Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Vendredi 30 novembre Vendredi 30 novembre 30 Vendredi

Concerto Italiano | Ensemble intercontemporain |

Dans le cadre du cycle Du sprirituel dans l’art Du mercredi 28 novembre au dimanche 16 décembre 2007 Ensemble intercontemporain Ensemble |

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr Concerto Italiano Italiano Concerto Cycle Du spirituel dans l’art Autour de Pierre Boulez du mercredi 28 novembre au dimanche 16 décembre

Entretien avec Pierre Boulez

Analysant le parallèle Kandinsky-Schönberg, vous confiiez préférer « par dessus tout que l’esprit parle à l’esprit. » Ne pourrait-on retrouver, au sein de l’œuvre musicale, la fonction prophétique de la peinture abstraite, et cette aptitude à révéler un Invisible habituellement trahi par des représentations trop précises ?

Avec l’œuvre musicale, sauf si elle repose sur un texte – et encore que la poésie contemporaine elle-même soit parfois difficilement déchiffrable –, tout est très différent. Son message échappe à toute définition. L’humanisme dont on affuble les derniers quatuors de Beethoven par exemple ne signifie pas grand chose, tandis que la dimension panthéiste de la Missa solemnis est plus proche de la Neuvième Symphonie que de la tradition liturgique. La production religieuse de Mozart – et celle des XVIIIe et XIXe siècles en général – demeure surtout théâtrale, et certaines pages sacrées de Monteverdi sont aussi dramatiques que la musique de l’Orfeo. La musique a perdu sa fonction rituelle. Elle n’a plus de style spécifique. Dans mon propre Rituel, je pensais d’ailleurs à l’organisation du rite plutôt qu’au rite lui-même ou qu’à sa raison d’être.

Messiaen considérait que seul le plain-chant convenait au culte, parce qu’il possédait « à la fois la pureté, la joie, la légèreté nécessaires à l’envol de l’âme vers la Vérité… »

Il y a toujours eu une certaine ambiguïté chez Messiaen. La foi du charbonnier… Il ne s’est d’ailleurs pas limité à l’approche occidentale du religieux. Finalement, le plus éloquent demeure la réaction de ses élèves. Aucun ne l’a suivi dans ce qui l’intéressait vraiment, l’église ou les oiseaux. Ce qui comptait, c’était sa musique – les moyens de sa musique – plutôt que ses idéologies.

Pourrions-nous en dire autant de vos rapports avec Kandinsky ?

La peinture de Kandinsky est née dans des paysages avant de devenir signes. Un peu comme les signes chinois eux-mêmes sont le condensé de la nature. Les signes transposent la réalité pour lui permettre de rayonner. Mais les figures géométriques de Kandinsky – à l’inverse de celles de Klee – se sont refermées sur elles-mêmes. Au point de ne plus faire du cercle qu’un cercle géométrique. Ma musique, au contraire, s’est faite de plus en plus réelle, a conféré de plus en plus d’importance au phénomène sonore. Il y a aussi en elle cette impression de flotter dans le temps, l’idée d’improvisation dans la succession (l’indétermination de la permutation), le rapport entre l’individu et le collectif, et ce constat que le pur hasard et l’ordre excessif conduisent au même résultat. Des concepts plutôt abstraits parce que, pour paraphraser Einstein, la seule chose que l’on peut expliquer du monde, c’est que le monde est inexplicable.

 Cycle Du spirituel dans l’art Autour de Pierre Boulez du mercredi 28 novembre au dimanche 16 décembre

Mais vos choix poétiques – et je pense plus particulièrement à René Char – mercredi 28 novembre – 20h ne traduisaient-ils pas une part de votre réflexion sur le monde ? Salle Pleyel

J’ai rencontré l’œuvre de René Char à moitié par hasard, chez un bouquiniste Anton Webern des quais de la Seine. J’avais déjà lu certaines choses publiées dans les Lettres Passacaille op. 1 françaises. Et ce nom constitué d’une seule syllabe est de ceux que l’on retient Olivier Messiaen facilement. J’ai donc découvert Seuls demeurent, et j’ai été très impressionné par Chronochromie sa façon de dire les choses, par l’articulation du poème. Dans ma musique, j’ai bien Pierre Boulez sûr cherché à garder un peu de cela. Le narratif dans Le Visage nuptial, l’illustratif Le Soleil des eaux dans Le Soleil des eaux, puis la structure dans Le Marteau sans maître. Mais mon Igor Stravinski approche des textes demeurait assez intuitive. Vous savez, je compare souvent Quatre Chants paysans russes l’analyse au conte de fée : vous traversez la forêt ensorcelée et, une fois sorti, vous Les Noces ne pouvez plus revenir en arrière parce que la forêt s’est reconstituée. L’analyse doit être intuitive et inventive. Pour le reste, il est inutile de savoir. Orchestre de Paris Accentus Finalement, en est-il, dans la musique, du spirituel comme de l’engagement Pierre Boulez, direction politique, Jean-Paul Sartre considérant que cet engagement était rendu quasi Laurence Equilbey, chef de chœur impossible par l’imprécision du sens de la musique ? Christiane Oelze, soprano Hilary Summers, Selon Boris de Schloezer, chanter, sur la même musique, « credo » ou « non credo » Arnold Bezuyen, ténor fonctionne aussi bien ; ce qui compte, c’est l’assertion. Mais c’est parce qu’elle Tigran Martirossian, basse n’a pas de sens précis, parce qu’elle n’est qu’elle-même, que la musique exalte le spirituel. Un spirituel qui se trouve aussi ailleurs. Mon idéal ? Être moral avec moi-même, même si un certain réalisme doit se superposer à cet idéal. L’apport mercredi 28 novembre – 15h spirituel passe alors par l’institution. Pensez à Wagner qui a bâti son théâtre. Sans jeudi 29 novembre – 10h et 14h30 institution, pas de communion, et sans communion, pas d’idéal réalisé. Les choses Spectacle jeune public ne peuvent être séparées. Si une œuvre est présentée au concert, elle oblige les gens à se rassembler et à participer. Entre la salle de concert et l’église, peu de Cailloux différences, sinon, peut-être, la nature des dogmes. Certains ont Dieu, d’autres Concerto pour marionnettes ont la musique. Question de naïveté. La musique elle-même ne fait que créer une et contrebasse illusion. Et on a certainement besoin de cette illusion pour vivre. Théâtre sans Toit Propos recueillis par François-Gildas Tual Pierre Blaise, conception Extrait de Cité musiques n° 55 et mise en scène Claire-Monique Scherer, Yasuyo Mochizuki, Brice Coupey, comédiens-manipulateurs Jean-Luc Ponthieux, musique et contrebasse Andrew Kulesza, conception scénique Veronika Door, marionnettes Gérald Karlikow, lumière

