Ebréon Numéro 6
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Avril 2002 Histoires du Pays d’AIGRE _____________________________________________________________________________________ EDITORIAL Et si un jour nos villages devenaient si petits qu’il nous faille nous intégrer à une autre entité que notre commune ! Si un jour nous n’étions plus qu’un grand pays de Charmé à Verdille et de Li- gné à Lupsault ! Alors, il nous faudrait reprendre nos souvenirs, nous refondre dans une autre identité afin de pouvoir redistribuer nos savoirs, nous replonger dans d’autres milieux et, ainsi, nous ouvrir à d’autres cercles d’amis et l’Histoire recommencerait toujours. Ima- ginons ce scénario …et continuons à apporter des Histoires. Bon courage et bonne lecture. Michel PERRAIN ESBRÉON Toi, le vieil Esbréon, perché sur ta colline, Tu as vu, dans tes murs, seigneurs et chevaliers, Dames et damoiseaux avec leurs écuyers, Monsieur de Fontmarais y venir en berline ! Au centre, dans un parc, vestige du passé, Debout, comme un guerrier, se tient un colombier. Coquettes sont les maisons et la petite église Domine la vallée, les champs de terre grise. Plus haut sur le coteau, elle prend d’autres couleurs : Des ocres et des roux et les sillons profonds Enfantent le maïs car le sol est fécond Remué, nettoyé, imprégné de labeur. La Font des Marais, Beaunac, Le Vigné, Champlambeau Puymorand, La Potonière, Le Petit Chavrillaud Dépendent d’Ebréon. Les superbes carrières Font connaître son nom et apprécier sa pierre. Autrefois, écrevisses, anguilles et brochetons Grouillaient dans la rivière et firent son renom. Les eaux claires et vives, longeant marais, jardins, En arrivant à Siarne, activaient le moulin. Mais son tic-tac s’est tu ! Il était un chemin Qui sentait la noisette, le trèfle, le sainfoin… Flânaient les amoureux et sifflaient les oiseaux, Dans ce petit chemin, de Siarne à Champlambeau. Janine AUDOUIN 1 Histoires du Pays d’AIGRE Avril 2002 _____________________________________________________________________________ Ebréon est une jolie petite commune du nord du canton adossée à la forêt de Tus- son, dont elle détient une petite partie au sud-est, limitrophe avec les communes de Villejésus, de Saint-Fraigne, de Tusson et de Souvigné, municipalité du canton de Vil- lefagnan. Notre population est passée de 550 habitants, en 1850 à 176 aujourd'hui, répartis dans 4 villages et 5 fermes isolées, égayant les 1005 hectares de territoire communal où règnent la tranquillité et la joie de vivre dans un espace qui mériterait, probable- ment, une densité d'Ebréonais plus importante. L'architecture de nos hameaux et maisons, d'époques différentes, y est très variée et très belle : ¾ L'église Saint-Pierre ¾ Le relais de la poste et son logis à La Font des Marais ¾ Le logis de Beauregard à Ebréon et sa fuie ¾ Le logis de Champlambeau ¾ Le lavoir de Beaunac ¾ Les nombreuses maisons avec leurs caves et leurs puits édifiés avec des pier- res d'Ebréon ¾ Le moulin de Siarne du nom du ruisseau, affluent de l'Osme, bien tranquille qui traverse notre commune du nord-est au sud, dans lequel les villageois pui- saient (autrefois) les truites, anguilles et brochets par des moyens proscrits aujourd'hui (paniers, cordelles, bidets etc) mais très efficaces et, à n'en pas douter, très amusants et ce toute l'année. Un menuisier, un peintre et un commerçant de chaussures composent un artisanat communal lui aussi victime de dépopulation. En lisière de la forêt de Tusson l'unique carrière restante, en pleine expansion nous rappelle que le sous-sol de la commune est particuliè- rement riche en calcaire. La principale ressource demeure l'agriculture, devenue, au fil des années, presque essentiellement céréalière, mis à part un élevage de porcs, une quinzaine de bovins et 10 hectares de vignes destinés au cognac. La dizaine d'exploitations restantes cultive chacune des terres, en dehors de nos frontières communales, 1212 ha pour une surface agricole utile communale de 751 ha. Les 6 moissonneuses-batteuses et la bonne trentaine de tracteurs existant sur la commune nous feraient presque oublier qu’Ebréon compte toujours 2 coopératives d'utilisation de matériel agricole, la CUMA d'Ebréon et la CUMA de Beaunac, toutes les deux en sommeil aujourd'hui mais qui, face aux mutations agricoles à venir et avec un peu de bonnes volontés, redeviendront probablement des outils indispensables à notre métier. La modernité d'aujourd'hui nous incite à penser à l'histoire et doit nous amener à protéger davantage les vestiges de notre patrimoine. Bruno LATOUCHE 2 Avril 2002 Histoires du Pays d’AIGRE _____________________________________________________________________________________ Les médaillés de saintE-hélène (suite) Décorés de la commune d’Ebréon : Louis BROUSSEAU - Soldat - Conducteur à l’E.M. du 5/03/1813 au 16/06/1814 Pierre DROUHAUD - Soldat au 58° voltigeurs du 10/10/1808 au 24/12/1814 Antoine GOUGEAT - Grenadier au 56° de ligne