UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES
THESE
pour l’obtention du diplôme de Doctorat en Sciences de la vie
Spécialité : Physiologie végétale
Biologie et diversité génétique de Centella asiatica (L.) Urban de Madagascar
Présentée par RAKOTONDRALAMBO RAOSETA Soaharin’ny Ony
Soutenu e publiquement le 27 Septembre 2013
devant le jury composé de :
Président : Pr. Bakolimalala RAKOUTH Directeur de thèse : Pr. RAMAVOVOLOLONA Co-directeur s de thèse : Dr. Eliane RALAMBOFETRA : Dr. Franc-Christophe BAURENS Rapporteur interne : Pr. Alice ANDRIANJAKA Rapporteur externe : Pr Samuel RAZANAKA Examinateur : Pr. Doll Danielle A. RAKOTO Membre invité : Dr. Pascal DANTHU
Remerciements
Cette thèse a été réalisée dans le cadre du projet URP (Unité de Recherche en Partenariat) « Forêts et Biodiversité » qui associe l’Université d’Antananarivo, le CIRAD et le FOFIFA. Sa concrétisation a été possible grâce : - aux bourses d’étude octroyées par le CIRAD et le Gouvernement Français; - à l’appui financier du Ministère Français des Affaires Etrangères (FSP/FORMA, PARRUR), de l’Union Européenne (FOREAIM) et du groupe Yves Rocher, - à l’accueil du Grand Plateau Technique Régional de Montpellier-Languedoc Roussillon pour la réalisation du génotypage des microsatellites. Que tous en soient ici très sincèrement remerciés.
Mes vifs remerciements vont : - au Professeur Rakouth Bakolimalala qui nous a fait honneur de diriger et de présider cette thèse malgré ses obligations. Vous avez également accordez un temps précieux dans la lecture et la correction de ce manuscrit. Merci Madame Rakouth ! - au Professeur Ramavovololona, mon directeur de thèse, qui a accepté d’apporter son aide plus que précieuse et sa bienveillance dans l’élaboration de cette thèse. Vous avez toujours su faire preuve de disponibilité à mon égard et m’avez toujours encouragé. Merci Madame Ramavovololona ! - au Docteur Eliane Ralambofetra qui a bien voulu assurer mon encadrement et qui s’est dévouée pour l’amélioration de la forme et du contenu de ce manuscrit. Je tiens à vous témoigner ici ma grande reconnaissance pour votre rigueur, votre disponibilité, vos conseils, votre patience et vos encouragements. Merci Madame Ralambofetra ! - au Professeur Andrianjaka Alice et au Professeur Razanaka Samuel, mes rapporteurs, qui ont accepté d’apporter leurs critiques et leurs appréciations pour la validation de cette thèse et ceci malgré leurs lourdes responsabilités. Madame Alice et Monsieur Razanaka, je vous suis très reconnaissante ! - au Professeur Rakoto Doll, mon examinateur, qui a accepté de faire partie de ce jury et m’a fait l’honneur de prendre en considération mon travail, de le corriger et d’en juger la qualité. Merci Madame Doll ! - au Docteur Franc-Christophe Baurens pour son encadrement effectué de main de maître, pour son attention, pour sa patience et pour sa spontanéité. Ton enseignement et tes conseils m’ont aidés, m’aident et m’aideront toujours à aller de l’avant et à atteindre mes objectifs. Merci Coach !
I
- au Docteur Pascal Danthu qui a bien voulu m’accueillir au CIRAD et qui a intégré cette thèse dans les objectifs de l’URP. Je vous adresse également un grand merci pour toutes les aides financières et matérielles. Merci Monsieur Danthu ! - au Docteur Jean Louis Noyer, l’initiateur de cette thèse. Malgré ses lourdes charges professionnelles, il n’a jamais cessé de montrer son attention et d’apporter son soutien pour la bonne réalisation et la finalisation de ce travail. Merci JL ! - au Docteur Maguy Rodier-Goud qui a accepté de m’encadrer pour les études cytogénétiques. Ta gentillesse, ta simplicité et ton humour m’ont donnés non seulement du punch pour l’accomplissement de mon travail mais m’ont également encouragés à supporter ces longs mois loin de ma famille. Thank you Maguy ! - au Docteur Jean Michel Leong Pock Tsy, responsable du Laboratoire de Biologie Moléculaire à Ambatobe, pour sa disponibilité, ses recommandations, ses conseils et son appui qui m’ont accompagnés depuis le début de ma thèse. JM ! reçois ici toutes mes reconnaissances ! - au Docteur Noronirina Rakotoarisoa, qui s’est occupée des modalités administratives indispensables pour mener à terme la soutenance de cette thèse. Merci Madame Noro ! Je tiens à adresser également mes remerciements à Indena S.A. Italy et à Dulieu du Zimbabwe qui nous ont fourni les échantillons de Centella asiatica provenant de l’Asie et de l’Afrique. Un grand merci aussi à : - toute l’équipe du CIRAD Forêt Antananarivo, en particulier : *Voninavoko Rahajaniriana, mon extraordinaire binôme et Miarantsoa Rakotobe Raoelina, ma charmante copine. Misaotra Voni sy Mi a ! *Wilfred Ramahafaly, Emilson Rakotoarisoa et Lucien Rasoanaivo, les chasseurs de Centella. Misaotra an’i Wil, Son sy Lulu an ! *Ghislain Vieilledent pour m’avoir dirigé dans mes analyses statistiques. Merci Ghislain ! - tous les membres de l’équipe et tous les thésards de l’UMR DAP (Développement et Amélioration des Plantes) du CIRAD Montpellier que j’ai sollicité à un moment ou a un autre au cours de ce travail et parmi eux Gerald Oliver, Ronan Rivallan, Alexandra Lusssert, Fabien De Bellis, Jean François Rami, Claire Billot, Xavier Perrier, Ange Marie Risterrucci, Mouna Jridi et Khin Myo Mint.
II
- Aina et Rina Rakotondralambo pour leur amitié et leur aide plus que précieuse. Mankasitraka e ! Je remercie de tout cœur toutes les familles et les personnes qui m’ont offert leur amitiés et leurs soutiens et avec qui j’ai passé des moments inoubliables : Les Baurens, Les Plumain, Les Spiral, Les Andriamaneho, Les Razanamazava de Lyon, Les Rabenirina, Jacques Etienne, Nathalie Razafimahandry et Ignace Rakotoarivony. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers trois grandes familles : Les Rakotondralambo, Les Razafimahandry et Les Razanamazava. Leur confiance et leur soutien m’ont été d’un énorme encouragement. Merci particulièrement à Rakotondralambo Solofoniaina et Vololomanitra, à Rakotondralambo Andriatahiana et Voahangy, à Rakotondralambo Andrianaina et Lala, à Rakotofiringa Sylvère et Chantal les personnes que j’admire. Je voudrais également, par cette thèse, rendre hommage à feue Rasoanjanahary Christiane Colombe , ma confidente qui avait toujours cru en moi et m’avait toujours poussé à aller loin dans mes études. Merci Tati Co ! Je n’oublierai pas de remercier Tahiana, Mamin’ny Aina, Antso, Merindahy, Koto, Fanihy et Mirana, mes frères et sœurs qui ont embelli ces années de thèse par leurs amours, leurs humours et leurs emmerdements. Misaotra zalahy ô ! Je remercie spécialement Monique Razanamazava pour son amour, sa grande confiance et son aide illimitée. Merci Bébé Mo !
Rakoto Andry ! Merci du fond du cœur d’avoir eu confiance en ma capacité, d’avoir été patient et d’avoir été toujours là, même dans les pires moments. Merci Koutou ! Rakoto Ralambo Andrian’ny Soa ! Je tiens à te présenter ici mes sincères excuses pour mes absences perpétuelles. Je tiens à te remercier énormément pour ton courage, pour ta patience et pour la force que tu me procures chaque jour. Merci Loulou !
« Ny fianarana no lova tsara indrindra apetrakay ho anao » disaient-ils. Ainsi, avec tout mon amour et ma gratitude, je dédie ce mémoire à Rakotondralambo Mamy et Razafimahandry Mamiharinoro, mes racines, mes modèles, …, mes parents .
Misaotra Dada sy Mama !
III
LISTE DES ABREVIATIONS
ACP : Analyse en Composantes Principales ADN : Acide desoxyribonucléique ADNr : Acide désoxyribonucléique ribosomal AFTD : Analyse Factorielle sur Tableau de Distance ANOVA : Analyse Of Variance BSA : Bovine Serum Albumin (albumine sérique bovine) BET : Bromure d'Ethydium CIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement CTAB : Cetyl Trimethylammonium Bromide DAPI : Diamidino-2-Phényl-Indole dNTP : Désoxyribonucléotide Triphosphate EDTA : Ethylène Diamine Tétra Acétique EMBL : The European Molecular Biology Laboratory FISH : Fluorescence In Situ Hybridization FOFIFA : FOibe FIkarohana ampiharina amin'ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra ou Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural IMRA : Institut Malgache de Recherches Appliquées Kb : Kilobase min : Minute pb : Paire de bases PCR : Polymerase Chain Reaction PEG : Polyethylene Glycol RFLP : Restriction Fragment Length Polymorphism SDS : Sodium dodecyl sulfate Sec : Seconde SSC : Sodium citrate, sodium chloride SSPE : Sodium chloride, sodium phosphate monobasic, EDTA SSR : Simple Sequence Repeat
IV
TBE : Tris Base, Acide Borique, Acide Ethylene Diaminetetracetique TE : 10mM Tris, 1mM EDTA UMR DAP : Unité Mixte de Recherche - Développement et Amélioration des Plantes URP : Unité de Recherche en Partenariat WGD : Whole Genome Duplication
V
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Liste des couples d’amorces chloroplastiques avec leurs séquences et leurs températures d’hybridation (Th) ...... 39 Tableau 2 : Listes des enzymes de restrictions avec leurs caractéristiques ...... 39 Tableau 3 : Calendrier de suivi du développement des individus de Centella asiatica provenant de Vohimana (VOHI_réf) et de Morondava (MORO) ...... 52 Tableau 4 : Taux de germination des plantes de Centella asiatica provenant de Vohimana (VOHI_réf) et de Morondava (MORO) après 4 mois de semis ...... 53 Tableau 5 : Nombres de chromosomes des individus de Centella asiatica ...... 55 Tableau 6 : Nombre de chromosomes et nombre de sites ADNr 45S et ADNr 5S sur les chromosomes de Centella asiatica suite à une hybridation in-situ en fluorescence ...... 56 Tableau 7 : Densités et tailles des stomates des feuilles des individus de Centella asiatica provenant de Vohimana (VOHI_réf) et d’Ambohitromby I (AMBR_I) ...... 59 Tableau 8 : Tableau de variance de la densité de stomates des individus de Centella asiatica provenant d’Ambohitromby I (AMBR I) et de Vohimana (VOHI_réf) ...... 59 Tableau 9 : Tableau de variance de la taille de stomates des individus de Centella asiatica provenant d’Ambohitromby I (AMBR I) et de Vohimana (VOHI_réf) ...... 59 Tableau 10 : Coefficients de corrélation des huit paramètres étudiés sur la feuille de Centella asiatica ...... 60 Tableau 11 : Tableau de variance de la taille des feuilles des individus de Centella asiatica 63 Tableau 12 : Tableau de variance de la forme des feuilles des individus de Centella asiatica ...... 64 Tableau 13 : Les mutations au niveau des longueurs de fragments de restriction des individus de Centella asiatica, en utilisant comme référence l’haplotype du clone de référence VOHI_réf...... 66 Tableau 14 : Caractérisations des 20 marqueurs microsatellites de Centella asiatica ...... 69 Tableau 15 : Caractéristiques des 20 marqueurs microsatellites de Centella asiatica ...... 72 Tableau 16 : Pourcentage des allèles communs et des allèles spécifiques des individus de Centella asiatica sur les 20 marqueurs microsatellites ...... 74
Tableau 17 : Hétérozygoties observées (Ho) et hétérozygoties calculées ( He) des individus de Centella asiatica à deux allèles ...... 75
VI
