La Revue Pour L'histoire Du CNRS, 20
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La revue pour l’histoire du CNRS 20 | 2008 Aventures et recherches aux pôles Printemps 2008 Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/6823 DOI : 10.4000/histoire-cnrs.6823 ISSN : 1955-2408 Éditeur CNRS Éditions Édition imprimée Date de publication : 3 avril 2008 ISBN : 978-2-271-06562-9 ISSN : 1298-9800 Référence électronique La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008, « Aventures et recherches aux pôles » [En ligne], mis en ligne le 03 avril 2010, consulté le 20 mai 2021. URL : https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/6823 ; DOI : https://doi.org/10.4000/histoire-cnrs.6823 Ce document a été généré automatiquement le 20 mai 2021. Comité pour l’histoire du CNRS 1 SOMMAIRE Éditorial André Kaspi Dossier : Aventures et recherches aux pôles Introduction Claude Lorius, itinéraire insolite d’un chercheur et d’un humaniste Glaces polaires : un « cru » de 800 000 ans d’âge Les grands forages glaciaires de l’Antarctique et du Groenland Jean Jouzel Glaciers, calottes polaires, climat et environnement Le LGGE fête ses 50 ans Paul Duval et Véronique Roux Alerte en Antarctique Où l’ozone stratosphérique fut menacé... Marie-Lise Chanin Les glaces vues du ciel Frédérique Rémy L’appel de la toundra 40 années entre nomadisme et modernité Joëlle Robert-Lamblin L’ethnographie en « zone interdite » Boris Chichlo D'un thème à l'autre Meudon, de l’aérostation à l’aérospatial Le centre de recherche de Meudon, de l’établissement central de l’aérostation militaire (1877) à l’Onera (1946) Marie-Claire Coët et Bruno Chanetz Mise en histoire de la recherche IPN : un cyclotron pour les ions lourds De Gatlinburg à la Plagne (1958-1969) René Bimbot La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 2 Compte-rendu La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique Sophie Cœuré Payot, 2007 Muriel Le Roux La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 3 Éditorial André Kaspi 1 L’année polaire durera deux ans. Elle a commencé en mars 2007. Elle prendra fin en mars 2009. C’est pourquoi nous consacrons notre dossier à cet événement scientifique de toute première importance. Les recherches polaires embrassent un vaste domaine. Elles touchent à la géologie, à la climatologie, à l’environnement. Elles apportent des informations capitales sur les populations qui vivent dans ces terres glacées. Bref, voilà une discipline qui avance à grands pas, pose des questions essentielles pour l’avenir de la planète et donne des réponses souvent inquiétantes. Quels seront les effets de la fonte des glaciers ? Que nous révèlent les sols sur l’histoire de notre planète ? Comment survivre dans cet espace qui subit de profonds bouleversements ? 2 Les chercheurs sont, d’une certaine manière, des aventuriers, des amateurs de sensations fortes, passionnés d’expériences scientifiques. Ils vivent loin de tout pendant des mois. De leurs expéditions, ils rapportent des connaissances dont nous avons intérêt à prendre en compte. Inlassablement, ils repartent à la recherche de nouvelles informations. Claude Lorius incarne cette discipline. De nombreuses récompenses lui ont été décernées. Les équipes qu’il a remarquablement animées et qu’il continue d’animer témoignent des apports déterminants que nous lui devons. Un itinéraire insolite ? Sans doute, mais aussi la réflexion d’un chercheur qui ne se laisse pas enfermer dans sa spécialité, qui sait être un humaniste et pousser à la méditation sur le monde environnant. 3 Il nous a paru naturel de lui donner la parole et d’ouvrir nos colonnes à quelques-uns de ses collaborateurs. C’est pourquoi nos lecteurs auront le plaisir de réfléchir sur le passé et l’avenir des calottes polaires. De graves menaces pèsent sur elles, qu’il s’agisse de l’Arctique ou de l’Antarctique, sur leurs habitants. Une fois de plus, c’est l’interdisciplinarité qui donne à l’enquête sa valeur et sa profondeur. Comme dans les numéros précédents, le dossier est accompagné d’articles qui traitent d’autres sujets. Marie-Claire Coët et Bruno Chanetz nous entraînent dans l’histoire du centre de recherche de Meudon, plus précisément dans l’histoire de l’aérostation. En leur compagnie, nous sommes invités à pénétrer dans les secrets de l’aviation à grande vitesse. René Bimbot poursuit son étude sur l’institut de physique nucléaire d’Orsay avec un chapitre sur le cyclotron pour les ions lourds. Je voudrais attirer l’attention de La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 4 nos lecteurs sur le compte rendu de l’ouvrage de Sophie Cœuré. Nous y voyons comment les archives deviennent des prises de guerre, comment elles peuvent être « libérées », ce qu’elles peuvent enfin nous révéler. 