Listes déclamatoires (G viva ))) et principes d’organisation sociale dans la vallée de la Kouaoua (Nouvelle-Calédonie) par .

Patrick PILLON * ~

Ci M. Gabriel Diaïnon.

1. Introduction. la Kouaoua, plusieurs listes de (( viva)> différemment constituées. Chacune d’elles ne Les (( viva D sont des listes de noms, en peut dès lors être envisagée indépendamment majorité associCs deux à deux et qui sont des autres - ou pour le moins d’une certain déclamées lors des réunions cérémonielles. nombre d’entre elles. Tout (( viva D se construit sur des noms de Cet article s’attache à préciser le contenu lignages I auxquels peuvent être associés des des (( viva D, ainsi que les modalités de leurs sites d’habitat et de culture, des sommets constructions et de leurs différences de montagneux, ou des trous d’eau pour la pêche construction, par l’analyse comparative de en rivière. I1 forme un regroupement hiérar- quatre listes de (( viva,) de la vallée de la chisé distinct des autres regroupements, ou Kouaoua. Les (( viva )> apparaissent dès lors viva D, positionnés avant lui ou à sa suite. comme une donnée essentielle dans l’approche Une liste de (( viva )> a pour extension maxi- et dans la compréhension des principes d’or- male le pays (ou umwaciri>>), ensemble ganisation sociale dont ils constituent un élé- géographico-politique centré sur une vallée, ment fédérateur. ou sur une portion de zone côtière (Guiart, 1972 : 1133, 1136 ; Bensa, Rivierre, 1982 : 32 ; Métais, 1988). 2. La vallée de la Koiraoua : localisation et La composition de telles listes - semble-t-il langues pratiquées. par plusieurs individus -, renvoie pour l’es- sentiel aux hiérarchies statutaires générale- La région de Kouaoua est localisée au sud- ment reçues. Mais elle peut également s’ap- est de la Grande-Terre de la Nouvelle- puyer sur des positions que les auteurs se sont Calédonie, dans la commune de . Elle accordées à mettre en avant entre diverses se constitue autour du bassin de la rivière de alternatives. I1 existe en effet, pour la vallée de Koziaoua, nom qui est également celui du vi!- * ORSTOM, Nouméa I. Le terme rendu par << lignage )) est celui de (( nnviröv (<(maison/des ))). Nous suivons en cet usage Bensa, Rivierre (1982) qui décrivent une structure clanique regroupant plusieurs lignages. <( Mwúrö>>est toutefois un teme polysémique (Doumenge, 1975 : 46) qui déborde le concept de lignage. ~

82 SOCII?TE DES OCÉANISTES VALLEE DE LA KOUAOUA 83 3. Le contenu des a vivan. l’aîné au cadet. Jean Guiart (I968 : 105) se fait I’écho de propos donnant (( Pèèrshi )) 5 en tant que -...-..-.- (( partenaire )) (sic) de l’ancêtre Kaivipa. 3.1 Premier exemple. Y: ...,- z ... c. La connaissance de cette généalogie n’est toute- fois ni également partagée, ni également reçue. Des quatre listes de (( viva )) recueillies, la première est la seule à présenter la généalogie Dans la haute-vallée, cette version ternaire peut être rejetée au profit du seul nom de Kuivipa-Pèare (sans mythique des lignages G d’originaires )) et de NékÔu et sans Mèörr). Cette affirmation est L met- défricheurs du terroir 4. En indiquant que la tre au regard de la quatrième des Listes présentées descendance de l’ancêtre Pèare se compose de dans la suite du texte. En provenance de la haute- l‘aîné Kawipa, du puîné Nékôu, et du cadet vallée, elle ne retient effectivement que Kaisipa- Mèki, elle ordonne la hiérachie globale et les Pèare 6. fonctions des lignages d‘originaires répartis Le rattachement spontané des lignages d‘origi- entre ces trois descendances. naires à l’un des trois fils du fondateur semble par Cette généalogie fondatrice renvoie au modèle ailleurs peu répandu, et parfois incertain ’. ternaire d‘organisation sociale. Daniel Frimigacci (( GÖ yè êrê xéi nô né mwârö örökau kâmö yari (1977 : 46) la présente également. Il donne toutefois mâ rö Kawipa töwâni. le nom de Mèöri comme étant celui de l’ancêtre fondateur et celui du cadet des trois frères. Ce qui ((Voici les liens qui unissent les aînés et les cadets peut sembler douteux du fait de l’identification de chez les Kaivipa assemblés s.

1 - Kawipa Pkemâ NékÔii mâ Mèöri Kaivipa Pèare, avec NékôC et Mèöri, 2 - NÔ rö Mkbara gwâ mâ göwémëu L‘organisation de Mèbara g~vâet de göivémëu, 3 - RÖ BwanénÔ mâ Atia De Bivanénô et d‘Aria, 4 - Mâ Kadö mä Méyiè De Kadö et de MèyU, 5 - Pâ ëri Gwâmè tö rua Mèbara Des petits-fils de Téfe-Blafrche, avec, a leur tête, Mèbara, 6 - Mâ jao rÖ DékâdSrë Du magicien de Dékûdeë, 7 - Katimwl niâ Kaviumwâ Fondation et soubassement de la maisonnée, 8 - TÖ rua Mwâudu mâ tÖ ria BwanénÔ Avec, en haut, Mivûudu, et en bas, Bivarrénô, Et puis la maisonnée de Uari girâ, lage minier implanté au débouché maritime de pratiquées dans la vallée. À grands traits, la lan- 9 - Nâ ki nÔ rö Uari gwâ 10 - Mâ tö Niöro mâ FanaÔ De Niörö et de FanaÔ, la vallée. Ces divers usages du toponyme n’ont gue (a’)jië2, dite de a Houaïlou D, est couram- II - Mâ nÔ rÖ OwèinÖ ml Owèya La parole d’OivèinÖ et d‘Oivèya, toutefois pas de résonance précoloniale. La ment utilisée du bord de mer à la tribu de Mèa 12 - Mâ tö Bwaduba mâ Méréxé De Bivaduba et de Méréxé, rivière principale n’est alors pas nommée, Mèbara incluse. La langue (a’)rnPa est plutôt 13 - TÖÖ mâ Némimwâ La danse avec Né~nèrmvÚ, contrairementà ses affluents. Quantà la vallée, utilisée à Cliuiiiorz et dans la haute-vallée. Le 14 - Tau mâ Aibônau Et puis Tari et Aibônau, aux espaces et aux hommes qui s’y rattachent, (a’)iiéyzí (langue dite de (( Cuiiala n), est présent 15 - Io rö Bwaduba Le balbuzard de Bivabrida, ils sont alors désignés du nom de (( Kaivipa n. dans quelques toponymes et patronymes. I1 est, 16 - Mâ Kavica rÖ Owéya Ainsi que Kavica et Oivèya, Le bassin de la rivière principale peut avoir par contre, de pratique usuelleà Koh. La région 17 - Deé rö kwè mâ bwêê nt kwè Aubier du bois de fer et ligne de crête aux parts de vingt à trente kilomètres. I1 est balisé au de Katricoiii connaissait autrefois une langue, de nourriture, nord-ouest par la ligne de partage des eaux, et semble-t-il aujourd’hui éteinte, le a’r6. Certains 18 - Mâ ka vi pi rhúrú rÖ Nâyéyé Et puis celui qui, à Nû&é, fait trembler toutes au sud-est par la côte. En incluant les bassins toponymes en portent trace, de part et d’autre choses. secondaires, six tribus s’y répartissent. I1 de la ligne de partage des eaux. La langue s’agit, d’aval en amont, de la tribu d’Anioiz- d’ a origine N de la vallée est le (a’)iizPa et la 19 - NÔ rÖ Are mâ Böröwirua L‘ensemble des Are et Bköivirua, Kasiori (en bordure de mer) ;de celles de Mèa symbolique des fondateurs du terroir s’inscrit 20 - Mâ tÖ PÔwau mâ Pwèdi Avec, en-dessous, PÔirau et Pivèdi, Mèburu et de Cliaiiioii (en moyenne vallée ou en son nom 3. 21 - Iíinu mâ Sharépa IÛnu et SharEpa, à hauteur de celle-ci) ; et des tribus de Méclziii, Depuis les années 1950 et 1960, la région de de Ouérou-Pi!iié et de Koizoyes Sliaoué, en Kouaoua est le lieu d’une forte activité minière 4. Le caractère mythique est postulb par le regard anthropologique. La pensée mythique en juge quant i elle haute-vallée. A ces six tribus se rattachent cel- basée sur l’extraction du nickel. Au recense- différemment puisqu’elle N implique toujours un acte de “ croyance ”. Sans cette croyance en la realit6 de son objet, les de Kok et de Katricoin qui sont extérieures ment de 1990, la population résidante des cinq le mythe perdrait tout fondement )) (Cassirer, 1988 : 114). la vallée. La tribu de Katricoin, ou de Table- tribus de la vallte est de 437 personnes, aux- 5. Le nom de l’ancêtre - Piare ou Pèari en a’rirda, Pdkurdd en ujië, P&“i en Úrd -, est â connotation solaire (litt. (( puissancelsoleiln). Unio, est située sur le versant ouest. Elle quelles il convient d’ajouter 38 1 personnes 6. Aux origines, les descendants de Paare se seraient installés, dans la haute-vallie, pour les Mè&-;, dans la moyenne relève de la commune de . résidant ailleurs (ITSEE, INSEE, 1990 : vallée, pour les Kawipa, et dans la basse-vallée pour les Nékdu (Frimigacci, 1977 : 46, 49). Aucun lignage de la filiation Deux langues vernaculaires sont aujourd’hui 39-45). de Kuit*iyu ou de Nékdrlc n’habite dans la haute-valke. 7. Ce qui explique enpartie que Jean Guiart (1965 : 108) ait pu se meprendre et écrire que les habitants de la vallie 2. La parenthese marque une redondance. Le terme vernaculaire (( U’P signifiant ((le parler n, (( la langue D. ne recouraient pas au mythe pour leurs (( identifications )> (sic). 3. ((Mèu’)) signifierait ((cime/ (du) bois de fer)) (Casuarirra co//im), le bois de fer étant l’arbre de l’ancêtre S. Ce vivu >) nous a été communiqué par M. Gabriel Diainon de Cltniirorr. Qu’il en soit ici remercié. Transcription fondareur. et traduction sont de M. Nomila Nédénon, de M. Gabriel Diaïnon, et de Patrick Pillon. La présentation et la Alternativement, l’expression pourrait signifier ((le début de la parole n. numirotation sont de nous, une ligne se rC.Rran1 h un même Clément. La formule introductive est liée au recueil. "7 SUCIklB DES OCEANISTES VALLEE DE LA KOUAOUA 85

rocher des aînés káwipa et Mèbara gwd. Toucher i s 22 - NÔ rö Parawi mâ Dogâ La maisonnée de Paraivi et de Dogâ, Les relations de la vallée sont ici décompo- à cette pierre entraîne un blanchissement préma- 23 - Mâ âoro mâ Mèkwèrari. Avec doro et Mèkwèrari. sées en cinq (( viva D. Tout (< vivan est ordi- nairement désigné du nom du premier, ou des turé de la chevelure. Nom et puissance associée 24 - NÔ rÖ Bwaréréa gwâ, 'Bwäréréa göwé, L'assemblée des Bivaréréa gwâ, des Bwaréréa deux - pre&kr$"lígnages qui le composent. Le au rocher sont une métaphore de la primsg6oi: .l&-+2fr . göwé, ture. nom du tertre principal peut exceptionnelle- Le rocher Dékddërë est utilisé par les Mèbara 25 - Bwaréréa nyee mâ Bwaréréa yé6 De Bivaréréa nyee, et des Bwaréréa yéé, ment remplir cet office. Ces désignations de göwè aux rituels de l'igname. Etant les (tgöwé)) 26 - RÖ Kai mâ Mija De Kai et de Mija, (< viva D sont toutefois informelles, vont géné- de Mèbara (gwd), il leur revient de diriger les 27 - Puruawa mâ Wêâria De Puruawa et de Wêdria ralement de soi, et ne sont jamais proclamées tâches matérielles de la chefferiei1. Les 28 - RÖ Bwêniè avec Bwêniè, en public. L'analyse de contenu se limitera au qualificatifs de (( fondation ), et de (( soubasse- 29 - Mâ Uruawari t)wèshâi ~ Et puis, Uruawari et 6vès/idi, premier regroupement. ment D qui leur sont attribués proviennent de la 30 - Nimöu mâ Karauni Niniöu et Karauni, métaphore de la chefferie en tant que a maison- Mèbara 31 - Pâ &riKâvö mâ MwinÔ Les petits-fils de Kdvö et de Mwinô, Le (( viva )) des lignes 1 à 18 se réfère à la chefferie née n, en l'occurrence, celle des '*. Mèa Mèbara, L'image se clôt par l'évocation des deux ancêtres 32 TÖ rua Niörö rÖ mè pÖrÖ mwârö Qui sont en haut, à Niörö, et en face, derrière le de essentiellement envisagée au tra- - vers de ses lignages de haut statut. I1 présente une les plus éloignés de la généalogie des Mèbara tertre, hiérarchie articulée à deux niveaux dans laquelle les gfivé positionnés en tant que cadet et qu'aîné. 33 - Pâ ëri pwëré dui-ré vi ya néko mâ rhè kÔ Les petits-fils de ces deux enfants qui attaquent le chefs de la seconde hiérarchie sont subordonnés à nérhëë ciel, jettent les feuilles à la mer, BI) Les lignes 9 d 12 :renouent avec les présen- celui des chefs de la première hiérarchie qui est de tations de lignages pour décrire des rapports hié- 34 - Ia mwâwê rai méxa mâ varui et sacrifient au soleil et à la lune plus haut statut. Le (( viva )) est structuré en quatre rarchiques centrés sur le lignage Uari. 35 - Yè du ëri KâvÖ mâ KuyubÚrÚ Afin de protéger les petits-fils de Kdvö et de Kuyu- parties se répondant deux à deux : les lignes 2 à 8 bird forment le premier ensemble hiérarchisé, les lignes B2) Les lignes 13 d 17 : traitent des puissances 36 - TÖ rua GwânÔ mâ tö bè Gwâ Whââ. Qui sont en haut, à Gwdnô, et là-bas