RENOIR, 30 ans de présence dans l’Aube Pour aller plus loin…

Document à destination des bibliothèques et des enseignants Renoir, un artiste acteur des bouleversements qui ont marqué la fin du XIX e siècle et le début du XX e

Alors que s’achève L’année Renoir , douze œuvres de Pierre Auguste Renoir et une de son fils Jean ont été sélectionnées pour illustrer les treize panneaux d’exposition réalisés par la Bibliothèque départementale de l’Aube qui vont circuler dans le département dès l’automne 2017.

C’est en 2014, près d’un siècle après la mort de Renoir, qu’ont été publiés le cinquième tome et un premier supplément du catalogue raisonné de son œuvre [tableaux, pastels, dessins et aquarelles.] On doit cet important travail à Guy-Patrice et Michel Dauberville 1. 4019 tableaux, 148 pastels, 382 dessins et 105 aquarelles [soit 4654 œuvres] y sont recensés.

Nous disposions d’un éventail énorme pour guider notre choix. Nous avons tenu à ce que la moitié de notre sélection ait un lien avec le département. L’Aube n’occupe pas une place aussi importante dans l’œuvre de l’artiste, mais celle-ci méritant d’être mise en valeur on nous pardonnera d’avoir forcé le trait au nom du patriotisme local.

Le premier long séjour de l’artiste en Champagne remonte à l’automne 1888… et il y passe près de deux mois de son dernier été [en 1919.] Entre temps [en 1896] il fait l’acquisition dans l’Aube de son premier bien terrestre : une maison de vigneron. Renoir réalise à et dans les villages alentour de nombreuses œuvres ; il y découvre de beaux modèles. Le peintre et son épouse, leurs trois enfants et l’aîné de leurs petits-fils reposent dans le cimetière du village. Ce sont des marques d’un attachement fort à notre territoire.

L’exposition est une compression de sa vie et de son œuvre. Elle peut servir de base et déboucher sur d’autres initiatives : découverte d’Essoyes, de la maison désormais ouverte au public dans laquelle l’artiste a vécu, des œuvres qu’il a réalisées dans le village et ses environs et qu’il est possible d’identifier au gré d’une promenade.

En observant des reproductions sur des catalogues [voir la bibliographie sélective] il est possible de découvrir davantage de ses toiles, dessins, pastels et aquarelles, de sensibiliser les enfants : les thèmes, le dessin, la composition, les couleurs qu’il utilise, le blanc et le noir qui sont tout en nuances… Renoir est un grand coloriste.

À partir de cette exposition il est envisageable d’ouvrir des fenêtres sur l’art mais également sur l’histoire. Renoir a vécu de 1841 à 1919 c’est-à-dire sous Louis Philippe, la deuxième République, le second Empire puis la troisième République. Il a participé à la guerre de 1870 au cours de laquelle Frédéric Bazille, l’un de ses meilleurs amis, a perdu la vie. Deux de ses fils [Pierre et Jean] seront sérieusement blessés durant la première guerre mondiale. On notera par ailleurs que Renoir fut proche d’Alfred Darras l’un des acteurs de “ l’Affaire Dreyfus ” qui bouleversa la société française durant une douzaine d’années.

Renoir a épousé son époque. Une de ses confidences à son ami, le peintre Albert André, illustre cette affirmation : “ On doit faire la peinture de son temps 2.”

1 Il s’agit de descendants de la famille Bernheim. La galerie parisienne fondée par leurs ancêtres à l’angle de l’avenue Matignon et de la rue du Faubourg Saint-Honoré existe toujours. Le catalogue raisonné est édité par Bernheim-Jeune, à cette même adresse. 2 Albert André : Renoir – Les éditions G. Crès & Cie, 1928. L’exposition (page de garde)

En 2017, le département de l’Aube rend hommage aux Renoir, principalement au peintre. La Bibliothèque départementale de l’Aube apporte sa contribution à l’événement en réalisant une exposition itinérante destinée aux élèves des écoles élémentaires. Une douzaine de panneaux résument la carrière de Pierre Auguste Renoir, tout en mettant particulièrement en évidence sa présence régulière dans l’Aube durant plus de 30 ans [entre 1888 et 1919.] Douze œuvres de Pierre Auguste Renoir et une de son fils Jean ont été sélectionnées pour l’illustrer. Nous avons retenu un vase de , reconnu comme l’un des grands cinéastes du XX e siècle, le plus grand selon François Truffaut qui écrit dans la présentation du Jean Renoir d’André Bazin : “ C’est donc tout naturellement pour moi le meilleur des livres de cinéma, écrit par le meilleur critique sur le meilleur metteur en scène 1.” Avant de se consacrer au 7 e Art, Jean Renoir s’est adonné durant deux ans à la céramique, entre 1922 et 1924 2. Notre parti d’illustrer un des panneaux d’une poterie signée “ Jean Renoir ” est l’occasion d’attirer l’attention sur le fait que le futur cinéaste s’est aventuré dans une discipline artistique voisine de celle de son père. Il dira plus tard qu’il choisit assez vite la voie du cinéma parce qu’il craignait de ne pas être digne d’entrer dans un domaine proche de celui dans lequel son père était un maître. Parmi les milliers de productions de Pierre Auguste Renoir, en dehors de La Famille de l’artiste , l’une des pièces maîtresses de la prodigieuse Collection Barnes , nous n’avons pas opté pour les grands classiques. C’est notre manière de faire découvrir “ Un autre Renoir 3…” Ainsi ce dessin de l’artiste croqué pour son marchand de tableaux et ami, Ambroise Vollard.

Illustration : Portrait de Pierre Auguste Renoir par lui-même ; frontispice du livre d’Ambroise Vollard, Auguste Renoir [1841 – 1919 ] - Les Éditions G. Crès, , 1920.

Note complémentaire : Intitulé Autoportrait à la casquette , daté 1915, ce dessin au fusain et estompe sur papier porte la signature de Renoir et une dédicace contresignée : “ à Vollard mon raseur sympathique 4.” Il est reproduit en frontispice dans le livre d’Ambroise Vollard : Auguste Renoir [1841 – 1919 ] publié en 1920 5. En fait la version de 1920 sortira avant celle, plus luxueuse, de 1919 intitulée La Vie et l’œuvre de Pierre-Auguste Renoir . Les deux textes sont légèrement différents. Dans l’édition de 1920, Ambroise Vollard a procédé à quelques ajouts et corrections. L’ Autoportrait à la casquette , “ crépusculaire et bouleversant, 6” est rarement cité et très peu reproduit dans les ouvrages consacrés à Renoir. C’est la raison pour laquelle nous l’avons sélectionné pour ouvrir cette exposition.

1 André Bazin : Jean Renoir , Éditions Ivrea, 2005, page 9. Il s’agit en fait d’une réédition de l’ouvrage publié en 1971 aux éditions Champ Libre. 2 Voir panneau n° 11, “ 1922 : la succession . ” 3 Ce fut le titre de l’exposition présentée au musée d’Art moderne de du 17 juin au 17 septembre 2017. 4 Offert par Renoir à Vollard, le dessin [62,5 x 47cm] sera reproduit en gravure dans une édition de luxe intitulée La Vie et l’œuvre de Pierre-Auguste Renoir . L’ouvrage publié en 1919 est édité “ Chez Vollard, 38 rue de Grammont, Paris .” 5 Les Éditions G. Crès et C ie , 21 rue Hautefeuille. 6 Formulation utilisée à l’occasion de la vente du 29 juin 2010 [chez Sotheby’s] intitulée Trésors du coffre Vollard . Un rêve : devenir artiste peintre (panneau 1)

Pierre Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 est l’avant-dernier d’une famille de sept enfants dont deux sont morts en bas âge. Son père [Léonard – né en 1799, mort en 1874] est tailleur d’habits. Sa mère [Marguerite Merlet – née en 1807, décédée en 1896] est ouvrière en robes. Ses deux frères [Henri et Victor] et sa sœur [Lisa] sont plus âgés que lui ; comme Pierre Auguste, ils sont nés à Limoges, capitale de la porcelaine. En 1845 les Renoir s’installent à Paris, non loin du Louvre. En 1849, un dernier né [Edmond] complète cette famille de cinq enfants.

