DOSSIER DE PRESSE SOMMAIRE

ÉDITORIAL ...... 1

3 QUESTIONS À DOMINIQUE D’ARNOULT ...... 2

COMMUNIQUÉ DE PRESSE ...... 3

PARCOURS DE L’EXPOSITION ...... 4

REDÉCOUVRIR PERRONNEAU ...... 4 1734-1746 Une formation parisienne à l’école de la nature ...... 6 1747-1755 Les débuts fulgurants d’un portraitiste dans le Paris des Lumières ...... 7

Desfriches ou l’Orléans des Lumières ...... 8

Perronneau académicien (1754) ...... 8 1756-1764 À la rencontre des amateurs en Europe : les voyages du « peintre de l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris » ...... 9 1765-1766 Séjour à Orléans dans la société des physiocrates ...... 10 1767-1783 Une quête perpétuelle de nouveaux horizons ...... 11

LA POSTERITÉ D’UN ARTISTE SINGULIER ...... 12

JEAN-BAPTISTE PERRONNEAU ...... 14

COMMISSARIAT ...... 15

SCÉNOGRAPHIE SIGNÉE MARTIN MICHEL ...... 15

AUTOUR DE L’EXPOSITION ...... 16

LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS D’ORLÉANS ...... 17

INFOS PRATIQUES ET CONTACTS PRESSE ...... 18

ÉDITORIAL

e musée des Beaux-Arts d’Orléans est fier es passages de Jean-Baptiste Perronneau à Ld’ouvrir toutes grandes ses portes à l’un des LOrléans ont laissé des traces dans les collec- artistes dont le nom est lié à la mémoire de notre tions du musée où l’artiste est désormais chez lui. cité : Jean-Baptiste Perronneau. De l’achat du portrait de Daniel Jousse, conseil- ler au présidial d’Orléans, en 1860, à l’acquisition Au fil de cette exposition exceptionnelle, qui fera extraordinaire, en juin 2016, du portrait d’Aignan date, sont présentées, entourées de documents Thomas Desfriches, fondateur du musée et grand d’époque, les principales œuvres de cet immense ami de Perronneau, rejoint depuis par le portrait e portraitiste d’un XVIII siècle passionné par la de sa femme, ce sont aujourd’hui vingt et une technique du pastel. Cent œuvres, dont vingt œuvres de l’artiste, léguées par les descendants provenant des collections d’Orléans, qui laissent des modèles ou par des amateurs soucieux d’en- entrevoir le mode de vie d’intellectuels, d’artistes, richir les collections de leur ville, ou encore ache- de négociants… qui prirent une part active et tées au gré des opportunités, qui constituent le éclairée à l’effervescence du siècle des Lumières. fonds du musée des Beaux-Arts d’Orléans, prin- Une belle collection qui a toute sa place à Or- cipal ensemble d’œuvres de ce portraitiste insa- léans, où Jean-Baptiste Perronneau effectua de tiable qui a couru l’Europe, marquant profondé- nombreux voyages et exécuta le portrait d’ano- ment l’art de son temps mais également celui nymes de la bourgeoisie locale mais aussi de per- du siècle suivant, de Helleu à Berthe Morisot qui sonnages restés célèbres, comme son ami Aignan virent en lui leur maître en pastel. Thomas Desfriches. En consacrant sa première rétrospective à cet ar- Plus que jamais, notre capitale régionale, « ville tiste incontournable des Lumières, non seulement d’Art et d’Histoire », affirme le rôle du musée le musée des Beaux-Arts lui rend sa juste place __ comme un lieu de découverte de notre histoire, dans l’histoire de l’art, mais il remplit également mettant à la portée de tous le travail de cher- 1 sa mission de recherche et de valorisation de ses __ cheurs qui nous permettent de mieux connaître collections. Cette exposition n’aurait pas été pos- et de faire connaître notre patrimoine. sible ni aussi complète sans l’important travail de Merci à toutes celles et tous ceux, personnel, Dominique d’Arnoult, qui a consacré sa thèse à Amis du musée, partenaires, bénévoles, qui ont Perronneau et qui a fait découvrir l’immensité contribué à cette magnifique exposition. de son œuvre dans le catalogue raisonné publié chez Arthena en 2014. Son commissariat scien- Et maintenant, guidés par nos conservateurs et tifique, de même que l’investissement total des nos conférenciers, qui vous invitent a ce voyage équipes du musée, de la direction de la Culture artistique dans l’Europe des Lumières, lais- et de la direction de la Communication, ont été sez-vous séduire par la luminosité, les couleurs essentiels pour mener à bien ce projet, derrière douces, veloutées et chatoyantes de ces portraits lequel tous se sont fédérés pour faire revivre intimistes, aux regards parfois énigmatiques, non seulement les grandes heures de l’Orléans parfois malicieux. des Lumières, mais également le musée, lequel retrouve sa place au sein du panorama national, OLIVIER CARRÉ avec le soutien du ministère de la Culture et de la Maire d’Orléans Communication, qui a reconnu d’intérêt national Député du Loiret cette exposition. Avec Jean-Baptiste Perronneau, c’est également une saison tournée vers le XVIIIe siècle qui s’ouvre, et qui s’achèvera avec la réouverture des salles du musée consacrées à cette période, offrant un nouvel écrin aux œuvres de Perronneau et de ses contemporains. OLIVIA VOISIN Directrice des musées d’Orléans 3 QUESTIONS À DOMINIQUE D’ARNOULT