à Givd 9 à 17, le second. associées aux lignages précédents. Wéndd, - ~(Nétizèmiva'~est la pierre du chant du Al)Les lignes 2 d 4 : posent les rapports entre lignage Uari. Elle est utilisée pour assurer la réus- 37 Né yé tââ mâ ka vi rhfi~mwI rè Kabwé Et puis celui qui calme ou agite la maison, Kabwé, - lignages de chefs, Mèbara givd, Mèbara göwé, et site du chanteur qui accompagne les danses des 38 - Mâ tÖ Kavicaa mâ Kariainôme Avec Kavicaa et Kariainóme, Kadö. L'ordre de présentation a valeur hiérachi- réunions cérémonielles. Ceci pour contrecarrer 39 - rö Mè Are et Mè Are, que. d'éventuels malveillants 13. Les deux premières lignes mettent en scène le 40 - Né yè pâ ëri Mwâciô mâ Néwêgu Ainsi que les petits-fils de MwdciÔ et de Néivêgu, - (( Tau )) et (( Aibótiau n renvoient à la tor- 41 - TÖ rua PÔga rö Kaumè Avec, tout en haut, Póga et Kaumè, lignage Mèbara g6wé dans deux rapports dis- nade dont les pierres sont détenues par le lignage tincts : à la ligne 2, en tant que puîné des Mèbara 42 - MI Mè Nâwf Et le pic Ndwi, FatiaÔ. gwd, remplissant auprès de ces derniers la fonc- 43 - Dui du kâmö yari tö véâ rö i Et puis ces deux serviteurs qui vont ensemble, - Le balbuzard (des Bivaduba) est une espèce tion d'intermédiaire ou de göivétnëu )) ; à la là-bas, discrète qui se tient dans les rochers pour fondre ligne 3, - et par le truchement du nom d'ancêtre directement sur sa proie. Ces particularités l'as- 44 - Nâ Damâ mâ Aibwari Danid et Aibivari, BivanénÔ -, en tant qu'aîné suivi de ses ser- socient à la guerre lJ. 45 - TÖ ria Yamèi mâ tö Mè Karadéa Avec, au-dessous, Yamèì et, au-dessus, Mè Kara- viteurs )) du lignage Aria g. - (( Kavica n et (( Oivèya 1) signifient tous deux dha. La ligne 4 subordonne le lignage de chef Kadö- (( débroussailler )), l'un en a'jië, l'autre en a'mèa. Mèyiè aux deux précédents, du fait de son ori- Cette redondance est une allusion à la pierre 46 - NÔ rÖ Pimè gwâ rö Tawavianô La maisonnée de Pimp givd Tawavianó, gine extérieure à la vallée. (Confer également soleil des Niörö et à la force de celle-ci Is. 47 - Mâ Pimè Mwânéfara Avec Pitnè Mivânéfara, Doumenge, 1975 : 42) 10. La ligne 17 magnifie tous ces lignages dont il 48 - TÖ Jirua mâ Dumai Jirua et Dumai, A2) Les lignes 5 d 8 :positionnent, selon la même est dit métaphoriquement qu'ils sont à la fois de 49 - TÖIÖ mâ göwémëu TÖIÖ et göivéniëu, hiérarchie, les puissances associées à ces trois puissants guerriers et de grands cultivateurs. 50 - Dao mâ Jawari Dao et Jaivari, lignages - ou plus exactement, aux deux pre- L'aubier des bois durs, tel le bois de fer, sert en 51 - Kué mâ Téwéa Kué et Téwéa, miers d'entre eux. effet à la fabrication des armes, et les réunions (( Givâ (litt. : (( Tête blanche),), est le cérémonielles réussies voient les maîtres de la 52 - Marâmâ mâ Daramâri Mdrdtnd et Duranidri, mè)) 53 Bëi mâ ôdia - Bëi et ódia 9. La relation de ((serviteur)) unit un lignage de cadets B un lignage de chefs dont il est censé être issu (Guiart, 54 - RÖ Kaua mâ Pwêdi. Ainsi que Kaua et Pivêdi, 1972 : 1139, 1143). 55 - Ôbwê mâ Mèwimèa Ôbwê et Mèwimèa, IO. À la tribu de Mèu, G Mèyiè )) est aujourd'hui pensé comme renvoyant B un trait du site d'habitat du lignage Kudö. Il semblerait qu'il y ait Ià une confusion lib à une déformation du nom d'origine, (( Mèsfiié 56 - RÖ Dinâgé mâ bere Dindgé et &ere. >,. Les appariements de noms sont globalement ordonnés par le principe aînélcadet. Ils s'effectuent sous trois fones : - par association de lignages de même statut et fonction ; 57 - NÔ rö Néshira mâ Méréwâdé L'ensemble des Néshira et des Méréivddé, - par association d'un lignage d' <( aîné/chef n, suivi d'un (( cadet/seniteurn ; 58 - Tirio mâ Méréfami Tirio et Méréfami, - par association d'un lignage et d'un toponyme ou de qualifications telles (( göivémëu )) et pivédi D. 59 - Nêbwé mâ Wërêvi Nêbwé et Wérévi, 11. Cette distinction rappelle les analyses de Hocart (1978 : 171-173; 231 et suiv.) sur la répartition des fonctions 60 - ârIwa mâ ârâre ârdiva et drâre, entre un chef du rituel et du sacri et un chef de la gestion. 61 - Mèbwatâ mâ Métâbe Mèbward et Métdbe, 12. La chefferie est considérée comme une case dont le lignage de chefs est le poteau central et les lignages cadets les poteaux de soutdnement (R. T., 1966-1970 : 78; Dubois, 1984 : 111, 118; Boulay, 1988). 62 - &ere âre mâ âio &ere en haut et en bas, 13. Les danses s'effectuent au rythme de récits chantés par des spécialistes et transmettant la mémoire de quelque 63 - Pao mâ Ponéyènô Pa0 et Ponéyènô, événement (Leenhardt, 1932 : 225-276; Dubois, 1984 : IO). 64 - Faéshö mâ Bwanawé Qui commencent avec Bivanawé, 14. Le balbuzard, ou buse de mer, Pundioa lruliuerus inelvillensis (Encyclopédie de la Nouvelle-Calédonie, 1984 : 161), 65 - Mâ Méöri. Et puis Méöri. fond directement sur sa proie B partir des arbres ou des rochers od il perche. Cette qualité d'invisibilité, de même que son habitat de rocher, l'associent B la guerre. Des rochers POUNUS de grottes, et dépendant des lignages de guerriers, Cöwa )). Terminé D. servent en effet de refuge en cas de guerre (Leenhardt, 1932 : 320; Dubois, 1984 : 19). IS. Selon Jean Guiart (1972 : 1135), le prestige lié au contrôle de la pluie et du soleil est proche de celui associé aux principaux rituels de l'igname. Les exemples présentés dans ce texte renvoient le contrôle du soleil vers des ainés (Bgnd D) et celui de l'igname vers des puinés ((c göit'è n). 00 SOCIETE DES OCEANISTES VALLLL Ut: LA RUUAUUA O1

4 cérémonie offrir une surabondance de nourriture de plus haut statut de la vallée ; que son puîné est contexte précis - et uniquement dans celui-ci -, lignage Nékôu lors de leur installation dans la val- leurs invités. Ceci, tant parce qu’ils sont de Mèbara göivéniëu ; et que le lignage de chef Kadö- de limite de la hiérarchie des Mèbara givû, boucle lée. Les Nékôu étant les puînés des Kaivipa et des bons cultivateurs, que du fait de l’étendue de Mèyiè leur est rattaché. les relations entre les deux hiérarchies qu’elle Mèbara, selon la généalogie mythique, les Bivaréréa leurs relations sociales 16. . Les lignes 5 à 8 passent aux ancêtres et aux puis- ctmpend. La clôture par le tonnerre de NÛyéyè sont plus proches des Mèbara que ne le sont7l$st sances contrôlées. Mais ce faisant, elles se bornent respecte ce faisant une double nécessité : la subor- Piniè. ..\;y..a ‘ - La ligne 18 se réfère à un tonnerre à usage aux deux lignages Mèbara, laissant de côté les pou- dination des cadets aux aînés et celle des choses 3. - Les lignages Pimè se rattachent aux ôbivê- Kadö. d‘ N en bas )) aux choses d’ ((en haut P. Mèivitnèa qui les ont accueillis. Ces derniers relè- guerrier, sis à G Nûyéyé D, au lieu d’habitat du voirs du lignage Cette suspension ménage la médiation entre les deux hiérarchies A4èbara gluû et Ainsi s’expliquent la double relation hiérarchique vent de la descendance aînée du cadet Mèöri et sont lignage du chef Kadö. Cette position finale Uari, effectuée 9 la ligne 8. Les ancêtres a Mivüu- MèbaralUari mis en scène par ce (( viva )) et ses intégrés à cette liste. illustre les procédés d’ouverture et de clôture du )) et (( Bivanénô )) des Mèbara göivéniëu remplis- articulations internes. 4. - Les Mèöri arrivent en clôture de liste, en qui mettent en place les hiérarchies statuaires. sent dès lors cet office car, dans le cadre des rela- conformité avec la généalogie mythique. Ce sont les Contrairement à l’accoutumé, ces dernières ne tions patrilinéaires communes aux trois lignages, cadets derniers-nés des Kaivipa-Mèbara et les cadets peuvent dès lors être entièrement déchiffrées, les Uari sont également classés göivéniëu. Les 3.3 L’ordo~inancenientdes lignages de. la vaIlGe. des ôbivê-Mèivinièa qui les précèdent. A l’image dans ce (( viva D, de manière linéaire. Mèbara givû possèdent ainsi deux N göivéftiëun, l’un d’exemples précédents, les Mèbara ne sauraient spatialement - et donc sociologiquement - pro- Cette première liste décompose les relations avoir de liens dans la vallée au-delà des ôbivê- che (Mèbara göivéniëu), l’autre plus éloigné de la vallée en cinq N viva )) qui pourraient être Mèivbnèa et des Mèöri. Comme il l’est dit dans les 3.2 Ouvertures et clótures dalis l’expression des (Uari] 17. respectivement dénommés Mèbara (ou Kawi- discours, les lignages de la vallée sont alors (( liés en hiérarcliies statutaires. Le second rapport hiérarchique, présenté aux pa), Are-Böröivirua, Bwaréréa, Piniè, et MèÖ- une seule parole)) (Tein, 1984 : 102). lignes 9 i 12, débute par le lignage de plus haut ri 19. Le positionnement des (( viva )) les uns La disposition des éléments du vivan en statut, Uari (givâ), Niörö, FanaÔ, &?inö et 6vèa par rapport aux autres ne procède dès lors pas En ancrant les lignages de chefs Mébara patronymes, toponymes, et puissances contrô- viennent ensuite, s’agissant des lignages en place à d‘une spatialisation, mais de l’ordonnance- dans la descendance de Kawipa, cette première lées s’effectue selon des préséances hiérarchi- l’arrivée de Uari. Niörö, l’ex-lignage aîné de la hié- liste pose leur prééminence statutaire sur l’en- rarchie, conserve ce statut et cette fonction, qu’il ment de relations bilatérales entre les lignages ques et statuaires et selon le principe que les têtes-de-listes et le lignage Mèbara gwû. Les semble des lignages de la vallée21. Cette pré- différents termes d’une même hiérarchie ne partage avec Uari. DoÙ sa deuxiéme position. sentation n’est pas nécessairement ce que les FanaÔ conserve sa fonction de göivéinëu ; d’où sa regroupements s’effectuent selon la proximité sont pas séparables. Les lignages de statut autres listes de (( viva )) choisissent de mettre troisième place. divènô et 6vèya terminent ces rap- relative aux Mèbara, suivant le principe des en avant. élevé viennent ordinairement avant les autres. ports qui reposent sur l’intronisation d’un nouveau relations en ligne masculine dites (( nó Ils sont suivis des lignages qui leur sont rat- chef (Uari] et sur la proximité des lignages de kau )) 20. tachés, en tant que frères de même statut et co-résidence ancienne 18. La position finale des <( )) Are-Böröivirua, Des présentations alternatives. fonction, en tant que (( serviteurs D, ou en tant Bivaduba relève d‘un des procédés décrits précédem- Si l’on distingue les viva des 4. des Bivarèréa et des Pintè, de ceux des Mèbara et que (( sujets D. Les toponymes, les noms d’an- ment . Ce lignage n’est pas originaire de la vallée cêtres, et les forces contrôlées relèvent tou- (confer également Doumenge, 1975 : 42; Métais, des Mèöri qui les encadrent : 4.1 Deuxième et troisième exeinples. 1. - Les dre-Böröii+rita viennent après les jours des lignages qui les précèdent. 1988 : 167). I1 a été accueilli et positionné en tant que frère classificatoire des Fanaô. Les Bivaduba Mèbara car ils remplissent une fonction de guerrier Les deux exemples suivants procèdent d‘une De nombreux c viva )) ne renferment que sont donc également des göiohiiëu. Détachés des auprès de ces derniers. Ils font ainsi office de (( ser- même démarche. La liste de gauche provient des noms de lignages, de sites d’habitat ou de viteurs )) éloignés de la chefferie Mèa. La relation quatre lignages précédents qui semblent partager les d’un membre de la tribu de Mèa MèbaraZ2. cultures. Traitant de domaines (( terrestres Y, mêmes références patrilinéaires, les Bivaduba ver- sous-jacente est assimilable à l’appariement d’un ils commencent par des lignages et se termi- lignage de chefs et d’un lignage de a serviteursw. Celle de droite est retranscrite d’une publica- rouillent l’ensemble hiérarchique des Uari, en tant tion de Jean-Pierre Doumenge (1975 : 77). Ses nent de même, ou sur des toponymes. Mais que second göivéniëu. Les Bivaréréa et les Piniè n’entretiennent pas une d’un a viva D se référant aux montagnes et au En fermant la liste lignagère ouverte par Uari, et telle relation aux Mèbara. Ils sont de ce fait plus intitulés sont de nous, contrairement à ceux contrôle des puissances, il n’est de note finale B connotation symbolique basse D, les Bivaduba éloignés de ceux-ci que ne le sont les Are- de la liste de gauche. Böröwirua. que sur les (( hauteurs D. assurent la liaison aux puissances contrôlées, à 2. - Le viva )) des Bivaréréa vient en troisième Le ((viva)) analysé structure ainsi les connotation symbolique (( haute n, et qui sont position car ces derniers ont été rattachés au différents rapports de la hiérarchie des ouvertes par la pierre des Uari [ligne 131. Les quatre Mèbara par des ouvertures et par des clôtures puissances mentionnées relevant respectivement des Uari, des Fanaô, des Bivaduba et des Niö%, l’agen- successives. I1 constitue lui-même l’ouverture cement hiérarchique veut l’encadrement ordonné de la liste, laquelle se clôt avec le dernier des deux (( göii&tiëu N, FanaÔ et Biradirba, par les énoncé du cinquième N viva A l’ouverture D. deux (( givû n, Uari et Niörö, de façon à terminer sur la généalogie fondatrice, et par le sur la note haute qu’appellent les sphères d’en premier-né Kawipa, répond la fermeture par le haut)) [lignes 13 i 161. 