 Vendredi 30 novembre – 18h30 mercredi 5 décembre – 15h samedi 8 décembre – 15h Médiathèque jeudi 6 décembre – 10h et 14h30 Spectacle jeune public Forum : Pierre Boulez et René Char Zoom sur une œuvre Parole d’oiseau ! 15H : Conférence : Claudio Monteverdi Théâtre instrumental contemporain La Poésie de René Char Tirsi et Clori – extrait des Madrigaux Jean-Claude Mathieu, professeur du Livre VII Odyssée ensemble et cie de littérature Jean-François Farge, trombone 16H : Table ronde Denis Morrier, musicologue Serge Desautels, cor Animée par Philippe Albéra Franck Guibert, trompettes piccolo Avec la participation de Pierre Boulez Denis Martins, percussions 17H30 : Concert vendredi 30 novembre – 20h Cécilia Ferrario, chorégraphie Pierre Boulez Jocelyn Pras, création lumières Anthèmes, pour violon Claudio Monteverdi Jean-Pierre Cohen, création, diffusion Sonatine, pour flûte et piano Madrigaux du Livre VII – extraits et traitement du son en direct Sonate n° 3, pour piano Angelina Herrero, costumes Le Marteau sans maître - extraits Concerto Italiano Rinaldo Alessandrini, clavecin et direction Œuvres de Iannis Xenakis, Olivier Solistes de l’Ensemble Messiaen, Michaël Levinas... intercontemporain Pierre Boulez Pierre Boulez, direction Le Marteau sans maître Hilary Summers, contralto mercredi 5 décembre – 20h Ensemble intercontemporain salle pleyel Pierre Boulez, direction samedi 8 décembre – 20h Hilary Summers, contralto Alban Berg Suite lyrique pour quatuor à cordes - extraits Johann Sebastian Bach Trois pièces tirées de la Suite lyrique, Suite pour orchestre n° 3 dimanche 2 décembre – 14h30 pour orchestre à cordes Pierre Boulez * lundi 3 décembre – 20h Anton Webern Dialogue de l’ombre double, pour clarinette, Cinq Mouvements op. 5 pour quatuor clarinette enregistrée et piano résonant Épreuve finale (le 2/12) à cordes Johann Sebastian Bach et concert des finalistes (le 3/12) Cinq Mouvements op. 5 (transcription Concerto brandebourgeois n° 5 du Concours Olivier Messiaen pour orchestre) Pierre Boulez * Pierre Boulez Anthèmes II, pour violon et dispositif Ensemble intercontemporain Trois Improvisations sur Mallarmé électronique Pierre Boulez, direction Finalistes et Grand Prix du Concours Orchestre de Paris Concert français Olivier Messiaen, piano Christoph Eschenbach, direction Pierre Hantaï, clavecin et direction Valdine Anderson, soprano Solistes de l’Ensemble intercontemporain * Gabriel Richard, violon Andrew Gerzso *, réalisation Eiichi Chijiiwa, violon informatique musicale Ircam Marie Poulanges, alto Marie Leclercq, violoncelle

 mercredi 12 décembre – 15h vendredi 14 décembre – 20h dimanche 16 décembre – 16h30 jeudi 13 décembre – 10h et 14h30 Spectacle jeune public Christian Ritter Johann Sebastian Bach / Allemande sur la mort de Charles X George Benjamin Pierrot fâché avec la lune de Suède L’Art de la fugue Théâtre gestuel et musical Dietrich Buxtehude Pierre Boulez Trois Variations sur Rofilis de Lully Mémoriale, pour flûte et huit instruments Sur une idée originale d’Ophélie Gaillard Georg Böhm Johann Sebastian Bach / Musiques de Claude Debussy, « Wer nur den lieben Gott lässt walten » Marc-André Dalbavie Leos Janácek et Witold Lutoslawski Johann Sebastian Bach L’Art de la fugue Fantasia en la mineur BWV 922 Pierre Boulez Ophélie Gaillard, violoncelle Fantasia en ut mineur BWV 1121 Derive I, pour six instruments Delphine Bardin, piano Aria variata alla maniera italiana Johann Sebastian Bach / Cécile Roussat et Julien Lubek, mime « Wer nur den Liebe Gott lässt walten » Bruno Mantovani et mise en scène BWV 690-691 L’Art de la fugue Quatre Petits Préludes Pierre Boulez Prelude, Fuga et Allegro BWV 998 Messagesquisse, pour violoncelle solo mercredi 12 décembre – 20h Contrapunctus ! – extrait de L’Art de la fugue et six violoncelles Pierre Boulez * Pierre Boulez Gustav Leonhardt, clavecins Ioannes … explosante-fixe…, pour flûte solo, Rituel in memoriam Bruno Maderna Couchet 1652 et Jean Henry Hemsch ensemble et électronique Augusta Read Thomas 1761 (collection Musée de la musique) Helios Choros III (Les Danseurs du dieu Orchestre de Paris Soleil) - Commande de l’Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach, direction création samedi 15 décembre – 20h Vicens Prats, flûte Pierre Boulez * Éric Picard, violoncelle Éclat/Multiples Johann Sebastian Bach Le Clavier bien tempéré, Livre II Ensemble intercontemporain * Orchestre de Paris Préludes et Fugues I à XII Pierre Boulez *, direction Christoph Eschenbach, direction Emmanuelle Ophèle *, flûte Ensemble intercontemporain * Zhu Xiao Mei, piano Andrew Gerzso *, réalisation Pierre Boulez *, direction informatique musicale Ircam

dimanche 16 décembre – 15h

Johann Sebastian Bach Le Clavier bien tempéré, Livre II Préludes et Fugues XIII à XXIV

Zhu Xiao Mei, piano

 Boulez – Monteverdi : rencontre surprenante mais néanmoins prévisible tant il est vrai que les deux musiciens ont, chacun à leur manière, ouvert de nouvelles voies en repensant la forme musicale et ses rapports avec un texte poétique. « Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves », proclamait René Char, « Seules les traces font rêver. » Impossible d’oublier les vers de René Char du Marteau sans maître, déchiquetés mais entiers dans chaque note de cette œuvre-phare de Pierre Boulez composée 1955. Quelques « figuralismes », ces figures de rhétorique musicale nommées aussi « madrigalismes » par lesquels la musique suggère le sens d’un mot, soulignent la disparition du marcheur par des points d’orgue (Bourreaux de solitude), tandis que le verbe se noie dans le dispositif sonore, passe du chanté à la suggestion instrumentale après avoir été repris bouche fermée. Symétrie dans le désordre, asymétrie dans l’ordre, tout proclame le début d’une époque nouvelle, de la même façon que les madrigaux de Monteverdi s’inscrivaient dans une tradition pour mieux imposer leurs nouveautés. Les huit livres de madrigaux du compositeur italien, qui constituent une somme de ce genre « expérimental » entre tous, marqués par la hardiesse d’un esprit de recherche en perpétuelle évolution, allaient ouvrir la voie à l’invention du drame musical.

 Vendredi 30 novembre – 20h Salle des concerts

Claudio Monteverdi Madrigaux du Livre VII – extraits « Amor che deggio far » « Io son pur vezzosetta pastorella » « Augellin » Lettera amorosa : « Se i languidi miei sguardi » « Chiome d’oro » « Vaga su spina ascosa » « O come sei gentile » Tirsi e Clori

Concerto Italiano Rinaldo Alessandrini, clavecin et direction

entracte

Pierre Boulez Le Marteau sans maître I. avant « l’Artisanat furieux » II. Commentaire I de « Bourreaux de solitude » III. « L’Artisanat furieux » (avec voix) IV. Commentaire II de « Bourreaux de solitude » V. « Bel édifice et les pressentiments » – version première (avec voix) VI. « Bourreaux de solitude » (avec voix) VII. après « L’Artisanat furieux » VIII. Commentaire III de « Bourreaux de solitude » iX. « Bel édifice et les pressentiments » – double (avec voix)

Ensemble intercontemporain Pierre Boulez, direction Hilary Summers, contralto

Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain. Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la naissance de René Char.

Fin du concert vers 21h50.

