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PDF hosted at the Radboud Repository of the Radboud University Nijmegen The following full text is a publisher's version. For additional information about this publication click this link. http://hdl.handle.net/2066/107037 Please be advised that this information was generated on 2017-12-06 and may be subject to change. HENRI KLERKX PAUL BOURGET ET SES IDÉES LITTÉRAIRES Ψ 1946 DEKKER & VAN DE VEGT N.V. NIJMEGEN-UTRECHT PAUL BOURGET ET SES IDÉES LITTÉRAIRES PROMOTOR PROF. Dr. GERARD BROM CENTRALE DRUKKERIJ N.V. - NIJMEGEN PAUL BOURGET ET SES IDÉES LITTÉRAIRES ACADEMISCH PROEFSCHRIFT TER VERKRIJGING VAN DEN GRAAD VAN DOCTOR IN DE LETTEREN EN WIJSBEGEERTE AAN DE R.K. UNIVERSITEIT TE NIJMEGEN. OP GEZAG VAN DEN RECTOR-MAGNI- FICUS Dr. J. D. M. CORNELISSEN. HOOGLEERAAR IN DE FACULTEIT DER LETTEREN EN WIJSBEGEERTE. VOLGENS BESLUIT VAN DEN SENAAT IN HET OPENBAAR TE VERDEDIGEN OP VRIJDAG 1 FEBRUARI 1946, 'S NAMIDDAGS TE 3 UUR DOOR HENDRIKUS JOHANNES MARIA KLERKX GEBOREN TE ST. OEDENRODE 1946 DEKKER EN VAN DE VEGT N.V.. NIJMEGEN-UTRECHT TABLE DES MATIERES Avant-propos 1 1. Période lyrique 1. Enfance 3 2. Bohème littéraire et amitiés 5 3. Lectures .... , , 9 4. Collaboration aux revues 12 IL Le Critique psychologue 1. Taine 23 2. Originalité des Essais 28 3. Succès des Essais 35 4. Pessimisme 41 5. Décadence . 45 6. Dilettantisme 51 7. Dandysme 55 8. Dualité 58 ΠΙ. Le critique moraliste 1. Passage du psychologue au moraliste 67 2. Changement d'attitude vis-à-vis du Romantisme . 81 3. Changement d'attitude vis-à-vis du Déterminisme . 86 4. Changement d'attitude vis-à-vis du Naturalisme . 90 IV. Le critique sociologue 97 V. Le théoricien du roman 1. Eléments autobiographiques dans le roman. 117 2. Objectivité et étude des causes 120 3. Crédibilité 124 4. Importance du sujet 127 5. La composition dans le roman 130 6. Le style 139 7. Le roman d'analyse psychologique 144 8. Le roman de mœurs 149 9. Le roman historique 155 10. La nouvelle 158 VI. Influence de Bourget 1. Charles Maurras 166 2. Léon Daudet 167 3. Ernest Seillière ... 169 4. Pierre Lasserre 172 5. Léon Bloy 172 6. Nietzsche 175 7. Hermann Bahr 180 VIL Conclusion 183 Bibliographie 193 Index des noms cités 198 AVANT-PROPOS Parmi les voluptés que les modernes ont inventées et que la civili sation grecque ne connaissait pas, Thibaudet cite le tabac et la lecture de romans. A partir du XVIe siècle nous en connaissons une troi sième : la lecture de critiques littéraires ; il est évident qu'elle ne peut être que l'humble suivante de la deuxième ; elle est caractéristique pour une époque où l'exégèse remplace le souffle créateur, où la criti que elle-même tend à devenir un art. La lecture de l'œuvre de Bourget peut satisfaire le liseur de romans et l'amateur de critiques. C'est une des raisons qui ont donné lieu à la présente étude, d'autant plus que Bourget critique est bien moins connu que Bourget romancier. Pourtant il a disséqué bien des hommes avant d'en créer ; cela revient à dire qu'avant d'être le roman cier à la mode, il a débuté par réussir dans la critique. D'ailleurs, il n'a jamais cessé d'être critique, même dans ses romans. N'a-t-il pas dit lui-même que le roman tient de la poésie et de la science ? Cette conception explique le caractère hybride de son œuvre. Le lecteur averti remarquera qu'on s'est borné, dans cette étude, à la critique du roman. On a dû laisser de côté la critique du théâtre et la critique politique. Le domaine limité est encore assez vaste pour qu'on puisse y glaner des épis après ce travail. Outre son œuvre criti que proprement dite, publiée en quatorze volumes, Bourget a écrit des centaines d'articles dans un grand nombre de journaux et de revues, dont nous avons pu faire le dépouillement à la Bibliothèque Nationale, à l'Arsenal et à la Bibliothèque Mazarine. La recherche de ces docu ments, faite avant la guerre, a donné une moisson abondante que nous considérons comme une récompense suffisante de nos efforts. ι 1 I. PERIODE LYRIQUE 1. Enfance Charles-Joseph-Paul Bourget naquit à Amiens, le 2 septembre 1852. Sa naissance dans cette ville picarde est due aux hasards de la carrière universitaire de son père, Justin Bourget, qui, dans les années 1851 et 1852, enseignait les mathématiques au collège d'Amiens. En 1852, la famille passe à Strasbourg et en 1854, nous voyons Justin Bourget établi à Clermont-Ferrand, où il occupe la chaire de mathématiques pures et