19. On qualifie un (( viva )) de (( ntlvârö Mèbara n, u ntwârö Pintè n, a mntirö Bwaréréa n, etc. De même, l‘accou- plement de lignages. Le niivârö dbiiv! mâ Mèivintèa )> designe, selon les contextes, cette paire, ou le viva )> corres- benjamin Mèöri, quatre (( viva )) plus loin A la ligne 18, le (( vivan se termine sur I’énoncé differé des pouvoirs de Kadö, suivant toujours en pondant. Lignages, sites d’habitat, ou cases de statut élevé représentent l’ensemble des groupes qui s’y rattachent (Bensa, [ligne 651. Ouvertures et fermetures sont ici Rivierre, 1982 : 49, 76). cela les principes hiérachiques. En effet, tout l’une des expressions de la hiérarchie. 20. Les liens ((no’kau 1) (litt. (( parole D, ((maisonnée D, organisation ))/a grande >>)relient des lignages, et non des domaine d‘un aîné inclut les domaines de ses individus, et ne sont pas médiatisés par les femmes. Les liens sib& )) (litt. aller/ensemble P), relient des lignages et Aux lignes 2 i 4, le (( viva )) énonce que Mèbara cadets, réels et sociologiques, et y trouve ses bornes. des hommes, par le truchement de l’alliance matrimoniale (Pillon, 1989). Les premiers liens sont supérieurs aux seconds. givû est l’aîné des fondateurs du terroir et le chef Le lignage de chef Kadö qui fait office, dans ce Ces relations hiérarchisies sont utilisées pour l’intégration aux cérémonies. Elles rappellent ce que Pierre Bourdieu (1989) qualifie, dans un tout autre contexte, de ((grande porte )) et de petite porte D. 16. Les monticules bosselant les lignes de crêtes de certaines montagnes figurent les entassements cérémoniels des 21. Le statut de cette cheferie renvoie kgalement aux premières implantations. Le tertre d’origine des Mèa, (( Bètii~ dieux. Mèa v (litt. origine, être, des M2a n), surplombe Ia chefferie. La descente dans la vallée voit la fondation de ((MWÚ 17. Les Uari se séparent des Mèbara dont ils constituaient la branche aînée. Ils quittent le site de la chefferie et iai-a )) (litt. : ((Nouvelle maison )) en a’ntèa), associée à la descendance stricro-sensu de Kairipa. (Confer également s’installent sur un versant opposé. Ils deviennent de ce fait des cadets (M göwè n) de leurs anciens cadets, promus ainés Frimigacci, 1977 :46.53). Le nom de Kawipa n’apparaît, en tant que toponyme ou que patronyme, que dans la chefferie (ccgirân). Ces deux positions de haut stntut s’opposent aux cadets absolus que sont les ((yariv. Mèhara. 18. didinö renvoie B la pluie et aux ébodements de terrain : &èya. aux rituels du soleil. Pluie et soleil doivent 22. II s’agit de M. Louis Philippe, à qui nous adressons nos remerciements. La transcription est de M. Louis Philippe se succéder pour Ia bonne venue de I’igname (Guiart, 1962 : 29-30, citant Leenhardt). et de Patrick Pillon. VALLCC UC LA KUUAUUA XY

47 - Dogâ mâ Parawi 33 - Dao mâ Jawari, % [KAWIPA.] [ÔBVfÍ?-MfiW&.] 48 - Bwha mâ Bwâwé 34 - Téwéa mâ Kué, 1 - Kawipa mâ Pèari 1 - Ôbwê mâ Mèwimèa, 49 - âoro mâ Mèkwérari 35 - Marâmâ mâ Daramâri. 2 - Mèbara mâ Atia 2 - Dinâgé mâ avere, - - 50 - Pwai mâ Pwâda 3 göwémëu mâ Bwanénô - 3 - Fané mâ Bwênié, 51 - ûtu mâ Nitao 4 Ué mâ Méyida - 4 - Méru mâ Néshâdo, 52 - Bwâshere mâ néare darâ 5 - NérhÔÔ mâ Mwaciri rénu 5 - Uruawari mâ Owèshâi. 53 - Shiwèshu mâ Shiriaya. 6 - Kadö mâ tö Mèyiè [MÈÖRI.] [BWADUBA.] [UARI.] [UARI.] 54 - Bwanawé mâ Mèöri 36 - [Mârâ mâ Mâdu?], 7 - Uari mâ Niörö 6 - Uari mâ Mèbara, 55 - Néshira mâ Övere 37 - Kadö mâ Meshêê, 8 - Owèya mâ Mâwènyee 7 - Niörö mâ Mâwènyee, 56 - Erewâ mâ Erërhëe 38 - Mârâ mâ Gwôwo, 9 - FanaÔ mâ Katbi 8 - FanaÔ mâ Méréxé, 57 - ôbwê m5 Orévi 39 - âri mâ Burunépao, 10 - Utéré mâ Bwiru 9 - Utéré mâ Bwiru, 58 Bwatâ mâ Nétâbe 40 - Shaxo mâ Bwétéoro, 11 - göwémëu mâ Owèinô 10 - göwémëu mâ Owèinô, - 59 Favéshë mâ Mèöri 41 - UnÛ mâ Bwaduba, 12 - Uara mâ Mèdôxa 11 - Uara mâ Mèdôxa, - 60 - Övere âre mâ âio. 42 - Wâie mâ Miwaari. 13 - Tawarhî mâ Búrúvèya 12 - Owèya mà Owèsha. 14 - Owhya mâ Owèsha rarchies Uari et Bwaduba de Chaïnon. Ainsi 15 - Ugai mâ Mèniaribo Les différences de fond entre ces deux listes se ramènent à deux distinctions opérées par la s'effectuent le raccourci Uari-Mèbara de la ligne 6 [BWADUBA.] [NÉKÔU-B WARÉRÉA.] liste de droite. Ainsi, l'ensemble Nékôu- et l'assignation d'une seconde position aux Mèbara qui n'a pas cours à Kouaoua, les Mèbara étant 16 - Mârâ mâ Gwôwo 13 Nékôu mâ Bwaréréa, Bwaréréan de gauche [lignes 23 à 281 est4 - les aînés des Uari. Le primat statuaire à la locali- 17 âri mâ Burunépao - 14 - Nimöu mâ göwémëu, réparti à droite entre (( Nékôu-Bwaréréa n et sation et à l'antériorité explique ainsi que de deux 18 - Shaxo mâ Bwétéoro (( 15 - Udô mâ Karauni. Puruawa-Wêária)) [lignes 13 à 191. De viva )) des Uari recueillis par Jean-Pierre Dou- 19 - UnÛ mâ Bwabuda même, la liste a Are-Böröwirua )) de gauche menge (1975 : 77, listes II et II bis), l'un à la tribu 20 - Wiie mâ Miwaari [Iignes 43 à 531, est-elle subdivisée à droite de Koh @ieud'une hiérarchie Uari], l'autre à la tribu 21 - Wani mâ Waméni entre (( Dogá-Parawi D et a Are-Böröivirua )) de Mèa [lieu de la hiérarchie Mèbara], la première 22 - Wèni mâ Shôrôtoa [lignes 20 à 281. Les mécanismes sous-jacents ligne puisse être respectivement (( Uari md Mèbara )) et (( Mèbara md Uarin. La version in situ serait [NEKÖU hi\ BWARÉRÉA.] [PURUAWA-WËÂRIA.] sont abordés dans la suite du texte. encore autre. Vraisemblablement celle présentée la 23 - Nimöu mâ göwémëu 16 - Puruawa mâ Wêâria, Les différences secondaires relèvent d'une parti- ligne 7 de la deuxième liste, et repérable en lignes 9 et 24 - UdÔ mâ Karauni 17 - Kai mâ Mija, cularité de la liste de droite qui inscrit les relations 10 de la première liste, à savoir :<( Uari nid Ni&ö )). Par contre, aucune explication n'a pu être trou- 25 - Puruawa mâ Wêâria 18 Doge mâ Aibwari, lignagères de la vallée de la Kouaoua dans une loca- - vée quant à l'ouverture de la troisième liste par un 26 - Kai mâ Mija 19 - Yamhi mâ Mè Karadéa. lisation extérieure à celle-ci, et qui est celle de la tribu de Koh. La région de Koh relève des terroirs (( viva )) des óblué-Mèivitnèa, laquelle est des plus 27 - Doge mâ Aibwari précoloniaux des Kaaipu 23. Elle ne semble toute- inusuelles. En effet, les Óh@-Mèwintèa,qu'ils soient 28 Yamèi mâ tÖ Mè Karadéa. - fois pas avoir été peuplée à l'arrivée des Europiens. associés ou non aux Pirnè 24, arrivent généralement [PIMB.] [DOGÂ-PARAWI.] Les dépossessions foncières survenues dans la vallée en fin de liste. Une position en tête de liste - précédant les Mèbara-Uari - inverse ainsi les hié- 29 Pimé Tawavianô de la Kouaoua, suite aux implantations de colons, -- 20 - Dogâ mà Parawi, entraînent le départ de lignages des hiérarchies Uari rarchies fondatrices de la Kouaoua. I1 pourrait alors 30 - Iviâi mâ Mwânéfara 21 - Bwéua mâ Bwâwé, et Bwaduba de Chinoti vers Koh et, au-delà, vers être avancé - de manière incertaine toutefois - 31 - Jirua mâ Dumai 22 - âoro mâ Mkkwérari, Couli et La Fou. (Confer également Doumenge, que ce positionnement est circonstanciel. Les autres 32 - Bwêré mâ göwémëu 23 - Pwai mâ Pwâda, 1975 : 140). La mise en réserve et la localisation exté- positionnements sont, par contre, conformes 25. 33 - Dao mâ Jawari 24 - ûtu mâ Nitao. rieure rendent dès lors compte des particularités de la 4.2 Quntrièwe exemple. 34 - Tkwéa mâ Kui [ARE-BÖRÖW~RUA.] liste. C'est ainsi que le (( viva )) des Mèbara est présenté 35 - Marâmâ mâ Daramâni 25 - Are mâ Böröwirua, La quatrième liste provient d'un membre de 36 - Béi mâ Ôdia par la liste de gauche [lignes 1 à 61, tandis qu'il est 26 - Pôwau mâ Pwèdi, intégré, de manière elliptique, dans la liste de la tribu de Ouirou Piinè, sise dans la haute- 37 - Kaua mâ Pwêdi 27 Jiinu mâ Sharépa, vallée26. Elle décompose les relations de la - droite, au <( viva )) des Uari, par la seule mention de 38 - Ôbwê mâ Mèwimèa 28 - Dawie mâ Kaviru. Mèbara [lignes 6 à 121. Ceci du fait qu'aucun vallée en cinq regroupements respectivement 39 - Dinâgé mâ Övere lignage de la hiérarchie Mèbara ne se trouve à Koh dénommés : Bwaréréa, Are-Böröwirua, Dogâ- 40 - Fanè mâ Bwêniè et que cette tribu représente un doublon des hié- Parawi, Piniè, et Kawipa-Phi. 41 - Yari mâ Néshâdo 42 - Uruawari mâ Owèshâi. 23. Toutefois, la délimitation d'une éventuelle commune de Kouuortu achoppe, du côté de Koh, sur des divergences territoriales entre Mèu et Canula. [ARE-BÖRÖWIRUA.] [PIMI?] 24. La liste quatre dissocie également les dbwé-M.?~c~imèades Pini.?, mais selon une logique tout autre. 25. Les positionnements des viio )) des Öbivi-Mèivi~nPu.des Uuri et des Elvudubu varient ici de conserve. L'or- 43 - Are mâ Böröwirua 29 - Pimè-Tawavianô, donnancement le plus reçu serait ainsi celui de la liste deux, avec les (< viiw )> des Uuri et des Bwudubu se suivant en 44 - Pôwau mâ Pwèdi 30 - Iviâi mâ Mwânéfara, tête de liste. Les Me'ivimèa, dissociés des Pini.? arriveraient alors en clôture de liste. Toutefois, dès lors que les Me'lvifnPu 45 - IÛnÛ mâ Sharépa 31 - Jirua mâ Dumai, occupent la première position, et les Uuri la seconde, les Eicwdubu doivent arriver en clôture de liste et de l'ensemble 46 - Dawie mâ Kaviru 32 Tölö mâ göwémëu, des rapports hiérarchiques centrés sur les Uuri. - 26. II s'agit de M. Clement Homboé à qui nous adressons nos remerciements. La transcription et la traduction sont de M. Clément Homboé, de M. Georges Débaoué et de Patrick Pillon. YU SOCIÉT'E DES OCÉANISTES VALLEE DE LA KOUAOUA 91

