Le Parti Democrate Progressiste

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Le Parti Democrate Progressiste le Parti Democrate Progressiste En la période allant du 15 Janvier 2011 jusqu’au 15 Septembre 2011 KHAKFAOUI Mohamed SAHBI Remarques Préliminaires : *Ce travail ne sera pas un récit historique des évènements qui ont eu lieu depuis le 14 janvier et les réactions du PDP à leur encontre. Ce travail se veut une analyse des lignes de continuité et des lignes de ruptures ainsi que la description de l’activité de ce parti après le changement radical survenu en Tunisie depuis la chute de Ben Ali. Ceci expliquerait l’absence de l’ordre chronologique dans certaines analyses des positions prises par le parti. *L’auteur de ces lignes est membre du Comité Central du P.D.P. Il était d’une complexité immense que de faire le travail intellectuel nécessaire afin de dissocier l’engagement partisan des nécessités de la neutralité axiologique demandé à tout chercheur face à son objet d’étude. Un discours prononcé par Pierre Bourdieu en 2000 était d’une aide considérable1. Il est au lecteur de décider si, dans l’analyse rationnelle d’un phénomène politique, le champ du passionnel est réduit à son degré le moindre ou pas. *Il convient également de noter, avant d’entamer l’analyse, que les études des partis politiques et les changements qu’ils subissent s’inscrivent dans une période de temps suffisamment longue afin de bien les apprécier. Les analyses et 1 Pierre BOURDIEU, L’Objectivation Participante, Actes de la Recherche en Sciences Sociales N°150, Décembre 2003, p-p : 43-58. les avis émis dans le cadre de ce travail peuvent s’avérer erronés dans peu de temps. Ainsi, l’on a essayé de faire de ce papier un compte rendu des quelques observations que l’on a pu relever depuis le 15 Janvier. Introduction La Tunisie vit des évènements considérables depuis que le jeune vendeur ambulant Mohamed BOUAZIZI, le "Jan PALACH" tunisien, s’immola par le feu2. Le départ surprenant du président Ben Ali le 14 Janvier 20113 entra le pays dans une phase transitoire où les acteurs politiques sont appelés à percer un chemin vers une construction démocratique visant l’édification de nouvelles institutions pour passer le pays à une phase où la démocratie serait la règle de la compétition autours du pouvoir. Dans ce cadre, ce fut un orage qui ébranla le PDP quand sa direction ait décidé de rejoindre le gouvernement formé par Mohamed GHANNOUCHI annoncé le 17 Janvier 2011. Plusieurs démissions parmi ses membres, la plupart des jeunes cadres, des manifestants qui attaquent ses locaux rue Eve NOHEL, rupture de ses alliances politiques qui duraient depuis des années… Mais aussi une vague d’adhésions sans précédente qui avait mis l’appareil partisan à dos, incapable de répondre à toutes les demandes… Depuis, le PDP avait connu des mutations qui ont changé sa facette. Ce travail se propose de suivre l’évolution du Parti Démocrate Progressiste depuis le 15 Janvier 2011 jusqu’à la date de la parution de ce travail. Nous procéderons d’abord à un bref récit historique pour mieux présenter cet acteur. Ensuite, et pour mieux cerner les lignes de continuité et de rupture dans le parcours du PDP avant et après le 14 Janvier 2011, nous proposerons un essai 2 “Tunisie: accrochages entre manifestants et forces de l'ordre à Sidi Bouzid” AP, 18-12-2010. 3“ Le president en fuite Ben Ali arrive à Jeddah”, AFP, 15 Janvier 2011. 2 d’analyse des structures de ce parti avant la chute de Ben Ali. Ca sera le référentiel d’une comparaison latente que nous entamerons dans la troisième partie en procédant à l’analyse des positions prises par le PDP depuis le 14 Janvier ainsi que les mutations qu’il vit depuis cette date. Première Partie : Brève histoire du Parti Démocrate Progressiste Le Parti Démocrate Progressiste était l’un des partis politiques les plus visibles sous le régime de Ben Ali. Fondé par Ahmed Néjib CHEBBI et plusieurs de ses compagnons issus du mouvement Perspectives-L’Ouvrier Tunisien (un mouvement politique d’extrême gauche considéré comme le principal mouvement d’opposition pendant les années 60 et 70) sous le nom du Rassemblement Socialiste Progressiste, il avait pour but l’unité des forces de gauche. L’annonce de cette fondation fut proclamée le 13 Décembre 19834 mais sans l’obtention de la légalisation officielle. Toutefois, le groupe fondateur du R.S.P. a pu obtenir le droit d’édition d’un journal, Al-Mawkif5, devenu l’organe central du parti. Après la prise du pouvoir par Zine el-Abidine Ben Ali, le parti s’est rallié au nouveau régime croyant à ses promesses de réformes et de libéralisation du paysage politique. C’est dans ce cadre qu’il signe le Pacte National de 1988, année à laquelle il obtient sa légalisation6. Après les élections de 1989, et malgré la fraude apparente dont le nouveau régime fait preuve, le parti continue dans sa politique de coopération avec les autorités. Ahmed Néjib CHEBBI, son اﻟﺘﺠﻤﻊ اﻻﺷﺘﺮاﻛﻲ اﻟﺘﻘﺪﻣﻲ، اﻟﻮﺛﺎﺋﻖ اﻷﺳﺎﺳﯿّﺔ، ﺗﻮﻧﺲ، ﻣﻨﺸﻮرات اﻟﺘﺠﻤﻊ اﻻﺷﺘﺮاﻛﻲ اﻟﺘﻘﺪﻣﻲ، ص3. 