#9 Juil./Août 2019 VOTRE MAGAZINE SPORTIF BIMESTRIEL | GRATUIT

Toutes les infos pour manager le sport

ENQUÊTE Football > De la relégation au sacre : l’épopée de l’Amical Club

LE GRAND ENTRETIEN Taekwondo > On vise le monde !

DANS LA CARAÏBE Enfin une reprise du basket à Saint-Martin

SPORT & SANTÉ Drépanocytose et sport : se connaître et se surveiller

DOSSIER SPÉCIAL Le motocross à la recherche d’un souffle nouveau

SOMMAIRE

ENQUÊTE Football > De la relégation au sacre : 3 l’épopée de l’Amical Club Édito ACTUS Traditour, Grand Prix de pétanque de la Région Guadeloupe, Ce mercredi 19 juin à 22 heures aux Abymes, c’est toute une île 8 team Karukera de twirling bâton qui retrouve son souffle. Au coup de sifflet final, les supporters de l’Amical de Marie-Galante envahissent le terrain pour profiter, DOSSIER SPÉCIAL avec leur équipe de ce moment inédit. Après plus d’un demi-siècle Motocross > Le motocross à la recherche d’existence, et des performances en dents de scie, le club de la 10 d’un souffle nouveau section d’Étang Noir, à Capesterre de Marie-Galante, repart avec un titre de champion de Guadeloupe pour la première fois de son LE GRAND ENTRETIEN existence. Ce titre, qui peut paraître banal pour des équipes habi- Taekwondo > « On vise le monde » | 14 tuées à dominer le tableau de la Régionale 1 tient de l’exploit pour ce club qui, pour y arriver, a opéré une énorme remise en question. SPÉCIAL TOUR DE GUADELOUPE Adrien Urcel dans le grand bain | 16 C’était, pour l’équipe de TIM’s, pourtant peu encline, à fouler les ter- Le nouveau visage du tour | 17 rains de football, une aventure incroyable de suivre cette famille, un peu avant la fin de la saison, à un moment où elle réalisait encore Carte des étapes | 18 mal l’ampleur de son exploit. Nous avons assisté aux entraîne- LE SPORT AU FÉMININ ments, et aux speeches de motivation de tout le staff technique. Nous avons aussi vu des supporters, du plus jeune au plus âgé, Futsal > Méghan Pierre-Justin : « Une journée 20 quitter leurs maisons, organiser des covoiturages jusqu’au bourg sans foot est inconcevable » de Capesterre, attendre plusieurs minutes devant le stade pour ZOOM SUR être là, lors de la rencontre du 15 juin, à supporter leur équipe sous un ciel d’azur et une chaleur de four. Le tir à l’arc, entre patience et plaisir | 22 JEUNE ESPOIR La victoire de l’Amical démontre, s’il en était encore besoin, à quel point les projets sportifs peuvent être des moteurs pour nos popu- | Foot > Lyvio Lengrai : « Je joue au foot avec ma famille » 24 lations. Là où nous avons du mal à mettre en place des modèles économiques viables, le sport, nourri par le potentiel indéniable LES COULISSES DU SPORT de nos jeunes athlètes, demeure une solution stable et pérenne. Le sportif est un mystique | 25 Dans cette nouvelle édition du magazine, nous sommes partis à la DANS LA CARAÏBE rencontre de passionnés et de combattants. Sur le papier, ils ont Basket-ball > Enfin une reprise du basket à Saint-Martin| 26 tout pour réussir, mais ils sont confrontés à des vents contraires financiers, politiques, sociaux, économiques. Loin d’être décou- SPORT & SANTÉ ragés, ils vont chercher dans leurs ressources internes des solu- Drépanocytose et sport : se connaître et se surveiller | 28 tions pour proposer, innover, faire rêver et faire émerger. Et pour ILS ONT MARQUÉ L’HISTOIRE cela... ils méritent d’être connus. Abel Magloire, il était une fois une Saintoise | 29 Sportivement !

AGENDA SPORTIF | 30 L’équipe TIM’s

TIM's magazine est édité DESIGN GRAPHIQUE par Yado éditions MISE EN PAGE AJN+ Communication & design ISSN 2647-624X PHOTOGRAPHE DIRECTRICE TIM’s Magazine DE PUBLICATION Simone ISMAËL DISTIBUTEUR Distrimédia SERVICE COMMERCIAL [email protected] IMPRESSION [email protected] Imprimerie Prim 0690 07 98 55 Magazines réalisés et imprimés aux RÉDACTION Antilles-Guyane. Le papier est issu Priscilla ROMAIN / Yvan LEMARE de forêts gérées durablement PEFC. Romain MATTIO [email protected] Toute reproduction, même partielle, CORRECTIONS par quelque procédé que ce soit, est Georges Éraville interdite ou subordonnée à l'autorisa- tion écrite de TIM's magazine. Ne pas jeter sur la voie publique. JUIL./ AOÛT 2019 3 ENQUÊTE

FOOTBALL De la relégation au sacre : l’épopée de l’Amical Club

Petit club d’une section de Une semaine campagne de Capesterre de Marie-Galante, l’Amical Club vient de loin. Fondé en 1966, au bord du précipice le club a connu des fortunes diverses, quelque peu ensablé Une victoire en deux actes, des montagnes russes émotionnelles, les par la double insularité. Mais le attentes de toute une île en mal de performances sportives, les joueurs travail, aussi dur qu’il soit, n’est de l’Amical de Marie-Galante ont vécu une folle semaine, venue clore une pas ingrat. Et c’est le travail qui saison incroyable. Retour sur huit jours d’attente pour quatre-vingt-dix a mené le collectif de l’Amical à minutes de délivrance. la tête de la Régionale 1 et qui Il en faut beaucoup moulien (CSM), plusieurs fois cham- le propulse, pour la première fois pour faire bouger cette pion de Guadeloupe, a l’expérience de son histoire, dans l’arène du île, où même le temps des phases décisives. football Caribéen. Une enquête semble suspendre son réalisée par Priscilla Romain. cours. Le 15 juin dernier, D’ailleurs, à l’arrivée des joueurs dans Marie-Galante se remet les vestiaires du stade flambant neuf doucement de la folie du de Capesterre de Marie-Galante, Terre de Blues achevé la l’appréhension ne se lit pas sur leurs Isemaine précédente. Mais elle n’ou- visages. « Arbitre, sifflez le début blie pas ce rendez-vous censé mar- du match, nous avons un bateau à quer d’une pierre blanche son histoire prendre ! » ira même jusqu’à railler sportive. Pourtant l’adversaire qui se l’un d’entre eux. Dehors, les abords tient sur la route du titre n’est pas à sur stade ont pris l’allure d’une salle prendre à la légère. Le Club sportif des fêtes. Les Marie-Galantais se sont

4 JUIL./ AOÛT 2019 pressés pour assister à ce jour his- le collectif amicalais reprend de l’as- après le coup de sifflet final, les mines torique et, à 15h45, la petite tribune surance et fait bloc. À la mi-temps, sont sombres, dans les vestiaires les du stade est pleine à craquer. Plus Jean-Paul Langrai et le coach Casta- coups sur les portes pleuvent, sons de place à l’ombre, mais les plus pré- net remettent les points sur les « i ». d’une déception immense. voyants ont déjà ouvert un parapluie. Trop de pertes de balles, trop d’im- précisions devant le camp adverse. En bas, dans les vestiaires de l’Amical, « Messieurs, celui qui marque d’abord Acte 2, l’ambiance est toute autre. Le coach, à la reprise est celui qui gagnera le Jean-Paul Lengrai et tout le staff tech- match. Il faut que ce soit nous. » L’ex- la confirmation nique, briefent les joueurs. « Ne vous périence a parlé. Mais la divination ne laissez pas déconcentrer par le public, fut pas celle que tous espéraient. Le 19 juin, aux Abymes, on sent le ni par les joueurs. On fait comme d’ha- changement d’ambiance. Une cen- bitude, on déroule notre jeu. Soyez À l’entame de la seconde mi-temps, taine de supporters amicalais ont pu sérieux dans les duels, précis dans les joueurs de l’Amical sont revigorés. faire le déplacement et occupent la les passes et il n’y a pas de raison Prêts à aller chercher ce titre qui leur partie gauche des tribunes du stade que nous ne soyons pas champions fait encore défaut. Alors ils poussent, René-Serge Nabajoth. Sur le terrain, ce soir, chez nous. » mais le CSM, qui ne s’est jamais pro- les joueurs et le staff sont graves. On curé d’occasions franches, est rusé sent clairement une envie de contrôler et casse le rythme du match. Sur le son destin. Peu importe le résultat du Acte 1, banc, le staff de l’Amical trépigne, car CSM qui joue en même temps contre il sait que cette stratégie n’augure rien le Phare, la Coupe tant attendue doit la minute fatale de bon. De plus, deux occasions man- repartir à la maison. Le match débute. quées mettent le club sur la sellette. Et si l’Unar pousse, l’Amical résiste. Difficile d’oublier le public, quand, à Mais alors que tout le monde se confor- l’entrée des joueurs, une vraie marée mait déjà d’un nul pour un sacre bien Et puis, le scénario semble se répéter. bleue et blanche, aux couleurs du club, mérité, l’obscurité est venue de Ryan C’est l’UNAR qui ouvre le score. Un rugit littéralement les chants d’encou- Carlet. À la 92e minute, ce jeune de 17 instant la coupe s’éloigne. Mais l’Ami- ragement. Elle le fera sans faiblir, pen- ans, tout frais joueur de Régionale1, cal ne perd pas son sang-froid et par- dant 91 minutes. Après une entame aura su profiter d’une seconde de vient à l’égalisation avant de boucler révélatrice de la fébrilité des joueurs, désorganisation pour couper l’engoue- l’affaire, définitivement par le pied de tant ils se font bousculer par le CSM, ment de tout un peuple. Une minute Dimitri Zig qui décoche une frappe en

JUIL./ AOÛT 2019 5 ENQUÊTE

pleine lucarne quelques minutes après le début de la seconde période. Et puis, il faut résister, subir les cinq intermi- nables minutes de temps additionnel.

