Romans De Jean Renoir
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Plon, Paris, 19 , p. à Jean Renoir entreprend le tournage de « La Grande illusion ». La première a lieu le 4 juin à Paris. Il est alors accusé de plagiat par Jean des Vallières, auteur de « Kavalier Scharnhorst », publié en 1931 par les éditions Albin Michel : 3 A Louis Aragon 25 juin 1937 Paris Mon cher Aragon, Il m’arrive une chose un peu embêtante. Je m’excuse de t’en parler mais c’est parce qu’il s’agit, je crois, d’une tentative plus générale qu’un simple chantage. J’ai fait La Grande Illusion avec des souvenirs de camarades qui m’ont raconté leur captivité. Leur récit m’a ému et avec Spaak nous en avons tiré un scénario. Spaak d’ailleurs de son côté, avait des souvenirs de son frère, le ministre belge, qui a été prisonnier pendant la guerre. Les journaux de droite : Candide, Action française, etc. ont constaté le succès de ce film mais avec des réticences, tout au moins avec un certain étonnement de voir un individu qu’ils considèrent comme dangereux révolutionnaire, aborder un sujet national et lui donner une forme pouvant satisfaire la majorité des spectateurs de toute opinion. Dans certains de ces journaux ( je crois que c’est dans un article du jeune Fayard) on avait vaguement fait allusion au fait que j’avais, peut-être, puisé ma documentation dans un bouquin d’un ami de Fayard qui s‘appelle Desvallières. Cette allusion m’avait semblé très ridicule car le bouquin de Desvallières (Le Cavalier Scharnorst) est un bouquin assez haineux, dans lequel on parle de « boches », écrit dans un esprit de nationalisme étroit et désagréable. Or, j’ai fait tout mon possible pour faire un film qui, tout en étant national, serait absolument internationaliste. Naturellement, certaines histoires que raconte Desvallières, je les raconte aussi et cela pour la bonne raison que ce sont des histoires vraies et que ces histoires vraies ont été répétées à des dizaines d’exemplaires dans les camps de prisonniers qui se ressemblaient beaucoup entre eux. Maintenant, la menace se précise et ce Desvallières arrive en m’attaquant de plagiat. Je vais naturellement me défendre et mes producteurs sont décidés à l’attaquer ainsi que son éditeur, Albin Michel, pour chantage. Les faits incriminés sont des faits exacts, par conséquent du domaine public, et M. Desvallières n’a aucune raison de les revendiquer exclusivement, pas plus que les prisonniers à qui ces aventures sont arrivées et qui me les ont contées. Je crois que tu comprends la menace : 1- M. Desvallières qui est un ancien prisonnier considère que tout ce qui touche aux prisonniers de guerre lui appartient. 2- Ses amis de Candide, Gringoire, L’Action française sont trop heureux de le soutenir dans son action tendant à prouver qu’un auteur classé à gauche ne peut pas, sans aller le leur voler, pondre un sujet national. En somme, une fois de plus, il s’agit d’insinuer que tout ce qui est national (La Marseillaise, le soldat inconnu, les prisonniers de guerre en l’occurrence) appartient exclusivement aux fascistes. Mon cher Ami, je ne sais pas ce que va devenir cette affaire mais, le cas échéant, j’irai te demander conseil. Dix mille choses à ta femme et à bientôt. Jean Renoir. 4 A Me Rappoport 29 juin 1937 Paris Cher Maître, Voici le petit travail que vous m’avez demandé. Comme témoins, je n’ai trouvé jusqu’ici que plusieurs membres de la ligue des Evadés, mais je pense que, étant donné le sérieux de cette Ligue leur témoignage sera d’excellent poids. Plusieurs de ces messieurs sont disposés à affirmer qu’ils ont connu notre scénario avant qu’il soit tourné, qu’ils l’ont critiqué, qu’ils nous ont amené à y établir d’heureuses modifications et que, pendant cette collaboration, ils n’ont pas pensé un seul instant à une concurrence envers le Kavalier