MAIS ENGAGÉE un phénomène récent, éventuelle- des études de philosophie. Qui sont-ils donc ces 35-40 ans qui ment chargé d’une intensité dramati- Des revues et des lieux Ils expriment des sentiments persistent, envers et contre tout, à que. Devenir philosophe ? Mais mêlés d’enthousiasme philosopher ? Une des premières sur- avions-nous vraiment le choix « puis- n chercherait en vain, les fonctions de directeur et de tréso- pour sa part issue de la rencontre de et de désillusion. prises tient à la force avec laquelle le qu’il s’agissait de rien de moins que de aujourd’hui, un lieu d’ex- rier, a-t-elle encore quelque chose à philologues, de philosophes et choix de la philosophie se voit reven- notre survie en tant qu’hommes ? », pression privilégié de la nous dire sur « l’amour », « la natu- d’historiens des sciences, réunis à Voilà peut-être une tonalité diqué par ces hommes et ces fem- se demande Vincent Peillon, aujour- récente philosophie fran- re », « la violence », « la folie » ? l’université de Lille. Elle a choisi de générale de ce temps. O mes entrés dans la discipline au d’hui porte-parole du Parti socialis- çaise. On trouve en revanche un cer- L’objectif : chercher une alternative consacrer sa première livraison à Roger-Pol Droit cours des années 1980. Soit à une te, et qui, après un ouvrage sur Mer- tain nombre de petites revues qui à la philosophie « ennuyeuse »et « la philosophie et ses textes » époque où, malgré un premier leau-Ponty et un essai sur la religion forcent l’admiration par leur dyna- montrer que le risque de la pensée Au-delà de ces quelques exem- regain d’intérêt pour la philosophie, laïque de Jean Jaurès, se définit misme. Plusieurs sont exclusive- n’est pas incompatible avec la ples (dont la liste est loin d’être certains ne donnaient pas cher de désormais comme « un philosophe ment animées par de jeunes ou de rigueur. complète), et outre les publications son avenir comparé à celui d’activi- engagé dans la folie du monde et le très jeunes philosophes âgés de Ce souci de désenclavement est spécialisées, comme la vénérable tés plus « sérieuses » comme la labyrinthe de l’action efficace ». Nés vingt-cinq à trente ans, étudiants, sensible ailleurs. Au sein de la revue Revue de métaphysique et de morale sociologie, l’histoire ou la science dans l’évidence de la mort de Dieu, chercheurs, enseignants. C’est le cas Cités, par exemple, fondé par Yves- ou Philosophie (Minuit), particulière- politique. « ce à quoi nous avons seuls dû faire de Res publica (PUF), d’abord fon- Charles Zarka qui a la particularité ment ouverte aux jeunes auteurs, De notre enquête se dégage, chez face, sans repères ni boussoles », insis- dée en 1992 sous le nom de Perspec- d’être vendue en kiosque. Elle s’est les revues généralistes – Esprit, Le les philosophes de cette génération, te-t-il, c’était encore « l’annonce tives philosophiques. Le dossier du donné pour ambition, déjà partielle- Débat, Le Genre humain, Les Temps une posture à la fois humble – reve- immense et spectaculaire de la mort mois de mars 2001 porte sur le thè- ment concrétisée dans les six numé- modernes, ou encore Tumultes nue des illusions du savoir absolu – de l’homme. Si j’ai choisi la philoso- me « Faut-il défendre la démocra- ros parus, d’opérer un « retour vers (L’Harmattan) – restent un des prin- et engagée. Intensément investie, la phie, c’est surtout parce que j’ai refusé tie ? ». « Nous pensons que la repré- la cité réelle » et une « ouverture vers cipaux vecteurs de diffusion de la vocation philosophique fait le plus de prendre acte de toutes ces morts sentation du monde ordinairement la cité possible ». Un désir compara- philosophie récente. souvent figure d’option existentielle, accumulées. Les philosophes de ma véhiculée aujourd’hui manque de ble de rencontre entre les philoso- Parmi les lieux ouverts au public « un savoir et une conscience indisso- génération ont voulu retrouver ce pres- concepts », lit-on dans l’éditorial du phes contemporains et le monde et actifs dans l’organisation de sémi- ciables d’un vécu », dit Cynthia que-rien qui nous assure de la possibili- no 24. Or « nos universités, nos cen- anime le premier numéro de Com- naires et d’ateliers, deux se maintien- Fleury, auteur de deux ouvrages, té d’une communauté humaine, d’un tres de recherche, nos lycées regor- prendre (intitulé « Comprendre les nent depuis les années 1980 : le Métaphysique de l’imagination (2000) droit, d’une justice, d’un sens, d’une gent d’individus qui produisent des identités culturelles »), que dirige Collège international de philoso- et Mallarmé et la parole de l’imâm vérité, serait-elle “à faire”, et d’une concepts » : rendre accessible à un Sylvie Mesure avec de jeunes philo- phie, créé en 1983 à l’initiative (2001), tous deux publiés aux édi- liberté, serait-elle “surveillée”». large public ces « outils pour agir sur sophes au secrétariat de rédaction. notamment de Jacques Derrida, est tions d’Ecarts ; « une forme haute- A cette génération plutôt bien le monde », telle est la raison d’être Son pari ? « Articuler l’apport de devenu entre-temps une véritable ment érotique de vivre, parce qu’elle dans sa peau, la vie intellectuelle des de Res publica, précise son direc- compétences diverses » – issues de la institution. A ne pas confondre avec arme à mieux penser et qu’elle engage années 1980 et 1990 paraît globale- teur, David Simard, vingt-neuf ans. philosophie, mais aussi de la sociolo- le Collège de philosophie, fondé, lui, à l’ironie », renchérit Antonia ment plus féconde et plus riche que Même moyenne d’âge à l’éton- gie, de l’histoire, de la science politi- en 1974 autour de Luc Ferry et Alain Birnbaum, qui enseigne depuis peu celle qui précède. nante revue Le Philosophoire, née fin que – « aux grands dossiers à travers Renaut, et réactivé en 1997 sous l’im- à l’université de Metz. C’est dire que On aurait tort cependant d’exagé- 1996 en même temps que l’associa- lesquels le monde contemporain pulsion d’une dizaine de philoso- le choix de la philosophie se confond rer cette sérénité. Car après l’époque tion qui lui sert de support. Cette prend conscience de lui-même ». phes de la jeune génération. Mais bien avec un engagement dans le des grands systèmes, après l’ère de publication indépendante, notam- Sur un registre plus confidentiel, de nouveaux lieux émergent aussi, monde au sens où, pour Paul Audi, il leur déconstruction, puis celle de la ment diffusée par la librairie Compa- une volonté d’ouverture analogue parmi lesquels La Maroquinerie, est « le reflet d’une volonté, peut-être déconstruction de cette déconstruc- gnie, non loin de la Sorbonne, préside à la revue de phénoménolo- dans le 20e arrondissement de Paris, inutile, de résister à l’emprise du non- tion telle qu’elle s’est opérée en Fran- publie trois numéros par an, chacun gie Alter, fondée en 1993 par Natha- qui programme actuellement une sens ». Le philosophe, poursuit ce ce dans les années 1980, quelles tiré à 300 exemplaires. Toujours lie Depraz, à laquelle participent série de conférences sur « Les uto- penseur de trente-six ans, qui tâches philosophiques s’assigner qui thématiques. La philosophie, se également théologiens et scientifi- pies et l’histoire ». compte déjà huit livres à son actif, fasse sens pour le siècle ? Voilà une demande Vincent Citot, qui cumule ques. Née en 2001, Methodos est A. L.-L. dossier LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / IX b Un repli inquiétant Alain Renaut s’interroge sur le conformisme de l’institution

