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Le cercle des gourmands de culture

De la Gaule à de Gaulle, une petite escapade entre Bourgogne et Champagne Vendredi 23, samedi 24 et dimanche 25 mars 2018

Sous la conduite de Pascal Ory

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17h45 : Départ 21h : Arrivée Châtillon-sur Seine

Le voyage se fera en minibus

21h30: Dîner à la Brasserie Le Saint Vorles 1, rue Maréchal Leclerc, 21400 Châtillon- sur-Seine

Tél : 03 80 91 32 90

Hébergement : Le groupe sera réparti entre l’Auberge des Capuçins et les Jardins de Carco

Hôtel Auberge des Capuçins 2, Impasse des Capucins, 21400 Châtillon-sur-Seine

Tél : 03 80 81 04 41

Le Jardin de Carco 4, rue des Avocats, 21400 Châtillon-sur- Seine

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Samedi 24 mars

9h : À l’hôtel : détails sur le séjour et départ à pied pour le Musée

10h : Visite du Musée du Pays Châtillonnais- Trésor de Vix

Trésor de Vix, un trésor celte : En 1953 , sur la commune de Vix, une tombe fut découverte dont le mobilier était à ce point prestigieux qu’on le baptisa « Trésor de Vix ». Il s’agissait de la dépouille d’une femme , couverte de bijoux, reposant sur un char d’apparat. La taille des perles en ambre, les inclusions de corail des fibules, et surtout la magnifique torque en or suffisent à dire son rang. Ainsi fut-elle qualifiée de « princesse de Vix ». La chambre funéraire recélait également l’ensemble du mobilier permettant d’exécuter une cérémonie de banquet de type grec : un cratère en bronze, aux dimensions hors du commun (dit Vase de Vix), permettait de mêler l’eau au vin, une phiale en argent de faire des libations aux dieux, une cruche de puiser le liquide, des coupes de le boire. Trois bassins de bronze, dont un de grandes dimensions, complétaient cet ensemble. La tombe date d’environ 500 av JC. La provenance des objets illustre avec éclat l’échange culturel entre les Celtes et les populations méditerranéennes. Les bassins sont d’origine étrusque, les coupes sont grecques, les perles d’ambre de la Baltique, le corail de la Méditerranée. Ces objets exotiques rencontrent, dans l’espace de cette tombe, de magnifiques réalisations celtes : la phiale en argent, le char, la torque en or. Les grandes réalisations de l’époque se trouvent réunies dans ce qu’elles produisent de plus précieux. La découverte de cette tombe est une des étapes majeures de l’histoire de l’archéologie française du XXe siècle. Son importance historique, la beauté et le prestige de son mobilier, le fait qu’elle soit d’une femme firent que des légendes surgirent autour de cette découverte. 4

Vase de Vix : Haut d’1 mètre 64, d’un poids de 208, 6 kg et d’une contenance de 1 100 litres c’est le plus grand récipient en bronze que l’antiquité nous ait légué. Les analyses étayent l’hypothèse d’une fabrication vers 530 av. J.-C. par un atelier grec installé dans la région de Sybaris, au sud de l’Italie. L’objet, dont les anses sont démontables, aurait donc voyagé depuis cette zone méridionale jusqu’au nord de la Bourgogne.

12h30 : Départ pour Essoyes, le village des Renoir (30Km- 30 mn)

13h : Déjeuner à Essoyes

14h15: Visite du village et de la maison des Renoir

Essoyes dans l’œuvre de Renoir, une redécouverte : 5

Longtemps oublié, le rôle d’Essoyes dans la vie et l’œuvre de Renoir est une découverte récente que l’on doit très largement aux recherches menées par un historien de la commune, Bernard Pharisien. Il y a des éléments très identifiés qui relient immédiatement l’œuvre de Renoir au village d’Essoyes. Le clocher caractéristique de l’église Saint-Remi, les marées de toitures fauves ou des vues de rues de village, des thématiques spécifiques comme les vendangeuses et les laveuses, des scènes familiales qui réunissent tout le clan ou des portraits de Pierre ou de Jean.

Comment expliquer qu’Essoyes ait été si longtemps oublié des historiens et des historiens de l’art ? Plusieurs explications sont avancées par Bernard Pharisien. Le village lui-même a négligé cette histoire alors que Cagnes-sur-Mer (Alpes Maritimes) s’en emparait pour faire des Collettes le « lieu Renoir » unique. Il y a certainement un effet « géographique » qui a privilégié Cagnes et la Côte d’Azur.