Pierre Auguste aime dessiner. L’aîné de ses frères [Henri] est graveur en héraldique ; le mari de sa sœur Lisa est également graveur. Contribuent-ils à éveiller sa vocation ? C’est possible… En 1854, l’année de ses treize ans, comme la plupart des enfants de condition modeste de sa génération, le jeune Pierre Auguste quitte l’école et entre en apprentissage chez un peintre sur porcelaine ; il commence alors à gagner sa vie. Jusqu’en 1860, il travaille dans divers ateliers de décoration, peignant des stores, des paravents, des éventails. Il rêve sans doute d’échapper à cette condition d’artisan d’art pour devenir artiste peintre.

En 1860, il obtient une carte de copiste au musée du Louvre. L’année suivante, il fréquente l’atelier privé de Charles Gleyre, un peintre né en Suisse, républicain affiché, qui accueille de jeunes artistes. En 1862 [à l’âge de 21 ans] Renoir est admis à l’École impériale et spéciale des Beaux-Arts. Il y suit les cours sans toutefois quitter l’atelier de Gleyre où l’ambiance est plus libérale que celle régnant aux Beaux-Arts. C’est chez Gleyre qu’il rencontre Frédéric Bazille, Alfred Sisley, Claude Monet qui deviennent ses amis. Cette jeune génération de peintres ne se satisfait pas de l’enseignement traditionnel dispensé à l’École des Beaux-Arts. Elle préfère Corot, Courbet, Delacroix, Ingres, Manet aux peintres à la mode de l’époque, tous académiques et conservateurs tels Cabanel, Meissonnier, Gérôme, Roybet, Bonnat…

Illustration : Chandelier en porcelaine décoré par Renoir support et col en bronze [hauteur 30 cm.]

Note complémentaire :

Ce candélabre décoré par Renoir entre 1854 et 1856 a été mis en vente par des descendants du peintre ; il circule sur le marché de l’art. Un autre exemplaire est conservé au musée des arts décoratifs à Paris [don de Gabrielle Chasnel – dite Coco Chanel –] qui lui venait d’Andrée Heuschling, première épouse de Jean Renoir. Ces rares pièces peintes par Renoir dans sa prime jeunesse ne portent aucune signature, comme la plupart des objets manufacturés. Leur présence au sein de la famille permet de les attribuer au jeune Pierre Auguste, décorateur sur porcelaine.

Admis ou refusé ? (panneau 2)

Pour faire carrière dans la peinture, il faut être reconnu, c’est-à-dire récompensé par des médailles décernées au Salon officiel. Renoir y expose pour la première fois en 1864. Âgé de 23 ans, il a cessé de suivre les cours des Beaux-Arts qui ne le captivent plus.

En 1865, il dépose deux toiles pour le Salon ; la critique ne les remarque pas. Pour autant, il ne se décourage pas et réalise en 1866 un grand tableau intitulé Le Cabaret de la mère Antony qu’il peint à Marlotte, un village situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau. Renoir y loge fréquemment chez un ami peintre, Jules Le Cœur. Le frère de Jules, Charles Le Cœur, un architecte qui construira à Paris les lycées Condorcet, Fénelon, Montaigne et Louis-le-Grand, fait alors la connaissance de Renoir et devient son premier mécène. Il lui commande plusieurs portraits de membres de la famille et des natures mortes… Mais aussi la décoration d’un hôtel particulier qu’il édifie à Paris pour le Prince Georges Bibesco. Renoir en tire quelques revenus.

Entre 1867 et 1870, il est hébergé chez Bazille à différentes reprises. À l’époque, il a pour modèle et amie Tréhot. Une toile sur laquelle elle figure, Diane chasseresse, est refusée au Salon en 1867. Cependant, en 1868, 1869 et 1870 des portraits de la même Lise y seront exposés.

La guerre de 1870 – 1871 interrompt la carrière de Renoir. Il est mobilisé, de même que son ami Bazille qui sera tué à Beaune-la-Rolande [Loiret] le 28 novembre 1870 ; il aurait eu 29 ans le 6 décembre.

Il faudra attendre l’an 2000 pour apprendre que Lise Tréhot avait mis au monde deux enfants [Pierre, né en 1868 et Jeanne, née en 1870.] Deux secrets bien gardés mis à jour respectivement par Marc Le Cœur et Jean-Claude Gélineau1.

Illustration : Femme à l’ombrelle : huile sur toile [46 x 37,9 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

Le modèle qui a posé est Lise Tréhot. Aucune date ne figure sur le tableau. Celle qui est donnée [1872] est une estimation. Interrogé en 1912 par son marchand de tableaux [Paul Durand-Ruel] à propos de deux toiles sur lesquelles figure Lise Tréhot, Renoir lui répond dans une lettre du 23 mars de cette même année : “La femme à la perruche a dû être faite à peu près à la même époque que La femme nue, au plus tard en 71, car, après, j’ai perdu de vue le modèle qui a posé pour ce tableau. ” Si Renoir a perdu de vue Lise “ au plus tard en 1871 ” elle ne peut pas figurer sur une toile datée 18722.

1 Pour plus de détails, on peut se reporter à Gabrielle d’Essoyes de Bernard Pharisien, pages 77 à 88. 2 Idem, page 84. Les Darras : des Aubois (panneau 3)

De retour à la vie civile Renoir essaie de renouer avec la vie artistique. Le tableau qu’il présente au Salon de 1872 est refusé. En 1873, nouvel échec avec une toile de grand format [2,61 m x 2,26 m] intitulée Allée cavalière au Bois de Boulogne . L’enfant montant le poney est Joseph Le Cœur, fils de Charles et neveu de Jules [voir panneau précédent.] L’amazone est une amie des Le Cœur ; il s’agit de Madame Darras [née Henriette Oudiette] dont le mari [le capitaine Alfred Darras] a eu pour ancêtre le prévôt royal d’Essoyes. Curieuse coïncidence car Renoir ne connaît pas encore le village. Son premier long séjour n’y a lieu que 15 ans plus tard, durant l’automne 1888.

En fin de carrière, Alfred Darras devient général. Le 5 janvier 1895, il préside la cérémonie au cours de laquelle le capitaine Dreyfus est dégradé. À Paris, dans la grande cour de l’École militaire, il lui revient de déclarer : “ Alfred Dreyfus, vous n’êtes plus digne de porter les armes. Au nom du peuple français, nous vous dégradons .” Après cette sentence Dreyfus s’écrie : “ Soldats, on dégrade un innocent ! Soldats, on déshonore un innocent ! Vive la ! Vive l’armée !” Cette journée a marqué l’histoire de la France.

La famille Le Cœur possédait une propriété dans l’Aube, à Juvanzé. Pour se rapprocher de leurs amis, le général Darras et son épouse louaient, à la fin du 19 e siècle une propriété située à l’entrée du village d’Arsonval nommée Les Tilleuls. C’est aujourd’hui l’hôtel-restaurant La Chaumière 1. Le général Darras y a vécu les dernières années de sa vie. Il est décédé à Paris le 23 juin 1903.