 Claudio Monteverdi (1567-1643) Madrigaux du Livre VII – extraits

« Amor che deggio far » « Io son pur vezzosetta pastorella » « Augellin » Lettera amorosa : « Se i languidi miei sguardi » « Chiome d’oro » « Vaga su spina ascosa » « O come sei gentile » Tirsi e Clori

Durée : environ 35 minutes.

La rencontre Monteverdi-Boulez n’est surprenante qu’à première vue car, dans l’absolu, ces deux créateurs ont toujours été passionnés par les rapports du texte et de la musique. Des rapports qui, chez le Crémonais, ont bien souvent privilégié le répertoire madrigalesque.

Dans ce domaine, le Livre VII, publié en 1619 et sous-titré significativement « Concerto », occupe une place de premier plan, délaissant la stricte terminologie polyphonique pour des combinaisons allégées et solistisantes (duos et trios, entre autres) qui privilégient le nouvel esprit monodique et le style concertato.

Plus en détail, le recueil est écrit pour une, deux, trois, quatre et six voix, « avec d’autres types de chants » emblématiques de la jeune école. En fait, Monteverdi propose ici comme une « vitrine » de la nouvelle musique, l’objectif premier restant la peinture suggestive du mot.

Dans ce décor tourné vers le Baroque, le Concerto Italiano a cueilli un bouquet de miniatures illustrant à merveille le foisonnant savoir-faire du maître d’œuvre. Ainsi « Amor che deggio far » à quatre use avec une intuition infaillible des recettes de la canzonetta anacréontique (rythmes allants, triple ritournelle instrumentale récurrente entre les strophes) avant que la fraîcheur de ton de « Io son pur vezzosetta pastorella » (pour deux sopranos) ne bute sur les accents désabusés de sa conclusion et qu’« Augellin » à trois (« doi tenori e basso ») ne fasse de l’oiseau insouciant l’ambassadeur du douloureux amant auprès de la belle cruelle.

Quant au joyau majeur qu’est la Lettre Amoureuse (en vers libres) à voce sola et continuo, écrite sur un superbe poème, d’inspiration marinesque, de Claudio Achillini, son texte brûle le papier à chaque mot, embrasé par la géniale imagerie musicale de Monteverdi qui convoque ici le genre « représentatif », c’est-à-dire « joué » autant que chanté. À cet égard, il serait vain de vouloir dissocier la poésie du chant, tant celui-ci tire de celle-là élans lyriques et visions éperdues. Tour à tour plainte, prière, délire quasi érotique sous l’aiguillon du désir, la Lettera amorosa « sera écrite jusqu’à la fin des temps par ceux qui aiment et ne craignent pas de le dire ».

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Après ce sommet, la voluptueuse canzonetta « Chiome d’Oro » – « a due voci concertata da duoi violini, chitarrone o spinetta » – ne semblera que simple flirt, badinage à la surface des choses du cœur, mais la manière, avec l’art, y reste magistrale ; tout comme dans « Vaga su spina ascosa » (« a 3: doi tenori e basso ») et, plus encore, dans « O come sei gentile » (« a doi soprani »), qui oppose l’insouciance de l’oiseau « qui vit en chantant » au sort misérable de l’amant qui chante « alors qu’il est déjà mort » (notons que la virtuosité transcendante du début est peut-être un souvenir du fameux Concerto des Dames de Ferrare).

Reste le Ballo concertato Tirsi e Clori qui clôt en beauté ce VIIe Livre, vibrant d’une théâtralité irrépressible. Composé à l’occasion de l’avènement, à Mantoue, du duc Ferdinando Gonzague, en janvier 1616, c’est là une autre page maîtresse du Crémonais, une œuvre ouverte s’il en est, qui mêle solos, duos arioso, chœurs de bergers et danses à variations dans l’esprit du ballet de cour médicéen. Le prétexte arcadien de l’argument génère un sentiment de joie panique qui déferle sur la musique. En tout cas, Monteverdi s’y révèle un meneur de jeu ludique qui fait oublier les trouvailles rythmiques des balletti de Gastoldi, sans préjudice pour les acquis du style monodique. Et l’irrésistible montée de la conclusion, « balliamo », est le fait du « passeur » génial qu’il fut avant tout autre entre une Renaissance nostalgique et une conviviale modernité.

Roger Tellart

 « Amor che deggio far » « Amour, que dois-je faire » (Anonimo) (Anonyme)

Amor che deggio far Amour, que dois-je faire se non mi giova amar con pura fede? si aimer d’une foi pure ne me favorise ? Servir non vo’ così, Je ne veux servir ainsi, piangendo notte e dì per chi no’l crede! pleurant nuit et jour pour qui ne me croit ! E non si può veder Et si ne peut se voir l’amoroso pensier da l’occhio umano? l’amoureuse pensée à l’œil humain, Dunque un fido amator le fidèle amant, dans sa douleur, dovrà nel suo dolor languir invano? devra-t-il languir en vain ? Intesi pur talor Je sais que souvent che ne la fronte il cor si porta scritto; le cœur s’inscrit sur le front ; or, come a me non val pourquoi donc mon cœur scoprir l’interno mal nel volto afflitto? ne se lit-il pas sur mon visage affligé ? Ingiustissimo Re, Injuste Roi, perché la vera fé nota non fai? pourquoi ne resplendit la vraie foi ? Perché lasci perir Pourquoi laisses-tu périr les voix, voci, sguardi e sospir, se’l vedi e’l sai? les regards, les soupirs, si tu le vois et le sais ? Oh come saria pur Oh, si doux et sur amor dolce e sicur se’l cor s’aprisse! serait le pur amour si le cœur s’ouvrait ! Non soffrirebbe già La dame cruelle donna senza pietà ch’altrui morisse. ne souffrirait plus que d’autres meurent. E dunque sotto il ciel Or donc, sous le ciel non v’è d’alma fedel segno verace? n’y-a-t-il aucun vrai signe d’âme fidèle ? Ahi fato, ahi pena, ahi duol! Hélas destin, hélas peine, hélas deuil ! Or credami chi vuol, ch’io mi dò pace. Croyez-moi ou pas, je m’en vais en paix.

« Io son pur vezzosetta pastorella » « Je suis une belle bergère » (Anonimo) (Anonyme)

Io son pur vezzosetta pastorella Je suis une belle bergère che le guance ho di rose e gelsomini, aux joues de rose et de jasmin, e questa fronte e questi aurati crini et pour ce front or né de boucles dorées mi fanno altrui parer Driada novella. on me prend pour une jeune dryade. Di Flora non vi è qui nobil donzella Il n’y a dans la ville ni noble demoiselle o schiera di pomposi cittadini ni groupe de riches citadins che, quando lor m’incontro e faccio inchini, qui en me voyant faire des grâces il titol non mi dian de la più bella. ne donnent à Flora le titre de la plus belle. E se il giorno di festa io vado al ballo, Et si le jour de fête je vais danser, mi porta ogni pastor, perch’io l’inviti, chaque berger m’offre, pour que je l’invite, specchi, fior, frutti o vezzi di corallo. miroirs, fleurs, fruits ou caprices de corail. E non saranno a te punto graditi, Mes regards sont-ils si déplaisants,

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caro Lidio, i miei sguardi? E sempre in fallo cher Lydio ? Devrais-je toujours, ti pregherò, crudel, che tu m’aiti? et vainement, supplier ton aide, cruel ?

