Cahiers De Sambre Et Meuse
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Revue trimestrielle, BELGIQUE - BELGIE 86e année 5000 NAMUR 1 N° 2/2010 P. P. 4 1450 avril, mai, juin N° d’agrément : P 801 243 Société royale SAMBRE ET MEUSE (A.S.B.L.) CAHIERS DE Siège social : avenue Gouverneur SAMBRE ET MEUSE Bovesse, 24 bte 12 5100 Namur (Jambes) Le Guetteur Wallon www.sambreetmeuse.org Éditeur responsable : Fr. Jacquet-Ladrier Prix du numéro : 6,5 € Le souvenir des combats de juin 1815 en province de Namur Société royale SAMBRE ET MEUSE A.S.B.L. Siège social : av. Gouv. Bovesse, 24 bte 12, 5100 Jambes (Namur) Arrondissement judiciaire de Namur http://www.sambreetmeuse.org CONSEIL D’ADMINISTRATION : Présidente : Mme Françoise Jacquet-Ladrier av. Gouv. Bovesse, 24 bte 12, 5100 Jambes - 081 / 46 05 42 Vice-président : M. Alain Falise rue Piret-Pauchet 15, 5000 Namur - 081 / 22 09 70 Secrétaire : Mme Anne Mirasola-Mossiat rue des Trois Piliers 104, 5002 Saint-Servais - 081 / 73 24 07 Trésorière : Mme Marie-Claire Offermans rue du Progrès 12, 5000 Namur - 081 / 73 86 56 Membres : Mmes O. Maréchal-Pelouse, A. Liétart, M. Arickx-George, M. Mercier-Lecharlier MM. C. Istasse, J. Lambert, O. Martinelle, L. Michaux, Th. Naniot, M. Ronvaux Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Le directeur de la revue a essayé de contacter les ayants droit au copyright des illustrations. Néanmoins, si l’un d’eux constatait que des illustrations ont été publiées à son insu, qu’il veuille bien prendre contact avec lui. Toute reproduction d’un article ou d’un extrait d’article, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite, sauf autorisation préalable de l’éditeur. Édité avec le soutien de la Communauté française et de la Ville de Namur. Cotisation annuelle : 20 € Compte : 068-2009608-86 de Sambre et Meuse a.s.b.l. - 5100 Namur IBAN : BE78 0682 0096 0886 - BIC : GKCCBEBB Cahiers de Sambre et Meuse SOMMAIRE n° 2010-2 Souvenir napoléonien : La stèle du colonel prussien Heinrich von Zastrow (combats de Namur, 19-20 juin 1815) Cédric ISTASSE p. 62 Lettre autographe du prince prussien Frédéric Guillaume (futur Guillaume Ier, empereur allemand) adressée au magistrat de Namur, 5 octobre 1815 Cédric ISTASSE, Laure TIQUET & Fabienne VANOIRBEEK p. 90 Cinq vétérans de Wallonie légataires de l’empereur Napoléon Ier, au titre de blessés des batailles de Ligny et de Waterloo Cédric ISTASSE p. 92 Comptes rendus p. 103 COUVERTURE Page 1 : Plaque commémorative inaugurée le 31 mai 1986 par l’Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens (parc Louise-Marie, place d’Omalius, Namur). Page 4 : BARTLETT & PAYNE, View on the Meuse, near Namur (détail), Londres [1re moitié du XIXe siècle] (collection privée). 61 Souvenir napoléonien : La stèle du colonel prussien Heinrich von Zastrow (combats de Namur, 19-20 juin 1815) Tous les Namurois connaissent la plaque de métal apposée sur le dernier pilier de gauche de la grille d’entrée du parc Louise-Marie, place d’Omalius. Inaugurée le 31 mai 1986, cette initiative de la délégation de Belgique de l’Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens 1 rappelle aux passants qu’« ICI S’ÉLEVAIT / LA PORTE DE BRUXELLES. / LE 20 JUIN 1815, CETTE PORTE / FUT TÉMOIN DES COMBATS / OPPOSANT L’ARRIÈRE- GARDE / DU MARÉCHAL GROUCHY / À L’ARMÉE PRUSSIENNE. » Mais rares sont ceux qui connaissent le rapport étroit entre cette plaque commémorative et une stèle située dans le cimetière de Namur-Belgrade. Ce monument, inauguré en 1857, est consacré à la mémoire du colonel prussien Heinrich von Zastrow, mortellement blessé durant lesdits combats namurois du 20 juin 1815. La ville et les habitants de Namur en mai 1815 Au début de l’année 1815, profitant d’un congé de longue durée, le major anglais William Edward Frye (1784-1853) décide d’entreprendre un grand voyage à travers le Vieux Continent. Ce tour d’Europe, qui durera jusqu’en 1819, le mènera successivement en Allemagne, en France, en Suisse, en Italie et en Autriche. Son périple débute par le tout jeune royaume des Pays-Bas, né le 16 mars 1815 – date à laquelle Guillaume d’Orange a pris le titre de roi des Pays-Bas sous le nom de Guillaume Ier 2. Aux termes du Congrès de Vienne, auquel il doit d’avoir vu le jour, ce nouvel État est constitué par l’union des anciennes provinces-unies des Pays-Bas avec les ci-devant provinces bel- giques 3. Au moment où Frye met pied à terre à Ostende, le 2 mai 1815, il ne peut ignorer les menaces de guerre qui pèsent à nouveau sur le continent européen. Depuis l’Île d’Elbe, territoire dont il est le souverain en vertu du traité de ______________________ 1. A. CHAPPET, R. MARTIN et A. PIGEARD, Le guide Napoléon. 