Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Samedi 15 novembre 2014 | War Work 2014Samedi 15 novembre

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr | Work Michael Nyman | War Cycle Guerre et Paix II

2014 est l’année du centenaire de la Première Guerre mondiale. De Georges Aperghis à Olga Neuwirth ou Michael Nyman, le travail de mémoire des compositeurs d’aujourd’hui rencontre le témoignage de ceux d’hier, comme Debussy ou Stravinski.

Quand Philippe Schœller dit sa « grande joie » de « composer avec Abel Gance », il fait référence au film J’accuse (1919), inspiré de l’article de Zola. Un film pacifiste dans lequel l’accusée est la guerre elle-même. Philippe Schœller cherche à forger une « alliance de l’œil et de l’oreille » pour ce ciné-concert le 8 novembre.

Trois chœurs participent à la création Body of Songs le 9 novembre. À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, douze compositeurs ont chacun imaginé une œuvre chorale sur le thème des conflits et de la paix, proposant ainsi des créations depuis la réécriture d’une cantate de Bach jusqu’à la mise en musique de correspondances durant la Première Guerre mondiale, en passant par des poèmes ou par la messe catholique.

Après Lost Highway, un vidéo-opéra d’après David Lynch, Olga Neuwirth accompagne un cinéaste de l’époque du muet avec une partition nouvelle (A Film Music War Requiem) lors du ciné-concert du 10 novembre. Plaidoyer pacifiste, Maudite soit la guerre (Alfred Machin, 1914) met en scène un amour impossible dans le contexte d’une guerre.

Si la production de Debussy pendant la guerre est placée sous le signe du patriotisme, les deux livres des Études ne font signe vers aucun autre contexte que celui du . Jean-François Heisser, le 11 novembre, fait graviter autour de ce compositeur ses prédécesseurs – d’Indy, Saint-Saëns –, mais aussi un aperçu de ce qui vient après avec Stravinski.

Dans l’Histoire du soldat, interprétée le 12 novembre par l’Ensemble Ictus, Stravinski joue avec des airs de marche, le violon du soldat, alterne tango, valse… À cette partition répond Le Soldat inconnu de Georges Aperghis, une création évoquant la construction de la tour de Babel. Avec ses quarts de tons, l’écriture musicale reflète l’absurdité de la guerre.

Caisse à savons ou à munitions pour construire un violoncelle, xylophones faits de bouteilles… tels étaient les instruments fabriqués par les poilus. Serge Hureau et son équipe auront reproduit ces instruments et retrouvé ces répertoires pour leur rendre hommage dans le décor de camouflage qui s’impose (14 novembre).

Michael Nyman, connu au cinéma avec son mélange de minimalisme, d’emprunts au langage classique et de textures rock, présente le 15 novembre son War Work, vaste fresque visuelle et musicale écrite pour le centenaire de la Première Guerre mondiale. Cette œuvre s’appuie sur des archives d’époque en faisant allusion au mouvement Dada.

Le 16 novembre, ce sont des conflits historiques qui résonnent dans les œuvres que dirige Thomas Zehetmair à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris. On entend la Première Guerre mondiale dans In memoriam mortuorum de Théodore Dubois et les guerres napoléoniennes à l’arrière-plan de la Symphonie n° 3 de Beethoven. Si le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel est d’un brio plus serein, l’œuvre de Philippe Manoury promet d’explorer d’autres résonances du genre de la marche funèbre (Trauermärsche).

