Sélection De Documents Filmés Et Sonores De L'ina
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Concours national de la Résistance et de la Déportation 2015-2016 Résister par l’art et la littérature Sélection de documents filmés et sonores de l’Ina http://fresques.ina.fr/jalons/parcours/CnRD-resistance-art-et-litterature/resister- par-l-art-et-la-litterature.html Contact Sophie Bachmann : [email protected] Depuis 2010, l’Institut national de l’audiovisuel et le Concours national de la Résistance et de la Déportation ont engagé un partenariat afin de mettre à disposition des enseignants et des élèves des documents audiovisuels issus des fonds d’archives de l’Ina. Epousant le thème du concours 2015-2016, la sélection propose des archives sonores et filmées sur des écrivains, éditeurs, peintres… qui ont résisté par l’art. Elles sont commentées et contextualisés au sein du site Jalons http://fresques.ina.fr/jalons/ accessible à tous les enseignants via le portail Eduthèque. Les enseignants peuvent également créer pour les élèves participant au Concours un « compte classe ». Les archives du corpus sont présentées sous trois thématiques : - Littérature et poésie On y trouve des lectures de poèmes de la Résistance enregistrés pendant la guerre ou ultérieurement, des documentaires sur la censure et les revues littéraires clandestines, ainsi qu’un reportage sur la création en 2010 de l’opérette de Germaine Tillon, le Verfügbar aux enfers. - Arts plastiques Trois documents évoquent des figures emblématiques de peintres résistants ou inspirés par la guerre : Taslitzky, Daligault et Fautrier. - Radio Londres Les journalistes du service français de la BBC ont renouvelé le genre radiophonique : nous proposons l’écoute de trois archives parmi les plus fameuses. On pourra compléter, à titre informatif ce corpus en se reportant à la sélection du Concours 2012-2013 « Communiquer pour résister » http://blogs.ina.fr/edu/categories/educatif/concours-national-de-la-resistance-2012-2013/ Ces documents pourront être intégrés aux travaux des élèves sous réserve de : - Citer soigneusement la source, le titre du document, sa date (ces informations figurent dans chaque notice) suivis du ©Ina - Respecter l’intégrité du document en veillant scrupuleusement à ne pas : . incruster dans les documents des images fixes ou animées, des éléments graphiques, ou des sons étrangers aux dits documents ; . séparer le son et l’image; . faire un nouveau montage des documents en modifiant l’ordre des séquences ou des plans. La diffusion des devoirs audiovisuels utilisant des séquences de l’Ina devra être strictement limitée aux enceintes de l’établissement, aux membrs du jury, à l’exclusion de toute reproduction et/ou mise en ligne. Nous présentons dans ce fascicule des extraits des notices rédigées par Anne Doustaly, professeur agrégé d’histoire (Académie de Paris). Vous en retrouverez l’intégralité sur le site Jalons (onglet éclairage). Littérature et poésie Les revues littéraires clandestines sous l’Occupation Les éditions clandestines et les écrivains de la Résistance sont évoqués à partir de témoignages et de documents d'archives. Ce jour -là j’en témoigne : chronique du temps de l’ombre1940-1944 A2, 25/08/1976 L’émission Ce jour-là, j'en témoigne : Chronique du temps de l'ombre 1940-1944, est une production de la télévision française en 1976. Dans l’extrait choisi, Madeleine Braun, secrétaire du Front National clandestin (zone sud) parle de la poésie de la Résistance et des auteurs interdits par la liste Otto. Elle insiste sur le choix politique fait par le Syndicat des éditeurs de collaborer activement avec le régime de Vichy et l’Allemagne. D’où la mobilisation des écrivains pour publier clandestinement en échappant à la censure. Vercors, écrivain et résistant, auteur du Silence de la mer (1942, première publication des Éditions de Minuit, éditeur clandestin et résistant) raconte sa rencontre et son amitié avec Paul Éluard et la parution du recueil L'honneur des poètes, puis sa rencontre avec Aragon et Elsa Triolet. Madeleine Braun évoque aussi les revues littéraires de la résistance. Claude Morgan, écrivain, raconte la parution de la revue Les Lettres Françaises et son succès grâce à la collaboration d'Éluard (le premier numéro paraît symboliquement le 20 septembre 1942 en référence à la bataille de Valmy). Madeleine Braun rappelle la genèse du poème Liberté de Paul Éluard, et comment la censure de Vichy ne l'ayant pas lu jusqu'à la fin, a pensé qu'il s'agissait d'un poème d'amour. Le poème était paru sous le titre Une seule pensée et pas encore sous celui de Liberté. Éditrice, résistante et femme politique française, Madeleine Braun fut la première femme vice-président de l'Assemblée nationale (1946). Paul Eluard, Liberté Le poète et résistant Paul Éluard lit son poème Liberté. 