4 Voilà un numéro riche et original qui complète notre collection. Il est maintenant possible de consulter les numéros précédents sur le site de Revues.org. Ce qui donne à La revue pour l’histoire du CNRS une visibilité plus forte et contribue à renforcer, je l’espère, son influence. AUTEUR ANDRÉ KASPI Président du Comité pour l’histoire du CNRS La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 5 Dossier : Aventures et recherches aux pôles La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 6 Introduction Lieux de contrastes et carrefours des extrêmes, les zones polaires terrestres ou maritimes ont toujours exercé un pouvoir de fascination sur l’homme. À l’origine, la conquête de ces mondes inhospitaliers était le graal d’aventuriers en mal de sensation qui ont cédé leur place à des explorateurs, des savants et des scientifiques curieux d’évolution climatique, passionnés d’environnement, d’écosystèmes ou de biodiversité polaire dans les milieux extrêmes. Avec la question du réchauffement climatique en toile de fond, ce dossier prend le pouls des régions polaires et essaie de quantifier et de comprendre les changements environnementaux et humains, passés et actuels. Le tout dans un élan pluridisciplinaire et international au chevet d’une planète certes souffrante mais pas moribonde. La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 7 Claude Lorius, itinéraire insolite d’un chercheur et d’un humaniste 1 La revue pour l’histoire du CNRS. Parlez-nous de vos premiers pas sur la glace. 2 Claude Lorius. En 1957, après une initiation à la glaciologie polaire, science alors en devenir, j’ai « hiverné » avec deux compagnons dans une petite base isolée, la station Charcot implantée sur l’inlandsis Antarctique à 320 km de la côte et 2 400 m d’altitude. Au programme bilan radiatif de la surface, détermination de l’accumulation de la neige et des températures. Nous avons connu – 40 °C dans nos laboratoires creusés dans la neige, les mois d’hiver sans soleil et sans communication avec le monde extérieur mais aussi la solidarité forgée par les épreuves. C’est là que j’ai attrapé le virus polaire. 3 Je suis donc retourné en Antarctique deux ans après pour une campagne d’exploration montée par les Américains ; pendant 120 jours nous avons parcouru 2 500 km mesurant tout au long l’épaisseur de la calotte glaciaire, l’accumulation de la neige, la température et prélevant des échantillons. Ce raid a été marqué par une difficile traversée de glaciers crevassés et la découverte d’une chaîne de montagnes encore inconnue. Au terme de ces campagnes et aventures, nos mesures de terrain et analyses au retour ont révélé le lien entre la composition isotopique de la glace et la température à laquelle elle se forme, une relation qui a ouvert la voie à la reconstitution du climat du passé à partir de carottages dans les régions centrales de l’inlandsis. 4 Nous avions pour cela besoin de l’aide logistique des Américains. Fin 1974, un avion dépose notre petite équipe pour une campagne de reconnaissance au Dôme C, un site où sera implantée la base Concordia et réalisé le forage EPICA une trentaine d’années plus tard. Deux avions C130, sur les cinq assurant l’ensemble des opérations sur l’Antarctique, sont accidentés lors de l’évacuation dans des conditions extrêmes de décollage. La réaction des Américains fut alors extraordinaire : ils ont entrepris plusieurs campagnes pour récupérer ces avions et nous ont soutenus à nouveau pour effectuer notre premier carottage pour la reconstitution du climat. Il couvrait 40 000 ans sur une profondeur de 900 m, soit la fin de la dernière période glaciaire qui s’est terminée il y a 20 000 ans, avant l’entrée dans la période chaude que nous connaissons depuis 10 000 ans, l’Holocène. La revue pour l’histoire du CNRS, 20 | 2008 8 5 Après cette période, la richesse des archives préservées dans la glace nous motive pour remonter plus avant dans le temps, d’autant plus que les chercheurs de notre laboratoire ont démontré que les bulles d’air emprisonnées dans la glace sont le témoin fidèle de la composition de notre atmosphère, une source de nouvelles pistes de recherche. 6 La revue… Vous avez ensuite utilisé ces méthodes lors des forages à la station Vostok au pôle de froid de la planète... 7 C.L. En pleine guerre froide, fin 1984, nous nous posons à bord d’un avion américain à la station soviétique de Vostok, au coeur de l’Antarctique ; un site mythique pour les glaciologues, où l’on a mesuré jusqu’à – 89 °C. Les carottages menés là depuis plusieurs années nous donnent accès à une profondeur de 2 083 m, soit l’ensemble du dernier des grands cycles climatiques qui ont marqué le Quaternaire. On met enfin en évidence le lien entre les variations du climat et la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre ; un lien qu’avaient prévu les physiciens depuis plus d’un siècle mais qui n’avait pu être vérifié jusque-là.