« Alain Renaut, vous êtes direc- public, voire la polémique intel- teur de l’UFR de philosophie de lectuelle qui permet de faire l’université Paris-IV. Qu’est-ce apparaître quel type de philo- qui vous frappe le plus dans la sophe on veut être, trouvent jeune philosophie française malaisément une place : il faut d’aujourd’hui ? d’abord ne pas être marginalisé – Difficile d’appréhender avec par l’institution, et éviter à tout si peu de recul ce qui n’est qu’à prix un passage dans l’enseigne- distance d’une moitié de généra- ment secondaire, qu’on croit tion. J’enregistre néanmoins, devoir identifier à un échec. Les depuis le début des années 1990, allocations de recherche, les pos- une tendance forte à la re-histori- tes d’assistants moniteurs nor- cisation du travail philosophi- maliens facilitent ce transit que. On trouve ainsi de jeunes direct de l’Ecole normale supé- chercheurs très savants, dont les rieure à l’université. Cette situa- travaux sont plus pointus que tion est plus confortable pour novateurs dans leurs modes d’ap- les individus : elle ne favorise proche et dans leurs objets. L’ins- cependant ni l’ouverture de la titution contribue largement à ce philosophie sur le monde exté- repli. Cette évolution entretient rieur, ni la confrontation avec certes une tradition philosophi- les sciences humaines autour que bien française : celle des his- de problématiques pourtant toriens de la philosophie. Mais communes. elle a aussi ses revers négatifs, notamment une fermeture des – Les frontières entre les princi- jeunes philosophes au public, pales « familles » philosophi- aux exigences de la communica- ques se sont-elles redessinées ? tion et aux questions que l’épo- – Les trois groupes dominants que nous adresse. Ce conformis- n’ont guère changé en vingt ans : me institutionnel et ce splendide d’un côté, les phénoménologues, isolement de la philosophie me héritiers plus ou moins cryptés semblent problématiques. du courant heideggerien ; de l’autre, un peu plus installés que – Entre votre parcours et celui naguère, les tenants de la philo- qu’ils amorcent, quelles différen- sophie analytique ; enfin, les phi- ces majeures observez-vous ? losophes du politique ou de la – Je suis frappé de constater à raison pratique. Des cloisonne- quel point les trajectoires se ments hermétiques et stérili- sont modifiées. A quel point aus- sants tendent à séparer ces si la dissociation de la légitima- camps, entre lesquels les conflits tion universitaire du philosophe ont reculé, mais au prix d’une et de sa reconnaissance publique superbe ignorance réciproque, s’est creusée au cours des derniè- chacun ne se souciant que de res années. Les « jeunes philoso- son pré carré. Cette évolution phes » de 1985 avaient souvent est préoccupante. La compéten- acquis une certaine visibilité ce spécialisée s’accroît, mais les dans l’espace public en publiant espaces de discussion disparais- des essais chez des éditeurs géné- sent, à l’intérieur de la philoso- ralistes. Beaucoup étaient alors phie française et avec le monde professeurs au lycée, et ils ne se extérieur. Dans cette logique de sont intégrés à l’Université fermeture, le risque est grand de qu’une fois leur identité philoso- voir se profiler une philosophie phique constituée : la thèse était autolégislatrice qui ne s’adresse- pour nous une étape, parmi rait plus qu’à elle-même. » d’autres, sur ce parcours. Aujour- Propos recueillis par d’hui, le trajet s’est inversé. Les Alexandra Laignel-Lavastine philosophes qui entrent dans la carrière sont avant tout soucieux e Alain Renaut a récemment de mener à bien leur thèse de publié Alter Ego. Les paradoxes de doctorat et de publier, concur- l’identité démocratique (en collabo- rence oblige, des études minu- ration avec Sylvie Mesure, Aubier, tieuses et non compromettantes 1999) et dirigé Histoire de la philoso- dans des revues « scientifi- phie politique, en 5 tomes (Cal- ques ». Le travail de deuil, qui mann-Lévy, 1999). permet à certains d’entre eux, en les éloignant de ce moment inau- e Repères antérieurs gural, de construire une pensée – « A quoi pensent les philoso- propre et de choisir leurs objets phes ? Interrogations contemporai- de réflexion ne commence nes », Autrement (no 102, nov. 1988, qu’après, et est d’autant plus dif- 259 pages). ILLUSTRATION STANISLAS BOUVIER ficile. – « La philosophie qui vient. Par- » Dans ce contexte, la prise de cours, bilans, projets », Le Débat Choisir la philo: le témoignage des étudiants position dans un débat un peu (no 72, nov.-déc. 1992).

b « Si la philosophie n’est pas versité : finalement, on peut très rabougri, on a un homme intégral nous délivre de l’ordinaire des critique, elle perd toute raison bien réussir son agrégation sans qui réfléchit, et ça éclate de par- occupations. Je me souviens enco- d’être ! » avoir lu une ligne de Rancière ou tout ! » re de mon enthousiasme après un – Sophie Dreyfus, 26 ans, DEA de Derrida, et même de Foucault cours de mon professeur au lycée à Paris-VIII : ou de Benjamin ! » b « Kantien, marxiste ou sar- Molière, M. Bonnet, sur l’esthéti- « J’ai choisi la philosophie car trien… c’est terminé ! » que transcendantale de Kant. J’ai c’est le fondement de toute b « La philosophie, c’est une – Julie Evrard, 22 ans, Ecole découvert qu’il était possible de réflexion possible. Je m’intéressais générosité. » normale supérieure (Lyon, parler de réalités qui touchent au à la littérature, mais pour moi, fai- – Robin Vernois, 21 ans, licen- 2e année) : plus près notre existence (l’espace, re des lettres, c’était encore rester ce à Paris-X : « Outre l’aspect jouissif de la le temps, la sensibilité), de façon à la surface des choses – même si « Après une khâgne, de l’histoire pensée conceptuelle, la philoso- aussi rigoureuse qu’en mathémati- aujourd’hui je sais qu’il y a un élo- de l’art et une licence d’histoire, je phie, c’est d’abord une façon de se ques, mais tout autrement qu’en ge à faire de la surface. La philoso- me suis orienté vers la philosophie détacher du donné pour lui donner mathématiques ! Par la suite, les phie, c’est d’abord quelque chose parce qu’elle représente la discipli- sens, et poser des questions de dialogues platoniciens sont deve- de dialectique qui me permet de ne la plus ouverte, celle qui vit de droit plutôt que des questions de nus pour moi l’exemple le plus retrouver ce qui se passe dans le se nier elle-même comme territoi- fait. Elle permet de théoriser des abouti de cette utilisation inouïe monde comme dans ma propre re délimité. A partir de thèmes qui engagements pratiques, mais au du langage. vie. Mais c’est surtout un moyen m’intéressent tout particulière- sens non idéologique