appliquées à la Facultés des Sciences. C'est dans cette ville auvergnate, que vont s'écouler l'enfance et la première jeunesse du petit Paul. Son père était d'origine vivaroise. Sa mère, Adèle Valentin, était lorraine et avait de lointaines origines allemandes. Au croisement de ces deux races, Paul Bourget attribue lui-même la dualité de sa propre nature, où se mêlent l'analyste et le poète, le critique et le romancier, l'observateur et le philosophe1). On nous apprend que le petit Paul était un enfant précoce. Entre sa sixième et sa huitième année il lisait Dickens et même Shakespeare dans une traduction. Son besoin d'écrire se manifeste à l'âge de neuf ans, lorsqu'il compose son premier „roman" : Le roman d'une fourmi. Pour son instruction il doit beaucoup à son père, esprit exact et nature austère, mathématicien et fin lettré, et dont une des citations favorites était empruntée à Pascal : „Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale"2). Son amour des lettres, il le doit probablement pour une grande partie à son grand-père maternel Nicard, qui lui enseignait le latin. A l'âge de dix ans, on l'envoya au lycée de Clermont. La vie d'inter nat fut pour l'enfant une torture. Il ne put s'habituer à cette existence en commun, où sa sensibilité était froissée au moindre événement. Lors qu'il se trouvait en troisième, la poésie romantique lui fut révélée par 1) Pour ses ascendances nous renvoyons au livre très documenté de M. Aurenche, Les Origines vivaroises de Paul Bourget, Paris 1932 et au livre indispensable à tous ceux qui s'occupent de Bourget, Albert Feuillerat, Paul Bourget, Histoire d'un esprit sous la Troisième République, Paris 1937. 2) Pascal, Pensées et opuscules, publiés par Léon Brunschvicg, lie éd., Paris s.d. p. 488. 3 son professeur Georges Morel ; Alfred de Musset surtout l'enchanta. Sous l'influence de ses lectures, il commence à se détacher de sa foi. L'exemple de ses professeurs, athées sceptiques, à qui la science et l'éloquence donnent un si grand prestige contribue à l'en éloigner. Il les compare aux dévotes et aux gens pieux qu'il rencontre dans sa famille, âmes simples, quelquefois incultes. De là à douter de la valeur intellectuelle du christianisme, il n'y a qu'un pas pour un jeune homme qui n'a pas d'autres exemples sous les yeux. C'est dans cette crise morale et intellectuelle que Paul achève sa seconde. Nous sommes en 1867, Paul a quinze ans, et une nouvelle vie va s'ouvrir devant lui. Son père accepte une invitation à prendre la direction des études à l'Ecole préparatoire du collège Sainte-Barbe à Paris. Les internes les plus avancés de ce collège suivaient les cours du lycée Louis-le-Grand et Paul est de leur nombre. A Paris, comme à Clermont, Paul fut un bon élève, mais sa timidité l'empêchait de briller. Ses condisciples n'ont pas prévu qu'il dût aller si loin. Il professait une admiration sans bornes pour ses professeurs Merlet, Eugène Despois et Aubert-Hix ; ce dernier avait été le con disciple de Baudelaire et d'Octave Feuillet ; il l'amena à lire les Fleurs du mal et les romans de Feuillet. Plus tard le jeune lycéen lit Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, Madame Bovary, Adolphe, les poésies de Leconte de Lisle et de Byron, mais ce qui a une influence décisive sur sa carrière littéraire, c'est la lecture de Balzac. En juillet 1870, la rhétorique achevée, Paul va passer les vacances dans le Midi de la France. Ce ne fut qu'après l'armistice qu'il put rentrer à Paris pour suivre la classe de philosophie d'Emile Charles, kantien convaincu, pour qui la conscience individuelle était le juge unique de nos actes. Son influence fut grande sur l'esprit de Bourget, qui était assez voisin des idées radicales. Les férocités de la Commune ont fortement troublé le jeune homme et lui ont ouvert les yeux, du moins à demi. Il comprit combien il est dangereux d'exciter les passions du peuple. A la fin de sa vie il a confié à son beau-frère Alfred Feuille- rat qu'il faisait remonter à ce spectacle l'origine de ses idées politiques et surtout le commencement de sa passion de l'ordre. Un passage dans un Crime d'amour, dans Outre-Mer et surtout dans Pendant ta bataille reflète assez ces conceptions nouvelles. Il semble cependant que ce n'est que peu à peu qu'il s'est dépris de ses théories humanitaires. Doué de cet esprit positif hérité de son père, les préférences du jeune philosophe allaient à Spinoza, dont le déterminisme mental l'en chantait.