Notice communale ECHALLAT

1. Situation

La commune est située à 6 km de Rouillac et à 18 km d’Angoulême. Elle fait partie du canton Val de Nouère.

2. Toponymie

Même si l’apport de la toponymie a ses limites, il paraît intéressant de noter l’origine probable du nom des communes. On hésite quant à son origine toponymique. Son nom pourrait dériver du latin scalatus, désignant un enclos romain formé de branches disposées en forme d’échelle (scala). On peut lier le nom du lieu aux échallas, pieux de chêne ou de châtaignier servant à soutenir la vigne. Cela fait peut-être référence à la culture de la vigne qui a été développée dans nos contrées par les romains au IIIe siècle. Les Romains introduisirent la culture de la vigne et les Gaulois leur firent connaître le tonneau. Ils contribuèrent chacun à leur manière, à la naissance de la viticulture, qui fait la richesse de cette partie de la . On retrouve aussi dans les textes médiévaux, l’écriture «Eschallatum» et au XIXe siècle «Eschallat».

3. Population

1793 : 1036 habitants 1872 : 872 habitants 1921 : 535 habitants 2006 : 431 habitants

1800 : 1046 habitants 1876: 822 habitants 1926 : 520 habitants 2011 : 494 habitants

1806 : 1043 habitants 1881 : 768 habitants 1931 : 516 habitants 2017 : 503 habitants

1821 : 1059 habitants 1886 : 679 habitants 1968 : 402 habitants

1831 : 816 habitants 1901 : 600 habitants 1975 : 400 habitants

1841 : 843 habitants 1906 : 575habitants 1990 : 426 habitants

1861 : 865 habitants 1911 : 567 habitants 1999 : 423 habitants

4. Superficie

La commune s’étend sur 1517 hectares.

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5. Structure communale

Échallat a la particularité d’être une commune très étendue. Son habitat est réparti entre le bourg et une douzaine de villages, qui sont souvent partagés avec une autre commune : La Croizette, Le Fessou, Le Maine Bois, Etandeuil, Sainte-Catherine (partagée avec Saint-Cybardeaux), Puybollier et Fontenelle (partagés avec Saint-Amant de Nouère), l’Habit (partagé avec et Saint-Amant de Nouère), Villars (partagé avec Mérignac), Puy-Saint-Jean (partagé avec Fleurac et Mérignac), les Rigauds (partagés avec Fleurac et Vaux-Rouillac) et les Brandes (partagé avec Vaux Rouillac). La majorité de ces hameaux existaient au XVIIIe siècle. Leur nom se retrouve plus ou moins avec la même écriture. Les deux hameaux les plus importants sont l’Habit et Sainte-Catherine. La commune était traversée par l’ancienne Route de poste, reliant Paris à Bordeaux jusqu’en 1763-1772, comme le mentionne la carte de Cassini.

e Carte de Cassini XVIII siècle

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Situation géographique Paysage

Le bourg est implanté sur une petite colline et se prolonge dans la petite vallée créée par le ruisseau La Sagne. La commune d’Échallat occupe un vaste plateau, recoupé de petites vallées, au sol sec et pierreux convenant parfaitement à la vigne.

Elle possède aussi des parcelles boisées. Elles sont les dernières traces de l’ancienne forêt de Marange, qui appartenait jusqu’à la fin du XIIe siècle aux comtes Taillefer et couvrait l’ensemble du territoire de cette commune ainsi que les communes de Douzat, d’Asnières et de . Guillaume VI Taillefer, comte d’Angoulême, cède cette forêt à l’abbaye Notre-Dame de La Couronne en 1163. Elle aurait servi aussi de frontière naturelle entre les provinces de l’Angoumois et la Saintonge (de même que la rivière La Guirlande). En grande partie défrichée à partir du Moyen Âge, on identifie l’espace qu’elle occupait encore au XVIIIe siècle (cf. carte de Cassini) et on retrouve sa trace dans la toponymie de certains lieux-dits : Bois- Martin, Bois-Clair, Maine-Bois…

Une grande partie de la commune est classée en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique et Faunistique et Floristique de type 1 (la plaine d’Échallat), ce qui signifie qu’elle abrite des espèces de grande valeur écologique, dont douze espèces d’oiseaux présentant un fort intérêt patrimonial au niveau régional.

Les cours d’eau

Au fond d’un vallon à Vaux-Rouillac, la Guirlande prend sa source. Le nom de ce cours d’eau serait la déformation « d’Aiguerende » qui se compose du mot -aigues, signifiant les eaux, et -rende, qui indiquerait la frontière ou la séparation. Elle a d’ailleurs toujours cette fonction de frontière car elle sépare Fleurac et Vaux-Rouillac d’Échallat. Elle coule au pied du village des Rigauds, dont le nom vient peut-être de rigoles, petits ravins, entourant le village qui déversent leurs eaux vers la rivière La Guirlande.

La Sèche est un petit ruisseau intermittent, qu’on ne voit qu’en hiver après de fortes pluies, ce qui lui doit son nom. Il traverse la commune du nord-ouest au sud-est pour se jeter dans le ruisseau le Fontguyon, sur la commune de Douzat. Son vrai nom serait « la Sagne » ce qui veut dire sang. Selon André Audoin, il fut baptisé ainsi à la suite des guerres de Religion1.

Altitude Minimum : 50 m Minimum : 134 m (à Sainte-Catherine)

1 AUDOIN (A), Echallat notre village, Echallat, 2003, p 5

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I. Historique de la commune

Chronologie

Période de la préhistoire

Durant le Néolithique entre -8000 et -4000 av. JC : atelier de taille de pierre au lieu-dit La Frérie (selon la base Patriarche du Service régional de l’archéologie du Poitou-)

Période protohistorique : Âge du bronze/Âge du fer (-3500 à -1000 av. JC) : enclos au lieu-dit Bois Martin (selon la base Patriarche du SRA Poitou-Charentes)

Antiquité

Aucune trace répertoriée datant de l’époque gallo-romaine

Moyen Âge

Un souterrain dans le bourg (non situé) pourrait dater du Haut Moyen Âge, selon la base Patriarche du SRA Poitou-Charentes Un silo et un souterrain au hameau Puy-Saint-Jean (non situés) pourraient dater du Moyen Âge, selon la base Patriarche du SRA Poitou-Charentes

Fin XIe- début XIIe siècle : fondation du prieuré Saint-Maurice d’Échallat

Début du XIIe siècle : Lambert fonde l’abbaye Notre-Dame de La Couronne

1160 : le prieuré Saint-Maurice d’Échallat est donné à l’abbaye de La Couronne par l’évêque d’Angoulême Pierre Laumond

1163 : une charte signée de Guillaume VI Taillefer atteste que le comte d’Angoulême cède la forêt de Marange à l’abbaye de La Couronne, à l’exception des droits de pacages réservés à « leurs hommes de Villars et de Moulidars »2

Fin du XIIe siècle : fondation du prieuré de Sainte-Catherine (côté commune de Saint-Cybardeaux), dépendant de l’abbaye de Bournet (commune de )

Entre 1245 et 1400 : la famille de Lisle, seigneur de Fonguyon (commune de Saint-Amant de Nouère) exercent leur pouvoir sur la paroisse Échallat

 La guerre de Cent Ans (1337-1453) a causé d’importants dommages sur les églises

XVe siècle : le chœur de l’église Saint-Maurice et les bâtiments conventuels du prieuré ont été reconstruits. C’est probablement à cette période aussi que l’église a été fortifiée. La famille de La Porte, connue sous le nom de La Porte aux Loups, originaire de Lusignac en Périgord s’établit en Angoumois à la fin du XIVe

2 CASTAIGNE (E), Chronique latine de l’abbaye de La Couronne, p.126-128

4 siècle. Le fief leur appartient de 1400 au milieu du XVIe siècle. Leur pouvoir s’étend sur les communes actuelles de Saint-Amant de Nouère, Douzat et Échallat.

 Aménagement de la route de Paris à l’Espagne ou « route de poste », sur ordre du roi Louis XI, entre 1461 et 1483. Elle traversait Échallat et Villars

Epoque Moderne

Seconde moitié du XVe siècle : les terres d’Échallat appartiennent successivement aux familles Polignac et Laisné, seigneurs de Fontguyon. Fonguyon est le siège de la seigneurie.

