ABSTRACT
(MI)LIEUX CRITIQUES : HYBRIDITÉ ET HÉTÉROTOPIE DANS LA CURÉE ET AU BONHEUR DES DAMES
by Jacob Stuart Raterman
This thesis, composed in French, explores the use of bourgeois urban space in two novels of Émile Zola’s Les Rougon-Macquart. Specifically, by situating these works in the context of Zola’s moralistic naturalism, this paper examines the ways that the author uses literary techniques to effect an imbrication of the spatial and the social, and analyses how these instances of hybridity take on critical weight. While the main focus of this study is on the attention given to descriptions of space and to characters’ interactions with it, Zola’s use of rhetorical strategies, including but not limited to metaphor and metonymy, also undergoes close inspection. In addition to current scholarship on Zola, the theoretical framework developed in this thesis comprises seminal works on the philosophy of space, most notably Michel Foucault’s concept of heterotopia. Having elucidated the the methods by which Zola simultaneously depicts and critiques the socio-spatial evolutions of the Second Empire, the conclusion illustrates the contemporaneity of his assessments of urban space. (MI)LIEUX CRITIQUES :
HYBRIDITÉ ET HÉTÉROTOPIE DANS LA CURÉE ET AU BONHEUR DES DAMES
A Thesis
Submitted to the
Faculty of Miami University
in partial fulfillment of
the requirements of the degree of
Master of Arts
Department of French and Italian
by
Jacob Stuart Raterman
Miami University
Oxford, Ohio
2015
Advisor ______Dr. Jonathan Strauss
Reader ______Dr. Elisabeth Hodges
Reader ______Dr. Anna Kłosowska © Jacob Stuart Raterman 2015 Table of Contents
Introduction 1 Zola et la rhétorique socio-spatiale du roman naturaliste
Partie I 10 Transformation urbaine et dégénérescence sociale dans La Curée
Partie II 29 Nouveaux espaces commerciaux et refonte identitaire dans Au Bonheur des Dames
Conclusion 49 Émile Zola, avant-coureur de la surmodernité
Bibliography 54
iii Acknowledgements
I would like to extend my heartfelt thanks to the faculty of the Department of French and Italian for its support, guidance, and inspiration over the course of my time at Miami University. I’m particularly grateful for the generous feedback I’ve received from my advisor and readers (Drs. Strauss, Hodges, and Kłosowska), without whose encouragement this thesis would never have reached completion. It has been an honor and a privilege to work with such a gifted and magnanimous group of scholars and mentors. I also owe many thanks to my family, friends, and loved ones for their ongoing support in my academic endeavors and for their patience when I’ve been less than accessible, having allowed myself to be devoured by the fathomless stacks of the library or by long nighttime hours at the office. Little do they realize the extent to which my motivation is drawn from their kindness and caring.
iv Introduction Zola et la rhétorique socio-spatiale du roman naturaliste
Le roman critique Juste avant l’ouverture du XIXe siècle, la France connut la Révolution et la Terreur qui s’ensuivit. L’espace urbain joua alors un rôle fondamental dans la formation d’un nouveau régime politique : certains espaces parisiens — ses rues étroites et facilement barricadées, ainsi que la Place de la Révolution, entre autres — devinrent les sites privilégiés non seulement d’une révolte physique, mais s’investirent également d’une puissance symbolique, incarnant la mort de l’Ancien Régime et la naissance d’un peuple solidarisé sous le drapeau impérial. Ces grands bouleversements politiques donnèrent suite aussi aux changements sociaux considérables. Le XIXe siècle, sans doute un des plus mouvementés dans l’histoire de France, témoigna de l’avènement et de l’ascension d’une nouvelle classe sociale — la bourgeoisie — dont l’existence provoqua concomitamment la création de nouveaux espaces urbains, commerciaux, et domestiques. Émile Zola (1840-1902), un de ses plus grands écrivains, consacra toute sa vie à la représentation de ce siècle à travers la littérature naturaliste, un mouvement dont il serait considéré plus tard comme le chef de file. Son chef-d’œuvre, Les Rougon-Macquart, est un cycle de vingt romans au fil desquels Zola trace l’évolution d’une famille tout au long du Second Empire, lors du règne de Louis-Napoléon Bonaparte. Un esprit de progrès, sans doute un des majeurs catalyseurs de la Révolution industrielle, se répandait alors dans tous les domaines : l’agriculture, le transport, la métallurgie, le textile, et la médecine faisaient tous de grands pas en avant en cet âge de curiosité scientifique. En tant que journaliste et romancier engagé, Zola avait son doigt sur le pouls de ces courants, et se passionnait lui aussi des discours scientifiques novateurs de ses contemporains. Dans son essai « Le Roman expérimental », il vise une union de la méthode expérimentale et de la genèse littéraire, une fusion qui implique un parallélisme entre la médecine expérimentale (auparavant purement empirique) et la littérature engagée (autrefois plutôt historiographique) : « Nous assistons là aux balbutiements d’une science se dégageant peu à peu de l’empirisme pour se fixer dans la vérité, grâce à la méthode expérimentale. […] Je vais