Trimestriel 2012 - 5,60 €- n°46 GuadeloupeGuadeloupedestination Le magazine de vos séjours et loisirs en Guadeloupe

DOSSIER Les rendez-vous des vacances

Le Tour cycliste - L’édition 2012 - Le duel mythique Molia- Pauline - Fêtes patronales, les dates commune par commune - Protéger les tortues marines - La Désirade bleue indigo - Le Nord Grande-Terre, un territoire d’avenir OFFERT - Le guide des bonnes adresses

Magazine trimestriel édité par les Editions Antillaises de Presse 1 rue Bellevue 30730 Montpezat Tél.: 09 75 23 40 42 Trêve estivale Guadeloupe : 0690 90 38 00

Directrice de la publication Sophie Vermande Réalisation Editions Antillaises de Presse (E.A.P) [email protected] oici enfin venu le temps des grandes vacances. Un peu Rédaction comme Noël, cette période permet de rompre le cours du Marie-Ange Terrasse, Céline Malraux, Sophie V Vermande, Muriel Derivery, Barbara Keller temps, de faire un break pour mieux repartir en septembre. Là Secrétariat - Comptabilité aussi, c’est une nouvelle année, non civile mais administrative [email protected] Crédit photos ou scolaire, qui s’annonce. Barbara Keller, Hélène Valenzuela, Les 3 Fermiers, Mais attardons-nous sur les vacances après des mois de Fotolia, Parc national de la Guadeloupe, Sylvain rigueur et une crise qui n’en finit pas… Savourons cette trêve Pigeau - Comité Régional de Cyclisme de Guadeloupe, Eric Touja, Fofo Forey Fumey, Sophie estivale avec encore plus d’avidité que de coutume. Ne nous Bédel - Kap Natirel, Fanny Delcroix, A. Leveque, privons pas des bons moments en famille et entre amis qui Nicolas Charpin - Kap Natirel, Nicolas Tirard, L. Pertuisel - Kap Natirel, Jardin Malanga finalement ne coûtent pas très cher et apportent tellement. Photos de couverture Fotolia, Goodluz Conception - Maquette Nous n’avons que l’embarras du choix durant ces mois de E.A.P juillet et août dans une région réputée pour aimer faire la fête. Service commercial Nous vous avons donc préparé un numéro qui vous emmènera FRANCE Sophie Vermande - 04 66 74 31 04 hors des sentiers battus. Première escale sur l’île de la [email protected] Désirade à la découverte de la Maison de l’indigo. Puis ANTILLES Cécilia Blandin - 06 90 95 12 67 direction le nord Grande-Terre, une région souvent délaissée et Karine Arnoux-Sanchez - 06 90 35 52 14 qui pourtant ne manque pas d’attrait comme en témoigne le David Robin - 06 90 40 96 30 Imprimé en France projet de boucle que nous vous proposons de découvrir. De Diffusion MLP nature, il en sera encore question dans notre dossier spécial Vente A Juste Titres - Tél 04 88 15 12 40 qui nous guidera au cœur du Parc national pour un programme N°ISSN 1627-6469 Dépot légal à parution d’animations pour petits et grands. À moins que vous ne La reproduction totale ou partielle des articles et préfériez joindre l’utile à l’agréable en suivant une patrouille de illustrations parus dans Destination Guadeloupe est interdite. protection des tortues marines sur l’une des plages du littoral. Destination Guadeloupe est une marque déposée. Bref, c’est un grand bol d’air pur qui domine ce numéro estival. Plus d’infos De quoi recharger les batteries avant une rentrée placée sous Destination Guadeloupe vous propose un outil d’information le signe du changement… complémentaire. En scannant ce code avec votre smartphone, Sophie Vermande découvrez notre site internet, l’actu de la Guadeloupe, les nouveautés, les bons plans de la édito rédaction...

destination Guadeloupe 3

Dossier - Les rendez-vous des vacances

D’évènements sportifs en festivals, en passant par les fêtes de communes, le programme d’anima- tions des grandes vacances 2012 sera riche et varié. Destination nature avec le Parc national p.28 de la Guadeloupe

Le Tour de Guadeloupe, un petit tour de p.30 France

Molia VS Pauline un duel mythique p.34

Fêtes patronales, l’effervescence p.38 estivale 26 Parier à l’Hippodrome Saint-Jacques p.40 sommaire

10 22 54 Patrimoine Portfolio Gastronomie

6 Actu Toutes les actus de la Guadeloupe 14 Côté forêt Boucle du Nord Grande-Terre : un avenir tout tracé 42 Moun lot bô Keyza Nubret : la communicante des 57 Abonnement VIP antillais 58 Cuisine du terroir 44 Environnement La parade des géantes 50 Hébergement Le Jardin Malanga : aux Champs-Alizés

destination Guadeloupe 5 actu juin - juillet - août art • culture • patrimoine • sport • art • culture