Illustration : Allée cavalière au Bois de Boulogne : huile sur toile [261,5 x 226 cm] – Hamburger Kunsthalle, Hambourg ©.

Note complémentaire :

À partir de 1830, durant plusieurs dizaines d’années, Essoyes dispose d’une école de filles originale offerte par un certain Toussaint Darras, le dernier prévôt royal du village. Il s’agit du grand oncle du général Alfred Darras [né à Dijon en 1834] évoqué plus haut. Texte fondateur de l’établissement, le testament de Toussaint Darras datant de 1826 stipule que “ les enfants du sexe féminin ” seront admis dans l’école qui portera son nom pour “ y apprendre la vérité de la religion ainsi qu’à lire, écrire et recevoir les instructions relatives aux travaux attribués à leur sexe .” Cette sorte d’école ménagère a été fréquentée par , et Renée Jolivet. La première élèvera son fils Pierre, la seconde sera la bonne du futur cinéaste Jean Renoir et la troisième celle de Claude, né le 4 août 1901 à Essoyes. Pour de plus amples informations sur Aline, Gabrielle et Renée, on peut consulter le n° 91 de la revue La Vie en Champagne [juillet / septembre 2017] pages 18 à 45.

1 On peut constater la présence de la famille Le Cœur à Juvanzé et celle des Darras à Arsonval en consultant les états de recensements de la population de l’année 1901 (Archives de l’Aube en ligne.) Renoir, peintre impressionniste (panneau 4)

À la fin de l’année 1873, des artistes dont Renoir décident de créer une société coopérative des artistes peintres, sculpteurs, graveurs. Au printemps 1874, ils organisent la première exposition du groupe. Outre Renoir, y participent Monet, Pissarro, Berthe Morisot, Sisley, Degas, Cézanne, etc.

Jouant sur le titre d’une toile de Monet intitulée Impression, soleil levant , un journaliste les nomme “impressionnistes .” Cette appellation restera.

Les critiques sont sévères, les ventes peu nombreuses. Cependant, un marchand les soutient : Paul Durand- Ruel. La seconde exposition a lieu en 1876. Un jeune artiste y participe ; il peint, il est riche et il collectionne les tableaux des impressionnistes : il se nomme Gustave Caillebotte. Encouragé, Renoir travaille alors à un grand projet qu’il expose l’année suivante : Bal du Moulin de la Galette . Caillebotte l’achète. Renoir ne cesse de réaliser des portraits dont il tire quelques revenus.

Les Le Cœur ne sont plus ses mécènes mais une autre famille leur a succédé : les Charpentier qui comptent un important réseau de relations. Renoir reçoit des commandes et les exécute. Il cherche et trouve des débouchés auprès de collectionneurs : Victor Choquet, retraité, ancien employé de l’administration des douanes, le pâtissier Murer, le docteur Paul Gachet, le compositeur de musique Emmanuel Chabrier, le critique d’art Théodore Duret… Sur les conseils de ce dernier, Renoir revient au salon officiel en 1878 et en 1879 où il est particulièrement encouragé et aidé par les Charpentier.

Illustration : Au Moulin de la Galette : huile sur toile [78 x 114 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

La version la plus connue intitulée Bal du Moulin de la Galette [131 x 175 cm] est conservée au musée d’Orsay. Réalisée en 1876, elle fut achetée par Gustave Caillebotte qui la légua à l’État en 1894.

Outre cette toile reconnue en 1897 par Pissarro comme “ un chef-d’œuvre ” il existe une étude [huile sur toile, 64 x 85 cm] conservée à Copenhague, une autre plus petite, sommaire [46 x 28 cm] qui fit partie de la collection von Hirsch de Bâle, un pastel conservé à Belgrade et enfin celle que nous avons choisie [78 x 114 cm] qui fut acquise par le collectionneur Victor Choquet. Conservée dans sa collection durant 23 ans, elle sera vendue par sa veuve en juillet 1899 pour la somme de 10 500 francs. Pour mémoire, trois ans auparavant, en octobre 1896, Renoir faisait l’acquisition de sa propriété d’Essoyes moyennant 4 000 francs.

Aline Charigot (panneau 5)

En dehors du cercle d’amateurs qui s’élargit et passe des commandes à Renoir, depuis 1872 le marchand Paul Durand-Ruel lui achète souvent des tableaux. À cette période, peu avant 1880, Renoir fait la connaissance à Paris d’une jeune fille qui vit avec sa mère 35 rue des Martyrs. Elle s’appelle Aline Charigot, est née à Essoyes le 23 mai 1859 et y a effectué sa scolarité à “l’école Darras .” En 1874, elle est venue rejoindre sa mère à Paris pour travailler avec elle dans un atelier de couture. Renoir vit à quelques centaines de mètres de leur domicile, rue Saint-Georges. Pas étonnant qu’ils se croisent, se remarquent puis finissent par lier connaissance. Renoir a le même âge que Madame Charigot, née à Essoyes le 19 janvier 1841. Mais c’est Aline qui intéresse le peintre ; elle pourrait être un excellent modèle. Il l’invite à l’accompagner à , à l’auberge Fournaise.

C’est là, sur les bords de la Seine, qu’il entreprend la création d’une grande toile de la taille du Bal du Moulin de la Galette . Durand-Ruel la lui achète en 1881. Renoir l’avait probablement ébauchée durant l’été 1880. La jeune et belle Auboise est assise à gauche au premier plan ; elle joue avec son petit chien juché sur la table. Elle est devenue l’une des figures du Déjeuner des Canotiers , l’un des plus célèbres tableaux de Renoir. Aline a 21 ans quand elle intègre l’œuvre du peintre…

En 1885, elle en a 26 et le 28 mars, elle met au monde un garçon prénommé Pierre. Son père le reconnaît. Il a 44 ans. Le mariage a lieu cinq ans plus tard, le 14 avril 1890. Après dix ans de vie maritale, Aline Charigot devient Madame Renoir. Le 15 septembre 1894, elle accouche d’un second fils prénommé Jean. Une bonne est alors affectée à son service ; il s’agit de Gabrielle Renard, née à Essoyes le 1er août 1878. C’est le début d’une longue histoire entre elle et le futur cinéaste Jean Renoir.

En 1896, le peintre réalise une grande toile sur laquelle figurent son épouse, leurs deux fils [Pierre et Jean] ainsi que Gabrielle. Intitulé La Famille de l’artiste ce tableau est une des pièces maîtresses de la prestigieuse collection Barnes aujourd’hui conservée à Philadelphie.

Illustration : La Famille de l’artiste : huile sur toile [173 x 137,2 cm] – Barnes Foundation, Philadelphie ©.

Note complémentaire :

En 1896 Renoir devient pour la première fois de sa vie propriétaire dans le village natal de son épouse. C’est cette même année qu’il réalise cette grande toile, très probablement dans son atelier de . Il ne fait aucun doute que le fond du tableau représente l’entrée d’Essoyes.

Élevé par sa mère, Pierre lui demeure attaché. Cependant, il s’intéresse à une jeune fille de son âge qui cesse de jouer avec son ballon, le cache derrière son dos et s'emploie alors à croiser de son regard son ami Pierre. Jean Renoir assure qu’il s’agit d’une de leurs voisines de Montmartre, Marie Izambard, fille de Gerorges Izambard qui fut à Charleville le professeur de lettres de Rimbaud. Gabrielle protège le jeune Jean qui s’accroche fermement à son corsage ; l’affection est réciproque.

