Le Cas De Monsieur Sarmiento Et Les Artistes Italiens Résidant À Paris Dans Les Années Trente
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Le cas de Monsieur Sarmiento et les artistes italiens résidant à Paris dans les années Trente. Plusieurs peintres italiens vivant à Paris en 1928 décident de former le groupe des « Italiens de Paris ». Ce groupe est composé d’artistes dont quelques-uns sont déjà reconnus dans le milieu culturel méditerranéen, entre le Futurisme et la Métaphysique : Giorgio de Chirico, Alberto Savinio, Gino Severini, Massimo Campigli, René Paresce, Mario Tozzi et Filippo de Pisis. Jusqu’en 1933, ils inaugureront plusieurs expositions ensemble. Au début, ce fut un groupe de petite taille sans chef de file, mais la plupart n’était que de passage. Bien que Giorgio de Chirico pouvait être l’unique à pouvoir créer une place aux artistes Italiens dans l’Ecole de Paris, son tempérament trop instable et lunatique ne pût le permettre. C’est en 1926 que Mario Tozzi fonde le « Groupe des sept » avec Severini, Campigli, de Pisis, Paresce, Savinio et de Chirico pour encourager une série de manifestations d’art italien à Paris. Quelques-uns sont déjà parisiens lorsque la Première Guerre Mondiale éclate. Plusieurs ont déjà trouvé leur consécration. Bien que Gino Severini quitte la capitale française en 1926, il envoie une série de tableaux pour l’exposition « Les italiens de Paris » organisée par Mario Tozzi en 1927, et participera également au « Salon des Indépendants ». Giorgio de Chirico de retour à Paris trouvera la gloire en participant à la naissance du Surréalisme en 1924, dont il est par ailleurs considéré comme étant l’un des pères fondateurs. Alberto Savinio, frère de Giorgio de Chirico, arrive à Paris en 1926 et avec le soutien de Jean Cocteau, il dévoilera ses talents de peintre. René Paresce, homme de science et journaliste, décide de se consacrer pleinement à la peinture à son arrivée dans la ville lumière en 1925. De nouveaux italiens arrivent à Paris immédiatement après la Première Guerre Mondiale. Mario Tozzi est le lien entre ces artistes et les institutions en Italie. Il organise le premier Salon de l’Escalier en 1928 avec les « Italiens de Paris ». Massimo Campigli participe comme peintre au « Salon des Indépendants » en 1925, et bien qu’il arrive dans la capitale française comme journaliste en 1927, il décide très rapidement de se dédier pleinement à la peinture. À peine Filippo de Pisis arrive-t-il à Paris en 1925, que la Galerie Carmine lui dédie une exposition. Il y restera jusqu’en 1939 devenant omniprésent dans le circuit artistique parisien, même après le dispersement des artistes du « Groupe des sept » en 1933. 1 Les « Italiens de Paris » sont suivis par de nombreux critiques d’art influents qui appuient leur peinture et leur poésie artistique. Le plus vaillant et fidèle défenseur du groupe est Waldemar George, l’un des journalistes les plus craints de la vie artistique . Ce dernier écrit pour « La Presse », « L’Art Vivant » et « L’Amour de l’Art » et, à la fin des années Vingt, il fonde la revue « Formes ». Il est « l’enfant gâté » de l’Art Moderne, tous les artistes rêvent d’être « critiqué » par lui dans ses écrits. Ses convictions l’amènent à soutenir le mouvement du « rappel à l’ordre » que l’on peut voir en même temps en Italie et qui le porte à être en faveur des « Italiens de Paris ». Il écrit sur leurs expositions à Paris, la Biennale de Venise et diverses expositions auxquelles ils participent en Europe. Eugenio d’Ors, un intellectuel philosophe exaltant le Classicisme et l’Humanisme, est aussi un fervent défenseur des « Italiens de Paris », et tout particulièrement du travail de Giorgio de Chirico et Mario Tozzi. Maximilien Gauthier est un écrivain, critique d’art, biographe, journaliste et Président de multiples associations liées au monde artistique, ayant largement contribué à la reconnaissance de l’Art naïf et des « Italiens de Paris ». Georges Ribermont-Dessaignes, enfin, est un des premiers à adhérer au Surréalisme d’André Breton et, ensuite, à s’en éloigner. Il connait très bien l’œuvre de Giorgio de Chirico et en 1929 s’intéresse au groupe des artistes italiens en les exposant à la Galerie Zak. En 1928 Mario Tozzi, invité par le secrétaire général de la Biennale de Venise, Antonio Maraini, à s’occuper avec Paresce de choisir des artistes italiens pour une salle dédiée à l’École de Paris, commence à en réunir un groupe qui expose pour la première fois la même année au Salon de l’Escalier et après, à la XVI Biennale de Venise. C’est d’ici que le « Groupe de sept », avec d’autres artistes, commence à se dessiner comme un organisation structuré. De 1925 jusqu’en 1933 Tozzi et ses amis participent à plusieurs manifestations artistiques où ils sont présentés comme les « Italiens de Paris » : en 