du terme, Or ce qui me frappe aujourd’hui, de ne pas accepter le réel comme ment, comme l’esthétique ou la sans dogmatisme : ainsi, très mar- c’est précisément l’absence de dia- un donné : parmi ceux qui m’ont mémoire, je suis venu à la philo quée par la pensée d’inspiration logue, puisque deux positions secouée, il y a Spinoza, Marx et grâce à la lecture de Proust ou de kantienne de Jean-Pierre Füssler, inconciliables semblent se parta- Nietzsche, et à mes yeux, si la phi- Merleau-Ponty, et ce que j’aime mon professeur de khâgne au ger le paysage philosophique : en losophie n’est pas critique, elle sentir, c’est que la philosophie se lycée Fustel-de-Coulanges de Stras- gros, les partisans de la philoso- perd toute raison d’être ! Elle doit nourrit de domaines qui lui sont bourg, j’éprouve un intérêt particu- phie analytique, d’un côté, et ceux mettre en question le monde tel extérieurs, classés dans les autres lier pour la philosophie morale et de la phénoménologie, de l’autre. qu’il est, et redonner sens à des rayons de la FNAC ; c’est une disci- politique. Mais cet attachement au Bref le plus grand écart dans la mots qui ont été vidés de leur subs- pline qui montre qu’il n’y a aucune sujet kantien ne m’empêche pas de manière de poser les problèmes. Et tance, « citoyenneté » par exem- discipline : elle ouvre les portes et prendre en compte la perspective ces deux écoles prétendant repren- ple. C’est pourquoi je suis gênée casse les barrières pour ouvrir le marxiste et le fait qu’on soit déter- dre la totalité du questionnement quand la philosophie est enseignée chemin à une pensée chamboulan- miné historiquement, si bien que philosophique, une telle préten- comme un savoir doctrinaire sans te. je n’ai pas du tout l’impression de tion conduit à transformer le pay- prise sur la réalité. Récemment, j’ai A la limite, le mot « philoso- m’inscrire dans un courant de sage en champ de bataille, voire en assisté à la projection d’un cours phe » n’a vraiment sa place que façon unilatéral. Il fut un temps où champ de ruines. Ainsi, en dépit de de Deleuze sur la mort chez Spino- sur une fiche de paye, un peu com- on était kantien, marxiste ou sar- toutes les rengaines sur un préten- za : voilà vraiment quelqu’un qui me technicien de surface, car notre trien, mais c’est terminé ! Kant et du « retour » de la philosophie, je nous parle, et pas un simple chapi- idéal, c’est que tout le monde soit Hegel, mais aussi Rousseau et Hei- ressens pour ma part une sorte de tre de manuel ! philosophe. A mes yeux, la philoso- degger ou encore Habermas, tous mauvaise conscience, une inquiétu- Tout est peut-être faussé par le phie, c’est donc cette générosité me donnent à penser. Impossible de fondamentale qui porte non système des concours et son effet née au fil des rencontres, et c’est de trancher. Je n’ai pas trouvé la plus sur ces grandes questions clas- de bachotage : en sortant de l’agré- pourquoi ceux qui amènent le plus philosophie qui solutionne tout ! » siques que sont la vérité, l’expérien- gation, j’avais l’impression d’être d’air frais sont aussi ceux qui pren- ce ou Dieu, mais sur le sens même un petit bout d’encyclopédie ambu- nent des chemins de traverse : il b « Un champ de ruines. » de la démarche philosophique. La lante. Aujourd’hui, rares sont les n’y a qu’à voir le souffle apporté – Sylvain Duforet, 26 ans, DEA figure du philosophe est toujours philosophes vivants qui ensei- par la psychanalyse, ou encore à Paris-I : là, mais on ne croit plus à la philo- gnent ce qu’ils ont à dire eux- l’œuvre de Walter Benjamin, incar- « La philosophie, pour moi, c’est sophie. » mêmes, et très peu de nation parfaite du touche-à-tout. les vacances de la vie, l’expérience Propos recueillis par contemporains sont étudiés à l’uni- A mille lieues du philosophe rangé, d’une temporalité de la pensée qui Jean Birnbaum X / LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Russie ou le pouvoir de l’ombre

tchev et Iakovlev et enfin Berezovski qui conduit à paratchik qui lui collait à la peau ». Iakovlev n’est Quand la Banque DE RASPOUTINE À POUTINE Poutine. Les anecdotes, puisées aux meilleures pas un véritable homme de l’ombre, plutôt un sta- Les hommes de l’ombre sources dans les archives ou dans des entretiens rets, cet homme d’Eglise, que Dostoïevski définis- de Vladimir Fedorovski. avec les protagonistes, s’enchaînent pour dresser sait ainsi : « Celui qui prend la volonté d’autrui Perrin-Le Mémorial de Caen, un tableau impressionniste qui amusera le néophy- entre ses mains et le guide vers la lumière. » Il n’a de France 206 p., 105 F (16,01¤). te et ouvrira quelques pistes au spécialiste. pourtant rien d’un enfant de chœur, reconnaît Vla- Pour s’en tenir aux quinze dernières années du dimir Fedorovski, qui ne cache pas sa sympathie ’assonance était trop évidente pour que XXe siècle qui ont vu l’effondrement du communis- pour lui. Pour détruire le régime totalitaire, il n’hé- Vladimir Fedorovski ne tentât pas de me, Vladimir Fedorovski reprend la thèse d’un sita pas à employer les mêmes méthodes que ses falsifiait ses bilans décliner la parenté entre Grigori Raspou- Beria « réformiste » sur ses vieux jours et en fait adversaires, en manipulant l’opinion intérieure et L tine, ce moine envoûteur de la tsarine et même un des précurseurs de la perestroïka gorba- étrangère, avec l’aide de ses amis dans l’intelligent- conseiller du tsar, et Vladimir Poutine, passé de la tchévienne. Beria n’en était pas moins un grand sia et dans les services. LE PAPE ET L’EMPEREUR, discrétion de services secrets à la lumière de la poli- criminel (tout comme Nikita Khrouchtchev, son Iakovlev était ainsi au courant de la préparation La Banque de France, la direction du Trésor et la politique tique. Deux hommes de l’ombre, parmi d’autres ennemi du bureau politique poststalinien, qui fini- du putsch d’août 1991 grâce à Boris Toumanov, monétaire de la France (1914-1928) qui marquèrent l’histoire de la Russie tsariste puis ra par l’emporter) mais trente ans avant Mikhaïl journaliste de l’agence Tass et néanmoins colonel de Bertrand Blancheton. communiste. A cette différence près que l’élection Gorbatchev, il avait compris que le système sovié- du KGB, bien connu des correspondants franco- Albin Michel, « Bibliothèque » à la présidence de Vladimir Poutine marque «le tique courait à sa ruine et que pour avoir une chan- phones de Moscou. Gorbatchev ne tint pas comp- 450 p., 150 F (22,87 ¤) triomphe de l’homme de l’ombre », même si Ras- ce de se maintenir au pouvoir il fallait « ouvrir les te des avertissements de Iakovlev. Il comptait poutine doit une partie de sa gloire au fait d’avoir portes et les fenêtres ». Poutine, aussi, a un point encore sur une réforme en douceur du système, e jeudi 9 avril 1925, éclate à Paris un énorme scandale. On décou- laissé un nom commun : la raspoutchina, mal ren- commun avec Beria : tous les deux « voulaient s’ap- un « socialisme à visage humain », alors que son vre que depuis plusieurs mois les bilans hebdomadaires de la Ban- due par le mot « raspoutinerie », censé indiquer puyer sur les services