Du début du XVIe siècle à la fin du XVIIe siècle : la famille Gandillaud, seigneurs de Fontguyon, exercent leur pouvoir sur les terres d’Échallat.

1545 : une bulle pontificale mentionne que le prieuré n’accueille plus de chanoines et qu’il est mis en commende3

 Guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) entraînent d’importants dommages sur l’église

XVIIe siècle : reconstruction du clocher de l’église

1673 : un mesurage de la forêt de Marange nous apprend qu’elle est alors entrée dans le domaine royal, qu’elle occupe environ 970 hectares et que des chênes noirs ont été recensés4

1681 : le prieur Daigne rachète en rente la dépendance des seigneurs de Fontguyon à Échallat (rue Jean- Jaurés actuellement) pour en faire le logis du prieur et le presbytère car le précédent est en mauvais état

1692 : vente de la dépendance des seigneurs de Fontguyon à Échallat à Louis Boessot, écuyer et seigneur de Vouillac (commune de Champniers) et de Puyrenaud (Asnière-sur-Nouère)

1706 : un état des lieux de visite est réalisé pour l’église et le prieuré. Dans lequel, il est constaté que « tout est démoli, menace de ruine et il y a un risque d’y célébrer la messe »

1711-1760 : le prieur Vacher le Cluzeau effectue pendant le temps où il occupe sa fonction, des travaux dans l’église et le logis du prieur

XVIIIe siècle : installation du retable dans l’église

1763-1772 : « la route de poste » est rectifiée sur son parcours au niveau de la traversée de l’Angoumois. Elle prend le tracé de la nationale 10 actuelle. Elle passe par Ruffec, Champniers, Angoulême…

 Révolution française

3 La commende est au Moyen Âge l’usufruit d’un monastère accordé par le pape à un ecclésiastique ou à un laic. A partir du XVIe siècle, il est courant de voir les abbayes et les prieurés pris en commende par des laïcs seigneurs, qui perçoivent les revenus sans aucune contrepartie. Ce n’était plus le pouvoir ecclésiastique qui confiait les bénéfices, mais le roi lui-même. Les abbayes et les prieurés avaient souvent à leur tête des personnes indifférentes aux besoins et aux exigences de la vie religieuse des communautés. Certains abbés commendataires font exception à la règle. 4 AUDOIN (A), Echallat, notre village, 2003

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1791 : vente du prieuré, vignes, terres et près comme bien d’état ainsi que le prieuré de Sainte-Catherine

1792 : un garde de chasse demeurant au hameau l’Habit tue une louve dans la forêt de Marange et reçoit pour son exploit un mandat de 15 livres

Époque contemporaine

1810 : la paroisse de Douzat est rattachée à celle d’Échallat et la commune procède à l’élargissement des chemins vicinaux qui ont été portés à 4 mètres afin de permettre le croisement de deux attelages

 1833 La loi Guizot oblige les communes de 500 habitants à posséder une école pour les garçons

1834 : des travaux importants sont effectués dans l’église Saint-Maurice : maçonnerie, couverture et charpente du clocher

1842 : le maire d’Échallat demande au préfet de faire venir Abadie père, alors architecte départemental pour approuver les travaux exécutés. En remplacement de Paul Abadie père, M. Jacques Queille, conducteur des travaux du Collège royal de la ville d’Angoulême est l’expert délégué pour cette mission

 1843 Ordonnance royale obligeant les villages à éloigner les cimetières des lieux habités

1845 : le puits commun, situé place du Lavoir actuelle, est reconstruit

1850-1852 : des travaux sont réalisés à l’église concernant la couverture du clocher, la sacristie et la nef

A partir de 1850, la famille Croizet de l’Habit se spécialise dans le transport de la pierre d’Echallat dite « pierre fine et dure » et l’exporte vers Paris et Bordeaux

1853 : pétition de certains habitants interpellant le maire sur le fait que le cimetière est très proche des habitations. Ils se plaignent des nuisances olfactives

1854 : l’inspecteur des écoles déclare dans son rapport que le local affecté à l’école est en très mauvais état et rappelle le rôle de la commune dans l’entretien des bâtiments (selon la loi Falloux de 1850). Il menace d’interdire l’accès à l’école.

1856 : construction de la clôture du cimetière et création de la route départementale n°14 reliant Saint- Cybardeaux à Echallat (le percement de la portion haute de la route traversant le bourg à l’ouest, avec des expropriations de terrain)

1856-1857 : achat de la maison de M. Guillaumeaud, située au lieu-dit les barrières pour y installer la maison d’école

1860 : création de la route départementale n°63 reliant Échallat à Vibrac

1862 : travaux effectués sur le clocher de l’église détruit par la foudre, par l’entrepreneur Pompeigne à Échallat

1866 : création d’un étage supplémentaire à la maison d’école

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 1867 : La loi Duruy oblige les communes de 500 habitants à avoir une école de filles

 Années 1870 : Crise du Phylloxéra

1873 : le cimetière est partagé suivant les cultes et une troisième porte est ouverte pour les protestants selon la loi de 1804

1875 : achat d’une maison rue de l’église pour y installer le presbytère

1882 : Loi Ferry porte obligation scolaire de 6 à 13 ans

1882 : lors du tracé de la voie ferrée de la ligne d’Angoulême à Matha (dit « le Petit Rouillac »), il est demandé que celle-ci passe par Échallat pour rejoindre , afin d’acheminer la pierre des carrières de cette commune, mais cela ne sera pas suivi d’effet

1884 : la couverture de l’église est refaite et une sacristie est construite selon les plans de l’architecte Babaud

 1884 : Loi communale obligeant chaque commune à se doter d’une mairie

1885 : installation d’une pompe au puits communal se trouvant place du Lavoir

1888 : construction d’un aqueduc pour franchir le cours du ruisseau la Sagne dans le bourg

1889 : la ligne reliant Rouillac à Angoulême est ouverte avec la création d’un arrêt à Douzat (les Ardillères) pour desservir Échallat

1898 : le conseil d’hygiène souhaite déplacer le cimetière qui est à proximité de sources et fontaines mais les habitants refusent

1900 : création d’une foire qui a lieu le 8 de chaque mois

1905 : construction d’une charpente pour recouvrir le lavoir et apporter un confort aux lavandières

1910 : construction d’un nouveau cimetière dont les plans ont été réalisés par l’architecte Lotte (Angoulême)

1911 : achat et mise en place d’une bascule publique sur la place de la foire

 1914-1918 : première guerre mondiale

1915 : départ du curé du presbytère d’Echallat vers celui de Douzat

1919 : création d’un monument aux morts de la guerre 1914-1918 implanté dans le nouveau cimetière

1925 : création d’un jardin public à l’emplacement de l’ancien cimetière

 1939-1945 : seconde guerre mondiale

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1954 : le curé Paul Gondard d’Échallat, Douzat et Saint-Amant de Nouère fait construire une réplique de la grotte de Lourdes à l’Habit. Elle est le lieu d’un pèlerinage et d’une messe à l’Assomption.

1957 : création d’une cantine scolaire

1972 : vente de l’ancien presbytère

1975 : construction d’une salle polyvalente agrandie en 1981

1977 : création d’une place publique devant la façade de l’église

1981 : agrandissement du cimetière

 1986 : l’église Saint-Maurice est inscrite aux Monuments historiques

1988 : création de l’école maternelle d’Echallat dans le cadre d’un SIVOS avec Vaux- Rouillac et en 1987 avec Douzat

1995 : rattachement de la commune à la Communauté de Communes du Rouillacais

1996 : restauration du patrimoine vernaculaire (puits, lavoir, bascule et parapet) et de l’église Saint- Maurice

1998 : Mme Micaella Amoussou sculpte une statue contemporaine de la Vierge. Elle est installée dans une niche dans la façade de l’église Saint-Maurice

1999 : un bas-relief est sculpté par Jean Périllaud et installé sur la place du Lavoir

II. Evolution morphologique du bourg

Le bourg s’est développé au Moyen Âge autour de l’église et des bâtiments du prieuré, installés au sud de celle-ci. Le pourtour immédiat de l’église n’est pas loti. Cet espace est constitué actuellement d’une place plantée d’arbres et de jardins et coïncide avec l’emplacement de l’ancien cimetière. Le bourg s’est par la suite étendu au-delà des rues encerclant le noyau prieural. Dans ces environs, aucun vestige antérieur aux XVIIe et XVIIIe siècles n’est apparent. Le bâti est assez dense et se concentre le long des rues. Le nord du bourg a un bâti dense. Le bourg s’est développé dans cette zone entre les XVe et XVIIIe siècles, grâce à la présence de « la route de Poste ». Des traces de constructions de cette période sont encore visibles dans l’impasse du Grand pré. Cette ancienne route de poste traversait le bourg. Vers 1745, cette route fut déviée vers l’ouest du bourg et emprunta le tracé de l’actuelle route départementale 18, rejoignant Saint- Cybardeaux.