En quoi Jean-Baptiste Perronneau a-t-il En quoi Jean-Baptiste Perronneau se marqué son siècle ? distingue-t-il de ses pairs ? Dès ses premières apparitions aux Salons du Ce qui distingue Perronneau est le caractère de , lieu de reconnaissance obligé de l’époque, son dessin dans lequel « il excelle », comme l’écri- Jean-Baptiste Perronneau est reconnu par ses vent ses contemporains (Gougenot, 1748), grâce pairs comme un portraitiste qui répond au mieux à la formation de peintre d’histoire qu’il a reçue aux enjeux artistiques du nouveau portrait des à l’École du modèle vivant de l’Académie. Sa cou- Lumières. Il rencontre immédiatement l’admira- leur est particulièrement variée, subtile et vraie, tion du public et Friedrich Melchior Grimm écrit car le fruit d’une observation de la nature nourrie en 1749 qu’il « marche à pas de géants dans cette des principes « d’opposition et de comparaison» carrière ». de l’École flamande transmis directement par Oudry. Il a sa façon d’être vrai et de rendre les À ce même Salon du Louvre, il va exposer pen- individus avec leurs imperfections, sans quoi le dant quarante ans, de 1746 à 1779, cent-vingt portrait deviendrait faux. Les qualités artistiques portraits au pastel et à l’huile, ce qui en fait un du portrait rendent chaque physionomie digne des principaux portraitistes de son temps. d’intérêt. En même temps, lors de ses très nombreux L’originalité de Perronneau au pastel tient à l’im- voyages, il va incarner un art ambitieux du por- pression de sprezzatura, ou de désinvolture, qu’il trait auprès des élites européennes. sait donner, en masquant le travail sous une ap- parente facilité. D’où une vibration inimitable qui __ rend ses portraits vivants. Il sait de plus arrêter 2 Comment expliquer le véritable le travail à temps. Il transpose son art du pastel __ engouement du portrait à l’époque de dans ses portraits à l’huile, remarquables par la Lumières et quel en était son usage ? vivacité de la touche. Dans cette société du XVIIIe siècle en profond Sa clientèle est variée, il est également l’artiste bouleversement, s’impose peu à peu l’individu. De qui a peint quelques têtes princières de son ceci témoigne le goût de la représentation de soi époque mais aussi les protagonistes de l’Europe qui n’est pas laissé à la seule aristocratie et aux des Lumières, avec cette nouvelle composante hommes et femmes illustres, mais au contraire se que représentent les acteurs du grand négoce fait jour dans une large clientèle. Le portrait des qui partagent la sociabilité des amateurs de l’art, Lumières brouille les cartes sociales. Il s’agit de figure essentiel du monde artistique au XVIIIe ne pas avoir l’air de son rang. Le vêtement, son siècle. tissu et sa couleur, participent de cette stratégie des apparences qui ne réside plus tant dans des signes ostentatoires, qu’en un air naturel, tout de composition. La ville imite Versailles et Versailles imite la ville. Au pastel, l’éclat du verre et l’or de son cadre font du portrait un objet précieux qui participe au goût du jour pour la brillance et la clarté ménagées par tous moyens dans les inté- rieurs. Les portraits des commanditaires vont prendre place dans l’intimité de l’appartement, de l’hôtel particulier, ou de la résidence de campagne. Ils sont parfois destinés à figurer au centre de la belle collection léguée à l’Université ou à la Ville. D’autres fois offerts en témoignage d’amitié. COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Du 17 juin au 17 septembre 2017, le musée Ses réseaux de sociabilité embrassent en effet des Beaux-Arts d’Orléans présente la pre- le siècle de manière plus complète que pour mière rétrospective consacrée à Jean-Bap- d’autres peintres, avec cette nouvelle compo- tiste Perronneau (v. 1715-1783), véritable sante de sa clientèle que représentent les acteurs portraitiste de génie à la personnalité artis- du négoce et du grand commerce, qu’ennoblit la tique singulière et exigeante. sociabilité artistique. Cette exposition invite à visiter l’Europe des L’exposition reconstitue les liens que noue Lumières – moment du plus extraordinaire Perronneau lors de ces nombreux voyages engouement pour le portrait jamais connu avec les amateurs d’art et notamment sa – à travers 150 œuvres provenant de pres- longue amitié avec Aignan Thomas Des- tigieuses collections publiques (musée du friches — riche entrepreneur orléanais et futur Louvre, National Gallery…) et privées, souvent fondateur du musée des Beaux-Arts d’Orléans — inédites, mais aussi du musée des Beaux-Arts de laquelle naîtra une série de pastels parmi d’Orléans qui conserve le fonds le plus riche les plus importants de sa carrière. d’œuvres de l’artiste. Depuis 1860, le musée des Beaux-Arts d’Orléans Dans un parcours chronologique, l’exposition re- n’a cessé d’acquérir des œuvres de Perronneau, trace l’incroyable carrière du peintre (1734-1782) jusqu’à l’achat en juin 2016 d’un chef-d’œuvre depuis sa formation et ses débuts fulgurants — le portrait d’Aignan Thomas Desfriches — à à Paris, marqués par sa réception à l’Académie la suite duquel le musée a souhaité restituer royale en 1753, jusqu’aux voyages qui lui fe- l’œuvre de Perronneau dans son siècle avec cette __ ront aborder les villes de France (Lyon, Tou- première rétrospective. 3 louse, Bordeaux, Orléans) et d’Europe (Bruxelles, __ Rome, Londres) avant de faire d’Amsterdam un port d’attache et de départ vers les villes hanséa- L’exposition en quelques chiffres : tiques comme Hambourg ou vers Saint-Péters- bourg et Varsovie. • 151 œuvres et documents exposés, Illustrant le goût du XVIIIe siècle pour le • 53 pastels, brillant et l’éclat, les pastels de Perronneau • 49 prêteurs, côtoient ici ses portraits peints à l’huile et • 8 pays, comme chez leurs commanditaires de l’époque, • 36 caisses spéciales fabriquées des peintures des maîtres anciens, des œuvres pour les pastels, de peintres et de sculpteurs contemporains 2 de l’artiste, ainsi que des objets d’arts déco- • 80 m de mousse de calage dont 2 ratifs. Tous réunis, ils offrent un regard neuf sur 40 m de mousse polyuréthane ce portraitiste trop rapidement classé comme le alvéolée fabriquée spécialement rival malheureux de Maurice Quentin Delatour pour les caisses pastels, (1704-1788) et qui s’avère être, au contraire, un • 10 000 km parcourus par Valérie artiste virtuose dont le parcours se distingue net- Luquet pour emballer les pastels. tement de ses contemporains. PARCOURS DE L’EXPOSITION

