2-12, quai du Louvre, 2-22 et 24-36, rue de l’Arbre Sec, 1-7 et 2-12, rue Baillet, 1-21 et 23-25, rue de la Monnaie et 77-83, (1er arr.) Restructuration des anciens magasins 2 et 4 de La Samaritaine FAISABILITE PROTECTIONS : Magasin n°2 inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (arrêté du 25 juillet 1990). Magasin n°3 façades et toitures inscrites ISMH. Magasin n°4 : aucune protection.

ANTERIORITE RECENTE : - 4 avril 2002 : vœu pour « qu’une étude historique détaillée, inventoriant les éléments mobiliers et décoratifs, soit menée sur les réalisations de Frantz Jourdain et pour le compte de la Samaritaine, afin de pouvoir identifier avec certitude les parties à conserver. La Commission a estimé qu’elle ne pouvait rendre d’avis circonstancié avant la remise de cette étude. » - 7 octobre 2003 : « La CVP s’est félicitée de la réalisation de l’étude historique qu’elle avait demandée et a renouvelé son souhait qu’une attention particulière soit portée aux décors intérieurs. » - 5 juillet 2005 : communication relative à l’avenir des magasins de la Samaritaine. Pas de résolution. PRESENTATION : Les personnalités d’Ernest Cognacq, autodidacte entreprenant, et de sa femme Louise Jay, sont indissociables de l’histoire de la Samaritaine. Des débuts modestes et provinciaux, l’application des vertus prêtées au commerce traditionnel - prudence, économie, persévérance, pragmatisme… - et une vision à long terme sont les ingrédients d’une réussite exceptionnelle basée sur le choix délibéré d’une clientèle populaire. La stratégie architecturale des fondateurs relève des mêmes vertus. D’abord locataire des immeubles qu’il occupait depuis ses débuts en 1869, ce qui le contraignait à en conserver structures et façades, Cognacq décide dès 1888 de procéder à des acquisitions foncières à un rythme soutenu. Sans projet défini a priori (son premier plan directeur ne date que de 1903), la croissance de la Samaritaine privilégiait l’augmentation des surfaces commerciales, quand bien même leur situation en cœur d’îlot présentait des difficultés pour l’exploitation. Lors de son acquisition par le groupe LVMH en 2001, après un siècle de croissance et de construction, la Samaritaine comptait quatre magasins regroupés le long des rues du Pont-Neuf et de la Monnaie, autour de la première boutique ouverte par Ernest Cognacq. Au-delà de ces surfaces commerciales, la Samaritaine était très présente dans le quartier à travers de nombreux immeubles d’habitation destinés aux employés, achetés ou construits par Ernest Cognacq. Lors de la fermeture de l’enseigne en 2005, les Ci-dessus, de haut en bas : PLU 2010; affiche à la gloire des magasins n°1 et 3 avaient déjà fait l’objet d’une créateurs de la Samaritaine, 1926 ; vue aérienne en 1958 de reconversion ; les deux autres (magasin n°2 côté Seine, la Samaritaine sur le quai du Louvre (photo Roger Henrard, Parisienne de Photographie). et n°4 côté Rivoli) sont depuis cette date vides de toute activité. CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 2 Ci-dessus : atlas de Vasserot montrant les 3 îlots au début du XIXe siècle, juste avant le percement de la rue de Rivoli et avant les acquisitions progressives des Cognacq-Jay et leur transformation en commerces. Ci-dessous : plan de datation présentant l’implantation et les agrandissements successifs des 4 magasins de la Samaritaine.