4000 lieux de mémoire pour revivre l’épopée, Paris, 2005 (Bibliothèque napoléonienne), p. 856. 2. Journal officiel du gouvernement de la Belgique, 2e sér., t. V, n° 1, Bruxelles, 1815, p. 2-7. Guillaume d’Orange, proclamé « Prince souverain des Provinces-Unies des Pays-Bas » à Amsterdam dès le 02 décembre 1813, s’était vu promettre un accroissement de territoire par l’art. 6 du traité de Paris du 30 mai 1814 (Recueil des traités et conventions entre la France et les puissances alliées en 1814 et 1815 ; suivi de l’Acte du Congrès de Vienne, Paris, 1815, p. 12). 3. Art. 65 de l’Acte du Congrès de Vienne du 09 juin 1815 (Ibid., p. 140). Les articles relatifs au nouveau royaume des Pays-Bas sont les n° 65 à 75 (Ibid., p. 140-146). 62 La Citadelle et la ville de Namur sous le Premier Empire français (dessin aquarellé s.d. [c. 1804-1815] : reproduction et commentaire dans N. BASTIN, Vues anciennes de Namur, s.l. [Namur], 1978, p. 30-31). Fontainebleau d’avril 1814, Napoléon Bonaparte a suivi avec attention la montée du mécontentement de la France envers la politique des Bourbons « ramenés dans les fourgons de l’étranger ». Il a également pris connaissance de projets relatifs à sa personne, visant à une déportation plus lointaine. Le nom de Sainte-Hélène a même été prononcé. Le 26 février, l’empereur a donc quitté son lieu d’exil et, le 1er mars, a débarqué à Golfe-Juan. Il y a proclamé : La victoire marchera au pas de charge ; l’Aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame 4. Vingt jours plus tard, et sans qu’aucun coup de feu n’ait été tiré, il était effectivement de retour à Paris. Porté en triomphe par ses partisans, il est rentré aux Tuileries, que Louis XVIII avait fui quelques heures plus tôt pour se réfugier à Gand. Depuis, le drapeau tricolore flotte à nouveau sur la France. Revenu au pouvoir par la volonté des paysans, des ouvriers et de l’armée (mais pas des notables, dont le soutien lui fait défaut), Napoléon Ier a multiplié les offres de paix à l’Europe coalisée. En vain. Les souverains d’Europe, qui ne voient en lui qu’un aventurier et un usurpateur, ont refusé toute négocia- ______________________ 4. Proclamation de S.M. l’Empereur à l’armée (Golfe-Juan, 1er mars 1815), dans Bulletin des lois, 6e sér., t. unique : Contenant les lois rendues pendant le second trimestre de l’année 1815, Paris, 1815, p. 5 ; Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, t. XXVIII, Paris, 1869, p. 4. Un exemplaire de pla- card reproduisant cette proclamation, imprimé à Charleville en mars 1815, est conservé en ARCHIVES DE L’ÉTAT À NAMUR [= A.É.N.], Archives de l’Intendance départementale de Sambre-et-Meuse et de l’administration provinciale de Namur sous la domination hollandaise (1814-1830) [= Régime hollandais], II-8. 63 tion. Bien plus, réunis en congrès à Vienne, ils l’ont déclaré hors la loi. Un nouveau choc armé est donc inévitable. Anglais et Prussiens restent stationnés en Belgique, tandis que Russes et Autrichiens refont marche sur la France. L’empereur des Français reconstitue donc ses troupes et commande armes et munitions. Parmi les premières étapes du périple de William Frye, figurent Bruxelles et diverses cités wallonnes, telles Namur, Binche, Charleroi, Mons, Tournai et Liège. Dans son journal de voyage 5 , le major anglais consigne ses impressions quant à l’état d’esprit des Belges qu’il rencontre 6. Ainsi, le 9 mai 1815, alors en séjour à Bruxelles, il écrit : En général, et d’après tout ce que je puis voir ou entendre, les habitants de la Belgique ne sont nullement satisfaits du présent état de chose 7. Au fil des pages, relevant les raisons de ce mécontentement, il note que les Belges regrettent fort qu’on les ait séparés de la France et n’hési- tent pas à déclarer leur attachement à l’Empereur (…). Parmi les boutiquiers et parmi les braves gens avec qui j’ai conversé, et qu’on a faussement représentés [en Angleterre] comme des victimes de la tyrannie de Napoléon, je n’en ai pas rencontré [beaucoup] qui aient de l’antipathie pour sa personne ou pour sa façon de gouverner (…) et les femmes ont beaucoup moins envie ici qu’à Londres d’aller embrasser le vieux Blücher 8. D’après Frye, trois causes principales expliquent les regrets que nourrissent les Belges pour leur ancienne appartenance à la France. Raison économique, tout d’abord : les traités internationaux, en les faisant citoyens du royaume des Pays-Bas, ont signifié pour eux la perte du marché intérieur français, gage de prospérité sous l’Empire 9. Raison politique, ensuite : l’amalgame des deux peuples, belge et hollandais, n’a pas du tout l’air de se faire 10.