Au coup de sifflet final. L’Amical exulte, bondit, les supporters envahissent le terrain. Jean-Paul Lengrai, un des architectes de cette victoire est aba- sourdi. Sur le terrain, ses fils, lui sautent dans les bras. « Merci, merci coach », terrassé par la joie, l’homme ne veut pas y croire. « C’est beau. C’est une joie qu’on ne peut pas dire, exprimer. C’est magique » dira-t-il aux jour- nalistes qui se pressent devant lui. Magique. Oui. Une saison de travail, deux groupes à souder, un staff entier à emmener. Sept ans après l’AJSS, le petit club d’Étang Noir, frappe fière- ment, son livre d’or, du sceau d’une his- toire que personne ne se voyait conter.

Un match après l’autre

Ils n’auraient pas pariés sur eux-mêmes. Pendant une partie de la saison, l’Amical a joué pour ne pas perdre, avant de jouer pour tout gagner. Analyse d’un système qui lui aura valu parfois, de vives critiques.

TIM’s : Le fonctionnement de l’Ami- d’autres qualités. Et j’en suis fier. Je ne cal se fait en dépit de nombreux comprends pas comment on n’arrive freins. Comment avez-vous réussi pas à valoriser le travail d’autres. Sur- à tout aligner pour aller chercher tout quand on parle de Marie-Galante, ce résultat ? nous nous attendions à plus de sou- Jean-Fernand DIABANGOUAYA : tien. Mais peut-être qu’avec le parcours Nous sommes partis de pratiquement de l’Amical aujourd’hui, la vision des rien. En début de saison, notre objec- choses va changer et je le souhaite. tif était le maintien. C’était une année transitoire. Mais à partir du moment TIM’s : Comment avez-vous mobilisé où il était assuré, très tôt dans la sai- les joueurs après toute la frustration son, nous avons décidé de revoir du premier match perdu ? notre objectif à la hausse. Aujourd’hui, J-F.D. : Les joueurs sont les princi- nous avons roulé sur un effectif de 18 paux artisans du jeu, c’est normal joueurs. Ce n’est pas évident. D’autant qu’ils soient frustrés. Nous, enca- que nous avons un groupe en Gua- drants avons notre rôle à jouer dans deloupe, un autre à Marie-Galante. Il ces moments pour les remobiliser et a fallu mettre en place une certaine expliquer que rien n’est perdu. discipline et une cohésion de groupe. Cela explique le résultat. Beaucoup TIM’s : Avec le titre de champion de gens pensent que nous sommes s’ouvrent les portes de la Caraïbe. là par hasard, mais c’est faux. Cer- Comment envisagez-vous ce nou- tains nous critiquent, critiquent la qua- veau défi ? lité de notre jeu, mais nous jouons en J-F.D. : C’est de la projection. Les fonction des joueurs que nous avons, choses viendront et nous attendons et ils ont des qualités que nous met- la réforme de la R1 l’année prochaine. tons en avant. Intrinsèquement, ils ne En fonction de cela nous trouverons les sont pas meilleurs que certains autres moyens et les hommes nécessaires de la Régionale 1, mais ils font valoir pour avancer.

6 JUIL./ AOÛT 2019 Une remise en question salvatrice

François Bogota vit sa 17e année à la tête de l’Amical Club de Marie-Galante. Un long parcours durant lequel il a fallu gérer les mésaventures du club et maintenir l’en- gagement du Conseil d’administration. Lui, plus que tout autre, connaît les sacrifices consentis pour cette victoire.

1. Reconstruire le club

« Quand j’arrive à la tête du club en 2002, plusieurs choses manquent. Le travail de cohésion avec les jeunes de Marie-Galante est bien entendu fait. Mais nous devions gagner en professionnalisme. Il fallait une structure admi- nistrative, financière et sportive. Le football au niveau où nous l’envisagions demandait plus de rigueur. Nous savions que le football était un moyen d’intégration pour les jeunes de l’île, mais nous voulions leur offrir plus que de simples matchs, nous voulions les inclure dans un projet plus grand. François Bogota, président de l’Amical Club Rendre à Marie-Galante, un club qui soit digne d’elle. » de Marie-Galante

2. Reprendre les bases 3. Trouver une solution efficace

« Après la saison dernière, il a fallu se réunir. Les résultats « Nous avons travaillé sur un nouveau style de jeu. Nous n’étaient clairement pas au rendez-vous. Nous avons fait avons été pragmatiques. Pourquoi travailler l’attaque si la liste de ce qui n’allait pas. Nous avons deux groupes de nous n’arrivons pas à enchaîner les passes. En revanche, joueurs à coordonner et cela fausse la donne, le système avec un bloc défensif, nous arriverons à mettre en place de jeu qui donnait des résultats était sans cesse contourné. des contres efficaces. Nous avons travaillé en ce sens et C’était très dur pour nous. Le staff a été désavoué. Nous commencé la saison. Au fur et à mesure des matchs, nous devions repartir et trouver les mots justes. Avec un nouveau avons vu les résultats et avons persévéré. Nous sommes staff, il a fallu redonner confiance aux joueurs. Ce travail a champions, mais cela ne veut pas dire que le travail s’ar- guidé les premiers matchs en Régional 1. » rête. Nous devons relever les nouveaux défis qui s’offrent à nous. » nnP.R

JUIL./ AOÛT 2019 7 ACTUS

Les canots saintois sur la plage de Roseau le 8 juillet dernier après l’arrivée à Capesterre Belle-Eau de la 2e étape du Traditour, et la victoire de Marc Forbin.

Les doublettes finalistes du Grand Prix de pétanque Les 4 demi-finalistes du Grand Prix de Pétanque de la Région de la Région Guadeloupe en collaboration avec la Guadeloupe en collaboration avec la Ville de Baie-Mahault. ville de Baie-Mahault.

La team Karukera de twirling bâton qui représentera la Guadeloupe à la coupe du monde de Twirling bâton du 5 au 11 août à Limoges

8 JUIL./ AOÛT 2019

DOSSIER SPÉCIAL

MOTOCROSS Le motocross à la recherche d’un souffle nouveau

Le motocross est l’une de ses disciplines qui survit grâce à l’engagement et au dévoue- ment de ses pratiquants. Car L’évolution du motocross comme tous les sports méca- niques, son développement est encore en suspens très compliqué dans l’archipel. Manque de moyens, manque Le circuit de Merlande, au sein de la campagne Lamentinoise, accueille d’espace et coût de la disci- les compétitions de motocross. D’ailleurs, les pilotes n’ont guère le pline cumulés pèsent sur la choix, c’est le seul circuit disponible depuis la fermeture de celui de dynamique que veulent pour- Saint-François. tant impulser les clubs.

Il faut rouler dix bonnes fois une aire d’entraînement et de minutes sur un che- compétition. Ce qui est un avantage Des projets min de campagne pour car tous les pilotes se connaissent découvrir, caché dans et forment une communauté, qu’ils inachevés une épaisse végétation, soient classés en catégorie Quad, le circuit de Merlande. 65-85 ou en Élite. Cependant, cette Pour permettre à leur discipline (plus Durant les jours de com- unicité de lieu ne sert pas leur pro- ou moins stationnaire en matière de pétition, l’écho des vrom- gression puisqu’ils connaissent le nouvelles licences) de gagner en Ibissements mêlés à la musique est parcours par cœur. D’autant que ce dynamisme, les encadrants et les tout de même un bon guide. dernier ne présente pas de difficultés anciens du motocross nourrissent techniques particulières. Les compé- plusieurs projets. D’abord, impéra- Merlande est le théâtre de toute l’ac- titions qui y sont organisées sont en tivement, trouver un espace capable tivité sportive du motocross dans l’ar- tous points conformes aux attentes d’abriter un circuit différent. « C’est chipel. Le circuit est, pour la centaine fédérales reconnues dans le calen- notre priorité. Nous aurions besoin de pratiquants réguliers (toutes caté- drier de la saison. de 3 ou 4 hectares ailleurs en Gua- gories et machines confondues) à la deloupe pour muscler la formation de

10 JUIL./ AOÛT 2019 nos jeunes. Ils connaissent Merlande depuis plusieurs années et n’ont pas par cœur et nous avons du mal, surtout vraiment avancé. Un statu quo qui est quand on entre dans les aspects tech- vecteur de tensions entre les clubs et niques, à les surprendre par de nou- l’instance administrative. veaux exercices. Il faut rivaliser d’as- tuces » expose Cyril Abadie, secrétaire du Guadeloupe Moto Club. Il y a bien l’ancien circuit de Saint-François, mais c’est loin d’être une solution idéale.