Pour écrire le texte qui accompagne la musique d’Olivier Dejours dans Le Chant du cavalier bleu le 17 novembre, la philosophe Élisabeth de Fontenay s’est plongée dans la correspondance du peintre allemand Franz Marc, volontaire durant la Grande Guerre. Le long des lignes ennemies, la chevauchée de ce dernier devient l’allégorie des temps nouveaux. DU MERCREDI 26 MARS AU MARDI 8 AVRIL DU SAMEDI 8 AU LUNDI 17 NOVEMBRE

SAMEDI 8 NOVEMBRE – 20H MARDI 11 NOVEMBRE – 20H SAMEDI 15 NOVEMBRE – 20H SALLE PLEYEL CINÉ-CONCERT CINÉ-CONCERT Vincent d’Indy Poème des montagnes War Work J’accuse, Film d’Abel Gance Camille Saint-Saëns Musique et film de Michael Nyman Musique de Philippe Schœller Trois Études Claude Debussy Michael Nyman, direction, piano Orchestre Philharmonique Études pour les agréments Hilary Summers, de Radio France Pièce pour l’œuvre du « Vêtement du blessé » Frank Strobel, direction Étude pour les sonorités opposées Gilbert Nouno, réalisation Jacques Ibert DIMANCHE 16 NOVEMBRE – 16H30 informatique musicale Ircam Le vent dans les ruines (en Champagne) Igor Stravinski Théodore Dubois Piano-Rag-Music In memoriam mortuorum DIMANCHE 9 NOVEMBRE – 16H30 Maurice Ravel Maurice Ravel Sonatine Concerto pour piano en sol majeur Body of songs Philippe Manoury Jean-François Heisser, piano Trauermärsche (création) Créations de Daniel Moreira, Grégory Ludwig van Beethoven D’Hoop, Leonard Evers, Marc Timón, Symphonie no 3 « Eroica » Nicolas Tzortzis, Stefan Johannes MERCREDI 12 NOVEMBRE – 20H Hanke, Dai Fujikura, Emily Hall, Orchestre de chambre de Paris Andrea Tarrodi, Judit Varga, Georges Aperghis Thomas Zehetmair, direction Catherine Kontz, Máté Bella. Le Soldat inconnu Benjamin Grosvenor, piano Igor Stravinski Sequenza 9.3 L’Histoire du soldat Catherine Simonpietri, chef de chœur LUNDI 17 NOVEMBRE – 20H Le Jeune Chœur de Paris Ictus Henri Chalet, chef de chœur Georges-Elie Octors, direction, Le Chant du cavalier bleu, mélodrame Chœur de l’Orchestre de Paris percussions d’après les lettres du front de Franz Marc Lionel Sow, chef de chœur Lionel Peintre, récitant, baryton Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris Elisabeth de Fontenay, texte Edwin Baudo, Marie Deremble-Wauquiez, Olivier Dejours, musique Béatrice Warcollier, chefs de chœur VENDREDI 14 NOVEMBRE – 20H Didier Sandre, récitant Étudiants du Pôle Supérieur Michèle Scharapan, piano Paris-Boulogne-Billancourt Concert poilu, sur instruments d’infortune POUR EN SAVOIR PLUS… LUNDI 10 NOVEMBRE – 20H Élèves du Conservatoire de Paris CINÉ-CONCERT Olivier Hussenet, chant SAMEDI 15 NOVEMBRE – 11H30 Yannick Morzelle, chant Classic lab : La guerre dans la musique Marzena Komsta Serge Hureau, mise en scène Stelfer Cyrille Lehn, François Marillier, SAMEDI 15 NOVEMBRE – 16H30 Lionel Privat, Fabien Touchard, Conférence et table ronde : Composer Maudite soit la guerre, arrangements pendant la Grande Guerre film d’Alfred Machin Dimanche 16 novembre 2014 – 11h Olga Neuwirth Café musique : Le Concerto pour piano A Film Music War Requiem en sol majeur de Maurice Ravel

Ensemble 2e2m Pierre Roullier, direction 4 SAMEDI 15 NOVEMBRE 2014 – 20H Salle des concerts

Michael Nyman War Work (création)

Michael Nyman, direction, piano Michael Nyman Band Hilary Summers, contralto

Avec le soutien de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Ce ciné-concert est déconseillé aux enfants de moins de 12 ans.

Fin du concert vers 21h30.