Media Media bis Destination Guadeloupe distribué dans les Faire-part de naissance avions Comme tous les parents, c’est avec beaucoup de joie que nous A compter du mois vous annonçons la naissance en d’octobre, Destination octobre prochain de notre Guadeloupe sera distribué nouveau-né Siwotaj. Ce petit dans les avions d’Air frère de Destination Guadeloupe Caraïbes et dans les salons qui comblera un vide dans le Corsair. Une convention monde des medias de l’archipel vient en effet d’être signée se veut généraliste. Bimestriel entre les deux parties. gratuit, il traitera l’actualité des Le magazine sera toujours loisirs, mais aussi l’information vendu en kiosque, en économique ou culturelle et métropole, en Guadeloupe, s’adressera autant aux hommes en Martinique, en Guyane, qu’aux femmes. Bref, au fil de en Belgique et au Québec. ses pages, chacun y trouvera Cette nouvelle distribution son bonheur. s’accompagnera d’une Le premier numéro à paraître en nouvelle formule : une octobre sera tiré à 20 000 exemplaires avec un objectif à très court maquette revisitée et des terme de 30 000 exemplaires. Siwotaj sera disponible gratuitement nouvelles rubriques. partout en Guadeloupe. Des packages associant les deux titres seront disponibles pour les annonceurs.

Trois ultramarins dont deux Guadeloupéens au mer. George Pau-Langevin, élue députée en 2007, non d’une gouvernement circonscription d’Outre-mer mais du XXe arrondissement de Paris, est nommée ministre déléguée à la réussite éducative. Quant à Christiane Taubira, originaire de Guyane, elle décroche le ministère Parmi les sept ministres du premier gouvernement Ayrault « issus de la Justice. de la diversité » selon le terme consacré, trois sont originaires d’un Une consécration pour ces trois figures militantes emblématiques département d’Outre-mer dont deux de Guadeloupe. Ainsi Victorin des départements d’Outre-mer qui symbolisent également la Lurel, président de la Région Guadeloupe depuis 2004 et homme diversité de la France, la compétence de personnalités méconnues fort de la gauche ultramarine succède à une autre en France hexagonale et l’appartenance totale de ces territoires Guadeloupéenne, Marie-Luce Penchard, au ministère de l’Outre- lointains à la nation.

Terre-de-Haut passe au tourisme numérique qu'on le rappelle pour plus de renseignements, réservation...), d'afficher le parcours à suivre, de suivre la météo et d'obtenir sur Terre-de-Haut a obtenu son classement en commune touris- place toutes informations utiles (en trois langues) sur tous les tique en 2009. Dans la perspective de l'obtention du label de centres d'intérêt touristique de la commune. Dans les semaines qui station classée, elle se dote d'une solution innovante. Une suivront la mise en ligne du dispositif, une seconde application première dans l’archipel Guadeloupe. permettra d'accéder à la diffusion de messages d’urgence en cas de risques (dégradation de la météo, feu, état de la mer…) et à un Pour découvrir Terre-de-Haut aux Saintes, les visiteurs avaient rappel des procédures à suivre (point de rassemblement, jusqu'à présent deux options : organiser leur parcours avec l'aide gestes…). Cette solution sera accompagnée de la possibilité, dans de l'office du tourisme ou se faire guider par l'un des nombreux le cadre plus global du plan communal de sauvegarde, de lancer minibus touristiques. La commune propose désormais une une alerte de détresse afin d’être géolocalisé et secouru dans les troisième voie conciliant autonomie, mobilité et sécurité avec une plus brefs délais. solution e-tourisme permettant la diffusion d'informations et la géolocalisation des sites sur smartphones et tablettes. L'application www.e-tourisme.ter-aid.com permet, en complément du site internet de la commune, de www.etourism.lessaintes.fr (fin juin) préparer son séjour et son itinéraire (par un « click to call » qui permet à l’internaute visiteur du site de cliquer sur un lien afin