REDÉCOUVRIR PERRONNEAU paradoxe de réussir, malgré ses absences de Paris, à conserver sa présence au Salon du Louvre où il expose cent-vingt portraits entre 1746 et 1779, En 1908 l’exposition des Cent pastels à la prouesse qui fait de lui le plus important des pro- galerie Georges Petit à Paris rendait à Jean- tagonistes du Salon sous le règne de Louis XV et Baptiste Perronneau sa juste place, non seu- de Louis XVI, avec son aîné le pastelliste Maurice lement dans l’histoire de l’art du XVIIIe siècle aux Quentin Delatour (ou de La Tour), peintre de la côtés des plus grands, mais également dans celle famille royale. du pastel. Bien au-delà de l’engouement extra- ordinaire que rencontre cette technique dans les Cette réunion extraordinaire permet surtout, de années 1740-1790, les praticiens de la fin du XIXe l’atelier du peintre au Salon du Louvre et dans la siècle se revendiqueront de Perronneau et de sa diversité des milieux traversés à travers la France liberté de touche qui donne une vie sans égal et l’Europe, d’appréhender les enjeux du portrait à ses modèles. Aucune rétrospective n’avait qui devient, plus que tout autre genre, l’expres- pourtant été consacrée à cet artiste dont les sion de la pensée des Lumières. Artiste singulier, il œuvres, rassemblées par Dominique d’Arnoult y répond avec cette façon unique de donner vie dans un catalogue raisonné de plus de quatre par de savants jeux de poudre aux amateurs dont cents portraits, se répartissent entre collections l’identité pourrait sembler dérisoire, face à l’art qui particulières et institutions. s’exprime dans toute sa virtuosité, si ceux-ci ne reconstituaient pas aujourd’hui la société la plus Pour la première fois, quatre-vingt-quinze éclairée des années 1740-1780, tel un journal que œuvres de Perronneau (dont cinquante-trois Perronneau aura écrit à l’huile et au pastel. __ pastels) sont réunies, couvrant l’ensemble de 4 la carrière de cet artiste voyageur qui refusa le Cette exposition, reconnue d’intérêt national __ confort d’une carrière parisienne, permise par par le Ministère de la Culture, rend hommage son statut d’académicien, pour parcourir l’Eu- à un artiste qui, par ses séjours et ses ami- rope à la rencontre de commanditaires issus des tiés, a lié son nom à la ville d’Orléans, dont le cercles intellectuels et des réseaux d’amateurs. musée conserve aujourd’hui le fonds le plus Perronneau, « Peintre du Roy », ne peint pas le important. roi. Le déroulement de sa carrière tient dans ce — vers 1715-1716 — 1751 Grâce aux ambassadeurs de — 1770-1772 Perronneau naît à Paris, aîné de Séjour à Orléans chez son ami Hollande comme Jacob Boreel, Il prolonge son exil en Hollande, sa fratrie, dans un milieu d’artisan. Aignan Thomas Desfriches. il prolonge son voyage vers la espérant trouver, en vain, autant Son grand-père était maître- Il expose son portrait au Salon du Hollande où il reste cinq mois. Lors de commandes qu’en 1761. tapissier à Tours. Sa mère, Marie- Louvre, participant à la renommée de ce « séjour fructueux », il peint à En revanche, il est invité chez Geneviève Frémont, est la fille de Desfriches comme un fervent La Haye les portraits du prince son ami Jacob Boreel et son fils d’un maître-tonnelier parisien. amateur d’art. et de la princesse d’Orange-Nassau Willem, qu’il peint tous deux et de l’érudit Meerman, puis à plusieurs fois, comme il l’avait — 1730 — 28 juillet 1753 Rotterdam et à Amsterdam des fait précédemment pour Abraham Sa famille est domiciliée près Perronneau est reçu par l’Académie bourgmestres et leurs familles. Il van Robais. de la Sorbonne, rue des Cordiers, royale de peinture et de sculpture se lie au banquier et échevin de la Au milieu de son séjour, il dans un quartier dédié au livre de Paris avec les portraits à l’huile ville d’Amsterdam, Daniel Hogguer. souhaite revenir à Paris, mais et à l’estampe. des professeurs Jean-Baptiste Oudry Mme Perronneau ayant préféré et Sigisbert Adam, sculpteur. Il les — 1764 s’installer au Petit-Charonne, il — 1734 expose au Salon du Louvre avec Voyage à Karlsruhe pour demande au marquis de Marigny Il suit les cours de dessin d’après ceux de la Princesse de Condé ; rencontrer l’amateur Karoline Luise un atelier à Paris où recevoir le le nu masculin à Paris à l’École Milord d’Hunlington ; Madame Le avec laquelle il est en relation public. Celui-ci lui répond qu’il du modèle de l’Académie royale Moyne, femme de M. Le Moyne, le épistolaire depuis 1750. Elle lui n’y en a pas de libre actuellement. de peinture et de sculpture fils, Professeur de ladite Académie ; commande le portrait de son où il remporte une première M. Julien le Roy ; Madame *** ; époux, le margrave Karl Friedrich — 1773 médaille des prix de quartiers. M. Bouguer, de l’Académie royale Markgraf von Baden Durlach. Naissance de son second fils, Il reçoit également l’enseignement des Sciences (hors livret). Il peint les portraits du Henry Louis (1773-1812), de Charles-Joseph Natoire. chorégraphe français Jean Georges qui deviendra imprimeur-libraire Rencontre, à l’École du modèle, — 1754 Noverre, attaché au duc de à Paris. de l’Orléanais Aignan Thomas Voyage à Bruxelles où il reçoit Wurttenberg, et de son épouse, Desfriches. la commande du Portrait comédienne. — 1777 du prince Charles Alexandre Après un séjour à Madrid en 1775 — 1737-1740 de Lorraine, gouverneur — 1765-1766 où il est proche de l’Académie Il se perfectionne au dessin en des Pays-Bas autrichiens. Long séjour à Orléans dans San Fernando, il retrouve Daniel exécutant des gravures d’après Mariage avec Louise Charlotte la société de Desfriches qui Hogguer à Hambourg et il peint les dessins des professeurs de Aubert, fille de l’orfèvre et peintre lui procure de nombreuses au passage le Portrait du l’Académie. Gabriel Huquier lui en émail du roi, Louis François commandes. Alors qu’il s’était prince Carl von Hessen-Kassel, confie l’exécution d’estampes Aubert. consacré au pastel depuis dix ans, gouverneur royal résidant au publiées en recueils et, chez Perronneau reprend les pinceaux château Gottorf à Schleswig. Laurent Cars, son maître de — 1756 pour satisfaire la demande. gravure, il interprète à l’eau-forte Départ pour Bordeaux où il reste Il expose des portraits — 1779 relevée au burin des tableaux deux ans. Il se lie à l’armateur d’Orléanaises au Salon de 1765. Perronneau est à Paris et sans lieu de François Boucher, peintre Bonaventure Journu, qui Naissance de son premier fils où recevoir le public. Il ne réitère familier de cet atelier. devient l’un de ses principaux Alexandre Joseph Urbain (1766- pas sa demande d’atelier, mais l’un commanditaires en lui faisant 1831), qui deviendra peintre de ses proches, Mme Perronneau — 1744 peindre ses frères et associés, d’histoire. sans doute, en charge le comte __ Première commande d’un portrait ainsi que leurs familles et leurs de Vergennes. La demande est au pastel, grâce au comte de alliés, les Agard. Il rencontre — 1767 défavorablement annotée 5 Caylus pour le comte Tessin à Joseph Vernet à qui le roi a Voyage réitéré à Bordeaux où il par Jean-Baptiste-Marie Pierre, __ Stockholm (Portrait d’un « Nègre commandé les Ports de France. propose à sa fidèle clientèle de premier peintre. blanc » nommé Mapondé). les peindre à l’huile. L’Irlandais Il regagne Amsterdam et retrouve — 1758 naturalisé français MacCarthy, le français Louis Métayer et Charles — 6 août 1746 Bordeaux ne possédant pas avocat, jurat de la ville et acteur Théophile de Cazenove, plus tard Perronneau est agréé à l’Académie d’Académie, il se rend à Toulouse du grand commerce des vins, secrétaire de Talleyrand. royale de peinture et de sculpture où une Académie a été érigée ou Mme de Parouty, la jeune et sur présentation de portraits en 1750 et il expose au Capitole, dépensière héritière de plantations — 1781 au pastel et à l’huile, ce qui lui accueilli par le peintre Dujon à Saint-Domingue qui a le « goût Perronneau fait d’Amsterdam son ouvre les portes de l’exposition et les amateurs. américain », sont représentatifs point de départ pour de nouveaux du Salon du Louvre. Il expose cinq d’une nouvelle société qui apprécie voyages. A Saint-Pétersbourg, où le portraits dont trois au pastel : — 1759 chez Perronneau l’art de varier sa français Falconet vient de terminer M. le Marquis d’Aubaïs en Voyage de Lyon à Rome où il touche en fonction de son modèle. une statue équestre colossale Cuirasse ; M. Drouais, Peintre de rencontre Charles-Joseph Natoire de Pierre Le Grand commandée l’Académie ; M. Gilquin, peintre, à l’Académie de France. De retour — 1769 par Catherine II, il peint les enfants en huile ; Le petit Demoyel, tenant à Paris en juillet, il expose au Salon Lors du Salon du Louvre, de l’ambassadeur Harris. une poule huppée ; Un jeune du Louvre – le plus beau du siècle Perronneau est évincé de sa place écolier, frère de l’auteur, tenant – les portraits des artistes Joseph en raison de ses choix, contraires — 1782 un Livre. Vernet, Laurent Cars, Charles- au bon goût qui, selon ses Séjour à Varsovie où le roi de Nicolas Cochin et du poète Pierre- détracteurs, ne se développe qu’à Pologne, Stanislas II Auguste De 1746 jusqu’en 1779, malgré Honoré Robbé de Beauveset. Paris. La coalition, favorable à de Poniatowski, lui commande deux ses voyages incessants, il exposera La Tour, portraitiste de la cour, est portraits dont le sien. à seize Salons du Louvre quelque — 1761 orchestrée par Diderot et Chardin. 120 portraits au pastel et à l’huile. Voyage à Londres pour une L’admirable portrait rembranesque — 19 novembre 1783 Seul son aîné le pastelliste Maurice commande de Georges Brudenell, de la vieille Bordelaise Mme Journu Perronneau est pris d’une Quentin de La Tour, agréé en 1737 4e comte de Cardigan. Afin d’offrir et celui du bibliophile Orléanais « fièvre », liée à un nuage de gaz et reçu académicien en 1746, en à sa clientèle des copies de ses Lenormant du Coudray essuient sulfurés émis par le volcan Laki exposera un aussi grand nombre. portraits en miniature, les critiques, tant pour le choix (Islande), lors de l’irruption la plus il se fait accompagner par des modèles que pour leurs importante des temps modernes. — 1750 Théodore Gardelle, un Genevois qui caractéristiques qui marquent Il meurt à son domicile, sur le Perronneau expose quinze portraits travaillait pour lui en 1744 à Paris. la singularité de Perronneau Herengracht, au croisement avec au Salon du Louvre dont un Pris de folie, celui-ci assassine sa dans le panorama artistique. Leidse Straat, et il est enterré le Portrait de Maurice Quentin de logeuse et la découpe en morceaux lendemain au cimetière Leidsche La Tour. De La Tour fait accrocher, qu’il brûle dans un poêle. Séjour à Abbeville. Dans cette citée Kerkhof. à l’insu du jeune peintre, Son procès défraie la chronique vouée aux arts, il peint Théophile l’un de ses autoportraits à côté en mars-avril. Perronneau est van Robais et ses oncles, dirigeants de son portrait de commande amené à comparaître devant de la « manufacture royale de pour discréditer le jeune peintre. la cour de justice. draps fins façon d’Angleterre et de Plus pétillant que sur le portrait Il expose à la Royal Academy of Hollande » ainsi que trois portraits par Perronneau, inversement plus Arts quatre portraits au pastel, d’Abraham van Robais, chefs- vrai, de La Tour souhaite moucher dont sans doute celui de William d’œuvre où il laisse libre cours le nouveau venu en pleine Henry Nassau van Zuylenstein, à sa science de la couleur, ascension. 4e duc de Rochford. du coloris et de la touche. 1734-1746 Une formation parisienne à l’école de la nature