5 Michael Nyman (1944) War Work: Eight Songs with Film

Composition : 2014. Création : le 1er octobre 2014 à La Comète, Châlons-en-Champagne, dans le cadre du Festival War on Screen. Effectif : 2 violons, alto, violoncelle, guitare basse – 3 saxophones, cor – trombone basse, trompette. Commande : Cité de la musique ; La Comète, Châlons-en-Champagne ; L’Arsenal, Metz ; Köln Musik – Kölner Philharmonie et The Palace of Arts Budapest. Durée : environ 65 minutes.

Les Eight Songs forment avant tout un cycle de mélodies divisé en deux groupes de quatre : le premier précédé de quatre mouvements instrumentaux et le second de six. Les textes ont été écrits par des poètes de la Première Guerre mondiale lesquels, excepté le peintre et poète anglais David Bomberg, ont tous perdu leur vie durant le conflit.

Les mélodies ont pour point de départ le titre d’une série de poèmes du poète français Gaston de Ruyter (abattu dans son avion le 7 octobre 1918) : Chansons vieilles sur d’autres airs. Ces « chansons vieilles » sont des poèmes de poètes anglais, français, allemands et hongrois (tous chantés dans leur langue originale à part Csak egy éjszkára) et les « autres airs » sont de compositeurs anglais, français, allemands, austro-hongrois, polonais et italien des XVIIe et XIXe siècles :

Chanson 1 : August Stramm (1874-1915) : Urtod – Rossini : Petite Messe solennelle (Kyrie).

Chanson 2 : David Bomberg (1890-1957) : What’s left of the Soldier-Man – Beethoven : Concerto pour violon (deuxième mouvement).

Chanson 3 : Ernst Stadler (1883-1914) : Kinder vor einem Londoner Armenspeisehaus – Gibbons : Pavane et Gaillarde The Lord of Salisbury.

Chanson 4 : August Stramm : Haidekampf – Schubert : Sonate no 15 en si bémol majeur (deuxième mouvement).

Chanson 5 : Guillaume Apollinaire (1880-1918) : L’Adieu du cavalier – John Bull : Bull’s Good Night.

Chanson 6 : Géza Gyóni (1884-1917) : For Just One Night (Csak egy éjszkára, traduction anglaise de Watson Kirkconnell) – Chopin : Prélude no 15 en ré bémol majeur (section centrale).

Chanson 7 : Isaac Rosenberg (1890-1918) : Louse Hunting – César Franck : Sonate pour violon no 1 en la majeur (premier mouvement).

Chanson 8 : Alfred Lichtenstein (1889-1914) : Abschied – Schubert : Sonate no 15 en si bémol majeur (deuxième mouvement).

6 Le « film » a été principalement conçu à partir de séquences sélectionnées dans les archives filmées françaises, allemandes et américaines de la Première Guerre Mondiale accessibles (financièrement parlant) pour mon éditeur Max Pugh et moi-même. On peut y voir deux références de taille mais l’œuvre n’est réductible à aucune d’elles. Tout d’abord, lorsque j’ai visionné les films d’archives pour la première fois, je me suis immédiatement et inévitablement rappelé les films muets des années 20 pour lesquels j’avais composé de la musique – après tout, Manhatta de Paul Strand et La Sixième Partie du monde de Dziga Vertov, sans parler du Cuirassé Potemkine, ont été tournés moins de dix ans après une bonne partie de ces images de guerre. D’autre part, certains aspects du film War Work ont un lien, peut-être éloigné, avec le Corps- comme-Machine (ou non-machine) évoqué dans mes opéras The Man who Mistook his Wife for a Hat, et , ainsi que dans mes cycles de mélodies Body Parts Songs et I Sonetti Lussuriosi.

Michael Nyman

7 Urtod Urtod

Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Wegen Procéder Regen Bouger Richten Juger Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Dehnen Etirer Einen Associer Mehren Multiplier Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Kehren Tourner Wehren Repousser Recken Tendre Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Ringen Lutter Werfen Jeter Würgen Etrangler Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Fallen Tomber Sinken Couler Stürzen Renverser Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Wirbeln Tournoyer Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Wirren Troubler Raum Espace Zeit Temps Raum Espace

8 Flirren Vibrer Raum Espace Zeit Temps Raum Espace Irren Se tromper Nichts. Rien.

August Stramm August Stramm

What’s left of the Soldier-Man? Que reste-t-il de l’homme-soldat?

