CHARLIE HEBDO : LA TUERIE E Massacre Qui a Eu Lieu Ce 7 Janvier 2015 À Paris Est D’Une Extrême Gravité
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N° 67 Edité par le Janvier 2015 groupe libertaire Jules. Durand CHARLIE HEBDO : LA TUERIE e massacre qui a eu lieu ce 7 Janvier 2015 à Paris est d’une extrême gravité. Il importe pour tous non seulement d’en déplorer les effets mais sur- Ltout d’en dénoncer les causes. Une « crise économique » persistante depuis 1974 qui frappe la population et dont profitent les rapaces capitalistes avec la complicité d’une classe politique corrompue. La diffusion massive d’une idéologie obscurantiste qui nie la lutte des classes et qui favorise volontaire- ment la montée de communautarismes religieux. La tuerie à laquelle nous venons d’assister n’est qu’un des résultats dramatiques de cette situation qui a permis aux religions de redevenir un fait sociétal soit disant respectable. Le contexte de l’attentat se situe aussi dans un sec- teur musulman qui équivaut à un Opus Dei isla- miste : Négation de la foi des croyants de la même religion qui n’acceptent pas l’interprétation imposée de la bouche de plusieurs hauts responsables et de ; Réduction de la femme à un rôle de génitrice et de l’actuel premier ministre qui déblatèrent sur les Roms servante-esclave ; Obéissance absolue aux ordres des de nationalités bulgare et roumaine, qui sont pour- autorités inquisitoriales ; Assassinat moral, lorsqu’on tant des citoyens de l’Union européenne. ne peut appliquer la mort violente. L’émancipation des exploités ne sera jamais l’œuvre Toutes les religions sont porteuses d’actes fanatiques de partis politiques ou de religions, mais au contraire et criminels, Voltaire l’écrivait déjà: « Ceux qui font celle des travailleurs eux-mêmes. Toutes les religions croire des absurdités peuvent vous faire commettre sont liberticides. Les islamo-fascistes ont éliminé des des atrocités. » caricaturistes exceptionnels sur les plans humain et libertaire, accompagnés de journalistes honnêtes Si nous sommes tous Charlie, nous ne sommes ce- mais le terrorisme le plus intolérable c’est celui qui pendant pas favorables à l’unité nationale et pour laisse mourir des enfants (des milliers tous les jours) nous l’union sacrée c’est la guerre ! dans l’indifférence, les jérémiades éphémères. Ce sont le terrorisme capitaliste et le terrorisme religieux L’attentat sert les partis politiques français pour lan- (y compris le marxisme-léninisme). C’est le chômage cer une campagne de prétendue union nationale de masse, les accidents du travail au quotidien, la pour défendre la société de France, alors que c’est misère et les catastrophes écologiques… exactement ce genre de société qui génère d’en haut une xénophobie latente. Une xénophobie officialisée Groupe syndicaliste libertaire Le Havre Page1 « Ils pourront couper toutes les fleurs mais ils n’empêcheront pas la venue du printemps… » e suis choqué par l’attaque de la rédaction de trait et le cerne témoignent encore des pulsions, des Charlie hebdo ce mercredi 7 janvier. J’ai versé émotions et des intentions de son auteur. Dans les une petite larme en apprenant que Cabu en était moments de (longue) dictature, des dessinateurs, June des victimes. des photographes des cinéastes et des manipulateurs d’images ont su faire passer au- delà ou en deçà du Même si je n’étais plus qu’un lecteur occasionnel discours, un double sens qui défiait dans leur créa- de l’hebdo, lui en préférant d’autres, plus satiriques tion la censure. et plus militants (disons depuis la direction de P. Val), je me rends compte que je suis attaché à ce Effet d’identification ? Je ne peux m’empêcher de qu’a représenté la lecture de Charlie dans mon ado- penser qu’en tirant et en tuant douze membres de lescence et ma jeunesse militante. Je reste attaché la rédaction de Charlie, c’est une génération qu’on à leur humour « bête et méchant » et très souvent cherche à abattre c’est une culture libertaire qu’on pertinent. Les terroristes dans leur lâcheté n’ont, en veut faire taire… dépit de leur bêtise crasse, pas agressé au hasard : en s’attaquant en plein comité de rédaction, aux Nous devons réagir, continuer à nous indigner des satiristes, aux dessinateurs de presse et aux journa- fanatismes de tout bord, à dénoncer la haine et les listes de l’hebdo, ils se sont attaqués non seulement forces de domination et à refuser la soumission à à la liberté d’expression mais également à la liberté quelque ordre que ce soit. C’est à leur exemple, sur d’opinion. Leur fatal et sectaire fanatisme a cherché la voie de l’obstination et du rire émancipateur, que à détruire un rare exemple de presse économique- nous devons rendre hommage à Cabu, Charb, l’oncle ment libre (l’absence de pub a fragilisé les comptes