« Augellin » « Oiselet » (Anonimo) (Anonyme)

Augellin che la voce al canto spieghi, Oiselet, qui ouvre la voix au chant, per pietà del mio duolo aie pitié de ma douleur, deh spargi l’ali a volo: las, ouvre tes ailes au vol : indi vanne a Madonna, anzi al mio sole, va vers ma Dame, mon soleil, e con dogliosi accenti et avec de douloureux accents dille queste parole: porte-lui ces paroles : «O soave cagion d’aspri tormenti, « Ô douce cause de tant d’âpres tourments, soffrirete voi sempre souffrirez-vous toujours che in pianto chi v’adora si distempre?» que celui qui vous adore se dissolve en pleurs ? »

Lettera amorosa : « Se i languidi miei sguardi » Lettre d’amour : « Si mes regards languides » (Claudio Achillini)

Se i languidi miei sguardi, Si mes regards languides, se i sospiri interrotti, si mes soupirs inter rompus, se le tronche parole si mes paroles inachevées non han sin or potuto, n’ont pu encore, o bell’idolo mio, ô ma bien-aimée, farvi delle mie fiamme intera fede, vous convaincre de ma flamme leggete queste note, lisez ces notes, credete a questa carta, croyez en cette lettre, a questa carta in cui en cette lettre sotto forma d’inchiostro il cor stillai. où en guise d’encre je saignais mon cœur. Qui sotto scorgerete Vous y percevrez quegl’interni pensieri les pensées secrètes che con passi d’amore qui traversent mon âme scorron l’anima mia; d’un pas amoureux ; anzi, avvampar vedrete vous verrez même brûler come in sua propria sfera comme en sa propre sphère, nelle vostre bellezze il foco mio. mon feu pour vos beautés.

Non è già parte in voi Chaque partie de votre être che con forza invisibile d’amore m’entraîne entièrement vers elle tutto a sè non mi tragga: avec la force invisible de l’amour : altro già non son io je ne suis rien d’autre che di vostra beltà preda e trofeo. que la proie et le trophée de votre beauté.

11 A voi mi volgo, o chiome, À vous je m’adresse, ô chevelure, cari miei lacci d’oro: mes chaînes d’or bien-aimées : deh, come mai potea scampar sicuro Las, comment pouvais-je m’échapper se come lacci l’anima legaste, si vous maintenez mon âme enlacée come oro la compraste? comme une tresse, achetée comme de l’or ? Voi, pur voi dunque siete Vous donc, vous êtes, de ma liberté della mia libertà catena e prezzo. la chaîne et le prix. Stami miei preziosi, Mes précieux joyaux, bionde fila divine, blonds fils divins, con voi l’eterna Parca avec vous l’éternelle Parque sovra il fuso fatal mia vita torce. sur son fuseau fatal file ma vie.

Voi, voi capelli d’oro, Vous, vous cheveux d’or, voi pur siete di lei, vous appartenez donc à celle ch’è tutta il foco mio, raggi e faville; qui est tout mon feu, le rayon et l’étincelle ; ma, se faville siete, mais si vous êtes des étincelles, onde avvien che ad ogn’ora pourquoi, au contraire du feu, contro l’uso del foco in giù scendete? descendez-vous toujours ? Ah che a voi per salir scender conviene, Ah, vous devez descendre pour atteindre ché la magion celeste ove aspirate, ce que vous désirez, o sfera de gli ardori, o paradiso, ô sphère de passion, ô paradis : è posta in quel bel viso. le haut des cieux, ce beau visage.

Cara mia selva d’oro, Ma chère forêt d’or, ricchissimi capelli, précieuse chevelure in voi quel labirinto Amor intesse en vous Amour tissa le labyrinthe onde uscir non saprà l’anima mia. d’où mon âme ne saurait fuir. Tronchi pur morte i rami Puisse la mort tailler le feuillage del prezioso bosco du précieux bocage, et libérer mon e da la fragil carne esprit de la chair fragile, scuota pur lo mio spirto, car de ce si beau ramage, che tra fronde sì belle, anco recise, quand bien même émondé, rimarrò prigioniero, je resterai le prisonnier fatto gelida polve ed ombra ignuda. devenu froide poussière et ombre nue.

Dolcissimi legami, Liens si doux, belle mie piogge d’oro mes belles pluies d’or quali or sciolte cadete dont les gouttes tombent da quelle ricche nubi de ces riches nuages onde raccolte siete qui vous retiennent e, cadendo, formate et, en tombant, vous provoquez preziose procelle de précieuses tempêtes onde con onde d’or bagnando andate baignant de vagues en vagues d’or scogli di latte e rivi d’alabastro, subitement assombries

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more subitamente les rochers de lait et les ruisseaux d’albâtre, (o miracolo eterno (oh éternel miracle d’amoroso desìo) du désir amoureux), fra si belle tempeste arse il cor mio. dans de si belles tempêtes je brûlai mon cœur.

Ma già l’ora m’invita, Mais déjà l’heure m’invite, o degli affetti miei nunzia fedele, ô messagère de mes affects, cara carta amorosa, chère lettre d’amour, che dalla penna ti divida omai; à te séparer désormais de ma plume ; vanne, e s’amor e’l cielo va, et si l’amour et le ciel cortese ti concede courtois permettent que le rayon che de’ begli occhi non t’accenda il raggio, des beaux yeux ne te brûle, ricovra entro il bel seno: réfugie-toi dans le beau sein : chi sà che tu non gionga partant d’un lieu si heureux da sì felice loco peut-être atteindras-tu per sentieri di neve a un cor di foco! par des sentiers de neige un cœur de feu.

« Chiome d’oro » « Cheveux d’or » (Anonimo) (Anonyme)

Chiome d’oro, bel tesoro, Cheveux d’or, mes trésors, tu mi leghi in mille modi vous me liez de toutes manières, se t’annodi, se ti snodi. si je vous défais, si je vous noue.

Candidette perle elette, Perles candides, choisies, se le rose che scoprite si vous révélez les roses discoprite, mi ferite. que vous cachez, vous me blessez.

Vive stelle, che sì belle Vives étoiles, qui resplendissez e sì vaghe risplendete, si belles, si aimables, se ridete m’ancidete. si vous riez, vous me tuez.

Preziose, amorose, Précieuses, amoureuses, coralline labbra amate, lèvres de corail tant aimées, se parlate mi beate. si vous parlez, vous me bénissez.

O bel nodo per cui godo! Ô belles tresses dont je jouis ! O soave uscir di vita! Ô douce ouverture de vie ! O gradita mia ferita! Ô ma blessure bienvenue !

13 « Vaga su spina ascosa » « Aimable dans le buisson secret » (Gabriele Chiabrera) Aimable dans le buisson secret Vaga su spina ascosa est la rose humide de rosée è rosa rugiadosa qui s’ouvre à l’aurore ch’a l’alba si diletta caressée par le vent frais ; mossa da fresca auretta; mais plus aimable encore est la rose ma più vaga è la rosa de la joue amoureuse de la guancia amorosa qui ombre et décolore ch’oscura e discolora les joues d’Aurore. le guance dell’Aurora. Adieu, Nymphes des fleurs Addio, Ninfe de’ fiori et Nymphes de leurs parfums ; e Ninfe de gli odori; Printemps gentil, Primavera gentile, reste avec Avril : statti pur con Aprile: car plus aimable et vrai ché più vaga e più vera le printemps paraît mirasi Primavera sur cette rose fraîche su quella fresca rosa de la joue amoureuse de la guancia amorosa qui ombre et décolore ch’oscura e discolora les joues d’Aurore. le guance de l’Aurora. « Ô toi, si aimable »

« O come sei gentile » « Ô toi, si aimable » (Battista Guarini)

O come sei gentile, Ô toi, si aimable, caro augellino! O quanto cher oiselet ! Ô comme è il mio stato amoroso al tuo simile! mon état amoureux ressemble au tien ! Io prigion, tu prigion; tu canti, io canto; Moi en prison, toi en prison ; tu chantes, je chante ; tu canti per colei tu chantes pour celui che t’ha legato, ed io canto per lei. qui t’a pris, et je chante pour elle. Ma in questo è differente Mais en ceci diffère la mia sorte dolente: mon sort dolent : che giova pur a te l’esser canoro; le chant te favorise ; vivi cantando, ed io cantando moro. tu vis en chantant, et en chantant je meurs.