6 destination Guadeloupe • patrimoine • sport •

Botanique Le conservatoire botanique des Antilles françaises a dix ans Dix ans que le conservatoire botanique des Antilles françaises poursuit son objectif : préserver la biodiversité végétale. L’archipel de la Guadeloupe est unique et présente une richesse telle qu’elle a été reconnue comme faisant partie du “hotspot“de biodiversité de la caraïbe insulaire. A titre d’exemple, la seule île de la Désirade héberge autant d’espèces d’arbres (une centaine) que tout l’hexagone, alors que ce territoire est 20 000 fois moins vaste. Parmi les 400 plantes à fleurs endémiques des Petites Antilles, 31 espèces ne vivent que dans l’archipel guadeloupéen. Cette situation exceptionnelle se double d’une grande vulnérabilité d’où la nécessité de les protéger. Combien de plantes autochtones, combien d’endémiques, pourquoi et comment assurer leur survie, améliorer la connaissance de la flore sauvage et de son évolution ? Le conservatoire répond à ces questions en menant études et inventaires d’espèces menacées ou rares comme la régénération du gaïac, les Myrtacées (famille du bois d’inde ou du goyavier), la régénération des Aréracées (famille des palmiers) ou la conservation de l’orchidée Epidendrum revertianum et s’emploie à favoriser la régénération forestière dans les espaces littoraux. Par des mesures de gestion et de protection, le conser- vatoire aide à assurer la conservation des éléments menacés du patrimoine végétal in et ex situ en évaluant l’état de conservation de certaines espèces protégées telles la fameuse Tête à l’anglais et la raquette à piquants. Le conservatoire se propose aussi d’apporter aux pouvoirs publics une expertise scientifique et technique portant sur les habitats naturels. Le « Livre rouge des espèces menacées des Antilles Françaises » dont cette association est le coordonateur régional permettra de faire la synthèse des évaluations récentes. On notera également que le conservatoire s’est spécialisé sur le thème de « l’étude des utilisations des plantes d’origine caribéenne ou américaine aux Antilles françaises ». L’avenir et la protection de la planète sont devenus, au travers de nombreuses associations, des thèmes de débat et les Guadeloupéens y sont de plus en plus sensibles. On dit en créole : Sé grenn diri ka fè sak diri : ce sont les grains de riz qui remplissent les sacs de riz.

destination Guadeloupe 7 actu juin - juillet - août art • culture • patrimoine • sport • art • culture

Un Passeport Vert pour le tourisme durable en Ce projet s’inscrit dans la nouvelle stratégie nationale sur la biodi- outre-mer versité 2011-2020. Son objectif est, dans un premier temps, de sensibiliser les voyageurs à la protection des écosystèmes mais Les ministères de l’outre-mer, aussi de valoriser la biodiversité comme atout du développement de l’écologie et du tourisme ont touristique des DOM-TOM. édité un « Passeport Vert » afin de sensibiliser les touristes à la Le Passeport Vert, tiré à 300 000 exemplaires, se compose de 60 biodiversité dans les départe- pages détaillant les enjeux et les richesses de la biodiversité ultra- ments d'outre-mer et de marine, les sites naturels à découvrir, et une « carte d'identité » de développer le tourisme durable. chacun des douze départements et collectivités d’outre-mer. L'outre-mer est une région qui représente à elle seule 97% de Des règles simples de respect de l'environnement sont expliquées l’espace maritime français (ce comme le respect des espaces naturels ou encore la préservation qui en fait la 2e au rang des récifs coralliens (en évitant leur collecte ou leur intoxication mondial), 80% de sa biodi- avec de la crème solaire), quelques écogestes tels que rapporter versité et abrite quelque ses déchets de promenade et éviter de prélever des végétaux dans 13 000 espèces endémiques. la nature ou de sortir les coquillages de la mer.

Exposition Claude les restes de l’habitation d’Anglemont, dernier refuge des Ce que disent nos sols combattants luttant avec Delgrès contre le rétablissement de l’esclavage en 1802. Dans un autre domaine, la découverte de tuiles aux formes particulières sur l’une des premières habitations Vingt années passées à sonder et tamiser inlassablement la terre sucrières de Basse-Terre (Desmarais) témoigne de la présence des pour en extraire des pages de son histoire… Une poussière dans la colons hollandais en Guadeloupe… vie d’un archéologue mais beaucoup, déjà, pour mieux comprendre Bilan de 20 années de travail, l’exposition nous raconte l’histoire de le passé de notre archipel - et son présent par extension. Nés en nos îles telle que la voient les archéologues et suggère une autre 1991 et 1992, les services d’archéologie de la Région et de l’Etat façon de promener notre regard sur ce qui nous entoure. Imaginer fêtent deux décennies de recherches fructueuses menées dans les le passé les deux pieds dans le présent modifie assurément les îles de Guadeloupe à travers une exposition itinérante qui retrace en perspectives, et permet de marcher le long de l’actuelle gare vingt panneaux le chemin de la découverte. Après avoir fait étape à maritime de Basse-Terre en se croyant aux abords de l’immense Basse-Terre et aux Abymes, cette rétrospective programmée dans village précolombien qui existait sur ce site entre le début de notre le cadre de l’année des outre-mer est visible depuis le 4 mai au ère et 450 après JC… Ou de se baigner à l’Anse à la Gourde, à musée Edgar Clerc du Moule, un des fiefs de l’histoire amérin- Saint-François, avec en tête la reconstitution des carbets et des dienne, et s’attache à démontrer, si nécessaire, la richesse de nos abris qui s’y élevaient entre 400 et 1000 après JC. sous-sols. Céramiques, parures, outils, vestiges de villages, pétro- glyphes ou sculptures… Exposition « 20 ans d’archéologie en Guadeloupe » Tous ces trésors nous renseignent sur le peuplement du territoire et Jusqu’en décembre au musée Edgar Clerc ressuscitent des époques parfois oubliées. Comment vivaient, 45 rue de Juin - 97160 . mangeaient et mouraient les premiers Amérindiens des Petites Tél. : 0590 23 57 57. www.cr-guadeloupe.fr Antilles ? De quoi leurs parures ou leurs outils étaient-ils faits ? On apprend à ce propos que l’étude des objets trouvés lors des Nouveau campagnes de fouilles révèle différentes origines sur les matières premières utilisées : les haches étaient fabriquées avec des roches Sorties en mer nocturnes extraites des sols de Guadeloupe et de Saint-Martin, les éclats de silex provenaient surtout d’Antigua et les outils en jaspe de la À partir de la mi juillet, le bateau à fond de verre Nautilus propose, Martinique… Ce qui prouve l’importance des réseaux d’échanges une fois par semaine (sans doute le mercredi) des sorties établis à travers tout l’arc antillais par ces civilisations surprenantes. nocturnes alliant balade en mer, animation musicale et méchoui Mais l’histoire des groupes précolombiens n’est pas la seule que sur la plage. nous livre la recherche archéologique menée en Guadeloupe. Les Le départ a lieu à 18h de la plage de Malendure direction la différents aspects de la vie à l’époque coloniale font également réserve Cousteau. Un groupe de gwo ka fera résonner le tambour partie des archives que contient notre sol, et de nombreuses études à l’arrivée aux îlets Pigeon. Puis retour à la plage pour partager ont déjà été conduites sur les sites d’anciennes habitations, de un repas en toute convivialité, au rythme cette fois du zouk… cimetières d’esclaves ou de fabriques de poterie. En s’appuyant sur des documents anciens pour effectuer leurs sondages, les équipes Renseignements bateau à fond de verre Nautilus – Plage de de chercheurs ont par exemple trouvé sur les hauteurs de Saint- Malendure – Tél. : 05 90 98 89 08.