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 3 MAGASIN N°2 – COTE NORD, FRANTZ JOURDAIN : La réalisation du magasin 1 avait placé, entre les rues de la Monnaie et du Pont-neuf, le centre de l’activité commerciale de la Samaritaine. Les premiers immeubles à être acquis dans l’îlot voisin furent donc, de 1886 à 1891, les n°17 et 19, rue de la Monnaie et le n°3, rue Baillet qui, situés en face du magasin 1, permettaient l’extension la plus commode. La rencontre, fortuite mais décisive, entre Ernest Cognacq et Frantz Jourdain devait donner lieu, à partir de 1883, à une collaboration exemplaire. Jourdain se vit confier en 1891 la reconstruction du n°3, rue Baillet qui devait être destiné aux livraisons. Il suréleva les deux immeubles de la rue de la Monnaie dont il couvrit probablement dès cette époque les cours par des verrières pour y installer des halls de vente. Le magasin 2 fut donc initialement une annexe à proximité immédiate du premier magasin. Acquisitions et évictions se poursuivirent durant la décennie suivante. Cognacq comprenant qu’il lui faudrait, pour rivaliser avec les grands magasins déjà en place comme le Printemps ou le Bon Marché, des surfaces plus fonctionnelles, parvint d’abord à s’agrandir sur des surfaces reconstruites, entre la rue Baillet et la rue de la Monnaie, au cœur de cet îlot (alors limité par la rue des Prêtres Saint-Germain-L’Auxerrois). Afin d’obtenir une meilleure visibilité, il confia ensuite à Jourdain la reconstruction progressive des façades sur ces rues. Les grandes lignes de ce projet sont ainsi fixées dès 1903, sitôt qu’est acquise toute la partie sud de l’îlot. Restait à obtenir le déplacement d’une école communale et à incorporer le sol de l’impasse des Provençaux, voie publique qui desservait le fond de l’école. Jourdain, dans l’attente de la libération du sol et afin de permettre la poursuite ininterrompue de la vente, limita provisoirement son projet aux parcelles déjà maitrisées par la Samaritaine et eut recours à un hangar provisoire. A l’issue d’un voyage d’études dans les capitales européennes, l’architecte parvint à convaincre son client d’opter définitivement pour une architecture de fer apparent, rationnelle et suffisamment ornée et colorée pour attirer l’œil du chaland. C’est donc dans ce style que Jourdain édifia de 1905 à 1906 les nouvelles façades sur la rue de la Monnaie et, après déplacement de l’école, la spectaculaire façade à deux rotondes de la rue des Prêtres Saint-Germain en 1907. Le résultat de ces travaux ne nous est parvenu qu’en partie puisque l’autorisation de construire l’extension de 1927 jusqu’au quai n’a été accordée qu’en échange de la démolition des deux rotondes et les dômes de briques de verre qui les couronnaient et dont l’exubérance fut jugée tapageuse dès leur construction, notamment par la Commission du vieux . Cette réalisation, « alliance des arts plastiques et de la publicité » témoignait pourtant de l’inventivité de Jourdain qui utilisa les procédés les plus nouveaux : construction métallique industrialisée, planchers translucides… C’est à cet architecte et à cette œuvre que pensait Émile Zola lorsqu’il raconta l’épopée des grands magasins dans son roman Au Bonheur des Dames. Ci-contre : Entrée principale du magasin 2 (aquarelle, 1907, Fonds Jourdain, Étude GRAHAL) ; vue intérieure de la verrière au-dessus du grand escalier. CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 4 Ci-dessus : façade de F. Jourdain sur la rue de la Monnaie. Cette partie a été dépouillée d’une partie de son ornementation et de sa marquise au cours du XXe siècle. Au milieu : vue des escaliers et de la verrière. Ci-dessous : détails décoratifs escalier et verrière.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 5 MAGASIN N°2 – COTE SUD, HENRI SAUVAGE : L’extension de 1927 fut une reconstruction à neuf après acquisition au début des années 1920 de quatorze parcelles entre la rue Saint-Germain-l’Auxerrois et le quai du Louvre. Le terrain fut remembré au détriment de la rue et d’une partie de la place de l’Ecole, mais au bénéfice de l’élargissement du quai. Frantz Jourdain, âgé, essuya à l’automne 1925 un refus de l’administration pour un premier projet à ossature métallique apparente qui prolongeait les façades des années 1905 et dont la polychromie fut jugée incompatible avec le voisinage du Louvre et du Pont Neuf. Jourdain s’assura alors le concours d’Henri Sauvage, en le limitant à un rôle d’exécution dont ce dernier s’affranchit très vite pour