secrets (que Beria contrôlait à inspirateur avait déjà choisi la sortie radicale du que de France ont été falsifiés. La sanction ne tarde pas à tomber. l’influence des éminences grises sur les hommes la mort de Staline) pour faire avancer les réformes communisme. L’autre projet était celui du KGB, L Dès le lendemain, une tête va tomber, mais ce n’est pas celle du d’Etat. Parlera-t-on dans quelques années de pout- en Russie », écrit Vladimir Fedorovski. « allié au complexe militaro-industriel, visant à sau- gouverneur de l’institut d’émission. La victime est le gouvernement Her- china pour désigner un mode d’exercise du pou- Mikhaïl Gorbatchev a-t-il médité la réponse de ver le système totalitaire par une reprise nationaliste riot, renversé par un vote du Sénat. Cet épisode peu glorieux de notre his- voir, à la fois technocratique et policier, où tous Lavrenti Beria quand sa femme s’inquiétait des de l’appareil de production (groupe qu’on peut quali- toire monétaire a déjà fait couler beaucoup d’encre. Bernard Blancheton les moyens sont bons pour arriver à des fins sup- intrigues du bureau politique ? « A mon niveau, il fier de “modernisation autoritaire” », écrit Vladimir apporte quelques précisions utiles, tirées des archives de la Banque. posées éclairées ? n’y a que deux portes de sortie : l’une vers l’autre Fedorovski. Rappelons qu’à l’époque la Banque de France faisait directement des Historien, ancien diplomate soviétique qui fut monde et l’autre vers la prison en attendant l’autre Dans l’après-communisme, avec toutes les diffé- avances à l’Etat. Cette pratique datait de la première guerre mondiale. Ain- l’interprète de Brejnev pour la langue arabe, monde… », disait le terrible Géorgien. Aussi Gorba- rences par rapport à la phase de déliquescence, si le plafond des avances, qui était de quelque 4 milliards de francs à la ancien porte-parole du Mouvement pour les réfor- tchev s’efforça-t-il d’être le symbole de la réforme c’est à ce groupe qu’on peut rattacher Vladimir veille des hostilités, avait atteint en 1918 le chiffre déjà astronomique de mes démocratiques au moment du putsch d’août tout en restant le chef de la nomenklatura. Poutine. Et ce n’est certainement pas un hasard si 21 milliards, les gouvernants préférant recourir à la planche à billet, (et aus- 1991, Vladimir Fedorovski n’a pas son pareil pour C’est ce que lui reprochera son « homme de l’om- un des putschistes – amnistiés – de 1991, l’ancien si à l’emprunt) plutôt qu’à l’impôt pour financer l’effort de guerre. Rien rapporter légèrement des événements graves. Il bre », Alexandre Iakovlev, l’idéologue de la peres- chef du KGB Vladimir Krioutchkov, a de nouveau n’est plus difficile que de rompre avec de mauvaises habitudes. S’illusion- avait déjà peint à grands traits l’histoire de la Rus- troïka, qui dans les dernières années de l’URSS, cri- aujourd’hui ses entrées au Kremlin. nant sur ce que la France pourrait tirer des réparations allemandes, les gou- sie à travers le destin des tsarines. Il récidive avec tiqua de plus en plus ouvertement le chef du PC L’histoire de la fin de l’URSS et de la transition vernants continuent à dépenser sans compter et boucle leurs budgets en « les hommes de l’ombre », piqués au hasard du soviétique sans parvenir à s’en séparer. Il regret- russe reste à écrire. Témoin privilégié, Vladimir tirant sur la Banque de France. L’après-guerre est plus inflationniste que la dernier siècle, pour évoquer les tsars, Lénine der- tait que Mikhaïl Gorbatchev ne veuille pas « rom- Fedorovski, après avoir donné quelques appro- guerre. Loin de rembourser les avances comme il s’y était formellement rière la figure de Parvus, Staline et Beria, Gorba- pre avec le clan communiste et avec son passé d’ap- ches people de cette époque, nous la doit. engagé, l’Etat a continué à abuser de cette facilité. En 1924, le total des avances monte à 41 milliards de francs. Edouard Herriot, que le Cartel des gauches a porté au pouvoir en mai 1924, proclame, pour rassurer les épar- gnants et la communauté financière internationale, que ce chiffre ne sera POLITIQUE pas dépassé. Liberté, égalité, responsabilité La manipulation des comptes commence au printemps 1924. Il s’agit b par Thomas Ferenczi dans un premier temps, pour lutter contre les spéculateurs qui jouent le franc à la baisse, de « lisser les pointes », pour montrer au public qu’on a “calculs” politiques » et confiée aux experts plutôt deux tiers, afin de « politiser » explicitement l’insti- encore de la marge par rapport à la limite des 41 milliards. Le 2 octobre MISÈRE DE LA Ve RÉPUBLIQUE qu’aux élus. Un nouveau mode de régulation poli- tution. 1924, le plafond est pour la première fois secrètement franchi. L’ampleur de Bastien François. tique, porté par « l’alliance des hauts fonctionnaires Pour l’auteur, le parlementarisme apparaît de la falsification ne va faire alors qu’augmenter. Le 16 octobre, les chiffres Denoël, 180 p., 120 F (18,29 ¤). et des représentants socioprofessionnels », s’instal- comme la vérité de la démocratie. C’est un choix, sont faussés de 2 %. Le 6 novembre, le cap des 3 % est franchi. Le 18 décem- le : pour ces nouvelles élites, « le Parlement n’est qu’il défend avec d’excellents arguments. Du bre, le gouverneur Georges Robineau avertit le Conseil de la banque de UNE HISTOIRE D’AMOUR plus le lieu de la décision politique ». même coup, il écarte, sans les examiner, d’autres France que les écritures ont été falsifiées. Herriot en est informé. Il deman- Essai sur la République française C’est le président de la République qui gouver- hypothèses, comme celle du régime présidentiel, de que l’affaire reste confidentielle. Ce faisant, il se met dans la main de la de François Devoucoux du Buysson. ne, « à l’abri durable du Parlement ». Avec l’appari- qui organise l’indépendance mutuelle de l’exécutif Banque, qui exige, en contrepartie de son silence, que le gouvernement Ed. l’écart, 224 p., 99 F (15,09 ¤). tion de majorités disciplinées (le « fait majoritai- et du législatif, sans encourager nécessairement prenne des mesures de nature à ramener « la confiance en donnant pleine re »), puis le rôle croissant du Conseil constitu- « une mystique du chef », dénoncée à juste titre sécurité au capital » (sic). Cette phrase est tirée du compte-rendu d’un a République est en danger. Nombreux tionnel qui en est venu à juger le « contenu même par l’auteur. Mais il est vrai que le parlementaris- entretien des délégués du conseil avec le ministre des finances le 12 février sont ceux qui nous appellent à la sauver. de la loi » (sous le « masque du droit »), « l’assainis- me est plus conforme à la tradition républicaine 1925. Beauté des archives quand elles parlent ainsi, à cru ! Fin mars, Fran- Bastien François et François Devoucoux sement du parlementarisme, voulu par les consti- de la France et à la pratique politique de ses voi- çois de Wendel, l’un des régents de la Banque, écrit au conseil qu’il démis- L du Buysson sont de ceux-là. Le premier tuants » s’est transformé en « effacement chroni- sins européens. sionnera si le prochain bilan du 9 avril