Dans une réaction en chaîne, le motocross peine à faire décanter des espoirs dans toutes ses catégories. Or, l’émergence d’une dizaine de bons pilotes déboucherait sur la création d’un pôle espoir au CREPS. « On fait tout pour éviter de tourner en rond, mais, vu notre situation, c’est extrê- mement compliqué », continue le for- mateur. L’impulsion salvatrice, du côté de la ligue, tarde, elle aussi à venir. Le motocross à la recherche Les grands chantiers sont les mêmes Les clubs, seuls moteurs d’un souffle nouveau de la formation

Les deux clubs de Guadeloupe (l’École de pilotage du Lamentin et le Gua- enfant. » Malgré leur volonté de suivre deloupe Moto Club), forment une centaine de jeunes ou de débutants à la plus étroitement leurs pupilles, les clubs prise en main des machines. On ne parle pas ici de compétition mais de doivent faire des choix. Ils ne peuvent loisir, pour séduire, peut-être de nouveaux licenciés. pas compter sur la ligue.

Les quelque 300 licenciés plus poussé avec beaucoup plus La courroie de transmission est grip- de motocross en font un d’exigences techniques », détaille pée, et les informations essentielles sport dit « mineur ». Pour Éric Montout, à l’école de moto du ne remontent pas toujours, ou alors ne autant, c’est aussi l’une Lamentin. sont pas suivies d’actions rapides sur des disciplines qui maxi- le terrain. Les clubs sont donc en quasi mise le plus les potentia- auto-gestion, gèrent et entretiennent le lités de son réseau. Le Une gestion site, veillent à la qualité de la piste, des bouche-à-oreille guide missions qui ne leur incombent pas for- Lles curieux jusqu’au circuit, quand ce inter-clubs cément. C’est grâce à leur passion que n’est pas la passion d’un membre d’une la discipline continue de vivre, et ils ont famille qui s’irrigue vers les autres. Pour décliner ces programmes, les bien conscience que ce ne sera pas tout Tous les samedis, ce sont près de 89 clubs mettent à disposition les motos le temps suffisant. enfants qui se rassemblent pour profiter et les tenues. Des dépenses rendues des cours qui sont dispensés par des possibles par les recettes des licences, pilotes diplômés. Tous les niveaux se l’action personnelle des membres, la La fiche tech’ mélangent, mais les exercices diffèrent. mobilisation des sponsors et quelques Pour les débutants, il s’agit de la prise subventions. Ces contraintes ne leur • Un peu moins de 300 licenciés. en main de la machine, alors que les permettent pas d’accompagner les • La licence coûte entre 180 et 300 €. avancés participent à des programmes élèves qui désirent se lancer dans • Une moto (enfant) d’occasion ou plus techniques. « On débute dès cinq la compétition. « Quand les jeunes neuve coûte entre 2 500 et 3 000 € ans. À ce stade c’est une simple initia- expriment l’envie de passer en com- tion pour apprendre aux enfants à se pétition, ils doivent faire l’acquisition • L’équipement complet c’est entre déplacer d’un endroit à un autre. Quand de leur propre moto et de leur propre 150 et 200 €. ils comprennent cela, on leur propose équipement. Ce sont des dépenses • Une moto ou un quad (adulte/élite) un exercice qu’ils doivent maîtriser. pas évidentes pour les parents. Il faut peut coûter jusqu’à 10 000 €. Enfin, ils accèdent à un entraînement compter 3 000 euros pour une moto

JUIL./ AOÛT 2019 11 DOSSIER SPÉCIAL Jowan Édouard, le jeune prodige Il n’est pas le seul espoir du motocross, mais son niveau force l’ad- miration du milieu. Ce jeune homme de 19 ans, arrivé au motocross Les pilotes un peu par hasard, survole depuis plusieurs années le championnat à garder à l’œil de Guadeloupe. • Stéphane Salibur #101 (18 ans) spécialisé en Supermotard (disci- pline mixte goudron - terre) par- Le haut niveau, ticipe au championnat épisodi- quement, quand son programme puis la blessure de championnat de France le lui permet. En France, les parents de Jowan mettent tout en place pour lui garantir Les espoirs les meilleures performances. C’est un • Enzo Mussard #11 (17 ans), monde nouveau pour le jeune homme, champion espoir et vice-cham- et son père veut qu’il garde toutes les pion Élite 2018. chances de faire ses preuves. « Son • Matis Mercieux #257 (14 ans), père s’est tout de suite mobilisé pour la seul pilote en 125, 2 temps. Il carrière en France. Il a investi et cela a n’a pas l’âge de rouler sur des coûté beaucoup d’argent. Mais Jowan motos plus puissantes. Il a le a pu participer aux championnats de niveau technique et s’entraîne L’aisance est presque France » se souvient Maya Édouard, sérieusement pour monter sur outrancière. Dans les sa mère. Les résultats suivent. les podiums. courbes et les bosses de Merlande, Jowan En 2017, Jowan Édouard termine 10e des Les kids Édouard évolue comme championnats de France, commence à • 85cc - Le martiniquais Meidy dans un salon. Dans les participer à d’autres compétitions, et Loudoux #61, participe au sauts, il fait corps avec pose les premiers jalons d’une carrière. championnat de Guade- sa machine, et s’il n’est « Tout allait vraiment bien, jusqu’à la sai- loupe faute de compétition. Lpas le seul à afficher de bons résul- son hivernale. Je tombe et je me fais Deux fois vice-champion. tats dans les compétitions, il est celui une fracture ouverte au bras avec une Son challenger Yoan Alexis #81, qui repart à chaque fois, avec le titre contusion au poumon. Je ne pouvais a un niveau tout proche, une belle de champion de la Guadeloupe. Après plus rouler, j’ai dû rentrer en Guade- maîtrise technique, et souhaite la course, quand il enlève son casque, loupe », explique Jowan Édouard. Le accéder à la première place. il dévoile des yeux qui s’illuminent de retour est aigre-doux. « J’étais vraiment la passion que lui procure ce sport. déterminé à vivre ma passion définitive- • 65cc - Bryan Mussard #88 ment en France. Mais c’est la vie, il faut (9 ans), clairement le plus rapide du moment, cherche à dépas- À quatre ans, ses parents lui proposent s’adapter ». S’adapter sans trop s’at- 3 plusieurs sports. Il fait quelques essais tarder, car si Jowan Édouard est remis ser tous les 85 cm . On le sait non concluants avant de tomber sur le et brigue déjà la première place du appliqué, sérieux, motivé et infa- motocross. Il demande alors à assister championnat cette saison, il sait aussi tigable. Son challenger Djamal à un cours, et depuis, ne quittera plus qu’il ne doit pas trop tarder à repartir Juste-Watt #889 (9 ans 1/2), a les pistes de terre rouge. Très vite, il s’il tient à son rêve. « C’est la chasse une bonne gestion d’approche de demande à participer à des compé- au loup. Beaucoup de pilotes vont vite la course, et une belle technique. titions. Mais pour cela, il lui faut son là-bas et tout le monde veut sa place QUAD propre matériel, et c’est son grand-père au soleil ». Il faut donc reconstruire les • William Perse #27, John Perse qui le soutient en lui achetant sa pre- conditions d’un nouveau départ. En #207 et le Saint-martinois Hubert mière moto. Les résultats s’enchaînent, attendant, Jowan brigue les courses Boucaud #21 dominent les tous meilleurs les uns que les autres et de Merlande et travaille comme méca- épreuves et participeront au son père prend le relais quand il faut nicien dans un garage, prêt à saisir une mondial du Quad 12h de Pont partir en France courir vers de nou- nouvelle chance. de Vaux au mois d’août. veaux horizons. nnPR

12 JUIL./ AOÛT 2019

LE GRAND ENTRETIEN

Sylvain Fostin : « Notre objectif primordial est de décrocher une médaille mondiale ! »

14 JUIL./ AOÛT 2019 TAEKWONDO On vise le Monde ! Sylvain Fostin, le directeur technique de la Fédération guadeloupéenne de Taekwondo, n’a qu’une ambition : décrocher un titre mondial. Cet ancien champion a toujours évolué en Guadeloupe et a toujours prôné les atouts de l’entraînement local. Devenu entraîneur, il a créé la Black Spirit Academy, devenue un des piliers de la Guadeloupe Taekwondo Association, fédération indépendante depuis 2011, qui permet à notre archipel d’être reconnu comme une nation à part en entière par la Fédération mondiale. Tim’s Magazine a rencontré ce Guadeloupéen corps et âme.

