Etymons Grecs Et Latins Du Vocabulaire Scientifique Français
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ETYMONS GRECS ET LATINS DU VOCABULAIRE SCIENTIFIQUE FRANÇAIS Danielle DE CLERCQ Conçu par Danielle De Clercq - Douillet et réalisé par Philippe Delsate pour le Centre de Documentation pour l’Enseignement Secondaire et Supérieur, LLN A Pierre Douillet, dont je n’ai pu comprendre les derniers mots. Je tiens particulièrement à adresser mes plus vifs remerciements à tous ceux qui, par leur collaboration et leurs conseils, leur soutien et leur patience, leurs compétences techniques et leurs documents, m’ont précieusement aidée dans l’élaboration de ce travail, Philippe Delsate, Pierre Hautier, Dominique Latteur, Marie-Louise Docquier, Isabelle et Gilles Douillet. - I - INTRODUCTION * Le vocabulaire scientifique et technique des langues modernes s’accroît sans cesse et continue à se former en grande majorité à partir du grec* ancien et du latin*. Sans ces emprunts, point d’atmosphère, d’ultrason, de fécondation in vitro, de cosmonaute, de turboréacteur, de subconscient, de bronchite chronique, de gammaglobuline, d’aspirine, de riboflavine, d’uranium, de camélia, d’automobile, de cinéma, de téléphone, de télévision, de transistor. Les Grecs, dans leur langue riche, souple, propre à examiner l’approche du réel et l’abstraction, ont posé avec méthode les vraies questions sur notre terre et l’univers ; nous leur devons les bases de notre démarche scientifique et aussi des intuitions géniales. Leurs héritiers directs, les Romains, ont latinisé une grande partie du vocabulaire scientifique grec*. Pareille démarche se perpétue au cours du Moyen-Âge, qui latinise surtout des mots arabes, et, jusqu’à notre époque, il en va de même avec des emprunts à d’autres idiomes de toute origine et aussi à des noms propres. Ainsi s’est formé le latin scientifique, qui facilite la communication entre spécialistes d’une discipline, que ce soit notamment en médecine, botanique, chimie, zoologie… D’autre part, à la Renaissance, la redécouverte directe de la science grecque à partir des textes préluda à l’essor des sciences modernes. Depuis cette époque, les Européens forgent dans leurs langues respectives, même si elles appartiennent à d’autres groupes linguistiques, l’essentiel de leurs termes scientifiques à partir d’étymons* issus des deux langues anciennes. Sans être un dictionnaire explicatif, ce recueil vise à une meilleure compréhension du vocabulaire scientifique d’aujourd’hui en sensibilisant ses utilisateurs au sens des mots par leur étymologie et l’analyse de leurs éléments constitutifs. Il veut aussi faire prendre conscience de l’un des divers impacts sur notre culture de ces deux langues anciennes, que les programmes scolaires d’aujourd’hui asphyxient en ne leur accordant qu’une place de plus en plus réduite. Bien loin de s’adresser uniquement et préférentiellement à ceux – de plus en plus rares ! – qui ont été, à divers degrés, initiés au grec* ancien et au latin*, ce manuel se prête à différents niveaux de lecture pour permettre à chacun, quelle que soit sa formation, de retirer l’essentiel de chaque entrée de l’ouvrage. * Les mots marqués d’un * renvoient aux pages du Lexique à la fin de l’ouvrage - II - GÉNÉRALITÉS Le grec* ancien et le latin*, qui se rattachent tous deux à l’indo-européen*, sont des langues flexionnelles, c’est à dire que les substantifs*, les adjectifs, les pronoms se déclinent. Autrement dit, ceux-ci adoptent une désinence* différente, voire une forme différente dans le cas de certains pronoms, non seulement pour marquer le genre et le nombre, comme en français, mais aussi pour indiquer leur fonction dans la phrase (sujet, complément direct, indirect, déterminatif, circonstanciel…). C’est ce qu’on appelle les cas*. Cet usage caractérise encore aujourd’hui l’allemand, les langues slaves et à, un degré moindre, ...le grec moderne. D’autre part, pour les Grecs anciens la recherche scientifique est très souvent liée et subordonnée à l’interrogation philosophique sur le ou les éléments constitutifs de l’univers (la recherche de l’Un sous le Multiple) et n’est pas, au moins dans ses débuts, une activité indépendante, sauf la médecine. Les connaissances scientifiques des Grecs et de leurs héritiers romains concernent essentiellement l’astronomie, l’arithmétique et la géométrie, la géographie, la médecine avec des notions d’anatomie et de physiologie, la zoologie, la botanique, la minéralogie, quelques notions de physique. Leur aire de découverte a fini par couvrir, au temps de l’empire romain, l’ensemble du Bassin Méditerranéen, le Nord de l’Afrique et l’Egypte, le Proche Orient, les abords de la Mer Noire, la partie occidentale et centrale de l’Europe tempérée et une partie de la Grande- Bretagne. Le Moyen-Orient, lui, est connu jusqu’à l’Indus surtout par les observations relevées au cours de l’expédition d’Alexandre le Grand (333-323 A.C.) Cette activité scientifique a aussi été desservie par une infrastructure technologique assez pauvre et n’a disposé que d’une instrumentation plutôt