1944 La lecture du poème fait partie d’un enregistrement de 18 minutes qui s’ouvre sur une présentation de Paul Éluard par son ami André Frénaud, lui aussi poète et résistant. Puis Éluard fait la lecture de cinq de ses poèmes : Pour vivre ici, L’entente, La victoire de Guernica, Liberté et Les armes de la douleur. L’enregistrement est fait dans la clandestinité. Liberté avait été publié le 3 avril 1942, sans visa de censure, dans le recueil clandestin Poésie et vérité. Il fut repris en juin 1942 par la revue Fontaine sous son titre initial Une seule pensée, qui permettait une diffusion dans la zone sud. Il est ensuite repris à Londres par la revue officielle gaulliste La France libre, et parachuté la même année à des milliers d'exemplaires par des avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français. À partir de 1945, Poésie et vérité est intégré dans Le Rendez-vous allemand, publié par les Éditions de Minuit. Éluard s’est expliqué sur le titre originel du poème, Une seule pensée : « Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant ». L’effet poétique est construit sur une alternance entre l’anaphore (Sur…sur…sur…en début de vers) et l’épiphore (j’écris ton nom en fin de strophes). Sur 21 strophes, le poème recense les territoires de la liberté (pages, nature, objets, êtres), qui en fait constituent le monde, et définit la mission du poète dans ce monde : nommer la liberté, la faire connaître. Durant les années de l’occupation nazie, Éluard est de ceux qui ne se résignent pas, il est un porteur d’espérance. Le poème a été mis en musique par Francis Poulenc dans sa cantate pour double chœur Figure humaine dès 1943. La même année, l’artiste céramiste et créateur de tapisseries Jean Lurçat a exécuté des tapisseries inspirées de ce poème, devenu un des hymnes de la Résistance française. Robert Desnos, Le veilleur du Pont-au-Change. Lecture du poème de Robert Desnos par Jean Lescure 1944. Club d’essai, avril 1944 Le veilleur du Pont-au-Change fut écrit et publié en 1944, dans le second volume de L’Honneur des poètes, recueil de poésie préparé par Pierre Seghers, Paul Éluard et Jean Lescure. Le premier volume, publié en 1943 par les Éditions de Minuit, clandestines dans le cadre de la Résistance, rassemblait des textes de Louis Aragon, Jean Lescure, Pierre Seghers, Jean Tardieu, Paul Éluard, Eugène Guillevic, Robert Desnos, Vercors, Francis Ponge, parmi d’autres. Selon les mots de l’éditeur, le recueil fut publié « sous l'occupation nazie le 14 juillet 1943, jour de la liberté opprimée ». Un second volume, L'Honneur des poètes II, fut publié aux Éditions de Minuit le 1er mai 1944. La quasi-totalité des poèmes de L'Honneur des poètes ont été clandestinement enregistrés sur disques en 1944 par Éluard et Lescure dans les studios de la radio. « J'avais depuis le début de l'année établi le contact avec les studios de la radio de Vichy qui, rue de l'Université, avait installé son Club d'Essai que dirigeait Pierre Schaeffer. À l'insu de celui-ci (...) nous avions entrepris d'enregistrer, les dimanches matin où Schaeffer ne venait jamais, les poèmes de L'Honneur des Poètes. J'avais prévenu Éluard. Nous étions seuls les deux premières séances, et tout alla bien. Paul eut la malencontreuse idée d'inviter Aragon à la troisième. Jusque-là il lisait bien, à la manière un peu chantante d'Apollinaire, plus mesurée peut-être. Aragon entreprit de lui apprendre ce matin-là la bonne façon de dire. Il le faisait recommencer, le reprenait, lui donnait le ton. C'était celui, ampoulé et déclamatoire, des vieux cabots de l'Odéon, type 1900 amélioré. Je signifiai à Aragon, qu'il valait mieux qu'il ne revienne pas. Il ne revint pas en effet et nous prononçâmes, Paul et moi, tranquilles, l'achevé d'enregistrer le 1er mai 1944» (Jean Lescure, Poésie et Liberté, Histoire de Messages, 1939- 1946, Éditions de l’IMEC, Paris, 1998, p. 293-294). Cette lecture du poème de Desnos est extraite de l’un de ces enregistrements. Poète et éditeur, Jean Lescure (1912-2005) s’est engagé en 1942 dans la résistance littéraire, en dirigeant sa revue, Messages, comme une « anti-NRF» (La Nouvelle Revue Française, dirigée depuis 1940 par Drieu la Rochelle, collaborateur). Malgré censure et interdictions, il publie pendant toute la guerre les poètes résistants, parfois depuis l’étranger, et distribue lui- même en tandem avec sa femme, les tracs annonçant la publication de L’Honneur des poètes.