TIM’s : De ce fait, les taekwon- doïstes que vous formez peuvent- ils accéder aux championnats français ? S.F : Il faut savoir qu’il y a la ligue, qui est un organe de la Fédération Fran- çaise avec laquelle on n’a pas coupé les ponts, car ce n’était pas l’objectif. Mais on a en parallèle la Fédération Guadeloupe Taekwondo association qui représente notre île à l’international. La ligue représente la Guadeloupe au niveau national, donc les athlètes qui veulent participer aux championnats de France peuvent passer par ce moyen. Les Championnats de la Guadeloupe organisés par la ligue sont qualifica- tifs pour les championnats de France, de la Caraïbe, de la zone panaméri- caine et du monde. L’autre spécificité TIM’s : Pourquoi avoir créé la Black parce que je ne voulais pas m’en- de la Fédération est que nous sommes Spirit Academy ? traîner en France. Je ne voulais pas ouverts à la diaspora guadeloupéenne, Sylvain Fostin : Black Spirit Academy, quitter la Guadeloupe pour évoluer c’est-à-dire qu’un Guadeloupéen vivant c’est une académie qui regroupe plu- en France car j’avais ma vie ici. Ce au Canada, aux USA, en Chine, en sieurs clubs situés à Saint-François, au choix m’a porté préjudice. Donc, j’ai France ou ailleurs, peut se licencier Moule, aux Abymes et au Lamentin. Il essayé de contourner cet obstacle chez nous et représenter la Guade- existe plusieurs autres académies en en évoluant dans la Caraïbe en tant loupe à l’international. Guadeloupe. Mais la fédération en elle- que French Caribbean. Grâce à mes même reste la Guadeloupe Taekwondo performances, j’ai pu rencontrer et TIM’s : Quels sont vos objectifs ? Association, qui est devenue une fédé- échanger avec des coaches natio- S.F : Notre objectif primordial est de ration indépendante le 30 avril 2011. naux qui m’ont demandé pourquoi décrocher une médaille mondiale, la Guadeloupe n’évoluait pas officiel- car nous avons déjà eu une médaille TIM’s : Au niveau international, lement sur le continent américain ? panaméricaine. Un titre mondial nous vous revendiquez représenter Dès lors, se sont engagées plusieurs permettrait d’être reconnus, facilite- d’abord la Guadeloupe et pas forcé- démarches politico-sportives pour rait les échanges pour contribuer ment la France, pourquoi ce choix affilier notre île à la zone panaméri- à une politique sportive mondiale. inhabituel ? caine, ce qui nous a permis d’accé- Nous pourrons accueillir du monde, S.F : C’est une idée qui m’est venue der à la fédération mondiale. Donc, créer des camps d’entraînements, avec l’expérience. Pendant plu- depuis le 30 avril 2011, nous repré- travailler avec d’autre nation et nous sieurs années, j’ai été l’un des meil- sentons la Guadeloupe dans la zone autofinancer. leurs taekwondoïstes français, j’ai panaméricaine et au niveau mondial. nnYL combattu dans les divisions de très Maintenant la Guadeloupe peut mon- haut niveau mais je n’ai jamais été trer sa culture, son style, son savoir- sélectionné en équipe de France, faire en tant que nation.

JUIL./ AOÛT 2019 15 SPÉCIAL TOUR DE GUADELOUPE Adrien Urcel dans le grand bain Le sociétaire de l’Union Sportive Cycliste Goyavienne (USCG) vivra, le 2 août prochain, sa première expérience du Tour de Guadeloupe. Ce n’est pas tout à fait un rookie, car il réalise une excellente saison avec un maillot du meilleur jeune, arraché lors du dernier Tour de Marie-Galante. Toutefois, le Tour de Guadeloupe, c’est une autre limonade.

Avec des moyennes le tracé, il y a moyen que je rem- parfois élevées et porte l’étape entre Basse-Terre de brutales accélé- et Bouillante, elle est taillée pour rations, le Tour de moi ! » Avec son profil de grimpeur/ Guadeloupe Senior puncheur, le jeune cycliste a les est sans doute l’une moyens de faire partie des cadors des compétitions dans les bosses, à condition de sportives les plus ne pas se faire piéger et de savoir Adifficiles de l’archipel. Quasiment, surveiller les bons coups. « Je dois un rite initiatique pour les jeunes être lucide, je ne me mets pas trop coureurs. Ce rite, Adrien Urcel, de pression, on verra au moment s’apprête à le passer. À 19 ans, donné. » Outre les gains d’étapes, le jeune Goyavien vivra son pre- il entend aussi mettre la main sur le mier Tour de Guadeloupe chez les maillot du meilleur jeune, comme seniors. La saison dernière, il a il l’a déjà fait à Marie-Galante. Sur fait partie des meilleurs jeunes de le papier, il est parmi ceux qui ont la catégorie junior avec une deu- les meilleures dispositions pour le xième place au général du Tour faire. Toutefois, ce Tour voit arriver de Guadeloupe Junior et un titre aussi du sang neuf dans pratique- de champion de Guadeloupe. Il ment toutes les équipes, de jeunes était donc prêt à entrer chez les loups qui auront leur partition à grands. jouer. Mais Adrien est décidé, fort Adrien Urcel sociétaire de l’USCG entame de son excellent début de saison. De son point de vue, c’est aussi la sereinement son premier tour de Guadeloupe Après une phase de repos actif qui réalisation d’un rêve d’enfant. Celui a suivi le Tour de Marie-Galante, qui a grandi, émerveillé par les his- suit dans son entraînement chez les l’équipe de l’USCG s’aligne pour toires de son père, lui aussi cycliste, seniors, et risque bien de lui servir pour dix jours de haute compétition qui tes- avait hâte d’écrire à son tour un pan de ce nouveau Tour. teront les capacités de ses recrues. l’histoire familiale. Il n’est pas seul dans nnPR l’aventure puisque son frère Damien vivra lui aussi son premier Tour. Pour Des étapes les deux frères, tout a commencé il y a près de 10 ans à la fondation du club et un maillot La fiche tech’ cycliste de l’Union Sportive de Goyave. Il est recruté, tout jeune avec quelques Malgré une excellente saison, Adrien • 2e place au Tour de la Guadeloupe autres espoirs de la commune. Petit Urcel s’est fixé des objectifs précis, Cadets (2015). à petit, course après course, le jeune ambitieux mais pas inatteignables. • 2e place au Tour de la Guadeloupe homme confirme ses prédispositions Avec une équipe de quatre coureurs, Juniors (2018). pour ce sport. Car suivre les pas de plus ou moins jeunes, difficile de pen- • Champion de la Guadeloupe sa famille n’a pas été une contrainte, ser contrôler un peloton aussi versatile Juniors (2018). bien au contraire. « Pour moi, le vélo que celui du Tour de Guadeloupe. En c’est une vraie passion, c’est aussi de revanche, les attitudes de mercenaires • Meilleur Jeune au Grand Prix de l’amusement, même si je m’entraîne peuvent payer individuellement. Adrien la Banane Durable (2019). dur pour obtenir des résultats » confie- l’a bien compris et espère surtout • Meilleur Jeune au 63e Tour t-il doucement. Cette philosophie le remporter une étape. « J’ai regardé Cycliste de Marie-Galante (2019).

16 JUIL./ AOÛT 2019 Depuis quelques années, le design du Tour de Guadeloupe, avec les pièges qui le caracté- Le nouveau risent, avantageait les coureurs les plus complets et les plus malins du peloton. C’est bien

© COLBI média sûr encore le cas, mais cette visage du tour fois avec des spécificités tout à fait intéressantes.