Le Renoir qui arrive à Essoyes en 1888 dans l’Aube attiré par sa compagne a rompu avec l’impressionnisme et donc avec le succès depuis dix ans. Sa période ingresque s’est avérée une impasse. Renoir cherche une nouvelle manière qu’il trouvera à Essoyes en même temps qu’un renouvellement radical de son inspiration.

Si Essoyes est oublié après sa mort, c’est aussi la faute de Renoir lui-même. Essoyes est pour lui un « havre » dont il ne galvaude pas l’adresse. Essoyes est le rendez-vous des frères Bernheim, d’Ambroise Vollard, de Durand-Ruel et des grands collectionneurs qui s’y pressent pour faire leur marché. Si un Cézanne vient à Essoyes c’est le fils du peintre, et on y trouve aussi Julie Manet, la fille de Berthe Morisot qui écrira de belles pages sur sa vie à Essoyes. Renoir, on le voit, préfère accueillir les enfants des peintres que les peintres eux-mêmes. Le seul artiste que Renoir tolérera sera le sculpteur Maillol, que Vollard lui a dépêché pour faire son buste. Et puis de jeunes artistes aussi comme Charles Valtat et l’illustrateur Jean-Louis Forin.

C’est à Essoyes que Renoir a réussi son virage artistique., c’est le plus important.

Maison des Renoir :

1896 : Pierre-Auguste fait l’acquisition de la maison pour le prix qu’il a vendu à l’État son tableau « Jeunes filles au piano »

Chaque été durant trente ans le peintre et sa famille y passent d’excellents moments. Il peint dans l’une des pièces du rez-de-chaussée.

En 1906 sa femme Aline fait construire un atelier au fond du jardin.

En 2012 la municipalité rachète cette maison de famille. Les travaux ont débuté en 2016. L’ouverture au public se fait le 3 juin 2017.

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Quatre générations de Renoir à Essoyes : 124 ans de présence (1888-2012)

1- Pierre-Auguste et Renoir 2- (comédien) – (cinéaste) – (céramiste) 3- Claude Renoir (directeur de la photographie) - – Paul Renoir 4- Jacques Renoir (Directeur de la photographie et réalisateur)- (comédienne) / John Renoir – Peter Renoir – Anne Renoir / – Jean Emmanuel Renoir - Pierre Renoir - Philippe Renoir - Nicolas Renoir -Alexandre Renoir

Jean Renoir « Tous les étés, nous revenions à Essoyes, ce qui permettait à ma mère d’inviter beaucoup d’amis et d’entourer Renoir de cette vie qu’il aimait tant » « … j’y ai passé les plus belles années de mon enfance »

« Au moment de sa rencontre avec ma mère, Renoir traversait une crise : « je ne savais plus où j’en étais ; je me noyais ! » Après dix ans de lutte, d’essais contradictoires, il doutait de plus en plus de l’impressionnisme, Aline Charigot considérait les choses plus simplement. Avec son bon sens de paysanne, elle savait que Renoir était fait pour peindre comme une vigne pour donner du vin. Il fallait donc qu’il peigne, avec ou sans succès, mais surtout qu’il n’arrête pas. Quoi de plus navrant qu’une vigne en friche et que de sueur pour la remettre en état ! Pourquoi n’iraient-ils pas à Essoyes, son village. La vie n’y est pour rien. Renoir pourrait là-bas s’y livrer à tous les essais sans être troublé par les vignerons qui avaient autre chose à faire que de décider de l’avenir de la peinture… »

Pierre Renoir Jean Renoir Claude Junior 1885-1952 1849-1979 1913-1993

7 15h45 : Départ d’Essoyes pour Clairvaux (25km- 45 mn)

16h30-18h : Visite guidée de l’abbaye de Clairvaux

Abbaye de Clairvaux :

Fondée en 1115 en un lieu écarté de la Champagne méridionale, l’abbaye de Clairvaux se trouva en à peine plus d’un siècle, grâce à la personnalité de saint Bernard, à la tête d’une filiation de plus de trois cents maisons appliquant la réforme cistercienne.

Ce rayonnement se traduisit par des reconstructions successives de bâtiment toujours plus importants, jusqu’au Grand Cloître du XVIIIe siècle. La Révolution dispersa les moines et son rachat par l’État en 1808 ne sauva les bâtiments de l’ancienne abbaye (à l’exception de l’église) que pour les soustraire au monde en y installant la plus grande maison de détention de France. Ces lieux si chargés d’histoire se dégagent peu à peu de l’emprise carcérale, à la recherche d’une vocation qui y fasse à nouveau souffler l’esprit.