What’s left of the soldier-Man, killed on Que reste-t-il de l’homme-soldat, tué pendant Patrol, some months back ? Only Une ronde il y a quelques mois ? Seuls A shrapnel hat, turned upside Un casque, retrouvé Down ; – lying apart, some À l’envers, et au sol, des Sun-burnt bones, a hard Os brulés par le soleil, une peau Tanned hairy hide, and rags Velue, dure et tannée, et des haillons moldering in the flowering Pourrissant sur un parterre Thistle-down. De chardons fleuris.

When the battle was cleared up miles Une fois la bataille finie, par là-bas Ahead, round the old canal ; De l’autre côté du vieux canal, The natives tried to find their homes ; Les gens viennent retrouver leurs maisons, What hope ! – Instead, Triste espoir ! – Ils découvrent, Abandoned outpost – burrows in À la place, des avant-postes abandonnés, The earth they found ; where the front Des tranchées englouties ; lieu jadis line trenches used to be – between the De la ligne de front – entre les barbelés German wire and ours – in no man’s land. Allemands et les nôtres – sur la terre sans homme.

David Bomberg David Bomberg

9 Kinder vor einem Londoner Armenspeisehaus Enfants devant une soupe populaire de Londres

Ich sah Kinder in langem Zug, paarweis geordnet, vor J’ai vu des enfants faire la queue, deux par deux, devant einem Armenspeisehaus stehen. une soupe populaire. Sie warteten, wortkarg und müde, bis die Reihe an sie Muets et las, ils attendaient leur tour de franchir les portes käme, zur Abendmahlzeit zu gehen. pour enfin manger. Sie waren verdreckt und zerlumpt und drückten sich an Sales et en haillons, ils se pressaient contre les murs du die Häuserwände. bâtiment. Kleine Mädchen preßten um blasse Säuglinge die Des jeunes filles serraient de pâles nourrissons dans leurs versagenden Hände. bras frêles.

Sie standen hungrig und verschüchtert zwischen den Ils se tenaient là, affamés et craintifs, sous la lumière qui aufgehenden Lichtern, balayait la place. Manche trugen dunkle Mäler auf den schmächtigen Le doux visage de quelques-uns était grêlé d’abcès et de Gesichtern. furoncles. Ihr Anzug roch nach Keller, lichtscheuen Stuben, Schelten Leurs habits sentaient la punition et la faim, la chambre und Darben, saumâtre et la cave. Ihre Körper trugen von Entbehrung und früher Leur corps était abimé par les privations et le travail forcé Arbeitsfrohn die Narben. dès l’aube.

Sie warteten : gleich wären die andern fertig, dann würde Ils attendaient que les autres aient fini pour rentrer dans man sie in den großen Saal treten lassen, le réfectoire. Ihnen Brot und Gemüse vorsetzen und die Abendsuppe in Là où du pain et le potage du soir leur seraient servis dans den blechernen Tassen. des godets de fer. Oh, und dann würde Müdigkeit kommen und ihre Et puis viendra la grande fatigue qui déliera leurs verkrümmten Glieder aufschnüren, membres décharnés. Und Nacht und guter Schlaf sie zu Schaukelpferden und Et la nuit un bon sommeil les mènera sur des chevaux de Zinnsoldaten und in wundersame Puppenstuben führen. bois, autour de petits soldats de plomb et dans de belles maisons de poupées.