Petit-Bourg, Basse-Terre et Bouillante Cette année encore, les mettront les jambes à rude épreuve. Et habitudes sont boulever- c’est justement ce qui fera la beauté de sées. Il y a une volonté du ce Tour. Les stratégies mises en œuvre Comité régional de Gua- par les directeurs sportifs, ainsi que la deloupe de donner des résistance des coureurs aux difficultés airs nouveaux à la mani- topographiques de ce Tour donneront festation sportive la plus un beau spectacle aux amoureux de attendue de l’archipel. Le la compétition. La cerise sur le gâteau Cton est donné dès le prologue. Il ne sera viendra de l’étape mythique de Saint- plus question du vélodrome comme Claude qui sera abordée autrement.

l’année dernière. Cette fois, tout le pelo- Plus de contre-la-montre en montagne, © COLBI média ton se dirige vers Le Moule. Le lance- mais une arrivée, quasiment au sommet ment du 69è Tour cycliste de la Gua- de la Guadeloupe. La difficulté sera de tout au long de ces 34,3 kilomètres. deloupe y sera donné avec une étape taille. Saint-Claude arrive après quatre C’est encore une nouveauté pour le en ligne. Les coureurs devront parcourir étapes compliquées et l’une d’elles des- Tour, qui, jusqu’à présent, offrait un 1,7 kilomètre sur le littoral du Moule. Un sinée pour que les sprinters s’amusent choix binaire entre la Montagne et le parcours sans grande difficulté, mais (Sainte-Rose/Sainte-Anne). Après cela, plat. Attention à la montée de Larifla avec un vent qui pourra contrarier cer- le bal est fini. Il faudra sortir les mollets à l’envers, qui surprendra plus d’un, tains. Comme d’habitude, le prologue et développer de la puissance pour par- surtout dans un contexte de contre-la- servira à distribuer les maillots du Tour. tir de Sainte-Anne et grimper jusqu’à montre. En clair, cette année encore, Saint-Claude. L’étape comporte 8 som- le Tour de Guadeloupe se réinvente. mets Grand Point Montagne. Elle révé- On a souvent connu des tracés un peu Saint-Claude lera forcément le vainqueur de ce Tour. répétitifs bien que tout à fait haletants, mais les options prises pour cette édi- autrement tion devraient pimenter le spectacle. Le Contre-la-montre tracé est audacieux, complexe, jamais Les équipes invitées auront la joie de vraiment simple, le manque de prépara- mieux connaître l’un des joyaux de dans les bosses tion, peut-être encore plus que lors des notre archipel. La Basse-Terre. Pour années antérieures, laissera de lourdes ce 69e Tour, les amateurs de sprint et Cette fois, il faudra laisser Capesterre marques physiques, car selon les confi- les puncheurs auront tout intérêt à bos- Belle-Eau pour aller à Baie-Mahault, gurations de la course, il vaudrait mieux ser la montagne, car ils partent pour pas vraiment du plat, pas vraiment de que tout le monde soit dans un état de quelques jours d’exercice d’intervalles bosses, un mélange des deux qui obli- forme équivalent. en montagne. Les étapes 2 et 3, entre gera les coureurs à rester concentrés nnPR

JUIL./ AOÛT 2019 17 SPÉCIAL TOUR DE GUADELOUPE Cartographie des 9 étapes

PROLOGUE - 1,7 KMS - VENDREDI 2 AOÛT ÉTAPE 1 - 163,7 KM - SAMEDI 3 AOÛT > Le Moule / Le Moule > Le Moule / Petit-Bourg Pet-Canal Pet-Canal Le Moule Pet-Canal Sainte-Rose Le Moule Le Moule Sainte-Rose Les Abymes Saint-Anne Sainte-Rose Pet-CanalBaie-Mahault Pet-Bourg Le Moule Les Abymes Saint-Anne Baie-Mahault Les Abymes Sainte-RSainoset-Anne Baie-Mahault Goyave

ÉTAPE 2 - 159 KM - DIMANCHE 4 AOÛT ÉTAPE 3 - 153 KM - LUNDI 5 AOÛT Pet-Bourg Pet-Bourg Bouillante Les Abymes Saint-Anne > Petit-Bourg / Basse-TerreBaie-Mahault > Basse-Terre / Bouillante Capesterre Goyave Belle-Eau Pet-Bourg Goyave Saint-Claude Bouillante Goyave Bouillante Basse-Terre Bouillante Saint-Claude Capesterre Capesterre Belle-Eau Belle-Eau Saint-Claude Capesterre Belle-Eau Saint-Claude Basse-Terre Basse-Terre Basse-Terre

ÉTAPE 4 - 156 KM - MARDI 6 AOÛT ÉTAPE 5 - 149,5 KM - MERCREDI 7 AOÛT Pet-Canal > Bouillante / Sainte-Rose > Sainte-Rose / Sainte-Anne Le Moule

Sainte-Rose Pet-Canal

Le Moule Les Abymes Saint-Anne Baie-Mahault Sainte-Rose

Pet-Bourg Les Abymes Baie-Mahault Saint-Anne Goyave Pet-Bourg Bouillante Goyave Capesterre 18 JUIL./ AOÛT 2019 Saint-Claude BouillanteBelle-Eau

Saint-Claude Capesterre Basse-Terre Belle-Eau

Basse-Terre Cartographie des 9 étapes Pet-Canal Le Moule

Sainte-RosÉTAPEe 6 - 126 KM - JEUDI 8 AOÛT ÉTAPE 7 - 154 KM - VENDREDI 9 AOÛT > Sainte-Anne / Saint-Claude > Saint-Claude / Petit-Canal

Les Abymes Pet-Canal Baie-Mahault Saint-Anne Le Moule

Pet-Bourg Sainte-Rose

Goyave Les Abymes Saint-Anne Baie-Mahault

Bouillante Pet-Bourg

Capesterre Goyave Belle-Eau Bouillante Saint-Claude Saint-Claude Capesterre Basse-Terre Belle-Eau Pet-Canal

ÉTAPE 8 - 102 KM - SAMEDI 10 AOÛT ÉTAPEBasse-T 8 er- reCLM - 34,3 KM - SAMEDI 10 AOÛT > Petit-Canal / Capesterre B/E (en ligne) > Goyave / Baie-Mahault Le Moule

Pet-Canal Sainte-Rose

Le Moule

Sainte-Rose Les Abymes Saint-Anne Saint-Anne Baie-Mahault Les Abymes Baie-Mahault Pet-Bourg Pet-Bourg

Goyave Goyave Bouillante

Saint-Claude CapesterreBouillantBelle-Eau e

ÉTAPE 9 - 130,2 KM - DIMANCHE 11 AOÛT Capesterre Basse-Terre Saint-Claude > Baie-Mahault / Les Abymes Belle-Eau Pet-Canal

Basse-Terre Le Moule

Sainte-Rose

Saint-Anne Les Abymes

Baie-Mahault SCANNEZ CE QR CODE et accédez au programme détaillé Pet-Bourg de chaque étape

Goyave JUIL./ AOÛT 2019 19

Bouillante

Saint-Claude Capesterre Belle-Eau

Basse-Terre 20

© ID Line Studio LE SPORT AU FÉMININ foot estinconcevable » « Une journée sans sablement pieds. les entre au jokari, le ballon lui revient inlas Avec sans ou crampons, comme championnat de futsal féminin. Raizet, vainqueur du tout premier deà faire l’aventure partie du FC qu’elle n’a pas hésité également et transpire le football. Àtel point respire Baie-Mahault du Sporting aujourd’hui, «la de »milieu terrain son enfanceDe saintannaise à découvrir l’amour du beau jeu. féru lui de fait très ce sport, vite football entre les pieds. père, Son quement née avec un ballon de est prati Méghan Pierre-Justin FUTSAL JUIL./ AOÛT 2019JUIL./ AOÛT - - L son corps. Elle est milieu de terrain du du terrain de milieu Elle est corps. son à soutenue cadence une impose tant, gnée par les blessures, elle qui pour été épar moins ou aplus Meghan part, j’en avais besoin » match.aucun C’était que moi, fort plus entendu, et bien ne ratais nements je que j’allais regarder entraî les tous jouer pas sans vais rester tellement bon mois. un durant pratiquer plus àne contrainte l’avait qui au mollet déchirure double Avant d’une tannaise. souvenir se de » inconcevable moi pour « C’était nepou je horrible, « Une journée sans foot est est sans foot journée « Une ballon. le toucher de sible parler de besoin irrépres de opportun plus serait au football.Pierre-Justin Il Meghan porte que relation la définir pour faible trop Le mot est passion bien . Ce pépin mis à mis pépin . Ce avoue la Sain ------mieux » de rentrer que c’était dit suis me je place. Alors que trouve sur je un emploi fallait il pro, donné que semi- club le est étant mais « J’avais la possibilité de là-bas, rester Baie-Mahault. de au Sporting deloupe avant 3ans, dant revenir de Gua en l’Hexagone au FC Saint-Etienne pen dans football le continue elle études, ses poursuivre de Juventus. Aula moment de revenir au club pour àSainte-Anne, Anne, avant une parenthèse à Port-Louis au FCÀ 10 Sainte- continue elle ans, àl’âge 5 ans. de Sainte-Anne de pide àl’Intré jambes de passements miers travail pre ses qu’elle depuis endure de charge Une hors-jeu. sans agenda un a travailjoueuse la son d’infirmière, et matchs les Entre entraînements, les 11 10 et numéro FC du Raizet au futsal. au football à Baie-Mahault de Sporting À gauche, Méghan Pierre-Justin, recevant son prix prix son recevant Pierre-Justin, Méghan À gauche, de meilleure joueuse de la finale de Futsal Féminin. de Futsal finale la de joueuse meilleure de . - - - - La découverte de jouer au football. « Ça m’a appris à Côté défense du maillot, la Guadelou- regarder plus vite le jeu, et surtout à faire péenne n’est pas en reste, puisqu’elle du futsal plus attention à mes partenaires, car au est en sélection depuis l’âge de 15 ans, futsal on se parle énormément ». avec en point d’orgue la participation, l’an Aujourd’hui, la footballeuse arrive avec dernier, aux qualifications à la Coupe du brio à jongler avec ses différents ren- Monde zone Caraïbe. Outre l’honneur de dez-vous, tout en restant compétitive. La « On se porter le maillot vert, elle regrette toute- preuve, elle a été sacrée championne de fois le manque d’implication de la ligue futsal avec le FC Raizet en juin dernier, focalise trop pour mettre en place une sélection com- avec à la clef, un but en finale et un titre pétitive. « Ce sont toujours les mêmes de meilleure joueuse du match. Pour une sur les garçons » (les Gwada boys, ndrl) qui se déplacent première saison dans cette discipline, pour jouer, je pense par exemple à des l’entrée en matière est réussie, même s’il Méghan a suivi la Coupe du Monde en tournois en Martinique, où l’équipe fémi- n’était pas initialement prévu de pratique France avec attention, avec au fond d’elle- nine n’est jamais invitée. Plus de compé- en salle. « Au début de la saison, une même quelques attentes autour de la titions nous permettraient d’être mieux amie m’a demandé si je voulais prendre promotion du football féminin. « J’atten- préparées pour les rendez-vous interna- une licence parce qu’ils essayaient de dais beaucoup de l’équipe de France, tionaux. Et cela se répercuterait sur le développer le futsal. Même si j’y avais qu’elles puissent donner envie à un maxi- championnat, qui actuellement est trop déjà joué avec mon frère, au début cela mum de filles de pratiquer ». Mais très hétérogène. Pour l’heure, on se focalise m’a fait bizarre de ne pas pouvoir écarter vite la technicienne reprend le dessus et trop sur les garçons ». Avec les derniers le jeu par de grandes passes ou de jouer constate « qu’honnêtement, elles man- résultats de la sélection guadeloupéenne plus rapidement par exemple ». L’a d a p t a - quaient d’armes offensives et ont eu du sur le plan international, peut-être que tion fut de courte durée puisque Méghan mal à être efficaces devant le but ». Sa les souhaits de Méghan trouveront une a été l’une des pièces maîtresses de rigueur s’amollit tout de même lorsqu’il oreille attentive. l’équipe qui est restée invaincue cette s’agit d’Amandine Henry. La capitaine des nnR.M saison. Mieux, la pratique de la disci- Bleues joue au même poste, et Méghan pline lui a été bénéfique dans sa façon n’hésite pas à prendre exemple sur elle.

