Notice communale

1. Situation La commune est située à 4.5 km d’, à 9 km de Rouillac et à 14 km d’Angoulême. Elle fait partie du canton Val de Nouère.

2. Toponymie Même si l’apport de la toponymie a ses limites, il paraît intéressant de noter l’origine probable du nom des communes. Douzat pourrait dériver du latin Dotiacum, désignant le nom du domaine de Dotius, un riche propriétaire terrien de l’époque gallo-romaine. Dès la conquête de la Gaule achevée (Ier siècle), les Romains reprennent d’anciens riches domaines ruraux gaulois et créent des villas, vastes exploitations agricoles assurant la mise en valeur rationnelle des terres. Une grande quantité de chefs-lieux de paroisses, de hameaux et même de lieux-dits pourvus d’un toponyme issu d’une forme en iacum ou acum ont donné des noms avec les suffixes ac, ay ou é. La localité portait le nom de Dozacum au début du XIIe siècle. La commune prend le nom de Douzat en 1801, même si le cadastre napoléonien de 1828 indique Douzac. Le suffixe at actuel, constitue une variante du ac original, plus répandu.

3. Population

1793 : 445 habitants 1872 : 519 habitants 1921 : 366 habitants 2011 : 445 habitants

1800 : 433 habitants 1876: 495 habitants 1926 : 520 habitants 2017 : 483 habitants

1806 : 463 habitants 1881 : 478 habitants 1936 : 316 habitants

1821 : 471 habitants 1886 : 408 habitants 1968 : 322 habitants

1831 : 489 habitants 1901 : 402 habitants 1975 : 303 habitants

1841 : 542 habitants 1906 : 371 habitants 1999 : 344 habitants

1861 : 558 habitants 1911 : 380 habitants 2006 : 323 habitants

On constate une augmentation de la population à partir de 1841. La crise du phylloxéra entraîne ensuite une baisse de la population à partir de 1876. Cette crise démographique du milieu rural s’accentue au cours du XXe siècle. Mais une relance s’amorce à partir des années 1980, à cause du phénomène de rurbanisation (déploiement des fonctions urbaines dans l’espace rural, les citadins partent habiter les zones rurales tout en conservant leur emploi et leurs habitudes de citadins, construction de lotissements de maisons individuelles…) et la population est en hausse constante depuis le début du XXIe siècle.

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3. Superficie

La commune s’étend sur 1148 hectares.

4. Structure communale

L’habitat de la commune est réparti entre le bourg et quatre hameaux : l’Hôpiteau, le plus important dont le nom pourrait témoigner de la présence sur le territoire d’un couvent appartenant à l’ordre religieux et militaire des Hospitaliers au Moyen Âge (aucune source ne l’atteste) ; Chez Bouet le plus éloigné du bourg ; la Forêt qui doit son nom à l’ancienne forêt de Marange et l’Habit pourrait témoigner de la présence de terres appartenant au Prieuré d’Échallat (partagé avec les communes d’Échallat et Saint-Amant de Nouère). Certains hameaux qui existaient au XVIIIe ont disparu: Les Valleteaux, Chez Guilloux, le Marquisat et la Rue (rattachés au bourg). Le fief de la Vallade (non mentionné sur la carte de Cassini) a disparu. Il s’agissait d’un petit domaine rural avec logis, métairie et moulin qui appartenait aux seigneurs de Fontguyon. Le tout était en ruine à la fin du XVIIIe siècle.

Carte de Cassini - XVIIIe siècle

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Situation géographique

1. Paysage

Le bourg occupe une « situation agréable, au-dessus du vallon du ruisseau de Fontguyon ». La commune possède aussi des parcelles boisées : « elle est une des plus boisées du canton d’Hiersac ; elle renferme les restes importants de l’ancienne forêt de Marange ». L’ancienne forêt de Marange appartenait jusqu’à la fin du XIIe siècle aux comtes Taillefer et couvrait l’ensemble du territoire de cette commune ainsi que les communes d’Échallat, d’Asnières-sur-Nouère et de . Guillaume VI Taillefer, comte d’Angoulême, cède cette forêt à l’abbaye Notre-Dame de la Couronne en 1163. Elle aurait servi de frontière naturelle entre les provinces de l’Angoumois et de la Saintonge. En grande partie défrichée à partir du Moyen Âge, l’espace qu’elle occupait encore au XVIIIe siècle apparaît sur la carte de Cassini. Sa trace se retrouve dans la toponymie de certains hameaux ou lieux-dits comme la Forêt. Les paysages doucement vallonnés environnants et les espaces de combes ouvertes par l’agriculture (céréales et vignes) constituent un cadre de vie agréable pour les habitants de la commune. Le fossé au comte est présumé relier Vibrac à Montignac (sur 25 km) et passant par la commune de Douzat. Les sources varient pour expliquer l’origine du creusement de ce fossé. Corlieu (en 1576) attribuait ce travail aux Romains, l’abbé Michon (1875) aux comtes Taillefer d’Angoulême au IXe siècle pour se défendre contre les invasions vikings1. Ce fossé aurait pu avoir une fonction défensive et aurait été ponctué de forts. M. Lièvre en 1887 dans les mémoires de la Société archéologique et historique de la de 1887, écrit qu’il s’agissait en fait « d’un chemin servant de limite du comté d’Angoulême ». Dernière hypothèse, la tradition populaire relate aussi une légende : « le diable aurait voulu creuser un fossé pour détourner les eaux de la Charente. Dieu le lui permit à condition que le fossé soit achevé au chant du coq. Le diable se mit aussitôt à l’œuvre. Il travailla avec tant d’ardeur que le fossé fut creusé et presque entièrement déblayé. Il ne restait que quelques pelletées de terre, lorsque le coq chanta. Le diable ne put parvenir au but ».

Des sources évoquent ce fossé : le livre des fiefs des évêques d’Angoulême 2(chapitre consacré à la paroisse de Saint-Genis) parle de « fossata dicta comitis » en 1290 et un acte du XIVe siècle, cite « justa fossata domini Comite »3. La toponymie évoque aussi cette histoire : un lieu est nommé « la combe du Fossé » sur la commune de Douzat, situé à l’ouest de l’Hôpiteau. Il n’existe cependant aucune preuve archéologique de ce fossé au comte.

1 CORLIEU (F), Histoire de l’Angoumois. MICHON (J.H), Statistique monumentale de la Charente, 1844. Il écrit: “ Il n’est pas impossible de découvrir, dans la Marange, le fort dont parle Corlieu, bâti sur le bord du fossé au Comte. C’était sans doute, comme il le dit, un camp destiné aux soldats chargés de la garde du fossé. Malgré les nombreux défrichements faits dans la Marange, on voit plusieurs parties de ce retranchement. On le suit très bien à travers la forêt, dans les vignobles nouvellement plantés et au fond d’une combe appellée la Combe du Fossé, près de Douzat.” 2 Livre des fiefs (liber feodorum) de l'Angoumois, écrit de 1277 à 1299 en latin par l'évêque Guillaume IV de Blaye, réimprimé et préfacé par l'abbé Nanglard, membre de la Société archéologique et historique de la Charente, en 1905. 3 MAURIN (L), Moulidars, mille ans d’histoire, 1985

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2. Les cours d’eau

Le ruisseau de Fontguyon qui a créé une vallée assez escarpée, prend sa source à La Bergerie (commune de Saint-Cybardeaux). Il serait alimenté par quatre fontaines dont trois sur la commune de Saint-Amant de Nouère : la fontaine de Fontenelle ; la fontaine de Fontguyon à l’entrée du château ; celle se trouvant dans l’enclos du château de Fontguyon et la source de la Vallade (entre Nigronde et Douzat). Ce cours d’eau est un affluent de la rivière la Nouère. Il se jette dans celle-ci à La Vigerie (commune de Saint-Saturnin). Pour les linguistes, Fontguyon signifie la fontaine ou la source de Guy (Wido, Guido). Wid signifie bois ou forêt en langue celtique. Sur la carte de Cassini, il apparaît sous le nom de ruisseau du Fondion.