Bernard, Elsa Cayat, Moustapha Ourrad, Philippe de l’hebdo ces dernières années) et politiquement Honoré, Tignous, Wolinski, Michel Renaud, fonda- indépendante. Leur attentat souligne de façon dra- teur du festival Rendez-vous du carnet de Voyage et matique et paradoxale le caractère héroïque de aux cinq autres victimes, dont les policiers Franck l’humour de Charlie. Comme beaucoup, je ne me- Brinsolaro, Ahmed Merabet et l’agent d’entretien surais pas leur courage à s’attaquer régulièrement à Frédéric Boisseau. la connerie et aux religions. Il n’y a pas non plus de hasard à ce que les sectaires aient cherché à détruire « …Nos compagnons d’infortune ont planté des ce que le conformisme du marché de l’édition peine graines, faisons en sorte qu’elles fleurissent au prin- à banaliser : le dessin ! Il y a en effet quelque chose temps prochain ». (d’après l’épitaphe gravée sur la d’irrémédiablement singulier et de subjectif dans le tombe de Malik Oussekine). dessin d’expression et de presse. En dépit des clichés et des conventions du genre, quelque chose dans le Éric Z (Questions de classes) Page2 L’arme pacifique du savoir est enrayée omme vous, j’ai été effon- de dimanche appelée par le gou- appartenance religieuse, et ce de drée quand j’ai appris l’at- vernement, qui s’est permis de manière excluante. Des étudiants tentat à Charlie Hebdo et spolier l’appel des associations. La pensaient que Dieudonné les re- Cles meurtres. J’étais au lycée où je présence à cette marche de chefs présentait. Durant l’affaire Merah, suis enseignante ; quelqu’un en a d’États qui font fi de la liberté d’ex- certains disaient comprendre,car parlé. J’ai entendu l’information pression m’apparaît comme une «quand même, les juifs,ils ont sans la prendre en compte. Sans injure envers les morts, une dupe- l’argent, c’est eux qui décident». doute, une forme de déni qui m’a rie et une manipulation de plus. «Ils soutiennent les massacres de permis de donner mes cours dans Ils doivent peut-être rire jaune Palestiniens.» la journée, comme si rien ne s’était ces caricaturistes, face à « l’élan passé. patriotique », eux qui ont été si Alors que je leur disais que tous peu soutenus lors des diverses at- les juifs ne sont pas riches, qu’ils Durant la pause, les élèves ont taques contre leur journal. N’est- ne sont pas tous des décideurs, évoqué un attentat dans un jour- il pas contradictoire d’affirmer donnant pour exemple les cités nal. Après les cours, j’ai consulté que les conflits du Moyen-Orient de Sarcelles, le silence s’instaurait mes mails sur mon téléphone ; ne doivent pas être importés en dans la classe. Puis un étudiant alors, j’ai ressenti l’effroi, la peine, France et cautionner la présence lançait : «Oui,mais il y a un lobby la colère. J’ai rejoint la rassemble- de Netanyahou, Premier ministre juif, y a qu’à voir avec la Palestine. ment sur la place de la République d’Israël, à la synagogue des Vic- ». Difficile de contre-argumen- : besoin de ne pas être seule, de toires ? ter quand les gouvernements, de partager la peine mais aussi la droite comme de gauche, flirtent colère, même avec des inconnus ; Après l’attentat à Charlie Hebdo, avec le CRIF, sorte de porte-pa- bref, être en communion. il y a eu la prise d’otages dans le role, en France, des gouverne- magasin HyperCacher, porte de ments israéliens. Autre vecteur Charlie Hebdo et ses journalistes, Vincennes, et un nouveau mas- d’antisémitisme, le sentiment caricaturistes, m’ont accompa- sacre. Tuer des juifs, sous prétexte d’injustice face à l’importance de gnée, m’ont fait rire. Parfois, J’esti- d’endosser la cause palestinienne, la mise en avant de l’holocauste, mais que telle ou telle caricature alors même qu’ainsi on la dessert ressentie comme exagérée, com- n’était pas opportune dans le en incitant au départ vers Israël, parée à la manière dont l’esclavage contexte du moment, mais je ne signifie, bien évidemment, une est évoqué, ou le colonialisme. peux concevoir une autocensure. haine profonde de l’autre, un Ils sont, toutefois, réceptifs au antisémitisme virulent. Une telle fait que les descendants ont aussi Bien sûr, il y a un choc émotion- identification à une cause nous leur part de responsabilité dans nel, conséquence de la perte bru- laisse perplexe, nous interroge. le manque de diffusion de la mé- tale de ces êtres et de l’horreur Pourquoi donc tous ces jeunes, moire historique. du massacre. Je suis en deuil et qui veulent défendre les Palesti- comme en sidération, ce qui peut niens, ne cherchent-ils pas à se Aucun doute que ce sentiment paraître paradoxal, ne connais- rendre en Palestine pour parti- d’injustice est exacerbé, voire, sant pas ces humains et n’ayant ciper à la défense de la terre, aux même, s’explique, en partie, parce pas été sur les lieux de l’attentat.