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Carte de répartition mondiale de Centella asiatica d’après Encyclopedia of life ..... 7 Figure 2 : Structure chimique des principes actifs majeurs de Centella asiatica ...... 11 Figure 3 : Répartition géographique des sites de récolte de Centella asiatica à Madagascar. Chaque site de collecte est associé à un numéro dont les correspondances et les caractéristiques sont détaillées en annexe 1...... 21 Figure 4 : Répartition géographique des sites de récolte étrangers, sur la carte de répartition mondiale de Centella asiatica selon Encyclopedia of life. Ethiopie (A), Congo (B), Tanzanie (C), Zimbabwe (D), Afrique du Sud (E), Mayotte (F), La Réunion (G), Chine (H), Inde (I), Vientiane (J) , Binh Chanh (K), Cambodge (L), Malaisie (M) ...... 22 Figure 5 : Mesures réalisées sur la feuille de Centella asiatica ...... 33 Figure 6 : Dessin de fleur de Centella asiatica ...... 50 Figure 7 : Dessin d’une coupe longitudinale d’ovaire de Centella asiatica ...... 51 Figure 8 : Dessin de chromosomes avec les sites ADNr 5S (en vert) et les sites ADNr 45S (en rouge)...... 57 Figure 9 : Dessin de stomates des épidermes inférieurs des feuilles de Centella asiatica ...... 58 Figure 10 : Cercle de corrélation des huit paramètres mesurés sur la feuille de Centella asiatica , dans le plan 1-2 ...... 61 Figure 11 : Répartition des individus de Centella asiatica à feuilles réniformes (Groupe A) et à feuilles orbiculaires (Groupe B) et des individus de Centella uniflora sur le plan 1-2, suivant leurs barycentres ...... 62 Figure 12 : Type de distribution par taille d’allèles présents dans l’ensemble des échantillons de Centella asiatica . mCaCIR002 : type multimodal, mCaCIR022 : type bimodal, mCaCIR007 : type non défini ...... 71 Figure 13 : Analyse factorielle des correspondances de l’ensemble des individus de Centella asiatica et de Centella uniflora à partir de 20 marqueurs microsatellites. Projection des individus sur le premier plan (1, 2)...... 77 Figure 14 : Analyse factorielle des correspondances des individus de Centella asiatica présentant, plus de deux allèles, à partir de 20 marqueurs microsatellites. Projection des individus sur le premier plan (1, 2) mettant en évidence la différenciation des individus des régions d’Alaotra Mangoro et d’Analamanga dans le sous-groupe 1 et le reste des individus dans le sous-groupe 2...... 79
VII
Figure 15 : Analyse factorielle des correspondances de l’ensemble des individus de Centella asiatica et de Centella uniflora à partir de 20 marqueurs microsatellites. Projection des individus sur le premier plan (1, 3). Groupe A : individus tétraploïdes. Groupe B: individus diploïdes. Groupe C : individus provenant de la Montagne d’Ambre, de Tanzanie et de Zimbabwe. Groupe D : individus provenant d’Antalaha et d’Ambanja groupés avec les individus de La Réunion et des sites asiatiques...... 80 Figure 16 : Arbre de consensus obtenu de l’ensemble des individus de Centella asiatica et de Centella uniflora à l’aide du logiciel DARwin à partir de l’estimateur de distance génétique de Dice. Groupe A : individus tétraploïdes. Groupe B: individus diploïdes. ... 82 Figure 17 : Arbre de consensus obtenu des individus diploïdes de Centella asiatica et des individus étrangers, à l’aide du logiciel DARwin à partir de l’estimateur de distance génétique de Dice ...... 83 Figure 18 : Arbre de consensus obtenu des individus tétraploïdes de Centella asiatica à l’aide du logiciel DARwin à partir de l’estimateur de distance génétique de Dice ...... 84 Figure 19 : Répartition du complexe polyploïde de Centella asiatica à Madagascar, représentée sur la carte phytogéographique établie par Humbert (1955) ...... 99 Figure 20 : Localisation des zones de collecte potentielles de Centella asiatica par rapport à la région de collecte actuelle. Correspondances des points sur la carte : 8 : Marotandrano, 17 : Ampatakamaroreny, 42 : Hazomay, 51 : Analavory, 60 : Antsirabe, 63 : Marolambo, 69 : Maroharatra, 72 : Fianarantsoa...... 105
VIII
LISTE DES PHOTOS Photo 1 : Centella asiatica ...... 8 Photo 2 : Groupe d’inflorescence sur un individu de Centella asiatica ...... 9 Photo 3 : Fleur de Centella asiatica ...... 9 Photo 4 : Deux fruits de Centella asiatica ...... 9 Photo 5 : Clone de Centella asiatica issus d’une multiplication végétative par stolons ...... 10 Photo 6 : Plantules de Centella asiatica obtenues à partir de la germination de graines ...... 10 Photo 7 : Teinture mère cicatrisante (HOMEOPHARMA) ...... 14 Photo 8 : Infusette pour les maux d’estomac et de foie (HOMEOPHARMA) ...... 14 Photo 9 : Boisson fortifiante et stimulante (HOMEOPHARMA) ...... 14 Photo 10 : Poudre à préparer en décoction pour les ulcères d’estomac et les ...... 14 Photo 11 : Pommade cicatrisante (MASY) ...... 14 Photo 12 : Solution hydratante (YVES ROCHER) ...... 14 Photo 13 : Madécassol : Crème pour le traitement local d'appoint des ulcérations ...... 14 Photo 14 : Baume expert fermeté pour raffermir la peau (YVES ROCHER) ...... 14 Photo 15 : Capsules tonifiantes (FITOTABLET - ELADIET) ...... 14 Photo 16 : Centella uniflora provenant de Krisiasy ...... 32 Photo 17 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant d'Ambohitromby I ...…...….50 Photo 18 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant de Mahajanga ..………...... 50 Photo 19 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant de Morondava .…………....50 Photo 20 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant de Sahoany ..…………...... 50 Photo 21 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant d'Ambohitromby II ..…...... 50 Photo 22 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant du Cap Saint André .…...... 50 Photo 23 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant de Vangaindrano .……...... 50 Photo 24 : Fleurs des individus de Centella asiatica provenant de Vohimana …...…...….....50 Photo 25 : Coupe longitudinale de Centella asiatica provenant du Cap Saint André ...…….51 Photo 26 : Coupe longitudinale de Centella asiatica provenant de Morondava .……...…….51 Photo 27 : Coupe longitudinale de Centella asiatica provenant de Vohimana…………...….51 Photo 28 : Coupe longitudinale de Centella asiatica provenant de Mahajanga .………...... 51 Photo 29 : Semis de Centella asiatica provenant de Vohimana (clone de référence) 5 mois après les semailles…………………………….………………………………………...... ….54
IX
Photo 30 : Semis de Centella asiatica provenant de Morondava 5 mois après les semailles …...………………..…………………………………………………………………….….…54 Photo 31 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant d'Ambohitromby I………………………………………………………....………57 Photo 32 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant de Mahajanga……………………………………….…………………...………...57 Photo 33 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant de Sahoany…………………………………………………………………...……57 Photo 34 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant d'Ambohitromby II…………………………………………………..……………57 Photo 35 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant du Cap Saint André…..……………………………………………………………57 Photo 36 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant de Vangaindrano……..……………………………………………………………57 Photo 37 : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica provenant de Vohimana……..…..……………………………………………………………57 Photo 38 : Stomates des épidermes inférieurs des feuilles de Centella asiatica provenant de Vohimana …………….……..…..……………………………………………………………58 Photo 39 : Stomates des épidermes inférieurs des feuilles de Centella asiatica provenant d'Ambohitromby I…….……..…..……………………………………………………………58 Photo 40 : Feuilles orbiculaires de Centella asiatica d’Ambohitromby I …….……..………64 Photo 41 : Feuilles orbiculaires de Centella asiatica de Mahajanga …………...………...…64 Photo 42 : Feuilles orbiculaires de Centella asiatica de Morondava …….……...………..…64 Photo 43 : Feuilles réniformes de Centella asiatica du Cap Saint André …….……..………64 Photo 44 : Feuilles réniformes de Centella asiatica de Toamasina …….……...………....…64 Photo 45 : Feuilles réniformes de Centella asiatica de Sambava …….……...…………...…64 Photo 46 : Feuilles réniformes de Centella asiatica de Vohimana …….……...………….…64 Photo 47 : Feuilles de Centella uniflora …….……...…………………………………..……64
X
LISTE DES PLANCHES Planche I : Groupe d’inflorescence sur un individu de Centella asiatica .Fleur de Centella asiatica. Deux fruits de Centella asiatica ...... 9 Planche II : Clone de Centella asiatica issus d’une multiplication végétative par stolons et plantules de Centella asiatica obtenues à partir de la germination des graines ...... 10 Planche III : Quelques produits pharmaceutiques, dermatologiques et cosmétiques à base de Centella asiatica vue sur le marché international ...... 14 Planche IV : Photos des fleurs des individus de Centella asiatica provenant d’Ambohitromby I, de Mahajanga, de Morondava, de Sahoany, d’Ambohitromby II, du Cap Saint André de Vangaindrano et de Vohimana (clone de référence) ...... 50 Planche V : Coupes longitudinales d’ovaires des fleurs de Centella asiatica provenant du Cap Saint André, de Morondava, de Vohimana (clone de référence) et de Mahajanga ...... 51 Planche VI : Semis de Centella asiatica provenant de Vohimana (clone de référence) et de Morondava, 5 mois après les semailles...... 54 Planche VII : Chromosomes des cellules méristématiques des racines de Centella asiatica colorés au DAPI (bleu) après une hybridation in-situ en fluorescence des sites ADNr 5S (en vert) et des sites ADNr 45S (en rouge). Cellules des accessions à 2n=18 chromosomes provenant d’Ambohitromby I ou AMBR I, de Mahajanga ou MAJG, de Sahoany ou SAHO. Cellules des accessions à 2n=36 chromosomes provenant d’Ambohitromby II, du Cap Saint André ou CAPA, de Vangaindrano et de Vohimana, le clone de référence ou VOHI_réf ...... 57 Planche VIII : Stomates des épidermes inférieures des feuilles de Centella asiatica provenant de Vohimana ou VOHI_réf et d’Ambohitromby I ou AMBR I ...... 58 Planche IX : Différentes formes de feuilles de Centella présentes à Madagascar. Feuilles de Centella asiatica orbiculaires d’Ambohitromby I, de Mahajanga et de Morondava. Feuilles de Centella asiatica réniformes du Cap Saint André, de Toamasina, de Sambava et de Vohimana. Feuille de Centella uniflora ...... 64
XI
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Liste des sites d’échantillonnage de Centella asiatica à Madagascar, associés à leurs codes respectifs, à leurs régions et à leurs provinces d’appartenance, à leurs coordonnées géographiques, à leurs numéros de correspondance sur la carte de répartition et aux numéros de leurs extraits d’ADN ...... i Annexe 2 : Liste des sites d’échantillonnage de Centella asiatica en Afrique, aux Comores, à La Réunion et en Asie, associés à leurs codes respectifs, à leurs numéros de correspondance sur la carte de répartition et aux numéros de leurs extraits d’ADN ...... vi Annexe 3 : Principe de la PCR (Polymerase Chain Reaction) (Tagu, 1999) ...... vii Annexe 4 : Principe de la RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism) (Tagu, 1999) ...... viii Annexe 5 : Construction d’une banque génomique (Tagu, 1999) ...... ix Annexe 6 : Principe du clonage moléculaire (Tagu, 1999) ...... x Annexe 7 : Mécanisme fonctionnel d’un génotypage ...... xi Annexe 8 : Exemple de chromatogrammes révélé par GeneMapper suite à un génotypage. Chaque couleur représente le chromatogramme d’un individu pour un marqueur microsatellite ...... xii Annexe 9 : Profils de restriction ou haplotypes du génome chloroplastique des individus de Centella asiatica diploïdes et tétraploïde soumis à la combinaison amorce-enzyme de restriction FV/TaqI ...... xiii
XII
GLOSSAIRE
ADN : une hélice en double brin constituée de nucléotides (base azotée, sucre = désoxyribose et phosphate) liés les uns aux autres par des liaisons phosphodiester. Les deux chaînes nucléotidiques sont maintenues ensemble par des liaisons faibles entre les bases, appelées liaisons hydrogènes. C’est la substance fondamentale dont sont composés les gènes.