Près de la fontaine de Fontguyon (anciennement fontaine de Nigronde), des vestiges antiques ont été découverts au Passerelle sur le ruisseau le Fonguyon, en aval du pont XIXe siècle : bassins maçonnés, fragments de sols bétonnés situé route de la Vigerie et des tegulae4 (tuiles plates gallo-romaines). Il y aurait eu une villa gallo-romaine non loin. Ce ruisseau a créé une vallée assez escarpée.

I. Historique de la commune

1. Chronologie

Période de la Préhistoire Aucun vestige répertorié datant du Néolithique entre -8000 et -4000 av. JC Période protohistorique Âge du bronze/Âge du fer (-3500 à -1000 av. JC) : espace funéraire et nécropole ont été découverts au lieu- dit La Chebanne. Antiquité Près du village de la Forêt, des vestiges de constructions antiques ont été découverts (en 1862)5. Lors du creusement d’une carrière de sable en 1801, un petit sarcophage en pierre, de l’époque gallo- romaine et son couvercle ont été mis au jour, à proximité du bourg de Douzat. A l’intérieur de ce tombeau, une fiole en verre très allongée contenait un liquide rougeâtre. Le mobilier se composant également d’une statuette en terre cuite représentant le dieu Mercure, avec son caducée à ses pieds. Il faisait partie de la collection de Mgr de Fontguyon en 18446.

4 MICHON (J.H), Statistique monumentale de la Charente, 1844 5 MARTIN-BUCHEY (J), Géographie historique et communale de la Charente, 1914, 6 GAUGUIE (A), la Charente communale illustrée, 1865

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Le lieu-dit Montboulard occupe une butte dominant les vallées environnantes. En contre bas se trouve une fontaine appelée « fontaine de Burgos »7. Un sondage archéologique, mené en 1986, a permis d’y découvrir des éléments de l’époque gallo-romaine : une agrafe, des tegulae, des tessons de céramique noire issus d’un vase, des monnaies romaines et des murs d’une construction de la même époque. L’étude de l’agrafe a permis de convenir que ce site a été occupé entre les IVe et Ve siècles. Moyen Âge XIIe siècle : construction de l’église romane 1110 : l’église Notre-Dame est attribuée au chapitre de la cathédrale d’Angoulême. Celui-ci nomme le curé de la paroisse et s’il y a revenu de l’église, ils sont attribués au chapitre 1163 : une charte signée de Guillaume VI Taillefer atteste que le comte d’Angoulême cède la forêt de Marange à l’abbaye Notre-Dame de La Couronne, à l’exception des droits de pacages réservés à « leurs hommes de Villars et Moulidars »8  La guerre de Cent Ans (1337-1453) a causé d’importants dommages sur les églises Epoque moderne

1507 : l’existence de l’hôtel noble de La Vallade, fief du même nom, paroisse de Douzat est attesté. Cet édifice est en ruine à la fin du XVIIIe siècle

XVIe siècle : Guillaume De La Porte, écuyer, seigneur de Fontguyon, Vallade, Echallat, Douzat (décédé en 1540) construit le château de Fonguyon (situé sur la commune de Saint-Amant de Nouère). Il est, en 1500, procureur des Maréchaux du duché d’Angoulême à

 Les Guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) entraînent d’importants dommages sur l’église XVIIe siècle : reconstruction de la façade de l’église

1673 : un arpentage de la forêt de Marange nous apprend qu’elle est alors entrée dans le domaine royal, qu’elle occupe environ 970 hectares et que des chênes noirs y ont été recensés9

1789 : selon l’abbé Nanglard, dans son ouvrage le Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, la commune compte « 90 feux » correspondant à des cellules familiales plus ou moins élargies

 Révolution française Époque contemporaine

1801 : changement du nom de la commune Douzac en Douzat 1810 : la paroisse de Douzat est rattachée à celle d’Échallat  1833 : la loi Guizot oblige les communes de 500 habitants à posséder une école pour les garçons  1843 : ordonnance Royale obligeant les communes à éloigner les cimetières des lieux habités 1851-1856 : restauration de l’église Notre-Dame

7 VIGIER (G), Compte-rendu des sondages, Service régional de l’Archéologie du Poitou- 8 CASTAIGNE (E), Chronique latine de l’abbaye de La Couronne, 9 AUDOIN (A), Echallat, notre village, 2003

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1852 : achat d’une estrade pour l’école des garçons. Un arrêté est promulgué partageant l’espace du cimetière entre tombes protestantes et catholiques

1854 : installation de la clôture du cimetière avec deux portes pour les deux espaces

1867 : la commune ne possède pas de maison d’école et le conseil municipal vote la somme de 100 francs pour indemniser l’instituteur dont le logement sert de maison d’école (non situé dans le bourg).

 1867: la loi Duruy oblige les communes de 500 habitants à avoir une école de filles. 1870 : le projet d’un nouveau cimetière reste en suspens.

 Années 1870 : crise du Phylloxéra 1875 : achat d’une maison pour y installer l’école des filles

1876 : acquisition du droit de puisage par la commune dans un puits, situé au Marquisat (propriétaire M. Fleuranceau, habitant de l’Hôpiteau, se trouvant maintenant sur la voie publique par la suite de l’élargissement du chemin vicinal n° 2

1881 : travaux réalisés à l’église Notre-Dame

 1882 : loi Ferry porte obligation scolaire de 6 à 13 ans 1883 : le conseil municipal demande qu’une station du Petit Rouillac soit installée sur la commune de Douzat pour des raisons économiques : « les produits en fourrage, graines et céréales de toute nature sont abondants, l’élevage des bestiaux connaît une grande extension et les carrières de pierre et fours à chaux qui sont considérables pourraient bénéficier de débouchés ». « Cette ligne aurait encore l’avantage de desservir les carrières de plâtre de Moulidars qui sont très rapprochées »   1884 : loi communale obligeant chaque commune à se doter d’une mairie 1886 : achat d’un terrain appartenant à Mme Jamain, à la sortie de Douzat, par la municipalité pour y construire une mairie-école. Ce projet prévoit seulement une classe pour les garçons (30 élèves). Le premier devis, effectué par l’architecte Renaud, estime la construction à 19 200 francs

1887 : la commune emprunte 14 100 francs pour la construction de la mairie-école (coût total : 15 000 francs)

1889 : achat d’une horloge pour la mairie (1 200 francs) à l’horloger Amelin

1890 : l’inspection académique de la Charente informe le préfet que la construction de la mairie-école est conforme au devis de l’entrepreneur M. Pécout. Le coût final de cette construction est de 19 678 francs

1896 : la ligne reliant Rouillac à Angoulême est ouverte avec la création d’un arrêt à Douzat (l’Ardillère) pour desservir Échallat

1898 : vente d’une parcelle à la municipalité, au lieu-dit « la Grande Flûte » pour l’établissement du nouveau cimetière pour la somme de 459,35 francs. Les travaux de clôture du cimetière sont réalisés par les frères Moreau, entrepreneurs de . La surveillance des travaux est suivie par l’architecte Papon (Neuillac)

1899 : translation du cimetière à la Grande Flûte

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1901 : achat par la commune d’un puits pour les habitants de Douzat (la source ne précise ni le lieu ni la raison)  1905 : loi de séparation des églises et de l’État 1905 : les paroisses d’Échallat et Douzat sont annexées 1907 : la commune de Douzat accueille le curé Gaston Plumency venant d’Échallat

 1914-1918 : première guerre mondiale. 1914 : la commune accueille une famille de réfugiés belges de la première guerre mondiale (24 personnes).

1917 : fermeture de l’école des filles qui se trouve à l’emplacement de la Poste actuelle. La classe des filles rejoint la mairie-école.

Années 1920 : construction du monument aux morts commémoratif de la guerre 1914-1918 par l’entrepreneur Chauvin.

1923 : ouverture d’un bureau de Poste dans l’ancienne école des filles. Refonte de la cloche de l’église par l’entreprise de M. Bollée (fondeur de cloches à Orléans).

1934 – 1936 : travaux réalisés à l’église (réparation de la charpente, d’un mur de l’église …)

 1939-1945 Seconde Guerre mondiale

1951 : déclassement de la ligne du « Petit Rouillac »

1954 : le curé Paul Gondard d’Échallat, de Douzat et de Saint-Amant de Nouère fait construire une réplique de la grotte de Lourdes à l’Habit. Elle est le lieu d’un pèlerinage et d’une messe à l’Assomption.