4 5 Le premier numéro est apparu le 12 Mai 1984. 6 Arrêté du ministre d’Etat chargé de l’intérieur du 12 Septembre 1983, JORT du 30 Septembre 1983, N°65, p : 1342. 3 secrétaire générale se voit même confié la tâche d’envoyé spécial auprès du président yéménite lors de la crise précédant la guerre du Golf en 1990. Les rapports entre le parti et le régime de Ben Ali commencèrent à se détériorer lorsque le pays connait une vaste vague de répression à l’encontre des islamistes du Mouvement Ennahdha. Le R.S.P., à travers son secrétaire général, s’opposa à la solution sécuritaire entreprise par le régime. Jusqu’au départ de Ben Ali, le parti n’est plus revenu au sillage du pouvoir. Le Rassemblement Socialiste Progressiste participa aux élections législatives de 1994 et de 1999. Malgré la loi électorale qui permettait aux partis d’opposition d’avoir des sièges à la chambre des députés, le R.S.P. fut le seul à ne pas y accéder7. Deux années avant les élections de 1999, le R.S.P. inaugura une phase où il fait appel à plusieurs personnalités politiques indépendantes afin de participer à des débats dans le cadre d’un forum qui porta le nom de son journal « Al-Mawkif ». Après avoir réussi à former des listes communes pour les législatives portant le nom de l’ « Alliance Démocratique », les débats se sont conclut en 2001 lors du troisième congrès du parti qui a vu son nom changé en le Parti Démocrate Progressiste8. Le changement du nom du parti fut une annonce d’un changement stratégique radicale qui continua jusqu’après les évènements de Janvier 2011. En abandonnant le volet "socialiste" de son identité pour le remplacer par un autre démocratique et en intégrant des libéraux mais surtout un groupe dissident du Parti des Ouvriers Communiste Tunisien et un autre connu sous le nom des 7 http://www.ipu.org/parline-f/reports/arc/1321_94.htm http://www.ipu.org/parline-f/reports/arc/1321_99.htm 8 Arrêté du ministre de l’interieur du 17 Octobre 2001, JORT du 19 Septembre 2001, N°84, p : 3722. 4 « Islamistes Progressistes »9, le P.D.P. a pris lors de ce congrès un virage idéologique pour passer de la volonté de réunir les forces de gauches à un autre projet visant l’unification des forces démocratiques10. En 2002, le P.D.P. boycotta le referendum constitutionnel visant un amendement qui avait permis au président Ben Ali de se présenter aux élections présidentielles de 2004 et de 2009. Il avait à ses cotés à ce moment que des mouvances et des partis non reconnus11. Il en fut de même pour les élections de 2004. Après avoir essayé de présenter son secrétaire général aux présidentielles, pourtant éliminé par la loi électorale, et aux législatives à travers 89 candidats sur 16 circonscriptions, il finira par annoncer son boycotte 3 jours avant le scrutin12 refusant de participer à ce qu’il a appelé "une mascarade électorale"13. En 2005, Ahmed Néjib CHEBBI entama, à l’occasion du Sommet Mondial de la Société de l’Information, avec 7 autres personnalités de différents bords politiques et idéologiques une grève de la faim qui avait pour revendications la liberté de la presse, la liberté d’organisation et l’amnistie générale14. Un collectif réunissant notamment le P.C.O.T. et le Mouvement Ennahdha fut créer après cette grève de la faim et plusieurs papiers qui ont était discutés portaient sur la condition féminine, la relation entre Etat et religion… En 2006, lors du 4ème congrès du Parti Démocrate Progressiste, Ahmed Néjib CHEBBI décida de ne pas se représenter au poste de secrétaire général cédant اﻟﺘﺠﻤﻊ اﻻﺷﺘﺮاﻛﻲ اﻟﺘﻮﻧﺴﻲ ﯾﻌﻘﺪ ﻣﺆﺗﻤﺮه اﻟﺜﺎﻟﺚ" ﺟﺮﯾﺪة اﻟﺤﯿﺎة 2001-06-22 " 9 10 "Un parti politique supprime sa référence au socialisme" AFP, 25-06-2001. 11 "Des opposants rejettent la réforme, appellent au boycott du référendum", AFP, 12-05-2002. 12 Reuters, 21 Octobre 2004. وﻛﺎﻟﺔ ﻗدس ﺑرس إﻧﺗرﻧﺎﺷﯾوﻧﺎل ﺑﺗﺎرﯾﺦ 24 أﻛﺗوﺑر 2004 13 14 “Des personnalités politiques et associatives entrent en grève de la faim”, AFP, 18-10-2005. 5 ainsi sa place à Maya JERIBI devenant ainsi la première femme tunisienne première responsable d’un parti politique15. Au cours de toutes ces années le journal du parti, al-Mawkif, fut à plusieurs reprises censuré ou empêché d’édition ou de distribution pour avoir tenu un discours critique virulent envers le régime. Il gagnait ainsi une notoriété publique assez importante. En 2007, Maya JERIBI et Ahmed Néjib CHEBBI entamèrent une grève de la faim suite à des poursuites judiciaires lancées par le propriétaire du local principal du parti au centre de la capitale tunisienne.
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