diriger l’extension vers le quai. La profusion ornementale n’étant plus de mise, Sauvage sut faire agréer par le Comité technique et esthétique de Paris l’immeuble Art Déco actuel, d’un volume comparable au premier projet écarté mais à l’ossature métallique revêtue d’une forte épaisseur de pierre claire. Il s’écartait ainsi de l’expressivité des halles métalliques qu’avaient adoptée les autres grands magasins depuis la fin du XIXe siècle. D’une esthétique plus proche des immeubles de rapport ou de bureaux de l’architecte que de ses recherches contemporaines sur l’urbanisme et l’immeuble à gradins, l’extension assagie substituait aux grandes verrières l’ondulation d’une façade à bow-windows comparable à l’actuelle. La Ville puis l’État donnèrent leur accord au projet non sans en avoir fait retirer les mosaïques décoratives proposées initialement, ainsi que le lanterneau sommital à l’aplomb du vide central, qui fut remplacé par une terrasse accessible au public. La Commission du Vieux Paris ne donna son aval qu’à la réserve de l’interdiction « d’immenses réclames lumineuses »… qui ne manquèrent pas d’être installées dès l’inauguration.

Ci-contre, de haut en bas : démolition des immeubles du quai du Louvre et de la rue des Prêtres Saint-Germain-L’Auxerrois (photo Desprez, 1927, CVP). On aperçoit au deuxième plan l’une des deux rotondes de F. Jourdain sacrifiée dans l’opération d’extension. Construction de l’extension d’H. Sauvage en 1927 (Archives de la Samaritaine) ; élévation côté quai, 1926 (Archives de Paris) ; Magasin 2 vue de nuit en 1928 (Musée Carnavalet). Ci-dessous : façade actuelle du magasin 2 depuis le Pont Neuf.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 6 HISTORIQUE DE LA RUE DE RIVOLI DANS LA SECTION COMPRISE ENTRE LE LOUVRE ET L’HÔTEL DE VILLE : Le raccordement des deux voies est/ouest desservant le cœur de la capitale – les rues Saint-Honoré et Saint- Antoine – est envisagé dès le XVIIe siècle, mais n’a été réalisé qu’au cours de la seconde moitié du XIXe. Cette liaison s’est faite dans un premier temps en créant une voie nouvelle à l’ouest, doublant la rue Saint-Honoré (1ère section de la rue de Rivoli, longeant le jardin des Tuileries ouverte sous l’Empire, deuxième section ouverte à partir de 1852, le long du palais du Louvre), puis en raccordant ce premier tronçon à la rue Saint- Antoine, au niveau de l’église Saint-Paul (décret impérial de 1854). Si le premier tronçon prolonge le dispositif existant dans la forme et dans la conduite des opérations, le second se présente comme une opération haussmannienne type. Il participe du projet plus vaste de réorganisation de la « grande croisée » du cœur de Paris, avec la nouvelle place du Châtelet, l’ouverture du boulevard de Sébastopol et le prolongement de la rue Saint-Martin. Il appartient aussi au remodelage des abords de l’Hôtel de Ville, décidé dès 1853. L’ouverture de la rue de Rivoli entre le Louvre et Saint- Paul reprend l’idée ancienne de monumentaliser les abords du palais, prolonge l’œuvre de Percier et Fontaine, adopte un tracé conçu sous la Monarchie de Juillet (plan de Chantelot, 1841-42) et appartient aux premières percées réalisées par Haussmann à la demande de Napoléon III (après le boulevard de Strasbourg ou l’avenue de l’Opéra, mais avant les boulevards Saint-Michel, Saint-Germain, Magenta…). Réalisée entre 1848 et 1857, l’ouverture de la rue de Rivoli sous le Second Empire a entraîné, d’après Pierre Pinon, la démolition de 490 immeubles et coûté à la Ville 76 millions de francs (plus 18 à l’Etat). Entre le Louvre et Saint-Paul, la rue est bordée d’immeubles de rapport dont l’inventaire exhaustif n’a pas été effectué, mais qui constituent un front bâti encore parfaitement cohérent aujourd’hui. Par la suite, les démolitions dans cette section de la rue semblent se limiter principalement aux dégâts causés au moment de la Commune lorsque plusieurs immeubles des abords de l’Hôtel de