1986 : sondage archéologique mené au lieu-dit Montboulard.

1995 : la statue de la vierge à l’enfant en bois datant du XVIIe siècle, située dans l’église Notre-Dame est inscrite au titre des objets sur la liste des monuments historiques.

2004 : le tympan représentant Saint-Pierre sur la façade de l’église Notre-Dame (datant de 1130-1140) est inscrit au titre des objets sur la liste des monuments historiques.

2. Évolution morphologique du bourg de Douzat

Le bourg est implanté en haut du vallon creusé par le cours d’eau le Fontguyon. Il est dominé par son église paroissiale autour de laquelle il s’est constitué. Dans le périmètre immédiat de l’église, le bâti est plus dense que dans le reste du bourg. Au-devant de la façade de l’église, une place plantée d’arbres a remplacé l’ancien cimetière, déplacé au nord du bourg en 1899. Le village semble s’être développé au sud de l’église sur une parcelle de forme ovoïde. On remarque beaucoup d’espaces vides (jardins). Des vestiges datant du Moyen Âge ont été recensés. À l’est de l’église, un bâtiment carré ayant la forme d’un pavillon a probablement été arasé. Il présente sur sa façade principale une croisée datant du XVe siècle. Seuls ont été conservés l’appui saillant mouluré et le linteau décoré aux extrémités par deux éléments sculptés dont un lion sur lequel on aperçoit les côtes - type de sculpture caractéristique du XVe siècle. Il pourrait s’agir des vestiges du « château » qui était installé non

7 loin de l’église paroissiale. L’abbé Michon en fait une description en 1844 dans son ouvrage Statistique monumentale de la Charente. Selon la tradition orale, des caves voûtées pouvant dater de l’époque médiévale se développeraient sous les maisons installées au sud de l’église.

Le bourg s’est développé au-delà de son espace primitif, de façon assez dense, à partir du XVIIIe siècle, au sud, à l’ouest et à l’est. Le bâti traditionnel présente des éléments d’architecture du XVIIIe siècle, période où le bourg devient viticole. Dans les petites rues, des portails, des maisons à balet et des habitations présentant des ouvertures avec arcs segmentaires et linteau délardé sont encore visibles (autant d’éléments caractéristiques du XVIIIe siècle). En comparant le cadastre napoléonien de 1828 et le cadastre actuel, il apparaît que la limite du bourg à l’est correspondait à l’actuelle Rue du lavoir. Des concentrations de bâtiments sont visibles autour de certaines rues du bourg (Rue du lavoir, Rue de la Poste, Rue de l’église).

Le bourg s’étend à partir de la seconde moitié du XIXe siècle le long de la rue principale, appelée Grand ’Rue, qui le traverse : des commerces et des écoles s’y installent puis la mairie-école en 1886 et le cimetière en 1899. Plus au sud du bourg existait deux hameaux : le Marquisat et les Valleteaux (tous les deux mentionnés sur la carte de Cassini, datant du XVIIIe siècle). Ils sont intégrés au bourg à la fin du XIXe siècle. Un logis dit du Marquisat présente des vestiges architecturaux des XVIe - XVIIIe siècles ainsi que de l’autre côté de la route, une habitation présentée comme une maison noble sur la carte de Cassini. Des zones pavillonnaires sont apparues et se développent encore au XXIe siècle, au nord et à l’est du bourg. Dans les années 1970, des silos de stockage de grains ont été installés à l’ouest du bourg et marquent fortement le paysage de ce côté-là. Le bourg a conservé son bâti traditionnel et connaît une rénovation ou réhabilitation de l’ancien habitat villageois.

II. Les activités économiques du XIXe siècle et leurs traces

1. Agriculture et viticulture

Si du XVIIIe siècle aux années 1870, la viticulture a été une ressource économique importante pour Douzat, l’élevage faisait aussi partie de l’économie de la commune. En 1865, Gauguié10 rapporte : “elle est également baignée par la Nouère, c’est-à-dire qu’on y trouve d’excellentes prairies”. Lors d’un conseil municipal de 186711 est noté que “la vallée des Rochettes possède des parcelles de près de grande valeur” (vallée bordant le ruisseau de Fontguyon, en direction de la Vigerie).

Après la crise du phylloxéra dans les années 1870, de nombreux viticulteurs se sont convertis à la culture des céréales et à l’élevage bovin.

Martin-Buchey en 1914-191712 précise les conséquences de la crise du phylloxéra à Douzat : “Cette population, qui en 1868 était de 553 habitants est tombée au dernier recensement à 380 habitants [1911].

10 GAUGUIE (A), La Charente communale, 1865 11 Registre des délibérations du conseil municipal de Douzat, 121 E-DEPOT 1D/3, archives départementales de la Charente 12 MARTIN-BUCHEY (J), la Géographie historique et communale de la Charente, 1914-1917

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C’est un nouvel exemple des pertes énormes occasionnées à notre pays par les ravages du phylloxéra. La vigne formait, en effet, sinon l’unique, du moins de beaucoup la principale culture de la commune et sa disparition devait amener la ruine de nombreuses familles. Depuis une quinzaine d’années, la reconstitution du vignoble s’opère peu à peu; mais à la suite des mauvaises récoltes, qui se succèdent depuis 4 ans, les propriétaires hésitent à faire de nouvelles plantations. La principale culture est celle des céréales, qui réussissent très bien dans les terrains secs et chauds, formant le sol de la commune.” Le vignoble de la commune se développe encore sur 65 hectares et sept viticulteurs sont recensés. Le vignoble de la commune est placé en Fins bois.

2. Laiterie

Dans les années 1880, la crise du phylloxéra provoque une mutation d’activité pour une partie des territoires spécialisés dans la viticulture qui se tournent dès lors vers la polyculture et l’élevage des vaches laitières.

Douzat possèdait dans le bourg une laiterie familiale. Audoin écrit dans son ouvrage Si le Hiersacais m’était conté qu’Albert Tallon gérait la laiterie fromagerie vers 1926, sous la marque « le Petit Martroux », puis le « Petit Vacher ». Il décède en 1936, son épouse continue son activité. La laiterie familiale est ensuite absorbée par la laiterie coopérative de Claix et cesse son activité vers 1950. 3. Production de tabac

Dans les années 1960-1970, de nombreux habitants se tournent vers la production de tabac. Cette activité a laissé des traces dans le bâti : les balets à foin installés au-dessus des toits à cochon étaient désormais utilisés pour faire sécher les feuilles de tabac. 4. Carrières

Des carrières de sable existaient en 1801, non loin du bourg de Douzat. L’emplacement exact n’a pu être déterminé. Lors de leur creusement, des vestiges archéologiques datant de l’époque gallo-romaine ont été découverts.

Des carrières de pierre ont été exploitées sur la commune de Douzat. Un seul site est encore connu actuellement, route d’Hiersac (D 385). Les carrières étaient exploitées dès le XIXe siècle en association avec des fours à chaux grasse. Un conseil municipal de 1883 mentionne que les fours à chaux et les Ancienne carrière de pierre carrières de pierre sont d’importance considérable et qu’une station de chemin de fer serait une bonne chose pour la commune, sur la ligne du « Petit Rouillac » permettant des débouchés à cette filière.

La chaux grasse et hydraulique était utilisée pour les vignes (traitement contre les maladies), le blanchissement des maisons et la fabrication des mortiers. 5. Moulins13

Douzat possédait autrefois un moulin à eau installé sur le ruisseau du Fontguyon, entre le château de Fontguyon et le bourg de Douzat (près de la rue actuelle du stade). Sur la carte de Cassini, il est représenté par une roue dentée. Le nom est orthographié « Fondion ». Il s’agit en fait du moulin de La Vallade, un moulin banal.

La Vallade est un petit domaine rural dont le logis est aujourd’hui détruit de même que le moulin. Seule la métairie a conservé l’usage du nom. Il était l’objet d’un fief associé à Douzat, Échallat, Fleurac, Fontguyon. Il a appartenu aux familles de Lisle, la Porte aux Loups, Polignac, Laisné, Gandillaud…L’ensemble est en

13 AILLOT (M), La Nouère, ses moulins et ses meuniers. Les moulins à vent autour de Rouillac, 2009

9 ruine à la fin du XVIIIe siècle et le cadastre napoléonien de 1828 mentionne le bief du moulin (canal créé par l’homme afin de permettre à la roue de recevoir une quantité d’eau suffisante et nécessaire à son bon fonctionnement) et un bâtiment. De nos jours, il n’en reste rien.