Jean-Baptiste Perronneau a une quinzaine d’année lorsqu’il décide d’embrasser la car- rière des arts, sans doute guidé par le foison- nement des plus grands imprimeurs et graveurs parisiens près de chez lui rue Saint-Jacques. Charles-Joseph Natoire lui apprend le dessin et, en 1734, il s’inscrit à l’École du modèle mise en place par l’Académie royale pour se per- fectionner dans l’étude du nu. « Un génie na- turel pour le dessein » est le préalable indispen- sable à la formation de peintre et ses débuts sont des plus encourageants : sur les trois médailles décernées chaque trimestre, il reçoit d’emblée la première. Ce prix est d’autant plus méritoire que si certains de ses condisciples, comme l’Orléanais Aignan Thomas Desfriches, ne sont pas issus du monde des arts, bien d’autres, tels Pierre Alexandre Ave- line ou Charles Nicolas Cochin, appartiennent Portrait de Philippe Cayeux, sculpteur d’ornements à des familles d’artistes. C’est à cette date qu’il et de son épouse - © Collection particulière __ se lie avec la société artistique de la rue Saint- 6 Jacques. Il est remarqué par Gabriel Huquier qui lui confie la gravure à l’eau-forte de des- __ sins de professeurs de l’Académie, tandis que Laurent Cars l’emploie dès 1740 pour d’am- bitieuses gravures d’interprétation d’après Boucher ou Natoire. Si la formation du jeune Perronneau est celle d’un peintre d’histoire, depuis 1737 il contemple toutefois au Salon du Louvre les portraits au pastel de Maurice Quentin de La Tour qui lui valent les plus vifs succès. Per- ronneau s’essaie d’abord sur ses proches à cette technique dans laquelle il excelle rapidement, puis décide de se consacrer à son tour à l’art du portrait, encouragé par son milieu artistique et par une première commande, en 1744, suscitée par le comte de Caylus. Le pastel fait naître de nombreux débats au sein de l’Académie qui lui reproche d’être une technique trop utilisée pour ses effets flatteurs. Pour son agrément à l’Académie, qui lui ouvre les portes du Salon du Louvre en 1746, Perronneau présente de fait des portraits peints dans les deux techniques, à l’huile et au pastel, choisissant éga- Portrait d’une femme en robe bleue et de son serviteur noir lement des modèles masculins de tous les âges. Orléans, Musée des Beaux-Arts - © LTD christie’s Montrant lors du Salon son large talent dans le genre du portrait, Perronneau peut dès lors partir à la conquête de commanditaires. 1747-1755 Les débuts fulgurants d’un portraitiste dans le Paris des Lumières

Les critiques saluent les débuts fulgurants de Perronneau, certains n’hésitant pas à le com- parer à Maurice Quentin de La Tour. Les deux peintres n’ont toutefois que peu de raisons d’être rivaux : à de La Tour, l’élite parisienne et Ver- sailles, à Perronneau, la diversité qu’offre le Paris des Lumières avec ses artistes et leurs familles qui constituent la sociabilité du peintre, les membres de la noblesse, de l’administration royale, pari- sienne et provinciale, jusqu’aux étrangers de pas- sage. Il n’hésite pas non plus à s’éloigner de Paris et il se rend à Orléans au moins deux fois, en 1747 et 1751, chez son ami Desfriches qui l’introduit dans la bourgeoisie orléanaise. Les enjeux artistiques du portrait sont alors au cœur des conférences d’Oudry et Tocqué à l’Académie. Dans l’esprit des Lumières, la ressemblance ne peut suffire à la réussite d’un portrait et le peintre doit au contraire se concentrer sur l’individualité du modèle, __ invitant le spectateur à percevoir la noblesse qui réside en chacun et qui se lit dans le vi- Portrait d’un homme de face en habit et veste de velours 7 bleu roi - © Collection particulière __ sage plutôt que dans les signes du paraître. La beauté du pinceau de l’artiste doit apporter les Perronneau, imprégné de ces idées, saisit ses grâces nécessaires pour que le portrait passe de modèles à l’instant du calme de l’âme, selon l’œuvre de ressemblance au statut d’œuvre d’art un panel d’attitudes qu’il fait varier en fonc- admirable pour ses seules qualités esthétiques. tion des physionomies. Il privilégie les étoffes simples, animées de savants effets de drapés, pour conduire le regard à s’arrêter plus longue- ment sur les traits qu’il restitue sans idéalisa- tion, avec les défauts du modèle, ce que Cochin perçoit comme le « comble de la difficulté ». Le traitement des ombres et des reflets auquel se livre Perronneau, avec un art unique de la cou- leur en une juxtaposition de teintes décom- posées (comme le feront les impressionnistes), laisse une sensation de désinvolture et de facilité cachant un long et savant travail. C’est précisé- ment cette sprezzatura qui fait l’excellence de ses portraits aux yeux des amateurs et qui le conduit à être reçu membre de l’Académie le 28 juillet 1753.

Portrait de Mme de Sorquainville, née Geneviève Antoinette Le Pelletier de Martainville © Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures Desfriches ou l’Orléans des Lumières Négociant, dessinateur, collectionneur et mécène orléanais, Aignan Thomas Des- friches (1715-1800) appartient à une famille prospère de marchands. Se destinant à une carrière artis- tique, il reçoit dès 1732 les leçons de Nicolas Bertin à Paris, devient élève dans l’atelier de Natoire en 1733 et fréquente l’Ecole du modèle (1735). Cette formation est l’occasion de nombreuses rencontres avec des ar- tistes comme Perronneau, le sculpteur Lemoyne et son élève Pigalle, les peintres Jean II Restout ou encore le graveur Charles Nicolas Cochin. En 1738, Desfriches rentre à Orléans pour prendre la tête du négoce fami- lial avant de fonder en 1755 une raf- finerie de sucre. Il y attire de nombreux Portrait d’Aignan Thomas Desfriches - artistes et amateurs parisiens, faisant © Orléans, Musée des Beaux-Arts, Christophe Camus d’Orléans un centre artistique majeur, __ dont Cochin, Charles Michel-Ange Challe, Joseph l’artisanat, à celui d’artiste. Pour cette impor- 8 Vernet, Claude Henri Watelet, Johann Georg tante étape de sa carrière, qui suit l’agrément, __ Wille, et Perronneau vient y peindre les por- l’Académie lui demande de réaliser comme traits de sa famille et de ses familiers. morceaux de réception les portraits à l’huile des académiciens Jean-Baptiste Oudry et Sa riche collection est composée d’œuvres de Sigisbert Adam. Laurent Cars, Massé, Cochin, contemporains (Chardin, Boucher, Greuze…) et Michel-Ange Challe, Aved et Chardin constituent de maîtres anciens notamment nordiques (Ja- son jury, dont l’enthousiasme ne pourrait être cob Van Loo, Caspar Netscher,…), parfois acquises plus grand face aux deux portraits pleins de vie avec l’aide de Perronneau, notamment lors de ses que Perronneau réalise. Garrigues de Froment séjours dans les Pays-Bas. Une partie est entrée au évoque les « éloges que ces deux Tableaux lui musée des Beaux-Arts d’Orléans grâce aux dons attirèrent de la part de ses Confrères, du bruit de sa fille Mme de Limay, en 1824 et 1825. & du plaisir qu’ils y firent (…) quand les Maîtres se sont énoncés aussi positivement, aussi claire- Desfriches reprend les crayons en 1745 et multiplie ment, d’aussi bonne foi, qu’ils le firent en faveur les paysages, puisant dans les environs d’Orléans de M. Perroneau ». et les paysages de la Loire ses sujets. En 1786, il fonde l’Ecole Gratuite de dessin d’Orléans dirigée Le statut d’académicien entraîne quelques par Bardin, avec lequel il rassemble pendant la honneurs et privilèges. Perronneau peut Révolution le patrimoine des établissements reli- désormais porter l’épée, tout en observant gieux supprimés, pour former le noyau du musée les règlements, et assister aux assemblées des Beaux-Arts ouvert dès 1799 au public. (jusqu’en février 1754, il assiste à sept), sans toutefois y prendre la parole, ce qui était réservé aux professeurs, conseillers et amateurs hono- Perronneau académicien (1754) raires. Le milieu académique lui procure la commande des portraits d’apparat du prince Le 28 juillet 1753, Perronneau est reçu à Charles Alexandre de Lorraine et de sa sœur, l’Académie royale de peinture et de sculpture, Anne Charlotte de Lorraine, abbesse de Remire- reconnaissance essentielle pour le peintre qui mont et de Mons, et le rapproche de person- passe de la maîtrise, au statut plus proche de nalités comme Jacques Cazotte. 1756-1764 À la rencontre des amateurs en Europe : les voyages du « peintre de l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris »

Désormais peintre du roi, Perronneau n’a pourtant pas le tempérament d’un courtisan et il profite de l’indépendance que lui offre son nouveau statut libéral pour conquérir d’autres territoires que la Cour sur laquelle de La Tour veille jalousement. Alors qu’il peint le portrait monumental du Prince Alexandre de Lorraine, Perronneau décide de quitter Paris pour Bordeaux, la florissante ville portuaire où se trouve également Joseph Vernet. Sa clien- tèle se constitue rapidement dans le cercle de l’armateur Bonaventure Journu et de ses amis les Agard. Bordeaux n’ayant pas d’Académie des arts, il gagne Toulouse qui en possède une des plus an- ciennes, sur le modèle de l’Académie parisienne. Il participe au Salon du Capitole, peint pour le fastueux marquis de Mirepoix et il rend visite à d’autres amateurs, armé de lettres de __ recommandations avec lesquelles il se pré- Portrait de Mme Le Grix, née Marthe Agard 9 sente dans chaque nouvelle ville. Il reprend © Londres, The National Gallery __ contact avec une ancienne connaissance du milieu artistique parisien, maintenant installé à Son style très libre et sa technique extrême- Lyon, Dutillieu, puis part à Rome afin de mettre ment singulière séduisent les amateurs et ses pas dans ceux de son ami Cochin et de saluer personnalités des Lumières dont il traverse Natoire, alors directeur de l’Académie de France. les milieux avec la même aisance. À peine verra-t-il les « principales choses » qu’il rentre à Paris pour le Salon du Louvre. Les portraits de Robbé, Cochin, Vernet, Cars, réa- lisés au cours de son périple, brillent au sein de ce Salon de 1759, considéré comme le plus beau du siècle. Le séjour à Londres qu’il entreprend aussitôt pour exposer à la Royal Academy sera assom- bri par l’exécution capitale de son assistant miniaturiste. C’est donc vers La Haye qu’il dirige ses pas pendant plusieurs mois fruc- tueux où il peint les princes d’Orange et d’autres notables dont il fait envoyer les portraits au Sa- lon. Karlsruhe est la prochaine étape, auprès de la princesse Karoline Luise avec qui il correspond depuis quatorze ans et qui lui commande un por- trait de son époux le Margrave. 1765-1766 Séjour à Orléans dans la société des physiocrates

Le peintre habite rue Royale, près de la maison de Desfriches, où il reçoit ses clients. Il s’est pro- curé « pour quelqu’un de [ses] amis qui voulait en avoir » un assortiment de bâtons de pastels de la première qualité, provenant de chez le fabri- cant Bernard Augustin Stoupan de Lausanne et obtenus par Sylvestre, directeur de l’Académie, grâce au concierge qui en revend. Le portrait de Mlle Pinchinat ou de M. Raguenet ont sans doute été peints avec ces pastels dont Stoupan faisait secret. Durant cette période d’intense acti- vité, Perronneau varie son faire en fonction des modèles et de leurs demandes, tantôt fini, tantôt plus « touché », tant à l’huile qu’au pastel où il utilise du papier vergé pour un rendu plus texturé et du parchemin pour un résultat plus au pastel lisse. Pendant ce temps Mme Perronneau acquiert une maison à la campagne près de Paris, une acquisition qu’il qualifiera dans une lettre à me Portrait de Félicité Pinchinat, future M Seurrat Desfriches de « folie » mais où « l’air y est excel- __ de Guilleville, en Diane - 1765 - Orléans, Musée des lent ». Le jardin potager répond à la recherche 10 Beaux-Arts __ de conditions de vie plus saines, reflets des théo- ries éducatives de Jean-Jacques Rousseau aux- Dernier port sur la Loire avant Paris, Orléans est quelles Mme Perronneau est sensible. Elle donne e au XVIII siècle une ville prospère jouant un naissance en 1766 à leur fils aîné Alexandre rôle décisif dans le commerce de Loire, no- Joseph Urbain Perronneau qui deviendra tamment celui du sucre qui assure une partie peintre d’histoire. de la richesse de la ville et de ses raffineurs comme Desfriches. C’est également une ville florissante, animée par des sociétés savantes et des projets d’envergure comme la construction du pont royal, ordonnée par l’intendant des fi- nances Trudaine en 1751. Avoir été introduit dans la famille du grand Trudaine, dont il a réalisé le portrait du fils en 1762, ne pouvait qu’augmenter le prestige de Perronneau dans la société orléanaise, ouverte aux idées libérales de la physiocratie et qui vit en 1765, année de l’inauguration du pont, dans la mouvance des idées de l’intendant. Desfriches en connaît tous leurs acteurs et le séjour que Perronneau entre- prend en 1765 le maintien à Orléans durant deux ans au cours desquels il réalise une trentaine de portraits.

Portrait de Pierre Clément Raguenet 1767-1783 Une quête perpétuelle de nouveaux horizons

Perronneau, habité par le goût du voyage, continue pourtant de parcourir l’Europe. Après Bordeaux, qui lui apporte entre 1767 et 1768 une nouvelle clientèle, il continue vers Abbeville puis Amsterdam jusqu’en 1772. Ces quelques années sont marquées par de nou- velles recherches d’effets chromatiques inspirés de Rembrandt, au pastel où il peint les « choses vigoureuses », comme il l’écrit à Desfriches, ou à l’huile qui connaît un regain d’intérêt. Souhaitant retrouver Paris, il adresse au mar- quis de Marigny une demande d’atelier, en vain. C’est de nouveau à Orléans qu’il trouve une dernière fois refuge à son retour, avant de poursuivre en 1773 vers Lyon où Mme Boy de la Tour, protectrice de Jean-Jacques Rousseau, le retient quelques temps. Entre 1774 et 1778, ses pas le guident vers de multiples desti- nations, à Madrid, dans la sphère de l’académie __ San Fernando, au château Gottorf où il peint le 11 Portrait du prince Carl von Hessen-Kassel, alors __ qu’il gagne Hambourg, avant de s’installer définitivement à Amsterdam, d’où il entre- Portrait de Mme de Parouty - © Collection du musée des Arts décoratifs et du Design, Mairie de Bordeaux prend néanmoins de longs voyages, notamment à Saint-Pétersbourg et à Varsovie où sa réputa- tion le conduit en 1782 à peindre au pastel le roi Perronneau fait une apparition parisienne lors de Pologne. de la séance de l’Académie le 2 septembre 1766 avant de reprendre le chemin de la province. Le Salon du Louvre de 1779 sera son dernier, Cet élan permanent hors de la capitale in- avec le portrait de Coquebert de Montbret, terpelle la critique qui lui reproche de fuir peint à l’huile deux ans plus tôt et que la les lieux du bon goût au profit de modèles critique passe sous silence. Lorsqu’il meurt en inconnus. Si le Salon de 1767 voit naître les pre- novembre 1783 à Amsterdam, son absence a mières allusions à cette vie de voyage, celui de été trop longue pour que Paris se fasse l‘écho 1769 alimente les sarcasmes des salons parisiens de la disparition de cet artiste voyageur impré- et de critiques comme Diderot : l’espiègle Char- gné des idéaux du temps, qui laisse aujourd’hui din, qui est chargé de l’accrochage des œuvres, plus de quatre cents visages de l’Europe des Lu- malmène entre autres artistes Perronneau dont mières. il place les portraits de Lenormand du Coudray et de Mlle Desfriches face à d’autres de Maurice Quentin de La Tour. LA POSTÉRITÉ D’UN ARTISTE SINGULIER