Citeaux et les Cisterciens :

Cîteaux avait été fondée en 1098 à une vingtaine de kilomètres au sud de Dijon par des moines bénédictins de l’abbaye de Molesme dirigés par leur abbé, Robert. Ils souhaitaient vivre selon l’esprit et la lettre de la règle de saint Benoît , et l’appliquer strictement. Ce n’était pas la première tentative de retour aux sources de l’esprit bénédictin. Au Xe siècle déjà, l’abbaye de Cluny avait essayé de revenir à la règle de saint Benoit et était devenue un modèle pour de nombreuses abbayes. Les XIe et XIIe siècles sont traversés de courants spirituels qui entraînent leurs adeptes à vivre la règle de saint Benoît dans sa pureté d’origine ou à rechercher une authentique vie au désert loin du monde. Les Chartreux, les Cisterciens, les Prémontrés ou les Grandmontains sont les plus connus d’entre eux. Le moines de Cîteaux poursuivent ce double idéal et il n’est donc pas étonnant de voir l’abbaye de Clairvaux s’implanter à l’écart des lieux habités. L’originalité des Cisterciens tient à leur organisation. Chaque abbaye est juridiquement et économiquement autonome. La seconde particularité des Cisterciens est le lien établi entre les abbayes par la « Charte de Charité » qui institue le même usage des biens et un même genre de vie sur les bases de la pauvreté, de la simplicité et évidemment de l’application de la règle de saint Benoît. Toute abbaye fondée devient la fille de celle qui l’a crée et doit recevoir la visite, chaque année, de l’abbé qui a permis sa fondation. Ce système de filiation est renforcé par un chapitre général regroupant à Citeaux une fois par an, tous les abbés cisterciens. Ainsi est assurée la cohérence de l’ensemble de l’Ordre. Un dernier trait caractérise l’organisation des Cisterciens : chaque abbaye appartient à l’une des cinq branches principales de l’ordre : Citeaux et ses quatre premières filles, La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond. 8

18h : Départ pour Colombey –Les-Deux-Églises (16 km) 20h : dîner et nuit à Colombey à l’hôtel de La Grange du Relais

Dimanche 25 mars

Surplombée d’une imposante Croix de Lorraine en granit rose, visible à des kilomètres, la petite localité de Colombey-Les-deux-Églises est toute entière tournée vers le souvenir du Général qui y est enterré dans le cimetière qui jouxte l’église paroissiale.

10h : Visite de La Boisserie

La Boisserie : En 1934, le lieutenant-colonel de Gaulle et sa femme acquièrent La Boisserie, où ils aménagent au mois de juillet. Pendant la guerre et l’exil en Angleterre, la demeure est en partie brûlée par l’occupant. À la fin des hostilités, la famille de Gaulle s’y installe après que la maison eût été agrandie. C’est à la Boisserie que le général de Gaulle écrit ses Mémoires de guerre pendant sa « traversée du désert », entre 1946 et 1958. Ses années à l’Élysée ne l’empêchent pas de revenir régulièrement dans sa maison de Colombey où il s’éteint en 1970. Propriété des descendants du général de Gaulle, La Boisserie est exploitée par la Fondation Charles de Gaulle et se visite en partie. Le salon, la

Le général de Gaulle (1890-1970) se retira à La Boisserie après avoir quitté les affaires de l’État, en 1946 et en 1969. Afin de sceller la réconciliation franco- allemande, il invita en septembre 1958 dans sa propriété le chancelier Adenauer, qui fut le seul homme politique à partager l’intimité familiale du général.

11h : petit détour par le cimetière où se trouve la tombe du général

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11h30 : visite du Mémorial

Mémorial Charles de Gaulle :

Il fut inauguré en 2008 par les chefs d’État allemand et français. On y découvre la vie et l’œuvre du général autant que l’histoire du XXe siècle. La scénographie très réussie propose de multiples documents (photographies, écrits, archives sonores et audiovisuelles, objets divers) pour faire revivre les grands moments de l’histoire.

Juste au-dessus du Mémorial se dresse, en hommage au général, une croix de Lorraine monumentale (44,30 m de hauteur). Inaugurée en 1972, elle domine le village et la campagne alentour, dont la forêt de Clairvaux. 10 13h: Départ pour (75 km- 1h1/4) Pique- nique dans la voiture

14h30 : Visite guidée de la collection Lévy au Musée d’art moderne

Collection Lévy : En 1976, Pierre et Denise Lévy, industriels

troyens, firent don à l’État de l’importante collection d’art français (2000 œuvres) qu’ilqs

avaient rassemblée depuis 1939. Pour l’accueillir la ville de Troyes fit aménager les bâtiments de

l’ancien palais épiscopal. e La collection comprend 388 peintures (fin du 19 s. et début du 20e s. ) ainsi que 1277 dessins,