Un moulin à vent lui était associé, nommé Montaubin (plantier de Montaubin) ou de Fontguyon. Il se trouvait sur la commune de Saint-Amant de Nouère. En été, en période de basses eaux il suppléait au moulin à eau. Il a été construit en 1649, à la demande de Marguerite Laisné, dame de Fontguyon et veuve de messire Antoine Gandillaud. En 1676, il est mentionné comme un moulin à huile affermé pour sept ans et pour 10 livres par an et 18 pintes d’huile (à Noël) à Antoine Vinsonneau, laboureur à bras.

En 1699, Gabriel Gandillaud, seigneur de Fontguyon, fait un arrentement14 à Robert Chabot, du moulin à eau, avec pré et ouche, pour la somme de 60 livres. En 1725, Jacques et François Puignaud, laboureurs de Douzat viennent d’affermer le moulin de Marc-René Gandillaud chevalier, seigneur de Fontguyon, Douzat et la Vallade et ils en font établir un procès-verbal au vu de l’état de délabrement des lieux. Il possède « une roue sans aube, une meule fort vieille et ruinée avec un petit lien de fer pour éviter qu’elle s’achève étant cassée, et un rouet tout à fait démantibulé et tombé par terre ». Henry Gandillaud, seigneur du Chambon et de la Vallade afferme en 1740, pour 5 ans, ses deux moulins à Jean Délias, meunier pour 300 livres par an.

En 1770, les moulins de Douzat, un noir et un blanc, avec leurs deux roues à cassottes, sont affermés par Paul Hervé à Pierre Bécot, farinier, pour 3 ans. Ces moulins existaient encore en 1784.

Une chaudière à eau-de-vie avait remplacé le moulin à eau en 1838 et le moulin à vent a été détruit au cours du XIXe siècle.

14 Le rentier était considéré comme propriétaire du moulin tant qu’il était en mesure de payer la rente annuelle et perpétuelle, dite rente seconde. Si pour une raison quelconque, il ne pouvait plus payer, il se voyait contraint de partir et tout l’argent versé était perdu pour lui.

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III. Typologie des monuments et du bâti

1. Les principaux monuments

a. Découvertes archéologiques

Protohistoire (-3500 av JC et -1000 av JC)

Au lieu-dit La Chabanne a été recensé une nécropole datant de l’âge du bronze-âge du fer15.

Objets découverts lors du sondage archéologique à Montboulard, conservés à mairie de Douzat : tessons de céramique noire, une agrafe et des tegulae.

b. Edifices religieux

Église Notre-Dame de Douzat

Située dans l’ancien diocèse d’Angoulême, cette église a été mise en 1110 sous la tutelle, des chanoines de la cathédrale d’Angoulême. Ils nommaient ainsi le curé et les revenus de l’église leur étaient attribués.

15 Source : base Patriarche du Service régional de l’archéologie du Poitou-Charentes

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Historique

L’église a été construite au XIIe siècle. Comme bon nombre d’églises du territoire, l’édifice a dû subir les dommages de la guerre de Cent Ans (qui opposa Français et Anglais de 1337 à 1453) et des guerres de Religion (qui opposèrent catholiques et protestants pendant la seconde moitié du XVIe siècle). Lors des guerres de Religion, l’église perd ses voûtes, son clocher carré et sa façade. D’importantes reconstructions s’effectuent entre le XVIIe et le XVIIIe siècle puis de nombreuses restaurations sont menées au cours du XIXe siècle. L’église est ni inscrite ni classée au titre des monuments historiques. Cependant une statue représentant une vierge à l’enfant datant du XVIIe siècle ainsi qu’un tympan déposé dans une ancienne arcade de la façade du XIIe siècle représentant Saint-Pierre sont inscrits aux monuments historiques au titre des objets. Architecture

Cette église présente un plan très simple : un long vaisseau couvert en berceau se termine par une abside en hémicycle. Le plan d’origine était différent : la nef de trois travées était suivie par un faux carré supportant le clocher carré. Une abside en hémicycle, couverte en cul de four terminait l’édifice.

De l’église d’origine, il reste peu de chose. Le sol initial se trouve à 1m50 sous le sol actuel. Les voûtes se sont effondrées et les matériaux de démolition n’ont pas été enlevés. La base des colonnes est encore visible à un endroit précis car un sondage avait été réalisé.

La nef est aujourd’hui couverte d’une voûte en berceau en brique qui pourrait dater du XIXe siècle. Les colonnes engagées dans les murs gouttereaux témoignent d’un ancien voûtement. Au vu des vestiges encore visibles (trace d’un pendentif sur la première travée côté nord, d’un arc doubleau), Pierre Dubourg-Noves pense que cette église était couverte d’une file de quatre coupoles sur le modèle de celle de la cathédrale d’Angoulême16.

Sculpture

Deux chapiteaux de la nef sculptés d’enroulement de feuilles, de palmettes, de bourgeons et d’oiseaux pourraient dater de la fin de la première moitié du XIIe siècle (vers 1130-1140) et sont de la même veine que la sculpture de la cathédrale d’Angoulême (même épaisseur de sculpture et décor foisonnant).

Une statue en bois représentant une vierge à l’enfant du XVIIe siècle est installée dans une niche couverte d’un arc en plein cintre. Elle est inscrite aux monuments historiques, au titre des objets depuis 1995.

Extérieur

La façade du XIIe siècle était plus à l’ouest (d’1,80 m selon Pierre Dubourg- Noves, la première travée de la nef ayant été diminuée). La façade actuelle date du XVIIe siècle (1609). Elle est percée d’une porte et d’une fenêtre en

16 DUBOURG-NOVES (P), « Quelques réflexions sur les églises à coupoles des diocèses d’Angoulême et de Saintes », Bulletin de la société des antiquaires de l’ouest, 1980, tome XV.

12 plein cintre et elle s’achève par un clocher ouvrant par deux arcades sur la façade. L’église du XIIe siècle possédait probablement un clocher carré situé sur le faux-carré.

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L’édifice a subi des remaniements à partir du XVIIe siècle, comme l’attestent les éléments de remploi sur la façade. Un tympan orné d’un bas-relief représente Saint-Pierre.

Il tient les clefs du royaume des cieux et le livre saint. Son visage est abîmé. Il pourrait dater du 2e quart du XIIe siècle. Son style est dans la lignée des sculptures réalisées sur la façade de la cathédrale d’Angoulême.

L’œuvre est installée dans un tympan surmonté d’un arc en plein cintre, souligné d’entrelacs. La position agenouillée du personnage se justifie par rapport à la place dont disposait le sculpteur. Une vierge à l’enfant en ronde-bosse est placée dans une niche centrée sur la façade (probablement pas de la même époque que l’œuvre précédente).

L’église primitive devait posséder une façade à arcades aveugles surmontées d’un tympan décoré de bas-reliefs encadrant un portail. Cet élément sculpté a été inscrit aux monuments historiques au titre des objets en 2004.

Un autre tympan a été découvert dans la propriété qui se trouve au chevet de l’église, remployé dans le mur d’une grange datant du XIXe siècle. Il s’agit d’une représentation du Christ barbu. Sa main droite est tendue dans un geste de bénédiction et sa main gauche porte le livre. Sa tête est entourée du nimbe crucifère.

Ce Christ a des yeux particulièrement allongés. Christian Genbeistel17 pense qu’il pourrait s’agir d’un bas- relief datant du XIIe siècle, de la même veine que le Saint-Pierre.

Il avait peut-être les mêmes traits avant que son visage ne s’abîme. La configuration de la façade pourrait être la suivante: le Christ se trouvait à droite et saint Pierre à gauche selon la tradition de la représentation religieuse (le Christ donne les clefs à saint Pierre de la main droite).

Vestiges lapidaires dans le mur nord de l’église (propriété privée)

Insérés dans le mur gouttereau nord de l’église, se trouvent des modillons issus très certainement de l’ancienne façade de l’église. Ils représentent des visages, ont un décor de damier ou bien sont seulement épannelés.