Gabrielle est décédée à Beverly Hills le 26 février 1959. Quinze ans après sa mort, Jean Renoir publie un livre de souvenirs, Ma vie et mes films . En voici les dernières lignes : “ Au moment de dire adieu à l’environnement de mon enfance, je pense à Gabrielle. C’est certainement elle qui m’a le plus influencé. Je lui dois Guignol et le Théâtre Montmartre. Je lui dois de comprendre l’irréalité de ce spectacle favorisant l’étude de la vie réelle. Elle m’a appris à voir les visages à travers les masques, à dépister les lâchetés derrière les redondances. Elle m’a donné l’horreur du cliché. Mon adieu au monde de mon enfance peut se formuler en deux mots : “Attends-moi, Gabrielle 1”.”

Jean Renoir s’est également éteint à Beverley Hills le 12 février 1979, deux semaines avant le vingtième anniversaire de la disparition de sa chère Gabrielle. Il est inhumé dans le cimetière d’Essoyes dans la sépulture familiale. Gabrielle repose aux Êtats-Unis avec son mari [Conrad Slade] dans le cimetière du Mont Auburn situé à proximité de Boston, en Nouvelle-Angleterre.

1 Jean Renoir, Ma vie et mes films – Flammarion, 1974 (pages 261 et 262.) La période ingresque (panneau 6)

Vers 1883, Renoir s’est éloigné de l’impressionnisme. Il affirme qu’alors il s’était fait comme une cassure dans son œuvre. “ J’étais allé jusqu’au bout de l’impressionnisme et j’arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre, ni dessiner. En un mot, j’étais dans une impasse 1.”

Aline quitte sa mère pour habiter avec Renoir. La vie de couple modifie l’existence du peintre. “ Elle me permettait de réfléchir. Elle savait maintenir autour de moi une activité qui allait avec mes préoccupations 2” raconte-t-il.

Enfin, la naissance de leur fils, en 1885, est une nouvelle étape qui marque profondément son être. “L’arrivée de mon frère Pierre devait être la grande révolution dans la vie de Renoir […] Tout en dessinant furieusement son fils […] il rebâtissait son monde intérieur 3.”

En 1887, Renoir expose à la galerie Georges Petit ses Baigneuses, essai de peinture décorative 4. Les critiques fusent. Renoir n’y est pas insensible. Durand-Ruel n’apprécie pas ces nus se détachant sur un fond composé de touches impressionnistes. Cette époque de sa carrière est appelée “ période ingresque ” ; une référence à la souplesse et la pureté des lignes rappelant l’art du peintre Ingres. On l’appelle également la “ période aigre .”

Illustration : Jeune fille se baignant nue : huile sur toile [81,2 x 65,4 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

Vers 1880, Renoir a voulu rompre avec l’impressionnisme. Il a souhaité sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait… mais il semble être entré dans une autre.

Le contour et le dessin prennent alors une importance extrême. On le voit bien sur cette baigneuse réalisée très probablement quelques mois avant son arrivée à Essoyes, en 1888. Le corps de la jeune femme n’est pas fondu dans le paysage ; il s’en détache. Comme s’il était en relief. Le fond est relativement simplifié pour accentuer la grandeur et la simplicité de la figure qui prend ainsi une allure monumentale.

Renoir s’inquiète de la réaction de son marchand de tableaux [Paul Durand-Ruel] qui reflète celle des amateurs d’art qui collectionnent ses œuvres. Pour preuve cet extrait d’une lettre de Camille Pissarro à son fils Lucien datée du 1er octobre 1888 : “ J’ai longtemps causé avec Renoir. Il m’a avoué que tout le monde, Durand, amateurs anciens, lui criait après, déplorant ses tentatives pour sortir de sa période romantique […] Il ne trouve plus de portraits à faire depuis ! Parbleu !5”

1 Ambroise Vollard : Auguste Renoir (1841 – 1919 ), page 135 2 Jean Renoir : Pierre Auguste Renoir, mon père , page 255 3 Jean Renoir : Pierre Auguste Renoir, mon père , page 271 4 Cette toile est aujourd’hui conservée à Philadelphie 5 Cité par Anne Distel dans Renoir , page 260. Citadelles et Mazenod, 2009 1888 : la découverte d’Essoyes (panneau 7)

Durant l’automne 1888, Renoir découvre Essoyes. Plusieurs correspondances en attestent. Aline et son fils Pierre l’ont précédé. Ils se sont installés dans une petite maison louée à l’entrée du village. Renoir leur rend visite à la fin du mois d’août. Il revient quelques semaines plus tard pour une période de deux mois… Un séjour très riche ! Renoir est enthousiaste. “ Je ne veux rentrer qu’avec une série de toiles, parce que ne cherchant plus, je fais des progrès à chacune ” écrit-il à Durand Ruel. Il conçoit plusieurs toiles dont trois sont de la même facture : Les Laveuses , Le Repas des vendangeuses et Le Repos des vendangeuses ; elles sont aujourd’hui conservées dans des musées des États-Unis. Sur les deux premières on remarque Aline et Pierre alors âgé de 3 ans. Les autres femmes figurant sur les tableaux sont des jeunes filles d’Essoyes demeurées anonymes. Renoir exprime à son amie Berthe Morisot le plaisir qu’il éprouve à les peindre. Il se montre en même temps satisfait de ne pas avoir à les rétribuer sur la base des tarifs parisiens qu’il juge dispendieux. “ Je suis en train de paysanner en Champagne pour fuir les modèles coûteux de Paris ” écrit- il à Berthe Morisot et à son époux Eugène Manet 1.

Renoir peint également, au cours de ce séjour durant l’automne 1888, un paysage emblématique d’Essoyes. On y reconnaît aisément l’église. Les arbres sont dépouillés de leurs feuilles ; c’est la fin de l’automne. Renoir quitte Essoyes dans les premiers jours de janvier 1889. Il avait envisagé de rentrer quelques jours plus tôt à Paris mais il est contraint d’y renoncer car il est souffrant. Sans doute gardera-t-il un mauvais souvenir de cette fin de séjour. Par la suite, il ne demeurera plus aussi tardivement dans le village et regagnera Paris dès les premiers froids.

Illustration : L’Église d’Essoyes : huile sur toile [25 x 30,8 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

L’église d’Essoyes est caractéristique avec son clocher au toit plat. Elle figure sur plusieurs œuvres de Renoir. On la reconnaît par exemple sur deux reproductions publiées dans le supplément de L’Est-éclair et Libération Champagne édité au début de l’été 2017, intitulé Dans l’intimité de Pierre Auguste Renoir [pages III et XII.] La première est une esquisse, la seconde une aquarelle.

Lors d’une promenade à Essoyes il est possible de découvrir, au bord de l’Ource, une reproduction sur pierre de lave de la toile intitulée Les Laveuses qui est conservée à Baltimore, aux États-Unis. À l’orée de l’allée du cimetière s’en trouve une autre qui représente l’entrée du village ; l’œuvre originale appartient à un collectionneur.

1 Eugène Manet est le frère du célèbre peintre prénommé Edouard. Le rêve d’Aline : propriétaire à Essoyes (panneau 8)

Renoir s’est plu dans l’Aube ; il a négocié le virage qu’il souhaitait imprimer à sa carrière. Il revient à Essoyes durant l’été 1889 et poursuit ses projets qu’il n’avait pas tous réalisés durant l’automne précédent. Une lettre qu’il adresse alors à son ami Claude Monet témoigne de cette présence dans le village natal de sa compagne.

En 1890, il épouse Aline à Paris. Deux ans plus tard, l’État lui achète une toile destinée à être exposée au musée du Luxembourg. Il choisit pour sujet les Jeunes Filles au piano et en réalise 6 versions différentes ; celle qui lui est achetée est aujourd’hui conservée au musée d’Orsay. En échange du tableau, Renoir perçoit 4 000 francs.