Tirsi e Clori Tirsi et Clori (Alessandro Striggio?)

Tirsi Tirsi Per monti e per valli, Par monts et par vaux, bellissima Clori, très belle Clori,

14 vendredi 30 novembre

già corrono a’ balli courent et dansent le Ninfe e i pastori; nymphes et bergers ; già, lieta e festosa, plaisante et joyeuse, ha tutto ingombrato la foule amoureuse la schiera amorosa a déjà envahi il seno del prato. le sein du pré.

Clori Clori Dolcissimo Tirsi, Très doux Tirsi, già vanno ad unirsi, déjà vont s’unir, già tiene legata déjà sont liés l’amante l’amata; l’amant et l’amante ; già movon concorde ils bougent en accord il suono alle corde: au son des cordes : noi soli negletti nous seuls, négligés ui stiamo soletti. sommes esseulés.

Tirsi Tirsi Su, Clori, mio core, Viens, Clori, mon cœur, andianne a quel loco, allons vers ce lieu, ch’invitano al gioco où nous invitent au jeu le Grazie ed Amori; les Grâces et les Amours ; già Tirsi distende déjà Tirsi tend la mano e ti prende, la main et te prend, ché teco sol vuole et avec toi seule, menar le carole. veut mener la danse.

Clori Clori Sì, Tirsi, mia vita, Oui, Tirsi, ma vie, ch’a te solo unita à toi seul unie vo’ girne danzando, je vais dansante, vo’ girne cantando. je vais chantante. Pastor, benché degno, Aucun berger, non faccia disegno ni le plus digne, di mover le piante ne pour ra danser con Clori sua amante. avec Clori ton amante.

Tirsi & Clori Tirsi & Clori Già, Clori gentile, Viens, gentille Clori, noi siam ne la schiera: nous sommes unis à la foule : con dolce maniera d’une douce manière, seguiamo il lor stile. suivons son style. Balliamo, ed intanto Dansons et en même temps

15 spieghiamo col canto, faisons en chantant, con dolci bei modi, d’une belle et douce façon, del ballo le lodi. les louanges de la danse.

Il ballo Le ballet Balliamo, che il gregge, Dansons, le troupeau al suon de l’avena au son du pipeau che i passi cor regge, et d’un pas gracieux al ballo ne mena: entre dans la danse : e saltano snelli et sautent gaillards i capri e gli agnelli. chevreaux et agneaux. Balliam, che nel cielo Dansons, dans le ciel con lucido velo, avec un voile radieux, al suon de le sfere, au son des sphères, or lente or leggere lentes ou légères, con lumi e facelle à la lumière des flambeaux, su danzan le stelle. dansent les étoiles. Balliam, che d’intorno Dansons, tout autour, nel torbido giorno, dans le jour troublé, al suono de’ venti au son du vent, le nubi correnti, se pressent les nuages, se ben fosche e adre, tournent et s’enflent, pur danzan leggiadre. pour se joindre à la danse. Balliamo, che l’onde Dansons, et l’onde il vento che spira que le vent soupirant le move e l’aggira, remue et agite, le spinge e confonde fouette et confond, sì come lor fiede semble bouger se movon il piede; au rythme des pieds : e ballan, le Linfe et dansent les mouettes, quai garr ule Ninfe. nymphes bavardes. Balliam che i vezzosi Dansons, et aussi les fleurs bei fior rugiadosi, belles, humides de rosée, se l’aura li scuote ondulant et ployant con urti e con ruote, au souffle de la brise, fan vaga sembianza font vaguement mine anch’essi di danza. d’esquisser une danse. Balliamo e giriamo, Dansons, faisons la ronde, corriamo e saltiamo, et courrons et sautons ; qual cosa più degna une chose si digne, il ballo n’insegna! seule la danse l’enseigne !

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Pierre Boulez (1925) Le Marteau sans maître, pour voix d’alto et six instruments

Composition : 1953-1955. Poèmes de René Char. Dédicace : « à Hans Rosbaud ». Création : le 18 juin 1955 à Baden-Baden, Festival de la SIMC, par Sybilla Plate et les solistes de l’Orchestre du Südwestfunk Baden-Baden sous la direction de Hans Rosbaud. Effectif : contralto, flûte en sol, vibraphone, xylorimba, percussion, guitare, alto. Éditeur : Universal Edition Durée : environ 38 minutes

Le Marteau sans maître fut écrit entre 1953 et 1955. L’œuvre comporte neuf pièces rattachées à trois poèmes de René Char, formant ainsi trois cycles. J’énumère les titres de ces trois poèmes : 1. L’Artisanat furieux, 2. Bourreaux de solitude, 3. Bel édifice et les pressentiments. Toutefois, chaque pièce ne comporte pas obligatoirement de participation vocale ; je distingue les pièces où le poème est directement inclus et exprimé par la voix, et les pièces-développements, où la voix ne joue, en principe, plus aucun rôle. Ainsi, le cycle bâti à partir de L’Artisanat furieux comprend : avant « L’Artisanat furieux » (instrumental), « L’Artisanat furieux » proprement dit (vocal), et après « L’Artisanat furieux » (instrumental). Le cycle construit à partir de Bourreaux de solitude comporte : « Bourreaux de solitude » (vocal), et Commentaires I, II, III de « Bourreaux de solitude » (instrumental). Le cycle basé sur Bel édifice et les pressentimentsse compose de la version première, et de son double. Cependant, les cycles ne se succèdent pas, mais s’interpénètrent de telle sorte que la forme générale soit elle-même une combinaison de trois structures plus simples. Il me suffira de donner l’ordre de succession des pièces pour que l’on aperçoive, sans davantage la commenter, la hiérarchie désirée :

I. avant « l’Artisanat furieux » II. Commentaire I de « Bourreaux de solitude » III. « L’Artisanat furieux » (avec voix) IV. Commentaire II de « Bourreaux de solitude » V. « Bel édifice et les pressentiments » – version première (avec voix) VI. « Bourreaux de solitude » (avec voix) VII. après « L’Artisanat furieux » VIII. Commentaire III de « Bourreaux de solitude » iX. « Bel édifice et les pressentiments » – double (avec voix)

Dans cet ordre de succession, j’ai tâché d’imbriquer les trois cycles de telle sorte que la démarche au travers de l’œuvre en devienne plus complexe, usant de la réminiscence et des rapports virtuels ; seule, la dernière pièce donne, en quelque sorte, la solution, la clef, de ce labyrinthe. Cette conception formelle m’a entraîné, d’ailleurs, beaucoup plus loin, en libérant totalement la forme d’une prédétermination ; ici, le premier pas était franchi, par la rupture avec la forme « unidirectionnelle ». Quant à l’emploi de la voix