Allèle : l’une des différentes formes d’un gène qui peuvent exister au niveau d’un même locus entre les chromosomes homologues
Allogamie : croisement entre deux gamètes issus de deux individus différents
Autogamie : croisement entre deux gamètes issus du même individu.
Chromosomes : structure cellulaire retrouvé dans le noyau et représentant le support physique des gènes et de l’information génétique. Ils sont constitués d’ADN
Diploïde : un organisme possédant deux jeux de chromosomes dans chacune de ses cellules.
Fragment de restriction : polynucléotide produit à partir de la digestion d'un ADN par une enzyme de restriction.
Gène : unité fonctionnelle et physique élémentaire de l’hérédité. C’est un segment d'ADN (ou d'ARN chez virus), situé à un locus précis sur un chromosome, qui comprend la séquence codant pour une protéine, et les séquences qui en permettent et régulent l'expression.
Génome chloroplastique : ensemble du matériel génétique extranucléaire retrouvé dans les chloroplastes.
Génome chloroplastique : ensemble du matériel génétique présent dans le noyau d'une cellule
Génotypage : discipline qui vise à déterminer l’origine d’une variation génétique, à une position spécifique sur le génome pour un individu ou un groupe d’individus donnés.
Génotype : ensemble des caractères génétiques d'un individu.
Haplotype : allèle localisé à un locus d’ADN haploïde comme l’ADN chloroplastique
Hétérozygote : individu diploïde qui possède deux versions ou allèles différents pour le même gène
Locus : endroit spécifique d’un chromosome au niveau duquel est situé un gène.
Marqueur génétique : facteur génétique pouvant être identifié et servir à reconnaître des gènes ou des caractères localisés mais difficilement identifiables.
XIII
Métaphase : étape de la mitose durant laquelle les deux chromatides symétrique du chromosome sont enroulés l'une autour de l'autre. A cette étape, les chromosomes sont bien éparpillés sur les fibres chromatiques et sont bien visibles au microscope
Microsatellite : séquence d’ADN répétée en tandem dont l’unité de répétition est comprise entre 1 à 6 pb
PCR : réaction de polymérisation en chaîne. Technique d'amplification enzymatique (utilisant la Taq polymérase) in vitro d'un fragment d'ADN à partir d'amorces nucléotidiques spécifiques, permettant d'obtenir un très grand nombre de copies de ce fragment.
PCR-RFLP : technique de marquage moléculaire utilisant les enzymes de restriction pour hydrolyser un fragment d'ADN amplifié afin de révéler un polymorphisme de séquence.
Phénotype : tous caractères visibles d'un individu
Protoplaste : cellule végétale dépourvue de sa paroi pecto-cellulosique
Random priming : hybridation au hasard
Télomère : extrémité d’un chromosome.
Tétraploïde : un organisme possédant quatre jeux de chromosomes dans chacune de ses cellules.
XIV
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS …………………………………………………………………..……..I
LISTE DES ABBREVIATIONS ……………………………………………….………....IV
LISTE DES TABLEAUX ………………………………………..………………………...VI
LISTE DES FIGURES …………………………...…………………………...…………..VII
LISTE DES PHOTOS ……………………..………………...…………………...………..IX
LISTE DES PLANCHES ……………...…..……………………...……………...………..XI
LISTE DES ANNEXES ……………………..…….………………..………...…………..XII
GLOSSAIRE …………………………………………………...…...……………….…...XIII
TABLE DES MATIERES……..………………….…………………………………...... XV
INTRODUCTION ...... 1
GENERALITES ...... 5
I. TAXONOMIE ...... 6
II. ORIGINE ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE ...... 6
III. MORPHOLOGIE ...... 8 III.1. Appareil végétatif ...... 8 III.2. Appareil reproducteur ...... 9
IV. MODE DE REPRODUCTION ...... 9
V. CYTOLOGIE ...... 10
VI. PHYTOCHIMIE ...... 10 VI.1. Substances actives de Centella asiatica ...... 10 VI.2. Variation de la teneur en principes actifs de Centella asiatica ...... 11
VII. UTILISATIONS ...... 12 VII.1. Utilisations traditionnelles ...... 12
VII.2. Utilisations industrielles ...... 13
XV
VIII. POSITION ECONOMIQUE A MADAGASCAR ...... 15 VIII.1. Zones et périodes de récoltes de feuilles ...... 15 VIII.2. Taux et prix d’exportation ...... 15
IX. DIVERSITE GENETIQUE ...... 16 IX.1. Rappel sur la diversité génétique des plantes ...... 16 IX.1.1. Génomes des végétaux ...... 16 IX.1.1.1. Génome chloroplastique ...... 16 IX.1.1.2. Génome nucléaire ...... 16 IX.1.2. Techniques de marquage moléculaire utilisées pour une étude de diversité génétique de plantes ...... 17 IX.1.2.1. Restriction Fragment Length Polymorphism - Polymerase Chain Reaction (RFLP-PCR)...... 17 IX.1.2.2. Simple Sequence Repeat (SSR) ...... 17 IX.2. Diversité génétique de Centella asiatica à Madagascar ...... 18
MATERIELS ET METHODES ...... 19
I. MATERIEL VEGETAL ...... 20 I.1. Materiel végétal provenant de Madagascar ...... 20 I.2. Matériel végétal provenant d’autres pays ...... 20 I.3. Mise en place d’une collection d’herbiers ...... 22
II. METHODES ...... 23 II.1. Caractérisation de la biologie de Centella asiatica de Madagascar ...... 23 II.1.1. Etude morphologique des fleurs ...... 24 II.1.2. Etude de la reproduction sexuée ...... 24 II.1.2.1. Test de fécondation ...... 24 II.1.2.2. Germination des graines ...... 25 II.1.3. Etude chromosomique ...... 25 II.1.3.1. Etalement des chromosomes ...... 25 a. Prélèvements racinaires ...... 26 b. Traitement des racines ...... 26 c. Digestion des pointes racinaires ...... 26 d. Etalement des chromosomes ...... 27 II.1.3.2. Comptage chromosomique ...... 27
XVI
II.1.3.3. Hybridation in situ en fluorescence (FISH) ...... 28 a. Prétraitement des préparations chromosomiques ...... 28 b. Dénaturation de l’ADN chromosomique ...... 29 c. Préparation et dénaturation des sondes ...... 29 c.1. Préparation des sondes ...... 29 c.2. Préparation de la solution d’hybridation ...... 29 c.3. Dénaturation des sondes ...... 30 d. Hybridation ...... 30 e. Lavages ...... 30 f. Contre-coloration ...... 30 g. Observations...... 30 II.1.4. Etude des stomates ...... 31 II.2. Diversité de Centella asiatica de Madagascar ...... 31 II.2.1. Etude de la diversité morphologique ...... 32 II.2.1.1. L’Analyse en Composantes Principales (ACP) ...... 33 a. Présentation de la technique ...... 33 b. Analyse et interprétation des résultats ...... 33 b.1. Inertie des axes ...... 34 b.2. Corrélation entre les axes et les variables...... 34 b.3. Corrélation entre les individus ...... 34 II.2.1.2. Analyse de variance (ANOVA) ...... 34 a. Présentation de la technique ...... 34 b. Analyse et interprétation des résultats ...... 35 II.2.2. Etude de la diversité génétique ...... 35 II.2.2.1. Extraction d’ADN ...... 36 II.2.2.2. Etude du génome chloroplastique ...... 36 a. Principe de la technique RFLP-PCR ...... 36 b. Etapes de la manipulation ...... 37 b.1. Amplification ...... 37 b.2. Restriction enzymatique ...... 37 b.3. Séparation des fragments et révélation sur gel acrylamide ...... 38 c. Analyse de la diversité du génome chloroplastique ...... 38
XVII
II.2.2.3. Etude du génome nucléaire ...... 40 a. Principe de la technique SSR ...... 40 b. Etapes de la manipulation ...... 40 b.1. Construction et caractérisation de banque microsatellite ...... 40 b.1.1. Extraction d’ADN ...... 41 b.1.2. Digestion enzymatique ...... 41 b.1.3. Ligation et amplification par PCR ...... 41 b.1.4. Capture des fragments contenant un microsatellite ...... 42 b.1.5. Amplification des fragments capturés ...... 42 b.1.6. Clonage ...... 42 b.1.7. Hybridation ...... 43 b.1.8. Autoradiographie ...... 43 b.1.9. Repérage des clones positifs ...... 43 b.2. Séquençage ...... 44 b.3. Synthèse des amorces ...... 44 b.4. Génotypage ...... 44 c. Analyse de la structure du génome nucléaire ...... 46 c.1. Caractérisation des marqueurs microsatellites ...... 46 c.2. Caractérisation des allèles produits ...... 46 c.3. Indices de génétique des populations ...... 46 d. Analyse de la diversité du génome nucléaire ...... 47
RESULTATS ...... 48
I. CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES DE CENTELLA ASIATICA DE MADAGASCAR ...... 49 I.1. Morphologie des fleurs ...... 49 I.2. Reproduction sexuée ...... 49 I.2.1. Développement des plantes ...... 52 I.2.2. Fertilité des graines ...... 52 I.3. Cytogénétique ...... 54 I.3.1. Nombre de chromosomes ...... 54 I.3.2. Localisation et nombre de sites ADNr ...... 55 I.4. Densité et taille des stomates ...... 58
XVIII
II. DIVERSITE DE CENTELLA ASIATICA DE MADAGASCAR ...... 60 II.1. Diversité morphologique des feuilles ...... 60 II.2. Diversité génétique ...... 65 II.2.1. Extrait d’ADN ...... 65 II.2.2. Génome chloroplastique ...... 65 II.2.2.1. Structure du génome chloroplastique ...... 65 II.2.2.2. Diversité au niveau du génome chloroplastique ...... 66 II.2.3. Génome nucléaire ...... 67 II.2.3.1. Microsatellites de Centella asiatica ...... 67 a. Banque enrichie en locus microsatellites ...... 67 b. Séquences microsatellites ...... 67 c. Les marqueurs microsatellites ...... 68 II.2.3.1. Structure du génome nucléaire ...... 70 a. Caractéristiques des marqueurs microsatellites ...... 70 b. Caractéristiques des allèles produits ...... 72 c. Indices de génétique des populations ...... 75 II.2.3.2. Diversité au niveau du génome nucléaire ...... 76 a. Représentation graphique de la diversité génétique ...... 76 b. Représentation arborée de Neighbor-Joining ...... 81
DISCUSSIONS ...... 85
I. DIVERSITE DE CENTELLA ASIATICA A MADAGASCAR ...... 86 I.1. Diversité génétique ...... 86 I.1.1. Variations au niveau du génome chloroplastique ...... 86 I.1.2. Variation au niveau du génome nucléaire ...... 88 I.1.2.1. Nombre de chromosomes différents ...... 88 I.1.2.2. Niveau de ploïdie différent ...... 88 I.1.2.3. Variations microsatellites ...... 90 a. Diversité des populations diploïdes ...... 91 b. Diversité des populations tétraploïdes ...... 92 I.2. Diversité phénotypique ...... 94
XIX
I.3. Centella asiatica, complexe polyploïde à Madagascar ...... 95 I.3.1. Croisement entre populations ...... 95 I.3.2. Polyploïdisation de Centella asiatica ...... 95
II. CENTELLA ASIATICA DE LA REGION D ’A LAOTRA MANGORO ...... 100 II.1. Caractérisation des accessions d’Alaotra-Mangoro ...... 100 II.2. Probleme d’instabilité de la teneur en principes actifs ...... 100 II.3. Solutions proposées face à l’instabilité de la teneur en principes actifs ...... 101 II.3.1. Conservation des génotypes élites de Centella asiatica ...... 101 II.3.2. Extension de la zone de collecte de Centella asiatica ...... 103 II.3.3. Culture de Centella asiatica ...... 103
CONCLUSIONS ...... 106
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 110
ANNEXES ...... 133
PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES ...... 14
XX
INTRODUCTION
Introduction
