Dossier Pédagogique La Place Royale
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Dossier pédagogique © Philippe Lebruman La Place Royale de Pierre Corneille mise en scène Emilie Rousset Création Représentations du mercredi 2 au vendredi 18 février 2011 et concert de Musique Baroque le 17 février 2011 Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, professeur du service éducatif : [email protected] , à l’aide des indications et des conseils de Marion Stoufflet et Dominic Glynn Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Jérôme Pique : [email protected] Page 1 De Pierre Corneille Mise en scène Emilie Rousset Dramaturgie Marion Stoufflet Scénographie Antoine Vasseur Costumes Fanny Brouste Lumières Laïs Foulc Assistant à la mise en scène Dominic Glynn Assistante à la scénographie Elodie Dauguet Avec Laurent Charpentier, Cléandre Dominic Glynn, Lysis Constance Larrieu, chanteuse et musicienne Julie Lesgages, Phylis Perle Palombe, Angélique Thomas Scimeca, Alidor Sylvain Sounier, Doraste production la Comédie de Reims , centre dramatique national avec le soutien de la compagnie Bernard Sobel et du 104, établissement culturel de la Ville de Paris Page 2 La Place Royale dossier pédagogique sommaire Edito page 4 Présentation de la pièce page 5 Paroles de personnages page 6 LE PROJET ARTISTIQUE Pistes de réflexion sur la mise en scène Entretien avec Emilie Rousset, « Mettre en scène La Place Royale aujourd’hui ». page 7 Extraits de La Place Royale de Pierre Corneille page 9 Notes de répétition de la dramaturge Marion Stoufflet page 12 Des sources d’inspiration pour la mise en scène Sonnet n° 46 de William Shakespeare traduit de l’anglais par Bertrand Degott page 14 Extraits d’ A nos amours de Maurice Pialat, transcription page 15 Les costumes, la scénographie, le chant et la musique Dessins de Fanny Brouste, La Place Royale, costumes ! page 19 Photographies des comédiens en costumes page 20 Photographies de Lewis Baltz, sources d’inspiration de la scénographie page 21 Photographies de la maquette pour la scénographie d’Antoine Vasseur page 22 Le chant et la musique baroques interprétés par Constance Larrieu page 23 LA PLACE ROYALE, comédie de Pierre Corneille Biographie de Pierre Corneille page 24 La Place Royale ou la Place de Coquetterie page 25 L’EQUIPE ARTISTIQUE page 26 Bibliographie, Vidéographie, Sitographie page 30 Page 3 Edito Ludovic Lagarde, dans la présentation du projet artistique de la Comédie de Reims, évoquait ainsi le travail des jeunes metteurs en scène du collectif artistique : « L'Atelier a vu naître la saison dernière trois créations dans un répertoire très contemporain. […] Heureux des spectacles qui ont éclos dans ce vivier expérimental, nous continuons les collaborations avec Simon Delétang, Émilie Rousset et Guillaume Vincent, rejoints par un quatrième metteur en scène, Mikaël Serre. Après avoir travaillé sur une matière contemporaine, ils se confronteront cette saison à des auteurs classiques : Molière, Corneille, Andersen et Tchekhov. » Nous pouvons nous interroger sur les raisons qui amènent aujourd’hui ces artistes à travailler sur des textes « classiques ». Certainement pas parce que le texte classique, tel un document d’époque, permet uniquement d’illustrer l’époque dans laquelle il est né et de présenter la société dans laquelle a évolué l’auteur. Mais au contraire parce que le texte classique peut permettre d’éclairer, grâce au travail de mise en scène et de dramaturgie, d’un point de vue moins direct mais pas forcément moins explicite, notre époque et nos contemporains. La mise en scène de La Place Royale en 2011 soulève alors des questions sur les échos que le spectacle peut avoir chez des spectateurs d’aujourd’hui et notamment chez les jeunes puisque cette comédie de Corneille aborde des thèmes presqu’universels et intemporels pour ceux qui, comme les personnages de la pièce, sont à la frontière entre l’adolescence et l’âge adulte : l’amour et ses multiples variations, la liberté et ses différents degrés de réalité, le libre-arbitre… Le corpus de documents et de références de ce dossier doit permettre de poser quelques questions autour de ces thèmes et essaie d’illustrer, grâce aux conseils et indications de Emilie Rousset, Marion Stoufflet, Dominic Glynn, Antoine Vasseur ou encore Constance Larrieu, les inspirations et les intentions de la mise en scène. Page 4 Présentation de la pièce Une comédie sur la jeunesse, l'amour, la liberté. Des jeunes gens à Paris sur la place des Vosges, sans parents ni valets, livrés à eux-mêmes : une génération sur une place publique. Les points de vue s’exposent, se mesurent. On s’aime, on se croise, on parle, on s’aime. On