17 Communication orale

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Ancien presbytère

Le bâtiment qui jouxte l’église Notre-Dame au nord pourrait avoir été le presbytère. Nanglard écrit que le presbytère a été vendu en 179518. Sa façade principale a été fortement transformée au cours du XXe siècle, dans un style XVe siècle. Avant sa transformation, la façade présentait selon la tradition orale les vestiges d’un arc à accolade.

c. Édifices militaires et civiles Logis dans le bourg

De nombreux écrits évoquent le château de Douzat. Le mot « château » est à prendre avec prudence ; il peut évoquer une maison noble ou un logis.

En 1844, l’abbé Michon19 le décrit : « petit castel du XVe siècle à deux pignons ornés de crosses végétales et terminés par un fleuron. Les écussons des anciens seigneurs (les Desroches connus sous le nom de Douzac selon Vigier de la Pile20) sont sculptés au-dessus d’une fenêtre. Les armes sont composées de trois coquilles de pèlerins ». Charles Daras écrit que le château a disparu depuis 1968. Pourtant, une demeure située à l’arrière de l’église présente un blason similaire à celui décrit par Charles Daras. Elle est composée d’un bâtiment carré, style pavillon qui a été arasé et prolongée par un long bâtiment d’un seul niveau. Sa façade principale est percée d’une croisée transformée par la suite mais qui a conservé son appui saillant et mouluré caractéristique des baies du XVe ou XVIe siècle. Le linteau de l’ancienne croisée est décoré, au centre, d’un blason représentant trois coquilles et entouré de deux éléments sculptés dont un lion présentant aux côtes apparentes (représentation caractéristique du XVe siècle).

Il s’agit peut-être des vestiges de cet ancien château dont la partie la plus ancienne remonte au XVe siècle. À cette époque, de nombreux petits logis sont édifiés dans le royaume de . En Charente, ceux-ci sont relativement modestes et construits sur un plan le plus souvent rectangulaire à un ou deux étages. Ils sont généralement coiffés d’une toiture en pignon. Une tour hors œuvre contenant l’escalier en vis dessert les étages. Bien que fortement remanié au cours des siècles et englobé dans des constructions plus tardives, ce logis s’inscrit dans cette typologie. Le cadastre napoléonien de 1828 mentionne une construction hors œuvre, sur la façade arrière qui a disparu aujourd’hui. Cette demeure est dénommée dans les actes du XVIIIe siècle « le Pavillon »21.

18 NANGLARD (J) l’abbé, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Tome II, p.254 19 MICHON (J.H), Statistique monumentale de la Charente, 1844 20 VIGIER DE LA PILE (F), Histoire de l’Angoumois, Paris, 1846 21 Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente, Collectif, éditions Bruno Sépulchre, 2008

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Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’ancien logis est transformé en une ferme à cour fermée, caractéristique des exploitations viticoles charentaises d’avant la crise du phylloxéra. Elle est fermée par un imposant portail daté de 1863 et présentant une inscription « Jarraud dit la vertu, en Angoulême ».

Un ancien bas-relief, représentant le Christ, provenant certainement de l’église Notre-Dame, a été intégré dans un des murs gouttereaux d’une des granges de la propriété.

Logis du Marquisat

Il est situé à la sortie sud du bourg de Douzat, auprès du ruisseau le Fontguyon. Cet ancien fief dépendait au Moyen Âge de la seigneurie de Fontguyon (Saint-Amant de Nouère). La carte de Cassini le mentionne. L’histoire du fief du Marquisat est peu documentée.

Il est difficile de donner le plan d’origine du logis qui a été modifié au fil des siècles.

Le cadastre napoléonien de 1828 présente les bâtiments principaux organisés selon un plan en U, autour d’une cour avec au nord, un ensemble de petites maisons, constituant peut-être des logements de métayer.

Aujourd’hui, le logis est un bâtiment rectangulaire se terminant par un pavillon de deux étages.

Certains éléments de construction datant du XVe au XVIIIe siècle sont encore visibles. Une bretèche sur corbeaux est encore installée sur la façade principale du logis, au-dessus d’une ouverture avec un arc en plein cintre (vraisemblablement à l’origine une porte). Beaucoup de logis en Charente possède des éléments défensifs qui ont été installés au cours des guerres de Religion.

Un pigeonnier est appuyé à droite du bâtiment rectangulaire. Cette tour carrée est surmontée d’un toit en tuiles plates et dominé par une rouette. En 178522, bien qu’en mauvais l’état, la toiture est déjà surmontée d’une girouette. Le pigeonnier, réservé aux terres nobles est le symbole du pouvoir seigneurial. Il est présent dans la plupart des logis. L’élevage des pigeons permettait un apport complémentaire en viande. La fiente, parfois appelée « colombine » était recueillie pour amender les terres agricoles. Le colombier pouvait être situé à l’écart de la demeure ou accolé à celle-ci.

22 Inventaire des lieux suite à la vente d’Élie Prévost de la propriété à François et Pierre Poitevin en 1785, archives privées

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Dans le sous-sol du logis se trouvent les traces d’un escalier et de plusieurs éléments de maçonnerie appartenant sans doute à l’ancienne demeure de l’époque médiévale.

Les seuls textes relatant l’histoire du logis et de ses propriétaires datent des XVIIe et XVIIIe siècles. En 1675, Pascal Guillaud et Marie Gautier font faire l’inventaire de la maison appelée le Marquisat, dépendant de la seigneurie de Fontguyon23. Le logis comprend deux chambres, un petit cabinet, un couloir et une cuisine. En 1724, Pascal Prévost (marchand et fermier) est nommé sieur du Marquisat dans de nombreux actes. En 1734, après son décès, son fils, François Prévost fait inventorier les biens conservés au Marquisat. Le logis est alors composé d’une chambre, un salon, une cuisine au rez-de-chaussée et de deux chambres à l’étage, avec un cabinet. Un dernier inventaire est mené en 1785, lorsque Élie Prévost vend la propriété à François et Pierre Poitevin, écuyers et seigneurs de Fontguyon24. A cette date, le domaine du Marquisat est composé d’un pavillon, une grange, de chais, une galerie, autres servitudes, un four, une cour…, un l’ensemble de prés, des jardins, des ouches, des terres, des vignes, des bois et autres dépendances de la propriété25. Il a aujourd’hui disparu.

Maison noble disparue de Valleteaux

La carte de Cassini mentionne une maison noble, sous le nom de Valleteaux, semble-t-il en face du Marquisat. Ce nom ne semble pas être resté dans la mémoire des habitants, contrairement au Marquisat. À cet emplacement, une maison pouvant dater du XVIIIe- XIXe siècle est encore visible.

La façade bien que ne présentant pas un ordonnancement rigoureux, possède en son centre une porte d’entrée remarquable par sa décoration soignée. Elle est encadrée de pilastres cannelés couronnés de chapiteaux ioniques, supportant un linteau orné d’oves, de rais de cœur, de feuillages, de fleurettes… Un four à pain se trouve à proximité. Porte d’entrée de la demeure remarquable par sa décoration soignée

d. Bâtiments publics

Les écoles

L’école des garçons avant la création de la mairie-école en 1886-1887

Une ancienne école de garçons a existé à Douzat. Elle se situait au nord du bourg, au carrefour des routes allant vers Saint-Amant de Nouère et Échallat. Le bâtiment a subsisté. Dans sa cour, la cloche qui sonnait les récréations est encore en place. L’histoire de cette école est mal documentée car les archives nous donnent que des éléments vagues.

23 La seigneurie de Fontguyon entre dans la famille Gandillaud en 1599 avec le mariage d’Antoine II Gandillaud (né en 1573) et de Marguerite de Laisné. Avant cette date ils sont déjà seigneurs de Fontfroide. Plusieurs membres de cette famille sont maires d’Angoulême (Antoine II est maire en 1623), lieutenant général ou président du Présidial d’Angoulême (Gabriel II). 24 Ils achètent le logis de Fontguyon en 1777 à la famille Gandillaud. Ils sont alors directeurs généraux des fonderies impériales autrichiennes (1764-1783), avant de devenir directeurs des fonderies royales françaises (1784-1790). 25 Inventaire des biens suite la vente de la propriété en 1785, archives privées

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En 1852, la commune achète une estrade pour l’école. Le conseil municipal, dans une délibération de 1867, dit ne pas posséder de maison d’école, mais indemnise l’instituteur (100 francs) pour fournir la maison d’école. La commune a construit une maison d’école pour les garçons seulement en 1886. Du début de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’en 1886, la classe des garçons semble avoir été installée dans la maison de l’instituteur.

