Les Ermites De Galamus
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LES ERMITES DE GALAMUS Jacques RIVIERE LES ERMITES DE GALAMUS EDITIONS BELISANE Cl. BOUMENDIL & G. TAPPA DIFFUSION : Galerie BLANC & NOIR 9, rue comte Félix Gastaldi 98000 - MONACO-VILLE # # # ÉDITEUR : Claude BOUMENDIL 11, rue Gutenberg 06000 - NICE « COLLECTION SEPTIMANIE » I. S. B. N. 2 - 902296 - 65 - 7 I.S.S.N. 0339 - 8498 Dépôt légal : Juillet 1986 Couverture : Le Père MARIE (Abbé Joseph CHIRON). Tableau du presbytère de Saint-Martin- l'Inférieur (Ardèche) (Photo Tournaire, Montélimar) IMPRIMERIE : «REPRO 2000» - NICE INTRODUCTION L'ermitage des gorges de l'Agly, près de Saint-Paul-de- Fenouillet, atteste l'existence de religieux dans ces lieux, mais nul ne peut répondre avec précision ni sur leurs identités, ni sur l'époque de leur installation ! Leur aventure spirituelle, dans un tel désert de pierres dût-être à la mesure de vocations peu communes. Le site fascine le visiteur profane comme il séduit le croyant. Une indéfinissable présence nous accompagne dans la descente vers la thébaïde de Saint Antoine de Galamus. Passé le choc esthétique de ce canyon, s'installe une curieuse séduction qui pousse l'itinérant à y revenir sans cesse. Les aménagements récents menés de concert par la Municipalité de St-Paul et le Syndicat d'Initiative facilitent grandement cette visite. Les hommes furent attirés très tôt par ces à-pics vertigineux. Ils se nichèrent dans les grottes de la faille autour de leur sanctuaire païen, puis chrétien; ils vinrent percer la muraille des Corbières et accrocher une route impossible, de plus d'un kilomètre, pour relier l'Aude aux Pyrénées-Orientales. C'est une trouée plus qu'une route ! Chacun sent bien qu'il y a ici un secret sans pouvoir de prime abord en définir la teneur ! Le roc ne reste point inexploré. Des spéléologues se faufilent chaque année dans les failles de la gorge, des plongeurs tentent, dans l'Agly, de percer, parfois au risque de leur vie, le mystère de la muraille titanesque. Des historiens, des poètes suivent ou précèdent cette queste. Une belle et grande figure surgit alors du passé, celle du Père MARIE, et vient, comme un suaire sacré, se projeter dans l'ouverture de la grotte-sanctuaire. Il se découvre enfin de la nuit de la caverne, de la solitude de sa contemplation et livre son message d'Amour, trop tôt oublié. Les traces spirituelles laissées par le Saint Homme de Dieu, dans les Pyrénées-Orientales, puis dans l'Aude voisine, sont d'importance. Voici l'histoire de cet ermite et de ses compagnons installés dans l'ermitage de Saint-An toine-de-Galamus, en 1843. AVANT-PROPOS La précieuse dépouille d'un ermite franciscain... Dans un récent, nous avons évoqué, non seule- ment l'arrivée du vicaire Henri Boudet à Caunes-Minervois, le 16 juin 1862, mais aussi les restes exceptionnels d'un pieux ermite Franciscain, mort le 28 décembre 1852, dans le sanctuaire voisin de Notre-Dame-du-Cros. La dépouille de cet ermite, le PERE MARIE, est restée ensevelie sous le porche du sanctuaire jusqu'au 4 août 1912, date à laquelle une cérémonie religieuse fut organisée, avec une grande solennité, pour la translation de ses vénérables restes. Le Vicaire Général Cantagril, de Carcassonne, accompa- gné du Curé-Doyen de Caumes, l'Abbé Fourié; du Chanoine Madrière, Chapelain de Notre-Dame-du-Cros; des marquilliers et d'une foule considérable, étaient venus contempler «leur Saint Homme», une dernière fois. Après la bénédiction du Très-Saint-Sacrement, les res- tes du Père Marie, sauf l'avant-bras gauche, partirent pour Privas, en Ardèche... «Qui était ce Père ?» titre la Semaine Religieuse de Car- cassonne, du 10 août 1912. «La plupart d'entre nous, l'ignorions - poursuit le Chro- niqueur — Nous savions que c'était un prêtre modèle. Nous 1. J.L. Chaumeil - J. Rivière, L'Alphabet Solaire, Ed. du Borrégo, Paris, 1985, p. 63. (lire : En 1862, lorsque Boudet arrive, le souvenir...). 2. Henri Boudet, Curé de Rennes-les-Bains, 1872-1914. Prêtre et savant linguiste. savions qu'il avait laissé dans le pays le parfum des plus grandes vertus, que sa mort avait été celle d'un Bienheureux : c'est tout ! «Aussi, l'arrivée dans nos murs, l'année dernière (1911), de trois religieux de la Congrégation de Sainte-Marie-de- l'Assomption, fut-elle pour nous une véritable révélation ! «Ils nous apprirent le trésor de charité et d'humilité que nous possédions en la dépouille de leur fondateur et en même temps l'ardent désir de leurs frères et de leurs sœurs en Religion, d'avoir ses restes au milieu d'Eux. Nos prières et nos vœux les accompagnent; puissent ces prières hâter le mo- ment où, placés sur nos autels, il nous sera permis d'invoquer le PERE MARIE publiquement.» Une Véritable