Ville ont été incendiés (n° 33 à 39 et 86) en même temps que le monument. Ponctuellement, les immeubles haussmanniens ont laissé place à des constructions plus tardives, notamment pour les trois grands magasins que compte cette section de la rue : le BHV (A. Roy, 1912-13), C&A (anonyme, 1925) et la Samaritaine (Fr. Jourdain, 1930-33). Un seul immeuble a été reconstruit (n° 57, en 1900, Dureau et Orieme architectes). Sur cette même séquence, onze bâtiments ont été surélevés ou ont connu une modification de leur toiture d’origine, dès 1887 (n° 89) et jusqu’en 1938. A l’instar de l’immeuble Lissac, plusieurs immeubles ont subi récemment des restructurations lourdes : n° 65 (chantier en cours), n° 88 (en 2004-05), n° 98-102, ancien magasin Pygmalion (en 1995-2000), n° 128 (Ory, 1994), n° 140-144 (chantier interrompu) et le magasin 1 de la Samaritaine (Ory, vers 2000). Ci-dessus : vue aérienne de la rue de Rivoli (1951) ; vue de la rue de Rivoli à l’angle de la rue du Louvre vers 1900 ; façade de la Samaritaine sur la rue de Rivoli à l’angle de la rue de la Monnaie. CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 7 MAGASIN N°4 – IMPLANTATION DE LA SAMARITAINE SUR LA RUE DE RIVOLI : Dans sa forme actuelle, l’îlot délimité par les rues de Rivoli, de l’Arbre Sec, de la Monnaie et Baillet est un résultat caractéristique des percées haussmanniennes dans les quartiers anciens. L’îlot, d’origine médiévale, présentait jusqu’au milieu du XIXe siècle un parcellaire très serré sur lequel les immeubles s’étaient progressivement reconstruits aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’ouverture de la rue de Rivoli entraina la disparition du front bâti de l’ancienne rue des Fossés Saint-Germain l’Auxerrois au nord et la construction entre 1853 et 1855 d’immeubles au nouvel alignement. Ceux-ci s’inscrivirent dans la trame parcellaire ancienne conservée sur les trois autres rues. Ainsi, l’îlot est majoritairement composé d’immeubles des XVIIe et XVIIIe siècles dont les plus anciens se trouvent rue de l’Arbre Sec. La trame de tous ces immeubles, qui subsistent aujourd’hui, a guidé les aménagements successifs. Les deux tiers de l’îlot à partir de l’angle Rivoli-Monnaie furent dans un premier temps adaptés aux besoins d’un commerce de fourrure entre 1889 et 1932. Revillon procéda à des surélévations : deux niveaux ajoutés côté Rivoli, en 1889 pour le 77 et en 1904 pour les 77 et 79, avec mise en communication des immeubles entre eux. Si chacun a conservé ses façades, ses escaliers et ses niveaux de planchers, les cloisonnements ont disparu et les murs de refend ont été réduits. Les aérations de l’îlot ont néanmoins été préservées : les cours des immeubles ne furent pas couvertes. A l’angle de la rue de Rivoli et de la rue de l’Arbre Sec, la Samaritaine acquiert un immeuble haussmannien auparavant transformé en hôtel de tourisme et qu’elle a exploité sans modifier. La maison Revillon ni la Samaritaine n’ayant jamais pu acquérir l’ensemble de l’îlot, la transformation en En haut : l’îlot du magasin 4 à l’angle de la rue de Rivoli et de grand magasin s’y est déroulée progressivement sans la rue de l’Arbre Sec. Au premier plan, le mieux conservé des toucher les immeubles de la rue de l’Arbre Sec, ni ceux immeubles haussmanniens de la Samaritaine. du XVIIIe siècle rue Baillet. Ci-dessus : les immeubles XVIIe siècle de la rue de l’Arbre Sec. CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 8 Au centre : plan des expropriations de la rue de Rivoli qui montre la fabrication de larges parcelles en remplacement de l’ancien parcellaire en lanière (BHVP). En haut : façade actuelle sur la rue de Rivoli et vue de la Samaritaine sur la rue de la Monnaie. Ci-dessous : vue de la rue Baillet et de l’angle rue de la Monnaie – rue de Rivoli.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 9 Ci-dessus : Élévation du Magasin 4 de la Samaritaine côté Rivoli. La séquence présente 4 immeubles construits entre 1852 et 1855, au tout début du Second Empire. Les deux immeubles du centre et celui de gauche avaient été surélevés pour les besoins de la maison Revillon (en vert et violet sur l’image), avant même d’être rachetés par la Samaritaine. L’immeuble de droite est resté dans son enveloppe et sa structure d’origine.