L’école des filles

Dans une délibération de 1873, le conseil municipal signale qu’il doit louer un local appartenant au nommé Boiffier pour accueillir l’école des filles.

La commune achète finalement une maison en 1875 pour y installer l’école des filles. Cette maison est composée d’une chambre au 1er niveau, d’une cave, d’un grenier, d’une grange ou écurie et d’un jardin.

Des travaux sont exécutés dans cet immeuble, situé dans la Grand rue, d’après les plans de l’architecte Seguin (Angoulême). Les travaux destinés à créer une salle de cours et un logement pour l’institutrice sont estimés à 1500 francs.

Le bâtiment a une architecte sobre et sans ornementation. Son toit à longs pans et à croupe est couvert de tuiles mécaniques. Les filles ne rejoignent les garçons dans la mairie-école qu’en 1917. L’école est transformée en bureau de poste en 1923.

Mairie-école

Le bâtiment de l’actuelle mairie-école a été implanté à l’entrée sud du village de Douzat. Il abrite dès sa conception en 1886-1887 la mairie, l’école des garçons et le logement de l’instituteur. Ce type de construction mixte présentait un avantage économique mais aussi pratique : l’instituteur, logé sur place, faisait office de secrétaire de mairie dans la plupart des communes. Le projet de construction de la mairie- école remonte aux années 1880. Les terrains sont achetés à M. Jamain en 1887. Les travaux sont réalisés de 1887 à 1889 par l’entrepreneur Henri Pécout, selon les plans de l’architecte Renaud.

En 1886, les travaux sont estimés à 18 678 francs, la mairie emprunte 14 100 francs en 1887 pour les réaliser. Le bâtiment central de deux niveaux accueille la mairie et le logement de l’instituteur. À droite, une aile d’un niveau et surmontée d’un surcroît est construite pour accueillir la classe des garçons (30 élèves). À l’arrière, se trouve la cour avec le préau et les sanitaires. Dans le grenier, au-dessus de la salle de classe, le conseil municipal décide d’installer dès 1887 la salle de bibliothèque et les archives. Enfin en 1889, la municipalité achète une horloge pour l’installer dans la lucarne de toit, avec fronton triangulaire surmontant la façade. Le plan de la mairie-école s’appuie sur un modèle très répandu dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’architecture est très sobre et sans ornementation comme le règlement sur les

18 constructions scolaires le demandait. Indépendamment des écoles publiques, Melle Germaine Amiot va ouvrir à son domicile (impasse du lavoir) une pension pour jeunes filles, appelée « la Légende », après la guerre 1914-1918. Puis Mme Roux hérite de cette maison et en fait don à la ville d’Angoulême qui y installe un orphelinat, tenu par les Sœurs de la sagesse de Saint-Martial26.

Vue de la mairie actuelle

Carte postale ancienne datant du début du XXe siècle

Cimetières

Le cimetière était installé à l’ouest du bourg depuis au moins 1828. Il figure en effet sur le cadastre napoléonien réalisé à cette date. Au Moyen Âge, le cimetière se situait probablement le long du mur gouttereau nord de l’église. Il a sans doute été transféré au début du XIXe siècle - à l’ouest de l’église-, comme c’est le cas pour la plupart des cimetières. Depuis 1791, le cimetière est ouvert à tout citoyen quelque soit sa religion. Le décret impérial de 1804 indique que « chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier, et dans le cas où il n’y aurait qu’un cimetière, on partagera par des murs, haies ou fossés (…) et une entrée pour chaque culte ». En 1852, un arrêté municipal est promulgué afin de partager le cimetière entre le culte protestant et le culte catholique. La clôture du cimetière est réalisée en 1854 avec deux portes destinées à chaque culte.

Cadastre napoléonien de 1828. Archives départementales de la Charente. Droits réservés En 1870, un nouveau projet de cimetière est lancé mais il faut attendre 1897 pour que le conseil municipal achète une parcelle de terrain, située à la Grande Flûte, appartenant à Félicien Clément. Le cimetière est clôturé en 1898 et la translation a lieu en 1899. Le cimetière avait été installé à l’écart des habitations mais

26 L’hôpital de la Sagesse est dû à une initiative de Mgr Duverdier, évêque d’Angoulême en 1751. Les religieuses de la Sagesse ou Filles de la Charité furent appelées pour diriger cet hospice avec pour mission de se consacrer aux soins et à l’éducation des enfants abandonnés ainsi qu’à la visite des pauvres et prisonniers.

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à partir du XXe siècle, le bourg s’étant beaucoup développé de ce côté, des pavillons jouxtent maintenant le cimetière. Celui-ci est un lieu très minéral, dépourvu de traitement paysager. Il dispose d’un plan rectangulaire divisé par une allée centrale, le long de laquelle s’alignent les chapelles et les tombeaux familiaux. Un plan ancien du cimetière indique qu’il y avait deux allées transversales à l’allée centrale, moins visibles aujourd’hui ainsi qu’une croix hosannière installée au centre. Ce cimetière a été agrandi entre 1977 et 1978. Le patrimoine funéraire est de qualité. Les tombeaux de familles et les chapelles dominent le paysage.

Le cimetière compte trois belles chapelles familiales. Ces monuments disposent d’un autel intérieur et sont fermés généralement par une grille ou une porte en fer forgé. Les tombeaux de familles sont représentés en grand nombre dans ce cimetière. Ce type de construction apparaît généralement dans les années 1870. Leur construction correspond à la montée en puissance de la bourgeoisie qui s’appuie sur un fort sentiment familial. Les tombeaux sont le plus souvent de style néo- classique avec pilastres à chapiteaux, entablement, fronton triangulaire surmonté d’une croix. Le nom de la famille est inscrit sur le linteau. On remarque une décoration liée au vocabulaire religieux : la couronne funéraire, le chêne, la branche d’olivier, la pensée …

Monument aux morts de la première guerre mondiale

Dans un souci de visibilité, le monument commémoratif est implanté au-devant de la mairie-école, en 1921, au carrefour des routes de La Vigerie et d’Hiersac. Il adopte un plan classique largement répandu dans les communes de dimensions modestes : le socle, sur lequel figure le nom des soldats morts pendant la Grande Guerre, supporte un petit obélisque orné d’une couronne funéraire. Il est entouré de quatre obus, la chaine les réunissant ayant disparu. Sur le socle, le nom de l’entrepreneur est gravé : F. Chauvin.

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Ancien arrêt de l’Ardillère La mise en service de la ligne du chemin de fer du Petit Rouillac contribua à rompre l’isolement des communes rurales. Cette voie possédait une voie métrique, moins onéreuse que les lignes principales dans leur exécution comme dans leur exploitation. L’inauguration de la ligne Angoulême-Rouillac a eu lieu en 1889 et elle a été prolongée vers Matha en 1896. Le train marquait un arrêt à l’Ardillère, situé entre le hameau de l’Hôpiteau et la route de la Vigerie. Cet arrêt a été restauré par la commune de Douzat afin Ancien arrêt de l'Ardillère de conserver ce patrimoine bâti. A proximité, le train passait sur un pont qui est encore visible. La voie ferrée a été déclassée en 1951. Le tracé de la voie ferrée a aujourd’hui été repris par celui d’un chemin de randonnée appelée la Voie Verte reliant Hiersac à Rouillac. Celle-ci a été inaugurée en juin 2015. À terme, cette voie verte d’une longueur de 29 km reliera Rouillac à , , Fléac, Saint- Yrieix, où elle rejoindra la Coulée Verte initiée par la Grand Angoulême.