[BWA&&A.] [BWARhÉA.] --I [KAWIPAPÈARI.] [KAWIPAP&RI.] 1 - Bwaréréa gwâ Bwaréréa gwâ, 41 - Bwanawé, Néshira mâ Övere Bwanawé, Néshira et Övere, 2 - Gwâ mi Tête rouge, 42 - ôröwa mâ ÔrÖrhZë ôröwa et ôrörhëë 3 - Bwaréréa nyee Bwaréréa nyee, 43 - Bwatâ mâ Nètâbe Bwatâ et Nitâbe, 4 - Bwaréréa yé1 Bwaréréa Yéé, 44 - BÛa mâ Ûxévi Biìa et Ûxevi 5 - TÖ i Nimöu mâ Karauni Ils y sont, Nimöu et Karauni, 45 - Wémâda mâ Wîmâdâ Wémâde et Wîmâdâ, 6 - Fanè mâ Bwênié Fané et Bwtniè, 46 - Xushâimwâdè mâ NérÖ Xushâimwâdè et Nérö 7 - Yari mâ Néshâdo Yari et Néshâdo, 47 - Bwêêi mâ Tarawié Bwêêi et Tarawié, 8 - Uruawari mâ Owèshâi Uruawari et Owéshâi, 48 - Ôbwê mâ Mèwimèa ôbwê et Mèwiméa, 9 - Puruawa mâ Wêâria Puruawa et Wêâria, 49 - Dinâgé mâ Övere Dinâgé et Övere, 10 - Kai mâ Mija Kai et Mija, 50 - âyö mâ âre En haut et en bas, 11 - Doge mâ Aibwari Doge et Aibwari, 51 - Nâ shisho Bwanawé mâ Mèöri Ils sont attachés Bwanawé et Mèöri, 12 - Mèbara Atia Mèbara Atia, 52 - Bei mâ Ôdia Bëi et Ôdia, 13 - göwémëu mâ Bwanénô göwémëu et Bwanénô, 53 - Kaua mâ Pwêdi Kaua et Pwêdi, 14 - Ué mâ Méyida Ué et Méyida 54 - Mè ¡ri Bë¡ gwâ mâ tÖ NâruanÔ Et puis Bë¡ gwâ et Nâruanô. 15 - Kadö mâ Méyiè Kadö et Méyiè, 55 - NÔ ré Kawipa Tel est le dit de Kawipa, 16 - NérhÔÔ mâ Mwaciri rénu NérhÔÔ et Mwaciri rénu 56 - Nâ rhaamâ mâ nâ gu tÖ néiriwâ Kawipa Qui accourt à grand renfort dans la vallée de 17 - Uari mâ Bwaduba Uari et Bwaduba, Kawipa, 18 - Uari Mèniörö Uari Méniörö, 57 - Mâ nâ tömâ nâ tëZre né ÛnÛ mwâ Et dont le fracas de tonnerre fait echo aux quatre 19 - Bwimwâ mâ Awatiamwâ Bwimwâ mâ Awatiamwâ, coins de cette maisonnée, 20 - Kwéa mâ Népaiö Kwéa et Népaiö, 58 - Nâ tö rua rö gwâwè rö Mèöri mâ Adéo Qui comprend, au-dessus, les sommets de Mèöri et 21 - TÖ rua Mèwôu mâ Awainô. Avec, au-dessus, Mèwôu et Awainô. de Adéo, 59 - Nâ viru veri mwâ nâ tÖ ria Péyaoro En bas, Péyaoro, [ARE-BÖRÖWIRUA.] 60 - Mâ tö Duvèra mâ Kagorumwa Ainsi que Duvèra et Kagorumwa. Are et Böröwirua, 22 - Are mâ Böröwirua 61 - NÔ né néiriwâ rÖ Kawipa. Tel est le dit de la vallée de Kawipa. 23 - Pôwau mâ Pwèdi Pôwau et Pwèdi 24 - JÛnÛ mâ Sharépa Jûniì et Sharépa 25 - Nôxixi mâ Nôpaia Nôxixi et Nôpaia, Cette disposition repose plus que d'autres bles, eu égard à leur appartenance à la des- 26 - Korimâda mâ Pûmâxauri Korimâda et Pûmâxauri. sur une spatialisation des principaux tertres de cendance de Pèure. Les autres agencements de [DOGÂ-PARAWL] chacun des regroupements. Elle renverrait en la liste sont la conséquence de ce mouvement cela à une représentation usuelle de l'unité de central. 27 Dogâ mâ Parawi - Dogâ mâ Parawi, la vallée, balisée d'aval en amont - et donc 28 - Bwéwa mâ Bwâwé Bwéwa et Bwâwé, Par rapport aux listes précédentes, celle-ci isole la du (( bas D vers le Q haut n -, entre le rocher 29 - âoro mâ Mékwérari âoro et Mékwérari, filiation des Piinè [lignes 32 à 401 de la filiation des émergé G Péyaoro )) (litt. (( pierrelflottie D) et 30 - Bwashéuré mâ Nitao Bwashéuré et Nitao, óbivê-Mèiviiiièa à laquelle elle est généralement la cascade (( Acairi )) du mont Mè&i (Pillon, 31 - Shiwèshu mâ Shiriaya Shiwèshu et Shiriaya. agrégée. Les óbivê-Mèiviinèa peuvent être dés lors 1989). La spatialisation n'est toutefois pas le rattachés à la hiérarchie des Mè&? stricto-sensu du [PMÈ.] [PIMÈ.] principe ordonnateur de la liste, ainsi que l'in- versant ouest dont ils constituent la branche aînée dique la position du (( viva )) des Piinè notam- 32 - Pimè Tawavianô Pimè Tawavianô, [lignes 41 à 541. Cette quatrième liste est ainsi la ment. Ici comme ailleurs, la disposition des seule à réunir l'ensemble des descendants de MèÖri, 33 - Pimè gwâ Pimè gwâ regroupements est gouvernée par les principes cadet de la généalogie mythique, et semble-t-il, à 34 Pimè Tölö mâ göwémëu - Pimè TÖ18 et göwémëu hiérarchiques et statutaires. imbriquer les deux hiérachies qui en relèvent. Les 35 - Pimè Mwânéfara Pimè Mwânéfara, La première caractéristique de cette liste est MèÖri stricto-sensu, aux espaces de référence en 36 - Pimè Dao mâ Jawari Pimè Dao et Jawari, qu'elle regroupe, aux lignes 1 à 21, des ligna- partie distincts de ceux des Ôbivê-MPivBnèa, ne sont 37 - Kaviyovimwâ mâ Bwarêi Kaviyovimwâ et Bwarêi, ges ordinairement répartis entre les hiérarchies en effet jamais directement rattachés aux Piinè, la 38 mâ vere rö mwârö igu médiation devant s'effectuer par le canal des óbit& - qui grimpent la montagne et s'en vont, G Mèbara )), (( Bivaduba a Bwaré- u, u Uari P, Mèiviiiièa. 39 - Tawavianô rö gwâ rhe penâ Tawavianô, extrémité du mât à la petite chauve- Purrrawa- (( Niiiiöu ria D, Wêûria n et H. I1 en Les lignes 55 à 61 magnifient la vallée par l'énu- souris, découle deux déplacements étroitement asso- 40 - nâ ÛnÛ mâ né ere do a rhio et mulet blanc nageant en surface ". mération des rochers les plus chargés de sens : ciés. D'une part celui qui confère la primauté MèÖri, Mè Adèo, PPyaoro, et Duvèra associé statutaire, entre tous les lignages de ces Kagoruniii~a. Comme pour la première liste de différentes hiérarchies, aux (( Bwarériu n. Et viva D, la clôture se fait sur les a hauteurs D. d'autre part celui qui consiste à inclure les 27. Allusion P la non-autochtonie de ces lignages. L'ancrage au terroir est valoris& alors que les voyageurs ne le (( Mèbara )) dans ce regroupement, autrement La fusion des lignages de la basse et de la sont guire. (Confer également Metais, 1986 : 266). qu'en première position. Ces dispositions libè- moyenne vallée ne transgresse cependant pas . Emmanuel Kasarhérou (1988 : 18) rappelle que les autochtones sont symboliquement identifiés aux arbres, rochers rent le patronyme de plus haut statut de les hiérachies. Celles-ci ne sont qu'estompées et montagnes, et les chefs venus de l'extérieur aux poissons, oiseaux, fruits, femmes et enfants. II est possible que, par un processus d'assimilation du chasseur P sa proie et du sacrificateur P l'objet de son sacrifice (Girard, 1989). la Kawiya-Pèare. Les ÔhtJê-Mèwiiiièa et les par un regroupement que seul l'angle de vue métaphore du mulet renvoie h celle de l'arrivée de l'ancêtre Phè P la recherche des végétaux pour fabriquer un filet Mèöri sticto-seilsu du dernier regroupement en de ses détenteurs peut repérer lors des énon- P mulets. (Guiart, 1962 : 131-132; Métais, 1988 : 71-72). deviennent dès lors les seuls porteurs possi- ciations publiques. Sont ainsi nettement 92 SOCIÉTÉ DES OCEANISTES VALLÉE DE LA KOUAOUA 93 'ri identifiables les hiérarchies des Bwaréréa Sée puisqu'elles lient tous les lignages en un d'autre part du fait de leur combinaison avec lignes 16 à 22, ainsi qu'en liste 3, aux lignes 36 [lignes 1 à 41; celle des Nimöi-Puruaiva- même souffle, sans opérer de distinction d'ap- des pratiques ultérieures dotées d'une logique à 42. Wêâria [lignes 5 à 111; celle des Mèbara partenance. A l'écoute, l'ordonnancement propre. La comprehengion des mécanismes du 4 Bwaréréa ; telle que présentée en liste un, aux ~ i , i .,:p:pL?l %. lignes 24 à 25 ; et en- liste 4, aux lignes 1 4. I [lignes 12 à 161 ; et celles des Uari et des Bwa- proposé est justifié par l'orientation, mention- passé précolonialbedoit alors d'être décryptée 5 NékÔu [Nékôu]; telle que présentée en liste duba [lignes 17 à 211. Cette composition née précédemment, du bord de mer au travers de situations contemporaines, à Mèö- deux, aux lignes 23 à 28, ou en liste trois, aux pourrait, nous semble-t-il, trouver sa référence ri 28. notamment par les déplacements liés aux dans un événement relativement récent de l'his- lignes 13 à 15. Cette assignation du patronyme de Kawipa- dépossessions foncières 32. 6 Puruawa-Wêâria [?I ; telle que présentée en liste toire de la vallée :l'intégration, en tant que chef, Pèare aux lignages de la haute-vallée constitue Les combinaisons mises en ceuvre par les trois, aux lignes 16 à 19. du lignage des Bwaréréa stricto-sensu. le point focal de la liste. Elle n'est toutefois quatre listes paraissent alors relever de trois 7 DogCParawi ; telle que présentée en liste trois, Cette arrivée rattache les Bwurérza, par Nimöu pas isolée et semble même être de tradition paradigmes : celui de la temporalité et des aux lignes 20 à 24; et en liste 4, aux lignes 27 interposés, aux Mèburu. Et il est vraisemblable à dans la haute-vallée 29. successions de formes organisationnelles ; 31. qu'elle implique également les óbivê-Mèwirnèu. En 8 Are-Böröwirua ; telle que présentée en liste celui de la parenté et des modalités de la filia- effet, les Bwuréréu stricto-sensu sont arrivés par la L'on est ainsi porté à contraster les visions trois, aux lignes 25 à 28; en liste deux, aux tion et de l'alliance ; et celui du politique et haute vallée - et peuvent y avoir séjourné -, pour soutenues dans les listes un et quatre autour lignes 43 à 53 ; en liste un, aux lignes 19 A 23 ; finir par s'installer au bord de mer. Ils font un du patronyme le plus prestigieux. La première des registres statutaires. ou en liste 4, aux lignes 22 à 26. séjour avéré dans la moyenne vallée, aux lieux des confère la position statutaire la plus élevée La troisième liste, ainsi que différents traits 9 Pimè; telle que présentée en liste deux, aux implantations des Ninzõu et des Mèburu. Ce dont aux Mèbara gwâ, qu'elle place en début de des autres listes, pointent vers un quatrième lignes 29 à 35 ; en liste 3, aux lignes 29 35 ; témoigne le tertre (( Bwarèréu nyee )) piste 4, ligne liste. La seconde confère cette position aux paradigme : celui de la spatialisation et de la et en liste quatre, aux lignes 32 à 40. 3; liste 1, ligne 251, proche de la chefferie Mèa. 6bwê-Mèwimèa, qu'elle place en fin de liste. localisation des situations et du savoir. 10 Ôbwê-Mèwimèa [Mèöri] ; telle que présentée en II serait de logique statutaire qu'avant d'amver liste deux, aux lignes 36 à 42 ; et en liste trois, Pour autant, chacune des quatre listes pré- Ces propositions analytiques ne sauraient à Mèa - et par contre-coup, ultérieurement, au aux lignes 1 à 5. bord de mer -, les BivurGréa aient dû en passer par sentées obéit aux mêmes principes. Ceux-ci toutefois être abordées sans l'explication préa- lable des unités discrètes au fondement des 11 Mèöri [Mèöri] ; telle que présentie en liste un, les dbivê-Mèivinzèa de la haute vallée ; du fait que apparaissent ainsi rien moins que normatifs, aux lignes 57 à 65, ainsi qu'en liste deux, aux quatre listes de (< )). De telles unités sont ces derniers sont des lignages cadets, membres des contrairement peut-être à la vision que peu- viva lignes 54 à 60. (( originaires n, et les sujets de la chefferie Mèu. Or, vent en avoir les acteurs sociaux. Les dépla- des regroupements de lignages hiérarchisés qui Une douziéme hiérarchie pourrait être ajoutée, les chefs sont assez souvent le point d'aboutisse- cements repérables entre les listes un et quatre se construisent sur les alternatives - ou sur celle de Kadö-Méyiè, non spécifiée dans ces ment des initiatives des cadets-sujets. (I1 existe par la combinaison de la consanguinité agna- sont alors le reflet des enjeux statutaires et de - (( viva )). ailleurs des indications d'une hiérachisation asso- tique et de l'alliance politique et qui sont per- ciant les Bwuréréa aux óbwi-Mèivintèu.) la tendance, d'une grande prégnance cultu- relle, à la valorisation de son propre groupe çus à l'extérieur sur le modèle de la commu- Ces (( hiérarchies de référence implicites D Cette interprétation expliquerait, dès lors, la nauté parentale agnatique. Ces hiérarchies, sont plus ou moins stables, étant elles-mêmes construction de la quatrième liste : l'étranger posi- d'appartenance vjibaou, 1976 : 281-282 ; que nous qualifieront de (( hiérarchies de réfé: le produit d'une histoire, de fusions et de . tionné en tant que chef en dernier lieu est placé en Bensa, Rivierre, 1982 : 66; Métais, 1986 : rence implicites semblent devoir être exo- premier et relié - tant par son trajet que par les 258) 30. D, fissions hiérarchiques successives, et d'intégra- liens entre originaires - aux Nintözt, aux Mèburu, Ces listes sont, à l'exception de la liste trois, games. Les listes de viva)) peuvent se tions de gens venus de l'extérieur 33. Celles-ci ainsi qu'aux óbwê-Mèivintèu. les principales listes actuellement utilisées construire sur leur énumération ; ainsi les lis- se font alors par association à l'une des hié- dans la valllée. Mais il s'en ajoute vraisem- tes deux et trois. Mais ces hiérarchies sont rarchies des fondateurs, ou par dévolution Cette fusion des lignages de la basse et de bablement un ou deux autres, actuellement plus ou moins implicites lorsque les (< viva )) d'une autonomie territoriale et politique. la moyenne vallée ne saurait avoir valeur hié- moins utilisées par manque d'orateurs ou du choisissent de mettre en avant d'autres rela- Cette dernière entraîne la constitution d'une rachique. Elle est à valeur statutaire et ne peut fait du renouvellement des générations. De tions hiérarchiques ou statutaires ; ainsi les lis- nouvelle (( hiérarchie de référence )) et celle du qu'exprimer le regard des lignages 6bivC manière générale, la société locale tend à être tes une et quatre. (( viva )) qui la traduit. Mè~vimèalato-sensu ; elle relève de la symbo- confrontée à la difficulté du remplacement des Les quatre listes présentées se composent de lique. En effet, les dénominations de (< )) cinq regroupements, pour la première; de viva orateurs 31. 