En s’éteignant loin de Paris et après treize ans d’une absence à peine rompue par quelques passages trop courts, Perronneau a vu son nom sombrer dans un certain oubli. Si ses portraits figurent dans les plus belles collections, notamment au début du XIXe siècle il n’était pas rare qu’ils le soient sous d’autres noms, le sien étant même absent des diction- naires de peintres jusqu’en 1808. Des amateurs ont pourtant œuvré pour la reconnaissance de cet artiste au parcours atypique, qui incarne à lui seul les idéaux esthétiques, la passion démesu- rée pour le pastel et les inventions techniques du XVIIIe siècle le plus européen. L’amour qui naît pour le XVIIIe siècle à partir des années 1840 sort de l’ombre ce nom trop Portrait d’une femme en robe à la française de soie rouge peu prononcé. En 1873, les Goncourt font entrer ® Collection Particulière Perronneau dans leur Art du dix-huitième siècle __ par la petite porte de l’Histoire, celle du Salon 12 __ de 1750 au cours duquel Maurice Quentin perdu, Marcel Proust fait de Perronneau et de de La Tour offre une postérité éclatante au Chardin des artistes admirés à la fois de son jeune prodige que tous encensaient : pensant peintre visionnaire, Elstir, et par les gens du le moucher en lui proposant de faire son portrait, monde, marquant l’estime acquise auprès de finalement de La Tour a permis à Perronneau de toute une société. laisser à la postérité un pastel à la hauteur des plus magistraux. Cela suffit à alerter des collec- Le collectionneur David David-Weill, dont le tionneurs parisiens qui se passionnent à leur peintre Vuillard a fait le portrait dans la lumière tour pour Perronneau, à commencer par Ca- dorée de son salon, participe également par mille Groult, collectionneur secret et passionné, ses dons au Louvre au succès de Perronneau, en offrant notamment en 1926 le délicieux et Jacques Doucet, qui ouvre régulièrement les me portes de son cabinet magnifiquement aménagé. Portrait de M de Sorquainville. Perronneau entre également dans les nouvelles institu- Avec le retour en force du pastel dans la tions muséales telles que Cognacq-Jay et deuxième moitié du XIXe siècle, les artistes Jacquemart-André. C’est toutefois à Orléans, comme Jacques-Émile Blanche, Albert Bes- où Perronneau a régulièrement séjourné, nard ou Félix Braquemond mettent leurs pas que le peintre est chez lui. Eudoxe Marcille, dans ceux de Perronneau en cherchant à retrou- conservateur du musée d’Orléans de 1870 à ver les beaux effets pleins de vie de ses por- 1890, œuvre pour faire entrer dans les col- traits, publient ou déclarent leur affection lections des portraits de celui qui a profon- pour Perronneau, notamment à l’occasion dément marqué la ville, dans une politique des grandes expositions qui font date dans la suivie jusqu’à l’acquisition du portrait d’Ai- redécouverte du pastel du XVIIIe siècle. Cent Pas- gnan Thomas Desfriches en juin 2016 et la tels, en 1908 à la Galerie Georges Petit, et Cent rétrospective confiée à Dominique d’Arnoult portraits de femmes, en 1909 au Jeu de Paume qui redonne enfin toute sa place à cet ar- redonnent sa place de manière éclatante à tiste de la couleur qui, en restant hors des Perronneau qui représente à lui seul quasiment normes parisiennes de son temps, s’est im- un tiers des œuvres exposées avec 33 pastels. posé comme un de ces génies singuliers de La même année, dans A la recherche du temps l’Europe des Lumières. — 1783 un portrait par Perronneau Hoin, Lenoir, Duplessis, Mérelle, 31 portraits (29 pastels et Mort de Jean-Baptiste Perronneau. accroché dans l’appartement Ducreux, Guérin, Drouais, Russell, 10 huiles) entrent en collections Huit portraits appartiennent familial, rue Mondovi à Paris. etc., et de bustes par Houdon, publiques européennes, à des collections européennes Pajou, Caffieri, Coustou, à la américaines et australienne. devenues par la suite nationales, — 1870 Galerie Georges Petit. Sur 118 La proportion est conforme à celle collectionnées comme portraits À Paris, à l’initiative de Frédéric numéros, 33 sont des pastels de de l’œuvre de l’artiste. d’hommes illustres, ou comme Reiset, conservateur des Archives Perronneau. des « tronies ». des musées nationaux, le Louvre — 2002 acquiert le Portrait d’une jeune fille — 1909 Acquisition par la Société des — 1822 (Marie Anne Huquier tenant un Exposition Cent portraits de Amis des musées d’Orléans pour le François Martial Marcille, grainetier petit chat), premier Perronneau femmes des écoles anglaise et musée des Beaux-Arts du Portrait aisé, rassemble avec le docteur à entrer dans les collections française du XVIIIe siècle, au Jeu de Charles François Tassin, seigneur Lacaze, « premier chineur de du Louvre. de Paume. de Charsonville. France », quinze Perronneau, Paul Ratouis de Limay, descendant dans l’Orléanais ainsi qu’à Paris — 1870-1875 de Desfriches, et Léandre Vaillat — 2003 où il s’installe à cette date. Les commentaires et critiques publient J.-B. Perronneau, 1715- Le Metropolitan Museum of Art des Salons du Louvre par Diderot 1783, sa vie et son œuvre, (2e de New York achète le Portrait — 1846 pérennisent le nom de Perronneau éd. revue et augmentée, Paris et d’Olivier Journu pour la somme Jean-Baptiste-André Grangeret Bruxelles, 1923). de 258 750 euros (frais inclus). de Lagrange, bibliothécaire puis — 1870-1890 David David-Weill rassemble sa conservateur à la Bibliothèque Eudoxe Marcille, fils de François collection dans la maison qu’il — 2004 de l’Arsenal, offre au musée de Marcille, œuvre en tant que a fait construire à Neuilly. Le Acquisition au Towneley Hall Art Versailles le Portait de Pierre directeur du musée des Beaux-Arts Portrait de Mme de Sorquainville, Gallery and Museum du Portrait de Bouguer (Paris, musée du Louvre, d’Orléans à l’acquisition d’œuvres née Geneviève Antoinette Le John Towneley, mousquetaire noir, département des arts graphiques). de Perronneau. Le Portrait de Mme Pelletier de Martainville (Paris, chevalier de l’Ordre de Saint-Louis. Fuet (1876), Portrait de Robbé de musée du Louvre) et Portrait d’une — 1847-1848 Beauveset, Mme Perronneau en femme de face, anciennement — 2005 À Tours, M. Schmidt, peintre et Aurore (1877), Portrait de Robert dit la « Marquise d’Anglure » (Coll. Acquisition par The J. Paul Getty restaurateur, acquiert à vil prix Soyer (1883) et Portraits de particulière) y figurent. Museum de Los Angeles du auprès du petit fils du peintre l’un Jean-Michel Chevotet et de Mme Portrait de Théophile Van Robais de ses portraits de famille peint à Chevotet (1895) entrent par dons. — 1912 de l’ancienne collection Georges l’huile. Il en fait don en 1874 au Le musée du Louvre acquiert Dormeuil. musée des Beaux-Arts de Tours — 1870-1875 le Portrait d’Abraham Van Robais comme « Portrait de Perronneau » Camille Groult, minotier dont en habit de velours violet — 2006 (aujourd’hui identifié comme l’épouse, Alice Émilie Thomas à la vente Jacques Doucet. Don par Mme Denise Fossard au Portrait supposé de Louis François Tassin de Moncourt, est née à musée des Beaux-Arts d’Orléans du Aubert). Olivet, commence à rassembler sa — 1918 Portrait de Félix Louis Lenormant À Tours, M. Roux, par collection de pastels qui s’élèvera Joseph Demotte, antiquaire, de Mailly en chasseur. l’intermédiaire de M. Schmidt, à vingt-trois dans l’exposition des démarche les descendants de acquiert de même des portraits Cent pastels en 1908 à la Galerie modèles de Perronneau près de — 2014 de la famille de Perronneau au Georges Petit. Le Portrait de Bordeaux. Mis en vente dans sa Publication aux éditions __ pastel : Portrait supposé de Mme Philippe Cayeux et de son épouse galerie new-yorkaise, ces portraits Arthéna de la monographie Aubert (ancienne coll. Alfred Mame ainsi que le Portrait de Mlle de contribuent à la connaissance de Jean-Baptiste Perronneau 13 à Tours. Cambridge, Massachusets, l’Épée en font partie. du peintre aux Etats-Unis. Les par Dominique d’Arnoult. __ The Horvitz Collection) / Portrait portraits de Marthe et de Pierre de Mme Perronneau endormie — 1878 Agard y figurent. — 2015 (ancienne coll. Alfred Mame Alexandre Dumas fils achète le Acquisition par la Société des Amis à Tours ; coll. part.) / Portrait Portrait de Lenormant du Coudray — 1923 du château Gottorf du Portrait de d’Alexandre Perronneau, fils du (acquis en 1928 par Ernest Le corpus de l’œuvre connu Charles, prince de Hesse-Cassel. peintre en habit bleu tenant une Cognacq. Paris, musée Cognacq- du peintre a quintuplé depuis flûte (coll. Louis Mayer, 1927 ; Jay). Il le présente à l’exposition 1909 dans la réédition de la — 2016 localisation inconnue) / Portrait universelle dans l’exposition monographie de Perronneau par Les portraits de Desfriches, de sa de jeune garçon en costume blanc Portrait historiques français Paul Ratouis de Limay et Léandre femme et sa fille, toujours chez (non localisé depuis sa vente organisée par le marquis de Vaillat. les descendants des modèles, sont en 1868). Chennevières. mis en vente. Préemption en vente — 1923-1930 publique par le musée des Beaux- — 1860 — 1886 11 portraits (5 pastels et 6 huiles) Arts d’Orléans du Portrait d’Aignan Le Portrait de Daniel Jousse, Julie Manet, fille d’Edouard Manet entrent en collections publiques Thomas Desfriches, fondateur du conseiller au présidial d’Orléans est et de Berthe Morisot, mentionne européennes et américaines. musée, pour la somme de 412 500 offert au musée des Beaux-Arts les pastels de Perronneau qu’elle euros (frais inclus) avec l’aide d’Orléans (premier Perronneau a vus au musée d’Orléans, à — 1926 du Fonds du Patrimoine et grâce à entrer dans les collections commencer par Mme Perronneau en David David-Weill donne au musée au legs de Mme Guillaux. d’Orléans). Aurore qu’elle trouve « très joli ». du Louvre le Portrait de Mme Acquisition du Portrait de Mme de Sorquainville. Desfriches, née Marie Madeleine — 1863 — 1896 Buffereau, grâce à la généreuse Exposition des portraits de Maurice Tourneux publie la — Seconde Guerre mondiale compréhension de la famille. M. et Mme Olivier à l’Exposition première monographie consacrée (1939-1945) de l’Union des Arts de Marseille. à Jean-Baptiste Perronneau dans Une vingtaine de portraits par — 2017 la Gazette des Beaux-Arts, réédité Perronneau sont saisis chez Acquisition du Portrait d’une — 1865 et mis à jour en 1903 dans un tiré des collectionneurs français, femme en robe bleue et de son Clément de Ris tente de persuader à part Jacques Doucet commence principalement des pastels. Certains serviteur noir, ancienne collection Edmond et Jules de Goncourt à rassembler neuf Perronneau qu’il sont destinés au Führermuseum Castellane, grâce à la généreuse d’écrire la biographie montrera dans son hôtel particulier de Linz (Commission de choix des compréhension de Diane d’Orléans de Perronneau. rue Spontini, ouvert à la visite de œuvres d’art de la récupération et de la maison de vente Christie’s. 1907 à 1912. Le Portrait de Jacques artistique, 1949 : Portrait de M. Il s’agit de la 22e œuvre de l’artiste — 1867 Charles Dutillieu lui a appartenu. Michel de Grilleau et de Mme Michel à entrer dans les collections Les frères Goncourt évoquent de Grilleau, attribués au musée du musée. Perronneau dans leur article La — 1904 des Beaux-Arts d’Orléans en 1952 ; Acquisition par le musée des Arts Tour parue dans la Gazette des Bruxelles, exposition L’Art français Portrait de « Monsieur Floret », décoratifs de Bordeaux du Portrait Beaux-Arts. au XVIIIe siècle. attribué au musée du Louvre, de Mme de Parouty, née Marie département des arts graphiques Jeanne de Jeanne. — vers 1869 — 1908 en 1951). La première rétrospective de Edgar Degas peint le portrait de Exposition Cent pastels du XVIIIe l’artiste, au musée des Beaux-Arts sa sœur au pastel, Mme Edmondo siècle par La Tour, Perronneau, — 1945-1999 d’Orléans, est reconnue d’intérêt Morbilli, née Thérèse De Gas. Nattier, Chardin, Greuze, Reynolds, Acquisitions par les musées national par le Ministère de Il représente dans son tableau Boucher, Rosalba Carriera, Frey, européens et dans le monde : la culture. JEAN-BAPTISTE PERRONNEAU