Centella asiatica est une plante appartenant à la famille des APIACEAE, elle est originaire de l’Asie mais est très répandue dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde (Mathur et al. , 2003). Ses feuilles sont riches en asiaticoside et en madécassoside, deux triterpènes dotés de propriétés qui lui confèrent des vertus cicatrisantes et regénérantes de tissus (Hashim et al. , 2011). Ces vertus sont reconnues, d’une part dans la pharmacopée traditionnelle, avec de nombreuses applications internes et externes (Singh et al. , 2010); et d’autre part, dans la médecine moderne, qui utilise aujourd’hui les deux triterpènes de C. asiatica dans les préparations pharmaceutiques industrielles dont le Madécassol® et le Blastoestimulina® (Zheng et al. , 2007; Randriamampionona, 2010). C. asiatica est une plante médicinale très recherchée et très demandée par les pays du Nord et fait ainsi l’objet d’un commerce international important. Sur ce marché, Madagascar est le producteur le plus sollicité en raison de la richesse en principes actifs des accessions de C. asiatica malgaches. De ce fait, cette plante constitue, pour l’île, le deuxième produit d’exportation en tonnage brut de plante médicinale (Péchard et al. , 2005) après la pervenche de Madagascar, Catharanthus roseus . Bien que C. asiatica pousse dans toutes les régions de Madagascar, excepté dans la région semi-aride du Sud, les collectes destinées à l’exportation sont principalement effectuées dans la région d’Alaotra-Mangoro (Randriamampionona et al. , 2007). Du point de vue écologique, pédologique et climatique, cette région est propice au développement de C. asiatica que l’espèce y est très abondante et accessible ; et en plus d’après nos enquêtes, les accessions de cette région sont préférées du fait de leur teneur en principes actifs supposée élevée et satisfaisante. D’une part, Randriamampionona et al. (2007) ont montré que le taux de principes actifs des accessions des régions orientales est élevé par rapport à celui des accessions des Hauts-plateaux. D’autre part, Rahajanirina et al (2012) ont montré que la teneur en principes actifs des accessions orientales est plus élevée par rapport à celle des accessions occidentales. Néanmoins aucune information scientifiquement vérifiable n’est disponible auprès des importateurs pour confirmer la présomption que les accessions de la région d’Alaotra Mangoro sont les meilleures dans toute l’île. Toutefois, les importateurs de C. asiatica se plaignent récemment d’une instabilité et d’une diminution de la teneur en principes actifs des produits d’exportation et cherchent à trouver des solutions pour y remédier. Face à cette situation, nous avons soulevé l’hypothèse qu’il existe une certaine diversité génétique au sein des populations de C. asiatica malgaches et que la présence de cette diversité pourrait, au moins en partie, expliquer la richesse en principes actifs des
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Introduction accessions de la région d’Alaotra-Mangoro par la présence de génotypes particuliers. A partir de cette première hypothèse, nous supposons que l’instabilité de la teneur en principes actifs de ces accessions pourrait être une conséquence de la disparition de ces génotypes en question. Par conséquent, cette thèse vise à évaluer la diversité de C. asiatica à Madagascar, dans le but de distinguer les accessions contenant une teneur élevée en principes actifs. Pour pouvoir apprécier la diversité d’une espèce, une bonne connaissance de sa biologie est primordiale. C. asiatica a fait l’objet de plusieurs études biologiques, cependant les données sur la reproduction (Wankhar et al. , 1990a; Lopes-Consolaro et al. , 1996 ; Mathur et al. , 2003 ; Devkota et al. , 2010c) et les données cytogénétiques (Anuradha-Hore, 1976; Prasad et al. , 1985; Booncong et al. , 1995; Lopes-Consolaro et al. , 1996 ; Aziz et al. , 2007) restent parcellaires et confuses. Afin de mener à bien l’étude de diversité, ces deux éléments biologiques et tous ceux qui s’y rapportent ont été revus pour les accessions malgaches. Ainsi, nous nous sommes concentrés en premier lieu sur la caractérisation biologique de C. asiatica qui porte sur : - une description de la partie florale pour comprendre ce que peut être son fonctionnement en reproduction sexuée, - une étude de la reproduction basée sur des tests de croisements contrôlés et des tests de germination pour définir le mode de reproduction, - une étude chromosomique basée sur les techniques de cytologies classiques et sur la technique d’hybridation in-situ en fluorescence (FISH) qui ont permis respectivement de déterminer le nombre de chromosome et d’évaluer la ploïdie (D'Hont et al. , 1998; Li et al. , 2002), - une étude des stomates basée sur des comptages et des mesures des stomates des feuilles pour l’évaluation du niveau de la ploïdie (Marciniuk et al. , 2010), en complément à l’étude chromosomique Une fois que ces données biologiques ont été acquises, la diversité morphologique et génétique de C. asiatica à Madagascar ont été évaluées. Une diversité au niveau de la morphologie des feuilles et un polymorphisme au niveau du génome chloroplastique ont été détectées antérieurement lors de nos études préliminaires, mais au niveau d’un échantillonnage assez restreint (Rakotondralambo, 2006). Dans cette thèse, ces études ont été plus approfondies et ont été reproduites sur une zone d’échantillonnage plus large, représentative de toute l’île. Une étude de la morphologie des feuilles basée sur des mesures morphométriques a été effectuée en premier lieu. Ensuite, des études moléculaires du génome chloroplastique et du génome nucléaire ont été menées. Ces dernières ont été basées
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Introduction respectivement sur des techniques de marquage moléculaire par RFLP-PCR (Restriction Fragment Length Polymorphism - Polymerase Chain Reaction) et par SSR (Simple Sequence Repeat). Au final, l’ensemble des données acquises ont servi à caractériser les accessions de la région d’Alaotra-Mangoro et des accessions produisant une teneur élevée en principes actifs. Des explications relatives à l’instabilité de la teneur en principes actifs de C. asiatica ont pu être déduites et des solutions à ce problème ont été avancées en vue d’une conservation et d’une gestion durable de l’espèce. Ce manuscrit est alors subdivisé en quatre grandes parties: la première synthétise les généralités sur C. asiatica , la deuxième décrit le matériel végétal, les outils et les méthodes utilisés, la troisième rapporte les résultats obtenus qui sont ensuite discutés dans la quatrième partie.
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GENERALITES
Généralités
La famille des APIACEAE, appelée aussi OMBELLIFERES, est une famille caractérisée notamment par son inflorescence typique, une ombelle. Elle regroupe près de 300 à 455 genres et 3000 à 3750 espèces (Pimenov and Leonov, 1993) dont Centella asiatica .
I. TAXONOMIE (D OWNIE ET AL ., 1998) Règne : VEGETALE Sous-règne : EUCARYOTES Embranchement : MAGNOLIOPHYTA Classe : MAGNOLIOPSIDA Ordre : APIALES Famille : APIACEAE Genre : Centella Espèce : asiatica - (L.) Urban Synonymes : Hydrocotyle asiatica (L.) Noms vernaculaires : − à Madagascar : Talapetraka, Korokorona, Anampetraka, Tamotamovotry, Railesoka, Ilabola, Tokatsofina − à l’étranger : Gotu kola, Cochleard du pays, Cotyliole asiatique, Bevilaque, Herbe de boileau, Herbe du tigre, Pegaga, Vilakwa bevilaqua
II. ORIGINE ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE Centella asiatica est une plante originaire de l’Asie (Bontems, 1942; Mathur et al. , 2003). Cependant, elle a une large répartition géographique qui reste actuellement vague due à la non actualisation de ses zones de présence. D’après Boiteau (1943), C. asiatica serait répartie de l’Asie méridionale à Madagascar et dans toute l’Afrique équatoriale et tropicale. Selon le même auteur, C. asiatica est également présente en Tasmanie, en Nouvelle Zélande, en Nouvelle Calédonie, en Uruguay, au Paraguay, au Brésil, à Porto Rico, en Martinique, au Guadeloupe, au Guatemala, au Mexique et aux Etats-Unis. Une carte de répartition mondiale de C. asiatica a été élaborée par Encyclopedia of life (http://eol.org ) (Figure 1) en fonction des données non exhaustives qui ont été recueillies.
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Généralités
d’après Encyclopedia life of d’après
Centella asiatica
deCarte répartition mondiale de
1 : Figure
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Généralités
III. MORPHOLOGIE C. asiatica est une plante sauvage vivace, herbacée, rampante et stolonifère (Boiteau, 1943; Mathur et al. , 2003; Aziz et al. , 2007) (Photo 1).
Photo 1 : Centella asiatica
III.1. APPAREIL VEGETATIF La tige de C. asiatica est rampante, fine, et de forme cylindrique. Au niveau des nœuds se développent d’une part des racines adventives fines et très nombreuses et d’autre part des feuilles insérées en rosette. Les feuilles sont constituées par un pétiole plus ou moins court et un limbe à forme très variée. Plusieurs formes de feuilles de C. asiatica ont été décrites dans les études antérieures, cependant la dénomination de ces formes est très confuse car les termes de désignation utilisés sont subjectifs. Aziz et al. (2007) ont décrit deux formes de feuilles en Malaisie : des feuilles crénelées et des feuilles dentées. En Afrique du Sud, James et ses collaborateurs (2008) ont travaillé sur deux phénotypes de C. asiatica qui se distinguent par la forme de leurs feuilles : une décrite comme étant réniforme avec un bord de limbe crénelé et une autre dite cordiforme avec un bord de limbe sinué. Au Sri Lanka, Peiris et Kays (1996) ont également distingués des populations de C. asiatica à petites feuilles et d’autres à grandes feuilles. En Inde, une étude morphologique d’individus de C. asiatica collectés dans 16 zones géographiquement différents, menée par Mathur et al. (2003), ont montré que la forme des feuilles varie du réniforme à cordiforme. Trois morphotypes ont été distingués : des plantes courtes avec des petites feuilles à pétiole court, des plantes longues ayant des feuilles larges à pétiole long et des plantes intermédiaires des deux premiers morphotypes.
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Généralités
A Madagascar, nos études préliminaires ont montré l’existence de C. asiatica à feuilles orbiculaires et à feuilles réniformes (Rakotondralambo et al., 2007) .
III.2. APPAREIL REPRODUCTEUR Les fleurs de C. asiatica sont organisées en inflorescence qui est une ombelle simple (Planche I -Photo 2), elles sont hermaphrodites et de petites tailles de moins de 3mm (Planche I -Photo 3). Le fruit est un diakène indéhiscent, glabre et de forme orbiculaire qui renferme deux graines de forme ovale (Planche I -Photo 4).
Planche I
Photo 2 : Groupe d’inflorescence sur un individu de Centella asiatica Photo 3 : Fleur de Centella asiatica Photo 4 : Deux fruits de Centella asiatica
IV. MODE DE REPRODUCTION C. asiatica peut avoir une reproduction végétative à partir de stolons (Planche II – Photo 5), et une reproduction sexuée à partir de graines (Wankhar et al. , 1990a; Devkota et al. , 2010c) (Planche II– Photo 6). Contrairement à la reproduction végétative qui produit des clones génétiquement identiques, la reproduction sexuée conduit à une diversité génétique (Devkota et al. , 2010c). Selon Mathur et al . (2003), la reproduction sexuée de C. asiatica semble très rare car la production et la fertilité des graines exigent des conditions environnementales très strictes. Lopes-Consolaro et al . (1996) ont montré, de leur coté, que C. asiatica a un taux de stérilité de pollens élevé, et un faible taux de production de graines.