À Paris, la famille s’est installée dans un nouveau logement situé à Montmartre, rue Girardon ; elle occupe plusieurs pièces d’une grande maison appelée le “Château des Brouillards .” C’est là que naît en 1894 le second garçon de la famille : Jean. Une jeune fille d’Essoyes est embauchée pour devenir sa bonne. Elle se prénomme Gabrielle. Renoir la connaît, l’a déjà peinte à Essoyes et sait qu’elle fera un beau modèle. On ne tarde pas à la découvrir sur de petits portraits qui se vendent chez Durand-Ruel et bientôt chez un second et nouveau marchand, Ambroise Vollard. Renoir fait sa connaissance en 1894 grâce à Berthe Morisot. Gabrielle Renard figure bientôt sur plusieurs œuvres avec Jean.

En 1896, l’un des grands rêves d’Aline se réalise. Renoir achète une maison de vigneron à Essoyes derrière laquelle se trouvent un vaste jardin et 5 ares de vigne. Il lui en coûte 4 000 francs ; le prix d’un seul des 6 exemplaires des Jeunes Filles au piano . Le bâtiment est composé de quatre pièces et d’une vaste grange qui sera transformée en pièces habitables.

Illustration : La Maison de l’artiste à Essoyes : huile sur toile [26 x 30,3 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

Cette version de la maison peinte par Renoir est peu connue. Les premiers gros travaux ont été effectués puisque l’on voit, sur la toiture, les cheminées des nouvelles pièces qui ont été créées dans la grange qui se trouvait à gauche du bâtiment initial. Celui-ci abritait, en 1896, “ deux pièces à feu et deux chambres froides ” se trouvant à droite quand, de la rue, on regardait l’immeuble. À gauche était “ une grange 1” sous laquelle existait la plus grande des deux caves. La plus petite se trouvait sous les pièces habitables.

La toile de Renoir prouve que le grenier n’est pas encore définitivement aménagé puisque les chiens assis, visibles aujourd’hui, n’existent pas. Par contre, on découvre à gauche, couvert d’un toit rouge, un bâtiment bas adossé au pignon et se prolongeant dans la cour située devant la maison. Ce pourrait être le “ fournil ” désigné dans l’acte du notaire rédigé en 1896 ; il n’existe plus de nos jours.

1 Ces deux formulations figurent sur l’acte d’achat rédigé par le notaire. Pour davantage de détails, se reporter à Bernard Pharisien, Quand Renoir vient paysanner en Champagne , 2009, Némont éditeur.

Gabrielle, modèle favori (panneau 9)

En 1899, Renoir souffre fréquemment de rhumatismes. Dès les premiers frimas, il quitte Essoyes pour retrouver Paris où le temps est plus clément. S’il y gèle, les douleurs reprennent. Il gagne alors le sud de la France où il séjourne jusqu’au printemps. Il loue successivement à Gagnes, puis à Grasse, ensuite au Cannet et de nouveau à Cagnes qu’il adopte à partir de 1903. En 1907 il y acquiert une grande propriété, de domaine des Collettes . Madame Renoir y fait bâtir une villa cossue dans laquelle la famille emménage à l’automne 1908. Essoyes devient alors la résidence d’été, Cagnes celle d’hiver. Pour autant, Renoir ne cesse de louer un appartement et un atelier à Paris1.

Durant l’été 1901 le troisième fils Renoir est venu au monde à Essoyes. Il se prénomme Claude. Son père a alors 60 ans. Il peine à se déplacer et perd une part de son autonomie. Jean a grandi. Sa bonne, Gabrielle, cesse alors d’être à son service et entre à celui de son père. Elle accompagne l’artiste dans ses déplacements. Elle est très présente dans l’atelier. Renoir réalise des dizaines de portraits d’elle dont le plus célèbre est Gabrielle à la rose conservé à Paris au musée d’Orsay. Il a été la vedette de l’exposition Renoir et ses amis ayant lieu à Troyes au musée Saint-Loup en 1969. Il l’est redevenu durant l’été 2017 au musée d’Art moderne 2.

Illustration : Gabrielle en tunique rouge : huile sur toile [40 x 19,1 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

Entre 1901 et 1914, Renoir réalise de nombreux portraits de Gabrielle. En mars 1959, quelques jours après la mort de celle qui fut le plus grand des modèles du peintre, le journaliste aubois Gabriel Groley écrit dans L’Est-éclair : “ Renoir n’hésitait pas à dire avec une modestie pla isante : “ C’est elle qui m’a lancé !” Oui, mais recréée par la palette prestigieuse !”

Il est difficile de quantifier le nombre de toiles sur lesquelles elle figure. Renoir a peint de nombreux nus de dos. Pour combien d’entre eux a-t-elle posé ? Nul ne le sait.

Maurice Gangnat fut le plus grand collectionneur français d’œuvres de Renoir ; sur les 160 toiles qu’il a possédées jusqu’en 1925, année de leur dispersion, on remarque le visage de Gabrielle sur 20 d’entre elles. Elle figure sur 14 des 181 “ Renoir ” de la prestigieuse collection du docteur Barnes conservée à Philadelphie.

Quelques jours après sa mort, [benjamin des fils du peintre] lui rend hommage en ces termes : “ Gabrielle, ce féminin d’un prénom d’archange, pour les amateurs d’art, cela exprime la substance, l’essence, l’âme des nus de mon père 3.”

Par ailleurs, évoquant son ancienne bonne, Jean Renoir écrit : “ Mon frère Claude fut certainement l’un des modèles les plus prolifiques de Renoir. Je ne vois que Gabrielle pour le battre 4.”

1 Entre 1901 et 1912 il sera locataire rue de Caulaincourt et, de 1912 à sa mort en 1919, boulevard de Rochechouart. 2 L’exposition a eu lieu du 17 juin au 17 septembre 2017. Daphné Castano, conservatrice du musée d’Art moderne de Troyes en a été la commissaire et Paul Perrin, conservateur au musée d’Orsay, le commissaire scientifique. 3 Extrait d’un article signé “ Claude Renoir ” publié dans le n° 518 de l’hebdomadaire Paris-Match daté du 14 mars 1959. 4 Jean Renoir : Pierre Auguste Renoir, mon père , Gallimard Folio n° 1292, page 432.

Le temps des souffrances (panneau 10)

La maison de Gagnes est isolée. Fin 1911, les Renoir louent un appartement à qu’ils occupent s’ils ont besoin de soins. Renoir ne tarde pas à se déplacer en fauteuil roulant ; ses mains sont déformées par la polyarthrite rhumatoïde mais, quand il peint, il oublie ses souffrances. Sa femme n’est pas en bonne santé. Selon Jean Renoir elle “ était devenue très grosse et bougeait difficilement. Le docteur […] lui avait confirmé son diabète et que ses jours étaient comptés 1.” Fin 1913, elle congédie Gabrielle.

En août 1914, la guerre éclate. Jean est engagé depuis 1913. Mobilisé, Pierre est grièvement blessé dès septembre et perd l’usage de son bras droit. En 1915, Jean est atteint d’une balle à la jambe et risque l’amputation. Sa mère lui rend visite, plaide pour qu’on ne lui coupe pas la jambe, rentre épuisée et meurt à Nice le 27 juin 1915. Elle y est inhumée dans le cimetière du château.

Convalescent, Jean retrouve son père, à Paris. Le fils évoque ses souvenirs de guerre, Renoir ceux de sa jeunesse. Cet échange les réconforte.