En comparant le cadastre napoléonien de 1832 et le cadastre actuel, on observe un étiolement des constructions le long des voies de communication. La viticulture fait au XIXe siècle la prospérité d’Échallat. L’habitat porte les traces de cette richesse passée. La ferme à cour fermée est une typologie du bâti caractéristique des activités viticoles. La crise du phylloxéra du dernier quart du XIXe siècle freine cet essor et entraîne une diminution de la population. À

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Échallat, de 1861 à 1931, le nombre d’habitants passe de 865 à 516. La morphologie du bourg a été préservée : le bâti traditionnel a été conservé et restauré, même si quelques constructions récentes se sont installées au nord du bourg. La particularité de ce bourg est que les espaces publics sont éloignés du cœur du bourg. La mairie-école a été aménagée au lieu-dit les Barrières en 1857. Le nouveau cimetière a été installé en 1910, au carrefour de la route d’Hiersac et celle de Mérignac. Il reste à l’écart des habitations. Trois habitations se distinguent du reste du bâti traditionnel du bourg : deux maisons que l’on peut qualifier de « maisons nobles » datant du XVIIIe siècle et l’ancien logis du prieur.

La première se trouve route du Fessou. Il s’agit d’une ferme à cour fermée avec un portail daté de 1767. La partie centrale de l’habitation semble dater du XVIIIe siècle (avec des ouvertures en arc segmentaire et linteau délardé). Des bâtiments agricoles plus modernes entourent l’habitation.

La seconde maison noble est située rue Jean Jaurès. Elle aurait appartenu aux seigneurs de Fontguyon : famille Gandillaud, propriétaire du XVe au XVIIIe siècle. Cette demeure est composée d’un bâtiment présentant des ouvertures en arc segmentaire et un linteau délardé. La cour est fermée par un portail présentant les armes martelées de la famille Gandillaud. La troisième maison est l’ancien logis du prieur.

e III. Les activités économiques du XIX siècle et leurs traces

1. Viticulture

En 1865, Gauguié écrit dans son ouvrage La Charente communale, que “le sol de la commune est sec et pierreux, mais excellent pour la vigne et le blé. Une population de 895 habitants vit de ses produits.”

Lors de la crise du phylloxéra de 1870, le vignoble est ravagé. Martin Buchey en 1914-1917, nous apprend que le phylloxéra a tout détruit. Il écrit5: « un vaste plateau aride et sans eau, le territoire de la commune d’Échallat ne prête bien qu’à la culture des céréales et principalement de la vigne. Aussi la disposition des vignes y a-t-elle été des plus sensibles. La population qui, il y a cinquante ans, était de neuf cents habitants, est tombée, au dernier recensement, à cinq-cent-quinze, soit une diminution de près de moitié. Aujourd’hui la reconstruction du vignoble se fait peu à peu et l’on compte déjà près de deux cents hectares de vignes nouvelles. La principale culture est celle des céréales et des pommes de terre, il y a fort peu de terres incultes et les bois couvrent environ un sixième de la commune. »

Échallat était autrefois une commune exclusivement viticole. Aujourd’hui, même après les ravages du phylloxéra, la vigne est très présente. Son emprise est importante au sud du bourg. Le vignoble d’Échallat est classé dans la zone d’appellation des Fins Bois.

5 MARTIN-BUCHEY(J), La géographie historique et communale de la Charente, 1914-1917

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2. Laiterie

Dans les années 1880, la crise du phylloxéra provoque une mutation d’activité pour une partie des territoires spécialisés dans la viticulture qui se tournent dès lors vers la polyculture et l’élevage des vaches laitières. Le développement de l’industrie laitière en Poitou-Charentes repose sur le dynamisme du mouvement coopératif.

Il y aurait eu une laiterie coopérative Rue Jean-Jaurés. Nous avons peu d’éléments sur son histoire et la durée de son activité. Elle aurait été tenue en 1950, par M. Clovis Clochard selon M. Audoin dans son ouvrage, Échallat, notre village.

3. Production de tabac

Dans les années 1960-1970, de nombreux habitants se tournent vers la production de tabac. Cette activité a laissé des traces dans le bâti : beaucoup de dépendances agricoles ont été converties en séchoir à tabac (exemple dans le hameau du Fessou). Ces séchoirs se distinguent à l’extérieur par le percement de hautes fenêtres rectangulaires et l’aménagement de petites sorties d’aération. À l’intérieur, les charpentes ont parfois conservé les anciens systèmes de suspension des feuilles à tabac où celles-ci séchaient jusqu’à prendre une couleur brune.

4. Carrières de pierre

Les anciennes carrières de pierre se situaient au lieu-dit Les Perrières, comme l’indique le cadastre napoléonien de 1828. Leur histoire est mal documentée. Martin- Buchey en fait mention dans son ouvrage6 : « l’industrie consiste uniquement dans l’extraction des pierres de taille, qui jouissait d’une réputation bien méritée par leur qualité et par la finesse de leur grain ».

©Géoportail, extrait 2011

Ces carrières auraient fait partie du patrimoine de Jean-Louis Nogaret de La Valette, duc d’Épernon au même moment où il achète la châtellenie de Villebois, aux alentours de 1597. Au XIXe siècle, les pierres de cette carrière auraient été utilisées pour la construction de façades de Paris (sous le Second Empire, lors de la restauration de la ville par le baron Haussmann) et de Bordeaux. L’entreprise de la famille Croizet se chargeait du transport des pierres de taille. Nous ne connaissons malheureusement pas à quel moment l’extraction s’est arrêtée.

6 MARTIN-BUCHEY (J), La Géographie historique et communale de la Charente, 1914-1915

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5. Les anciens commerces

M. Audoin a recensé les anciens commerces et artisans du village en 1950 : deux cafés, un maréchal-ferrant, un bourrelier, un menuisier, un maçon, une laiterie coopérative.

IV. Typologie des monuments, du bâti et du patrimoine vernaculaire

1. Les principaux monuments

a. Les découvertes archéologiques

Préhistoire Au lieu-dit la Frérie a été recensé un atelier de taille de pierre de l’époque néolithique7.

Protohistoire (-3500 av JC et -1000 av JC) Au lieu-dit Le Bois-Martin a été recensé un enclos datant de l’âge du bronze-âge du fer8.

Antiquité Aucun vestige n’a été découvert à ce jour.

Moyen Âge (VIe siècle-XVe siècle) Des souterrains ont été recensés par le Service régional de l’archéologie dans le bourg d’Échallat et à Puy- Saint-Jean (silo et souterrain) pouvant peut-être datés de cette période. Il n’y a pas eu de fouilles réalisées sur ces sites. Il pourrait s’agir de souterrains-refuges qui ont servi de lieu de refuge et de défense pour des populations en danger. On retrouve aussi des silos qui servaient à conserver des denrées en cas d’attaque. La guerre de Cent Ans a généré en Charente de nombreuses constructions de ce type.

Époque indéterminée Aux lieux-dits Le Bois-Martin et Bois-Clair, a été recensé par le Service régional de l’archéologie du Poitou- Charentes un puits à eau dont l’époque n’a pas été déterminée.

7 Source : base Patriarche du Service régional de l’archéologie du Poitou-Charentes 8 Source : base Patriarche du Service régional de l’archéologie du Poitou-Charentes

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Principaux sites archéologiques

b. Edifices religieux

L’église Saint-Maurice

Située dans l’ancien diocèse d’Angoulême, cette église faisait partie d’un prieuré fondé au XIe siècle qui dépendait de l’abbaye Notre-Dame de La Couronne, rattachée à l’ordre des chanoines de Saint-Augustin. L’évêque d’Angoulême, Pierre de Laumond a fait don de ce prieuré en 1160 à cette abbaye.

L’ancien logis du prieur datant des XVIIe et XVIIIe siècles est le seul des bâtiments du prieuré qui a été conservé.