8 destination Guadeloupe • patrimoine • sport •

Voile traditionnelle Le Tour, un événement très populaire Grande fête nautique, Le Tour de la Guadeloupe en voile tradition- nelle, connu sous le nom de TGVT se confirme d’année en année comme l’un des évènements sportifs les plus courus du mois de juillet. Il est d’autant plus apprécié des Guadeloupéens qu’ils le considèrent comme un héritage de leurs ancêtres. Dans les années 50, les marins-pêcheurs saintois taillaient leurs canots à la main dans des troncs de gommier. Longs de 5 à 6 mètres, ils possédaient une petite voile et des avirons. Détournés de leur fonction première pour les fêtes, on les lestait alors de galets et de sacs de sable. Depuis que le comité guadeloupéen de voile traditionnelle (CGVT) a lancé en 2002 la première édition avec sept canots au départ, ces embarcations traditionnelles connaissent un souffle nouveau. Affilié depuis 2005 à la fédération française de voile, le Tour donne lieu à une véritable bataille navale qui réunit les plus aguerris comme les néophytes. Mais cette manifestation a pris en 2010 une autre dimension depuis que le CGVT a reçu l’agrément du ministère de la Jeunesse et des Sports. Le TGVT devient donc une compétition homologuée. Loin des sept canots que comptait la première édition en 2002, on en compte désormais près d’une quarantaine. Dans les communes côtières concernées de l’archipel, l’installation d’un village d’animations accompagne chaque étape. Le parcours de l’édition 2012 prévue du 7 au 15 juillet sera bientôt disponible sur le site www.tgvt.fr.

Collectivité DESTINATION QUALITE pour le CTIG Le plan national Qualité Tourisme initié lors d’un comité interministériel en 2003, chapeaute plusieurs labels œuvrant pour l’amélioration de l’accueil touristique en France. C’est dans ce cadre que le dispositif « Guadeloupe Destination Qualité », débuté en 2008, a organisé des travaux de réflexion dans ce domaine et réalisé des référentiels Qualité afin d’accompagner les profes- sionnels du tourisme dans leurs démarches. Les engagements de base de la marque sont l’information et la communication, un accueil personnalisé, les compétences du personnel, le confort, la propreté et l’entretien des lieux, la valori- sation des ressources locales. La Guadeloupe ayant obtenu son agrément en 2009 en hôtellerie et restauration, les professionnels de ces secteurs ont depuis participé à des audits en partenariat avec la CCI. En prévision de la commission régionale qui devrait se tenir en octobre prochain, plusieurs hôtels, hôtels-restaurants et restau- rants de l’île se sont déjà vus attribuer la marque « Destination Qualité » dont le Comité du tourisme des Iles de Guadeloupe vient de dévoiler le logo en avant-première.

destination Guadeloupe 9 patrimoine

La maison de l’indigo au pays des couleurs vivantes

Texte et photos Barbara Keller

Anne et Ghislain, un couple hors du commun installé en Guadeloupe depuis plus de 20 ans, a décidé il y a quelques années, de changer radicalement d’existence : loin de la surconsommation et d’un rythme de vie effréné, ils se sont lancés dans des recherches sur les vertus florales et végétales des plantes de nos contrées.

