La Cour De France 1579 — 1833
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CORRESPONDANCE DES DEYS D’ALGER AVEC LA COUR DE FRANCE 1579 — 1833 RECUEILLIE DANS LES DÉPÔTS D’ARCHIVES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, DE LA MARINE, DES COLONIES ET DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MARSEILLE ET PUBLIÉE AVEC UNE INTRODUCTION, DES ÉCLAIRCISSEMENTS ET DES NOTES PAR EUGÈNE PLANTET ATTACHÉ AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES TOME PREMIER (1579-1700) PARIS 1889 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. [email protected] ou [email protected] D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. AVANT-PROPOS Les relations offi cielles de la Régence d’Alger avec la France datent de la fi n du XVIe siècle ; elles se sont continuées presque sans interruption jusqu’en juillet 1830. Pendant cette longue période de deux siècles et demi, les Pachas et les Deys ont échangé avec la Cour de nombreu- ses lettres que les historiens n’ont pu consulter encore, car elles n’ont jamais fait partie d’une collection spéciale dans les Archives de l’État. Lorsque les Princes barba- resques écrivaient à l’ « Empereur de France » ou à son « Grand Vizir », leurs correspondances parvenaient à la Cour, par l’entremise de nos Consuls, soigneusement en- veloppées dans des sachets de soie blanche. Elles étaient aussitôt remises entre les mains des Secrétaires-interprè- tes chargés d’en faire la traduction(1). Quand nos Rois jugeaient à propos de répondre aux « Illustres et Magni- fi ques Seigneurs », leurs dépêches étaient transmises éga- lement par nos agents aux Souverains de la Jenina, et ces ____________________ 1. Dans nos investigations, nous avons vu plusieurs originaux qui n’étaient plus accompagnés de leur complément français. Nous avons été par suite obligé de suppléer à la négligence des gardiens de nos papiers consulaires, et, pour combler certaines lacunes, nous avons fait traduire de la langue turque les documents dont la version française faisait défaut. IV AVANT-PROPOS derniers, qui souvent ne savaient pas lire, s’en rapportaient aux dires des truchemans de leur entourage. L’ensemble des documents ainsi échangés se trouve aujourd’hui dis- persé dans trois dépôts qu’il nous parait nécessaire d’indi- quer brièvement. Depuis la fondation de la Régence jusqu’à l’année 1630, c’est-à-dire pendant la période où nos premiers agents s’appliquèrent à faire connaître aux Algériens, en dépit de diffi cultés de tout genre, le lien commun d’in- térêt qui devait unir les riverains de la Méditerranée, les habitants de la côte africaine ne connaissaient guère de la France que la Provence, et n’attachaient quelque im- portance qu’aux armateurs de Marseille. En outre, nos Consuls étaient alors choisis et rétribués par les Députés, Échevins et Gouverneurs de cette ville. C’était par suite à ces derniers que les Pachas adressaient leurs missives, et c’est dans les Archives de la Chambre de commerce de la vieille cité phocéenne que nous avents été chercher les témoignages de nos plus anciennes relations avec les suc- cesseurs de Keir-ed-din. Quand l’infl uence personnelle du cardinal de Riche- lieu se fi t sentir dans toutes les branches de l’administra- tion, et que le développement de la marine, la fondation des colonies, l’extension de notre commerce dans les Échelles du Levant devinrent l’objet de sa sollicitude ; quand surtout Louis XIV se décida à faire entendre qu’il ne souffrirait pas plus longtemps les déprédations des corsaires barbares- ques qui insultaient son pavillon, la correspondance s’éta- blit directement entre la Cour de France et les Seigneurs d’Alger. Elle rentra naturellement dans les attributions des Secrétaires d’État de la Marine, et ceux-ci la dirigèrent AVANT-PROPOS V jusqu’à la Révolution. Nous devions par conséquent ex- plorer les Archives de la Marine et les Archives colonia- les pour tout ce qui concernait, pendant les deux derniers siècles, les négociations algériennes. Enfi n lorsque la direction des Consulats fut confi ée par la Convention, le 14 février 1792, au Ministère des Affaires étrangères, le Dépôt des Archives de ce dépar- tement s’accrut d’une quantité considérable de papiers d’État et notamment de la plus grande partie des dépê- ches de nos Consuls. Ce fonds s’est peu à peu complété avec les documents modernes, et nous avons été, croyons- nous, le premier à en faire le dépouillement complet pour les trois Régences d’Afrique. Ce travail nous a permis de commenter chacune des lettres des Princes d’Alger, et de les éclairer par des annotations puisées aux sources offi - cielles. Peu de temps après la conquête du général de Bour- mont, les Archives du Consulat