Pont sur lequel passait par le train

IV. L’habitat et les dépendances agricoles

a. Les habitations

La commune de Douzat présente une certaine unité architecturale caractérisée par une simplicité des volumes et par une sobriété du traitement des façades. La plupart des constructions de Douzat ont été élevées au cours des XVIIIe et XIXe siècles, témoignant de la prospérité de la commune à cette époque. Le bâti datant du XVIIIe siècle est important sur la commune. La maison charentaise Ce type de maison est généralement implanté perpendiculairement à la rue. Sa façade principale est presque toujours orientée au sud. Elle ouvre sur une cour fonctionnelle donnant accès aux dépendances. Son volume simple mais cossu est composé de deux niveaux surmontés d’un surcroît. La façade est ordonnancée, composée au moins de cinq travées. Les habitations les plus cossues présentent un décor soigné : porte d’entrée décorée, corniches, pilastres ou chaînes d’angle. La toiture à longs pans et à croupe est

21 couverte en tuile canal. Il s’agit de la catégorie d’habitat la plus représentée de l’ensemble de l’habitat de la commune. La ferme à cour fermée Ce type de ferme est caractéristique des exploitations viticoles charentaises d’avant la crise du phylloxéra. Il en existe une vingtaine implantée dans les hameaux (l’Hôpiteau, Chez Bouet), ainsi que dans le bourg de Douzat (5). Elles constituent des îlots entièrement clos, ouverts sur l’espace public par des porches ou portails. Autour de la cour, prennent place le bâtiment d’habitation et les dépendances agricoles : grange, chai, hangar, écurie… L’habitation est encadrée par les bâtiments d’exploitation définissant ainsi une grande cour. Suivant l’importance de l’exploitation, l’architecture de la maison s’apparente à une maison charentaise ou à une maison de maître27 mais d’autres types plus modestes existent également. Des bâtiments ont souvent été détruits au fil des ans, ouvrant au final un peu la cour vers l’extérieur. Un certain nombre de maisons modestes ont été identifiées derrière des porches ou portails imposants dans le bourg de Douzat. La façade principale ne respecte pas une symétrie parfaite et présente un décrochement. Ceci peut s’expliquer en partie par l’étroitesse du parcellaire, surtout Rue du lavoir et Rue de l’église.

Dans le hameau de l’Hôpiteau se trouvent deux fermes à cour fermée. La plus importante est édifiée au nord du hameau. Elle porte le nom de « Manoir des Anges ». L’imposant domaine qui figure sur le cadastre napoléonien de 1828 a été agrandi après cette date. La ferme est accessible par un porche. Un second existait. Il a été détruit comme beaucoup de bâtiments entourant la cour. L’habitation se compose de trois niveaux rythmés par huit travées.

La façade est recouverte de pierre de taille. La travée centrale est mise en valeur par le décor de la porte d’entrée. Celle-ci comporte un chambranle mouluré, elle est décorée au niveau de l’imposte par une sculpture représentant un visage et est surmontée d’un entablement supporté par deux consoles. La façade était surmontée par une lucarne de toit aujourd’hui disparue.

27 Une imposante demeure qui se distingue du reste du bâti par ses dimensions importantes et par la qualité de son traitement architectural et de son décor

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Carte postale ancienne

Porches et portails Les porches et portails font partie intégrante du patrimoine architectural de Douzat. Les portails constituent le plus souvent le symbole de la réussite sociale de leurs propriétaires : ces éléments de clôture utilitaire masquent au regard des passants le reste de la propriété et sont aussi chargés d’une valeur esthétique. En effet, ils présentent souvent un décor sculpté soigné et constituent la pièce maîtresse des propriétés viticoles. Les portails disposent souvent d’une large porte cochère avec un arc en anse de panier permettant le passage des voitures à chevaux et des charrettes, et d’une ou deux portes piétonnières souvent scandées de pilastres dessinant des lignes verticales. Leur date de construction est bien souvent gravée au sommet du portail. Parfois, les fermes sont accessibles par des porches caractérisés par un passage couvert débouchant sur la cour. Souvent, ce passage dispose d’accès latéraux permettant de communiquer avec les dépendances agricoles. La commune possède de nombreux portails intéressants, surmontés d’un arc ou composés seulement de deux piliers, parmi lesquels au moins un portail et un porche datant du XVIIIe siècle. Un premier portail se situe Rue de l’église. Ces ouvertures couvertes d’arcs en plein cintre possèdent des clés et sommiers saillants. Une date gravée « 1758 » sur la clef est entourée de monogrammes : AR et VR, qui sont peut-être les initiales du tailleur de pierre ou du propriétaire. A l’intérieur de la cour, une maison à balet est encore visible. Il existe un deuxième portail portant la date de 1809, situé au commencement de la Rue des ouches. Celui-ci est aujourd’hui muré.

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Le second portail est situé Rue des tournesols. Il pourrait également dater du XVIIIe siècle. Son porche est associé à une grange. La façade en moellons est couverte d’un enduit de chaux partiellement conservé. Sur la clef de la porte cochère du portail, un motif en forme de cœur (très répandu au XVIIIe siècle) est sculpté ainsi qu’un monogramme gravé : L1PC. Celle-ci est surmontée d’une décoration non définie, qui en fait son originalité. Une ouverture en arc segmentaire installée à côté du portail possède un linteau délardé. Ce type de baie est tout à fait caractéristique des constructions du XVIIIe siècle.

La majorité des portails ou porches ont été édifiés dans les trois premiers quarts du XIXe siècle, avant la crise du phylloxéra. Le décor est parfois très recherché : corniche à denticules, pilastres encadrant les portes, agrafes décorant la clef, chapiteaux ioniques… Les portails à piliers datent probablement de la seconde moitié du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.

Entablement d’un portail, Rue des ouches, bourg. Daté“1809” et monogrammes “Ld Md LAN” Bourg, Impasse du lavoir. Porche daté de 1845 et présentant l’inscription “LANDREAU”

Maison de bourg Ces habitations présentent un accès direct sur la rue. Le jardin, s’il existe, est situé à l’arrière. La façade présente une architecture soignée en pierre de taille ou moellons enduits, parfois ornée de corniches, entablement… Ces maisons sont souvent associées à un ancien commerce.

Bourg - ancien café

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Maison-grange Dans ce type de construction, l’habitation jouxte la grange située en prolongement de celle-ci. La porte d’accès est contigüe au porche desservant la grange. Trois maisons de cette catégorie ont été recensées sur la commune de Douzat dont une particulièrement remarquable. Elle se situe Rue des ouches. La façade de cette maison-grange est enduite et se compose de trois travées se développant sur deux niveaux et un surcroît. La porte d’entrée est encadrée d’un chambranle mouluré et surmontée d’un entablement avec une corniche à denticules, soutenu par deux pilastres décorés d’une agrafe.

Maison de métayer Ces habitations très modestes présentent une façade de deux travées, sur un ou deux niveaux. Cinq maisons appartenant à cette catégorie ont été recensées sur la commune. Deux d’entre elles, situées dans le bourg sont des constructions du XVIIIe siècle. La première se situe Grand’Rue. Elle présente en façade des baies à arcs segmentaires et linteau délardé. Elle est dans le prolongement d’un La seconde maison de métayer située dans le bourg, Grand’Rue, est associée à une autre habitation du même type. Cette modeste maison est composée d’une pièce unique et d’un grenier. Au rez-de-chaussée, une cheminée est ornée d’un motif en forme de cœur (très répandu au XVIIIe siècle). Elle est aussi associée à une ferme à cour fermée.

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Longère Le bourg compte seulement une longère. Ce type de maisons habitées par une famille d’exploitants agricoles se caractérise par un plan en longueur d’où le nom de longère : la pièce d’habitation et les pièces d’exploitation sont contigües et bâties selon un plan linéaire. La longère se situe impasse du lavoir. Sa façade présente des ouvertures en un arc segmentaire et linteau délardé, caractéristiques du XVIIIe siècle.

Façade principale de la longère dans le bourg, Impasse du lavoir

Maison à balet Deux maisons à balet ont été repérées sur la commune, une dans le bourg et une dans le hameau de l’Hôpiteau. Elles présentent un escalier extérieur en pierre couvert par un auvent, appelé balet. Le terme balet viendrait de l’occitan qui signifie un auvent ou une galerie. Ces modestes constructions rurales appartenaient à des artisans ou des métayers. Le logement se situait à l’étage. Au rez-de-chaussée était entreposé le matériel utile à l’activité professionnelle ou bien les quelques bêtes d’élevage. Maison à balet dans le bourg, Rue de l’église

La maison à balet de l’Hôpiteau pourrait dater du XVIIIe siècle. La porte sur le palier est en plein cintre, la fenêtre également avec un appui légèrement saillant. Un évier se trouve encore sur le palier. Au-dessus de la porte a été aménagé un petit pigeonnier : deux niches en forme d’arche juxtaposée et un rebord en pierre dit pierre d’envol. La maison est associée à une ferme à cour fermée.