C’est une maisonnette de bois blanc aux Maison de l’indigo en janvier 2011 sur l’île volets bleus qui plonge directement dans de la Désirade où ils choisissent de s’ins- l’océan ; seuls les sauts des baleines de taller, après de nombreuses années passage viennent briser le calme passées dans les Grands Fonds. ambiant. Bienvenue à la Maison de Depuis, ces férus d’art végétal animent l’indigo, sur l’île de la Désirade, pour une stages et ateliers dans leur local et lors de parenthèse hors du temps ! festivals ou au sein d’écoles et associa- Tombés en amour, il y a quelques années, tions, ainsi qu’au Parc national. Ils pour cette plante magique oubliée qui dévoilent à un public émerveillé les donne le bleu, Anne et Ghislain entament méthodes d’obtention d’encres végétales alors une longue investigation historique. comme l’encre du voyageur, mais aussi Après six ans de recherches et de stages comment réaliser de jolis motifs au en teintures végétales auprès de maîtres « Frappé de fleurs ». Ils projettent teinturiers en Provence, ils inaugurent la également de voyager à travers le monde

10 destination Guadeloupe dans le but de rencontrer les leur indigo mais aussi pour peuples qui maîtrisent les d’autres plantes colorantes, techniques et procédés de comme le campêche, la coche- teintures naturelles afin nille, l’amandier pays, et autres d’échanger et de parfaire leurs fleurs endémiques aux qualités connaissances dans ce tinctoriales. Les indigoteries ont domaine pour, ensuite, relater connu une période faste aux leurs périples dans un ouvrage. Antilles entre 1680 et 1719 et plus d’une centaine sont On visite la petite boutique aux recensées en Guadeloupe et nuances outre-mer, entre bleu dans ses dépendances jusqu’en ciel et bleu marine puis, les 1735 avant de céder la place hôtes des lieux, un duo aux aux cultures de coton, de café yeux assortis à leur activité, puis à la canne. nous reçoivent dans leur petit cabinet de curiosités : on s’assoit à même le sol sur de À la recherche du petits coussins ethniques, face bleu indigo à des étagères débordant Dans un premier temps, il s’agit d’ouvrages d’art, et dos à une de maîtriser les connaissances superbe parure de cueilleur de purement botaniques ; ce n’est riz chinois. L’indigo s’affiche qu’ensuite qu’on peut s’atteler partout et se mêle à une à la technique, par le biais décoration hétéroclite faite de d’expérimentations, car il existe coquillages, galets, plantes mille et une façons d’obtenir de séchées, bois flottés… l’indigo. Cette plante endémique mais capricieuse ne se révèle pas si facilement et Détrôné par le coton, seules dextérité et patience le café et la canne mènent à son or bleu. Depuis la nuit des temps, La Maison de l’indigo ayant pris l’homme apprend et dompte les le parti de n’utiliser que des couleurs ; chaque civilisation a techniques 100% naturelles, les extrait et exploité les pigments, processus d’obtention des les encres, et élaboré des pigments sont d’autant plus méthodes de teinture. Cette minutieux voire capricieux, page d’histoire cesse à la fin du mais les résultats obtenus XIXe siècle avec les débuts de offrent un infini de teintes et l’utilisation des couleurs dégradés donnant au tissu une chimiques et l’avènement de profondeur, un aspect l’ère industrielle. « vivant ». Les pays d’Amérique du Sud et les îles caribéennes sont Réaliser 1kg de pigment en connus non seulement pour poudre nécessite entre 500 et

destination Guadeloupe 11 700 kg de feuilles d’indigo. pathologies : maux de gorge, maux de tête, extinctions de voix… Dans le premier bain de fermentation, les feuilles fraîches macèrent Grâce à un long apprentissage, Anne et Ghislain sont devenus incol- dans l’eau de pluie (ou de source) durant 18 à 20 heures. Dans un lables sur les plantes colorantes endémiques de Guadeloupe. Une deuxième bain, on récupère le jus vert obtenu à l’odeur assez multitude d’entre elles - campêche, raisinier, amandier pays, nauséabonde ; celui-ci doit être oxygéné à l’aide d’une pompe flamboyant nain, fleurs d’hibiscus, cosmos, liane corail -, pendant au moins une heure. À l’origine, ce travail d’oxygénation se présentent cette propriété, que ce soit au niveau de leur bois, faisait en battant des pieds. Cette action crée une bactérie qui racines, feuilles ou fleurs, de même que certaines épices comme le forme une mousse bleue. roucou, le curcuma, pour ne citer qu’eux. Certains animaux Enfin, un troisième bain appelé reposoir, récupère cette mousse présentent également ces propriétés : nous connaissons tous posée sur des tamis et dont la partie liquide l’encre de la seiche, mais sans doute beaucoup moins celles du met environ deux jours pour s’évaporer. murex Purpura Patula, communément appelé « Burgan des teintu- Le pigment indigo naît ainsi sous forme de riers », coquillage réputé pour sa sécrétion jaunâtre virant au vert poudre ou de petits amas appelés pains puis au pourpre dès contact avec l’air, répandu au Mexique, mais d’indigo. que l’on trouve aussi sur les côtes antillaises. C’est au départ de ce pigment que s’opère la La Maison de l’Indigo a encore de belles histoires à raconter car les teinture. fleurs du monde n’ont pas encore révélé tous leurs secrets…