s’aime, on trahit, on s’aime, on fuit. On s’aime, on se ment - à soi et à l’autre. L’horizon est celui d’un engagement proche. Mariage ou passage à une autre vie, une vraie vie, une vie qui soit – une vie adulte ? Une vie choisie. Phylis aime où ses yeux se portent et ne renonce à personne ; Angélique aime Alidor et n’aime que lui ; Alidor aime Angélique n’aime qu’elle et désire par-dessus tout s’affranchir de l’amour. Et ça rebondit à toute vitesse. Les lignes sont claires et le restent, chacun va jusqu’au bout, il n’y a pas d’obstacle extérieur au désir. Pourtant les trajectoires restent étrangement aveugles dans ce jeu de quilles. Strike. Fidèles à quoi ? « La passion ici n’est pas refusée par devoir. Le devoir d’Alidor, ce serait d’épouser Angélique et de tenir parole. Cette passion est refusée avec passion. La passion est la cause même de son refus. » Bernard Dort, Pierre Corneille : dramaturge, Paris L’Arche, 1957. Page 5 Paroles de personnages par la dramaturge Marion Stoufflet ALIDOR Je veux que l’on soit libre au milieu de ses fers (Acte I – scène 4) Je perdrai mon amour avec mon espérance (Acte I – scène 4) CLÉANDRE Avec si peu de cœur, aimer si puissamment (Acte III – scène 3) L’amour a pris le soin de me punir pour vous […] Quand j’ai la force en main je me trouve forcé (Acte V- scène 1, à Phylis) DORASTE Je souffre tout de toi, mais à condition D’employer tous tes soins à mon affection (Acte I – scène 3, à Phylis, sa soeur) ANGÉLIQUE Le mal est bien léger d’un feu qu’on peut éteindre (Acte I – scène 1) Vois-tu j’aime Alidor, et cela c’est tout dire (Acte I – scène 1) PHYLIS Tout le monde me plaît, et rien ne m’importune (Acte I – scène 1) Page 6 LE PROJET ARTISTIQUE Entretien avec Emilie Rousset « Mettre en scène La Place Royale aujourd’hui » Ton parcours a jusqu’à présent tourné autour de textes contemporains. La Place Royale est le premier classique que tu mets en scène. Pour toi, est-ce un bouleversement ? Je ne crois pas, non. Monter un classique, ne veut pas forcément dire faire une mise en scène classique. Et puis ce texte met en jeu un certain nombre des questions déjà traversées dans mon travail, notamment sur la jeunesse. La Place Royale est un des premiers textes écrits sans rôle de parents ni suivants, sans adultes à proprement parler. Au XVIIème siècle, on ne parle pas encore d’adolescence ; le mot n’apparaît que plus tard, mais la pièce montre une seule génération : celle de jeunes qui évoluent sur une place publique. Ils sont sur le point de devenir adultes ; ils sont à un moment de passage. Quels sont tes idéaux de jeunesse ? Qu’est-ce que tu en gardes, en devenant adulte ? Et qu’est-ce que tu laisses ? Ici c’est à travers l’intrigue amoureuse que les personnages parlent, se positionnent, se confrontent. Ce qui est vraiment intéressant c’est que l’amour est un catalyseur, un nœud de réflexion. Voilà pour la donne politique du théâtre cornélien : l’amour n’y est pas seulement l’amour, n’est pas pure passion ou simple jeu du désir et des sentiments, il est l’endroit par où passent les personnages pour parler du monde, de leur rapport au monde. A l’autre. A la liberté. A la société. A l’engagement. De ce point de vue, le dernier monologue d’Alidor est un paradoxe magnifique, mais aussi terrifiant. « Je brave, vain Amour, ton débile pouvoir, / Ta force ne venait que de mon espérance, / Et c’est ce qu’aujourd’hui m’ôte son désespoir / Je cesse d’espérer et commence de vivre ; Je vis dorénavant, puisque je vis à moi ; / Et quelques doux assaut qu’un autre objet me livre, / C’est de moi seulement que je prendrai la loi. » Il passe toute la pièce à se débattre pour gagner sa solitude. À ces yeux l’amour est une prison et il doit s’en libérer. Mais ce qui est violent c’est que son propre renoncement ne lui suffit pas ; il lui faut encore que l’autre ait renoncé. Si le texte résonne pour toi fortement aujourd’hui, tu choisis cependant de travailler en costumes d’époque... Ça me plaît, je trouve beau, poétique, d’imaginer les comédiens que j’ai choisi marcher, parler, boire, fumer dans des costumes d’époque. Chez ces comédiens, j’aime entre autres l’attitude, la manière d’être, ce qu’ils dégagent. Or, il me semble que paradoxalement, dans ces costumes, ils pourront être plus proches de ce que justement ils sont au quotidien, agir plus librement, plus naturellement. Page 7 C’est dans l’errance, la maladresse, et le partage d’une sorte de laisser vivre que je trouve l’appui concret pour accéder au poème, à une langue qui n’a rien de naturel ou de quotidien, ici l’alexandrin. Pour moi, le texte est un paysage où les comédiens se promènent : ils incarnent, mais ils incarnent en passant.