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3B Productions présente Librement inspiré des oeuvres et de la correspondance de Paul Claudel, de la correspondance de Camille Claudel et des archives médicales de Camille Claudel durée : 1h37 Sortie 13 mars DISTRIBUTION PRESSE ARP SELECTION matilde incerti 13, rue Jean Mermoz 16, rue Saint Sabin 75008 PARIS 75011 PARIS Tél : 01 56 69 26 00 Tél : 01 48 05 20 80 Fax : 01 45 63 83 37 [email protected] www.arpselection.com Générique début Originaire de Villeneuve dans l’Aisne, Camille Claudel est une artiste statuaire, née en 1864, sœur de l’écrivain Paul Claudel de 4 ans son cadet. Elève puis maîtresse du sculpteur Auguste Rodin, quinze années durant, jusqu’en 1895 quand elle le quitte. En 1913 à la mort de son père et après dix années passées recluse dans son atelier du quai Bourbon à Paris, elle est internée par sa famille, pour troubles mentaux, à Ville Evrard près de Paris, puis dans le sud de la France, à Montdevergues dans le Vaucluse. Synopsis Hiver 1915. Internée par sa famille dans un asile du Sud de la France - là où elle ne sculptera plus - chronique de la vie recluse de Camille Claudel, dans l’attente d’une visite de son frère, Paul Claudel. “Camille Claudel 2012” Extraits du documentaire Bruno Dumont : L’origine du projet, c’est un message téléphonique de Juliette Binoche. J’étais en train de tourner “Hors Satan”. Et j’ai reçu un message assez long d’elle, que je ne connaissais absolument pas, où elle me disait qu’elle voulait tourner avec moi. Voilà… J’ai trouvé qu’elle était téméraire de me laisser un message. Et pendant un mois je me suis posé la question : “Mais qu’est-ce que je peux bien faire avec elle ?”, parce que je veux bien travailler avec des comédiens, mais souvent je ne vois pas ce que je peux faire avec eux… Juliette Binoche : Il s’est passé quelques semaines entre mon coup de fil et le moment où on s’est rencontrés. Quand nous nous sommes vus, moi j’avais l’idée d’un thème de film et en fait il m’a dit qu’il avait envie de filmer une femme dans sa solitu - de, dans une maison. Bruno Dumont : Le hasard a voulu que je lise un livre à propos de la vie de Camille Claudel, au moment de son internement, et en fait Juliette et elle ont le même âge. Ça a été un flash, dans mon esprit, je me suis dit : “Et bien voilà.”. Ce que j’aime assez, c’est qu’on ne sait rien sur sa vie, rien sur son internement, hormis le journal médical. Et l’idée d’écrire un scénario avec rien, ça me plaisait. Je fais un film avec quelqu’un qui passe son temps à ne pas faire grand-chose et ça me plaisait, cinématographi - quement. J’avais beaucoup d’intérêt à faire un film à la fois sur l’internement et sur l’oisiveté. Donc l’idée de tourner trois jours de la vie de Camille Claudel, c’est devenu, avec tous les éléments que j’avais, le journal, etc., un choix auquel je crois beaucoup, c’est-à-dire qu’on peut tout dire à partir de l’accessoire. Ce n’est pas la peine de raconter toute la vie de quelqu’un. En quelques secondes on peut dire la vérité. Juliette Binoche : Il m’en a parlé en disant : “C’est une femme qui fait rien, qui est neutre.”, c’est un de ses mots préférés, et donc on la suit dans sa “rienté”, j’ai envie de dire. Mais évidemment, pour un acteur, il y a une vie intérieure intense qui est rap - pelée souvent par des évènements qui semblent anodins. Il y a cette énorme intensité à l’intérieur d’elle et cette vie réglée qui est celle de l’asile. Bruno Dumont : L’idée, c’était de tourner avec des vraies personnes qui souffraient de maladie mentale, c’était ça le projet. Donc il fallait trouver un endroit dans lequel coexistaient à la fois un décor et une proximité avec les malades, soit un hôpital avec lequel il y aurait un accord avec les médecins pour que les patients participent au film. Je n’ai jamais pensé le film autrement. Quand j’ai rencontré le per - sonnel soignant, je les ai beaucoup écoutés, je n’ai pas débarqué en disant : “Voilà, c’est moi, je fais un film, etc.”