5.1 La succession des formes d'organisation. sont informelles - à tel point qu'elles ne sem- sept, pour la deuxième ; de huit pour la troi- blent pas toujours exister ; et elles ne font pas sième ; et de cinq pour la quatrième. La col- Une première interrogation porterait sur partie des déclamations. (Elles ne sont en effet 5. Des a viva D aux principes d'organisation lation des distinctions hiérarchiques existantes l'ancienneté relative des listes. Si leurs dates congruentes ni avec le caractère de liaison des sociale. débouche toutefois sur l'identification de onze de composition sont ignorées, ces listes déclamations, ni. avec les mécanismes de hiérarchies de reférence D. (L'ordre de pré- contiennent presque toutes des notations pos- répartition des individus et des groupes qu'ap- Les principes régissant l'organisation de la sentation étant ici indifférent et les parenthè- térieures à l'arrivée des Européens. pellent les circonstances cérémonielles). Les vallée ne se laissent pas aisément circonscrire. ses renvoyant aux trois dénominations inclu- La troisième liste implique la création des réser- récitations in situ ne revêtent dès lors pas la sives de la généalogie fondatrice). Dune part du fait de leur complexité, de leur ves. signification statutaire qui vient d'être analy- éclatement, et de leur mouvance précoloniales, 1 Mèbara [Kawipa]; telle que présentée en liste Les listes deux et quatre contiennent le (( Mèyidu )) 28. I1 convient ainsi de noter que I'écritnre cristallise ici un phénomène que l'oralité maintient en pointillé. deux, aux lignes 1 à 6. patronyme de (respectivement aux 29. Doumenge (1975 : 44) écrit ainsi que la liste des Ku~ripacommence toujours par 6bwê in6 MPiI*iniPu. Ce 2 Uari [Kawipa] ; telle que présentée en liste deux, lignes 4 et 14), qui serait lié à l'arrivée de la religion chassé-croisé entre lignages ainés et lignages cadets des originaires n peut n'avoir qu'une rationalité statutaire. I1 aux lignes 7 à 15 ; et en liste trois, aux lignes 6 protestante. pourrait avoir également - par hypothèse que rien d'autre ne supporte dans la vallée -, un soubassement historique. à 12. La liste un met en scène le dernier état des rela- En ce cas, la xénhlogie mythique ternaire serait la rationalisation d'une situation fondatrice postérieure. 3 Bwaduba ; telle que présentée en liste deux, aux tions précoloniales. Elle ne saurait non plus être 30. Jean-Marie Tjibaou (1976 :281-282) &rit ainsi ... ((chaqueclan se considire comme le centre des relations qui existent entre les membres d'une même tribu et I...] l'origine d'un clan est perçue comme l'origine du monde environnant 32. Un dépiacement est capital dès lors que l'on pent transformer l'occupation en droit sur le fonds, dés lors que [...I. C'est la vision du clan qui intéresse le narrateur et non l'ensemble de la société I...], il privilégie tellement ce clan la transmission des accords devient lacunaire, et que les dispositifs de résolution des conflits ont été affaiblis. que le reste de la société n'apparait plusa. 33. Les hiérarchies de réErence )) paraissent proches de ce que Bensa et Rivierre (1982) appellent les ((contenants (i 31. Les ivk~nse transmettent selon les canaux de la parenté patrilinéaire et par alliance. Mais il est possible que, de chefs D. Mais, plus que des chefs i>,ce sont des (( ainés )> qui sont B leur tête. La chefferie, également connotée par du fait des difficultés de renouvellement, des transfomations aient eu lieu en ce domaine. la primogéniture, requiert un investissement politique supplémentaire. 94 SOCIETÉ DES OCÉANISTES VALLÉE DE LA KOUAOUA 95 4 très ancienne, bien qu'elle ne contienne aucun élé- Certaines listes regroupent ainsi en une actuellement classés en tête-de-liste. Ainsi les 5.2.1 Le modèle de la consanguinité agnatique. ment lié à la présence européenne. même (( hiérarchie de référence D des lignages Piniè, les Bwaréréa, les Bivaduba. Ainsi, peut- Quels que soient les rappqcts recouverts par ailleurs scindés en deux hiérarchies. La listgi-:J être, les Dogâ-Parmoi, les Are-Böröivirua, les les différents usages du terme ¿le (ihiivûrö)), sa Contemporains ou non, ces u viva )) fixent trois par exemple, distingue entre Nékôu- Mèbara. Et, quoi qu'il en soit ces derniers, les des modalités d'organisation qui ne le sont connotation spontanée est celle du regroupe- Bivaréréa d'une part, et Puruaiva- Wêâria d'au- Uari 40. ment d'agnats. Tel est aussi le modèle paren- pas. Cette affirmation se fonde sur l'attesta- tre part, tandis que Nékôu et Puruaiva- Wêâria tal et organisationnel des chefferies.En effet, tion, largement répandue dans la littérature sont unis dans l'intitulé Nékôu-Bivaréréa dans 5.2 Parenté et alliance politique dans la consti- bien qu'elles rassemblent toujours des lignages anthropologique relative à la Nouvelle- la liste deux. Cette dernière liste devrait repré- tution des (( hiérarchies de base )>. d'origines différentes, les chefferies reconsti- Calédonie, de la fréquence des déplacements sentée une situation antérieure. des groupes de parenté (Guiart, 1968 : 109; tuent dans leurs agencements internes la tri- En effet, Nékôu relève de la généalogie fonda- Tout a viva )) est couramment qualifié de Frimigacci, 1977 : 46; Bensa, 1981 ; Dubois, partition d'une igname en divisions fonction- trice3', alors que les Bivaréréa sont d'arrivée (( nzrvarö)). Mais, s'agissant des hiérarchies nelles, (( gwâ )), (( göwé )) et (( Yéé )), métaphore 1984 : 15). Ces déplacements participent des récente. En même temps, et bien que Nékôu- de base )), les deux catégories de l'agnation et de runité parentale 42. distinctions politiques, s'agissant de la posi- Bivaréréa soit l'intitulé fourni avec la liste deux, les de l'alliance politique peuvent être repérées A différents niveaux structuraux, apparie- tion hiérarchique et de la fonction à conférer Biuaréréu en sont absents. Cette dernière liste relb- derrière ce terme quotidiennement rendu par aux arrivants. Les groupes locaux sont ainsi la verait plutôt des Nékôu-(Puruaivu), structure sans ments de lignages, (< hiérarchies de référence )), le mot (( clan n. Cette approche n'est toutefois doute antérieure à l'arrivée des Brvaréréu 36. chefferie, des groupes d'origines différentes se résultante d'arrivées et de départs multiples, pas d'une saisie immédiate. D'une part, du liés à des brouilles, à des guerres, ou à tout rassemblent sous un même nom qui est celui La liste deux présente, de même, un regrou- fait que les lignages d'origines différentes se de l'aîné, tête de hiérarchie. Ces principes sont autre cause. Une organisation locale ne sau- comportent en tant qu'agants, db lors qu'ils rait ainsi se comprendre en dehors d'une his- pement Are-Böröwirua que la liste trois scinde également à l'œuvre lorsque plusieurs lignages en Dogâ-Parawi et Are-Böröwirua. Or, des sont ainsi associés : ils ne se marieraient pas locaux, d'origines différentes, se fondent en toire faite de sédimentations successives entre eux et auraient des politiques matrimo- (Guiart, 1952 : 31 ; Bensa, Rivierre, 1982 ; notations actuelles, et d'autres plus anciennes, une seule unité parentale, afin d'intégrer celui indiquent une liaison entre ces lignages têtes- niales communes (Pillon, 1989). Et d'autre ou ceux d'entre eux nouvellement arrivés. Ils- Dubois, 1984 : 7, 8, 224; Leblic, 1989), aux part, du fait que ces pratiques pourraient cours desquelles des arrivants ultérieurs sont de-listes. Daniel Frimigacci (1977 : 50) rap- (( retitrent dans un noiii )), pour citer l'un de porte par exemple que les Dogâ sont à déboucher sur l'extinction des distinctions nos interlocuteurs, et se présentent dès lors à intégrés au pôle des (( anciens )) du terroir, d'origine. Alban Bensa et Jean-Claude face aux individus d'arrivée plus récente (Ben- Koiioyes, en fond de vallée, puis qu'ils s'ins- l'extérieur comme étant de même origine. Ceci tallent à Méclzin, plus en aval. Ce dernier Rivierre (1988) en donnent, pour une autre afin de masquer l'origine extérieure des der- sa, Rivierre, 1982 : 90, 217). Ces nouveaux- région de la Grande-Terre, un exemple cir- venus peuvent être acceptés en tant que endroit relevant des Are-Böröwirua Into-sensu, niers venus 43. il pourrait en être conjecturé que la liste trois constancié. Ces différentes pratiques ont généré des ((sujets )) ou en tant que (( chefs D, et leur inté- Le rapport originel entre les groupes de gration induire des transformations plus présenterait cette fois, un état antérieur 37. confusions analytiques persistantes à propos ou parenté d'une (( hiérarchie de référence )) est Les autres différences relèvent de variations 3 des structures sociales de la* vallée de la moins importantes 34. Les guerres auxquelles marginales. ainsi d'autant plus difficile à appréhendez qu'il Kouaoua. Jean Guiart (1968), Jean-Pierre participent les groupes locaux peuvent avoir est plus éloigné dans le temps et que la des effets similaires. Les défaites, notamment, Doumenge (1975), et Daniel Frimigacci (1977) Ainsi Faué et Bivbiié, Yari et Néshîdo. Uruaivari connaissance de ses mécanismes empiriques reconduisent ainsi tour à tour l'assimilation dispersent les groupes, font et défont les et Oivès/iái, sont-ils classés avec les Piinè et les est plus malaisée. Du fait, également, que la des composantes des (( viva D à des relations chefferies, et décident de nouvelles situations 6brr&Mèiviin~a,dans les listes deux et trois, et avec relation entre les composantes d'un viva de foncières (Mathieu, 1952 : 18 ; Guiart, 1952 : les Bivaréréa dans la liste quatre (lignes 6 à 8). (Et agnatiques effectives '". référence )) se traduit, au quotidien comme plus précisément, avec les Niiiiöir qui les précèdent 29 ; Dubois, 1984 : 16 ; Bensa, 1984; Metais, dans les viriiuiö 1) en termes de consan- La description du peuplement de la région de immédiatement à la ligne 5). Or, chacun des ligna- ", 1986 : 260-261 ; Leblic, 1989 : 115). Certains guinité agantique et que les relations internes Kouuoua-Moindou-La Fou par Daniel Frimigacci en événements, restés en deçà d'affrontements ges Bivéftiè, Nés/iÛdo, et Difiâgé (qui est vraisem- est une illustration. Chaque implantation de groupe blablement le lignage sous-entendu dans le troi- sont perçues de manières différentes, dès lors guerriers, peuvent entraîner la dispersion de que l'on s'éloigne des individus concernés. local y est pr!sentée sur le mode de la filiation sième couple de noms)3x,s'est déplacé du bas de patrilinéaire. A suivre Daniel Frimigacci, il n'est groupes locaux (Dubois, 1984 : 168-169). la vallée supérieure à la moyenne vallée. D'od, sans L'intégration de divers groupes de filiation L'attestation des successions organisation- alors que les lignages Piniè, Jirua et Duniai:, être doute, ces changements d'appartenance hiérarchi- une même appartenance patrilinéaire ressort d'arrivée extérieure. A l'examen toutefois, ces nelles peut dès lors être rapportée au contenu que qui se retrouvent à la création des réserves 39. toutefois de la littérature anthropologique généalogies se confondent avec les (( viva )>. des listes. Certaines divergences touchent alors (Dubois, 1948 : 21 ; Deschamps, Guiart, - Après réécriture, la (( généalogie )> des Mébaru à l'existence même des (( hiérarchies de réfé- Que l'organisation en (( viva )) relève de suc- 1957 : 118; Bensa, Rivierre, 1982 : 121, donnerait (Frimigacci, 1977 : 47) : Uari M2bara. rence)); d'autres ne renvoient qu'à des cessions historiques se déduit égalenient des 130). Niörö, Ayarva, Máwèuyee. Ce qui renvoie au modifications d'appartenance hiérarchique. arrivées ultérieures de nombre de lignages 40. Si les relations quotidiennes appellent la discrition sur ce sujet - et plus particuliZrement en ce qui concerne 34. L'intégration peut étre déstabilisatrice (Bensa, Rivierre, 1982), ou aboutir P l'éviction des accueillants (Dubois, les chefs -, les conflits en font l'arme de l'affront par excellence (Dubois, 1948 : 21, 1984 : 40; Bensa, Rivierre, 1984 : 169). Cette tension contribue au fractionnement des groupes en déplacement. (Également, Bensa, Rivierre, 1982 : 203, 336, 342). 