1914 1914 Ernst Stadler Ernst Stadler

10 Haidekampf Bataille de la lande

Sonne Halde stampfen keuche Bange Soleil coteaux battants angoisse halète Sonne Halde glimmet stumpfe Wut Soleil coteaux rougeoyants colère sourde Sonne Halde sprenkeln irre Stahle Soleil coteaux mouchetants aciers fous Sonne Halde flirret faches Blut Soleil coteaux scintillants éventé sang Blut Sang Und Et Bluten Saigner Blut Sang Und Et Bluten Bluten Saigner saigner Bumpfen tropft Sangsourd fuit Und et Dumpfen Assourde Siegt und krustet Victoire et croûte Sonne Halde flackt und fleckt und flackert Soleil coteaux tac et tâche et flaque Sonne Halde blumet knosper Tod. Soleil coteaux fleurit mort boutonne

August Stramm August Stramm

L’Adieu du Cavalier

Ah Dieu ! Que la guerre est jolie Avec ses chants ses longs loisirs Cette bague je l’ai polie Le vent se mêle à vos soupirs

Adieu ! Voici le boute-selle Il disparut dans un tournant Et mourut là-bas tandis qu’elle Riait au destin surprenant

Guillaume Apollinaire

11 Just For One Night Une seule nuit

Send them away just for one night Envoyez-les déjà une seule nuit The dissenters, the pretend-heroes Les dissidents, les prétendus héros Just for one night: Une seule nuit : The ones that openly declare, that we won’t forget, Ceux qui déclarent ouvertement qu’on ne pourra oublier, When the death machine plays music above our heads; Quand la machine de mort joue sa musique sur nos têtes ; When the fog bears invisible seeds, Que le brouillard apporte ses germes invisibles, And murderous lead-birds fly around. Et que de mortels oiseaux de plomb nous survolent.

Send them away just for one night Envoyez-les déjà une seule nuit Who look for splinters when beams are breaking, Qu’ils assistent aux éclats des obus, Just for one night: Une seule nuit : When granades deafeningly begin to yell Quand les grenades assourdissantes crient And the bloody earth groans as if her stomach would Et que la terre en sang gémit comme un ventre déchiré ; be cut; When exploding bullets light road Que les balles traçantes éclairent le chemin And the bloody waters of old Vistula overflow. Et que débordent les eaux rougies de la Vistule.

Send them away for just one night: Envoyez-les déjà une seule nuit The ones who hang on to every penny. Ceux qui s’accrochent au moindre sou. Just for one night: Une seule nuit : When in the glowing center of granade-volcanoes Quand l’éclair des grenades-volcans Men twirl like leaves; Envoie les hommes tourbillonner comme des feuilles ; And when they fall, oh what terrible fall, Et qu’une fois tombés, chute terrible, Of beautiful, red hero only a black skeleton remains. De ces superbes héros ne reste qu’un squelette noir.

Send them away just for one night: Envoyez-les déjà une seule nuit The doubters and speculants. Les sceptiques et les spéculateurs. Just for one night: Une seule nuit : When the flaming throat of hell opens up, Quand s’ouvre la gorge enflammée de l’enfer, And blood flows on the ground and blood flows from the tree Et que le sang coule au sol et s’écoule de l’arbre When the ragged tent whimpers in the wind Que la tente en lambeaux gémit au vent And the dying soldier sighs: my son… my wife… Et que le soldat mourant murmure : mon fils… ma femme…

Send them away just for one night: Envoyez-les déjà une seule nuit Who love their country with long, babbling tongues. Ceux qui aiment leur pays de leurs longs babillages. Just for one night. Une seule nuit. When the stars bear blinding light, Qu’ils voient, éclairée de la lumière aveuglante des étoiles, May they see their faces in the waters of San river, Leur visage sur les eaux de la rivière San, As it rolls Magyar blood along, Charriant du sang magyar dans son cours, So they must call out crying: My God, no more. Pour qu’ils doivent crier : Mon Dieu, arrêtez.