17 dans le « noyau », pour ainsi dire, de chacun des cycles, « L’Artisanat furieux » est une pièce purement linéaire, en ce sens que le texte y est traité, « mis en musique », de la façon la plus directe. Le poème est chanté dans un style orné, accompagné d’une flûte seule qui contrepointe la ligne vocale (référence directe et voulue à la septième pièce du Pierrot Lunaire de Schönberg). Le poème est ici au tout premier plan. Dans « Bel édifice et les pressentiments », version première, une autre sorte de rapport est inaugurée : le poème sert d’articulation aux grandes subdivisions de la forme générale. L’importance vocale reste grande ; toutefois, le chant n’a plus la primauté comme auparavant : primauté qui lui est disputée par le contexte instrumental. « Bourreaux de solitude » résoudra cette antinomie dans une totale unité de composition entre la voix et les instruments, liés par la même structure musicale : la voix émergera périodiquement de l’ensemble pour énoncer le texte. Enfin, le double de« Bel édifice et les pressentiments » verra une dernière métamorphose du rôle de la voix ; une fois les derniers mots du poème prononcés, la voix se fond – à bouche fermée – dans l’ensemble instrumental, où elle renoncera à son individualité propre : le pouvoir d’articuler la parole ; elle rentre dans l’anonymat, alors que la flûte, en revanche – accompagnant la voix dans « L’Artisanat furieux » –, vient au premier plan et assume, pour ainsi dire, le rôle vocal. On voit que, progressivement, les rapports de la voix et de l’instrument sont inversés par la disparition du verbe. Idée à laquelle j’attache un certain prix et que je décrirai ainsi : le poème est centre de la musique, mais il est devenu absent de la musique, telle la forme d’un objet restituée par la lave, alors que l’objet lui-même a disparu – telle encore, la pétrification d’un objet à la fois REconnaissable et MÉconnaissable.

Pierre Boulez

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L’Artisanat furieux

La roulotte rouge au bord du clou Et cadavre dans le panier Et chevaux de labours dans le fer à cheval Je rêve la tête sur la pointe de mon couteau le Pérou.

Bourreaux de solitude

Le pas s’est éloigné le marcheur s’est tu Sur le cadran de l’Imitation Le Balancier lance sa charge de granit réflexe.

Bel édifice et les pressentiments

J’écoute marcher dans mes jambes La mer morte vagues par-dessus tête Enfant la jetée promenade sauvage Homme l’illusion imitée Des yeux purs dans les bois Cherchent en pleurant la tête habitable.

René Char © 1934 José Corti

19 Biographies des interprètes (Teatro Colón), à Rio de Janeiro, à New Ravenne), Les Noces de Figaro (Opéra York (Metropolitan Museum, Lincoln national du pays de Galles), Jules César Rinaldo Alessandrini Center), à Washington (Library of de Haendel (Teatro Real de Madrid, Pianiste et claveciniste, Rinaldo Congress) et à Tokyo. Il a récemment Teatro communale de Bologne, Opéra Alessandrini est également le fondateur dirigé le Concerto Italiano dans d’Oslo), Amadigi de Haendel (Teatro di de l’ensemble Concerto Italiano. Depuis Theodora de Haendel à Salamanque San Carlo de Naples, Festival plus de vingt ans, il dirige le répertoire et à Bilbao, dans La Vergine dei dolori d’Édimbourg), Zaïde de Mozart (Festival de la musique ancienne en cherchant à d’Alessandro Scarlatti à Naples et dans Mozart de La Coruña), et Il trionfo del retrouver l’expressivité et la cantabilità les Vêpres solennelles pour l’Assomption Tempo e del Disinganno (Queen du style italien des XVIIe et XVIIIe siècles. de la Vierge de Vivaldi à Sienne et à Elizabeth Hall de Londres). En juillet Il est régulièrement à l’affiche de Ambronay. Ensemble, ils ont enregistré 2005, il a dirigé et mis en scène une festivals internationaux aux États-Unis, un récital Rossini avec Maria Bayo, mais nouvelle production du Couronnement au Canada, au Japon et en Europe. aussi Les Quatre Saisons, L’Olimpiade de Poppée au Teatro Liceo de Rinaldo Alessandrini s’est produit avec et la monumentale reconstitution des Salamanque avant de triompher, le Concerto Italiano à Utrecht (Festival Vêpres de Vivaldi, La Senna festeggiante, au cours de la saison 2005-2006, dans Oude Muziek), à Rotterdam, à Anvers les Vêpres de Monteverdi et les Le Barbier de Séville de Paisiello à La et à Louvain (Festival de Flandres), Concertos brandebourgeois de Bach. Monnaie de Bruxelles et dans Le Combat mais aussi à Londres (Festival Lufthansa, Rinaldo Alessandrini a travaillé avec de Tancrède et Clorinde au Festival de Queen Elizabeth Hall), à Édimbourg les orchestres les plus prestigieux – Beaune. Depuis le début de la saison (Festival d’Édimbourg), à Aldeburgh, Orchestra del Maggio Musicale 2006-2007, il a en outre été applaudi à Glasgow, à Vienne (Konzerthaus), Fiorentino, Orchestre de la RAI de Rome, dans Le Retour d’Ulysse dans sa patrie à Graz (Styriarte), à Amsterdam Orchestre symphonique de Grenade, et dans La Clémence de Titus à l’Opéra (Concertgebouw), à Bruxelles (Festival Orchestre symphonique de Detroit, national du pays de Galles. On aura de Wallonie, Festival de Flandres, Société Orchestre de Toscane, Scottish Chamber prochainement l’occasion de l’entendre philharmonique), à Madrid (Liceo Orchestra, Northern Symphonia, en concert à l’Association Bach des Pays- de Cámara), à Barcelone (Festival de Orchestra of the Age of Enlightenment, Bas (Utrecht), dans Jules César et la musique ancienne, Palais de la musique), Handel and Haydn Society de Boston, Petite Messe solennelle à l’Opéra d’Oslo, à Valence, à Bilbao, à Séville, à Saint- Freiburger Barockorchester. Ses récentes ainsi que dans L’Olimpiade et Armide de Sébastien, à Salamanque, à Santander, apparitions à l’opéra ont permis de Gluck en tournée avec le Concerto à Oslo (Festival de musique de chambre), l’entendre dans de Haendel Italiano (avec qui il donnera également à Bergen, à Vantaa, à Turku, à Paris (Cité (Festival de Spoleto), Catone in Utica des concerts à Oslo, à Londres, en de la musique, Théâtre de la Ville), de Leonardo Vinci (Teatro di Lugo à Espagne et à Utrecht). Sa discographie à Beaune, à Lyon, à Montpellier (Festival Ravenne), Le Couronnement de Poppée comprend des œuvres du répertoire de Radio France), à Metz (Arsenal), (Opéra national du pays de Galles, Opéra allemand et italien. Sortis chez Opus 111, à Ambronay, à Saintes, à Cologne de Francfort, Teatro Valli de Reggio Arcana, Astrée et Harmonia Mundi (Conservatoire et Radio de Cologne), Emilia, Teatro communale de Bologne, France, certains de ses disques ont été à Stuttgart, à Darmstadt, à Rome Opéra du Rhin), L’isola disabitata de récompensés par des prix comme (Académie Sainte Cécile, Accademia Jommelli (Accademia Filarmonica le Grand Prix du disque ou le Prix de Filarmonica Romana), à Milan (Musica Romana, Opéra de Rome), L’Olimpiade la Critique de disques allemande – e Poesia a San Maurizio), à Ravenne, de Vivaldi (Teatro Rendano de ses enregistrements avec le Concerto à Ferrare, à Turin, à Spoleto (Festival Consenza), La Serva padrona de Italiano ont quant à eux remporté trois des deux mondes), à Palerme (Festival Pergolèse (Konzerthaus de Fribourg), Gramophone Awards. En 2003, Rinaldo Scarlatti), à Istanbul, à Tel-Aviv, Alcina de Haendel (Liceu de Barcelone), Alessandrini a été fait Chevalier de l’Ordre à Jérusalem, à Varsovie, à Buenos Aires Artaserse de Hasse (Teatro di Lugo à des Arts et des Lettres et il a reçu le