Renoir ne cesse de peindre, oubliant ainsi ses souffrances physiques et morales. Gabrielle lui rend visite de temps à autre. La bonne qui lui a succédé, surnommée La Grand’Louise , voue au peintre un attachement sans limite.

Durant l’été 1919, Renoir visite Le Louvre à Paris et séjourne durant plusieurs semaines à Essoyes. De retour à Cagnes début septembre, il y décède le 3 décembre 1919. Il est inhumé à Nice auprès de son épouse.

Illustration : Vue sur les toits du Vieux-Nice : huile sur toile [26 x 27,5 cm] – Musées de Cagnes-sur-Mer ©.

Note complémentaire :

Renoir et son épouse reposeront dans le cimetière du château à Nice durant plusieurs années. Ils seront transférés dans l’Aube le 7 juin 1922 ; cette date figure sur l’un des registres paroissiaux d’Essoyes. On ne trouve aucune trace de leur exhumation à la mairie de Nice et de leur inhumation à celle d’Essoyes.

Aline [de 1915 à 1922] et son mari [de 1919 à 1922] ont occupé deux places dans le caveau de la famille Roumieux, propriétaire de l’appartement qu’ils ont loué à Nice, place de l’église du vœu, à partir de 1911. En gage de remerciements, le 20 octobre 1922, les époux Roumieux ont reçu des fils Renoir cette petite toile intitulée Vue sur les toits du Vieux-Nice . Demeurée au sein de la famille Roumieux durant huit décennies, vendue aux enchères à Nice en 2010, elle a été acquise par la ville de Cagnes-sur-Mer et est désormais conservée et visible dans la maison des Collettes 2.

1 Jean Renoir : Pierre Auguste Renoir, mon père , page 497 2 Voir pour plus de détails dans La Vie en Champagne n° 74 (avril / juin 2013) Bernard Pharisien : Les sépultures Renoir, du cimetière du château –à Nice- à celui d’Essoyes (pages 48 à 61) 1922 : la succession (panneau 11)

La succession de Renoir ne peut être liquidée qu’en 1922, lorsque Claude [né en 1901] atteint sa majorité alors fixée à 21 ans. Pierre, Jean et Claude ont du temps pour s’accorder sur le partage, notamment les 720 œuvres de Renoir stockées dans l’atelier de Cagnes ; c’est énorme !

La propriété d’Essoyes revient à Pierre, celle de Cagnes à Claude. Jean obtient une compensation financière. En mai 1922, il achète une propriété à Marlotte [Seine-et-Marne] la Villa Saint-El . En 1866, son père avait peint dans ce village Le Cabaret de la mère Antony . C’est aussi à Marlotte que Pierre Auguste Renoir avait fait la connaissance de Lise Tréhot. Au début des années 2000 Marc Le Cœur 1, historien de l’art, découvre que Renoir et Lise ont eu un garçon prénommé Pierre [né en 1868 2 à Ville- d’Avray.] Dans la même période, Jean Claude Gélineau met à jour l’existence d’une fille, Jeanne [née en 1870 à Paris 3.] Couchée sur le testament de son père, cette dernière a perçu une rente jusqu’à son décès, en 1934.

En 1922, Jean Renoir installe un four à Marlotte et y débute une carrière de céramiste qu’il interrompt en 1924, date à laquelle il tourne son premier film, La Fille de l’eau . en est la vedette. De son vrai nom Andrée Heuschling, elle a épousé Jean Renoir, en janvier 1920, après avoir été le dernier modèle de son père. Parmi les acteurs de La Fille de l’eau , outre Catherine Hessling, figurent au générique, le frère aîné de Jean [] qui est déjà un acteur confirmé… Mais aussi le peintre André Derain, un authentique amateur ! Des scènes sont tournées à Marlotte dans la Villa Saint-El , d’autres à La Nicotière , la villa qu’habitent Paul Cézanne 4 et sa famille.

C’est également en 1922, le 7 juin, que Renoir et sa femme sont inhumés définitivement à Essoyes après avoir occupé deux places du caveau de la famille Roumieux, propriétaire de l’appartement loué à Nice entre 1911 et 1919.

Illustration : Vase réalisé par Jean Renoir [26,5 cm] – Musées de Cagnes-sur-Mer ©.

Note complémentaire :

Jean Renoir s’adonne à la poterie et à la céramique durant une courte période [de 1822 à 1924.] Plusieurs de ses œuvres sont conservées et exposées à Cagnes-sur-Mer dans la maison des Collettes dont ce vase ; deux le sont à Troyes, acquises par le musée d’Art moderne.

Dans le n° 91 de La Vie en Champagne [juillet / septembre 2017] pages 47 et 48, une brève évocation de Léontine Baude, un modèle de Renoir inhumée dans le cimetière de Loches-sur-Ource donne l’occasion d’aborder le passé de son frère Louis [1891 – 1970] qui partagea les premiers pas du futur cinéaste, en Seine-et-Marne, dans une très brève carrière de céramiste. Généralement, cette activité est attribuée à Claude Renoir, le benjamin des trois fils du peintre qui a également débuté comme potier avec l’aide de Louis Baude qui exerçait alors la profession de tourneur dans une fabrique de poteries implantée à Golfe- Juan, cependant que sa jeune sœur [Léontine] était employée de maison, aux Collettes , chez les Renoir. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, sur le marché de l’art, les poteries et céramiques de Jean sont davantage prisées que celles de son frère Claude.

1 Descendant de Jules Le Cœur (voir panneau Les Darras : des Aubois .) 2 A cette époque, Aline Charigot avait 9 ans et fréquentait “l’école Darras “ à Essoyes. 3 Jeanne Tréhot, la fille cachée de Pierre Auguste Renoir ; Jean-Claude Gélineau ; Les éditions du cadratin, 2007. 4 Il s’agit du fils du peintre Paul Cézanne.

Essoyes, village de cœur des Renoir (panneau 12)

Pierre Auguste et Aline ont eu trois fils. Pierre et Jean sont nés à Montmartre ; Claude, le benjamin, a vu le jour à Essoyes.

Chacun d’eux a été élevé par une jeune Auboise : Pierre par sa mère, Jean par Gabrielle Renard. Aline et Gabrielle descendent de familles implantées dans le village depuis plusieurs générations. La bonne de Claude, Renée Jolivet, est née à Châtillon-sur-Seine [Côte-d’Or] ; elle est très jeune quand elle arrive à Essoyes avec sa mère qui s’installe dans le village comme sage-femme. Aline, Gabrielle et Renée ont toutes trois fréquenté “l’école Darras ” ouverte aux filles du village.

Pierre découvre Essoyes en 1888, en même temps que son père ; il a trois ans et figure avec sa mère sur deux tableaux peints alors dans le village : Les Laveuses et Le Repas des vendangeuses . Après la mort de son père, il hérite de la maison dans laquelle il aime venir se ressourcer. Ainsi, Pierre a fréquenté l’Aube durant plus de soixante ans.

Pour Jean, “ il n’existe pas de village comparable [à Essoyes] dans le monde entier .” Il écrit y avoir “ vécu les plus belles années de [son] enfance .” Il y vient régulièrement jusqu’en 1940 dans la maison que Pierre lui prête. Implanté ensuite en Californie, ses visites se font alors plus rares mais chaque fois qu’il vient en France il se rend dans ce qu’il appelle “ le pays natal de [sa] mère et de Gabrielle 1.”

Bien que né à Essoyes, Claude est davantage attaché à Cagnes. C’est bien naturel ; ayant hérité de la propriété des Collettes , il y a vécu presque toute sa vie. Néanmoins, il repose avec ses frères et ses parents dans le cimetière d’Essoyes.

Illustration : La Rue de l’extra à Essoyes : huile sur toile [33 x 41 cm] – collection particulière, droits réservés.