Historique

L’église a été reconstruite entre le quatrième quart du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle. Comme bon nombre d’églises du territoire, l’édifice a dû subir les dommages de la guerre de Cent Ans (qui opposa Français et Anglais de 1337 à 1453) et des guerres de Religion (qui opposèrent catholiques et protestants pendant la seconde moitié du XVIe siècle). De nombreuses restaurations ont été menées au cours du XIXe siècle. L’église a aussi été restaurée en 1996. Elle est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1986.

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Architecture

L’église présente un plan rectangulaire et se compose d’une nef de cinq travées. Cette nef unique est scandée par des colonnes, dont les chapiteaux sont ornés de monstres et d’animaux fantastiques ainsi que de motifs végétaux (petites feuilles sèches, très serrées).

Les sculptures dateraient de la seconde moitié du XIIe siècle.

Les chapiteaux ont été restaurés et remaniés au XIXe siècle. Un chapiteau se trouvant dans le chœur attire plus particulièrement l’attention. Il est composé de personnages alignés et portant le livre devant eux.

Il s’agit peut-être d’une représentation figurant des moines.

Ce type d’organisation en ligne se retrouve dans d’autres églises de Charente, à et à Gensac-la-Pallue par exemple.

Les cinq travées sont couvertes d’une voûte en pierre en berceau brisé. Les arcs doubleaux très brisés pourraient dater du XIIIe siècle. Le clocher est placé au centre de l’église sur la 6ème travée. Celle-ci a conservé une coupole sur pendentifs. Deux petites chapelles ont été créées au XVIIIe siècle et accueillent deux autels de la même période : l’un est dédié à la Vierge et l’autre à saint Joseph. Le chevet à fond plat et a été reconstruit au XVe siècle. Il porte une voûte sur croisée d’ogives à nervures prismatiques. Il a certainement remplacé une simple abside datant du XIIe siècle. La baie du mur oriental était plus grande à l’origine. Elle a été remaniée et réduite, certainement au XVIIe siècle9. Un retable a été installé au-devant du mur oriental, peut-être par le prieur Vacher le Cluzeau au XVIIIe siècle. L’installation des retables et des chaires dans les églises se fait dans le cadre de la Contre-Réforme catholique (à partir de la seconde moitié du XVIe siècle).

9 André AUDOIN donne une traduction de l’état des lieux de l’église et du prieuré d’Échallat effectué en 1706 qui dit « nous avons remarqué au grand vitrail qui est au grand pignon (…) qu’il n’y a qu’environ six pieds de vitres dans le haut, et le reste a été muré, ce qui cause (…) une grande obscurité et humidité dans la dite église (…) »

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Ce retable en pierre est de style baroque, ponctué de colonnes et surmonté de pots à feu. Deux statues, installées de chaque côté, représentent sainte Catherine10 et saint Maurice11. Elles auraient été offertes par la famille de négociants en eaux-de-vie, Maurin de l’Habit.

Deux portes intégrées dans le retable ouvrent sur la sacristie aménagée à l’arrière. Celle-ci est divisée en hauteur. Au 2nd niveau de la sacristie, le remplage de l’ancienne baie du mur oriental est encore visible. Des colonnettes flanquent la baie et un de leurs chapiteaux est encore orné d’un décor feuillagé.

Extérieur

Le clocher tour a été construit durant la seconde moitié du XIIe siècle, reconstruit au XVIIe et restauré au XIXe. Constitué d’un seul étage, il possède un toit bas, à quatre pans.

Les restes d’un bâtiment de l’ancien prieuré, qui était accolé au chevet de l’église figure encore sur le cadastre napoléonien de 1828.La façade n’a plus son aspect roman. Le portail est constitué d’un arc brisé, datant du XVe siècle12. Une niche est installée à droite du portail, décorée d’un arc trilobé et d’une inscription « O virgo momento mei », (« Oh vierge souvient-toi de moi »). La statue de la vierge d’origine aurait été détruite à la Révolution Française. Une nouvelle statue a été sculptée en 1998.

Les combles de la nef et du chevet furent surhaussés dans un but de mise en défense de l’édifice par l’aménagement de salles hautes. Des consoles indiquant la présence d’une bretèche (un édicule placé en saillie au-dessus de la porte pour en contrôler l’accès) au-dessus du portail de la façade. La présence d’épais contreforts tout autour de l’église prouvent l’ampleur des travaux effectués. Cette fortification pourrait dater de la guerre de Cent Ans. F. Manguy, C. Teillet et L. Roméro remarquent une recrudescence des autorisations royales de mise en défense des édifices religieux de l’Ouest de la coïncidant avec la première phase de la guerre de Cent Ans13.

D’après J. George et A. Guerin-Boutaud, des signes lapidaires seraient visibles sur les murs de l’édifice. Sylvie Ternet qui a étudié cette église les a cherchés, en vain.

10 Sainte Catherine d’Alexandrie aurait vécu au IIIe ou IVe siècle. Elle refusa d’épouser l’empereur en raison de son mariage mystique avec le Christ. Pour cet engagement, l’empereur la condamna à être déchirée par une roue garnie de pointes. Cette roue se brisa miraculeusement mais elle ne put échapper à la mort. Elle est la patronne des clercs et des jeunes filles. Ses attributs sont la roue, la couronne de martyr et la croix. Cette statue est une référence au prieuré de Sainte-Catherine des Champs (commune actuelle de Saint-Cybardeaux). 11 Saint Maurice est un saint presque légendaire, originaire de l’Égypte chrétienne du IIIe siècle. Il fut enrôlé dans l’armée romaine, à la tête de la légion thébaine, envoyée combattre dans les Alpes. Ses compagnons et lui refusèrent de renier leur foi. Ils furent donc massacrés sans résistance. Ses attributs sont l’uniforme de légionnaire, une croix rouge et la palme des martyrs. 12 GEORGE (J), Églises de France, Charente, 1933 13 MANGUY (F.), TEILLET (C.) & ROMERO (L.), La fortification des églises médiévales dans l’Ouest de la France : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, D.E.A. de civilisation médiévale sous la direction de M.T. Camus ; université de Poitiers, 1992-1993

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Le prieuré Saint-Maurice d’Échallat

Le prieuré d’Échallat date du XIIe siècle et dépendait de l’abbaye de La Couronne, rattachée à l’ordre des chanoines de Saint-Augustin, Père de l’église du IIIe siècle.

L’abbaye de La Couronne est une collégiale prestigieuse du diocèse d’Angoulême fondée en 1118, qui reçoit de nombreux dons de terres, prés, parcelles de forêts, moulins, vignes. Elle bénéficie de la protection des comtes d’Angoulême. Fond George - 1902 ©SAHC

Le prieuré d’Échallat est donné à l’abbaye de La Couronne par l’évêque d’Angoulême, Pierre de Laumond. Selon la charte de 1163, le comte d’Angoulême, Guillaume Taillefer, son fils, Vulgrin II et ses fils, Vulgrin III et Guillaume VI firent don de bois, plaines, terres cultivées et non cultivées de la forêt de Marange. Ce prieuré était donc associé à un domaine foncier qui s’étendait sur une grande partie de la commune d’Échallat. Les bâtiments conventuels étaient installés au sud de l’église et comptaient des dortoirs, un réfectoire et des écuries. Aucun plan n’a été trouvé. Nous ne connaissons pas le nombre exact de moines vivant dans le prieuré mais il semble qu’il y ait eu au moins un prieur et un ou deux moines chargés de veiller à la bonne administration et au contrôle de l’exploitation des terres.

Le prieuré fut détruit comme l’abbaye de la Couronne, pendant la guerre de Cent Ans et nous pouvons citer une bulle pontificale de 1545 du Paul III, d’après laquelle le prieuré n’était plus conventuel à cette époque mais mis en commende. Grâce à la commende, les prieurs après avoir payé leur charge au pape, pouvaient prélever la dîme, impôt sur les habitants de la paroisse. Jusqu’en 1680, selon André Audoin, les prieurs commendataires, presque tous d’origine noble, étaient chanoines, chantres, aumôniers à la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême. Ils n’habitaient pas le prieuré et mettaient à leur place un curé pour assurer le service religieux. Deux prieurs attirent notre attention : - Antoine Tizon, nommé en 1545, chanoine de la cathédrale d’Angoulême, curé de et religieux de La Couronne. - Gaspard de , nommé en 1630, sans commende. Il est choriste puis aumônier à la cathédrale d’Angoulême.