12 Send them away just for one night Envoyez-les déjà une seule nuit So they may remember their mothers’ pain. Qu’ils se rappellent la douleur de leur mère. Just for one night. Une seule nuit. How they would huddle scared and cold; Ils se blottiraient alors de peur et de froid ; How they would roll about, with mea culpa; Ils se tordraient alors de honte ; How they would tear their shirts, how they would bang Ils déchireraient alors leurs chemises, frapperaient leurs their breasts, poitrines ; How they would cry yelling: My Christ, what’s next! Ils sangloteraient alors : Jésus, qui sera le prochain ?

My Christ, what else should my brethren give Jésus, que peuvent donner mes camarades For the blood, so at least I can remain! Autre que le sang, pour m’éviter de partir ? How they would swear, all of them; Comme ils jureraient, tous ; How they would call Christ, how they would call God Comme ils invoqueraient Jésus, et le bon Dieu Whom they never knew in their arrogant disbelief: Auxquels ils n’ont pas cru dans leur arrogante incroyance : Against my Magyar brothers never-never more! Contre mes frères magyars jamais-jamais plus ! ... Send them away just for one night … Envoyez-les déjà une seule nuit.

Géza Gyóni Géza Gyóni

Louse Hunting La Chasse aux poux

Nudes, stark and glistening, Nus, luisants de sueur, Yelling in lurid glee. Grinning faces Beuglant d’une voix vorace. Faces grimaçantes And raging limbs Et membres déchaînés Whirl over the floor one fire. Raclant la terre sèche. For a shirt verminously busy À cause d’une liquette encombrée de vermine Yon soldier tore from his throat, with oaths Qu’un trouffion s’arrache en jurant Godhead might shrink at, but not the lice. Et en damnant le pou, qui lui s’en balance. And soon the shirt was aflare Mais voilà que la chemise s’enflamme Over the candle he’d lit while we lay. À la bougie éclairant notre pauvre couche.

Then we all sprang up and stript On se lève vite fait et on se déshabille, To hunt the verminous brood. En chasse des satanées bestioles. Soon like a demons’ pantomine L’endroit devient alors The place was raging. Un bazar diabolique See the silhouettes agape, De silhouettes béantes See the glibbering shadows Et d’ombres de bras mêlés Mixed with the battled arms on the wall. Qui s’agitent au mur. See gargantuan hooked fingers Voyez ces gargantuesques doigts crochus Pluck in supreme flesh Plantés dans la chair suprême, To smutch supreme littleness. Voulant anéantir cette suprême petitesse. See the merry limbs in hot Highland fling Et voyez ces membres danser la gigue

13 Because some wizard vermin Parce qu’une vermine malicieuse Charmed from the quiet this revel Les a presque envoûtés When our ears were half lulled Tandis que nos oreilles s’abrutissent By the dark music De la sombre musique Blown from Sleep’s . Des trompes de Morphée.

1917 1917 Isaac Rosenberg Isaac Rosenberg

Abschied Adieu (Für Peter Scher) (pour Peter Scher)

Vorm Sterben mache ich noch mein Gedicht. Avant de mourir, je dois finir mon poème. Still, Kameraden, stört mich nicht. Silence, camarades, ne me dérangez pas.

Wir ziehn zum Krieg. Der Tod ist unser Kitt. Nous partons pour la guerre. La mort est ce qui nous unit. O, heulte mir doch die Geliebte nit. Ô, si seulement ma bien-aimée pouvait s’arrêter de brailler.

Was liegt an mir. Ich gehe gerne ein. Que m’importe. Je suis heureux de partir. Die Mutter weint. Man muß aus Eisen sein. Ma mère pleure. Je dois rester d’acier.

Die Sonne fällt zum Horizont hinab. Le soleil descend à l’horizon. Bald wirft man mich ins milde Massengrab. Bientôt, on me jettera dans un doux charnier.

Am Himmel brennt das brave Abendrot. Le ciel envoie ses derniers reflets. Vielleicht bin ich in dreizehn Tagen tot. Dans treize jours, peut-être, je serai mort.