Note complémentaire :

À la naissance de Jean, en 1894, Pierre est inscrit comme pensionnaire et scolarisé au “ Collège Notre- Dame-de Sainte-Croix à Neuilly .” À partir de cette date on le voit rarement sur les toiles de son père alors que les portraits de Jean [seul ou avec Gabrielle] deviennent désormais légion.

Jean subit le même sort en 1902, un an après la naissance de Claude ; il est contraint de rejoindre Pierre à Sainte-Croix de Neuilly . Renoir se plaît alors à dessiner et peindre le dernier de ses fils.

En été, la pension est fermée. Jean passe l’essentiel des vacances dans l’Aube avec ses parents, ses frères. Il y retrouve Gabrielle, apprécie l’excellente cuisine mijotée par les bonnes qui s’activent aux fourneaux ; des plats autrement appétissants que ceux servis à la cantine de l’internat. À Essoyes, Jean savoure aussi la liberté ; c’est un véritable paradis… D’où cet hommage dithyrambique qu’il rend au village et l’attachement qu’il lui a toujours porté.

Quant au peintre son père, il a trouvé dans ce bourg situé aux confins de la Champagne et de la Bourgogne de beaux modèles et des sources d’inspiration. Cette rue au long de laquelle a été bâti son atelier n’a guère changé depuis un siècle. Quelle belle image d’Essoyes !

Par les chaudes journées d’été on s’arrête pour comparer la reproduction de l’œuvre aux nombreux éléments de paysage urbain qui subsistent… Puis on avance. Selon l’ambiance, il peut arriver d’avoir l’impression d’entrer dans la toile de Renoir et de la traverser.

1 Citations (page 373) du livre de Jean Renoir : Pierre Auguste Renoir, mon père .

Bibliographie sélective

Assouline Pierre : Grâces lui soient rendues – Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes. (Gallimard Folio n° 3999 – 2004.) Baudot , Jeanne : Renoir, ses amis, ses modèles. (Éditions littéraires de France – 1949.) Bernheim de Villers , Gaston : Petites histoires sur de grands artistes . (Bernheim-Jeune – 1940.) Dauberville , Henri : La bataille de l’impressionnisme. (Éditions J. et H. Bernheim-Jeune – 1967.) De Butler , Augustin : Renoir – Écrits, entretiens et lettres sur l’art. (Les Éditions de l’Amateur – 2002.) De Butler , Augustin : Pierre Auguste Renoir – Écrits et propos sur l’art . (Hermann éditeurs – 2009.) De Butler , Augustin : Le rire de Renoir. (L’Échoppe – 2009.) De Butler , Augustin : Connaissance de Renoir . (Hermann – 2017.) Distel , Anne : Renoir “Il faut embellir .” (Découvertes Gallimard / Réunion des musées nationaux /Arts – 1993.) Distel , Anne : Renoir. (Citadelles et Mazenod, collection Les phares – 2009.) Durand-Ruel Godfroy , Caroline : Correspondance de Renoir et Durand-Ruel (1881 – 1906 pour le tome 1 et 1897 – 1919 pour le tome 2.) Lettres réunies et annotées par Caroline Durand-Ruel Godfroy (La bibliothèque des arts, Lausanne – 1995.) Dussaule , Georges : Renoir à Cagnes et aux Collettes . (Musée Renoir, ville de Cagnes-sur-Mer, imprimerie Zimmermann – 1995.) Frère , Henri : Conversations avec Maillol. (Pierre Cailler éditeur – Genève – 1956.) Gachet , Paul : Lettres impressionnistes. (Grasset – 1957.) Gélineau , Jean-Claude : Jeanne Tréhot, la fille cachée de Pierre Auguste Renoir . (Éditions du Cadratin – 2007.) Hoog , Michel : Musée de l’Orangerie – Catalogue de la collection Jean Walter et Paul Guillaume . (Ministère de la culture, Éditions de la Réunion des musées nationaux – 1984.) Le Cœur , Marc : Renoir au temps de la bohème – L’histoire que l’artiste voulait oublier . (L’Échoppe – 2009.) Manet , Julie : Journal – préfacé par Jean Griot. (Librairie C. Klincksieck à Paris – 1979.) Mérigeau Pascal : Jean Renoir. (Flammarion, collection Grandes biographies – 2012.) Pharisien , Bernard : voir la notice biographique. Renoir , Jean : Lettres d’Amérique ; présentées par Dido Renoir et Alexander Sesonske ; introduction et notes d’Alexander Sesonske traduites par Annie Wiart. (Presses de la Renaissance, Paris – 1984.) Renoir , Jean : Correspondance [1913 – 1978] éditée par David Thompson et Lorraine LoBianco. (Plon – 1994.) Renoir , Jean : Pierre Auguste Renoir, mon père. (Gallimard Folio n° 1292 – 1981.) Il s’agit de la réédition de Renoir publié chez Hachette en 1962. Rivière , Georges : Renoir et ses amis. (Floury –1921.) Rouart , Denis : Correspondances de Berthe Morisot . (Quatre Chemins, Éditart à Paris – 1950.) Venturi , Lionello : Archives de l’impressionnisme . (Durand-Ruel – 1939.) Vollard , Ambroise : Renoir. (Les éditions G. Crès et compagnie – 1920.) Vollard , Ambroise : Souvenirs d’un marchand de tableaux . (Albin Michel, édition revue et augmentée – 2008.)

Ouvrages collectifs :

¤ Catalogue de l’exposition Renoir organisée à Londres (Hayward Gallery) du 30 janvier au 21 avril 1985, puis à Paris (Galeries nationales du Grand Palais) du 14 mai au 2 septembre 1985 et enfin à Boston (Museum of Fine Arts) du 9 octobre 1985 au 5 janvier 1986). L’ouvrage en version française est édité par le ministère de la culture et les Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1985. (Commissaires de l’exposition : Anne Distel, John House et John Walsh Jr.) ¤ Catalogue de l’exposition organisée au musée municipal de Vernon (Eure) du 18 juin au 11 septembre 1988 intitulée Frederic William MacMonnies (1863 – 1937) Mary Fairchild MacMonnies (1858 – 1946) deux artistes américains à Giverny . Les textes rédigés initialement en anglais par Mrs Adina Gordon ont été traduits en français par Madame Fons. On doit l’édition (1988) au musée municipal A.-G Poulain de Vernon (avec le concours du conseil général de l’Eure.) ¤ Catalogue de l’exposition organisée au musée d’Orsay par la Réunion des musées nationaux et le musée d’Orsay du 6 septembre 1993 au 2 janvier 1994 intitulée : De Cézanne à Matisse – Chefs-d’œuvre de la fondation Barnes , (Gallimard / Électa et Réunion des musées nationaux – 1993.) ¤ Catalogue de l’exposition Les portraits de Renoir, impressions d’une époque , organisée et mise en tournée par le Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa, Chicago et Forth Worth) entre le 27 juin 1997 et le 26 avril 1998. (Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, en collaboration avec Gallimard, Paris – 1997.) Direction du catalogue : Colin B. Bailey. ¤ Catalogue de l’exposition Renoir o Pintor da Vida organisée à São Paulo (Brésil) au Museu de Arte de São Paulo Assis Chateaubriand (coordinatrice du projet : Anne Distel) du 23 avril au 28 juillet 2002 L’ouvrage est édité par le musée. Les textes sont publiés en 3 langues (portugais, anglais et français) ce qui permet à ceux d’Anne Distel, Danièle Bloch, Claude Bouret, Jean-Claude Gélineau et Marc Le Cœur d’être lisibles dans leur version originale. ¤ Catalogue de l’exposition Renoir / Renoir ayant eu lieu à l’occasion de l’ouverture de la Cinémathèque française dans ses locaux de la rue de Bercy à Paris du 28 septembre 2005 au 9 janvier 2006 . ( Éditions de La Martinière et Cinémathèque française, 2005.) ¤ Catalogue publié à l’occasion de l’exposition Les paysages de Renoir (1865 – 1883) qui s’est tenue à Londres, Ottawa et Philadelphie entre février 2007 et janvier 2008. (5 Continents Éditions – 2007.) ¤ Catalogue de l’exposition Renoir et les familiers des Collettes organisée au musée de Cagnes-sur-Mer du 28 juin au 8 septembre 2008. Commissariat de l’exposition Virginie Journiac et Alain Girard. Édition : ville de Cagnes-sur- Mer. ¤ Catalogue de l’exposition Renoir au XX e siècle organisée à Paris ( Galeries nationales du Grand Palais ) du 23 septembre 2009 au 4 janvier 2010, à Los Angeles ( Los Angeles County Museum of Art ) du 14 février au 9 mai 2010 et Philadelphie ( Philadelphia Museum of Art ) du 17 juin au 6 septembre 2010. (Éditeurs : Réunion des musées nationaux et Musée d’Orsay, 2009) ¤ Catalogue de l’exposition Un autre Renoir organisée à Troyes ( Musée d’Art moderne ) du 17 juin au 17 septembre 2017 (Editions Snoeck, Gand, 2017.)