Le déclin du prieuré commence avec le régime de la commende (les prieurs n’assurent pas une présence permanente sur place et ne suivent pas toujours l’entretien de bâtiments, seul le curé est présent) et les dévastations des guerres de Religion. À la mort du prieur Daigne (intronisé en 1679), les supérieurs de l’abbaye de La Couronne et les paroissiens, constitués en syndic, vont demander au lieutenant général d’Angoumois de faire établir un état des lieux. Cet état des lieux est fait par Maudet, sergent royal de Neuillac qui constate que tout est démoli et « qu’il y a un danger d’y célébrer la sainte messe ». Le prieur Daigne avait acheté auparavant en rente, en son nom propre, la maison noble toute proche du prieuré, appartenant à la famille Gandillaud, seigneur de Fonguyon, pour en faire le presbytère. Une procédure en justice est engagée contre les sept neveux et nièces du prieur afin de les obliger à faire les réparations nécessaires au prieuré et à l’église. « Ce procès va durer dix-sept ans sans que les deux parties obtiennent

15 gain de cause et va être émaillé de tractations subtiles et de rebondissements inattendus, à tel point que le prieur Nouette (nommé en 1706), instigateur du procès, va être révoqué par ses supérieurs de La Couronne pour incapacité ou négligence dans la procédure ».

Devant l’état de délabrement de ce prieuré, les supérieurs de l’abbaye de La Couronne installent en 1711, le prieur le Vacher le Cluzeau qui y réside à l’inverse de ses prédécesseurs pendant quarante-neuf ans. Entre 1711 et 1760, il restaure l’église et le logis du prieur (sans plus de précision). À sa mort, il aurait acquis une fortune personnelle importante, qui a été révélée lors de l’inventaire de ses biens : de beaux objets et mobiliers, une garde-robe conséquente, trois chevaux et charrettes, des espaces destinés à l’activité viticole : deux chais, deux chaudières à eaux-de-vie dans les caves.

Son successeur, Vachier des Moulins, originaire de Roissac (Saint-Genis d’Hiersac) prête serment à la Convention républicaine durant la période révolutionnaire et devient fonctionnaire avec un traitement de 2075 livres.

Durant la Révolution française, l’église devient bien communal et le prieuré est confisqué comme bien national et vendu par la commission départementale du district de Cognac en deux lots : les terres, vignes, prés pour le premier lot et bâtiments et jardins pour le second.

Le logis du prieur est le seul vestige de cet ancien prieuré. De la maison d’habitation d’origine ne reste plus qu’une cave qui pourrait dater du Moyen Âge. La façade principale présente un ensemble intéressant : une tour d’escalier est légèrement en saillie (pouvant datée du XVe siècle ou du début du XVIe siècle) renfermant un escalier en vis, des ouvertures avec un encadrement chanfreiné pouvant datées des XVe- XVIe siècles, une galerie d’arcades dessert les différentes pièces de l’habitation installée à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle.

La route de poste, reliant Paris à l’Espagne

Louis XI ordonna l’établissement des Postes en France, par un édit en 1464. Le réseau des routes de poste constitua le premier système d’échange géré par l’Etat en France. La route de poste assura un rôle essentiel dans la diffusion de l’information et permit l’intégration de régions isolées dans les circuits d’échanges commerciaux. Au XVIe siècle, Louis XII mit le service des relais à la disposition des voyageurs.

Louis XI créa des postes sur ces routes, chargées de fournir des chevaux. La poste est l’unité de distance qui vaut environ 9 km et qui doit se parcourir en maximum une heure au galop. Grâce à ce réseau des relais, le cavalier pouvait parcourir par jour environ 90 km. Ces relais de poste étaient tenus par des maîtres de poste. Ils réceptionnaient le courrier. Des chevaux étaient tenus prêts afin de remplacer les montures des chevaucheurs, chargés de transporter les missives royales et de leur permettre ainsi une vitesse maximale. Ce métier de maître de poste était reconnu officiellement par l’achat d’une charge. Ils avaient de nombreux frais à assumer, les relais et les chevaux leur appartenaient. Ils avaient aussi des employés : personnels hôteliers, valets d’écuries, postillons (cavaliers chargés de ramener les chevaux dans leur relais d’origine). Cette charge était aussi source de revenu car ils pouvaient louer les montures aux voyageurs ou pour le courrier des riches particuliers.

La Route de poste reliant Paris à l’Espagne, appelée « route d’Espagne » passait par Tours, Poitiers, Montjean, Villiers-le-Roux, , , , Gourville, Saint-Cybardeaux, Échallat, Châteauneuf, Barbezieux et rejoignait Bordeaux.

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Son tracé évolua au fil des siècles. Le XVIIIe siècle marqua un tournant car à cette époque, il fallut avant tout qu’à travers ce très vaste royaume de France les ordres du gouvernement puissent parvenir plus rapidement et plus sûrement jusqu’aux provinces éloignées. Ainsi, les ingénieurs vont chercher à améliorer les routes comme Daniel-Charles Trudaine14, nommé à la Direction des Ponts et Chaussées en 1743. La largeur est fixée à 60 pieds (soit 19,50 m) entre les fossés. Le plus court tracé est privilégié15.

Cette route traversait le bourg d’Échallat mais il n’y avait pas de relais de poste. Le plus proche était à Villars (commune actuelle de Mérignac, limitrophe avec Échallat). Selon l’atlas dit « de Trudaine » (constitué entre 1745 et 1780), il y a eu une modification du tracé ou seulement un projet de modification avec un tracé plus rectiligne et plus rapide. La route passait à l’origine à proximité de l’église. Après les travaux de levée des ingénieurs réalisés en 1745, cette route passait plus à l’ouest (route départementale actuelle). On peut se demander si ce nouveau tracé a pu être réalisé totalement. En 1760, le conseil d’administration de la ferme des postes autorise la modification du tracé de la route : elle fut déplacée vers l’est à partir de Poitiers. Ce changement se fait sous l’impulsion de Turgot, intentant de la généralité de Limoges, afin de desservir Angoulême. Elle passa alors par Ruffec, Mansle, Angoulême puis Barbezieux avant de rejoindre Bordeaux.

c. Les logis et les châteaux

Alcide Gauguié dans son ouvrage La Charente communale écrit : comme tout le canton, [la commune] dépendait du « domaine des Taillefers et des Lusignans. Quant eut lieu le morcellement du pays en petits fiefs, une foule de châteaux couvrirent les hauteurs ; ce furent Puy-Saint-Jean (52 habitants), Puy-Bolier (24 habitants), l’Habit (91 habitants), etc. Tous ces fiefs dépendaient pour la justice de la prévôté de Châteauneuf ». La guerre de Cent ans aurait détruit bon nombre de ces petits châteaux.

14 Daniel Charles-Trudaine (1703-1769), intendant d’Auvergne (1730), directeur des Ponts-et-Chaussées (1743), fondateur de l’école des Ponts-et-Chaussées (1747) et du corps des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées (1750). Il est l’instigateur de la réalisation des atlas dits “de Trudaine”, réalisés entre 1745 et 1780. Le but était de dresser une carte générale des routes royales de France, par généralité, en faisant figurer non seulement celles qui existaient déjà, mais aussi les chaussées à construire. 15 ARBELLOT (G), “La grande mutation des routes de France au milieu du XVIIIe siècle”, les Annales. Économies. Sociétés. Civilisations, 28e année, n°3, mai-juin 1973, p.765-791

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Logis dans le bourg

Une propriété appartenait aux seigneurs de Fonguyon qui étendaient leur pouvoir sur la paroisse de Douzat et Échallat, depuis le XIIIe siècle. Elle était située face au prieuré. Il subsiste peu d’éléments bâtis de cette demeure : le portail dont le blason a été martelé à la Révolution française, présente une date (1766) ; un bâtiment installé perpendiculairement à l’entrée, possède des ouvertures chanfreinées caractéristiques des XVe - XVIIe siècles.

Cette demeure fut remplacée par une maison charentaise après 1828, associée à une ferme à cour fermée. Elle n’était pas une résidence pour le seigneur. La famille de La Porte aux Loups fit construire au XVIe siècle le château de Fonguyon Cette tête sculptée est (actuelle commune de Saint-Amant de Nouère). encore visible à gauche de la porte piétonne du portail. Elle a servi de prieuré et de presbytère pendant un temps court à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. En 1692, On peut penser qu’il s’agit cette propriété fut vendue à Louis Boessot, écuyer et seigneur d’une pierre de remploi de de Vouillac et de Puyrenaud. l’ancien prieuré.