n’est pas conforme aux écritures, et est professeur de sciences politiques à Paris-I ; du que du Parlement ». La Constitution s’est révélée Le pamphlet de François Devoucoux du Buys- ne manquera pas de s’en expliquer devant l’opinion. Le 30 mars, les autres second on ne sait rien sinon qu’il a vingt-sept ans comme « une entreprise de soumission du parlemen- son ne manque pas d’allant, même s’il épingle un régents se solidarisent avec le maître des forges. La suite est connue. Chute et qu’il a participé en 1998 à une mission d’audit tarisme » au profit d’un président « politiquement peu légèrement le philosophe américain John de Herriot. Comme si c’était lui, le tricheur ! auprès de l’agence corse d’une grande banque irresponsable ». Ainsi s’est mis en place « un systè- Rawls et l’un de ses zélateurs français, Alain Minc, Peut-être Bertrand Blancheton ne s’étonne pas assez de ce résultat ! française. L’un et l’autre s’efforcent de définir le me profondément déséquilibré » où, sous couvert coupables de prétendre substituer le concept Peut-être faut-il comprendre que, le prestige de la Banque étant à l’époque trait principal de la République. Selon la célèbre de l’onction électorale, « le président de la Républi- d’équité à celui d’égalité, c’est-à-dire de défendre, encore très haut, l’auteur du crime ne pouvait être que celui à qui il profi- distinction de Montesquieu dans L’Esprit des lois, que gouverne sans avoir de comptes à rendre à per- sans le dire, les inégalités. L’auteur se réclame crâ- tait, à savoir le gouvernement qui avait besoin de l’argent de la Banque Bastien François s’intéresse plus à sa « nature », sonne ». nement de Saint-Just, l’homme de la Révolution pour faire ses fins de mois. Il est sûr que les régents ne cherchaient pas à c’est-à-dire à ses institutions, François Devoucoux Que faire ? Bastien François va jusqu’au bout de française, et de Rossel, l’homme de la Commune, soutenir le Cartel des gauches. Mais de là à ruiner le crédit de l’Institut du Buysson à son « principe », c’est-à-dire à son sa logique en proposant des mesures radicales. Il pour lancer un vibrant « manifeste » en faveur de d’émission ! Car le franc a immédiatement souffert de la révélation du pot esprit. Pour le premier, le maître mot est celui de faut, dit-il, « trancher le nœud gordien » en suppri- l’égalité, autrement dit de la République. aux roses. A partir du 9 avril, il commence sa descente aux enfers, ainsi que « responsabilité » ; pour le second, c’est celui mant l’élection du président de la République au « Le marché qui fonde la société libérale ne recon- le montre notre auteur avec force statistiques et mathématiques. Pouvait-il d’« égalité ». suffrage universel. Il faut cantonner le chef de naît pas le principe d’égalité », estime-t-il, alors que en être autrement ? Comment pouvait-on faire confiance au papier d’une Selon Bastien François, la Ve République est en l’Etat à ses « fonctions d’arbitrage » en l’empê- la République en fait son objectif. Voilà pourquoi banque qui faussait ses bilans ? Il semble ici que Blancheton enfonce une effet un régime « qui ne sait plus ce que chant de « s’immiscer dans le fonctionnement quoti- elle est « le plus dangereux des adversaires que le porte ouverte, mais qui, apparemment, n’avait été qu’entrouverte par les “responsabilité” veut dire », un régime qui a fait de dien du gouvernement ». Il faut faire du Parlement capitalisme a vu se dresser devant lui ». La Républi- historiens qui l’ont précédé sur ce terrain. Il faudra attendre l’arrivée au l’« irresponsabilité politique » sa règle. A l’origine, « un vrai lieu de confrontation politique » en suppri- que contre le capitalisme, tel est le nouveau credo. pouvoir de Raymond Poincaré en juillet 1926 pour mettre fin à la dégringo- dit-il, il y a le climat de guerre civile dans lequel est mant toutes les procédures qui le transforment en Ceux qui s’en réclament exècrent, entre autres, lade de la monnaie, et encore deux ans, la loi monétaire du 25 juin 1928 né le régime gaulliste, il y a une Constitution élabo- « pitoyable ectoplasme » et en remplaçant le Sénat comme l’auteur, l’Europe, l’ex-fondation Saint- pour stabiliser le franc, après l’avoir amputé des quatre cinquièmes de sa rée dans le secret et l’improvisation, il y a surtout par « une chambre élue au scrutin proportionnel Simon, les nationalistes corses, le libéralisme éco- valeur de 1914. La guerre et l’après-guerre sont enfin soldées. une idéologie, celle des « modernisateurs » qui par l’ensemble de la population ». Autre sugges- nomique ou « ces élites qui désespèrent le peuple Au-delà ce cet épisode haut en couleur, Blancheton défend la thèse que rêvent d’« une administration “scientifique” de tion : faire élire les membres du Conseil constitu- depuis trop longtemps ». Une polémique qui fait la Banque de France n’est jamais aussi autonome par rapport aux pouvoirs l’Etat », une administration « débarrassée des tionnel par les parlementaires, à une majorité des partie, aujourd’hui, de l’air du temps. publics que lorsque ceux-ci n’ont pas besoin de son aide, autrement dit quand les finances de l’Etat sont équilibrées et que son crédit est intact. Dans le cas contraire, il en va différemment. « A chaque fois que les pouvoirs publics manifestent des besoins financiers importants auprès de la Banque de SOCIETE France, écrit notre auteur, son autonomie est réduite puisqu’elle doit in fine Le risque est dans l’air céder aux exigences du pouvoir politique au risque bien entendu de compro- b par Paul Benkimoun mettre la stabilité monétaire. » On veut bien l’admettre, mais est-ce que la messe est dite pour autant ? me ». Le lecteur trouvera dans ce livre une descrip- ment de la santé publique, parce qu’il « a forcé les Si la Banque de France a été obligée in fine de céder à l’Etat, c’est parce L’AIR ET LA VILLE tion limpide de l’apport de l’épidémiologie (disci- responsables soumis à une pression médiatique et qu’elle a reçu de lui le privilège du monopole de l’émission monétaire, com- de William Dab et Isabelle Roussel. pline qui étudie l’homme en milieu réel et non associative sans précédent à reposer la question de me le rappelle utilement notre auteur – et cela ne s’est d’ailleurs pas fait en Hachette Littératures, 222 p., 120 F (18,29 ¤). expérimental), ne dissimulant ni son intérêt ni ses la prévention sanitaire autrement qu’en termes un jour, puisque seulement en 1848, l’Institut, créé par Napoléon en 1803, limites. médicaux ». Cette transformation a, selon eux, se voit octroyer ce privilège à l’échelon national. A son corps défendant, RISQUER SA PEAU Le champ embrassé par Claude Got est plus vas- fait sortir l’épidémiologie « de la clandestinité sans doute, Blancheton nous invite à imaginer une situation dans laquelle de Claude Got. te. Le médecin s’est fait connaître comme l’un des dans laquelle la médecine française l’avait mainte- la Banque aurait conquis ce monopole par ses seuls moyens, et où par con- Bayard, 380 p., 140 F (21,34 ¤). « cinq sages » de la santé publique, interpellant les nue. » A leurs yeux, la santé publique locale