Contact : www.maisondelindigo.com Secrets des plantes tinctoriales Tél. : 0590 84 56 49/ 0690 74 98 76 Toute plante tinctoriale est également riche en vertus médicinales ; Mail : [email protected] les textiles teints par ces végétaux leur confèrent donc aussi des bienfaits pour la santé. Retrouvez plus d’infos sur les techniques d’impression sur Par exemple, les écharpes ou étoles en soie, selon la fleur avec notre site www.destination-guadeloupe.com, rubrique laquelle elles sont colorées, auraient une action contre certaines Patrimoine.

Cuve à indigo Feu à écoprint Teinture naturelle à l’indigo

Pour fabriquer de la teinture, on peut avoir recours à des cuves chimiques ou naturelles. Dans une cuve au fer, on mélange une part de pigment bleu, deux parts de sulfate de fer et trois parts de chaux éteinte (fleur de chaux) dans 150 parts d’eau de pluie. Dans la cuve maintenue à 40°, le liquide vert obtenu vire au bleu dès contact direct avec l’air : c’est la magie de l’indigo révélé. Il suffit dès lors d’y plonger un tissu qui se teint instantanément. La couleur sera d’autant plus foncée qu’on y laisse le tissu plus longtemps. Une fois sorti du bain, le tissu passe par plusieurs variantes de vert puis de bleu avant d’adopter sa `Nuancier naturel teinte définitive après deux ou trois rinçages à l’eau claire. Les autres teintures s’obtiennent par bouillon comme les teintures au campêche, à l’oignon ou certaines fleurs. Le bleu indigo donne une teinture « grand teint » ce qui signifie qu’il est fixé dans le tissu pour toujours tandis que le « petit teint » obtenu par exemple par les colorations aux épices (roucou, curcuma) peut s’étioler dans le temps.

12 destination Guadeloupe

côté forêt

Boucle du Nord Grande-Terre Un avenir tout tracé Par Muriel Derivery Photos Hélène Valenzuela Redessiner le territoire pour qu’il devienne plus qu’un lieu de passage, tout en conservant ce qui en fait l’essence… C’est le cheminement qui a conduit à l’idée d’une boucle de 130 km à parcourir à pied, à cheval ou en vélo à travers les paysages et l’histoire du Nord Grande-Terre. Soutenu par la commu- nauté de communes, le projet porte l’espoir confiant d’une réconciliation entre intérêts économiques et développement durable et promet aux futurs visiteurs une nouvelle façon d’apprécier la région.

D’elle, on ne connaît bien souvent que sa partie la plus visible et la Un manguier géant et solitaire qui émerge d’un champ de cannes plus spectaculaire. La Grande-Terre du nord évoque pour tous les balayé par les vents, des moulins en pierre, vieux itinéraires ferro- falaises et les plateaux de la Grande Vigie ou les Portes d’Enfer, la viaires et autres témoins de l’histoire sucrière de ce pays, les plage du Souffleur ou l’Anse Laborde - merveilles plébiscitées qui temples hindous, forêts sèches et marais que l’on croise vite et de éclipsent sans le vouloir d’autres beautés en mal de reconnais- loin… Une abondance de curiosités anonymement posées çà et là sance. dans le décor, sans lien apparent entre elles et parfois inacces- La route qui sinue de Petit-Canal à Anse-Bertrand en passant par sibles. Port-Louis suggère pourtant cette richesse oubliée ou méconnue.

14 destination Guadeloupe intégré le potomitan du développement et du bien-être du Nord- Grande-Terre ». Le projet de boucle relève d’ailleurs lui-même d’un programme agro-environnemental soutenu par l’Etat, le conseil régional et le conseil général, visant à faire du Nord Grande-Terre un Pôle d’Excellence Rurale (PER). « La CCNGT regroupe Anse-Bertrand et Port-Louis, mais l’idée de la boucle a immédiatement été soumise aux élus de Petit-Canal dans un souci de cohérence, explique Francis Toumson, l’un des artisans du projet. Nous sommes rattachés géographiquement et avons une histoire commune à partager ».