104 sculptures, des verreries, des pièces d’art africain et océanien. Pierre et Denise Lévy signent l’acte de donation en présence de Françoise Giroud. Elle est particulièrement riche en œuvres de peintres fauves. Les toiles de Derain, grand ami de Pierre Lévy, explosent de couleur dans les représentations de Londres (Hyde Park, Big Ben)

et de Collioure, ainsi que celles de Vlaminck (Paysage à Chatou), de Braque (Paysage à

l’Estaque) et de Van Dongen qui utilise le même procédé fauve : la couleur pure est étendue en

larges aplats dans ses portraits mondains. Pour la période antérieure aux fauves on

remarquera dans les premières salles deux petits Courbet, un beau double portrait de Degas,

une belle esquisse de Seurat, un Vallotton, les insolites représentations d’usine de Vuillard.

Les œuvres plus récentes comptent des tableaux de Robert Delaunay avant sa période abstraite,

de Roger de La Fresnaye, Seurat, Modigliani,

Soutine, Buffet, Nicolas de Staël, Balthus et de nombreuses toiles d’André Derain postérieures à

sa période fauve. Oierre Lévy a également constitué un fonds de

Maurice Marinot, peintre troyen qui devint verrier, et dont on admire les créations de style

art déco. Les dessins , en nombre important, sont

présentés par roulement. La collection d’art africain comprend des statues, André Derain « Portrait de Denise et Claire Lévy »1949 des reliquaires, des cuillers, une statue en bronze du Bénin et des cimiers .

11 17h : Visite approfondie de la Maison de Rachi (Visite guidée de deux heures)

Rachi de Troyes : « Rachi de Troyes, Rachi en Champagne, reste le premier, le plus connu des juifs de France. Son influence a bien dépassé les frontières de la ville et de la province de sa naissance : il est devenu le maître de tout Israël ! Du ghetto à la rue des Juifs, du XIe siècle à nos jours, l’enseignement du judaïsme, l’étude de la Bible, et du Talmud ne commencent vraiment que lorsque l’enfant balbutie les premiers mots de ses commentaires. Il naquit à Troyes, vers 1040, et c’est là qu’il reçut l’essentiel de sa formation grâce à sa famille et aux ressources que pouvait offrir la communauté juive qui s’y était établie. Plus tard il fréquenta les grandes écoles de Rhénanie, mais c’est à Troyes qu’il écrivit et enseigna jusqu’à sa mort survenue en 1105. Il y était si bien enraciné qu’il signait ses lettres Salomon de Troyes ! Sa famille resta attachée à la ville de sa naissance, à la Champagne et aux grands centres du judaïsme de la France du Nord. Elle y résida jusqu’à ce qu’un roi de France en ait décidé autrement*. Maître des enfants d’Israël, Rachi est également celui de leurs parents. Parmi toutes les sommités du Moyen Age, juives et chrétiennes, il est sans doute le seul dont l’œuvre ne soit pas seulement étudiée par de savants spécialistes, mais par tous. Ce maître antique a su rester un contemporain, et c’est grâce à lui que la Bible hébraïque et le Talmud ne sont pas devenus des livres clos. Il en est le meilleur, le plus clair des guides. Il n’était ni théologien ni philosophe, mais un éternel étudiant qui toujours reprenait son ouvrage. Il a toujours appris et toujours enseigné. Pour lui, l’étude et l’enseignement étaient un couple indissociable, comme le maître et l’élève ! Son œuvre écrite est d’une générosité infinie, car il n’a jamais songé qu’à répandre la connaissance et la parole de Dieu. Pour ce faire, ila toujours recherché la clarté de pensée et la clarté du style, qualités françaises par excellence que ce fils de Troyes a su transposer dans l’hébreu rabbinique dans lequel il a rédigé son œuvre, non sans utiliser, chaque fois qu’il le jugeait nécessaire, le terme français ou l’exemple champenois qui pouvait rendre sa pensée plus compréhensible. Maître de tous les juifs, il fut aussi celui de bon nombre de chrétiens qui appréciaient particulièrement ses commentaires bibliques ; ceux-ci finirent d’ailleurs par être traduits dans plusieurs langues, dont le latin et le français. Échappant ainsi aux seules limites des études sacrées juives, il fait désormais partie du patrimoine du genre humain tout entier ». Introduction de Rachi de Troyes, Simon Scwarzfuchs, Albin Michel, 1991, 2005

*Date de l’expulsion des Juifs de France par Philippe Le Bel. 12

19h : Départ pour Paris