1929 avec « Un groupe d’Italiens de Paris » à la Galerie Zak et l’« Art italien moderne » à la Galerie Editions Bonaparte ; en 1930 à Milan « Prima mostra di pittori italiani residenti Parigi » à la Galleria Milano et à Venise pour la XVII Biennale, une salle nommée « Appels d’Italie » ; en 1931 « 22 artistes Italiens modernes » à la Galerie Georges Bernheim ; en 1932 encore à la Biennale de Venise avec une salle entière à eux dédiée ; en 1933 Paulette Pax et Lucien Beer instituent les « matinées » italiennes au Théâtre de L’Œuvre et à la Galerie Charpentier inaugure la grande revue « Italiens de Paris » présentée avec un discours official par Antonio Maraini. Cette dernière exposition était pensée avec le but 2 de constituer un fond commun pour un « Syndicat italien à Paris », mais elle prend un pli différent en devenant officiellement représentative de l’art italienne dans la ville française. « Les Italiens de Paris » représente un important nœud historique. Évidement il ne s’agit pas d’une rencontre fortuite, mais d’un groupe que même le Fascisme veut attirer dans son orbite. Les critiques qui les suivent, soutiennent l’ “Idéologie italienne” c’est-à-dire à dire qu’ils reconnaissaient dans le Neo-Humanisme une reprise des constants de la culture occidentale comme le classicisme romain et la Renaissance qui deviennent le moyen pour une dévolution spirituelle, philosophique et politique. Waldemar George se définit lui-même ainsi : « Unique défenseur à Paris de l’italianisme considéré comme une forme d’art plastique ». où l’italianisme est interprété comme une « forme d’art plastique » ainsi que le Surréalisme ou l’Art Abstrait et il décrit très clairement cette théorie dans son livre “Profits et pertes de l’art contemporain” où il prend des positions presque fascistes contre l’empirisme et le rationalisme de la culture moderne. Il écrit: “Son retour sur elle même (la culture italienne), sa volonté ardente de réviser les valeurs nationales, son culte de l’histoire, non point de la science historique ou archéologique, mais faits accomplis par les César et par les Condottieri sont des témoignages tangible de son rajeunissement. L’antiquité classique et la Renaissance prennent aux yeux des italiens une signification et une portée nouvelle. La Renaissance devient une source d’inspiration et une source d’énergie pour redonner à la peinture moderne le sens de ces pures valeurs de l’intelligence vers un lyrisme quasi métaphasique”1 «’Je suis le comte Sarmiento’, c’est la façon de la quelle l'étranger se présente, donnant ses mains gantées. ‘Je suis à Paris depuis plusieurs années, je suis né et grandi à Buenos Aires, j’ai étudié le chant et je suis devenu un baryton célèbre que tout le monde connait (...). J'ai décidé de distribuer ma substance énorme pour les peintres et sculpteurs italiens de Paris : C'est une fortune colossale, je ne veux pas me vanter’. ‘J'ai écrit à Mussolini, je lui ai dit que j’ai été décoré avec la Légion d'honneur et je veux être nommé officiellement ambassadeur italien des arts à Paris. Je n'ai pas eu une réponse (parce que notre représentant diplomatique est jaloux de moi). Je suis allé trouver Giorgio De Chirico, Severini, Campigli, Tozzi, de Pisis, Leonor Fini, et tous ces grands artistes m’ont promis 1 W. George, Profits et pertes de l’art contemporaine, 3 leur soutien: je suis engagé par écrit à acheter leurs tableaux à des prix compétitifs et de les offrir à la Galerie d'Art Moderne et au Jeu de Paume’»2. Antonio Aniante, qui faisait partie du milieu italien à Paris, nous dêcrit la figure de Emanuele Sarmiento à travers les impressions qu’il a eu à la première rencontre. On n’a pas beaucoup d’informations sur ce personnage qui, comme une étoile filante, a traversé les vies des artistes italiens dont il avait choisi les œuvres pour les donner au Musée de Grenoble et au Jeu de Paume à Paris et Aniante nous fait une description de Sarmiento plutôt pittoresque et les nouvelles rapportées sont vagues et pas très fiables. La première piste pour reconstituer la trajectoire biographique se trouve dans un dossier de l'État italien à Rome. Le dossier, de dix-huit feuilles, contient des rapports fournis par les informateurs à Paris qui gardent sous observation Sarmiento pour la police de l'État italien. De cela, nous pouvons en déduire un peu plus d’informations ; pour commencer son état civil et sa situation familiale : Emmanuel Sarmiento n'est pas né à Buenos Aires, mais à Rome le 15 Novembre 1875, marié à Laura Bertini dont il divorça le 26 Novembre 1912. Il a vécu à Rome via del Quirinale 21, il a émigré à Paris en 1912 et en 1918, il est revenu à Rome en séjournant au Grand'Hotel. En 1921, il s'installe définitivement à Paris et il disparaît, devient introuvable, et donc il est radié du registre de la population Italienne.