Né il y a deux ans au sein de la CCNGT, le projet de boucle du Nord Grande-Terre est le fruit d’un travail collégial (« chacun y a apporté ses idées, comme celle des « kaz de repos » faites à l’image des refuges de montagne, mais adaptées à nos climats ! », confirme M. Toumson), et veut répondre à plusieurs attentes : développer l’éco- tourisme en se dotant des moyens d’attirer et de faire rester le visiteur, créer un échange avec la population locale, générer de l’emploi et mettre en avant le savoir-faire artisanal, culinaire et traditionnel, rassembler les acteurs touristiques, les associations et les habitants autour du projet… Francis Toumson fournit quelques précisions sur le sujet : « Notre souhait est d’impliquer les acteurs Mais pour connaître une terre de l’intérieur, encore faut-il prendre locaux - et notamment les jeunes - dans la valorisation de leur terri- le temps de s’y arrêter. Or les visiteurs de cette partie de la toire. On propose par exemple que la réalisation de la boucle soit Guadeloupe n’y séjournent pas ou peu et ignorent bien souvent confiée à des chantiers d’insertion, et son animation à des associa- l’étendue de son capital humain et naturel. tions ou des petites entreprises qui oeuvrent Les habitants, de leur côté, sont aspirés déjà sur place. On a déjà été contactés dans “ Créer un échange avec la chaque matin vers l’agglomération population locale, générer de ce but. » De fait, le téléphone sonne à cet pointoise et Jarry qui concentrent une l’emploi et mettre en avant le instant : une habitante d’Anse-Bertrand a grande partie de l’activité sur l’île. La savoir-faire artisanal, culinaire et entendu parler du projet de boucle lors d’une nécessité de réveiller l’économie locale en traditionnel… „ réunion publique et veut monter son s’appuyant sur une valorisation des trésors association de randonnée en VTT : du patrimoine a donc conduit les « Comment faire, alors, pour exercer mon communes de Port-Louis et d’Anse-Bertrand sur la piste d’une activité sur le futur circuit ? ». CQFD… Le Nord Grande-Terre boucle reliant entre eux tous les points d’intérêt du Nord Grande- compte précisément sur cet effet « dynamique » autour de la boucle Terre et praticable par piétons, cavaliers ou vététistes. pour repartir du bon pied.

Cap nature Compétente en termes d’aménagement du territoire et porteuse du projet auprès du public et des élus - qui doivent encore le valider - , la communauté de communes (CCNGT) inscrit du même coup sa démarche dans la lignée de la politique de préservation déjà amorcée dans la région : plusieurs actions sont à l’étude - le classement du site des falaises, la création de la réserve biologique du Nord Grande-Terre ou le projet trame verte/trame bleue de la DEAL - tandis que d’autres sont déjà en route, comme le programme Leader mené avec Petit-Canal : « faire du tourisme

destination Guadeloupe 15 Les nouveaux chemins de la découverte

A quoi ressemblera demain le Nord Grande-Terre ? Un saut virtuel organisé par thèmes : trace de la canne pour découvrir les vestiges dans le futur nous livre l’image d’ensemble d’un territoire plus du temps de l’exploitation cannière, trace de la liberté qui traverse dynamique mais toujours authentique, où le visiteur s’attarderait le bourg de Petit-Canal, berceau de l’émancipation des esclaves, ou pour mieux connaître la nature, la culture et les hommes qui y sont encore trace krayib sur le territoire attribué aux Indiens caraïbes… liés. Une nouvelle destination pour l’écotourisme, donc, organisée autour d’un réseau de 130 km de sentiers thématiques et représen- A cheval tatifs de l’histoire et des paysages des lieux... La boucle devrait être D’une longueur de 80 km, le sentier équestre franchira champs bouclée d’ici 2 à 3 ans et proposera trois tracés différents, destinés cultivés, forêts sèches et zones humides (marais, mares et à trois types de publics qui ne sont pas soumis aux mêmes mangrove) avec seulement quelques accès au littoral et une étape contraintes : piétons, chevaux et VTT ; les derniers ne pouvant pas possible à l’hippodrome d’Anse-Bertrand. Il sera scindé en quatre longer les falaises ou passer par les plages, les tracés qui les tronçons de 21 km en moyenne. concernent se trouveront un peu plus à l’intérieur des terres. En VTT Le parcours pédestre, lui, reprend autant que possible celui de Les vététistes étant soumis à peu près aux mêmes restrictions que traces déjà existantes et sera complété par de nouveaux tronçons. les cavaliers avec leurs montures, leur boucle se cale sur celle du Une signalétique homogène balisera ces trois itinéraires de sentier équestre - à l’exception d’un passage entre Pointe Plate et randonnée, équipés par ailleurs de panneaux explicatifs sur les le port d’Anse-Bertrand, où se trouve le seul loueur de VTT implanté milieux traversés et le patrimoine historique du Nord Grande-Terre, sur cette partie du territoire. Les quatre tronçons d’une longueur ainsi que de « kaz de repos » en bois, sortes d’abris fondus dans la moyenne de 21 km - pour 80 km de circuit au total - sont réali- nature. Enfin, la mise en avant des acteurs locaux voulue par le sables à la journée (public initié à confirmé). En outre, si la boucle projet se fera autour de la boucle à travers la promotion du savoir- ne pourra être entièrement accessible aux personnes à mobilité faire artisanal et le développement des réseaux de gîtes, de la petite réduite, l‘utilisation de joëlettes - sortes de fauteuils munis d’une restauration et des animations en lien avec les associations locales. roue unique et de deux brancards - est envisageable sur certaines portions. Il existe actuellement en Guadeloupe un parc de sept A pied joëlettes mises à disposition par des associations qui organisent Etendu sur 100 km et divisé en huit tronçons allant de 9 à 16 km, des randonnées pour personnes à mobilité réduite. le sentier pédestre étudié relie entre elles les « kaz de repos », ou mène à des gîtes implantés sur les communes concernées. Les Bonus charrettes à boeufs visiteurs pourront donc choisir de le réaliser à la journée, ou sur une Certaines portions des sentiers seront aussi accessibles aux semaine pour l’ensemble du parcours. Le circuit imaginé longera charrettes à bœufs, ce qui permettra aux acteurs proposant déjà ce une grande partie du littoral du Nord Grande-Terre - avec une alter- type de randonnée attelée de développer leur activité tout en faisant nance entre passages sur plages de sable, barres rocheuses et vivre la boucle. falaises, forêt de littoral, champs cultivés et forêts sèches - et sera