1982 : 130). 11. Les (( vi!iimbs sont des récits qui Claborent la connaissance du monde social. Certains d'entre eux contiennent 35. (( Nikiirr n est l'équivalent uittiu de (( Ninioir n. Les a NGkiu n ne sont pas iteints, comme l'avance Jean Guiart des u vivu n. (1968 : 104). 42. L'igname est le symbole de l'homme. Les trois parties sont respectivement la tête, le milieu, et le bas de l'igname. 36. Les Eivuririu ont ité accueillis par les Niitioic qui en font leurs frires classificatoires et adoptent leur nom (Pillon, Maurice Leenhardt (1935 : 281) donne une explication rrronnée du terme QJ& )) (litt. ((lourdD) : ((On ajoute volontiers 1989). Aussi l'assignation du nom de EwurirPa i une liste Ninioic relève-t-elle d'un tklescopage. Cette assimilation est ce terme au nom de la branche la plus riche du clan. Monéo y& le riche ou le puissant D. Les a y@ n sont les lignages igalement indiquée par Daniel Frimigacci (1977 : 49). les plus nombreux, et ceux qui supportent le reste de la hiérarchie. 37. Cette conclusion peut être également tirée des lignes 19 à 23 de la liste un, si l'on considere que cette liste traite 43. Ces lignages accident à la même part lors des r2unions c&r&monielles.Ce qui fait des distinctions entre compo- le dernier état des relations de la vallée. ' santes une affaire interne et, au-deli, de savoirs souvent plus mal que bien informés. Certains discours de cèrimonie 38. (( Oivis/iÜin est un trou d'eau de la rivikre principale qui relèverait des Dirligi. écarrent explicitement les distinctions internes, au profit de l'accentuation de l'uniti (Pillon, 1989). 39. Les Bwéuii sont éteints. Les Nididdo ou Pökere (également Guiart, 1968 : 106; Doumenge, 1975 : 27). ainsi 44. Jean-Pierre Doumenge (1975 : 44) nuance en partie cette approche : ((Les binômes regroupent souvent des clans Piitiè que certains Dindgi, vivent B Mèu et B Chaicion. Les loro-senstr habitent par contre Oir~roir-Piitiè.Koiro~~es-ShaoirP étroitement liés par des liens de sang ou de service )) (souligné par nons). Ou encore : ((Peu [...I importe apres tout qu'il et Kurricobi. y ait viritablement des liens de filiation [...I P. 96 SOCIÉT~DES OCBANISTES VALLÉEDE LA KOUAOUA 97

(( peuplement dominant. Ce sont des lignages .. vivan des Uari des listes deux et trois, et ne tient logique correspond toutefois aux (( vivan des Are- Ces erreurs analytiques reposent sur l'adop- pas compte du positionnement ultérieur de Uari en Böröwirua et à celui des Doga'-Parawi des listes tion de représentations locales, ainsi, sans d'origines différentes, souvent tant entre eux tant que chef d'un regroupement en place à son deux et trois. Or, il semble bien que nombre de doute, que sur des recueils effectués auprès - même lorsqu'ils voyagent de conserve -, arrivée. lignages les composant soient d'origines et d'arri- d'individus extérieurs aux relations en cause. qu'au regard-de~~~a¡ui~~-Ilssont alors inté- Y .r -- . -. La Q généalogie )) des Dinâgé (Frimigacci, - vées distinctes. grés aux hiérarchies de référence )) en place : serait : Dinâgé, göivéniëu, Fané, Bivêniè, 1977 47) - De même Jean Guiart (1968 : 105) écrit-il que 5.2.2 Des regroupements politiques hiérarchi- ou permettent d'en fonder de nouvelles. Tel Méru, Néshâdo, Uruawari. Oivèshâi. Ce qui fait la clan Bivaréréa ma' Gö>vémëu s'identifie au clan sés. paraît être le cas de la hiérarchie des Piniè. éch0 au <( viva )) des 6bivé-Mèwimèa de la liste trois, Göwéniëu de Parawiè. Un peu plus loin, les Mèyiè et les Niniöu sont présentés en tant que descendants et à celui des Pimè de la liste deux. Là aussi, il est Les hiérarchies de référence )) sont fré- Cet exemple illustre les mécanismes discutés et les des lignages d'origine, ou d'arrivées, différentes. des Bivaréréa et des Bivêniè (Guiart, 1968 : 106). quemment, mais pas nécessairement, locali- difficultés de leur traitement. Les Piniè Iato-sensu - La ((généalogie )) Mètvimèa donnerait ensuite Les confusions qui sont ici multiples, nécessitent forment à Kouaoua un regroupement de dix ligna- sées. Les (( viva )) qui en rendent compte se (Frimigacci, 1977 : 47) : FanaÓ nuí Méréxé, Ut&é d'entrer plus avant dans les analyses de détail. constituent dès lors autour de deux moda- ges en relation d'interdit de manage. Ainsi ma' Bwiru, göivémëu ma' OwèinÓ, Uara mâ Mèdoxa. Nimöu n'est pas issu de Bivaréréa. Et l'association qu'Éliane Métais (1988 : 72) s'en fait I'écho, leurs Tawarhi mâ Owèsha. Ugai ma' Méniaribo. Ce qui Mèyiè, Nimöu, Bwaréréa, et Bwêniè relève d'un rap- lités : différentes composantes sont représentées locale- port hiérarchique, Nimöu/Nékâu étant le lignage de renvoie aux viva )) des Uari des listes deux et trois, - En premier lieu, l'intégration par la filia- ment comme la descendance d'un couple. Dans le different de celui des óbwé-Mèwimèa. La présenta- plus haut statut. Par la suite, le nouveau-venu Bivaré- cadre de variantes, il est parfois indiqué que ce réa est positionné en tête de hiérarchie, ainsi que l'in- tion patrilinéaire et par l'agnation. Ces der- tion deux à deux, donnée cette fois-ci par l'auteur, couple a eu onze garçons, dont Dumai en troisième diquent les listes un, trois et quatre. Et Nimöu lui est nières sont alors soit effectives, soit - et par est celle des (( vivan. lieu ". Mais d'autres récits, rapportés par Jean - À titre de dernier exemple, les Nékóu ma' second 47. La présentation généalogique qui fait ici hypothèse -, réalisées dans le cadre d'inté- de Niniöu un descendant de Bivaréréa est fausse, et à Guiart (1962 : 103) et Daniel Frimigacci (1977 :46, Bivaréréa auraient pour (< généalogie )) (Frimigacci, grations anciennes, ou fondatrices, aux traces indiquent des arrivées distinctes pour : : Nimöu nia' göivémëu. Udó nia' Karauni. l'inverse des anciennetés relatives. 47, 57), 1977 49) effacées par les pratiques et les représenta- Dumai et Piniè stricto-sensu en provenance de la Puruaiva mâ Wêâria, Kai mÛ Mija, Yam2 nia' Mè De même, Bivaréréa et Göivémëu sont-ils d'arri- tions. côte est (Guiart, 1968 : 103 ; Frimigacci, 1977 : 57). Karadéa. Ce qui est conforme au (( viva )) des Néköu vées et d'origines distinctes. Le premier en prove- ma' Bivaréréa de la liste deux. nance du versant ouest, le second comme indiqué - En second lieu, l'intégration, par l'al- Les Jirua-Duniai seraient alors arrivés à Kouaoua par Jean Guiart, de la côte est. Leur association ne liance politique 5', de lignages aux différences avant les Piniè. Ce que leur seconde position au Ainsi, et sans qu'il n'en soit jamais ques- relève toutefois pas de la filiation, mais de la hié- d'origine mémorisées. sein des (( viva )) pourrait accréditer. tion, les pseudo-généalogies transcrites par rarchisation. (Et peut-être de la méprise) 48. Si gint Que la filiation patrilinéaire soit au principe Éliane Metais conforte la thése des origines dis- est que cette association soit valide, elle ne peut que tinctes - et, pour Dumai, extérieures à Kouaoua -, Daniel Frimigacci procèdent des (( viva )) 45. originel, ou fondateur, du peuplement domi- renvoyer aux deux hiérarchies du bord de mer des Piniè stricto sensu et des Dumai. Le mythe Mais, dans la mesure ceux-ci se construi- nant de la vallée ressort de la généalogie fon- o~ coiffée, pour l'une, par les Bivaréréa, et, pour l'au- d'origine de ces derniers situe leur émergence dans sent sur des principes propres, favorisant le tre, par les Göivénieic. datrice et de l'organisation hiérarchisée qui en la région de La Fou, sur la côte ouest. Sur l'insis- positionnement des derniers arrivants en tête Les différents lignages, Niniöu, Bwaréréa. Bivêniè, découle entre les descendances de Kawipa, de tance d'Éliane Métais, son interlocuteur Duniai lui de hiérarchie, la traduction en termes de filia- Göivéniëu, relèvent du (( viva )) des Bivaréréa de Nékóu et de Mèöri. Le nom du territoire est précise que son lignage est, à l'origine, distinct des tion devient une véritable matrice à contre- la liste un ". Le lignage Kadö-Mèyiè pour sa part, alors celui de l'aîné Kaivipa. L'intégration par Piniè. Et que son rattachement à ce dernier nom sens. Les conséquences les plus poussées en a d'abord connu une intégration en tant que l'agnation est en effet le principe organisation- n'intervient qu'ultérieurement (Métais, 1988 : 76, sont à rechercher dans les analyses de Jean ((sujet)), puis en tant que ((chef)), associé aux nel premier et, même lorsqu'il n'est pas 156). Dans un article antérieur, Eliane Métais fait Guiart, leque1 confère une portée théorique à Mèbara. (Cf. listes un et deux). D'où sans doute effectif, structurant. Elle est surtout le fait de une description décisive pour une interprétation des l'association de Mèyiè à Nimöu, alors relative à la ses matériaux locaux. lignages d' (( originaires )) dont les hiérarchies (( hiérarchies de référence )) en termes d'alliance premiere intégration. L'origine extérieure de Kadö sont aux lieux de leur fondation''. C'est politique, rationalisée sur le modèle de l'agnation. - Jean Guiart (1968 : 101-102) rapporte ainsi (cf. également Doumenge, 1975 : 42) ne va pas non S'agissant de la tribu de Petit-Couli, sur la cate que les Póisau disent ((être une branche cadette du plus dans le sens des rapports de filiation présentés pourquoi, les hiérarchies cadettes óhé- MAviinèa et encore, ouest, et au voisinage des terroirs de Kouaoua, cet clan Are )) '6, et que (( l'ancêtre Are aurait eu d'au- par Jean Guiart. Mèöii sont, aujourd'hui auteur indique que (( le clan Piniè )) y est composé les mieux représentées. (Confer également, tres frères en plus de Pâitau : Paraivi, Daivie, - La formulation (( les Bwaduba issus de Méba- des six lignages TÖIÖ, Kué, Piniè, Kaua, óbit.ê et : Néjuniè, Wémo. Les Doga' [...I représentent une ra )) (Guiart, 1968 : 106) est, comme il l'a été mon- Frimigacci, 1977 49). Leur importance Duniai pratiquant l'exogamie clanique (Métais, branche cadette des Paraivi P. Ce descriptif généa- tré, erronée 50. numérique repose sur leurs possessions fon- 1986 : 265). Cette filiation de CouIi renvoie, à cières, elles-mêmes expression de leur fonction Kouaoua, aux deux filiations distinctes des óbivê- 45. En français local, l'action de réciter les (( vivu), est rendue par a la récitation des généalogies n. de .a sujets )) et de maîtres de la terre. Mèivimèa (óbwé, Kaua) et des Pinif (TÖIÖ, Piniè. 46. Cette formulation confond la retranscription des relations en termes de parenté et l'origine des relations. En effet, A l'inverse, l'intégration par l'alliance poli- Kué, Duniai). Le clan, au sens d'Eliane Métais, selon la terminologie de parenté, et selon les pratiques matrimoniales, les membres d'une (( hiérarchie de référence )) ne peuvent être que des grands-pères, des pères, des frères, des fils et des petits-fils. Par convention, les lignages de chefs tique concerne les lignages ne relevant pas du apparaît bien ainsi en tant qu'association politique, sont ((desaînés D, tous les autres étant leurs a cadets n, indépendamment des origines respectives. I1 n'y a cependant pas Ià nécessité généalogique mais organisationnelle. 