Ci-dessous : plan du 4ème étage du magasin 4 (îlot Arbre Sec / Baillet / Monnaie / Rivoli) montrant l’emprise des immeubles, leur datation et la persistance de leur distribution. Sur la rue de l’Arbre Sec subsistent six immeubles d’habitation du XVIIe siècle un septième du premier tiers du 18e siècle. La rue Baillet compte trois immeubles du XVIIIe siècle, et trois autres du XVIIe, notamment l’importante maison à cour formant l’angle de la rue de la Monnaie, bâtie en 1693-99. Sur la rue de la Monnaie, se trouve un immeuble élevé en 1723-24.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 10 Les couleurs des façades correspondent à la datation des immeubles (voir page précédente). Ci-dessus : élévation rue de la Monnaie – état existant.

Ci-dessus : élévation rue Baillet – état existant.

Ci-dessus : élévation rue de l’Arbre Sec – état existant.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 11 ETAT DES IMMEUBLES DE LA SAMARITAINE SUR LA RUE DE RIVOLI : A partir de 1932, la Samaritaine a poursuivi les transformations amorcées par Revillon sur le principe d’interventions à l’intérieur des immeubles, derrière les façades conservées. Les opérations sont toutefois différentes qu’il s’agisse des surfaces de vente ou de zones non ouvertes au public. Ainsi, les structures des quatre premiers niveaux sont largement démolies, les anciennes cours ont été couvertes et le cœur d’îlot a été réuni. Toutefois, les niveaux de planchers côté rue de Rivoli ont été globalement respectés, les escaliers des immeubles 79 et 81 étant conservés. Les étages hauts, destinés au stockage et aux ateliers sont conservés dans l’état laissé par Revillon, avec une lecture encore possible des structures, comme par exemple la façade du corps de bâtiment de 1693-99 au 4e étage. Largement ouverts dès l’origine, les rez-de-chaussée – qui ont toujours été commerciaux – sont difficile à lire aujourd’hui derrière les derniers aménagements de la Samaritaine. Il est toutefois vraisemblable de considérer que les structures d’origine des différents immeubles ont subsisté. En conclusion, l’îlot qui a abrité le magasin 4 de la Samaritaine se distingue des trois autres par une prise en compte bien supérieure de l’histoire du site, que se soit par la conservation d’immeubles anciens (en entier ou partiellement) ou la préservation de la trace du parcellaire. Pour l’aménagement en grand magasin, la Samaritaine a eu une démarche tout à fait différente des autres magasins ; elle a effectué des aménagements qui ont préservé les façades, notamment rue de Rivoli, sans en masquer les qualités architecturales (à la différence de la façade rue de Rivoli du magasin 1 revêtue d’une structure métallique par Jourdain, ou de celle du magasin 3, entièrement démolie). L’emprise foncière actuelle de la Samaritaine sur cet îlot comprend donc six immeubles anciens (certains dans un état médiocre), un immeuble contemporain de l’ouverture de la rue de Rivoli n’ayant subi comme modification que la banalisation de ses intérieurs, trois façades d’immeubles haussmanniens de très bonne facture (et surélevés avec soin), mais derrière lesquelles les bâtiments ont globalement disparu, comme c’est aussi le cas pour les immeubles des XVIIe et XVIIIe siècles de la rue de la Monnaie et de la rue Baillet où se lisent encore très bien les proportions et les modénatures du XVIIIe siècle. Ci-contre : les deux escaliers d’origine des immeubles haussmanniens sont encore en place ; détail d’une des façades rue de Rivoli. Ci-dessous : revers de la façade des immeubles avec conservation des niveaux de planchers anciens.