doit à séquent l’Etat n’aurait pu exiger d’elle aucune avance ni aucune falsifica- pouvoirs publics sur les sujets les plus brûlants : présent intégrer deux directions, « les problèmes tion. La face du XXe siècle en eût été changée. Le raisonnement vaut pour la eux livres paraissent à peu d’intervalle sécurité routière, alcoolisme, amiante. Méticu- sociaux urbains actuels et une approche plus qualita- Banque centrale européenne, supposée « indépendante ». Elle aussi tient l’un de l’autre qui témoignent de la fin leux, caustique, maîtrisant la communication tive de la santé », qui constituent des piliers de «la son privilège des Etats. Elle aussi, donc, devrait céder in fine, en cas d’urgen- du temps de l’insouciance. Face à la médiatique, véritable rouleau compresseur lors- ville durable ». ce, à des pressions gouvernementales, si l’on suit Blancheton. Irait-elle jus- D multiplication des problèmes de santé qu’il s’est emparé d’un thème. Au point que ses Claude Got, William Dab et Isabelle Roussel qu’à fausser ses bilans ? publique (pollution atmosphérique et du sol, adversaires, en particulier parmi les industriels, ont ceci en commun qu’ils s’inscrivent dans un Un mot encore : le titre, trompeur, utilise l’analogie utilisée par un ancien vaches folles, amiante…), le professeur Claude voient en lui un « ayatollah » de la santé publi- courant qui entend repenser les rapports entre gouverneur pour caractériser les relations Banque - Etat, « ces deux moitiés Got écrit, avec un sens aigu de l’euphémisme : que, ce que d’aucuns considéreront comme l’hom- décideurs, experts et citoyens dans une perspecti- de Dieu, le pape et l’empereur ». « L’idée que tout va bien et que nous résoudrons ces mage du vice à la vertu. Plaidoyer pour une péda- ve de renforcement de la démocratie. Dans le problèmes fait moins recette. » Pour leur part, gogie du risque, son livre alterne les chapitres exa- domaine de la pollution de l’air, William Dab et William Dab et Isabelle Roussel constatent que minant le risque sous toutes les coutures (de la Isabelle Roussel voient ainsi la possibilité de « la population ressent de plus en plus les altérations théorie jusqu’à l’implication des experts, de l’éco- mener, grâce à l’information du public, une vérita- brutales ou permanentes de la qualité de l’air ». nomie, des politiques ou des médias) et des nou- ble politique de prévention, qui fasse aussi de cha- Extrêmement fouillé, recensant l’ensemble des velles abordant les mêmes thèmes. Une construc- que citoyen un expert, en considérant l’opinion, données sur la pollution de l’air et évitant tout par- tion originale et un agrément supplémentaire sans dirigisme mais sans démagogie, comme une Les damnés ti pris « idéologique », le livre de William Dab et pour le lecteur de cette excellente somme sur le source d’expertise, « à condition que les médias ne Isabelle Roussel aborde un paradoxe : les efforts sujet. soient pas le seul lieu de débat public », à l’exemple de prévention accomplis depuis les années 1960 La préoccupation croissante à l’égard des ris- notamment de la conférence de citoyens sur les de la guerre n’ont pas empêché la pollution atmosphérique ques menaçant la santé publique a suscité la mon- organismes génétiquement modifiés de juin 1998. d’être encore responsable d’effets graves pour la tée d’une exigence démocratique. « Les citoyens Claude Got aborde, lui aussi, le débat à partir santé. Même si ses conséquences sur la mortalité sont mieux informés, plus exigeants, moins passifs du strict point de vue de la santé publique, sans restent faibles, elles n’en sont pas moins significati- vis-à-vis de l’autorité publique, écrivent William complaisance notamment lorsque les responsa- Un récit en 5 épisodes ves, ne serait-ce que par le nombre de personnes Dab et Isabelle Roussel. Ils n’attendent plus néces- bles politiques manquent à leurs obligations. qui y sont exposées. Saluant l’apport de la loi sur sairement des élus qu’ils décident à leur place, mais Appelant de ses vœux un renouvellement de l’in- de Bernard-Henri Lévy l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie de 1996, plutôt qu’ils utilisent des processus de concertation formation institutionnelle, il propose notamment Dab et Roussel signalent néanmoins les effets per- qui incluent l’ensemble des acteurs de la vie urbai- une « Agence pour le débat public sur les risques dans 0123 vers de la forte médiatisation des alertes industriel- ne. » Fort pertinemment, ces deux responsables pour la santé », qui « devrait assurer la collecte et la les, découlant des dispositions de la loi sur l’air : de l’Association pour la prévention de la pollution mise à la disposition de tous des positions publiques, elle « exerce un effet “loupe” qui peut faire croire atmosphérique identifient le sida comme l’origine politiques ou administratives, sur un facteur de ris- à partir du mardi 29 daté mercredi 30 mai qu’en dehors des alertes il n’existe aucun problè- de ce changement décisif, véritable bouleverse- que pour la santé ». essais LE MONDE / VENDREDI 25 MAI 2001 / XI b Les contrecoups du choc carcéral Deux sociologues se penchent sur l’univers méconnu des condamnés aux longues peines. Cri de colère d’Anne-Marie Marchetti contre une institution fondée sur le mensonge. Résumé, par Monique Seyler, des débats qui agitent le champ pénitentiaire depuis les années 1950

de la chercheuse de « revisiter les plus vite et dans de relatives bon- le champ pénitentaire en les repla- PERPÉTUITÉS tenants et les aboutissants du Mal ». nes conditions. çant dans une perspective histori- Le temps infini « ces hommes et ces femmes ont A l’inverse, la sociologue a ren- que. Il débute sur des articles des des longues peines non seulement à voir avec le Mal contré des détenus que la perspec- professionnels en exercice dans les d’Anne-Marie Marchetti. mais aussi avec la punition qui m’af- tive de la sortie terrorisait, tant ils années 1950, qui témoignent de Plon, « Terre humaine », 522 p., fecte le plus : l’enfermement, écrit- se sentaient désormais coupés de l’enthousiasme suscité par la réfor- 149 F (22,71 ¤). elle en introduction. De surcroît, il l’extérieur. L’un deux affirme : me pénitentiaire en 1944, qui avait va leur arriver, je le pressens, toutes « J’ai pleinement conscience qu’ici instauré le « régime progressif » LA PRISON IMMOBILE ces horreurs qui ont peuplé mes cau- je suis quelque chose, oh ! pas une reprenant le vieux principe de la Textes présentés chemars d’enfant et pas complète- lumière ! juste une petite luciole, et gradation des faveurs en fonction par Monique Seyler. ment déserté ceux de l’adulte que je que dehors, je ne serai rien. » de la conduite du détenu. Il se Desclée de Brouwer, 182 p., suis devenue. » Ainsi la sociologue L’auteur a ainsi constaté que, «à poursuit par les débats des années 115 F (17,53 ¤). livre, tout au long de « carnets de crime égal, les perpètes les plus frus- 1970 autour de la prison, suscités bord » qui rythment son ouvrage, tres obtiennent tendanciellement par la dégradation du climat dans oici un livre singulier, qui une