51. À l'origine, toute alliance entre lignages est matrimoniale. Par la suite, ces échanges matrimoniaux peuvent être 47. La hiérarchie Nékdu-Etvuréréade la liste trois comprend peu de lignages et place Nékdu-Nimõu avant Bivdriréu. reconduits ou non, selon les appartenances aux ((hiérarchiesde base D. Les listes un et quatre regroupent de nombreux lignages et placent, au contraire, Niniöu après Bivurériu. Le a vivan 52. La notion d'espace de fondation est reprise de Bonnemaison (1986 : 521). des Bii"+éu de la liste un renvoie d l'actuelle chefferie de bord de mer, tandis que celui de la liste trois renvoie d une 53. De nombreuses questions restent posées dont témoignent certaines de nos formulations, parmi lesquelles, l'origine situation antérieure, localisée dans la moyenne vallée. Au bord de mer, Nimöu est positionné aprés Bivuréréu afin de lignages ((extérieurs n. Les (( originaires )) sont le produit d'un trajet les ayant conduit jusqu'a la vallée. II se pourrait d'honorer le nouvel am'vant devenu chef. Pour autant, leur relation interne est probablement inscrite dans la relation alors que des ((arrivants ultérieurs n partageassent les lieux de dispersion originelle, aient été des co-résidents lors du accueillant/accueilli. parcours, fussent autrefois partis de la vallée pour y revenir, ou même - et par hypothese - aient été sur place d 48. II convient en effet de distinguer le nom de lignage Gõwémëu, de la fonction de gõivéniëu ; ce d quoi Jean Guiart I'arrivée des u originaires D. n'a peut-etre pas été suffisammentattentif ici. L'association (( Bivuréréu mû gdwéniëu n serait plus vraisemblable, s'agis- 54. Les lignages Piniè s'obtiennent en isolant Tuiraviuno', hidi et Miiv?n$uru, de la liste trois. Selon nous toutefois, sant d'un rapport hiérarchique usuel. (Confer les (( vivu )> aux listes et aux lignes suivantes : I, 2, 24, 49 ; III, 3, 11, ces lignages sont, au plus, au nombre de dix. et non pas de onze comme l'indique Éliane Métais, suivant certaine 23, 32, etc.). tradition locale. En effet, ccgõii*inidrndevrait étre traité comme une fonction; de même, et par ailleurs, spivëdin. Ce Les Goivémëu sont toutefois présents dans les deux hiérarchies du bord de mer (Pillon, 1989). rapprochement n'est cependant pas fait localement. 49. Dans la liste un, les Goivénnlëu sont représentés par des noms d'ancêtres. Avec la constitution de ¡'État civil, Tuivuivhd et h4ivdnifuru sont devenus des patronymes. Mais, contrairement à 50. Nous avons également recueilli l'association (( fraternelle )) (A interpréter en termes classificatoires), de Bi~~aduba ce qu'indique Eliane Métais (1988 : 156). Tuivuviund n'est pas la lignée aînée des Pimd stricto-sensu, ce patronyme et de (luri. Mais in siru, la relation est celle signifiée par la première liste. regroupant plusieurs lignages Piniè de Oirdrou-Pinid (Cf. égalzment Guiart, 1968 : 103). 70 99 SOCIÉTÉ DES OCBANISTES VALLÉE DE LA KOUAOUA initialement extérieure 1 l’agnation, et relevant de ‘.j La quatrième liste ne relève d’aucune des 7. Conclusion. modalités locales ”. nas d’inférer que les manipulations hiérarchi- deux approches précédentes. Elle n’est pas iues sont au cœur de l’énonciation des orientée par la présentation des ((hiérarchies Quels que soient leurs modalités de consti- (( viva )) et de leur composition. 6. Hiérarchie et statut. de référenW), et encore moins par celle des ‘ .-.-pz..tution-. et les ramorts.. su’elles mettent en chefferies. Elle répond à des préoccupations Ainsi, Jean-Pierre Doumenge (1975 : 44), pour avant, les listes de (( viva )) s’ancrent toutes lequel les ter- dans les (( hiérarchies de référence )) d’une statutaires relatives aux lignages d’ (( originai- ((Tous les informateurs assurent que 6.1 Doris lu coinposition des ((viva )). res)) du haut de la vallée. À cette dernière mes sont groupés dans les discours de pilou suivant période donnée. Ces dernières peuvent alors un ordre voulu. Celui-ci n’est pas immuable ; puis- notation près, tel est cependant le cas de tou- être exclusivement formées d’agnats, ou inté- Ces analyses posées, il devient possible d’ex- que le vivat est un élément fondamental de la stra- grer des alliés politiques; elles n’en sont pas pliciter les principales distinctions opérées par tes les listes de viva D qui, dans leur compo- tégie sociale, il varie en fonction des groupes en sition même - et en dehors de toute cir- moins pensées sur le modèle de I’agantion. Ce les quatre listes de (( viva)).‘ présences. Et, un peu plus avant : ((Toutefois, sont des associations hiérarchisées de lignages constance cérémonielle -, sont toujours La deuxième et la troisième listes présentent dans I’état actuel de nos connaissances, il n’est pas de cadets ayant à leur tête un ou deux ligna- soigneusement ordonnées. la quasi-totalité des ((hiérarchies de réfé- possible de décrire avec précision l’installation des ges d’aînés. Bien que les lignages qui les En la multiplicité de leurs variantes, les groupes humains de la région de Canala comme rence)) de la dernière période. Celles-ci for- composent tendent à utiliser des terroirs pro- nous le laisse supposer au départ l’énonck des listes ment l’expression usuelle de la hiérarchie, (( viiw )) se donnent ainsi comme le produit de de vivats. Chaque informateur essaie de placer son ches, cette situation n’a rien de systématique. comme en témoigne le fait que nombre d’in- la hiérarchisation et du statut. La localisation De telles hiérarchies ne se confondent pas n’entre dans leur composition que dans la clan au mieux dans la hiérarchie des pouvoirs et dividus qui ne maîtrisent pas de listes complè- pour cela interprète consciemment ou inconsciem- avec les chefferies. mesure od elle est un vecteur de positionne- tes de la vallée, aient en tête la (( hiérachie de ment les données orales de son pass&.I1 est certain Les a viva,) relèvent, pour partie, d’un référence )) dont ils relèvent. ment hiérarchique. que de nombreuses migrations ont remanié le peu- savoir non entièrement identique d’un point à Bien qu’elles recouvrent des rapports hié- plement i plusieurs reprises, I’ethno-histoire l’at- l’autre de la vallée et, a fortiori, d’une vallée teste. Mais un siècle de confusion et de manipu- rarchiques de niveaux inférieurs, les (( hiérar- 6.2 Dans Ibilisutioii .des (( viva )). à l’autre ”. Des énoncés concernant les rela- lation des traditions ne permet plus de déchiffrer la chies de référence )) apparaissent comme un tions lignagères peuvent ainsi attirer des succession réelle de ces migrations ni de définir point focal de l’organisation sociale. Elles sont L‘énonciation des listes diffère en partie de remarques rectificatives, tant à l’extérieur de l’exact mise en place du peuplement )). leur composition. D’une part, parce que tout la vallée s’agissant de membres des ensem- le lieu de fixation et de redistribution des rap- Des notations justes débouchent ici sur des infé- - (( viva )) est utilisable indépendamment de tout ports entre lignages, et le lieu à partir duquel rences qui le sont moins. bles concernés -, qu’à l’intérieur. Ces remar- peuvent être appréhendés les rapports hiérar- autre. Mais, plus fondamentalement, parce ques sont toutefois sans objet public 60. D’au- que l’expression cérémonielle des (( viva )) chiques en leur multiplicité. C‘est pourquoi les Les positions statutaires du moment, en tres différences portent sur des ajouts de constitue une énumération valorisante et un ((hiérarchies de référence ne s’identifient en partie réversibles selon l’angle d’approche, toponymes locaux - souvent des sites de cul- D acte de liaison des lignages présents (Tein, rien aux chefferies qui englobent plusieurs représentent en effet une composante essen- ture -, ou de qualificatifs, visant à magnifier 1984 : 103) qui s’aligne sur les circonstances. les lignages concernés et à contribuer au flam- d‘entre elles et les reconstruisent le plus sou- tielle des réunions cérémonielles. La réalisa- Celles-ci commandent alors les associations tion de positions circonstancielles dicte alors boiement des a viva N lors de leur énonciation. vent. Seule la première liste de (( viva)) posi- lignngères et leurs ordonnancements, selon les Ces divergences restent toutefois mineures. tionne des rapports de chefferie ; sa construc- l’énoncé des (( viva )) ; certaines d’entre elles groupes en présence, selon la répartition des vont jusqu’à l’inversion des hiérarchies (Pil- Elles s’ancrent dans la localisation et passent tion plus élaborée pourrait alors être de lignages et des individus entre les deux côtés Ion, 1989). Ces positions statutaires ancrées après la fonction d’exaltation des participants tradition moins ancienne. des cérémonies, et selon les statuts conférés dans les circonstances, ne concernent toutefois aux cérémonies, lorsque sont clamés en public Le dernier état des relations sociales de la vallée par les circonstances. L‘intégration à l’un ou pas la hiérarchie ; elles varient d’une réunion les noms lignagers sacralisés dont l’énoncia- l’autre côté cérémoniel, suivant la dichotolnie se construit sur trois chefferies et sur un regrou- à l’autre, les M premiers )) d’un jour étant les tion était autrefois proscrite 61. entre paternels et maternels, est indépendante (( pement plus OU moins indépendant. II s’agit de la ((derniers )) d’un autre. Et même la position Si les listes de iliva n se constituent de chefferie Mèhura. du regroupement des Are- des appartenances géographico-politiques et de dernier peut-elle alors recouvrir le prestige façons fort différentes, si les énonciations in Bürüiilirua, lié d cette derniire, de la chefferie Bwu- des appartenances hiérarchiques ; les membres de celui qui honore ses maternels ”. En aucun situ induisent des rapports spécifiques, c’est rèrèu, et de la chefferie Pirid 56. d’un lignage peuvent se scinder entre les deux cas, les transformations hiérarchiques ne se que le statut, tout autant que la hiérarchie, est L’analyse du (( riva n des M&ara - et il en irait côtés d’une cérémonie, et les récitations les jouent au travers des énonciations cérémoniel- au cœur des relations sociales. Hiérarchie et de même de celui des Birarèréa -, montre que les mentionner de part et et d’autre. Des listes les ’s. statut constituent dès lors les principes ordon- chefferies reposent sur des agencements de plusieurs ordonnées de (( viva )) d’une vallée, telles que hiérarchies de référence. Et que ceux-ci sont d’au- celles mémorisées et présentées ici hors 57. Lors des dkk, des lignages de haut statut peuvent se placzr en derniirz position, afin d‘honorer leurs maternels tant plus complexes qu’ils sont le produit d’une contexte, sont alors des matrices qu’un réci- et leurs alliis (Pillon, 1989). Dans d‘autres circonstances, l‘attribution de cette position peut constituer un affront dilibl-ri. histoire plus compliquée. À l’inverse, le (( viva )) de tant se doit de fondre - éventuellement avec la chelTerie Pin@ repose sur la superposition de 55. Les transformations hiirarchiques sont relatives aux nouvelles arrivées, ou aux guerres. Elles se decident par des des (( viiu )) extérieurs -, en un ensemble discussions qui prennent en compte l’origine du nouvel arrivant et sa position hiirarchique en son lieu de dipart. Ceci deux hiérarchies : celle des PimP - qui fournit les unifié et adapté aux circonstances (Pillon, explique que les positions hiirarchiques des lignages se rapportent i une localisadon et au (( riw )) correspondant. chefs - [lignes à 521. et celle des 6hir&M&itirèa 16 1989). Daniel Frimigacci-. (Sd) décrit une situation similaire, i Futuna, pour I’intégration d la hiSrarchie du kava local d’un - qui contient les sujets. maîtres de la terre, et De ces modifications inhérentes aux situa- chef d’origine extirieurc. Faiseurs de chefs [lignes 561. 59. convient, en effet, disposer aux geographico-politiques 1959). 