Albert Lichenstein Albert Lichenstein

[Traduit par Maurice Salem]

14 Michael Nyman Campion, palme d’or à Cannes en de Liverpool avec la mezzo-soprano Né à Londres en 1944, Michael Nyman 1993) ou encore celle de Bienvenue Kathryn Rudge, Liverpool Philarmonic est l’un des plus célèbres à (Andrew Niccol, 1997). En Youth et Training Choirs, dirigés par compositeurs contemporains anglais. France, le réalisateur Patrice Leconte Josep Vicent. D’autres commandes Formé au piano, au clavecin et fait appel à lui pour Le Mari de cette année comme Aztecs in Liverpool à la musique baroque anglaise la coiffeuse (1990) et Monsieur Hire (le pendant visuel de l’œuvre à la , il étudie (1991). Parallèlement, Michael Nyman Hillsborough ) ; War Work, ensuite la musicologie au King’s compose pour le spectacle vivant : œuvre créée à partir de documents College de Londres. En 1964, opéras (L’Homme qui prenait sa femme visuels de la Première Guerre il commence sa carrière comme pour un chapeau, Michael Morris, mondiale et Symphony n° 12 « Habla critique musical pour de nombreuses 1987), ballets, concertos et pièces de de la ciudad » jouée au Cervantino revues (Studio International, Time Out, musique de chambre. Il collabore International Festival à Guanajuato au Tempo…), s’intéressant autant également avec de nombreux artistes Mexique le 12 octobre pour célébrer à la musique savante contemporaine tels que Carsten Nicolai ou Damon le centième anniversaire de qu’au rock ou aux musiques Albarn, chanteur du groupe Blur et la naissance d’Octavio Paz. populaires. En 1968, il est le premier Gorillaz. Plus récemment, il publie son à utiliser le terme de « minimaliste » premier en solo au piano, Hilary Summers dans le domaine musical. En 1974, Sings (2005). Son univers Véritable contralto à la tessiture il publie Experimental Music – Cage musical est marqué par deux particulièrement étendue, Hilary and Beyond, ouvrage théorique qui influences principales, la musique Summers a su inspirer de nombreux fait rapidement autorité en musique baroque anglaise et des compositeurs compositeurs contemporains. contemporaine. Michael Nyman se comme Georg Friedrich Haendel ou Créatrice du rôle de Stella dans What tourne véritablement vers Henry Purcell d’une part et la musique Next? d’Elliot Carter à la Staatsoper de la composition en 1976 en arrangeant minimaliste, mise en avant par Steve Berlin sous la direction de Daniel des chants populaires vénitiens du Reich et Philip Glass, d’autre part. Barenboim en 1999, elle a donné XVIIIe siècle pour la production Depuis 2008, Michael Nyman oriente cette œuvre au Carnegie Hall, Il Campiello de Carlo Goldoni. À cette également son travail vers les arts à Chicago avec le Chicago Symphony occasion, il forme le Campiello Band, visuels. Il réalise un ensemble de Orchestra et l’a reprise sous plus tard appelé le Michael Nyman courts métrages et publie Sublime, la direction de Péter Eötvös, Oliver Band. C’est au cinéma que le grand un recueil de photographies. 2014 Knussen et Kent Nagano. Elle public découvre son travail de est l’année du soixante-dixième a également créé le rôle d’Irma dans compositeur. La collaboration anniversaire de Michael Nyman. Le Balcon de Péter Eötvös au Festival entamée dès la fin des années 60 avec Il poursuit le projet qu’il a conçu en d’Aix-en-Provence en 2002 et sillonné le cinéaste Peter Greenaway se décembre 2012 d’écrire une série de l’Europe avec cette production durant concrétise en 1982 lorsqu’il compose dix-neuf symphonies et trois grandes la saison 2003-2004. Depuis 2002, elle la musique de Meurtre dans un jardin commandes seront jouées : a interprété Le Marteau sans maître de anglais. Suivent alors Zoo (1985), Triple Symphonic et Symphony n° 11 Pierre Boulez à travers l’Europe avec Assassinat dans le Suffolk (1988), « Hillsborough Memorial », commande l’Ensemble intercontemporain sous Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son de Liverpool Biennal 2014 pour la direction du compositeur, ainsi amant (1989)… Dans les années 90, commémorer le vingt-cinquième qu’avec plusieurs autres ensembles et il atteint une renommée anniversaire de la tragédie chefs, comme très récemment aux internationale en composant d’Hillsborough qui sera jouée par BBC Proms de 2012 sous la direction la musique de La Leçon de piano (Jane le RLPO le 5 juillet 2014 à la cathédrale de Franz-Xavier Roth avec des

