Livret Renoir
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RENOIR, 30 ans de présence dans l’Aube Pour aller plus loin… Document à destination des bibliothèques et des enseignants Renoir, un artiste acteur des bouleversements qui ont marqué la fin du XIX e siècle et le début du XX e Alors que s’achève L’année Renoir , douze œuvres de Pierre Auguste Renoir et une de son fils Jean ont été sélectionnées pour illustrer les treize panneaux d’exposition réalisés par la Bibliothèque départementale de l’Aube qui vont circuler dans le département dès l’automne 2017. C’est en 2014, près d’un siècle après la mort de Renoir, qu’ont été publiés le cinquième tome et un premier supplément du catalogue raisonné de son œuvre [tableaux, pastels, dessins et aquarelles.] On doit cet important travail à Guy-Patrice et Michel Dauberville 1. 4019 tableaux, 148 pastels, 382 dessins et 105 aquarelles [soit 4654 œuvres] y sont recensés. Nous disposions d’un éventail énorme pour guider notre choix. Nous avons tenu à ce que la moitié de notre sélection ait un lien avec le département. L’Aube n’occupe pas une place aussi importante dans l’œuvre de l’artiste, mais celle-ci méritant d’être mise en valeur on nous pardonnera d’avoir forcé le trait au nom du patriotisme local. Le premier long séjour de l’artiste en Champagne remonte à l’automne 1888… et il y passe près de deux mois de son dernier été [en 1919.] Entre temps [en 1896] il fait l’acquisition dans l’Aube de son premier bien terrestre : une maison de vigneron. Renoir réalise à Essoyes et dans les villages alentour de nombreuses œuvres ; il y découvre de beaux modèles. Le peintre et son épouse, leurs trois enfants et l’aîné de leurs petits-fils reposent dans le cimetière du village. Ce sont des marques d’un attachement fort à notre territoire. L’exposition est une compression de sa vie et de son œuvre. Elle peut servir de base et déboucher sur d’autres initiatives : découverte d’Essoyes, de la maison désormais ouverte au public dans laquelle l’artiste a vécu, des œuvres qu’il a réalisées dans le village et ses environs et qu’il est possible d’identifier au gré d’une promenade. En observant des reproductions sur des catalogues [voir la bibliographie sélective] il est possible de découvrir davantage de ses toiles, dessins, pastels et aquarelles, de sensibiliser les enfants : les thèmes, le dessin, la composition, les couleurs qu’il utilise, le blanc et le noir qui sont tout en nuances… Renoir est un grand coloriste. À partir de cette exposition il est envisageable d’ouvrir des fenêtres sur l’art mais également sur l’histoire. Renoir a vécu de 1841 à 1919 c’est-à-dire sous Louis Philippe, la deuxième République, le second Empire puis la troisième République. Il a participé à la guerre de 1870 au cours de laquelle Frédéric Bazille, l’un de ses meilleurs amis, a perdu la vie. Deux de ses fils [Pierre et Jean] seront sérieusement blessés durant la première guerre mondiale. On notera par ailleurs que Renoir fut proche d’Alfred Darras l’un des acteurs de “ l’Affaire Dreyfus ” qui bouleversa la société française durant une douzaine d’années. Renoir a épousé son époque. Une de ses confidences à son ami, le peintre Albert André, illustre cette affirmation : “ On doit faire la peinture de son temps 2.” 1 Il s’agit de descendants de la famille Bernheim. La galerie parisienne fondée par leurs ancêtres à l’angle de l’avenue Matignon et de la rue du Faubourg Saint-Honoré existe toujours. Le catalogue raisonné est édité par Bernheim-Jeune, à cette même adresse. 2 Albert André : Renoir – Les éditions G. Crès & Cie, 1928. L’exposition (page de garde) En 2017, le département de l’Aube rend hommage aux Renoir, principalement au peintre. La Bibliothèque départementale de l’Aube apporte sa contribution à l’événement en réalisant une exposition itinérante destinée aux élèves des écoles élémentaires. Une douzaine de panneaux résument la carrière de Pierre Auguste Renoir, tout en mettant particulièrement en évidence sa présence régulière dans l’Aube durant plus de 30 ans [entre 1888 et 1919.] Douze œuvres de Pierre Auguste Renoir et une de son fils Jean ont été sélectionnées pour l’illustrer. Nous avons retenu un vase de Jean Renoir, reconnu comme l’un des grands cinéastes du XX e siècle, le plus grand selon François Truffaut qui écrit dans la présentation du Jean Renoir d’André Bazin : “ C’est donc tout naturellement pour moi le meilleur des livres de cinéma, écrit par le meilleur critique sur le meilleur metteur en scène 1.” Avant de se consacrer au 7 e Art, Jean Renoir s’est adonné durant deux ans à la céramique, entre 1922 et 1924 2. Notre parti d’illustrer un des panneaux d’une poterie signée “ Jean Renoir ” est l’occasion d’attirer