Le Logis du Fessou

Il est situé à l’est du bourg dans le hameau du même nom. Le domaine surplombe Échallat. Son histoire est très mal documentée avant le XVIIIe siècle. Il aurait été le lieu d’un château féodal détruit durant la guerre de Cent Ans selon André Audoin. Du logis de l’époque médiévale, il ne reste que les caves voûtées. Une nouvelle demeure a été construite au XVIIIe siècle, peut-être avec les matériaux de l’ancien château. La façade du logis présente encore des éléments caractéristiques de cette période : larges fenêtres, porte d’entrée et un escalier en pierre se trouvant à l’intérieur ainsi qu’un pigeonnier porche arasé construit à cette période.

Au XVIIIe siècle, ce logis était la propriété de la famille Quantin. Les bâtiments ont été remaniés au cours du XIXe siècle : un autre logis a été construit ainsi que des dépendances agricoles.

La possession d’un pigeonnier, appelé « fuie » sous l’ancien régime, était réglementée et n’était accordée qu’aux nobles et aux religieux. L’importance du pigeonnier était le reflet de la fortune du propriétaire car le nombre de nichoirs appelés boulins indiquait le nombre d’hectares de terres possédées. La production d’engrais était réservée à la noblesse qui s’enrichissait en la vendant.

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Logis de Puybollier

L’histoire de ce logis est mal documentée avant le XVIIe siècle. Il est situé au nord-est du bourg, dans le hameau du même nom (partagé entre la commune d’Échallat et celle de Saint-Amant de Nouère). Les lieux portant le nom « puy » désignent souvent des hauteurs, des collines comme Puy-Saint-Jean et Puybollier. En 1653, Jacqueline Geoffroy épouse Seguin Desmoulins, écuyer, seigneur de Boisdelet, demeurant au lieu noble de « Pibolier, paroisse d’Échallat »16. Gabriel Gandillaud, seigneur de Fontguyon, le Chambon, la Vallade, Douzat et Échallat est propriétaire de ce logis en 1698 et il le vend à Pierre Leconte. En 1755, le domaine appartient à François Quantin de Puybollier. Puis, ce domaine est rattaché à la famille Sainte- Hermine lors du mariage de François-André de Sainte Hermine en 1806 avec Marie-Victoire Gérard, fille de Jean-Marie Gérard, écuyer, seigneur de la Guerene et des Collines, et de Marie Quantin de Fessou.

Il est appelé le logis de Sainte Hermine comme en témoigne l’inscription « Sainte Hermine/ fait l’an 1815 » située au-dessus du porche d’entrée. Le long corps de logis présente une partie ancienne datant du XVIIIe siècle. Deux pavillons carrés arrasés possèdent encore quelques ouvertures chanfreinées à appuis saillants, datant des XVe-XVIe siècles.

d. Bâtiments publics

Mairie-école d’Échallat

En 1833, une école de garçons était déjà présente dans le bourg d’Échallat. Elle était installée dans une partie du prieuré dans la première moitié du XIXe siècle.

En 1854, l’inspecteur des écoles déclare dans un rapport que le local affecté à l’école est en mauvais état, « privé d’air et de lumière », le matériel est insuffisant et délabré. Il rappelle le rôle de la commune dans l’entretien des bâtiments. Il menace de prononcer l’interdiction de l’école.

La même année, une délibération du conseil municipal indique le vote pour l’acquisition d’un terrain pour la construction de l’école, pour la somme de 6000 francs. Le projet a été abandonné car il était trop coûteux pour la commune17.

La commune achète finalement une maison appartenant à M. Guillaumeaud, située au lieu-dit les Barrières pour en faire la maison d’école des garçons et le logement de l’instituteur. L’acte de vente précise le prix : 6700 francs et fait une rapide description de la maison : « (…) elle est composée de deux chambres basses, corridor au milieu, un grenier au-dessus, une grange, un chai, des écuries, cour de jardin (…) ». Des travaux sont engagés aussi pour ce bâtiment.

En 1866, des travaux sont à nouveau engagés pour élever la maison d’école d’un étage afin d’y installer le logement de l’instituteur. Les travaux s’élèvent à 3350 francs et l’architecte Chénaud est chargé de la surveillance des travaux. Ce bâtiment est encore agrandi en 1867.

16 Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente, collectif, éditions Bruno Sépulchre, 2008 17 Archives départementales de la Charente, Série O

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La mairie a rejoint ce bâtiment après les lois communales de 1884. Auparavant, la maison du maire jouait cette fonction. On retrouve souvent encore l’élément qui supportait le drapeau installé sur le portail de la maison du maire, comme à Échallat, dans la rue de l’église.

Ce bâtiment est une mairie-école. Contrairement au plan habituel du modèle de la mairie-école, celui-ci est asymétrique. Un seul bâtiment destiné à abriter les classes des filles et des garçons (à partir de la loi Jules Ferry) est accolé au bâtiment qui abrite le logement de l’instituteur et la mairie.

L’ancien cimetière

Il se trouvait à l’ouest de l’église Saint-Maurice à l’emplacement de la place publique actuelle et des jardins installés dans le prolongement de celle-ci. Une allée séparait le cimetière en deux et reliait les rues actuelles : Rue Jean- Jaurès et Rue de la forge. Elle n’existe plus mais une impasse matérialise son emplacement.

L’ancien cimetière occupait un espace important dans le bourg (cf. cadastre napoléonien). Cadastre napoléonien de 1828 ©Archives départementales de la Charente En 1853, deux habitants se plaignent de la proximité du Droits réservés. cimetière pouvant véhiculer des maladies. En 1856, il est décidé de clore de murs le cimetière qui n’a toujours pas changé d’emplacement.

En 1898, le conseil d’hygiène fait savoir par lettre qu’il souhaite le déplacement du cimetière qui est « à proximité des puits et des fontaines ». Il semble que les habitants aient été réticents à ce transfert18.

En 1909, un nouveau cimetière est créé à l’écart du bourg, au lieu-dit « La Croix ». Il nécessite un emprunt de 5300 francs sur trente ans. Selon André Audoin, la construction est attribuée à l’architecte Lotte (Angoulême)19.

18 Archives départementales de la Charente, série O

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Ce nouveau cimetière présente un plan classique. Les tombeaux de famille sont nombreux et ils s’élèvent le long de l’allée principale de façon ostentatoire.

Une chapelle à décor néo-gothique est particulièrement remarquable : arc brisé, oculus trilobé, la lettre « C » sculptée correspondant au nom de la famille propriétaire de la sépulture.

Certains des sarcophages sont surmontés d’un couvercle en bâtière orné d’une croix et présentent un décor soigné : rinceaux, fleurettes ou visage sculpté.

Quelques monuments funéraires ont été réalisés par M. Pompeigne, entrepreneur à Échallat. En 1925, l’ancien cimetière est vraisemblablement transformé en plusieurs jardins. Il est ensuite aménagé en place publique en 1977.

Monument aux morts

En 1919, un monument aux morts de la guerre 1914-1918 en granit est installé dans le nouveau cimetière. Le conseil municipal demande qu’une subvention d’état soit accordée afin de payer la somme de 2923 francs pour son édification, suite au marché passé avec M. Gourdon, directeur des marbreries générales de Paris. Le conseil approuve ensuite le marché passé avec M. Sadoul, graveur sur marbre à Nice, pour la fourniture d’une plaque en marbre blanc de Carrare (352 francs), sur laquelle est inscrit le nom des enfants de la commune morts pour la France.

Cette plaque doit être placée dans la salle du conseil de la mairie d’Échallat. Une plaque identique est apposée dans l’église. Le monument est déplacé après 1977 sur la place publique du bourg.

La bascule

La bascule été installée sur la place publique en 1911. Elle servait à peser le bétail jusqu’à six tonnes lors des foires qui se déroulaient le huit de chaque mois, à partir de 1900.