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 12 PROJET LVMH : Le détail du projet concernant le bâtiment 2 n’est pas Depuis la fermeture du grand magasin en 2005, le encore connu. On sait seulement qu’il sera mené par groupe LVMH a entrepris une réflexion sur la Jean-François Lagneau, ACMH, pour ce qui concerne les reconversion des magasins 2 et 4, les magasins 1 et 3 restaurations, et par Édouard François pour ce qui étant désormais déjà séparés de cet ensemble. concerne l’aménagement de l’hôtel. Ce projet fera Le projet actuel appréhende les deux îlots dans le cadre l’objet d’un examen ultérieur devant la CVP. d’un programme global mixte, associant commerces, L’agence Sanaa a été retenue pour la construction du hôtellerie de luxe, bureaux ainsi qu’une crèche et des bâtiment neuf qui doit remplacer la totalité du magasin logements sociaux. 4, jugé hétéroclite, et d’une grande partie des Le magasin 2, inscrit à l’inventaire, serait conservé et immeubles anciens de la rue de l’Arbre Sec. La façade percé d’une cour et un immeuble neuf construit à la rue de Rivoli doit fournir la nouvelle identité visuelle de place du magasin 4. la Samaritaine, qui reste l’enseigne de ce nouveau Aux côtés de l’hôtel, installé dans le bâtiment de complexe, en pendant de la façade du côté Seine. Sauvage, et des logements sociaux aménagés dans les La façade projetée est présentée comme une immeubles anciens de la rue de l’Arbre Sec, le réinterprétation du rythme des façades parisiennes « à programme se déploie en deux registres superposés : travers un jeu d’ondulations aléatoires » calquée sur la trois niveaux commerciaux (24 000 m²) et six niveaux de travéation des immeubles disparus. Elle serait en verre bureaux (20 0000 m²) organisés sous la verrière de extra-clair à sérigraphie blanche dégradée sur toute sa Jourdain, autour d’un patio créé dans la partie côté hauteur (portée à 25 mètres depuis la révision 2010 du Baillet de l’immeuble de Jourdain, et dans l’immeuble PLU). neuf rue de Rivoli. Une crèche de 60 berceaux est Ci-contre, de haut en bas : schéma d’organisation du programme sur les deux îlots ; perspective du projet rue de également prévue. Rivoli. Ci-dessous : élévation intégrant la future façade dans le front bâti de la rue de Rivoli et sur la rue de l’Arbre Sec (Documents Sanaa).

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 13 En haut : vue de synthèse de la façade rideau sur la rue de Rivoli et sur la rue de l’Arbre Sec. Au centre : justification du concept d’ondes aléatoires. Les plis du mur rideau reprennent le rythme des travées des anciens immeubles haussmanniens. Ci-dessous : élévations générales avec indication du gabarit autorisé par le nouveau PLU (Documents Sanaa).

CVP - Séance plénière du 11 février 2011 - document de séance - textes et photos DHAAP 14