Scharnhorst. L’auteur de ce livre, M. Desvallières, faisant partie de cette Ligue, ces messieurs n’auraient pas manqué de signaler la chose s’ils avaient pensé que la sortie de ce film puisse nuire aux intérêts de leur camarade. Veuillez agréer, Cher Maître, l’assurance de mes sentiments distingués. Jean Renoir. A André Hirschmann 2 juillet 1937 Cher ami, Je relève dans Paris-Soir du 25 juin dernier, l’écho suivant : « Quatre films français viennent d’être interdits par la censure yougoslave et ce sont : Marthe Richard, La Grande Illusion, L’Homme à abattre, Soeurs d’armes, sans doute parce que ces quatre productions traitent de la grande guerre et du contre-espionnage. » Bien qu’il soit un peu tard pour répondre peut-être pourrait-on : 1- Dire que La Grande Illusion n’a rien à voir avec un film de contre-espionnage. 2- Si cette décision de la censure yougoslave est fausse, démentir. Je me permets de vous écrire ainsi parce que je pense qu’il est toujours bon de profiter de toute occasion pour parler d’un film dans les journaux. Croyez, Cher Ami, à mes sentiments les meilleurs. A Maître Rapaport 10juillet 1937 Cher Maître, J’ai pu joindre M. Etevenon de la Ligue des Evadés de Guerre. Il me communique un article qu’il a écrit sur La Grande Illusion et qui prouve que dans le milieu des évadés de guerre, on ne considère pas que La Grande Illusion est un plagiat du Kavalier Scharnhorst. Je vous communique ci-joint cet article, dont j’ai gardé un double, de manière à ce que vous l’ayez avant lundi. M. Etevenon m’a également remis plusieurs exemplaires du journal L’évadé qui peuvent vous être utiles. Il n’est pas sûr, étant employé dans une grande administration, de pouvoir venir lui-même mardi matin. Mais il me demande de lui téléphoner du lieu de l’arbitrage et peut-être pourra- t-il nous rejoindre vers 11 heures, si l’arbitrage n’est pas terminé. M. Bunau-Varilla, qui nous a donné d’autres détails sur sa propre évasion, viendra témoigner. Je n’ai pas pu joindre le colonel Pinsard qui est en manœuvres, mais M. Gaut, l’ancien officier qui me l’a présenté et qui a été témoin de nos conversations, viendra témoigner et pourra 5 donner une idée très exacte du récit de Pinsard qui constitue la trame principale du film La Grande Illusion. J’écris également à M. Aget, évadé de guerre, qui est à Paris et qui nous a donné d’autres renseignements en même temps qu’il nous a mis en rapport avec La Ligue des Evadés. Je ne sais encore s’il pourra venir témoigner. Croyez, Cher Maître, à mes sentiments distingués. Jean Renoir. A Monsieur Edouard Aget 10 juillet 1937 Paris IX Cher Monsieur Aget, Avez-vous reçu ma lettre vous conseillant de vous mettre en rapport directement avec M. Rolmer père ? Croyez-moi, si ce n’est déjà fait, vous devriez lui parler de votre séance. [...] Ce n’est pas seulement pour ça que je vous écris, mais aussi parce que nous allons avoir un arbitrage de notre différend avec MM. Albin Michel et Desvallières. Je crois que vous êtes au courant ? Spaak m’a dit que Gabin vous en avait parlé. La chose est très simple : Ces messieurs pensent que nous avons puisé les détails de notre film dans le livre Kavalier Scharnhorst. Nous voulons prouver notre bonne foi en affirmant que nous avons puisé nos renseignements non pas dans un livre, mais à des sources absolument directes. J’ai déjà avec moi le meilleur témoin de l’histoire qui est le colonel Pinsard lui-même, dont j’ai à peu près suivi l’histoire dans La Grande Illusion. Ne pourriez-vous nous faire l’amitié de venir dire que nous avons été en rapport avec vous et ensuite, par votre intermédiaire, avec plusieurs membres de la Ligue des Evadés et que vous- même et ces messieurs avez eu, avec nous, des conversations sur la vie des prisonniers alliés en Allemagne pendant la guerre ? Cela ajouterait au témoignage de Pinsard.