l’attention sur le fait que le futur cinéaste s’est aventuré dans une discipline artistique voisine de celle de son père. Il dira plus tard qu’il choisit assez vite la voie du cinéma parce qu’il craignait de ne pas être digne d’entrer dans un domaine proche de celui dans lequel son père était un maître. Parmi les milliers de productions de Pierre Auguste Renoir, en dehors de La Famille de l’artiste , l’une des pièces maîtresses de la prodigieuse Collection Barnes , nous n’avons pas opté pour les grands classiques. C’est notre manière de faire découvrir “ Un autre Renoir 3…” Ainsi ce dessin de l’artiste croqué pour son marchand de tableaux et ami, Ambroise Vollard. Illustration : Portrait de Pierre Auguste Renoir par lui-même ; frontispice du livre d’Ambroise Vollard, Auguste Renoir [1841 – 1919 ] - Les Éditions G. Crès, Paris, 1920. Note complémentaire : Intitulé Autoportrait à la casquette , daté 1915, ce dessin au fusain et estompe sur papier porte la signature de Renoir et une dédicace contresignée : “ à Vollard mon raseur sympathique 4.” Il est reproduit en frontispice dans le livre d’Ambroise Vollard : Auguste Renoir [1841 – 1919 ] publié en 1920 5. En fait la version de 1920 sortira avant celle, plus luxueuse, de 1919 intitulée La Vie et l’œuvre de Pierre-Auguste Renoir . Les deux textes sont légèrement différents. Dans l’édition de 1920, Ambroise Vollard a procédé à quelques ajouts et corrections. L’ Autoportrait à la casquette , “ crépusculaire et bouleversant, 6” est rarement cité et très peu reproduit dans les ouvrages consacrés à Renoir. C’est la raison pour laquelle nous l’avons sélectionné pour ouvrir cette exposition. 1 André Bazin : Jean Renoir , Éditions Ivrea, 2005, page 9. Il s’agit en fait d’une réédition de l’ouvrage publié en 1971 aux éditions Champ Libre. 2 Voir panneau n° 11, “ 1922 : la succession . ” 3 Ce fut le titre de l’exposition présentée au musée d’Art moderne de Troyes du 17 juin au 17 septembre 2017. 4 Offert par Renoir à Vollard, le dessin [62,5 x 47cm] sera reproduit en gravure dans une édition de luxe intitulée La Vie et l’œuvre de Pierre-Auguste Renoir . L’ouvrage publié en 1919 est édité “ Chez Vollard, 38 rue de Grammont, Paris .” 5 Les Éditions G. Crès et C ie , 21 rue Hautefeuille. 6 Formulation utilisée à l’occasion de la vente du 29 juin 2010 [chez Sotheby’s] intitulée Trésors du coffre Vollard . Un rêve : devenir artiste peintre (panneau 1) Pierre Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 est l’avant-dernier d’une famille de sept enfants dont deux sont morts en bas âge. Son père [Léonard – né en 1799, mort en 1874] est tailleur d’habits. Sa mère [Marguerite Merlet – née en 1807, décédée en 1896] est ouvrière en robes. Ses deux frères [Henri et Victor] et sa sœur [Lisa] sont plus âgés que lui ; comme Pierre Auguste, ils sont nés à Limoges, capitale de la porcelaine. En 1845 les Renoir s’installent à Paris, non loin du Louvre. En 1849, un dernier né [Edmond] complète cette famille de cinq enfants. Pierre Auguste aime dessiner. L’aîné de ses frères [Henri] est graveur en héraldique ; le mari de sa sœur Lisa est également graveur. Contribuent-ils à éveiller sa vocation ? C’est possible… En 1854, l’année de ses treize ans, comme la plupart des enfants de condition modeste de sa génération, le jeune Pierre Auguste quitte l’école et entre en apprentissage chez un peintre sur porcelaine ; il commence alors à gagner sa vie. Jusqu’en 1860, il travaille dans divers ateliers de décoration, peignant des stores, des paravents, des éventails. Il rêve sans doute d’échapper à cette condition d’artisan d’art pour devenir artiste peintre. En 1860, il obtient une carte de copiste au musée du Louvre. L’année suivante, il fréquente l’atelier privé de Charles Gleyre, un peintre né en Suisse, républicain affiché, qui accueille de jeunes artistes. En 1862 [à l’âge de 21 ans] Renoir est admis à l’École impériale et spéciale des Beaux-Arts. Il y suit les cours sans toutefois quitter l’atelier de Gleyre où l’ambiance est plus libérale que celle régnant aux Beaux-Arts. C’est chez Gleyre qu’il rencontre Frédéric Bazille, Alfred Sisley, Claude Monet qui deviennent ses amis. Cette jeune génération de peintres ne se satisfait pas de l’enseignement traditionnel dispensé à l’École des Beaux-Arts. Elle préfère Corot, Courbet, Delacroix, Ingres, Manet aux peintres à la mode de l’époque, tous académiques et conservateurs tels Cabanel, Meissonnier, Gérôme, Roybet, Bonnat… Illustration : Chandelier en porcelaine décoré par Renoir support et col en bronze [hauteur 30 cm.] Note complémentaire : Ce candélabre décoré par Renoir entre 1854 et 1856 a été mis en vente par des descendants du peintre ; il circule sur le marché de l’art.