JUIL./ AOÛT 2019 21 ZOOM SUR

Michael MONDER, champion de Guadeloupe 2019 de tir à l’arc en extérieur, licencié du club de Capesterre Belle Eau « YO ARCHERS CLUB ».

22 JUIL./ AOÛT 2019 TIR À L’ARC Le tir à l’arc, entre patience et plaisir Les 22 et 23 juin derniers avaient lieu les Championnats de Guadeloupe de tir à l’arc en extérieur. L’occasion pour TIM’s de se pencher sur une discipline Olympique encore discrète en Guadeloupe, alors que des formidables archers représentent l’archipel et les îles du Nord lors de compétitions nationales, et maintenant internationales.

La pratique du tir à l’arc n’est pas nouvelle en Guadeloupe. Depuis 1983, nombreux ont été les archers à décocher leurs flèches sur le site qui longe la mer. Certes l’évolution de la discipline Ls’est faite doucement, mais depuis quelques années le nombre de licen- ciés est en augmentation. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, les performances à l’échelon national s’en- chaînent avec, notamment, des partici- pations récurrentes aux championnats de France pour plusieurs archers gua- deloupéens. Il s’agit de performances car la qualification ne se fait pas par ligue ou par zone, mais par points au ne l’est pas. Il s’agit du même sport, vite, et stagner pendant des années. niveau national. Donc nos archers mais la pratique est différente, un peu Tout dépend de la patience que tu vas ont le niveau des meilleurs Français. comme le 100 m sur piste et le 60 m mettre à te perfectionner à l’entraîne- « Et maintenant nous pouvons éga- en salle. ment ». Par ailleurs, comme tout sport lement nous distinguer à l’internatio- individuel, le tir à l’arc pousse le sportif nal » s’enorgueillit Philippe Faure, le à beaucoup se remettre en question. président de la ligue. « Nous venons Un sport pour « Ça travaille énormément ta person- depuis peu d’être intégrés à la zone nalité » détaille le champion de Gua- Amérique Centrale Caraïbes et donc les optimistes deloupe, « Car si tu te laisses gagner nous pouvons nous challenger avec par la colère, le découragement ou des tireurs de niveau mondial ». La Même si le tir à l’arc progresse en le pessimisme, tout s’écroule. Donc Ligue guadeloupéenne a déjà parti- Guadeloupe, « les licenciés sont un c’est un sport où il faut être optimiste cipé l’an dernier au 23e Jeux d’Amé- peu frileux à l’idée de faire de la com- pour réussir ». La clef de la réussite rique Centrale et de la Caraïbe à Bar- pétition » selon Philippe Faure. « Si pour Michael, c’est avant tout le plai- ranquilla en Colombie. Le Champion pour le championnat nous sommes sir. « C’est un conseil que j’aimerais de Guadeloupe, Michael Monder s’est une trentaine, c’est le bout du monde. transmettre, surtout aux jeunes qui qualifié pour ces jeux et en garde un Alors nous essayons de les rassurer pratiquent la compétition. Ne vous lais- souvenir impérissable. « Ce qui est en disant que c’est bon enfant, mais sez pas prendre par l’engrenage de génial avec ce sport, c’est qu’il te per- il est vrai que c’est un sport très exi- la gagne, de la performance. Il faut met de voyager à travers le monde. Tu geant, notamment au niveau du stress, savoir se faire plaisir avant tout. Ce peux te confronter à des archers qui qu’il faut arriver à canaliser ». Pour être détail-là, le mot plaisir, ça te permet participent aux Jeux olympiques ». un bon archer, il faut être calme et sur- de faire un retour quand ça ne va pas, Car oui, le Tir à l’arc est une discipline tout arriver à avoir une parfaite régula- ou que ça ne fonctionne plus, tu peux Olympique… en fonction de l’arme pra- rité dans le geste. « Il faut vraiment être faire machine arrière, pour pouvoir tiquée. Seul l’arc dit « classique » est patient » confirme Michael Monder, mieux rebondir ». Olympique. L’arc dit « à poulies » lui, « parce que tu peux progresser très nnR.M

JUIL./ AOÛT 2019 23 JEUNE ESPOIR

FOOTBALL Lyvio Lengrai : « je joue au foot avec ma famille » chaque rencontre. « J’ai déjà joué sur les ailes et je m’en suis pas mal sorti. C’est une force d’être polyvalent, même si je suis vraiment très à l’aise en milieu défensif. » Plus collectif que pragmatique, Lyvio s’accommode des exigences de jeu d’autant mieux qu’il évolue dans un environnement fami- liale. « Ce n’est pas une équipe, c’est une famille. On se côtoie et on joue ensemble. Les frères Lambourde sont les oncles des Ramothe, eux-mêmes apparentés au Lengrai, nous sommes tous liés. » Dans l’espoir de jouer à Dijon

Il est le coup de cœur du staff de lui commence à cinq ans. Il suit sur la Grandir dans un environnement si l’Amical de Marie-Galante, non pelouse, son père, coach de l’Amical, protégé n’a pas amputé Lyvio de ses parce qu’il est l’un des fils du coach, Jean-Paul Lengrai, mais surtout son ambitions. Il les a tracées d’une ligne mais pour ses qualités physiques sur grand frère Ludovic. Il ne se pose pas continue et ferme qui le mène jusqu’au de question, le football, c’est complè- club de Dijon. Avant cela, Lyvio compte le terrain, et ce qu’il a été capable tement naturel. bien marquer le Régional 1 de son de montrer. Lyvio Lengrai est une empreinte. « Je souhaiterais vraiment pépite déterrée, taillée et exposée devenir le meilleur joueur de R1, voir par le club d’Étang Noir. Un collectif le meilleur joueur de Guadeloupe. » Seulement ensuite il se projette vers le familial club bourguignon. « C’est mon club de Sur le banc, Lyvio a les cœur, cela fait plusieurs années que yeux rivés sur le terrain. Il Pour autant, ce n’est pas du tout un je les suis, ils ont un bon centre de vit complètement le match passe-temps. Si Lyvio tape dans l’œil formation, et puis au moins, je pour- et est attentif aux direc- de ses encadrants, c’est pour son rai jouer et acquérir de l’expérience. » tives hurlées par le staff sérieux et l’attention qu’il est capable Réaliste, le jeune footballeur sait qu’il technique depuis la zone d’accorder à sa progression. « Ce ne faut pas rêver trop grand, de peur de l’équipe. Plus que tout jeune homme, il faudra le suivre de de finir par chauffer le banc plutôt que autre, il a les couleurs de près, il est tellement attachant et tel- chausser les crampons. Avant de s’en- Sl’Amical de Marie-Galante tatouées sur lement prometteur » décrit avec ten- voler vers Dijon, Lyvio Lengrai devra la peau. Il n’a jamais joué ailleurs qu’à dresse Jean-Fernand Diabangouaya, finir sa scolarité en Guadeloupe, le Marie-Galante. « J’ai fait toutes mes encadrant de l’équipe. centre de formation de dijonnais n’of- classes à l’Amical. J’ai été capitaine frant que très peu de suivi scolaire. de plusieurs catégories et j’ai toujours C’est au poste de milieu terrain qu’il eu de très bons coéquipiers » se sou- s’exprime le mieux, même s’il s’adapte nnP.R vient le jeune homme. Le football pour au système de jeu mis en place à