. J’ai accepté beaucoup de choses sur la réalité de ces femmes. Je n’ai pas cherché à les manipuler pour en faire autre chose . Juliette Binoche : La règle de départ, pour ne pas qu’il y ait de mauvaises surprises en plein tournage, parce qu’on s’en faisait un monde de tourner là, (beaucoup plus, d’ailleurs, que ça ne l’a été en réa- lité) c’est que tous devaient m’appeler Camille. Sur le tournage tout le monde m’a appelée Camille parce que c’était plus simple, si jamais un patient improvisait une phrase. Bruno Dumont : La bonne idée, ça a été de prendre les infirmières pour jouer le rôle des sœurs, je ne l’avais pas eu au début. Je me suis dit : “Mais qu’est-ce que je vais faire si dans une prise, il se passe quelque chose ?”. Alors avec Claude, mon assistant, on a pensé : “Les infirmières vont jouer les rôles.”. Et elles ont accepté. Du coup c’est ça qui a fait corps, il y a une cohérence. Elles ont été partie prenante et je pense que les autorités médicales ont accepté aussi parce que leur personnel était là. Nous, on n’est pas des professionnels de la santé, alors de discuter ensemble tous les jours, de les voir là, présentes, c’était bien. En même temps elles nous ont aidés, elles ont fait de la mise en scène en plus, elles étaient là, elles les plaçaient, elles les tenaient, les poussaient, elles ont participé à la mise en scène. C’était à moi d’assimiler ces personnes qui sont aujourd’hui dans le film, Céline, Alexandra, Rachel, elles sont finalement devenues des personnages, parce que je n’avais pas d’idées de personnages. Donc Jessica, c’est Jessica, je n’ai pas de commentai - re à faire sur elle. Je n’ai pas de directions à lui donner. Quand je filme Rachel, quand je filme Jessica, quand je filme Christiane, je n’ai rien à faire, je pose ma caméra et je fais tourner… Je fais ça simplement, il n’y a pas de tralala, car elles donnent quelque chose qui est inimaginable, qu’aucun comédien ne peut faire, c’est impossible, et ça j’en ai besoin pour justement tenter d’exprimer cet environnement dans lequel Camille Claudel s’est trouvée, ce dont elle parle. Mais ce sera Christiane, ce sera Myriam, ce sera Jessica, des malades mentales contempo - raines, qui disent quelque chose d’ancien, qui est toujours là, devant lequel il n’y a pas beaucoup de commentaires à faire et de choses à dire. Il n’y a rien à dire. Je ne sais jamais ce qui va se passer, et c’est ça qui m’intéresse. A chaque moment où je dis “action”, il va se passer quelque chose d’imprévu, mais cet imprévu est bienvenu, il est même nécessaire dans un travail où tout doit être prévu. Donc il y a une nécessité impérieuse d’avoir un découpage strict, très, très rigoureux, mais qui peut accueillir l’imprévu. Pour que l’imprévu rentre, il doit rentrer sur des places précises. On peut donner à des pensionnaires un scotch à regarder pour faire un regard, elles le font, donc, à la limite, elles rentrent dans les lois et les contraintes qu’on a. Moi je pense que le film entraîne le spectateur dans la réalité d’un internement, sans paroles, parce que c’est des cris, c’est de la douleur, c’est du temps, c’est de l’ennui, ce sont des formes béantes de la maladie mentale qui sont justement la non-parole, l’émotion… En même temps, Paul et Camille, ce sont des intellectuels, des personnalités tout à fait capables et puissantes dans l’élocution et dans la façon de créer. Ça existe dans les lettres de Camille et dans l’œuvre de Paul. Ils ont une puissance à aller dans les profondeurs de leur être qui est absolu - ment exceptionnelle, donc le film est construit sur l’amplitude de Camille, sur l’extrémité de sa douleur, c’est-à-dire qu’elle joue des scènes tourmentées d’une façon très, très… quasiment expressionniste, même poussée à fond. Mais elle va vers la parole. C’est-à-dire que sa parole existe dans ses lettres, il y a une nécessité, même pour Juliette, de se déchirer, de s’abandonner, mais en même temps il faut retourner au texte, donc à un moment donné, il faut dire. Juliette Binoche : Bruno m’a donné les lettres de Camille, il m’a dit : “Il faut que tu les fasses tiennes.”, donc moi à partir de là, j’ai commencé à réécrire un peu, d’une façon plus parlée et en prenant à droite à gauche d’autres moments, d’autres lettres de Camille, et je les lui ai envoyées par mail, pour le pro - voquer, pour savoir si c’était dans ce sens-là qu’il voulait aller parce qu’il était quand même assez allusif, et puis il ne m’avait pas donné de scénario donc j’étais vraiment dans le vide.