20 vendredi 30 novembre

Premio Abbiati pour son remarquable (Conservatoire et WDR), Stuttgart, Ténors travail avec l’ensemble Concerto Italiano. Darmstadt, Rome (Accademia di Santa Gianluca Ferrarini Il est actuellement enseignant à Cecilia, Accademia Filarmonica Romana), Luca Dordolo l’Accademia Filarmonica Romana. Milan (Musica e poesia a San Maurizio), Ravenne, Turin, Spoleto (Festival dei Basse Concerto Italiano Due Mondi), Palerme, Istanbul, Tel-Aviv, Matteo Bellotto Introduisant des critères Jérusalem, Varsovie, Cracovie, Buenos révolutionnaires dans l’exécution de Aires (Teatro Colón), Rio de Janeiro Orchestre la musique vocale italienne du XVIIe (Teatro São Paolo), New York et du XVIIIe siècle, Concerto Italiano s’est (Metropolitan Museum, Lincoln Center), Violons imposé à l’attention de la critique Washington (Library of Congress) et Nick Robinson et du public. Ses interprétations des Tokyo. Parmi ses dernières productions, Mauro Lopes madrigaux, ceux de Claudio Monteverdi mentionnons Theodora de Haendel à notamment, sont aujourd’hui considérés Salamanque et Bilbao, La Vergine dei Théorbes comme étant des versions de référence. Dolori de Alessandro Scarlatti à Naples, Craig Marchitelli L’ensemble est formé d’un groupe les Vespri Solenni per la Festa Ugo di Giovanni de chanteurs et d’un orchestre dell’Assunzione della Vergine de Vivaldi d’instruments à cordes. Son répertoire à Sienne et Ambronay, Amadigi Violoncelle s’est progressivement étendu des grands de Haendel à Rome, les Vêpres de Luca Peverini madrigaux concertato du Huitième Monteverdi, une tournée consacrée Livre de Claudio Monteverdi aux opéras, aux Concertos brandebourgeois en Clavecin oratorios, cantates, motets et à la Italie, Espagne et Amérique du Sud, Rinaldo Alessandrini musique instrumentale italienne. L’Incoronazione di Poppea de Monteverdi Concerto Italiano s’est produit dans au Liceo de Salamanque et une Hilary Summers de nombreuses villes : Utrecht (Oude reconstruction des Vêpres de San Marco Hilary Summers est née à Newport, Muziek Festival), Rotterdam (De Doelen, interprétées à Milan, Saint-Denis, dans le sud du Pays de Galles. Elle De Singel), Anvers et Leuven (Festival de Édimbourg et au Festival de La Chaise- obtient une licence de musique à la Flandres), Londres (Lufthansa Festival, Dieu au cours de l’été 2005. En 2007, Reading University avant de poursuivre Queen Elizabeth Hall), Édimbourg, pour célébrer le 400e anniversaire de ses études de chant à la Royal Academy Aldeburgh, Glasgow, Vienne la première représentation de L’Orfeo of Music et au National Opera Studio (Konzerthaus), Graz (Styriarte), de Monteverdi, Concerto Italiano de Londres. Depuis ses débuts en 1992 Amsterdam (Concertgebouw), Bruxelles effectue une tournée en Italie, Belgique au Scottish Opera dans le rôle d’une (Festival de Wallonie, Festival de et Espagne qui se conclut à l’Accademia Walkyrie sur échasses, elle mène une Flandres, Société Philharmonique), Chigiana de Sienne et au Festival de carrière riche et diversifiée, avec un Barcelone (Festival de Música Antigua, Beaune. L’ensemble donne également répertoire allant du XIIe au XXIe siècle. Palau de la Música), Valence, Bilbao, cinq concerts Monteverdi au Festival Possédant une vraie voix de contralto Seville, Saint-Sébastien, Salamanque, d’Édimbourg. doublée d’une large étendue vocale, Santander, Oslo (Festival de Musique de elle attire l’attention de nombreux Chambre), Bergen, Trondheim, Vantaa, Chœur compositeurs contemporains. C’est ainsi Turku, Paris (Cité de la musique, Théâtre qu’elle crée, en 1999, le rôle de Stella de la Ville, Théâtre des Champs-Élysées), Sopranos dans l’opéra What Next d’ Beaune, Lyon, Montpellier (Festival de Anna Simboli à la Staatsoper de Berlin sous la Radio France), Metz (Arsenal), Ambronay, Monica Piccinini direction de Daniel Barenboïm, rôle Saintes, La Chaise-Dieu, Cologne qu’elle reprend au Carnegie Hall et à