Maison à balet de l'Hôpiteau

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Maison de maître

Cette imposante demeure se distingue du reste du bâti par ses dimensions importantes et par la qualité de son traitement architectural et de son décor. Ces maisons de notable peuvent être aussi bien isolées que faire partie d’un ensemble à cour fermée. La façade principale est généralement en pierre de taille mais peut aussi être seulement enduite. Elle comporte de nombreux détails architectoniques classiques (escalier, pilastres, bandeau, corniches…). La couverture à quatre pans est en ardoise ou en tuiles canal.

Deux maisons appartenant à cette catégorie ont été repérées. Elles se trouvent toutes deux à l’Hôpiteau. La façade de la première se déploie sur trois niveaux. Elle est rythmée par cinq travées. Au-devant, sous une terrasse, un niveau d’arcades correspond à l’emplacement d’un ancien chai. Un jardin d’agrément dégage l’espace devant la maison et permet de mettre en valeur la façade principale. La cour de ferme est reléguée côté façade arrière, au décor moins soigné. La façade principale de la seconde maison est en pierre de taille. Elle se divise en trois travées réparties sur trois niveaux couverts d’un toit à longs pans en ardoise. Les maisons présentant une toiture en ardoise datent souvent de la seconde moitié du XIXe siècle. Les ardoises venant des carrières de l’Anjou étaient acheminées grâce au développement du chemin de fer. Les quatre côtés de la maison ont le même traitement, peut-être parce qu’ils sont visibles de l’extérieur. Il s’agissait là d’une volonté ostentatoire.

b. Les dépendances agricoles

La commune possède aussi un ensemble intéressant de bâtiments agricoles qui nous permet de mieux comprendre les modalités de l’exploitation de la vigne au XIXe siècle. Cette activité ayant dominé jusqu’à la crise du phylloxéra. Les fermes s’étant reconverties ensuite dans la polyculture, le bâti a évolué et souvent les bâtiments ont été remaniés ou reconstruits au fur et à mesure des destructions ou ajoutés en fonction des besoins. Il existe différents types de bâtiments agricoles :

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La grange

Dans ce type de bâtiment rectangulaire, l’un des murs gouttereaux est percé d’au moins une grande porte cochère. La grange est parfois isolée ou située dans le prolongement de la maison ou des autres dépendances. La façade peut comporter une porte cochère centrale encadrée de deux portes d’étable ou une porte cochère et une porte d’étable latérale. La grange-étable est l’élément essentiel des bâtiments agricoles. Elle héberge le troupeau, le fourrage, le matériel de transport et sert aussi d’aire de battage.

La commune possède un exemple de grange dont la façade est sur le mur pignon. Ce mode de construction permet de créer un vaste espace central dédié au stockage des récoltes et du matériel agricole.

Les années 1850-1870 sont une période faste pour l’édification de fermes viticoles. Après cette date, la crise du phylloxéra met un frein à la construction des domaines viticoles. Les chantiers en cours sont parfois stoppés, faute de moyens financiers suffisants. Les pierres d’attente en bordure de façade témoignent Grange située dans le quartier Saint-Martin, à l’Hôpiteau. d’une interruption de la construction comme Elle présente des pierres d’attente sur le côté gauche c’est le cas sur la grange située quartier Saint- Martin à l’Hôpiteau.

Bourg, Rue de l’église Les toits à cochons

Ces petits bâtiments bas et de plan allongé sont destinés aux porcs. Ils sont localement appelés « toits à cochons ». La façade est percée de portes permettant l’accès aux animaux et de petites baies d’aération.

Certains toits à cochons sont surmontés d’un séchoir ouvert sur plusieurs côtés, servant à stocker le bois ou le foin. Cet espace peut avoir aussi servi de séchoir à tabac.

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Les boxes à chevaux

V. Patrimoine vernaculaire

Les signes d’une vie quotidienne révolue sont encore apparents dans le patrimoine bâti des communes rurales. Les puits, les buanderies, les fours à pain, les fontaines, les pierres d’évier, les pigeonniers, les pierres à chevaux sont les vestiges d’une utilisation passée.

Les lavoirs

Créés à l’initiative des communes, les lavoirs collectifs se sont généralisés au XIXe siècle et leur construction a perduré jusque dans la première moitié du XXe siècle.

Bâtis près d’un point d’eau (source ou rivière), à proximité du bourg pour limiter le trajet des lavandières, ils n’étaient cependant pas implantés dans le cœur des bourgs afin d’éviter la pollution de l’eau potable par la lessive. L’adduction d’eau puis l’installation de la Lavoir de l'Hôpiteau machine à laver dans les foyers, à partir des années 1960, a entraîné l’abandon des lavoirs.

Deux lavoirs ont été aménagés sur le ruisseau Le Fontguyon : dans le bourg, Impasse du lavoir et à l’Hôpiteau.

Ils ne sont pas couverts. Ils sont en bon état de conservation. Nous ignorons la date de leur aménagement, mais on peut supposer qu’ils ont été construits à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle.

Lavoir du bourg

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Les puits

Il existe quelques puits visibles depuis le domaine public. Beaucoup d’autres puits se situent à l’intérieur des propriétés et n’ont donc pas été inventoriés. La municipalité a installé au moins deux puits communaux (dans le Bourg et à l’Hôpiteau). Avant l’arrivée de l’eau courante dans les foyers, les puits étaient les seuls points d’approvisionnement en eau. Il existait des puits privés, communaux et d’autres communs à plusieurs familles. Les puits, dans leur forme la plus simple, sont de plan circulaire et disposent d’une margelle en pierre monolithe ou appareillée. Au-dessus se trouve le mécanisme permettant de remonter l’eau à la surface : poulie ou treuil à manivelle. Ils sont Puits de Saint-Martin - l'Hôpiteau généralement couverts pour conserver la fraîcheur et la propreté de l’eau, mais aussi pour éviter les chutes accidentelles

Les cages à chanterelle

On retrouve des cages à chanterelle sur les façades des maisons. La partie visible de l’extérieur de cet aménagement est une grosse pierre de taille carrée avec en son milieu une ou plusieurs fentes verticales.

Ces ouvertures mènent à une cage installée dans le grenier. La chanterelle est un oiseau femelle, dont le chant appelle les mâles de son espèce.

Dans notre région, la chanterelle était exclusivement une perdrix, gibier très prisé autrefois. Les propriétaires des maisons plaçaient une perdrix qui attirait par ses cris les mâles que l’on pouvait capturer facilement28. La commune compte une chanterelle originale puisqu’elle a été installée sur la façade latérale d’un portail, dans le hameau Chez Bouet.

28 CRAVALLEE (A) « Oiseaux et bâti traditionnel », Le Picton, n°192, novembre décembre 2008

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Conclusion

Le bourg de Douzat est bâti au-dessus de la vallée du Fontguyon et a su conserver un habitat homogène et bien restauré par ses habitants, ce qui en fait un village agréable.

La commune présente des vestiges médiévaux liés aux anciens logis (au moins deux). Elle concentre un important habitat du XVIIIe siècle dans le bourg et au hameau de l’Hôpiteau (longère, maison de métayer, portails et maison à balet), ce qui semblerait démontrer que Douzat a connu une activité viticole précoce. Le XIXe siècle est une époque prospère pour la commune. Les propriétaires ont alors choisi de remplacer le bâti ancien ou de réutiliser les anciens domaines seigneuriaux pour y développer de vastes propriétés témoignant de leur réussite économique.

La commune compte de nombreuses propriétés viticoles caractéristiques de la première moitié du XIXe siècle. De nombreux portails ou porches bordent les rues du village. Dans les années 1880, la crise du Bourg phylloxéra a provoqué une mutation de l’activité de la commune et a entraîné une diminution de la population.

L’histoire de la commune est liée à l’histoire du château de Fontguyon, se trouvant sur la commune limitrophe Saint-Amant de Nouère.

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