Jean-Baptiste Perronneau, né à Paris vers 1715, à Paris, le ressort de ses voyages en province et grandit dans le quartier de la Sorbonne dédié à en Europe reste les rencontres d’artistes près des l’estampe. Il développe son talent naturel pour Académies et d’amateurs d’art, tel Aignan Thomas le dessin auprès de Charles-Joseph Natoire et Desfriches à Orléans, ces figures centrales facili- Laurent Cars le perfectionne à la gravure. Il se tant l’accès des artistes à la commande privée. met à peindre au pastel des portraits dans son Il en sera ainsi à Londres, La Haye, Amsterdam, entourage professionnel et familial vers 1740. Il Karlsruhe, lors d’un premier cycle de voyages acquiert parallèlement au pastel une égale maî- jusqu’en 1764. Après une halte à Orléans, mobile trise de l’huile. Ce double talent lui permet d’être et fidèle dans ses amitiés, il reprend les mêmes « agréé » par l’Académie en 1746, première étape directions lors d’un second cycle de voyages qui qui lui permet d’exposer au Salon du Louvre, avant le conduiront plus loin après le Salon de 1769, à d’être définitivement reçu. Son succès est immé- Madrid, Hambourg, Schleswig, Varsovie. diat et l’expose à la jalousie d’autres peintres de portraits. Sa clientèle est parisienne, provinciale Le centre de reconnaissance de 1746 à 1779 reste et étrangère. Il est reçu par l’Académie avec les Paris et son Salon du Louvre où il envoie des por- portraits peints à l’huile de Jean-Baptiste Oudry traits de modèles prestigieux peints à l’étranger et du sculpteur Sigisbert Adam en 1753. ou de notables provinciaux. Sa clientèle met au jour une nouvelle composante, avec les élites du Néanmoins, il préfère renoncer à la carrière qui grand négoce. lui est ouverte de peintre de portraits d’appa- rat. En 1756, muni de ses pastels et lettres de 420 portraits sont répertoriés, au pastel et à __ recommandations, il quitte Paris pour les villes l’huile (pour un tiers). Il a exposé 120 portraits à 14 prospères du Sud de la France et rencontre une quinze Salons du Louvre de 1746 à 1779, ce qui __ clientèle éclairée et prospère. De Lyon, il fait rapi- en fait largement l’un des plus grands protago- dement le voyage de Rome. Comme il en était nistes du Salon de son siècle. COMMISSARIAT

Olivia Voisin Dominique d’Arnoult Directrice des musées d’Orléans Commissaire de l’exposition Olivia Voisin est directrice des musées d’Orléans Dominique d’Arnoult, docteur en histoire de l’Art, depuis décembre 2015. Elle était auparavant a obtenu un Diplôme d’Études Approfondies en conservateur du département Beaux-Arts du Lettres classiques à l’université de Caen où ses Musée de Picardie à Amiens. Spécialiste de la travaux ont porté sur Eschyle. Musicienne, elle a période romantique et des liens entre la peinture travaillé à France Musique et à l’Institut de péda- et le théâtre aux XVIIIe et XIXe siècles, elle prépare gogie musicale et chorégraphique (Paris, La Vil- le catalogue raisonné de frères Achille et Eugène lette). Devéria. À partir de 2001, elle s’est consacrée à la rédac- tion de la monographie et du catalogue raisonné de l’œuvre de Jean-Baptiste Perronneau, sujet de sa thèse préparée sous la direction du professeur Christian Michel à l’université de Lausanne et soutenue en 2014. L’ouvrage issu de cette thèse, publié par Arthena, a reçu le Prix Eugène Carrière 2015 de l’Académie française.