Révélation ! Le Père Marie, de son vrai nom, Joseph CHIRON est le fondateur de la Congrégation des Frères de la Pénitence ou Pauvres Frères de Saint-François d'Assise de Galamus, en Mai 1843. Après nos études biographiques des prêtres Saunière et Boudet du diocèse de Carcassonne, respectivement curé de Rennes-le-Château et de Rennes-les-Bains à la fin du XIX siècle, nous passons nécessairement à l'histoire des Ermites des Gorges de Galamus, près de Saint-Paul-de-Fenouillet, car nous pensons que leurs histoires peuvent avoir un certain rapport entre elles. La venue de ces ermites à Saint-Antoine-de-Galamus, leurs missions en Roussillon, puis dans le département voi- sin de l'Aude, sont les clefs qui permettent, peut-être, d'ex- pliquer certains aspects du comportement particulier des abbés Saunière et Boudet. 1 . Le Fabuleux trésor de Rennes-le-Château. Ed. Bélisane, Nice, 1983. 2. Op. cit. L'aventure érémétique du Révérend-Père Joseph Chiron à Galamus, en 1843, puis au sanctuaire de Notre-Dame-du- Cros, en 1852 peut contribuer à la compréhension de l'énig- me de Rennes. Pendant que nous réunissions notre documentation, une circonstance favorable nous permit de faire progresser notre enquête; en mai 1985, profitant d'une émission sur la radio locale de Privas (Ardèche), nous demandons aux audi- teurs des informations sur le Révérend-Père Chiron, peu de temps après, le présentateur de l'émission, Alain Barbier, nous fait connaître un livre important consacré au Père Chiron, écrit par Dom E.G. Poillon, Bénédictin, édité à Largentières (Ardèche), en 1973. L'auteur consacre un chapitre à Galamus et au sanctuaire de Notre-Dame-du- Cros; et c'est grâce à l'obli- geance du Père Chapus, de l'é- vêché de Viviers (Ardèche), que nous avons eu le plaisir de ren- contrer l'auteur : Dom Poillon. Entretien avec le Révérend-Père Dom E.G. Poillon. C'est à la Barèze, annexe de l'hôpital psychiatrique Sainte-Marie de Privas, près du Mont-Toulon, dominant cette localité, que nous avons rencontré, le 22 juin 1985, Dom Poillon. Dom Poillon est Bénédictin, à 81 ans, il mène, près de la chapelle de l'établissement d'aliénés du Père Chiron, une vie retirée, porte longue barbe blanche et inspire : Bonté et Sagesse. L'entretien se révéla fort intéressant et il répondit à nos nombreuses questions avec courtoisie : «... Ce travail a été publié en 1973 pour la Congrégation des Sœurs de Sainte-Marie de l'Assomption à Chamalières... Je suis bien incapable, aujour- d'hui, de vous en montrer un seul exemplaire.» «... C'est avant tout un travail d'Archives ! Je ne suis jamais allé ni dans les Pyré- nées-Orientales ni dans l'Aude et je ne connais point les sites de Galamus, pas plus d'ailleurs que le Sanctuaire de Notre- Dame-du-Cros. J'ai étudié les Archives de la Maison-Mère de la Congrégation de Sainte-Marie de l'Assomption et diverses pièces des archives départementales de l'Ardèche, de l'évêché de Viviers et d'autres pièces étrangères à la congrégation, que mes prédécesseurs n'avaient pas pris la peine de consulter. J'ai mis dix ans pour réaliser cet ouvrage...!» En effet, ce livre a été diffusé essentiellement dans les milieux religieux et il est devenu rare, il rassemble, en plus de 500 pages, tous les écrits connus du Père Chiron et prolonge les recherches du Père Zéphirin Gandon, Vice-Postulateur de la Cause en béatification de l'ermite. Le Père Poillon nous invite à «voir dans l'entrée de la chapelle de l'hôpital de Privas, la plaque qui indique la tombe du Père Chiron», et nous rappelle que la congrégation avait entrepris des démarches en vue du retour des restes de son fondateur, que les ossements arrivèrent le 5 août 1912 et que leur reconnaissance eut lieu le 2 septembre 1912, sous la présidence du Vicaire général de Viviers, M. Deschanel. Effectivement, dans l'entrée de l'établissement hospi- talier est érigée une monumentale statue du Révérend-Père Chiron et dans la somptueuse chapelle, des vitraux rappellent l'histoire et les œuvres du Père. Pour terminer, le Père Poillon fait le point sur le procès en béatification de l'ermite : «La cause du Père Chiron a été introduite le 12 décem- bre 1934 par Monseigneur Jean Pays, évêque de Carcassonne. Son ordonnance prescrit la recherche des écrits de ce grand Serviteur de Dieu. Le procès a été instruit par un Tribunal ecclésiastique, le 18 avril 1936, à Carcassonne. La Sacrée Congrégation des Rites de Rome approuve les écrits du Père Chiron, en 1953. Le Pape Pie XII donne également cette approbation, le 22 mai 1953. Depuis les choses en sont restées là. Mon livre, en 1973, explique une certaine naïveté du Père Marie, notamment dans l'affaire du possédé de Lyon, Antoine Gay. J'ai retrouvé des écrits qui démontrent clai- rement cet état d'esprit.