Revues :

Paris-Match n° 518 du samedi 14 mars 1959

Bulletins :

¤ Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne (tome CXXII, bulletin 3, septembre 2003.) ¤ Bulletins de L’association des amis du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer (janvier 2006, mars 2008.) ¤ La vie en Champagne (n° 74 – avril / juin 2013.) ¤ La vie en Champagne (n° 87 – juillet / septembre 2016.) ¤ La vie en Champagne (n° 91 – juillet / septembre 2017.)

Audio et vidéo :

¤ Archives sonores Les grandes heures (INA / Radio France) – Jean Renoir, pour tout vous dire ; entretiens avec Jean Serge diffusés sur la RTF en 1958 (4 CD – édition septembre 2005, Radio France .) ¤ Archives sonores Les grandes heures (INA / Radio France) – Jean Renoir de New York à Hollywood ; entretiens avec Hélène Tournaire (2 CD – édition novembre 1998, Compacts Radio France .) ¤ Le génie des Renoir, de père en fils – film de Catherine Aventurier (avril 2014, Multimédia France production, France 5 .)

Bernard Pharisien [email protected]

Né en 1938 à Essoyes, ancien élève de l’école du village, Bernard Pharisien a effectué ses études dans l'Aube [cours complémentaire de Bar-sur-Seine, lycée de garçons et école normale d'instituteurs à Troyes] suivies de deux années à la Sorbonne avec le statut d'étudiant salarié. Sa carrière s'est déroulée en Seine-et-Marne [Sourdun, Soisy-Bouy et Melun où il fut directeur d'école d'application de 1972 à 1993, date de son départ à la retraite.] Depuis 25 ans, l'ancien enseignant-formateur est devenu chercheur et écrivain... mais également conteur.

Auteur de huit livres publiés aux Editions Némont à Bar-sur-Aube : Célébrités d’Essoyes [1998] L’exceptionnelle Famille Hériot [2001] Pierre Renoir [2003] Victor Charigot, son grand-père [2007] Quand Renoir vint paysanner en Champagne [2009] Bornibus le Champenois [2011] Renoir de vigne en vin à Essoyes [2012] et Gabrielle d’Essoyes [2014] il a également participé à la rédaction du catalogue de l'exposition Renoir / Renoir organisée conjointement par la Cinémathèque française et le Musée d'Orsay [Éditions La Martinière – 2005.] Par ailleurs, il figure parmi les auteurs de Lieux Renoiriens [Presses universitaires de la Méditerranée – 2011] un ouvrage collectif consacré au cinéaste Jean Renoir rédigé sous la direction de Frank Curot, Professeur émérite de l’Université Stendhal Grenoble III. Il fait partie des 36 auteurs qui, sous la direction de Michel Guillard et Pierre-Marie Tricaud, ont contribué à la rédaction d’un ouvrage collectif conçu et réalisé pour appuyer l’inscription des coteaux, maisons et caves de la Champagne au patrimoine mondial de l’UNESCO [ Encyclopédie des caves de Champagne – Yvelinédition – 2014] et compte parmi les rédacteurs du Dictionnaire des Célébrités auboises [Editions de la Maison du Boulanger – 2016.]

Ses productions, les résultats de ses recherches sont désormais mentionnés dans la plupart des publications consacrées aux Renoir : le Renoir d’Anne Distel [2009] le catalogue de l’exposition Renoir au XX e siècle [2009] celui des Renoir de la collection Barnes aux États-Unis [2012,] ainsi que le Jean Renoir de Pascal Mérigeau [2012] Prix Goncourt de la biographie] par exemple. En 2014, il a contribué au film documentaire réalisé par Catherine Aventurier dont plusieurs séquences ont été tournées à Essoyes : Le génie des Renoir de père en fils [diffusé sur la chaîne France 5 , le 13 avril 2014.]

En 2017, à l’occasion de L’année Renoir , il a été l’un des auteurs du catalogue de l’exposition Un autre Renoir qui a eu lieu au musée d’Art moderne de Troyes. La revue auboise La Vie en Champagne a publié une de ses études intitulée Modèles aubois de Renoir . Enfin il a conçu et réalisé à la demande de la Bibliothèque départementale de l’Aube l’exposition : Renoir, 30 ans de présence dans l’Aube .

Rédacteur de l’unique biographie du comédien Pierre Renoir, Bernard Pharisien a également contribué à enrichir les chronologies consacrées au peintre [Pierre Auguste] et au cinéaste [Jean Renoir.] Dans la préface de Quand Renoir vint paysanner en Champagne , Anne Distel, Conservateur général du patrimoine honoraire souligne qu'il “a su renouer le fil d’une narration commencée par Jean Renoir avec l’aide de sa chère Gabrielle [...] Depuis de longues années déjà, il est celui qu’on interroge lorsqu’il s’agit d’éclaircir un point encore obscur des séjours de Renoir à Essoyes. Sa connaissance intime et irremplaçable des lieux et des gens, alliée à sa patience et à son goût pour l’érudition appliquée à l’histoire locale, a largement contribué, à travers ses publications, à mieux faire connaître ce milieu champenois que le peintre, Limousin d’origine, Parisien dès l’enfance, avait finalement adopté [...] Que Bernard Pharisien soit remercié de ses minutieuses recherches, de son enthousiasme communicatif qui aident tous ceux qui aiment Renoir à le mieux comprendre .”

Petit-neveu de Gabrielle [le plus illustre des modèles de Pierre Auguste Renoir] Bernard Pharisien est par ailleurs un acteur du tourisme aubois en milieu rural. Il fait partager gracieusement aux visiteurs et aux touristes qui se rendent à Essoyes l'intérêt qu'il porte à son village natal. Les diverses initiatives qu'il anime depuis dix-huit ans ont attiré dans le village, depuis leur création, plusieurs milliers d'amoureux du patrimoine. Ses désormais célèbres promenades contées nées en 1999 [Les matinales ] qui attirent chaque année dans le village un auditoire attentif ont valu à leur initiateur d’être proclamé lauréat des Bravos de l'accueil 2001 pour la région Champagne- Ardenne. La 19 e édition a eu lieu du 1 er juin au 31 août 2017.