clé à son intérêt pour les leur libération conditionnelle quel- les établissements – de 1970 à tient autant de l’analyse grands criminels, en confessant la ques années après leurs homologues 1974, l’institution carcérale fut sociologique que du blessure intime d’une ancienne plus aisés (…). Bref, ce sont sans dou- secouée par de violentes mutine- V voyage initiatique. Ensei- agression. te les détenus les plus défavorisés ries, qui se soldèrent par la mort gnante en sociologie à l’université La feuille de route est donc bien qui, après avoir été les plus pénali- de onze personnes. de Picardie, Anne-Marie Marchetti tracée : « Je voudrais savoir si mes sés et les plus carcéralisés, arrive- A l’époque, la question péniten- est une bonne connaisseuse de alter ego, soumis aux épreuves les ront le moins, une fois sortis, “à s’en tiaire agitait les intellectuels, l’univers pénitentiaire, qu’elle plus redoutables, parviendront à sortir” ». autour du Groupe d’information arpente depuis plusieurs années s’en sortir. » Pour ce faire, la socio- De cette « injustice », comme de sur les prisons (GIP), fondé par le pour le compte du CNRS – elle a logue a choisi de suivre pas à pas dizaines d’autres au sein de l’uni- philosophe Michel Foucault, le notamment publié une monogra- les parcours carcéraux des détenus vers carcéral, Anne-Marie Mar- directeur de la revue Esprit, Jean- phie sur les Pauvretés en prison (Tra- qu’elle a interviewés : la maison chetti tire une colère sourde, qui Marie Domenach, et l’historien jets, Erès, 1997). Avec Perpétuités, le d’arrêt, d’abord, où le détenu, transparaît tout au long de ses Pierre Vidal-Naquet. Paru en temps infini des longues peines,la incarcéré après son arrestation, va écrits. Colère contre le système 1971 et ici republié, le manifeste du chercheuse a toutefois quitté les connaître un premier choc carcé- pénitentiaire, cette institution GIP n’a rien perdu de son actualité rives de l’analyse distanciée pour ral dans des établissements vétus- basée sur « le mensonge » et «le en se donnant comme ambition se plonger, avec une vraie empa- tes et surpeuplés. C’est le temps double langage », qui affirme vou- d’informer au maximun sur les pri- thie, dans l’univers méconnu des du face-à-face avec l’angoisse, de loir « renforcer les liens familiaux » sons « une des régions cachées de condamnés aux très longues pei- l’incertitude d’avant le passage en en prison tout en continuant à notre système social, une des cases nes. Des milliers d’heures d’entre- cours d’assises, le temps des idées punir du mitard les détenus surpris noires de notre vie ». Mais les mem- tiens effectués en maisons cen- folles et des pulsions suicidaires. au parloir en train de faire l’amour. bres du GIP se dispersent, divisés trales avec vingt-sept détenus Mais la maison d’arrêt est un sas, Colère, surtout, contre la société entre les « radicaux », emmenés condamnés à la perpétuité, la un lieu de passage avant le vérita- qui ferait des condamnés à la perpé- par Michel Foucault – qui a publié sociologue a certes tiré un vibrant ble saut dans l’enfermement : l’ar- tuité des « boucs émissaires » de en 1975 Surveiller et punir. Nais- plaidoyer contre l’allongement rivée et l’installation en maison son incapacité à juguler la délin- sance de la prison –, et les « réfor- des peines en prison ; mais elle a, centrale, pour un séjour qui se quance et la criminalité. Et la socio- mistes », dont Jean-Marie Dome- aussi, mené une réflexion d’ordre compte en années. logue de plaider pour l’inversement nach, qui militent pour une force JANE EVELYN ATWOOD/VU personnel sur son attirance et sa Cette étape est une nouvelle de la tendance à l’allongement des de proposition critique par rapport fascination pour la question de la source d’angoisse, d’une autre progressivement au fil des années cours. Sans doute parce que cette peines, cette « mort blanche qui, à l’institution carcérale. réclusion. nature : comment vivre avec cette en y ajoutant leurs propres varia- expérience identitaire est unique, contrairement à la peine capitale de Les seconds l’ont depuis large- La sociologue l’affirme d’em- peine couperet – « perpétuité » –, tions. (…) Si du moins ils en ont le et échappe à la compréhension de jadis, est vécue dans un climat d’in- ment emporté, comme le démon- blée : « Dans cette enquête, mon iti- comment s’inventer un présent désir ou les moyens… » Là réside l’individu libre. Perpétuités est plus différence quasi générale ». tre le débat d’aujourd’hui sur la néraire est autant en jeu que celui dans cet horizon d’années ? La certainement un des intérêts de pertinent dès lors que la sociolo- A l’opposé de ce style passion- future loi pénitentiaire. En ce sens, des perpètes que j’ai rencontrés. » journée carcérale va scander cette Perpétuités : à cette problémati- gue évoque la fin de peine, le né, La prison immobile livre certai- le dernier texte publié – « Pour une Côté face, cette recherche a été recherche, rythmée par les ouver- que, chaque détenu apporte une temps espéré et redouté de la sor- nes clés de compréhension de la nouvelle intelligence de la peine » motivée par la volonté de com- tures de portes le matin, les repas, réponse personnelle, en fonction tie de prison. Anne-Marie Marchet- question pénitentiaire aujour- des magistrats Antoine Garapon prendre ce qui donnait du sens à les activités, le courrier, les visi- de son identité, son passé, et la gra- ti montre à quel point ceux qui d’hui, au travers de douze textes et Denis Salas –, illustre le courant une sanction comme la perpétuité, tes… « La gestion du temps évoque vité des faits qu’il a commis. auront su « bien » gérer leur pei- publiés par la revue Esprit depuis dominant sur la réflexion pénitenti- et comment les condamnés une partition faite de blanches et de Pour autant, l’ouvrage peine à ne – travailler au sein de la prison, la Libération. Présenté par Moni- aire, qui souhaite « restaurer le vivaient leur très longue peine. noires qui serait proposée à tous les nous faire toucher du doigt la sin- garder des contacts avec l’exté- que Seyler, sociologue, ce recueil détenu comme sujet de droit ». Côté pile, elle répondait au désir détenus mais qu’ils enrichiraient gularité de l’enfermement au long rieur –, ont des chances de sortir retrace les débats qui ont traversé Cécile Prieur