24 JUIL./ AOÛT 2019 LES COULISSES DU SPORT

Le sportif est un mystique

Depuis la Grèce Antique et ses Jeux chercher une force le rendant capable avec lui une chaussette qu’il a portée Olympiques, l’athlète a toujours été de se sublimer. Le rituel lui permet de lorsqu’il jouait dans son premier club, étroitement mêlé à des choses qui le se concentrer, de rentrer dans sa bulle, Créteil ; sa ville natale. dépassent. S’en remettant aux Dieux de répéter mécaniquement les mêmes pour qu’ils l’aident à faire une bonne gestes, afin de libérer du temps de cer- « Vae Victis » performance, il reste encore per- veau disponible pour déjà se projeter sur sa course ou son match. suadé qu’elle n’est pas uniquement La présence et l’absence de ces le fruit du travail. Entre superstitions « porte-bonheur » ont tout de même et rituels, la performance sportive L’exemple un impact sur la carrière du sportif. On reste liée à la croyance. peut l’observer dans le cas du rugby- de Teddy Riner man Christophe Dominici. Ce dernier s’était aperçu en arrivant dans les ves- Mystique est la Les moyens pour y parvenir sont tiaires avant un match qu’il avait oublié Guadeloupe. divers. Cela peut être de mettre de un bijou porte-bonheur appartenant Cette terre l’alcali (ammoniac) dans les vestiaires à sa défunte sœur. Il a fallu qu’un de abrite, dans ses afin de faire fuir les mauvais esprits, ces amis parte en catastrophe cher- entrailles, des ou encore mettre de l’eau bénite sur cher l’objet pour le lui remettre avant forces qui dictent le terrain. Ces attitudes ne sont pas le coup d’envoi. Finalité, le Toulon- le quotidien des endémiques à la Guadeloupe. Cer- nais marque l’essai victorieux dans Guadeloupéens. tains de nos sportifs évoluant dans le les derniers instants du match. Ainsi, MLe sport pratiqué sur le territoire en sport de haut niveau n’échappent pas dans cette approche quasi mystique est donc indubitablement imprégné. à la règle. Teddy Riner débute toutes du dépassement de soi, il y a un paral- Pour en revenir à l’origine des mots, ses compétitions avec la ceinture noire lèle plausible à établir entre le besoin « superstition » vient du latin « supers- qui lui avait été offerte par son premier des sportifs de sortir de leur condi- tare » signifiant « protéger », et donc, entraîneur. Véritable porte-bonheur ou tion réelle d’athlète et la réalisation pour le sportif, se tenir au-dessus de illusion de l’esprit, qu’importe, puisque de performances qui vont plus loin tout impondérable pour n’être concen- cela fait plus de dix ans que l’originaire que leur réalité physique. Le dépas- tré que sur sa performance. Au-delà de Vieux-Habitants n’a pas perdu de sement de soi est-il donc à la portée du rituel, qui peut être d’enfiler sa combat. Autre Guadeloupéen notable de celui qui croit ? chaussette gauche en premier, l’acte ayant un objet fétiche, Mathieu Bas- nnR.M de superstition permet au sportif d’aller taraud. Le rugbyman garde toujours

JUIL./ AOÛT 2019 25 DANS LA CARAÏBE

Catherine Giscou, 2 ème vice-Présidente en charge de la jeunesse à la FFBB, lors de sa visite en Guadeloupe

26 JUIL./ AOÛT 2019 BASKET-BALL Enfin une reprise du basket à Saint-Martin ? Deux ans après l’ouragan Irma, certaines activités sportives ont repris, sans trop d’embûches à Saint-Martin, d’autres, en revanche, ont du mal à se tailler une nouvelle image. Le basket fait partie du gruppetto du sport, mais les membres de clubs et le comité territorial de Basket-Ball de Saint-Martin ont pris une place active au chevet du malade, avec l’ambition d’une vraie reprise dans le courant de l’année 2020.

Au lendemain du pas- situation problématique du basket-ball censée participer à la reconstruc- sage de l’ouragan Irma, à Saint-Martin, un crochet près des tion des infrastructures. Et selon Saint-Martin se réveille Îles du Nord s’imposait. Catherine Giscou, elles sont impa- sonnée et constate la tientes de savoir si leur mobilisa- perte de 95 % de ses Là-bas, alors que le rugby, par tion financière a été suivie d’effets, infrastructures. Les ter- exemple, reprenait ses activités un « Nous aimerions savoir si les clubs rains et les gymnases an après le passage du cyclone, le et le comité sont prêts à enclencher ont payé un très lourd basket-ball ne semble pas retrouver la vitesse supérieure afin que nous Atribut aux vents puissants du phéno- sa flamme. Pourtant, en fin d’année puissions enfin dire que le basket mène cyclonique et la plupart sont 2018, le président du comité territorial revit à Saint-Martin ». Aujourd’hui, complètement détruits. Un mois (CTBSM) ainsi que plusieurs clubs quelques plateaux ont été livrés, après, lors de la journée nationale signaient une convention destinée sans pour autant être revenus à la du sport, animée notamment par les à favoriser le travail coordonné de situation pré-Irma. associations encore en activité, l’or- toutes les instances du basket pour ganisation est rustique, il faut se servir aller chercher de nouveaux licen- Ainsi, pour donner un coup de pouce des terrains encore à peu près viables ciés et remettre sur pied un petit salvateur, la Fédération, en collabo- situés dans certaines écoles. championnat. ration avec la ligue de Basket Gua- deloupe et le CTBSM travaillent à Les comités territoriaux envoient des La stratégie s’est révélée payante. un plan de relance grâce auquel la appels de détresse aux Fédérations, Le CTBSM a lancé des appels aux discipline devrait reprendre des cou- et le Basket ne fera pas exception. La inscriptions dans plusieurs quartiers leurs franches d’ici un an. À condi- Fédération Française de Basket-Ball de la partie Française et s’est rap- tion toutefois que les équipements va se mobiliser, mais le fort exode qui proché de clubs de la partie Hollan- en cours soient livrés rapidement. Or, a suivi le cyclone crucifie littéralement daise. Les équipes ont rempli leurs en la matière, rien n’est moins sûr, les les efforts du comité pour retrouver effectifs et la saison a pu se tenir avec délais de livraison, dans une île où ses joueurs. quelques matchs, dépendant toutefois tout est à reconstruire sont encore de la disponibilité des infrastructures très longs. sportives de l’île. Mobilisation Pour y remédier plusieurs pistes, dont l’utilisation des équipements de la commune La difficile partie néerlandaise, quand cela est C’est dans ce contexte qu’en mai der- possible. En attendant, les détections nier, les instances du basket rece- reconstruction chez les jeunes (U11-U13) continuent vaient la visite de Catherine Giscou, 2e Justement, la volonté de la Fédération pour remplumer les effectifs. Même vice-présidente en charge de la Jeu- était d’avoir un regard sur l’avancée de difficile tâche chez les seniors. nesse et des Sports de la Fédération la livraison des nouvelles infrastruc- nnP.R Française de Basket-Ball. Elle profitait tures. Il y a deux ans, une fois la de l’organisation du Guymargua 2019 rage d’Irma apaisée, les instances pour faire un tour des besoins des fédérales avaient volé au secours du ligues d’Outre-mer. Compte tenu de la comité en débloquant une enveloppe