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Généralités
Planche II
Photo 5 : Clone de Centella asiatica issus d’une multiplication végétative par stolons Photo 6 : Plantules de Centella asiatica obtenues à partir de la germination de graines
V. CYTOLOGIE Le nombre de chromosomes de C. asiatica révélé par les études cytologiques antérieures est très varié. Dans une large proportion, cette plante est déterminée comme étant un diploïde possédant 2n = 2x = 18 chromosomes, avec un nombre chromosomique de base fixé à n = 9 (Anuradha-Hore, 1976; Prasad et al. , 1985; Booncong et al. , 1995; Aziz et al. , 2007). Par ailleurs, des auteurs ont observé un nombre chromosomique variant de 17 chromosomes à 36 chromosomes (Mitsukuri et al ., 1959 ; Anuradha-Hore, 1976, Das et al ., 1991 ; Kokubugata et al. , 1998). Prasad et Ammal (1985) ont conclu que les variations du nombre chromosomique de l’espèce pourraient s’expliquer par des phénomènes d’aneuploïdie et de polyploïdie. Lopes-Consolaro et al . (1996), quant à eux, ont remarqué, au niveau des populations de C. asiatica du Sud du Brésil, des ségrégations chromosomiques irrégulières et des fuseaux achromatiques anormaux dus au nombre élevé de chromosomes. Selon eux, C. asiatica serait un hexaploïde.
VI. PHYTOCHIMIE
VI.1. SUBSTANCES ACTIVES DE CENTELLA ASIATICA Diverses substances actives ont été isolées de C. asiatica , à savoir : des triterpènes, des alcaloïdes, des glycosides, des flavonoïdes et des stéroïdes (Subban, 2008). Les substances actives les plus utilisées et les plus exploitées sont les deux triterpènes qui sont l’asiaticoside et le madécassoside, avec leurs dérivés respectifs qui sont l’acide asiatique et l’acide madécassique (Figure 2) (Inamdar et al. , 1996; Rouillard-Guellec et al. ,
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Généralités
1997; Brinkhaus et al. , 2000; Randriamampionona et al. , 2007) . Ils confèrent à la plante de nombreuses vertus thérapeutiques dont la cicatris ation et la régénération des tissus.
Figure 2 : Structure chimique des principes actifs majeurs de Centella asiatica
VI.2. VARIATION DE LA TENEU R EN PRINCIPES ACTIFS DE CENTELLA ASIATICA La concentration en principe s actifs des feuilles de C. asiatica varie significativement en fonction de l’origine écologique et/ou géographique de la plante (Das et al. , 1991; Aziz et al. , 2007; Randriamampionona et al. , 2007; Munduvelil et al. , 2010). Selon Das et Mallick (1991), il existe une corrélation entre l’origine de C. asiatica , sa prod uction de principes actifs et son nombre de chromosomes. Les plantes à taux de principes actifs élevés seraient celles qui présentent des chromosomes surnuméraires dans leurs cellules. Des études ont également montré que la teneur en principes actifs de C. asiatica varie également en fonction de la forme de s feuilles. Aziz et ses collaborateurs (2007) ont confirmé ce fait en comparant la production en asiaticoside et en madé cassoside de deux phénotypes différents de C. asiatica retrouvés en Malaisie. Les mêmes observations ont été également rapportées entre les différents écotypes de l’Inde (Mathur et al. , 2003) et entre les deux phénotypes retrouvés en Afrique du Sud (James et al. , 2008). Rouillard-Guellec et ses collaborateurs (1997) ont rapporté que les plantes mal gaches recèlent une teneur très importante en principes actifs de 3 à 7 fois plus élevé e que celles de l’Inde.
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Généralités
A Madagascar, Randriamampionona et ses collaborateurs (2007) ont mis en évidence des différences de taux de principes actifs entre les plantes collectées dans des régions des Haut-plateaux et les régions orientales. La concentration moyenne d’asiaticoside varie de 2,67 à 6,42% du poids de la matière sèche, celle du madécassoside de 2,38 à 5,89%, le taux moyen d’acide asiatique varie de 0,09 à 0,64% et celui de l’acide madécassique de 0,11 à 0,59%. Par ailleurs, Rahajanirina et al . (2012) ont pu mettre en évidence une variation de la teneur en principes actifs entre deux morphotypes identifiés à Madagascar. La teneur en principes actifs des individus de l’Est à feuilles réniformes représente 7,7% de la matière sèche, tandis que celle des individus de l’Ouest à feuilles orbiculaires est de 4,7%. Bien que les feuilles du morphotype de l’Est soient petites, elle est plus productive en biomasse foliaire et en principes actifs par rapport au morphotype de l’Ouest qui présentent de grandes feuilles. Selon les mêmes auteurs, la teneur en principes actifs de C. asiatica à Madagascar est plus élevée pendant la saison de pluies, du mois de Décembre au mois de Mars avec une valeur maximale au mois de Février.
VII. UTILISATIONS
VII.1. UTILISATIONS TRADITIONNELLES C. asiatica est révérée par les asiatiques car elle fait partie des plantes miracles à usages multiples (Sushma et al ., 2010). C’est une plante médicinale pantropicale utilisée depuis plus des milliers d’années ; les manuscrits sanscrits, la médecine ayurvédique et la médecine traditionnelle chinoise en témoignent (Mathur et al ., 2003). Elle est généralement utilisée pour soigner une multitude de maladies infectieuses (Peiris et al ., 1996 ; Brinkhaus et al ., 2000). La médecine chinoise considère C. asiatica comme une plante maîtresse pour la longévité (Sushma et al ., 2010). Son usage est décrit par LiChing Yun, un guérisseur légendaire qui aurait vécu 256 ans grâce à la consommation de thé de C. asiatica . Un proverbe sri lankais affirme même que « Deux feuilles de C. asiatica par jour font fuir la vieillesse » parce que la plante est particulièrement appréciée par les éléphants qui vivent généralement très vieux (Jayasinha et al ., 1999). A Madagascar, C. asiatica est localement connue sous le nom de Talapetraka. Elle est utilisée directement sous forme de feuilles fraiches ou de feuilles sèches pour le traitement de nombreuses infections internes et externes. Elle est classée dans le groupe des plantes à substances curatives et toniques appelé « tambavy ».
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Généralités
Outre les usages médicinaux de C. asiatica , cette plante est également utilisée en alimentation. Les Malagasy l’utilisent dans leur fameux plat de riz mélangé aux brèdes appelé « vary amin’anana », ou dans le « romazava » qui est une sorte de bouillon aux brèdes. Les Vietnamiens consomment également C. asiatica selon ces mêmes préparations mais en l’associant parfois avec du soja. C. asiatica possède une valeur nutritionnelle non négligeable. Les feuilles fraiches sont d’excellentes sources de vitamine C (7mg/100g) et de vitamine A (738UI). Elles sont également riches en minéraux comme le calcium (171mg/100g), le phosphore (32mg/100g) et le fer (5.6mg/100g) (Peiris et al. , 1996). Ainsi, au Sri Lanka, cette plante est préparée sous forme de porridge et est ensuite donnée aux enfants en préscolaire afin de lutter contre les carences alimentaires (Cox et al. , 1993; Singh et al. , 2010).
VII.2. UTILISATIONS INDUSTRIELLES Diverses études scientifiques ont montré que les substances actives de C. asiatica , à savoir l’asiaticoside et le madécassoside, favorisent la prolifération des fibroblastes et la synthèse du collagène (Maquart et al. , 1999 ; Sushma et al ., 2010) et possèdent une activité antiulcéreuse (Cheng et al. , 2004; Abdulla et al. , 2010), antioxydante (Zaunol et al. , 2003), antibactérienne (Zaidan et al. , 2005), anti-inflammatoire (Guo et al. , 2004) et même anticancéreuse (Park et al. , 2005). Ces valeurs médicinales rapportées ont conduit les industries pharmaceutiques à l’utiliser dans la composition de nombreuses préparations pharmaceutiques (Raghu et al. , 2007) dont les plus connues sont le Madécassol® et le Blastoestimulina® (Randriamampionona et al. , 2007). C. asiatica apparaît également dans la formulation de nombreuses préparations dermatologiques et cosmétiques, comme les anti- vergetures et les antirides. En pharmacie, C. asiatica peut se présenter sous forme de comprimés, de gélules, de capsules, de poudre, de boisson, de teinture mère ou de crème selon le traitement (Planche III).
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Généralités
Planche III
Quelques produits pharmaceutiques, dermatologiques et cosmétiques à base de Centella asiatica vue sur le marché international
Photo 7 : Teinture mère cicatrisante (HOMEOPHARMA) Photo 8 : Infusette pour les maux d’estomac et de foie (HOMEOPHARMA) Photo 9 : Boisson fortifiante et stimulante (HOMEOPHARMA) Photo 10 : Poudre à préparer en décoction pour les ulcères d’estomac et les maladies intestinales (MASY) Photo 11 : Pommade cicatrisante (MASY) Photo 12 : Solution hydratante (YVES ROCHER) Photo 13 : Madécassol : Crème pour le traitement local d'appoint des ulcérations cutanées (BAYER) Photo 14 : Baume expert fermeté pour raffermir la peau (YVES ROCHER) Photo 15 : Capsules tonifiantes (FITOTABLET - ELADIET)
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Généralités
VIII. POSITION ECONOMIQUE A MADAGASCAR C. asiatica constitue la deuxième plante médicinale exportée de Madagascar (Péchard et al. , 2005). Les sociétés exportatrices potentielles sont BIONEXX, SOTRAMEX et CAER. Les deux premières sont basées à Antananarivo et la dernière à Ford-Dauphin. Les pays importateurs sont généralement l’Allemagne, la Belgique, la Corée du Sud, l’Espagne, les Etats-Unis, la France, l’Italie et la Suisse.
VIII.1. ZONES ET PERIODES DE RECOLTES DE FEUILLES
Les collectes destinées à l’exportation sont localisées dans la région d’Alaotra- Mangoro. Jusqu’à ce jour, C. asiatica a toujours été récoltée à l’état sauvage. Les feuilles sont récoltées à la main. La vente des feuilles séchées constitue une source de revenus pour les paysans collecteurs pendant la période de soudure (Chupin, 2010). La haute saison de récolte a lieu en saison de pluie durant laquelle la production en biomasse est très importante et la teneur en principes actifs est très élevée (Rahajanirina et al. , 2011).
VIII.2. TAUX ET PRIX D ’EXPORTATION Selon l’abondance de C. asiatica sur la zone de collecte, une personne peut prélever entre 500g et 1kg de feuilles séchées par jour, soit 2,5 à 5kg de feuilles fraiches. Les sociétés exportatrices achètent les feuilles séchées à 3000Ar le kilo (soit environ 1€), cela correspond à une source de revenus non négligeable pour les paysans collecteurs même si les revenus générés restent faibles. Dans les années 1970, la collecte annuelle représentait environ 30 tonnes de matières sèches. Actuellement, la quantité de feuilles collectées, atteint environ 600 tonnes par an (Ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts de Madagascar, 2010). La demande du marché international est en augmentation constante. Les sociétés exportent les feuilles séchées de C. asiatica à des prix de l’ordre de 9 000 000 à 12 000 000 Ar /tonne, soit 3000 à 4000 € (Ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts de Madagascar, 2010). Le commerce de C. asiatica représente des flux financiers importants et favorise une entrée de devises importantes pour Madagascar.
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Généralités
IX. DIVERSITE GENETIQUE
IX.1. RAPPEL SUR LA DIVERSITE GENETIQUE DES PLANTES La diversité génétique des plantes a été et est encore aujourd’hui largement étudiée. L’étude de cette diversité consiste à une analyse du génome de la plante par l’intermédiaire de nombreuses techniques dont la plus utilisée actuellement est le marquage moléculaire.