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SCÉNOGRAPHIE SIGNÉE MARTIN MICHEL

L’intention de Martin Michel était de suggérer un Ainsi la scénographie est fondée sur une distri- intérieur de l’époque de Perronneau mais réduit bution de pièces avec des passages, des enfilades à ses plus simples composants, comme si les élé- ainsi que des empreintes de couleurs sur fond ments décoratifs avaient disparu mais que sub- blanc. La couleur pour évocation des peintures, sistaient encore leurs emplacements simplifiés. papiers peints et tapisseries, le blanc comme la trace d’éléments d’architectures, lambris, cham- branles ou corniches. AUTOUR DE L’EXPOSITION

• Catalogue • Aides à la visite A paraître le 15 juin 2017 Perronneau est un portraitiste accompli, 192 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 23 cm ; maîtrisant aussi bien l’huile que le pastel, 29,00 euros mais c’est bien dans cette dernière technique, le pastel, qu’il s’impose dès ses débuts comme • Colloque international l’un des plus grands artistes de son temps. 22 et 23/06 - 9h30 à 18h : Jean-Baptiste Le pastel connaît au XVIIIe siècle un engouement Perronneau, un artiste de son temps ? extraordinaire. Aujourd’hui peu pratiqué et rarement montré dans les musées car • Programmation musicale appartenant à la catégorie des arts graphiques, Samedi 01/07 - 15h : Un après-midi chez le pastel demande pourtant, pour être bien Monsieur Desfriches compris par le public, qu’un dispositif didactique Concert en partenariat avec le Conservatoire soit mis en place. d’Orléans Trois espaces dans l’exposition permettent Vendredi 15/09 – 18h : Le Salon de musique de mieux appréhender ce qui fait l’art de Monsieur Perronneau de Perronneau, pour les publics les plus Récital viole et théorbe (Marin Marais, divers (adultes, familles et jeunes publics, Caix d’Hervelois et Couperin) par l’Ensemble mais également en situation de handicap, La Rêveuse. y compris visuel).

- Des tissus anciens, prêtés par la Comédie- __ • Visites Française, permettent de confronter 16 Samedi 17/06 - 15h : Visite par Dominique __ l’objet représenté et sa représentation, d’Arnoult, commissaire de l’exposition afin de bien comprendre ce que peint Perronneau. La soie, le velours de soie Vendredi 30/06 18h, samedi 12/08 & samedi ou de coton, la dentelle qui ponctuent 19/08 15h, vendredi 08/09 18h : les portraits apparaissent plus clairement, avec Visite Le pastel dans tous ses états, un dispositif tactile qui permettra de toucher Valérie Luquet (restauratrice des arts graphiques ces matériaux. du musée des Beaux-Arts) - Un espace de l’exposition est consacré à Les Mardis 04/07, 11/07, 18/07 : 16h au musée la technique. A côté de portraits montrant différentes étapes (à peine esquissé avec Les Dimanches 23/07, 30/07 15h : Un dimanche seulement la ressemblance, entièrement au musée tracé mais sans la ressemblance, achevé ou encore trop restauré), une table « sensorielle » • Visites jeunes publics complète la découverte avec les matériaux du Mercredi 05/07 14h : Des images à lire peintre (papier, parchemin..) et des évocations, (4-8 ans), durée 1h notamment pour les publics aveugles, de la sensation visuelle du pastel. Les Mercredis 19/07 et 30/08 15h : - Une table tactile fait entrer dans l’univers Visite contée (8-10 ans), durée 2h de Perronneau, avec des explications de la technique du pastel, de sa fabrication Les Mardis 11/07 et 25/07 15h : Visite-atelier à son application, ou encore de la technique couleur pastel (8-10 ans), durée 2h très particulière de Perronneau grâce à des photos HD et des détails. LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS D’ORLÉANS

Parmi les premiers à ouvrir en France, en Le cabinet d’arts graphiques, comptant 12 500 __ 1797, et installé depuis 1984 dans un nou- dessins et 50 000 estampes, est un des plus riches 17 __ veau bâtiment de plus grande ampleur, le de France et permet de découvrir des feuilles de musée de Beaux-Arts d’Orléans est une des Jean-Siméon Chardin, Maurice Quentin de La premières collections de France. Tour et Jean-Baptiste Perronneau.

Le musée conserve notamment un Saint Thomas Un musée en mouvement de Velázquez, un des rares tableaux du maître dans les collections françaises, un important Le musée des Beaux-Arts d’Orléans est un fonds de peinture française du XVIIe siècle (Lau- des plus dynamiques dans ses projets et ses rent de La Hyre, Lubin Baugin, Louis Le Nain) acquisitions. Des travaux de modernisation et du XVIIIe siècle (François Boucher, Elisabeth du parcours permettent depuis septembre Vigée-Lebrun, Jean-Honoré Fragonard), ainsi que 2016 de découvrir les collections des XVIe et des oeuvres italiennes (Annibal Carrache, Guido des XVIIe siècles sous un nouveau jour, avant Reni) et des écoles du Nord (Jan Brueghel, Jacob que les travaux ne portent sur les autres Isaacksz Van Ruysdael). Les collections du XIXe étages du musée et s’achèvent en 2019. siècle sont constituées notamment de peintures d’histoire envoyées par l’Etat et de l’important Etage après étage, ce parcours offrira aux collec- fonds d’atelier du romantique Léon Cogniet as- tions un écrin où prévaudra une meilleure lecture socié à ses amis Achille-Etna Michallon, Pierre- des œuvres dans une scénographie plongeant Narcisse Guérin, Eugène Delacroix et Théodore le visiteur dans des ambiances plus historiques, Chassériau. Des œuvres de Paul Gauguin et avec un plus grand accompagnement du visiteur. Louis-Maurice Boutet de Monvel complètent la Le nouvel accrochage privilégie la chronologie, visite de ce département. Les salles du XXe siècle afin de mieux percevoir le contexte de créa- présentent à la fois des œuvres du premier tiers tion des oeuvres mais également la richesse des du siècle (Gaudier-Brzeska, Tamara de Lempicka, échanges qui existaient entre pays européens. Marie Laurencin, Auguste Rodin), des artistes Après le parcours des XVe-XVIIe siècles, ouvert issus du mouvement de la figuration narrative et depuis septembre 2016, le XVIIIe siècle est actuel- une salle composées de chefs-d’œuvre de l’abs- lement en rénovation et rouvrira ses portes à la traction lyrique de Simon Hantaï, Zao Wou-Ki, fin de l’année 2018. Olivier Debré et Alfred Manessier. INFOS PRATIQUES

Musée des Beaux-Arts d’Orléans Place Sainte-Croix 45000 Orléans

Du mardi au samedi : 10h-18h Nocturne le vendredi jusqu’à 20h Le dimanche : 13h-18h

Sites web : http://www.orleans-metropole.fr/330/ le-musee-des-beaux-arts.htm

__ Information du public 02 38 79 21 83 18 __ [email protected]

Tarifs - Collections permanentes et exposition temporaire : 6 € - tarif réduit : 3 €

Le billet donne accès à l’ensemble des musées (musée des Beaux-Arts, Hôtel Cabu-Musée d’Histoire et d’Archéologie, Maison Jeanne d’Arc, Centre Charles Péguy).

CONTACT PRESSE

Pierre Laporte Communication : 01.45.23.14.14 Laurent Jourdren : [email protected] Sarah Plessis : [email protected]

Direction de l’Information et de la Communication Orléans Métropole – Mairie d’Orléans Paul DAVY, Attaché de Presse [email protected] 02-38-79-21-18 / 06-88-62-80-54