19 AUDOIN (2003)

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V. L’habitat et les dépendances agricoles

a. Les habitations

La commune d’Échallat présente une certaine unité architecturale caractérisée par une simplicité des volumes et par une sobriété du traitement des façades. La plupart des constructions d’Échallat ont été élevées au cours des XVIIIe et XIXe siècles témoignant de la prospérité de la commune à cette époque. Le bâti du XVIIIe siècle est important sur la commune. Cette commune semble avoir connu une activité viticole précoce. Par contre, le bâti antérieur au XVIIIe siècle est rare sur la commune car celle-ci a bénéficié dans ce contexte économique prospère de reconstructions systématiques.

La maison charentaise

Dans la structure du village, la maison s’implante généralement perpendiculairement à la rue, sa façade principale est orientée au sud.

Elle ouvre sur une cour fonctionnelle donnant accès aux dépendances.

Un volume simple mais cossu, de deux niveaux et un surcroît (qui en fonction de sa hauteur s’apparente à un troisième niveau). La façade est ordonnancée, composée au moins de cinq travées. Les habitations les plus aisées présentent un décor soigné : porte d’entrée dotée d’un chambranle mouluré ou bien de pilastres et d’un entablement, corniches, pilastres ou chaînes d’angle.

La toiture à longs pans et à croupe est couverte en tuile canal et souvent ornée d’épis de faîtage. Il s’agit de la catégorie d’habitat la plus représentée.

La maison de maître

Ces maisons de notable peuvent être aussi bien isolées que faire partie d’un ensemble à cour fermée. Ces imposantes demeures se distinguent du reste du bâti par leur ampleur, par la qualité de leur traitement architectural et de leur décor. Une cour intérieure aménagée ou un jardin d’agrément dégage l’espace devant la maison et permet de mettre en valeur la façade principale. Le bâtiment d’habitation est parfois cantonné de petites ailes latérales, qui lorsqu’elles sont de plan carré sont couvertes d’un toit en pavillon.

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La façade principale ordonnancée est souvent composée de cinq travées. La travée centrale peut présenter un avant-corps en saillie surmontée d’un fronton triangulaire. En pierre de taille, la façade comporte de nombreux détails architectoniques classiques (pilastres, bandeaux, corniches, escaliers, lucarnes…). La couverture à quatre pans est en ardoise ou en tuile canal. Ces maisons de maître peuvent aussi se retrouver dans les bourgs. Dans ce cas, la maison est installée perpendiculairement à la rue et éloignée de celle-ci par une cour fermée par un portail.

On compte quatre maisons de maître sur la commune dont trois à l’Habit - hameau qui s’est développé grâce à l’activité viticole et une à Villars.

La propriété avec cour fermée

Les grandes propriétés viticoles et agricoles sont implantées en priorité dans les hameaux, même si on en trouve un grand nombre dans le bourg. Elles créent des îlots entièrement clos, ouverts sur l’espace public par des porches ou portails. On compte quarante- quatre propriétés de ce style.

L’habitation est encadrée par les bâtiments d’exploitation définissant ainsi une grande cour. Suivant l’importance de l’exploitation, l’architecture de la maison s’apparente à une maison charentaise ou à une maison de maître mais l’on peut trouver aussi d’autres types plus modestes. Des bâtiments ont souvent été détruits au fil des siècles, ouvrant au final un peu la cour.

Ci-contre, un bel exemple de ferme à cour fermée qui présente des proportions non égalées sur la commune. Ce grand domaine est divisé actuellement entre cinq propriétaires. Il a une emprise importante sur le hameau de Puy-Saint-Jean. En superposant le cadastre actuel et le cadastre napoléonien, on peut mieux se rendre compte de l’évolution des bâtiments. La configuration d’origine est encore visible dans le bâti. Ce bâti qui présente encore quelques éléments du XVIIIe siècle a été développé et agrandi au cours du XIXe siècle. La maison principale présente une partie plus récente (à l’est). En effet, un chantier a été lancé pour reconstruire la maison mais les travaux ont été interrompus - peut-être à cause de la crise du phylloxéra - conservant ainsi la partie plus ancienne de la demeure. Les bâtiments agricoles (hangar, granges, chais, puits et citerne) sont aménagés autour de la cour fermée par deux portails. La propriété se prolongeait vers l’ouest avec une autre habitation, un porche et des dépendances agricoles.

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Porches et portails

Les porches et portails font partie intégrante du patrimoine architectural d’Échallat. Les portails constituaient le plus souvent un symbole de réussite sociale de leurs propriétaires. Elément de clôture utilitaire qui masque au regard des passants le reste de la propriété et est aussi chargé d’une valeur esthétique. En effet, il n’est pas rare de remarquer un décor sculpté soigné.

Ils disposent souvent d’une large porte cochère avec un arc en anse de panier permettant le passage des voitures à chevaux et des charrettes ainsi qu’une ou deux portes piétonnes souvent scandées de pilastres qui dessinent des lignes verticales. La date de construction est souvent gravée au sommet du portail. Parfois, les fermes sont accessibles par des porches qui se caractérisent par un passage couvert débouchant sur la cour. Souvent, ce passage dispose d’accès latéraux permettant de communiquer avec les dépendances agricoles.

Échallat présente au moins sept portails en anse de panier datant du XVIIIe siècle, ce qui fait penser que cette commune a connu une activité viticole précoce.

Il s’agit de portails simples qui présentent des clés et des sommiers saillants, un décor recherché sur la clef (étoiles, cœur), une date gravée en bâtons, petits bourrelets saillants… Ils sont associés à des domaines seigneuriaux, qui ont inspiré la typologie de la propriété à cour fermée du XIXe siècle.

Cependant, la majorité des portails avec un arc ont été édifiés durant les trois premiers quarts du XIXe siècle, avant la crise du phylloxéra. Le décor est parfois très recherché : corniche à denticules, pilastres encadrant les portes, chapiteau ionique et guirlande… Les seconds datent probablement de la seconde moitié du XIXe siècle ou du début du XXe siècle. Les piliers sont carrés, en pierre de taille et parfois décorés. Les chapiteaux peuvent supporter différents ornements. Les grilles sont souvent en ferronnerie.

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La maison inachevée

La crise du phylloxéra a eu des conséquences non seulement sur l’économie viticole de la région mais elle a également marqué le bâti. Des maisons en construction se sont vues tronquées d’une partie de la structure prévue à l’origine : pierres d’attentes et couverture asymétrique en sont des signes significatifs.

Ce sont généralement des maisons charentaises qui ne possèdent que trois des cinq travées habituelles. Certaines ont même conservé une partie de l’habitation du XVIIIe siècle qui aurait dû être normalement détruite ou masquée si la construction avait été terminée.

On compte quatre maisons de ce type sur la commune d’Échallat.

La maison de bourg

Ces maisons sont intégrées au tissu dense du bourg. Le volume simple et de proportion modeste. Elles peuvent être le lieu d’anciens commerces.

La façade se compose au moins de trois travées en moellons enduits ou en pierre de taille. Les détails architecturaux sont rares : la porte est soignée mettant en valeur l’habitation. On ne compte pas plus de deux niveaux.

La maison de métayer

Cette habitation s’implante en centre-bourg ou dans un groupement d’habitations lié à une propriété. Elle est souvent en alignement sur le domaine public ou en continuité d’un ensemble plus important. Il peut y avoir deux habitations de ce type accolées.

Son volume bâti est très modeste. Elle présente un seul niveau et éventuellement des combles. Elle est souvent limitée à une pièce unique. La façade est souvent pauvre en ouvertures. Les plus anciennes maisons de ce type datent des XVe- XVIIIe siècles.

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La maison à balet

Ce type de maison présente un escalier en façade surmonté d’un auvent (appelé également « balet »). Elle se développe sur deux niveaux. Le premier niveau regroupe les communs et les espaces dévolus aux animaux. Le second niveau est occupé par les pièces d’habitation surmonté par un grenier.

Ces maisons étaient souvent celles des éleveurs (troupeaux de petite taille), des vignerons, des artisans…Elles sont antérieures au XIXe siècle ou datent du début de ce siècle. Ce type de maison se trouve souvent au sein d’une propriété à cour fermée ou bien dans un bourg avec un accès direct sur la chaussée. Une maison de ce type se trouve dans la commune d’Échallat, hameau de Villars.

b. Les dépendances

La commune possède aussi un ensemble de bâtiments agricoles intéressant qui nous permettent de mieux comprendre les modalités de l’exploitation de la vigne, activité qui a dominé, jusqu’à la crise du phylloxéra.