IX.1.1. Génomes des végétaux Le génome des plantes est distribué dans trois compartiments cellulaires : les mitochondries, les chloroplastes et le noyau. Seuls, le génome chloroplastique et le génome nucléaire, les plus utilisés dans les études de diversité des plantes, sont développés ici.
IX.1.1.1. Génome chloroplastique Le génome chloroplastique est un ADN circulaire à double brin. Il est de petite taille d’environ 35 à 217 kilobases (1 kilobase = 1kb = 103 paires de bases). Sa taille et son abondance ont fait de lui le génome le mieux caractérisé (Grivet, 2002). Ce génome est généralement hérité par voie maternelle (Curtis et al. , 1984; Yukawa et al. , 2006). Chez les plantes terrestres, l'organisation de ce génome est remarquablement conservée et son taux d'évolution est assez lent (Cui et al. , 2006). De ces faits, le séquençage de certaines portions de l’ADN chloroplastique ont permis de retracer l’évolution des grandes familles des plantes à partir de reconstruction phylogénétique (Ravi et al. , 2008). L’hérédité maternelle et l’absence de recombinaison de l’ADN cytoplasmique au moment du brassage génétique lors de la fécondation facilitent la reconstruction de la généalogie des différentes variantes génétiques (Grivet, 2002). Le génome chloroplastique est également très utilisé pour les études de diversité (Demesure et al. , 1995; Horning et al. , 2006; Dubé, 2009).
IX.1.1.2. Génome nucléaire Le génome nucléaire est le plus important dans la cellule végétale. Il peut être distingué des autres génomes par sa localisation, sa taille et sa complexité. Il peut représenter jusqu’à environ 30.000 fois la taille d’un génome chloroplastique. Une partie de l'ADN nucléaire ne code pas directement pour des protéines et sa fonction précise est encore actuellement non déterminée. Cette partie non codante comprend des séquences intergéniques assez peu connues, des séquences répétées et des répétitions en tandem d'unités de base composées de deux ou plusieurs nucléotides qui sont :
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Généralités
- les mini-satellites (Variable Numbers of Tandem Repeats) qui correspondent à des motifs répétés en tandem de 15 à 40 paires de bases. - les microsatellites ou SSR (Simple Sequence Repeat) qui sont des unités répétitives dont le motif est très court, d’une à six paires de bases, et répété de deux à 30 fois ou même plus. Ces microsatellites sont utilisés principalement dans des études de diversité génétique (Cubry et al. , 2008), des études de paternité, de flux de gènes, de dissémination du pollen et/ou des graines (Dow et al. , 1998; Austerlitz et al. , 1999) et des études de structuration des populations (Taquet, 2007).
IX.1.2. Techniques de marquage moléculaire utilisées pour une étude
de diversité génétique de plantes Plusieurs techniques de marquage moléculaire peuvent être employées pour réaliser une étude de diversité génétique de plantes. Les plus utilisées sont les RAPD (Random Amplified Polymorphic) (Murat et al. , 2003), les AFLP (Amplified Fragment Length) (Duval et al. , 2006), les RFLP-PCR (Restriction Fragment Length Polymorphism - Polymerase Chain Reaction) (Lepais et al. , 2006), les ISSR (Inter Simple Sequence Repeat) (Pissard et al. , 2006) et les SSR (Simple Sequence Repeat) (Moretzsohn et al. , 2004; Ouédraogo et al. , 2005; Lacape et al. , 2007; Barry et al. , 2008; Cubry et al. , 2008). Dans ce travail, nous nous sommes focalisés sur les RFLP-PCR et les SSR.
IX.1.2.1. Restriction Fragment Length Polymorphism -
Polymerase Chain Reaction (RFLP-PCR) La technique RFLP-PCR repose sur l’amplification in vitro d’une région connue et spécifique d’un ADN, suivie d’une digestion enzymatique spécifique (Szalanski et al, 2003). Elle consiste à digérer le fragment amplifié avec une ou plusieurs enzymes de restriction et à révéler le polymorphisme des sites de restriction par électrophorèse en gel d’agarose ou d’acrylamide (Grivet et al, 1999).
IX.1.2.2. Simple Sequence Repeat (SSR) La technique SSR consiste à travailler sur les microsatellites. En effet, les microsatellites peuvent être utilisés comme des marqueurs moléculaires, du fait qu’ils sont multialléliques et codominants, c’est-à-dire qu’ils possèdent plusieurs allèles sur un même locus et ils permettent de distinguer les hétérozygotes des homozygotes (Ellegren, 2004;
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Généralités
Vienne et al. ). Ils sont idéals pour évaluer la diversité génétique au sein d’une espèce car ils sont caractérisés par un polymorphisme extrêmement élevé (Belahbib et al. , 2005).
IX.2. DIVERSITE GENETIQUE DE CENTELLA ASIATICA A MADAGASCAR Une étude préliminaire sur la diversité génétique de C. asiatica au niveau du génome chloroplastique a été menée par nous même (Rakotondralambo, 2006). A l’issue de cette étude, nous avions pu montrer l’existence d’une diversité génétique au sein des populations de C. asiatica à Madagascar. L’étude a été basée sur l’application de la technique RFLP-PCR sur le génome chloroplastique des individus provenant de 10 sites. Par la combinaison amorces/ enzyme de restriction trnF-trnV/TaqI, deux profils identifiant d’une part les individus de l'Ouest et d’autre part les individus de l'Est ont été mis en évidence. Cette diversité génétique est corrélée à une diversité morphologique bien distincte. Ainsi deux groupes de C. asiatica ont été identifiés: un groupe de l’Ouest (Antsohihy, Bongolava, Maevatanana, Maintirano et Morondava) à feuille orbiculaire; et un groupe de l’Est (Ampasimadinika, Ford-Dauphin, Sambava, Soanierana Ivongo, Vangaindrano) à feuille réniforme. En se référant aux variétés décrites par Boiteau (1943), il a été supposé que les individus de l’Ouest pourraient appartenir à la variété abyssinica et les individus de l’Est appartiendraient à la variété typica . Pour expliquer cette diversité, deux hypothèses ont été émises. La première porte sur l’origine ancestrale des clones : la variété abyssinica proviendrait de l’Afrique et la variété typica proviendrait de l’Asie. La seconde suppose une adaptation des clones aux conditions climatiques : la variété abyssinica serait adaptée au climat sec et semi-aride de l’Ouest et la variété typica au climat humide de l’Est.
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MATERIELS ET METHODES
Matériels et méthodes
I. MATERIEL VEGETAL Le matériel végétal utilisé dans cette étude a été constitué d’individus de Centella asiatica provenant essentiellement de Madagascar et d’individus provenant d’autres pays.
I.1. MATERIEL VEGETAL PROVENANT DE MADAGASCAR Le matériel végétal malgache a été composé de populations de C. asiatica provenant de 90 localités réparties dans les 6 provinces de Madagascar (Annexe 1). Ces sites d’échantillonnage ont été choisis pour représenter au mieux les zones de distribution de C. asiatica dans toute l’île (Figure 3). Pour chaque site de collecte, 5 individus, distants d’au moins 2m, ont été prélevés ; ce qui fait un total de 450 individus. Trois types de traitement ont été effectués sur chaque individu : - une conservation des feuilles dans du silicagel pour l’étude génétique, - une collection de feuilles étalées entre deux papiers cartonnés pour l’étude de la morphologie foliaire, - une transplantation du clone en pépinière, au centre de recherche du CIRAD/FOFIFA à Antananarivo, pour une conservation in vivo Vu le grand nombre d’échantillons, un clone de référence a été nécessaire afin de faciliter le travail et pour servir de témoin pour d’éventuelles comparaisons. Parmi tous les échantillons malgaches, un clone provenant de Vohimana a été choisi pour représenter ce clone de référence. Le choix du site de Vohimana a été basé sur le fait que d’abord ce site fait partie des zones d’exploitation de la région d’Alaotra Mangoro, et que c’est un site où C. asiatica présente une teneur importante en principes actifs (Rahajanirina et al. , 2011). Ce clone de référence représente ainsi le profil de C. asiatica idéal pour l’exportation. Il a été codé VOHI_réf pour désigner Vohimana référence et son herbier a été déposé à l’herbarium de Tsimbazaza à Antananarivo.
I.2. MATERIEL VEGETAL PROVENANT D ’AUTRES PAYS Pour mieux comprendre la diversité de C. asiatica à Madagascar, la comparaison avec d’autres accessions provenant d’autres pays s’avérait indispensable. Des contacts, en Asie, en Afrique et dans les îles voisines, ont été ainsi établis avec des chercheurs pour avoir un maximum d’échantillons. En tout, 25 échantillons provenant de 13 sites étrangers nous sont parvenus, dont 6 sites de l'Asie, 5 sites de l’Afrique, un site de Mayotte et un site de l’île de La Réunion (Annexe 2) (Figure 4). Les collecteurs ont fait parvenir soit des feuilles fraichement collectées et conservées dans du silicagel, soit des feuilles séchées.
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Matériels et méthodes
Figure 3 : Répartition géographique des sites de récolte de Centella asiatica à Madagascar. Chaque site de collecte est associé à un numéro dont les correspondances et les caractéristiques sont détaillées en annexe 1.
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Matériels et méthodes
Figure 4 : Répartition géographique des sites de récolte étrangers, sur la carte de répartition mondiale de Centella asiatica selon Encyclopedia of life. Ethiopie (A), Congo (B), Tanzanie (C), Zimbabwe (D), Afrique du Sud (E), Mayotte (F), La Réunion (G), Chine (H), Inde (I), Vientiane (J) , Binh Chanh (K), Cambodge (L), Malaisie (M)
Tous les individus malgaches et étrangers ont été codés par 4 lettres en majuscules correspondant à leurs sites d’origine, suivies d’un numéro du clone qui va de 01 à 05, lorsqu’il y a plus d’un individu. Exemple : TOAM 03 pour le troisième individu collecté à Toamasina TANZ pour l’individu provenant de la Tanzanie
I.3. MISE EN PLACE D ’UNE COLLECTION D ’HERBIERS Pour chaque site de collecte à Madagascar, un clone fertile, avec des fleurs ou des fruits, a été monté en herbier. Cette collection est actuellement disponible à l’herbarium national TAN du Parc Zoologique de Tsimbazaza à Antananarivo.
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Matériels et méthodes
II. METHODES Compte tenu des objectifs, nous avions effectué en premier lieu la caractérisation biologique de C. asiatica et ensuite l’étude de diversité morphologique et génétique de l’espèce.
II.1. CARACTERISATION DE LA BIOLOGIE DE CENTELLA ASIATICA DE
MADAGASCAR Dans ce travail, la caractérisation biologique de C. asiatica a été particulièrement axée sur la morphologie des fleurs, le mode de reproduction et le niveau de ploïdie. Outre le clone de référence, sept localités sur les 90 sites d’études ont été choisies pour réaliser cette étude biologique. La forme des feuilles et la provenance ont été les critères considérés dans ce choix : - le clone de référence provenant de Vohimana (VOHI_réf), à feuilles réniformes, - 15 individus à feuilles réniformes dont 5 provenant d’Ambohitromby II (AMBR II), 5 du Cap Saint André (CAPA), et 5 de Vangaindrano I (VANG I), - 20 individus à feuilles orbiculaires provenant d’Ambohitromby I (AMBR I), de Mahajanga (MAJG), de Morondava (MORO) et de Sahoany (SAHO) Le site d’Ambohitromby (AMBR) a été particulièrement choisi du fait que des individus à feuilles réniformes et à feuilles orbiculaires y coexistent. Pour chaque paramètre biologique étudié, ces 36 individus n’ont pas toujours été utilisés en totalité mais les deux critères cités ci-dessus ont été toujours considérés. Dans certains cas, le matériel végétal a été constitué du clone de référence et d’individus à feuilles orbiculaires d’un site sélectionné au hasard. Dans le cadre de cette caractérisation, plusieurs approches ont été développées :
- une étude de la morphologie florale basée sur des observations macroscopiques - une étude de la reproduction sexuée basée sur des tests de croisements contrôlés et des tests de germination - une étude chromosomique basée sur les techniques de cytologies classiques et sur la technique d’hybridation in-situ en fluorescence (FISH) - une étude des stomates basée sur un comptage et une mesure des dimensions des stomates
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Matériels et méthodes
II.1.1. Etude morphologique des fleurs L’objectif de l’étude de la morphologie florale a été de confirmer les caractéristiques des fleurs de C. asiatica et de les comparer. Les paramètres observés pour chaque fleur ont été : - le nombre et la couleur des sépales - le nombre et la couleur des pétales - le nombre et la disposition des étamines - la forme et l’ouverture des sacs polliniques - la forme du pistil - la forme de l’ovaire Les observations ont été réalisées sur les 36 échantillons. Cinq fleurs par échantillon ont été étudiées. Les fleurs de C. asiatica étant de petites tailles, les observations ont été réalisées sous une loupe binoculaire Optikam Pro 3.