rudimentaire. C’est donc pratiquement à l’œil nu et à mains nues, avec l’aide de son seul esprit critique, prisonnier, en certains cas, par des préjugés tenaces, que procède le chercheur antique. C’est pourquoi le vocabulaire scientifique gréco*-latin* proprement dit est, depuis longtemps, insuffisant pour forger l’ensemble des termes scientifiques et technologiques utilisés aujourd’hui. La communauté scientifique a donc eu recours à des étymons* qui au départ n’ont rien de scientifique. Ex : CHLORO- ; χλόρος, α, ον : vert tendre ou pâle. Choix des étymons* pour la formation des termes scientifiques Les termes scientifiques grecs* et latins* sont repris en français (avec à l’occasion des glissements de sens) notamment en anatomie, botanique, minéralogie et zoologie. Ex : ÉCHIDNÉ χιδνα, ης : vipère – lat. echidna, ae : vipère femelle, serpent Dans certains cas, surtout en zoologie, botanique et minéralogie, des noms propres mythologiques ont été adoptés comme étymons*, sans pour autant qu’un lien puisse toujours être établi entre ces étymons et leurs dérivés. Ex : v. AMATHIE, MACHAON La plupart des termes scientifiques sont créés, artificiellement ou non, par composition. Les préfixes* et les suffixes* constituent une part non négligeable des étymons* et permettent de préciser et d’affiner le sens de ces termes. Cela implique que l’entrée d’un mot composé peut renvoyer à deux autres entrées, qui peuvent elles- mêmes être composées (ex : irrad-). Ce procédé a surtout été appliqué, quand la présence d’un préfixe* monosyllabique, souvent même réduit à une seule voyelle, peut prêter à confusion. Ex : A-, a-, AN, in… Etymons* grecs * - III - Sont considérés comme tels dans le cadre de cette recherche : 1. des mots grecs* proprement dits, parmi lesquels, quelques uns, très rares, sont d’origine égyptienne ou orientale, comme par exemple l’étymon *du mot naphte. 2. des étymons* latins* d’origine grecque* ; ex : meconium. Etant donné, la supériorité culturelle que la plupart des Romains accordaient à la langue grecque*, qu’ils pratiquaient couramment à divers niveaux (sans pour autant toujours aimer les Grecs de leur époque !), nombreux sont les termes grecs*, qui ont été, depuis l’époque républicaine et surtout à partir du 3e s. A.C., adaptés en latin*. Certains termes font l’objet d’une traduction élaborée. Ex : xτοµα désignant les plus petites parties possible de telle ou telle matière, les atomes, signifie littéralement (corps) indivisibles et sera traduit en latin* par indiuidua (corpora). Par contre, de très nombreux mots grecs* ne sont que simplement transcrits, désinence comprise, comme ce fut le cas à l’époque impériale et surtout dans l’Antiquité tardive (4e, 5e siècle P.C .et au-delà), souvent de manière variable. Toute adaptation ou transcription en latin*, à partir de laquelle sont formés les dérivés français, est toujours mentionnée après l’étymon grec. Ex : DRUPE δυπJτής – lat. drupa (oliua) Entrent aussi dans cette catégorie des termes de latin* scientifique formés sur des étymons* grecs, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. Ex : DROS(O)- – lat.sc. drosera 3. Des étymons* grecs * qui sont passés par une autre langue vivante avant d’être utilisés en français. Ex : IND(IGO)- (esp) – v. IND(O)- 3…. Etymons* latins * Sont ici considérés comme tels : 1. des mots latins proprement dits, certains pouvant être d’origine étrusque* ou gauloise *. Ex : sapin 2. des termes scientifiques latinisés, forgés depuis l’époque médiévale, à base d’étymons*d’origines diverses, sauf grecque, ou dérivant de noms propres latinisés par des finales -ia ou -ium. Soulignons que le latin* est au Moyen Age et à la Renaissance la langue de l’enseignement universitaire et que ce n’est que progressivement depuis le 16e siècle qu’il y a cédé la place aux langues modernes. Subsiste toutefois la latinisation des dénominations scientifiques, ce qui en permet l’usage international . Ex : camélia, kalium, einsteinium, sodium, pointsettia, ytterbium. 3. Des étymons* d’origine latine qui sont passés d’abord par une autre langue vivante que le français. Ex : isol- (ital) isola : île – v. insul- ex : isolateur, isolation - IV - PRÉSENTATION DU MANUEL Lettrine Chaque lettre de l’alphabet en grand caractère introduit sa liste de transcriptions des étymons*. Elle est suivie, le cas échéant, d’un avertissement servant à faciliter les recherches dans le cas d’une liste comprenant des préfixes* qui interviennent dans la construction de nombreux mots composés. Entrées Transcription des étymons* 1. Respectant à l’intérieur de chaque liste l’ordre alphabétique, les transcriptions des étymons*, simples ou composés, servent d’entrées et sont écrites en majuscules pour le grec et en minuscules pour le latin. Ces transcriptions peuvent être celle d’un mot entier, (ex : MYGALE) ou du radical d’un seul étymon (ex : CACT-) ou encore d’un radical reprenant deux étymons* ou plus, dans le cas de mots composés, soit qu’il en existait déjà dans la langue ancienne (ex : conjonct-), soit qu’ils aient été créés en français (ex : adsorpt-).