Ensuite, les fermes se sont reconverties dans la polyculture. Ainsi, le bâti a évolué et souvent les bâtiments ont été remaniés ou reconstruits au fur et à mesure des destructions ou ajoutés en fonction des besoins.

Le hangar

Ce type de bâtiment est ouvert sur un ou plusieurs côtés. Le toit à longs pans est soutenu par des poteaux en pierre de taille ou en moellons. Ceux-ci peuvent être de section cylindrique ou carrée. Ces données peuvent indiquer des éléments de datation pour leur construction. Sur la commune nous avons quelques exemples de hangars à piles maçonnées cylindriques qui pourraient dater du milieu du XIXe siècle. Il existe au moins un hangar à piles maçonnées carrées qui pourrait dater de la fin du XIXe siècle20.

La grange

Dans ce type de bâtiment rectangulaire, l’un des murs gouttereaux est percé d’au moins une grande porte cochère. La grange est parfois isolée ou située dans le prolongement de la maison ou des autres dépendances. La façade peut comporter une porte cochère centrale encadrée de deux portes d’étable, ou une porte cochère et une porte d’étable latérale. La grange-étable est l’élément essentiel des bâtiments agricoles. Elle héberge le troupeau, le fourrage, le matériel de transport et sert aussi d’aire de battage.

20 L’habitat en Poitou-Charentes, vocabulaire et datation, Les carnets de l’inventaire, Service Régional de l’Inventaire

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Les séchoirs à tabac

Échallat possède au moins trois bâtiments convertis en séchoir à tabac, rappelant la prédominance de cette culture dans les années 1960-1970. Deux bâtiments se situent au Fessou dans une même propriété et le dernier se trouve dans le bourg, impasse du Séchoir.

A l’intérieur, les charpentes des granges ont conservé les anciens systèmes de suspension des feuilles de tabac, où celles-ci séchaient jusqu’à prendre une couleur brune.

Ces séchoirs se distinguent à l’extérieur par le percement de hautes fenêtres rectangulaires

Le toit à cochons

Ces petits bâtiments bas et de plan allongé sont attribués aux porcs et sont localement appelés « toits à cochons ». La façade est percée de portes permettant l’accès aux animaux et de petites baies d’aération.

Le chai

Ce bâtiment est plus ou moins développé, suivant l’importance de la propriété. Il est destiné à conserver le vin ou les eaux-de-vie à l’abri de la lumière et de la chaleur. Il peut faire partie d’un ensemble de bâtiments à l’intérieur d’une cour fermée ou bien, lorsqu’il est plus modeste, il peut être situé à l’arrière de la maison.

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VI. Patrimoine vernaculaire

Les signes d’une vie quotidienne passée sont encore apparents dans le patrimoine bâti des communes rurales. Les puits, les buanderies, les fours à pain, les fontaines, les pierres d’évier, les pigeonniers, les pierres à chevaux sont les vestiges d’une utilisation passée.

Lavoir du bourg d’Échallat

Le cadastre napoléonien de 1828, indique déjà la présence d’un puits à l’emplacement de l’actuel. Il est reconstruit en 1845, selon des documents d’archives, pour la somme de 400 francs. En 1885, la municipalité fait aménager le lavoir, associé au puits. Il est couvert pour le confort des lavandières en 1905. En 1996, la municipalité a restauré ce patrimoine vernaculaire.

Créés à l’initiative des communes, les lavoirs collectifs se sont généralisés au XIXe siècle et leur construction a perduré jusque dans la première moitié du XXe siècle. Bâtis près d’un point d’eau (source ou rivière), à proximité du bourg pour limiter le trajet des lavandières, ils n’étaient cependant pas implantés dans

le cœur des bourgs afin d’éviter la pollution de l’eau po table par la lessive. L’adduction d’eau puis l’installation de la machine à laver dans les foyers, à partir des années 1960, a entraîné l’abandon des lavoirs.

Les puits

Nous avons recensé 17 puits sur la commune d’Échallat. Beaucoup d’autres puits se situent à l’intérieur des propriétés et n’ont donc pas été inventoriés. Avant l’arrivée de l’eau courante dans les foyers, les puits étaient les seuls points d’approvisionnement en eau. Il existait des puits privés et communaux.

Les puits, dans leur forme la plus simple, sont de plan circulaire et disposent d’une margelle en pierre monolithe ou appareillée. Au-dessus se trouve le mécanisme permettant de remonter l’eau à la surface : poulie ou treuil à manivelle. Ils sont généralement couverts pour conserver la fraîcheur et la propreté de l’eau, mais aussi pour éviter les chutes accidentelles. Certains puits étaient associés à un abreuvoir comme au Fessou.

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Les fours à pain et les buanderies

Les fours à pain sont, soit communs aux habitants d’un hameau, soit dépendant d’une ferme. Il n’existe pas de four communal sur cette commune. La position du four par rapport aux autres bâtiments est très variable. Il est soit accolé à d’autres bâtiments, soit séparé de la grange et du logement afin de limiter les risques d’incendies. Il peut être ouvert sur l’extérieur ou situé dans un bâtiment appelé « fournil ».

Ils étaient souvent associés à la buanderie où se déroulait la lessive appelée « bughée » en patois. Elle avait lieu au printemps et à la fin de l’été, juste avant la mauvaise saison. Les grosses pièces de linge étaient ébouillantées dans des ponnes (cuves en pierre ou en terre cuite) dans un mélange d’eau bouillante et de cendres de bois, qui étaient récupérées dans les fours à pain. L’eau bouillante était ensuite versée sur le linge avec une cassotte. Elle s’infiltrait dans le linge avant de s’écouler par « la trude ». Cette sorte de gouttière en bois reliait la ponne à un récipient posé sur le foyer dans lequel l’eau était recueillie et réchauffée. Dans le hameau de Puy-Saint-Jean, cette buanderie a L’opération était renouvelée durant 24 heures. Le conservé son foyer permettant de chauffer l’eau de la lendemain, le linge était transporté à l’aide de lessive, ainsi que deux ponnes en pierre. Elle est e brouettes ou de charrettes jusqu’au lavoir ou bien associée au fournil. Ce bâtiment pourrait dater du XVIII siècle ou du début du XIXe siècle. lavé dans des auges en pierre appelées « timbres ».

Les cages à chanterelle

On retrouve des cages à chanterelle sur les façades des maisons. La partie visible de l’extérieur était une grosse pierre de taille carrée avec en son milieu une ou plusieurs fentes verticales. Ces ouvertures menaient à une cage logée dans l’épaisseur d’un mur en hauteur. La chanterelle est un oiseau femelle, dont le chant appelle les mâles de son espèce. Dans notre région, la chanterelle était exclusivement une perdrix, gibier très prisé autrefois. Les propriétaires des maisons plaçaient une perdrix qui attirait par ses cris les mâles, que l’on pouvait capturer facilement21. La commune compte sept cages.

21 CRAVALLEE (A) « Oiseaux et bâti traditionnel », Le Picton, n°192, novembre décembre 2008

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Conclusion

La commune présente peu de vestiges médiévaux, en dehors de l’église mais concentre un important habitat notable du XVIIIe siècle. Cela semble démontrer qu’Échallat a connu une activité viticole précoce, peut-être développée grâce au passage de la route royale Paris-Espagne sur son territoire jusque dans les années 1760. La route royale change ensuite de tracé mais Échallat conserve des voies de communication importantes, qui sont de plus en plus fréquentées. Le XIXe siècle est une époque prospère pour la commune. Les propriétaires ont alors choisi de remplacer le bâti ancien ou de réutiliser les anciens domaines seigneuriaux pour y développer de vastes propriétés témoignant de leur réussite économique.

La commune compte de nombreuses propriétés viticoles caractéristiques de la première moitié du XIXe siècle. Dans les années 1880, la crise du phylloxéra a provoqué une mutation de l’activité de la commune et a entraîné une diminution de moitié de la population.

Le bourg a connu, au cours du XIXe siècle, un déplacement de son activité du pourtour de l’église vers la voie de communication principale reliant Sauzé-Vaussais à Barbezieux. En 1856, on dévie encore plus vers l’ouest du bourg cette route départementale, en expropriant certains terrains afin d’avoir un tracé rectiligne.

La commune d’Échallat possède un patrimoine de belle qualité, notamment de nombreuses fermes viticoles. Les paysages vallonnés environnants, où alternent vignes, champs de céréales et bois servent d’écrin à la commune.

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