de France à Alger revin- rent au Ministère des Affaires étrangères, et cette nouvelle série de documents historiques, en complétant tous ceux que nous venons de, signaler, nous a permis de suivre pas à pas, pour ainsi dire chaque jour, les relations parfois si diffi ciles de nos Consuls avec les Gouverneurs de cette étrange République. Mais si les trois dépôts que nous ve- nons d’énumérer ont conservé les lettres originales éma- nées des Potentats barbaresques, les réponses écrites par nos Rois n’ont pas été l’objet des mêmes soins. Les Algé- riens ont toujours été peu soucieux de conserver des Ar- chives, et, à défaut des originaux perdus, nous avons dû transcrire les minutes élaborées dans les bureaux des Se- crétaires d’État. VI AVANT-PROPOS On connaît peu d’ouvrages sur les rapports politiques de la France avec l’ancienne Régence d’Alger. Cependant les récits des Pères Rédemptoristes, les relations d’escla- ves après leur délivrance et les mémoires des voyageurs ont laissé sur certains points des aperçus intéressants. Les travaux plus modernes de Rang, Berbrugger, Rotalier, Lau- gier de Tassy ont montré le développement de la domina- tion turque et de la piraterie dans la Méditerranée ; Féraud s’est occupé des Concessions d’Afrique ; de Grammont, dont les ouvrages récents peuvent être consultés avec le plus de profi t, a raconté à la fois les révolutions de palais qui tant de fois ensanglantèrent Alger, et les vains efforts de nos agents pour obtenir le respect des traités dans ce pays. Toutefois la curiosité des érudits n’est pas encore satisfaite. La publication des dépêches échangées avec les Pachas et les Deys fera connaître un grand nombre de faits ignorés jusqu’à ce jour, d’incidents restés dans l’ombre, de détails rapportés d’une manière inexacte ou tout au moins incomplète. Les personnages qu’elles mettent en cause, la politique qu’elles dévoilent, les négociations qu’elles éclairent d’un nouveau jour, enfi n leur authenticité incon- testable nous paraissent justifi er les recherches patientes auxquelles nous nous sommes livré, et nous permettent d’espérer qu’elles seront consultées avec utilité par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Algérie. Nous devons adresser ici l’hommage de notre gratitude à M. Girard de Rialle, Chef de la division des Archives du Ministère des Affaires étrangères, et à M. Schefer, Directeur de l’École des langues orientales, qui ont bien voulu nous encourager dans nos travaux, nous aider de leurs conseils et nous guider dans nos recherches. Nous devons aussi AVANT-PROPOS VII remercier M. Barré de Lancy, Consul général, dont la connaissance approfondie de la langue turque nous a été fort utile, et MM. les Archivistes de la Chambre de com- merce de Marseille et du Ministère de la Marine et des Colonies. Nous avons trouvé chez eux le plus intelligent concours et la plus parfaite obligeance. VIII AVANT-PROPOS INTRODUCTION I FONDATION DE LA RÉGENCE D’ALGER. Avant qu’Alger tombât sous la domination turque, son ter- ritoire, occupé tour à tour par cinq nations différentes, faisait par- tie de ces vastes contrées désignées, depuis Jules-César, sous le nom de Mauritanie. Il n’est devenu un État distinct qu’à partir du XVIe siècle, et, pendant cette longue période, il a été sans cesse remanié, divisé, rattaché à des royaumes voisins. Chacune des révolutions qui tourmentèrent ce pays est venue mêler des races nouvelles à la race indigène ; chaque conquête a amené avec elle une religion qui, devenue dominante, a supplanté la foi des vaincus. Et cependant, en parcourant les annales si variées de l’ancienne Afrique du Nord, on est frappé de retrouver toujours dans sa population le caractère, les mœurs, les traits principaux de ceux qui occupent encore aujourd’hui le sol, et de reconnaître chez elle les descendants de ces populations berbères qui habitè- rent la Numidie longtemps avant l’ère chrétienne. Dans le rapide coup d’œil qu’on va jeter ici sur la fondation de la Régence d’Al- ger et sur l’organisation de l’Odjak, on ne pourra perdre de vue l’origine de ces belliqueuses peuplades que la mauvaise fortune a toujours tenues sous le joug, en dépit des transformations suc- cessives de leur patrie. Lorsqu’après les guerres puniques les Romains, maîtres de Carthage, fondèrent des colonies sur la côte africaine depuis les X INTRODUCTION frontières de l’Égypte jusqu’à la région marocaine, ils élevèrent, dit-on, sur l’emplacement actuel d’Alger la petite ville d’Ico- sium. Elle dépendait de la province de Césarée, devenue depuis Cherchell, et ne devait pas tarder à devenir aussi prospère que ses voisines. Pendant plus de quatre siècles, elle demeura paisible- ment soumise aux Empereurs de Rome.