II.1.2. Etude de la reproduction sexuée Cette étude consistait en premier lieu à déterminer le type de reproduction sexuée existant chez C. asiatica , pour définir si l’espèce présente une fécondation libre ou une autofécondation ; et en second lieu à vérifier la fertilité des graines. Pour répondre à ces objectifs, un test de fécondation et un test de germination ont été menés, d’une part sur le clone de référence (VOHI_réf), à feuilles réniformes, et d’autre part sur un individu de Morondava (MORO), à feuilles orbiculaires.
II.1.2.1. Test de fécondation Deux tests ont été réalisés : un test d’autofécondation et un test de fécondation libre. Chaque localité, Vohimana et Morondava, a été représentée par 6 plantules issues d’un même clone, soit 3 plantules pour chacun des tests prévus. Pour que tous les individus soient au même niveau de départ, il a fallu que chaque plantule ait 3 jeunes feuilles. Chacune d’elles a été ensuite plantée dans un vase de végétation, sur un substrat composé d’argile et de compost (volume/volume) provenant d’Andralanitra. Afin de tester la capacité de C. asiatica à l’autofécondation, chaque plantule a été isolée à l’intérieur d’une mini-serre de 1,60m x 1,20m x 1m. Les 6 mini-serres ont été placées dans des endroits à conditions environnementales identiques. Dans ces conditions, les fleurs ne peuvent être pollinisées que par les pollens des fleurs du même individu.
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Matériels et méthodes
Pour la fécondation libre, les vases de végétation ont été placés au milieu de la pépinière de C. asiatica du CIRAD à Antananarivo, à des endroits qui présentent des conditions environnementales identiques à celles où les mini-serres ont été placées. Les stigmates des fleurs de ces individus sont donc exposés à des pollens de n’importe quels individus. Des suivis hebdomadaires du développement de ces plantes ont été effectués après l’apparition des fleurs pour voir si des fruits se forment à partir des fleurs et si ces fruits atteignent la maturité. Les éléments considérés durant ce suivi ont été la date de plantation, la période de floraison, de fructification et de maturation des fruits.
II.1.2.2. Germination des graines Pour l’étude de germination, les fruits matures issus des tests de fécondation ont été semés sur un substrat composé d’argile et de compost (volume/volume) provenant d’Andralanitra. Des suivis hebdomadaires du nombre de graines germées ont été ensuite effectués durant 4 mois pour évaluer la capacité de germination de ces graines.
II.1.3. Etude chromosomique Cette étude chromosomique a été menée dans le but de déterminer le nombre de chromosomes et le niveau de ploïdie de C. asiatica à partir, respectivement, d’un comptage chromosomique classique et de la réalisation de la technique FISH. Elle a été effectuée au sein du laboratoire de cytogénétique de l’UMR AGAP_ Departement BIOS du CIRAD Lavalette à Montpellier. Etant donné que sa réalisation requiert du matériel frais, le clone de référence et trois individus provenant de chacun des sept sites sélectionnés pour la caractérisation biologique ont été transplantés à la serre du CIRAD à Montpellier. Cette collection de travail, constituée de 22 échantillons, a été seulement mise en place pour la durée de la thèse. L’étude des chromosomes s’est faite en trois grandes étapes : - l’étalement des chromosomes - le comptage des chromosomes - la détermination du niveau de ploïdie par la technique FISH
II.1.3.1. Etalement des chromosomes L’étalement des chromosomes consistait à libérer les chromosomes des cellules de la plante grâce à une digestion enzymatique des parois cellulaires et à les étaler sur une lame d’observation. L’étude chromosomique peut être réalisée à partir de tous tissus présentant un
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Matériels et méthodes bon index mitotique et/ou méiotique, tels que les méristèmes racinaires, les carpelles, les méristèmes apicaux, les boutons floraux ou les anthères. Pour C. asiatica , elle a été réalisée à partir des méristèmes racinaires des plantes cultivées en serre au CIRAD à Montpellier et suivant le protocole modifié de D’hont (1996) qui s’effectue en quatre étapes : - les prélèvements racinaires, - le traitement des racines, - la digestion des pointes racinaires, - l’étalement des chromosomes
a. Prélèvements racinaires Des pointes racinaires de 0,5cm de longueur ont été prélevées sur chaque individu. Suite à des essais de prélèvement de racines de C. asiatica à différentes heures, les prélèvements définitifs ont été effectués 3 heures après le lever du soleil, période où les cellules racinaires de C. asiatica sont en métaphase, étape durant laquelle les chromosomes sont bien éparpillés sur les fibres chromatiques et donc bien visibles au microscope (Genevès, 1996).
b. Traitement des racines Les racines fraîchement prélevées ont été lavées dans un tampon phosphate contenant 0,5% de sulfite de sodium. Après le lavage, elles ont été immergées dans une solution d’Hydroxyquinoléine (0,04%) et mises à l’obscurité pendant 4h à température ambiante. Cette incubation inhibe la formation des fibres chromatiques et bloque ainsi les chromosomes à la métaphase. Les racines ont été ensuite fixées pendant 72h dans une solution d’éthanol-acide acétique en proportion 3:1, tout d’abord 24h à température ambiante puis 24h à 4°C. Les racines ainsi traitées ont été gardées dans une solution d’éthanol à 70% à 4°C. Elles peuvent être utilisées directement pour la suite des opérations ou être conservées dans cet état pendant plusieurs mois pour des utilisations ultérieures.
c. Digestion des pointes racinaires La digestion enzymatique libère les chromosomes en détruisant les parois cellulaires. Les racines gardées dans l’éthanol 70% ont été rincées à l’eau distillée pendant 20min (2 x 10min) puis hydrolysées dans un bain d’acide chlorhydrique 0,25N pendant 10min pour ramollir les parois cellulaires. Elles ont été ensuite rincées à l’eau distillée pendant 10min (2 x 5min). Afin de favoriser l’activité des enzymes, les racines ont été plongées dans un tampon
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Matériels et méthodes citrate (0,01M tri-sodium citrate di-hydrate, 0,5M acide citrique monohydrate, pH 4,5). L’apex racinaire a été ensuite coupé et incubé dans une solution enzymatique (1% cellulase Onozuka R-10, 1% pectolyase Y-23, 1% cytohelicase dans le tampon citrate) à 37°C. Le temps de digestion est variable selon les genres, les espèces et la taille des racines. Pour C. asiatica le temps d’obtention de protoplastes est de 20min pour les racines de petites tailles et 55min pour les plus grosses. Après la digestion, les racines ont été rincées et puis immergées dans de l’eau distillée pour la réhydratation. Le méristème racinaire et la coiffe des racines ont été dissociés grâce à un mouvement délicat et répété d’aspiration et de refoulement à l’aide de micropipettes pasteurs. Le méristème racinaire était ainsi prêt pour l’étalement.
d. Etalement des chromosomes Le méristème racinaire, débarrassé de sa coiffe, a été placé sur une lame, l’excès d’eau a été épongé à l’aide d’un papier absorbant. Une goutte de fixateur éthanol-acide acétique en proportion 3:1 lui a été ajoutée afin d’éclater les protoplastes. Les tissus ont été ensuite dissociés et étalés sur la lame à l’aide d’une pince très fine, sous une loupe binoculaire. Puis la lame a été séchée à l’air libre. Après vérification sous microscope à contraste de phase, les lames présentant les meilleures plaques métaphasiques ont été mises à l’étuve à 37°C pendant une nuit puis conservées à 4°C afin d’être colorées pour le comptage chromosomique ou pour l’hybridation.
II.1.3.2. Comptage chromosomique Les chromosomes étalés sur la lame ont été colorés à l’aide d’une goutte de 4’,6- Diamidino-2-phényl-indole (DAPI, Sigma) à 1,5µg/ml, montés dans de l’anti-fade (Abcys vector), l’anti-fade ayant la propriété de maintenir la coloration des chromosomes. Après la coloration, une lamelle de verre a été colmatée avec du vernis à ongle ordinaire sur la lame. Cette dernière a été ensuite observée au microscope à fluorescence Leica DMRAX2 (Heidelberg Allemagne). Les images des chromosomes ont été capturées avec une caméra digitale «ORCA-ER C4742-80 » Hamamatsu, visionnées et photographiées à l’aide du logiciel Volocity (Perkin Elmer). Les chromosomes ont été enfin comptabilisés à l’aide du logiciel Image J. Pour éviter les erreurs et les ambigüités, tout comptage a été vérifié par deux personnes différentes.
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Matériels et méthodes
II.1.3.3. Hybridation in situ en fluorescence (FISH) La FISH de C. asiatica a été réalisée suivant le protocole modifié de D’Hont (1996). Cette technique consiste à détecter une séquence spécifique du génome en y hybridant une portion d’ADN connue marquée avec des éléments radioactifs. Cette portion d’ADN est appelée sonde. Dans cette étude, l’objectif a été de déterminer le nombre et la position des sites ou locus d’ADN ribosomaux (ADNr) 45S et 5S sur les chromosomes de C. asiatica, afin d’en tirer le nombre de chromosomes de base et le niveau de ploïdie de l’espèce. Le nombre de chromosomes de base d’une espèce peut-être déterminé en divisant le nombre total de chromosomes par le nombre de sites ADNr détecté pour chaque locus (D'Hont et al. , 1998) et le nombre de sites ADNr révélé par la technique FISH permet de déterminer le niveau de ploïdie des plantes (D'Hont et al. , 1998; Li et al. , 2002). Une espèce diploïde devrait présenter deux sites ADNr 5S et deux sites ADNr 45S, une espèce triploïde aurait 3 sites de chaque, une espèce tétraploïde devrait en posséder 4 de chaque, et ainsi de suite. La technique FISH a été appliquée directement sur les chromosomes étalés sur les lames. Elle s’est déroulée en six étapes : - le prétraitement des préparations chromosomiques - la dénaturation de l’ADN chromosomique - la préparation et la dénaturation des sondes - l’hybridation des sondes - le lavage - la contre-coloration Mais avant la réalisation des différentes étapes de l’hybridation, les zones présentant des métaphases, sur chaque lame, ont été sélectionnées au microscope en contraste de phase. La localisation des chromosomes a été enregistrée par le logiciel Volocity.
a. Prétraitement des préparations chromosomiques Les lames ont été incubées dans 150µl d’une solution de RNase (1µg/ml dans 2X de SSC ou Sodium Citrate, Sodium Chloride) pendant 45min à 37°C, dans une chambre d’hybridation humidifiée avec du 2X SSC. Elles ont été ensuite rincées 2 fois dans une solution tampon 2X SSC pendant 10min à température ambiante et séchées à l’air. Ce traitement par la ribonucléase élimine les ARN endogènes et réduit l’hybridation non- spécifique qui est une source de bruit de fond.