JUIL./ AOÛT 2019 27 SPORT & SANTÉ

Drépanocytose et sport : se connaître et se surveiller

il faut qu’il s’arrête. En général, nous En Guadeloupe cette maladie touche Bien choisir les indiquons clairement ces consignes 1 nouveau-né sur 300. Elle est invali- dans les certificats médicaux pour les dante et peut représenter un frein à la conditions de la pratique patients et les encadrants » affirme pratique sportive. Pourtant, être dré- Il s’agit de bien connaître sa maladie. Docteur Maryse Etienne-Julan. En cas panocytaire et sportif n’est pas impos- « La drépanocytose peut être très de crise durant l’activité, si la douleur sible, à condition d’être bien encadré. variable d’un patient à un autre. La commence faiblement, il faut se mettre forme génétique la plus fréquente et au repos, s’hydrater et prendre ses la plus sévère est la forme SS. Au sein antalgiques. Si la douleur est forte, La douleur et l’invalidité même des drépanocytaires SS, il y a il faut immédiatement consulter. En sont le lot quasi quotidien des patients avec des anémies plus tout cas, la proscription du sport chez des drépanocytaires. La modérées et qui font peu de crises. les drépanocytaires est une affaire drépanocytose, aussi Pour eux, il n’y a pas de contre-in- ancienne. Les études ont montré que appelée anémie falci- dication pour l’activité sportive, sauf le bien-être qu’apporte une activité forme, se caractérise par les sports qui se déroulent dans un physique est essentiel chez un patient une malformation des glo- milieu où il y a peu d’oxygène. Cer- qui endure une maladie chronique. bules rouges. Leur forme tains drépanocytaires peuvent avoir nnPR Lde faucille au lieu d’être ronde, rend des atteintes au niveau des hanches, la circulation sanguine très doulou- notamment ceux de la forme SC, reuse. Cette maladie a une forte pré- dont le sang est plus épais, ce qui À savoir gnance chez les populations noires. provoque parfois une nécrose de Elle est génétique et héréditaire. Chez cette articulation. Les sports qui sol- 1. Toujours consulter son médecin trai- les patients, l’hémoglobine située licitent les membres inférieurs sont tant pour le choix du sport et pour à l’intérieur des globules rouges est contre-indiqués ». indique Maryse établir un certificat médical précis. malade, elle se nomme hémoglobine Étienne-Julan, chef de service de S. Par conséquent, les drépanocy- l’unité transversale de la Drépano- 2. Toujours bien s’hydrater, avant, pen- taires sont anémiés, cela signifie que cytose du CHU Guadeloupe. Sont dant et après le sport. le nombre de globules rouges est infé- aussi déconseillées les activités qui 3. Faire attention aux efforts prolon- rieur à celui d’un patient sain. Quand se déroulent en eau froide, le froid gés et prendre des pauses à inter- il y a des facteurs déclenchants, il se pouvant être un facteur déclenchant valles réguliers produit des occlusions dans les petits de crise. L’autorisation et le choix vaisseaux sanguins. Selon le lieu de d’une activité sportive se font au 4. Éviter trop d’efforts prolongés en l’occlusion, différents symptômes appa- cas par cas, avec des précautions eau froide. raissent, dont le plus fréquent est la à respecter. 5. Changer de vêtements dès la fin de crise de douleur. Ces bouchons sont l’activité pour ne pas prendre froid. réguliers et entraînent des complica- « Il faut vraiment discuter avec le tions chroniques. Et il faut bien en avoir patient et lui donner les signes 6. Toujours avoir ses antalgiques, ses conscience quand on veut pratiquer d’alerte. S’il est très fatigué, très médicaments contre la douleur. une activité physique. essoufflé, que la douleur commence,

28 JUIL./ AOÛT 2019 ILS ONT MARQUÉ L’HISTOIRE

Abel Magloire, Il était une fois une Saintoise Il est celui qu’il faut connaître. Au milieu des couleurs chamarrées de la voile traditionnelle, tout le monde le salue, lui demande conseil, essaie d’obtenir son avis, car Abel Magloire était là quand tout a com- mencé. Il était là quand ce jeu de marins est devenu une véritable compétition sportive.

Il règne toujours un joyeux avec quelques autres camarades désordre à chaque départ dans la construction d’un canot. » de course. Les équipages La petite équipe restera dédiée au se charrient tout en réglant projet pendant plusieurs mois. À les bateaux. Abel Magloire, l’époque Abel Magloire avait quitté du haut de ses quatre- les Saintes pour s’établir profes- vingts années passées par- sionnellement en Guadeloupe. ticipe toujours avec plaisir À la sortie de canot en construc- Ià cette fête. L’homme affiche fièrement tion navale, c’est la voile d’Abel les couleurs de Déhé Vwal qu’il soutient qui ornera son mât. Lâchée sur depuis longtemps. Pourtant, c’est aux les eaux de Guadeloupe, l’embar- Saintes que commence son aventure. cation fait sensation. Le mouve- Très jeune, Abel Magloire embarque ment ne touchera pas uniquement sur un canot. « À douze ans, j’étais déjà les Saintes, mais aussi la Guade- patron, j’ai commencé sur un canot loupe. « Les Vieux-Fortins, curieux, baptisé « La Misaine », ces canots nous ont demandé conseil pour sont venus après quand j’ai démarré la construction de ces canots. ma carrière de marin-pêcheur. Pour Du coup, nous leur avons montré naviguer, nous avions un équipage. À comment faire. Nous faisions des l’époque, nous étions jeunes et forts, canots avec eux, mais aussi nous nous aimions nous défier, c’était une nous entraînions et nous disputions façon de nous amuser. » Tout part d’un quelques courses. » Plus question jeu. Pour aller remonter les casiers, les d’aller chercher du poisson. Là on équipages se défient.« Nous faisions parle bel et bien de compétition ! Abel Magloire, co-fondateur de la des « ripaj » pour y aller, et la même voile traditionnelle de compétition chose pour rentrer et aller vendre le poisson. » Ces jeux renforcent les Les voiles les compétitions mettent les voiles en connaissances d’Abel Magloire pour coton à rude épreuve. « Il fallait être louvoyer contre le vent. en coton patient, car, à chaque déchirure, après À l’époque, il n’était pas question du la course, il fallait s’asseoir pour rac- polyester tissé qui caractérise les voi- commoder la voile, jusqu’à ce qu’il faille L’influence lures actuelles. La voile traditionnelle a la changer. Aujourd’hui, une bonne voile débuté avec des voiles en coton d’une dure quelques années. » La voile tradi- de Chatuant coupe verticale. « Nous faisions tout tionnelle est devenue une passion que C’est sous l’impulsion d’un homme de sur les canots. Un marin n’était pas les hommes, dont beaucoup sont partis, Sainte-Rose, ami marin d’Abel Magloire, spécialisé. Nous devions savoir com- ont transmis aux générations suivantes. que s’ouvre un nouveau chapitre du ment poser le tissu et couper le coton. Aujourd’hui, c’est un sport à part entière développement de la voile traditionnelle. Après, c’était vrai que par la suite, c’est qui demande une vraie préparation phy- « Quand Chatuant est revenu de France ma mère qui achevait la couture, mais sique et une fine connaissance de la après ses études, il ne pensait qu’à la c’est moi qui découpais les voiles. » navigation en Guadeloupe. mer. Il voulait aller en mer. Il cherchait C’est d’ailleurs cette forme particu- nnPR partout à faire l’acquisition d’un bateau, lière de coupe qui rend le canot tra- en vain. Il décide donc de m’embarquer, ditionnel reconnaissable. Toutefois,

JUIL./ AOÛT 2019 29 AGENDA SPORTIF

AOÛT Mardi 6 août Samedi 10 au dimanche 11 août Cyclisme Voile traditionnelle Jeudi 1 et vendredi 2 août TOUR DE GUADELOUPE VWAL O VAN Gym }}Désirade }}Bouillante - Sainte-Rose STAGE GYMNASTICLUB 6-14 ANS }}Petit-Bourg Mercredi 7 août Dimanche 11 août

Cyclisme Cyclisme Vendredi 2 août TOUR DE GUADELOUPE TOUR DE GUADELOUPE Cyclisme }}Baie-Mahault - Abymes }}Sainte-Rose - Sainte-Anne TOUR DE GUADELOUPE Pétanque }}Prologue - Moule Jeudi 8 août MEMORIAL SOUKROUT-RAMLALL }}Fond-Cacao-Capesterre Belle Eau Cyclisme Samedi 3 août Cyclisme TOUR DE GUADELOUPE Dimanche 24 août }}Sainte-Anne - Saint-Claude Pétanque TOUR DE GUADELOUPE MEMORIAL DENIS IRENEE }}Moule - Petit-Bourg Vendredi 9 août }}Belle-rivère Cadet - Sainte-Rose Cyclisme Dimanche 4 août Cyclisme TOUR DE GUADELOUPE }}Saint-Claude - Petit-Canal TOUR DE GUADELOUPE SEPTEMBRE } }Petit-Bourg - Basse-Terre Samedi 10 août Jeudi 5 septembre

Cyclisme Badminton Lundi 5 août Cyclisme TOUR DE GUADELOUPE DÉCOUVERTE ET INITIATION }}Petit-Canal - Capesterre B/E GRATUITE TOUR DE GUADELOUPE }}CLM indiv. - Capesterre B/E - Baie-Mahault }}club Tibad à la Jaille et au Gosier }}Basse-Terre - Bouillante

30 JUIL./ AOÛT 2019