de 1800 à 1810 JeanGOUJAT - Sergent au 95° de ligne du 20/03/1807 à 1815 Jean GRATRAUD - Soldat au 2° léger du 24/03/1809 au 22/06/1814 Jean LAROCHE - Fourrier1 à la Garde Impériale (artillerie à cheval) du 1/06/1812 au 12/07/1812 Jean LARUSE - Soldat au 12° léger du 6/06/1809 au 30/04/1814 Jacques LEPINOUX - Réquisitionnaire2, de 1794 au 24/05/1801 Louis MANGOT - Soldat au 4° léger de 1813 à 06/1815 Pierre MODET - Soldat au 142° de ligne du 25/06/1812 au 25/08/1814 Jacques MONTAUD - Soldat au 22° chasseurs de 11/1811 à 07/1815 Pierre NIVEAU - Soldat au 6° d’artillerie de 1801 au 26/01/1812 Pierre PERAUT - Soldat au train des équipages de 10/1808 à 1814 Louis PINET - Soldat au 81° de ligne de 1811 à 1812 Jean SEGUT - Soldat au 42° de ligne de 1807 au 20/06/1814 Jacques AUDOUIN Sources : Site Internet : http://stehelene.geneactes.org « Dictionnaire de l’Académie » Edition de l’An 7 Comice agricole du 11 juillet 1912 à Aigre (suite) Participants de la commune d’Ebréon : ♦ BOUCHAUD - Ebréon - jury - vaches de races ♦ BOUILLON - Beaunac - jury - pouliches primées de 2 à 3 ans, volailles et labourage ¾ 1° prix - 25 francs - juments mulassières suitées ♦ BOUILLON fils - Beaunac - 1° prix + médaille d’argent - raisins de table ♦ BRUN - Ebréon - jury - race porcine ♦ CLÉMENT François - Ebréon - Exposant : ¾ 1 vache normande de 2 ans - 2° prix - 15 francs ¾ 1 vache 5 ans - 5° prix - 5 francs ♦ CLÉMENT - Champlambeau - Exposant : ¾ 1 vache - 4° prix - 10 francs ¾ 1 vache - 2° prix - 15 francs ♦ DAVID Emile - Beaunac - jury - produits agricoles et pommes de terre ♦ GIN - instituteur à Ebréon - jury - volailles et beurre ♦ GOBAUD - Ebréon - jury - labourage et exposant : 1 vache normande de 2 ans ♦ LAIDET Amédée - Ebréon - jury - baudets 1 Officier chargé de marquer les logements des gens de guerre. 2 Jeune homme requis pour le service militaire 3 Histoires du Pays d’AIGRE Avril 2002 _____________________________________________________________________________ ♦ LAFOSSE Joseph - Beaunac - jury - baudets et exposant : ¾ 2 bœufs - 1° prix - 25 francs ¾ 1 génisse limousine de 8 mois - diplôme d’honneur du Conseil Général ♦ LATOUCHE Léon - Beaunac - jury -pommes de terre ♦ LEGRAND Philippe - Ebréon - jury - espèce porcine ♦ LIZOT Pierre - Beaunac - jury - espèce ovine ♦ MARTIN Gatien - Ebréon - jury - juments mulassières ♦ RENAUD - Ebréon - Exposant : ¾ Lapins (3 au moins) - 2° prix - 3 francs Les sommes attribuées aux lauréats peuvent paraître insignifiantes mais il faut se souvenir, qu’à l’époque, nos concitoyens avaient dans leur porte-monnaie des pièces en argent de 5c, 10c, 50c, 1F, 2F et dans les « bas de laine » des pièces de 10F et 20F en or. (A suivre) Jacques AUDOUIN Sources : Extrait du registre du comice agricole de 1912. Le droit de chasse ous l’Ancien Régime, les paysans, selon le tradition orale, n’avaient pas le droit S de chasser. Si effectivement, les Ordonnances et Déclarations de Sa Majesté défendaient expressément à toutes personnes « non possédant fief », de chasser en « aucune manière », les archives de la justice prouvent que ces interdictions n’étaient pas toujours respectées. Ainsi, en fut-il un jour à Esbréon (alias Ebréon). Le 9 décembre 1732, Louis COR- GNOL, écuyer, seigneur de Tessé et d’Esbréon, se plaignit au Lieutenant Criminel de l’Angoumois. Sur le parvis de l’église d’Esbréon, à la sortie de la messe il fit observer au nommé BERNARD qu’il chassait mais qu’il n’avait pas le « pouvoir de porter un fusil ». Ce à quoi ledit BERNARD répondit que « le seigneur ne l’empêcherait pas de por- ter un fusil dans « ses » champs « et que lui, BERNARD, il empêcherait le seigneur de chasser parce qu’il abîmait ses bleds et qu’il retournerait son fusil sur le seigneur et sa meute ». Comment se régla le différent ? Le texte est muet sur ce point. Si BERNARD mit ses menaces à exécution, peut-être tua-t-il les chiens ? S’il tira sur le seigneur, le coup fit long feu. En effet, Louis CORGNOL s’en sortit indemne ou à peu près, puisqu’il vécut encore à Esbréon, dans son logis de Beauregard, pendant une bonne quarantaine d’années. Guy BERNARD Sources : Archives Départementales de la Charente - B1-10531 (repris par Gabriel DELAGE - Président de l’AGC - dans les relevés de justice édités par cette association) 4 Avril 2002 Histoires du Pays d’AIGRE _____________________________________________________________________________________ l’u.s. ebréonnaise ’est dans les moments difficiles que les gens se sentent plus proches les uns des C autres. Parfois des idées germent dans la tête de certains. C’est ainsi qu’à Ebréon, jeunes et moins jeunes décident, en fin d’année 1940, de créer une équipe de football. Pendant cette seconde guerre mondiale, notre petite commune n’a pas beaucoup de distrac- tions. Par ces temps tristes d’occupation allemande, les jeunes s’ennuient. Mais, pas de stade ! C’est René BINAUD, maire à l’époque, qui met à disposition un champ situé route de Tusson.