53 i tions d’énonciation il ne convient cependant II de de listes relatives aires voisines (Pillon, 60. Cette situation est i rapprocher de ce qu‘Epstein (1958 : 27) écrit d propose des A4loncpi de Nouvelle-Bre- 55. Localisation et réalignement parental rendent compte de donnies qui, d’une tradition locale d l’autre, enclen- tagne : (( Lorsqu‘ils se refirent à des localitis autres que les leurs. mime les individus au savoir le plus Stendu se r8èrent qui cheraient des régressions d l’infini. Ainsi les Dumri sont-ils ((originaires)) de Ku~roo~cu,ou de la c6te est. d KOI~~~UIC~I, h des noms font l’impasse sur les distinctions les plus volontiers mises en avant par des menibres du groupe local originaires de Lu fun. d La fua, et. selon Jean Guiart (1952, 1962 : 624-625). originaires de Wallis, i Ouvia. concernit D. 56. Les AfGri srricru-wisu reKvent, en avant-dernier lieu. du versant ouest de la montagne. Issus des &re, ils 61. <( Le nom du clan est une *’substance” [...I. et non une simple identification. À clan puissant, nombreux, quittent Ku~rnoiiapour l’autre versant OB ils Ctablissent leur hiirarchie. Ils reviennent d Kutrnoorra. apris plusieurs revers victorieux, correspond un nom prestigieux qui esalte chacun de ceux qui le ports. 11 possedait autrefois une sorte guerriers (Frimigncci. 1977 : 52-53). Leur territoire du versant onest est surplomhi, comme toute la vali& de la Kusrru~nr. d’énergiz magique : on lançait le nom du clan avant toute bataille pour exciter les combattants. On pouvait ensorceler par 1s Mont Afckki dont ils ont Id garde. les gens en agissant sur le nom clanique: on Ics insultait en le barouant I...].Le dishonneur, comme l’honneur de l‘individu lui viennent du nom de son clan N (Mitais. 1986 : 251). 101 100 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES VALLEE DE LA KOUAOUA z nateurs de relations aux multiples facettes62. REFERENCES -, 1991. -AILX temps de la terre noire. Etlmo-arcl~bologie Car, lors même qu'elles visent toujours à valo- des iles Futuna er Alofi. ORSTOM, Nouméa, 263 p. riser une position particulière, ces listes ne GIRARD,R., 1989. - La violence et le sacrb. Grasset,y_oL:. ,,RÉsuMÉ ARAblIOU, s., J., 1986, - Langue ayipm proPo- (( Pluriel n, 534 p. I .-, .. transgressent pas les hiérarchies en place. Elles sitions flécriture;. Nouméa. F&d&tion de GUIART,J,, 1952. Les origines de la population d'Ou- Les (( vivan sont des listes de noms, essentielle- renvoient des principes communs et des ment libre protestant, coil: : (( B&véi&yi (Allée celytra- - véa (Loyalty). budes niélanésiennes, 6 : 26-35. ment de lignages, regroupés deux à deux et hié- circonstances attestées de l'histoire locale ; le) b), 75 P. 1962. Structure de la cl~eferieen Mélanésie du sud. leurs énonciations diffèrent de leur composi- BEMA, A., 1981. - Références spatiales et organisation -, - rarchisés. La composition de telles listes se réfère à Paris, Institut d'ethnologie, 688 p. l'organisation des groupes de parenté formant l'en- tion pour se conformer aux en sociale dans le centre-nord de la Grande Terre et iti- néraires des clans. In : Atlas de Ia Nouvelle-Calédonie, - 1968. - Le cadre social traditionnel et la rebellion de semble d'une aire géographico-politique - ou pays cours. Le statut apparaît dès lors comme le 1878 paris, ORSTOM, 18. dans le pays de , Nouvelle-Calédonie.Jour- (le (( mwaciri v). Celle-ci est généralement formée nal de la Société des ocbanistes, 24, 24.: 97-119. complément de la hiérarchie, dans des SWè- -, 1984. - Notes sur les conflits armés précoioniaux d'une vallée ou d'une portion de côte. Plusieurs mes sociaux oli l'autonomie et le prestige -, 1972. La société ancienne des iles Loyalty et de la dans les sociités canaques du Centre-nord de la - listes différemment constituées se rapportent ?iune lignagers sont si fortement revendiqués. Nouvelle-Calédonie. dudes rurales, 95-96 : 253-255. Grande Terre. In : Encyclopédie de Ia Pléiude. ethno- logie régionale 1, Afrique, Océanie. Sous la direction de vallée telle que celle de la Kouuoua. (( )) BENSA, A., RIVIERRE,J.-C., 1982. Les chemins de IM- AU plan fonctionnel, les viva paraissent - Si les (( viva n renvoient dans leur composition - liame : l'organisation sociale et ses représentations en Jean Poirier, pp. 1130-1149. relever des mécanismes de fixation des hiérar- et dans leurs énonciations aux principes de l'or- Nouvelle-Calédonie. Paris, Société d'études linguistiques HOCART,A. M., 1978. - Rois et courtisans. Seuil, col1 : - chies et de leur rappel, aux rythmes des réu- ganisation locale, ils le font également selon des et anthropologiques de , 586 p. (( Reclierches anthropologiques)), 384 p. nions cérémonielles. Bien loin d'être le lieu des critères qui leur sont propres. Aussi, (( viva )) et -, 1988. - De l'histoire des mythes. Narrations et polé- KASARHÉROU,E., 1988. - Identité et dynamique sociale manipulations de hiérarchie, les (( viva )> assi- miques autour du rocher At6 (Nouvelle-Calédonie). en Nouvelle-Calédonie. In : Actes du colloque Corail : organisation locale ne s'identifient-ils pas complè- gnent les formes hiérarchiques d'une période L'Homme, 106-107, 28 (2-3) : 263-295. Migrotions et identité, Nouméa, novembre 1988, Publi- tement. Les (( viva )) apparaissent à l'analyse et, partant, les limites de la compétition BONNEMAISON,J., 1986. - L'arbre et la pirogue. Les fon- cations de l'Université française du Pacifique, pp. 17-20. comparative de différentes listes comme étant le sociale de prestige, au sein d'organisations dentents d'uhe identité. Temtoire, histoire et société Institut national de la statistique et des études économi- produit de pratiques et de principes articulés par les segmentaires .qui y sont fortement enclines 63. dans l'archipel de Vanuatu (Mélanésie). Éditions de ques, 1990. - Recensement de la population 1989. successions temporelles, la filiation et Passociation Et, s'il est vrai que la coïncidence entre un I'ORSTOM, Institut français de recherche scientifique Inventaire tribal, Province Nord, Nouvelle-Calédonie et politique, le statut et les hiérarchies statutaires. pour le développement en coopération, Paris, Livre I, dépendances, Nouméa, 295 p. terroir et un groupe d'agnats a pu représenter 540 p. [Mors clefs : Mélanésie, Nouvelle-Calédonie, orga- LEBLIC,I., 1989. - Les clans pêcheurs en Nouvelle- nisation sociale, statut, hiérarchie, filiation, une norme originelle (Doumenge, 1975 ; BOULAY, R., 1988. Technique et rituel : l'exemple du - Cal6donie. Le cas de I'ile des Pins. Cahiers Sciences alliance, localisation.] Métais, 1986), les (( vivu )) peuvent avoir partie poteau central de la grande case des kanaks. Journal de Hiinluines, 25, (1-2) : 109-123. la société des océanistes, 86, 1 : 41-51. liée avec la rupture entre parenté agnatique LEEPI'HARDT,M., 1932. - Docunlents n6-calédoniens. Ins- BOURDIEU,P., 1989. - La noblesse d'&ut. Grandes écoles réelle et territoire. titut d'ethnologie, Paris, 514 p. SUMMARY et esprit de corps. Les Éditions de minuit, coll. : (( Le Les N viva )) contribuent ainsi à la stabili- -, 1935. - Vocubulaire et grarnntuire de lu Iungue Houaï- sens coniinun )), 569 p. sation des relations hiérarchiques. Ils trans- /ou, Institut d'ethnologie, Paris, 414 p. CASSIRER, E., 1988. - Essai sur /'honinie. Les Éditions de " Ceremonial declamations (M vivu n) and princi- 1984. mettent également, pour les plus riches d'entre minuit, coll. : ((Lesens contntun D, 338 p. L~VI-STRAUSS,CI., - Cinquitme partie. Clan, =pales of social organization in the Koiruoua valley. lignée, maison. III, les problkmes de la MilanéSie eux, la connaissance d'un passé immédiat. 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Budes niéla- permutations des hauts de hiérarchie, indiquer de giographie tropicale, Centre national de la recherche enunciation - encompasses the bulk of kin groups scientifique, 220 p. nédenaes, 6 : 15-25. living in the largest common territory known as certains ancrages spatiaux jugés fondateurs Dueots, M.-J., 1948. - Les Eletoke de Maré (Loyalty). M~TAIS,E., 1986. - Le ((clan )) canaque hier et aujour- ' inwuciri ' or '' country ". This generally comprises par rapport à d'autresw, ou transmettre Ia Budes m6lanésiennes, 3 : 18-24. d'hui. In : La Nouvelle-Calédonie, occupation de l'espace a valley or part of a coastal plain. The Kouuouu 65. et peuplenlent. Les Cahiers d'outre-mer, coll. : (( Iles et connaissance de certains événements Véri- -, 1984. - Gens de Maré. Nouvelle-Calédonie. Éditions valley has several such lists, differently arrayed. urcl1iprls N, pp. 249-273. tables chartes sociales d'une période, les Anthropos, 376 p. Though " viva " strongly relate to local social -, 1988. Au consiwicernent était la terre. Réflexion ((viva)) confèrent du prestige à ceux, peu Encyclopédie de la Nouvelle-Calédonie, 1984. - Tome 3. - .. organization they cannot be entirely equated to it nombreux, qui ont la charge de les réciter. Faune et flore terrestres. Collection réalisée par Denis sur un myrlie canaque d'origine. Presses universitaires de as they also relate to principles intrinsic to their Bordeaux, 356 p. Marion, Nef0 diffusion, Nouméa, 184 p. function. Comparison and analysis of different lists PILLOS,P., 1989. - Parent6 agnatique et par alliance, Octobre 1990. EPSTEIN, A. L., 1988.- Matupit revisited : social change, of (( viva )) from the Kouuoua valley show that their local organization and the sense of place. Journal de la positions statutaires et circulation des offrandes. Le resemblances and differences are the combination Société des océanistes, 86, 1 : 21-40. déroulement contemporain d'une cérémonie des morts dans la vallée de la Kouaoua (Nouvelle-Calédonie).Ins- of various social principles, namely the conserva- FRIUIGACCI,D., 1977. - Tribus, réserves et cluns de titut français de recherche scientifique pour le dévelop- tion of past-orders, the emphasising of filiation and Noui,elle-Calédoitie. Orstom, Direction de l'enseigne- pement en coopération (ORSTOM), 44 p. À paraître political alliance, and the ordering of groups ment catholique, Bureau psycho-pédagogique, coll. : dans la revue dudes rurules. through status and hierarchies. (( lhiln, no 4, Noumia, 67 p. R. T., 1966-1970. - Réfection de la case de chefferie [Key-words : Melanesia, New Caledonia, Social 62. Claude Lévi-Strauss (1984 : 201) évoque ainsi, B propos de la Papouasie-Nouvelle-Guinée [...I, u la perplexité (Ouma Peuh). Une semaine de travail collectif. &irdes structure, status, hierarchy, filiation, alliance, des observateurs et des analystes devant [des] structures sociales d&concertantespar leur fluidite I...] D. danésiennes, 21-25 : 78-81. localisation.] 63. À tel point que le dhryptage des ((viva)) constitue l'un des repkres les plus fiables dans un contexte de TEIN, G., 1984. - Le Pilou et le Jado. In : Roger Boulay, L'écriture adoptée pour les transcriptions en lan- survalorisation des appartenances lignagires. Architecture kanak. Nouméa, Office culturel scientifique 64. Ainsi la formule (( &ere en liaut et en bus )) du (( viva )) des Méöri [I, 62 ; II, 60 ; IV, 49-50], indique-t-elle l'origine et technique canaque, pp. 102-205. gue u'jië se réfère aux travaux de Sylvain Aramiou lignagtre et spatiale de In hiérachie MPöri du versant ouest (région de Tuble-Unio) et, partant, sa position hiérarchique. et de Jean Euritein (1986). 1976. mélané- (La vallée de Kouaoua et les &ere ((en bas n, étant premiers). TJIBAOU,J.-M., - Recherche d'identité 65. Ainsi, dans la liste quatre, [aux lignes 39 et 401, oit il est dit que les Pinté sont des chefs venus de l'extirieur. sienne et société traditionnelle. Journal de la SocibtQ des Ainsi également aux lignes 37 et 38 de cette liste. ocGanistes, 53, 32 : 281-292. Ces données rappellent celles du systkme des titres aux iles Shepherds (Vanuatu), telles que les décrit Joël Bon- nemaison (1986 : 180) : (( Le titre accumule [...] toutes les relations qui se sont créées au cours de son histoire [...], certaines en sa faveur, d'autres en sa défaveur D.

! ~~ Ralph SHLOMOWITZ ¿? Doug MUNRO The Ocean Island and Nauru labour trade 1900-1940. cques GUY propos des mois de l'ancien calendrier oascuan. 125 Claude LESTRADE Quelques souvenirs de Tahiti entre 1942 et 1945. 141 M. DERIBERE A propos des rongo-rongo de l'île de Pâques. 143 R. BROUSSE et alii Jean-Pierre Chevalier (1926-8 I) ; In Memoriam.

Actes de la Société

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