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Matériels et méthodes
b. Dénaturation de l’ADN chromosomique L’ADN chromosomique a été dénaturé pour que l’ADN des sondes puisse s’hybrider. Le traitement dénaturant utilisé est une solution de formamide à 70%. Les lames ont été incubées dans une solution tampon 2X SSC contenant 70% de formamide pendant 3min à 80°C sur une plaque chauffante. Elles ont été ensuite placées pendant 3min dans un bain de 2X SSC préalablement refroidi dans la glace pour diminuer en température sans risque de renaturation. Les lames ont été enfin déshydratées dans trois bains successifs d’alcool à 70%, 90%, 100% à -20°C (5min chacun) et séchées à température ambiante.
c. Préparation et dénaturation des sondes c.1. Préparation des sondes La réalisation du FISH nécessite l’utilisation de sondes. Les sondes utilisées dans le cadre de ce travail ont été des sondes de blé contenant des gènes codant pour les ADNr. Ces gènes sont répétés et suffisamment conservés entre différentes espèces pour permettre la révélation des locus des ADNr chez les plantes de différentes familles (Devi et al. , 2005). La sonde pTA71 a été utilisée pour révéler les gènes codants pour les sous unités 45S (Gerlach et al. , 1979). Elle a été marquée à la biotine 14 dUTP (Fisher Bioblock Scientific) par « random priming » ou hybridation au hasard. La biotine est révélée en utilisant son affinité pour l’avidine qui est elle même couplée au fluorochrome « Texas Red ». Ce dernier apparaît en rouge en microscopie à fluorescence. La sonde pour les gènes ADNr 5S a été celle du blé cloné (Gerlach et al. , 1980). Elle a été marquée à la digoxygenine 11 dUTP (Fisher Bioblock Scientific) par « random priming ». Le fluorochrome fluorescéine isothiocyanate (FITC) couplé à un anticorps anti-dig a été employé pour révéler la sonde marquée à la digoxygénine. Il émet dans le vert en microscopie à fluorescence.
c.2. Préparation de la solution d’hybridation Pour assurer la spécificité de l’hybridation au niveau des sites ADNr, les sondes ont été associées avec d’autres réactifs. Ce mélange réactionnel est appelé solution d’hybridation. Par lame, cette solution d’hybridation a été constituée de : - 40µl de mélange d’hybridation composé de 50% de formamide, de 10% de dextran sulfate, de 2X de SSC 20X, de 0,66% de SDS 20% (Sodium Dodecyl Sulfate) et de 0,5µg/µl d’ADN de sperme de saumon 10mg/ml comme bloquant. - 100ng sondes marquées pour l’ADNr 5S - 100ng sondes marquées pour l’ADNr 45S
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Matériels et méthodes
c.3. Dénaturation des sondes Pour pouvoir s’hybrider sur leurs séquences cibles, les sondes marquées doivent être dénaturées. La solution d’hybridation a été alors dénaturée dans un bain-marie bouillant pendant 10min. La solution a été ensuite transférée dans la glace pendant 15min, avant d’être déposée sur les lames.
d. Hybridation 50µl de la solution d’hybridation ont été déposés sur l’étalement chromosomique qui a été ensuite recouvert d’une lamelle en plastique. Les lames ont été placées dans une chambre humide et incubées à 37°C pendant la nuit pour l’hybridation.
e. Lavages Après hybridation, les lamelles ont été retirées et les lames ont été lavées dans quatre bains successifs de solution 2X SSC ; 0,5 X SSC ; 0,1X SSC pendant 10min à 42°C puis de solution 2X SSC pendant 10min à température ambiante. Afin d’éliminer les signaux aspécifiques, les zones d’hybridation ont été traitées avec 150µl de BSA 5% (Albumine Sérique Bovine), les lames ont été de nouveau recouvertes d’une lamelle en plastique et incubées 10min à 37°C dans une chambre humide.
f. Contre-coloration Après le lavage, les chromosomes ont été contre-colorés avec une solution de DAPI (20 µl/lame) et recouverts d’une lamelle de verre colmatée avec du vernis à ongle ordinaire. Les lames ont été stockées à l’obscurité.
g. Observations Les préparations chromosomiques hybridées ont été enfin observées au microscope à fluorescence (Leica DMRXA2, Heidelberg Allemagne) équipé d’un objectif à immersion à huile (100X) assurant l’excitation et l’observation de la fluorescence verte émise par la fluorescéine, la fluorescence rouge émise par le texas red et la fluorescence bleue émise par le DAPI. Ainsi, les signaux d’hybridation et les chromosomes peuvent être observés et les segments d’ADN hybridés seront localisés précisément sur les chromosomes. Les images ont été ensuite capturées sur une caméra digital « «ORCA-ER C4742-80 » Hamamatsu. La position et le nombre de sites ADNr ont été enfin visualisés avec les logiciels Volocity (Perkin Elmer) et Image J.
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Matériels et méthodes
II.1.4. Etude des stomates Cette étude consiste à déterminer la taille et la densité des stomates des feuilles de C. asiatica à partir d’observations microscopiques. En complément à l’étude chromosomique, elle a pour objectif d’évaluer le niveau de ploïdie de l’espèce. En effet, la densité et la longueur des stomates sont corrélées avec le niveau de ploïdie chez un grand nombre d’espèces végétales (Mishra, 1997; Joachimiak et al. , 2000b). La taille des stomates augmente avec la ploïdie en même temps que la densité diminue (Vandenhout et al. , 1995; Mishra, 1997). L’étude des stomates de C. asiatica a été réalisée sur le clone de référence, à feuilles réniformes, et sur les individus AMBR I, à feuilles orbiculaires. Les stomates ont été observés sur la face inférieure des feuilles. Cette face a été d’abord nettoyée avec une bande adhésive pour éliminer les poussières et les débris qui pourraient interférer avec les observations microscopiques. Une mince couche de vernis transparent y a été ensuite étalée pour récupérer les empreintes des stomates. Lorsque la couche de vernis est bien sèche, elle a été recouverte d’une bande adhésive. Cette dernière a été retirée délicatement et collée directement sur une lame d’observation. Pour chaque échantillon, 3 feuilles différentes ont été utilisées. Pour chaque feuille, 15 observations réparties sur toute la surface ont été réalisées. Au grossissement 200X, le nombre et la taille de tous les stomates entiers ont été déterminés. Le comptage s’est fait manuellement sur les images capturées, tandis que la taille des stomates a été déterminée grâce au logiciel Volocity (Perkin Elmer). La densité en stomates, exprimée en nombre de stomates par mm 2, a été déterminée comme étant le nombre de stomates entiers comptés par champ de microscope mesurant 1,42 mm² au grossissement 200X. La taille des stomates correspond à la longueur maximale de leurs cellules de garde. Afin de valider et de comparer les données obtenues pour chaque individu, un test ANOVA a été réalisé.
II.2. DIVERSITE DE CENTELLA ASIATICA DE MADAGASCAR Pour pouvoir répondre aux problématiques de cette étude, la diversité morphologique et la diversité génétique des 450 individus de C. asiatica provenant de Madagascar ont été évaluées. Centella uniflora (Photo 16), provenant de Krisiasy dans la région d’Amoron’ny Mania, a été également incluse dans les échantillons, pour pouvoir faire des comparaisons et des rapprochements entre les deux espèces. Elle a été représentée par cinq individus codés KRIS.
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Matériels et méthodes
Photo 16 : Centella uniflora provenant de Krisiasy
II.2.1. Etude de la diversité morphologique L’étude de la diversité morphologique de C. asiatica a été effectuée dans le but d’identifier les différents phénotypes existant à Madagascar. Elle a été concentrée sur des mesures morphométriques des feuilles. Les six dimensions suivantes ont été considérées (Figure 5) : - surface foliaire (S) - grande longueur (GL) : longueur maximale de la feuille - longueur (L) : longueur à partir du sommet de la feuille jusqu’au point d’insertion du pétiole. - largeur (l) : largeur maximale de la feuille - poids de la matière sèche (P) - longueur du pétiole (LP) Le choix de ces dimensions a été basé sur l’étude de la diversité morphologique effectuée par Rakotondralambo (2006) et sur l’étude de Devkota et al . (2009; 2010b). La taille des feuilles est définie par les dimensions ci-dessus tandis que les rapports entre la grande longueur et la largeur (GL/l) et entre la grande longueur et la longueur (GL/L) mettent en évidence la forme des feuilles. Les données obtenues ont été ensuite soumises à l'Analyse en Composantes Principales (ACP) à partir du logiciel XLSTAT. Ce module statistique permet de constituer des groupes d’individus similaires sur la base d’un ensemble de variables quantitatives. Les résultats issus
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Matériels et méthodes de l’ACP ont été ensuite vérifiés statistiquement avec l’analyse de variance ANOVA à un facteur.
Figure 5 : Mesures réalisées sur la feuille de Centella asiatica 1 : Longueur (L) - 2 : Largeur (l) - 3 : Grande longueur(GL) - 4 : Longueur du pétiole (LP)
II.2.1.1. L’Analyse en Composantes Principales (ACP)
a. Présentation de la technique L’Analyse en Composantes Principales fait partie du groupe des méthodes descriptives multidimensionnelles appelées méthodes factorielles. C’est une méthode descriptive, sans test statistique, qui s’appuie sur un modèle géométrique pour l’analyse des données (Escofier et al. , 1998). L’ACP a été adoptée afin d’évaluer la ressemblance entre les individus par rapport aux variables, qui sont les paramètres morphologiques, et afin d’évaluer la liaison entre ces variables. La position géographique des sites a été utilisée comme des variables supplémentaires dans le but de déterminer si la morphologie des feuilles a une quelconque relation avec la position géographique des sites. La division territoriale phytogéographique de Madagascar établie par Humbert (1955), délimitant la région orientale, la région occidentale et les domaines de chaque région de l’île, a été considérée.
b. Analyse et interprétation des résultats Les résultats issus de l’ACP ont été interprétés à partir de trois données qui sont l’inertie des axes, la corrélation entre les axes et les variables, et la corrélation entre les individus.
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Matériels et méthodes
b.1. Inertie des axes Les résultats sont représentés sur des graphes à 2 axes factoriels orthonormés. La quantité d'informations recueillie par un axe est évaluée à partir du pourcentage d'inertie. En additionnant les pourcentages d’inertie de 2 axes du plan, la qualité de la représentation des données dans ce plan factoriel est évaluée. Ces données sont représentées dans le tableau des valeurs propres (Escofier et al. , 1998).
b.2. Corrélation entre les axes et les variables La corrélation entre les axes et les variables est expliquée par le coefficient de corrélation r et représenté géométriquement par le cercle de corrélation. Plus r est proche de 1 (en valeur absolue), plus la variable est liée à l’axe. Plus r est proche de 0, moins la variable est liée à l’axe (Escofier et al. , 1998). Dans le cercle de corrélation, plus une variable est projetée vers le bord du cercle de rayon 1, mieux elle est représentée. Par ailleurs, deux variables bien représentées et proches l’une de l’autre sont corrélées positivement tandis que deux variables qui s’opposent sont corrélées négativement. Une orthogonalité entre deux variables traduit l’absence de corrélation linéaire.
b.3. Corrélation entre les individus Les individus sont représentés en deux dimensions sur un graphique. Sur cette représentation, une proximité de deux points individus s’interprète comme un comportement analogue de ces individus considérés envers les variables. Une proximité entre un point variable et un point individu signifie que la variable est caractéristique de l’individu considéré (Escofier et al. , 1998). Les individus sont représentés sous-forme de nuage de points. Les barycentres représentent les centres de gravité de ces nuages de points. Lorsque les individus sont trop nombreux, l’observation du barycentre est plus représentative.
II.2.1.2. Analyse de variance (ANOVA)
a. Présentation de la technique Le test ANOVA (ANalyse Of VAriance) est une technique permettant de savoir si une ou plusieurs variables dépendantes ou variables réponses sont en relation avec une ou plusieurs variables dites indépendantes ou variables explicatives. Il est basé sur le modèle suivant :
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