21 Chicago avec le Chicago Symphony Concert. Un lien particulièrement A Midsummer Night’s Dream (Hippolyta) Orchestra. Elle chante également cette chaleureux avec William Christie avec le London Symphony Orchestra œuvre avec le Nederlands Kamerorkest et Les Arts Florissants a permis sous la direction de Sir Colin Davis. et l’Orchestre Philharmonique Royal l’enregistrement d’ de Haendel Paraîtront très prochainement la de Flandre, tous deux dirigés par chez Erato, dans lequel elle tient le rôle Petite Messe solennelle de Rossini Peter Eötvös, le London Sinfonietta de Medoro. Se produisant régulièrement avec The King’s Consort et les Six par Oliver Knussen, et l’Ensemble au sein de la Early Opera Company Celan Songs de . intercontemporain par Kent Nagano. sous la direction de Christian Curnyn, En 2002, elle incarne Irma dans elle a récemment gravé pour Chandos Pierre Boulez l’opéra d’Eötvös Le Balcon, donné en le rôle de Rosmira dans de Né en 1925 à Montbrison (Loire), création mondiale au Festival d’Aix-en- Haendel. Dans le domaine lyrique, Hilary Pierre Boulez suit les cours d’harmonie Provence et repris dans une tournée Summers, tout en ayant la stature pour d’Olivier Messiaen au Conservatoire européenne au cours de la saison interpréter les grands héros haendéliens de Paris. Il est nommé directeur de 2003/04. Depuis quatre ans, elle sillonne tels Giulio Cesare ou le dieu Mars dans la musique de scène à la Compagnie le vieux continent en interprétant Il Divisione del mondo de Legrenzi, sait, Renaud-Barrault en 1946. Soucieux de Le Marteau sans maître avec l’Ensemble à l’occasion, aborder avec humour des la diffusion de la musique contemporaine intercontemporain sous la direction de personnages comme la dominatrice et de l’évolution des rapports du public Pierre Boulez. La sortie discographique Mescalina (Le Grand Macabre de Ligeti), et de la création, Pierre Boulez fonde, qui en résulte (Deutsche Grammophon) l’amazone Hippolyta (A Midsummer en 1954, les concerts du Domaine a été vivement acclamée par la critique Night’s Dream de Britten) ou encore musical (qu’il dirige jusqu’en 1967), puis, et l’enregistrement a récemment reçu la femme à barbe Baba la Turque en 1976, l’Institut de Recherche et le Grammy Award dans la catégorie « (The Rake’s Progress de Stravinski). Coordination Acoustique/Musique Best Small Ensemble Performance ». Ses incarnations de femmes d’âge mûr (Ircam) et l’Ensemble intercontemporain. À Chicago, dans le cadre de la comprennent la Terre mère Gaea dans Parallèlement, il entame une carrière célébration des 80 ans de Pierre Boulez, Daphne de Strauss et Mrs. Sedley dans internationale de chef d’orchestre et est elle a chanté Le Visage nuptial avec le Peter Grimes de Britten (Festival de nommé en 1971 chef permanent du BBC Chicago Symphony Orchestra sous la Glyndebourne). Elle a tout récemment Symphony Orchestra et directeur direction du compositeur. En Grande- joué le rôle de la Blanchisseuse dans musical du New York Philharmonic Bretagne, elle nourrit une relation l’opéra Rage d’amours de Rob Zuidam au Orchestra. Professeur au Collège de privilégiée avec Michael Nyman. Nyman Nederlandse Opera d’Amsterdam ainsi France de 1976 à 1995, Pierre Boulez est a écrit pour elle le premier rôle de son qu’Hippolyta au Teatro Real de Madrid. l’auteur de nombreux écrits sur la opéra Facing Goya créé en Espagne et Comme tout contralto qui se respecte, musique. Il quitte la direction de l’Ircam joué ensuite dans tout le pays. En ce qui Hilary Summers a une dévotion toute en 1992 et se consacre à la direction concerne le répertoire baroque, Hilary particulière pour les œuvres d’Elgar. Elle d’orchestre et à la composition. L’année Summers collabore régulièrement avec a eu le privilège d’interpréter à plusieurs de son 70e anniversaire est marquée par les meilleures formations orchestrales reprises The Dream of Gerontius une tournée mondiale avec le London sur instruments anciens et leurs sous la direction de Vernon Handley, Symphony Orchestra et une production chefs, parmi lesquels Christopher avec qui elle a également chanté Sea de Moïse et Aaron de Schönberg à Hogwood et l’Academy of Ancient Pictures. Ses nombreuses productions l’Opéra d’Amsterdam dans une mise en Music, Paul McCreesh et le Gabrieli discographiques comprennent entre scène de Peter Stein. Invité au Festival Consort, Christophe Rousset et Les autres des œuvres de Haendel – Messiah d’Art lyrique d’Aix-en-Provence en juillet Talens Lyriques, Thomas Hengelbrock avec le King’s College de Cambridge 1998, il dirige une nouvelle production et le Balthasar Neumann Ensemble et Lotario (Idelberto) avec Alan Curtis du Château de Barbe-Bleue de Bartók ainsi qu’Andrew Manze et The English et Il Complesso Barocco – ainsi que en collaboration avec la chorégraphe

22 vendredi 30 novembre

Pina Bausch. Une grande série de en exclusivité chez Deutsche l’éducation musicale. En résidence concerts avec le London Symphony Grammophon depuis 1992. Son catalogue à la Cité de la musique depuis 1995, Orchestra en Europe et aux États-Unis, comprend une trentaine d’œuvres allant l’Ensemble se produit et enregistre mettant en perspective le répertoire de la pièce soliste (Sonate pour piano, en France et à l’étranger, où il est invité orchestral du XXe siècle, domine les huit Dialogue de l’ombre double pour par de grands festivals internationaux. premiers mois de l’année de son 75e clarinette, Anthèmes pour violon) aux Financé par le ministère de la Culture et anniversaire. En 2002, il est compositeur œuvres pour grand orchestre et chœur de la Communication, l’Ensemble reçoit en résidence au Festival de Lucerne. (Le Visage nuptial, Le Soleil des eaux) également le soutien de la Ville de Paris. Depuis 2004, il est directeur artistique ou pour ensemble et électronique de l’Académie du Festival de Lucerne. (Répons, .. .explosante-fixe...). Ses Flûte En 2003/2004, il dirige Renard de dernières compositions sont sur Incises, Emmanuelle Ophèle Stravinski, Les Tréteaux de Maître Pierre créée en 1998 au Festival d’Édimbourg, de Falla et Pierrot lunaire de Schönberg Notations VII, créée en 1999 par Daniel Percussions dans une mise en scène de Klaus Michael Barenboïm à Chicago, et Dérive 2. Vincent Bauer Grüber au Festival d’Art lyrique d’Aix-en- Michel Cerutti Provence et aux Festwochen de Vienne. Ensemble intercontemporain Samuel Favre Presque 30 ans après ses débuts à Créé par Pierre Boulez en 1976 avec Bayreuth, il y revient, en 2004 et 2005, l’appui de Michel Guy (alors secrétaire Alto pour diriger Parsifal, mis en scène par d’État à la culture), l’Ensemble Christophe Desjardins Christoph Schlingensief. L’année de ses intercontemporain réunit 31 solistes 80 ans est marquée par de nombreux partageant une même passion pour Musicien supplémentaire hommages et célébrations qui la musique du XXe siècle à aujourd’hui. accompagnent ses tournées de concerts. Constitués en groupe permanent, ils Guitare Il se retire ensuite quelques mois pour se participent aux missions de diffusion, Caroline Delume 4 3 2, 7575 consacrer à la composition. Pierre de transmission et de création fixées Boulez reprend ses nombreuses activités dans les statuts de l’Ensemble. Placés 4 1, 7575 4 7575 en été 2006 ; il dirige l’œuvre sous la direction musicale de Susanna o symphonique de Mahler en alternance Mälkki, ils collaborent, aux côtés des avec Daniel Barenboïm à Berlin à Pâques compositeurs, à l’exploration des 2007, ainsi qu’une nouvelle production techniques instrumentales ainsi qu’à de De la maison des morts, mise en des projets associant musique, danse, scène par Patrice Chéreau à Vienne, théâtre, cinéma, vidéo et arts plastiques. Amsterdam et Aix-en-Provence. Tout Chaque année, l’Ensemble commande et à la fois compositeur, auteur, fondateur joue de nouvelles œuvres, qui viennent et chef d’orchestre, Pierre Boulez se voit enrichir son répertoire et s’ajouter décerner des distinctions telles que aux chefs-d’œuvre du XXe siècle. le Prix de la Fondation Siemens, le Prix Les spectacles musicaux pour le jeune Leonie-Sonning, le Praemium Imperiale public, les activités de formation des du Japon, le Prix Polar Music, le jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre Grawemeyer Award pour sa composition et compositeurs ainsi que les sur Incises, le Grammy Award de la nombreuses actions de sensibilisation Éditeur : Hugues de Saint Simon meilleure composition contemporaine des publics traduisent un engagement Rédacteur en chef : Pascal Huynh pour Répons, et il est à la tête d’une profond et internationalement reconnu Rédactrice : Gaëlle Plasseraud importante discographie qu’il développe au service de la transmission et de Maquette :Elza Gibus mprimeur BAF | Licences n | Licences | I mprimeur S C BAF M artine d’Arc Courtesy © M ichael Kenna. couverture Photo

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