15 membres du West-Eastern Divan ses autres rôles féminins, on citera Michael Nyman Band Orchestra. Elle a gravé cette œuvre la déesse mère Gaïa dans Daphné chez Deutsche Grammophon avec de Strauss et Mrs Sedley dans Violons Pierre Boulez et l’Ensemble Peter Grimes de Britten (Festival Chris Clad intercontemporain, enregistrement de Glyndebourne). En 2006, Ian Humphries qui a remporté le Grammy Award elle a participé aux premières ainsi qu’un grand succès critique. représentations de l’opéra Into the Alto Dans le cadre des festivités marquant Little Hill de George Benjamin à Paris Katie Wilkinson le 80e anniversaire du compositeur, et repris depuis l’œuvre à New York Hilary Summers a interprété Le Visage et à travers l’Europe. Elle a récemment Violoncelle nuptial sous sa direction avec été invitée au Festival d’Aldeburgh, Adrian Bradbury le Chicago Symphony Orchestra au Holland Festival, au Liceu de à Chicago. En Grande-Bretagne, une Barcelone et à l’Opéra de Francfort. Saxophones relation particulière l’unit au Hilary Summers a créé le rôle de Miss David Roach compositeur Michael Nyman dont elle Prism dans L’Importance d’être Simon Haram a enregistré plusieurs musiques de constant de Gerald Barry en version Andy Findon film. On a pu l’applaudir aux côtés du concert avec le Los Angeles Michael Nyman Band lors de Philharmonic puis au Linbury Studio Cor nombreuses tournées internationales. de Londres en juin 2013. Parmi ses Paul Gardham Très grande interprète baroque, Hilary autres projets marquants, on notera Summers s’est fait un nom dans ce ses concerts avec l’Ensemble Modern, Trombone basse répertoire et se produit régulièrement des reprises de L’Importance d’être avec les meilleurs orchestres de constant ainsi que La Cenerentola avec musique ancienne d’Europe. Au Cecilia Bartoli à Salzbourg (rôle Trompette nombre de ses partenaires, on citera de Tisbe, Festival de Pentecôte et Toby Coles Christopher Hogwood et l’Academy of Whitsun Festival, juin et août 2014). Ancient Music, Paul McCreesh et La vaste discographie d’Hilary Guitare basse le Gabrieli Consort, Christophe Summers comprend entre autres Martin Elliott Rousset et Les Talens Lyriques, Le Messie avec le King’s College de Thomas Hengelbrock et le Balthasar Cambridge, Lotario de Haendel Neumann Ensemble ainsi que The (rôle d’Idelberto) avec Alan Curtis English Concert dirigé par Andrew et Il Complesso Barocco, Le Songe Manze. Sur la scène d’opéra, Hilary d’une nuit d’été (Hippolyta) avec Summers incarne par nature des le London Symphony Orchestra et héros haendéliens comme Jules César Sir Colin Davis, la Petite Messe ou Mars (Il Divisione del Mondo de solennelle de Rossini avec The King’s Legrenzi) mais peut également se Consort ainsi que les Six Celan Songs divertir dans des rôles tels que de Michael Nyman. Mescaline la dominatrice (Le Grand Macabre de Ligeti), Hippolyta 1041550-1041546-1041547 o l’amazone (Le Songe d’une nuit d’été de n

Britten) ou encore Baba la Turque (The Licences Rake’s Progress de Stravinski). Parmi

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