livraisons b SOCIOLOGIE DE LA PRISON, de Philippe Combessie Insurgé pour toujours Une synthèse fouillée des recherches sur la prison et ses fonc- tions sociales. L’auteur résume dans un petit livre dense com- ment « la prison s’est imposée en instrument privilégié de régula- Incarcéré depuis quatorze ans, l’ancien leader d’Action directe raconte le désespoir des compagnons tion et de traitement des troubles sociaux » depuis l’Antiquité. Après les politiques pénales, il décortique avec le tournant de côtoyés de centrale en centrale, dépeint l’horreur de la réclusion, et se refuse à toute repentance l’œuvre de Michel Foucault la prison comme objet d’une analy- se de la société qui l’organise (La Découverte, « Repères », couverture administrative et l’écœu- a changé de vie à seize ans en sage aussi poétique que protestatai- 120 p., 49 F [7,10 ¤]). JE HAIS LES MATINS rement indicible ». Les clapotis de lisant Malraux, le détenu qui re. De nos jours, les jeunes taguent b LE DROIT EN PRISON, d’Olivia Cligman, Laurence Gratiot, de Jean-Marc Rouillan. la serpillière dans la coursive, le découvre les larmes aux yeux un leurs surnoms ou celui de leur clan, Jean-Christophe Hanoteau Préface de Martin Winckler, détergent « actif sur le virus mot de Georges Cipriani, qui a stylisé à la manière d’une marque Un état rigoureux du droit en prison, rédigé par des avocats, un Denoël, 198 p., 99 F (15,09 ¤). HIV-1 » : « il n’en fallait pas plus sombré en prison dans la folie. Et de clopes ou de soupe en boîte ».Un droit largement méconnu parce que constitué d’un ensemble pour qu’un de ces jeunes déséquili- même le vieux con, « à l’époque, homme, en somme. de règles si nombreuses et si complexes que même les prati- ’était un livre sans grand brés que l’administration aime à nos cris muraux déclamaient un mes- Franck Johannès ciens s’y perdent. Les auteurs balaient tout le champ pénitenti- espoir. Jean-Marc Rouil- employer comme esclave pour aire, du prétoire au courrier, donnent les références des textes, lan le savait bien : après 480 francs pas mois pense à se l’in- les démarches à suivre et les adresses utiles. Un bréviaire techni- C quatorze ans de déten- jecter en guise d’AZT miracle ».La que, mais indispensable pour les détenus et les avocats, si tant tion, il a eu le temps de mesurer haine ensuite, contre les sur- est que le droit ait toute sa place en détention (, 342 p., l’illusion de raconter la prison. Il a veillants, l’administration péniten- 160 F, [23,17 ¤]). aussi renoncé, par orgueil, à parler tiaire, les juges, les injustices, les b LE CHOC CARCÉRAL, de Dominique Lhuilier de lui, par écœurement à parler humiliations. avec Aldonna Lemiszewska des autres, par lassitude même à Le malaise, que Rouillan ne fait Un livre de deux psychologues, pour sortir du discours miséra- choquer, et reste enfermé dans rien pour dissiper, vient d’ailleurs : biliste sur les détenus. Dominique Lhuilier est maître de confé- l’aigre statut d’ancien leader d’Ac- il se refuse avec hauteur à sortir rences à Paris-VII et suggère, au-delà des rapports parlementai- tion directe, où il s’obstine à tenir d’un personnage qui à l’évidence res sur les prisons, que les détenus sont partie prenante de leur son rang, avec un peu de mépris. lui va mal, et se cache tant bien que vie et qu’on ne changera pas l’institution carcérale sans eux Pour rien, mais il ne lui reste que mal derrière quelques chromos (Bayard, 308 p., 140 F [22,26 ¤]). ça. « J’écris pour ne pas crever, par héroïques. Jean-Marc Rouillan a b CARNETS DE PRISON, de Jean-Michel Boucheron peur de la mort lente et la gangrène été condamné avec Nathalie Méni- L’ancien maire socialiste d’Angoulême, après cinq ans de cava- amnésique qui pourrit toute une gon, Joëlle Aubron et Georges le en Argentine, est rentré se livrer en France et raconte les dou- génération. J’écris depuis le quartier Cipriani à la réclusion criminelle à ches et les parloirs, pendant ses dix-huit mois d’incarcération. d’isolement, lorsque mon propre perpétuité avec une peine de sûre- Jean-Michel Boucheron y a croisé des célébrités, de Bernard rythme devait être plus rigoureux té de dix-huit ans pour deux assas- Tapie à Maurice Papon. De la pampa à la Santé, la vie ordinaire que la torture blanche elle-même. » sinats, en 1985 et 1986. Il a choisi d’un maire taulard (Arlea, 198 p., 120 F, [18,24 ¤]). Il a écrit clandestinement, au de ne pas en parler et ne dit pres- b LA JUSTICE JUSQU’À L’ABSURDE, de Thomas Lemaire milieu d’une grève de la faim à la que rien de ses compagnons. Il se Thomas Lemaire, jeune avocat et premier secrétaire de la confé- centrale de Lannemezan et ter- refuse aussi à toute repentance, rence du stage, s’est jeté dans l’histoire de Michael Pardue, un miné au crayon, à l’hôpital de « je grillerai peut-être sur les jeune Américain de 17 ans, condamné trois fois à la perpétuité. Fresnes, à la fin de l’année der- bûchers contemporains, mais je n’ab- Après un quart de siècle de combat, il est reconnu innocent, grâ- nière. Ce n’est pas un beau livre, jurerai jamais », et c’est son droit, ce aux preuves réunies par Becky, qu’il a du coup épousée. Il « les auteurs des plus beaux textes d’ailleurs l’exercice est assez vain. n’est pas libéré pour autant : Michael a écopé d’une nouvelle de prison sont ceux qui y sont restés Il s’offre encore quelques passages perpétuité pour s’être évadé… (Fayard, 262 p., 120 F [17,38 ¤]). bien peu pour avoir le temps de la provocateurs, « je saurais encore b DIX-SEPT ANS DANS LE COULOIR DE LA MORT, connaître vraiment », mais une démonter et remonter un colt 45, les de Richard Michael Rossi, préface de Robert Badinter chronique amère de ces longues yeux bandés, et avec la même dexté- Richard Michael Rossi est l’un des 3 700 détenus condamnés à peines dont on ne voit jamais le rité qu’il vous faut [à l’avocat mort aux Etats-Unis. Toxicomane, il a tué en 1983 un receleur bout. Jean-Marc Rouillan ne s’at- général] pour expédier le dossier auquel il essayait de vendre une machine à écrire volée et a bles- tarde pas sur son sort, mais ra- d’un malheureux », et ça ne ter- sé une voisine. Entre les recours devant les juridictions de l’Ari- conte longuement le désespoir rorise personne. zona et celles du niveau fédéral, il attend son exécution, depuis des compagnons rencontrés de Mais il s’obstine à ressasser son 1983. « Il y a des ouvrages qui nous entraînent avec eux dans une centrale en centrale, dont il fait image du gars-à-qui-on-ne-la-fait- sorte de gouffre toujours plus profond, toujours plus noir », écrit des portraits souvent touchants. pas, du gros dur qui « ne pleure pas Robert Badinter (Fayard, 304 p., 125 F [18,10 ¤]). F. J. Avec la détention, pour unique un camarade tombé au combat », b LES PRISONS D’APOLLINAIRE, de Franck Balandier horizon. « J’ai beaucoup désappris. qui boit un coup avec le militant En septembre 1911, Guillaume Apollinaire est impliqué dans J’ai désappris la nuit. Il ne fait espagnol, le visage brûlé par le une sombre histoire de statuettes volées au Musée du Louvre. jamais nuit dans vos prisons. Nous soleil et la mitraillette sur la table. Il est incarcéré durant cinq jours à la santé. Franck Balandier, sommes toujours sous les projec- Jusqu’au grotesque : « Matrone Pro- qui est responsable de la prise en charge sanitaire des détenus teurs au halo orangé, comme sur les paganda, tu as banni tout esprit criti- sur le plan psychiatrique au ministère de la santé, relate l’af- autoroutes belges et les parkings de que de ce monde transformé en tem- faire, exhume des documents officiels, étudie les préper- supermarché. » ple agnostique du factice. » Il y a cussions de cet épisode sur l’œuvre du poète (L’Harmattan, Le pire, c’est le matin, l’odeur du pourtant un autre Rouillan, qu’on 162 p. 90 F ([13,72 ¤]). J.-L. D. désinfectant, « l’effleurement de la entr’aperçoit à peine : le gamin qui