16 destination Guadeloupe destination Guadeloupe 17 Le tour de la boucle par étapes

ornithologique, il appartient au conseil général, qui devrait y valider la construction d’une « kaz de repos » et la mise en place d’un panneau relatant l’histoire du site.

Les marais de Port-Louis : Bordée par un long cordon sableux, la vaste zone de mangrove des marais de Port-Louis constituée de plans d’eau, de vasières et de prairies humides, accueille une faune et une flore rares, que l’on découvre en empruntant un sentier aménagé en pontons de bois. Ce site géré par le conservatoire du Beauport littoral fait déjà l’objet d’un programme de préservation, mais le projet de la boucle y prévoit également la relance d’animations Plusieurs sites ont diverses. été sélectionnés pour l’intérêt paysager, culturel, historique ou naturel qu’ils présentent. Intégrés à la boucle, ils bénéficieront La Pointe d’Antigues : Dans le prolongement du cimetière marin chacun d’une mise en valeur particulière, l’idée étant de « proposer du Souffleur, avec ses tombes en conques de lambis, la Pointe aux visiteurs tout au long du parcours des espaces remarquables, d’Antigues offre un panorama unique sur l’ensemble du grand Cul- bien répartis sur le circuit permettant de faire une halte, de de-Sac marin, depuis Port-Louis jusqu’à l’îlet Kahouanne. Une table s’informer, de dormir en hamac, de pique-niquer, d’observer l’envi- d’orientation y sera installée. ronnement ou de bénéficier de services ». Habitation St Pierre : Site d’une ancienne habitation sucrière doté Temples hindous : Lieux de culte naturellement fermés au public, d’un vestige de moulin, il présente un paysage agricole dominé par les temples hindous érigés sur le territoire seront valorisés par la l’exploitation de la canne à sucre mais comprend une zone humide simple mise en place d’un panneau retraçant l’histoire de la autour de la mare et des espaces de végétation arbustive dense. population indienne en Guadeloupe. Une « kaz de repos » devrait être érigée en bordure de l’exploitation agricole. Port de Beautiran : L’ancien port d’embarquement de la sucrerie de Beauport - plusieurs vestiges témoignent sur place de cette Anse Colas : Ravissante petite plage de sable blanc entourée d’une activité passée - Beautiran, est implanté sur la commune de Petit- ceinture corallienne, l’Anse Colas devrait faire l’objet de mesures de Canal et offre une fenêtre sur le grand Cul-de-Sac marin et la protection visant à limiter l’impact que les véhicules ont sur ce naissance de la chaîne montagneuse. Déjà intégré au très beau milieu fragile : fermeture de l’accès par le littoral et maîtrise du sentier du même nom et propriété du conservatoire du littoral - qui stationnement. prévoit notamment la restauration des ruines et du port -, cet espace de prairie posé entre mer et forêt sèche devrait être aménagé d’une « kaz de repos » avec double vue sur la Pointe sable de bar et les anciennes installations portuaires.

Beauport : Non loin de l’ancienne usine sucrière, le site de Beauport concentre certaines des identités paysagères singulières qui façonnent le Nord Grande-Terre : une vue en constante évolution sur les plaines cannières et les cultures maraîchères, qui englobe aussi une forêt de production de mahogany grandes feuilles et celle de pouzzole, abri d’une douzaine d’espèces endémiques des Antilles. Une « kaz de repos » sera implantée en lisière de la forêt de mahogany, de même qu’un panneau explicatif sur la forêt de production en Guadeloupe. Anse Colas Le lac de Gaschet (ou étang de Gaschet) : Situé sur la commune de Port-Louis, le lac de Gaschet est le plus grand plan d’eau douce de la Guadeloupe et le refuge d’une grande diversité d’oiseaux. Pointe Montagnier : Occupé dans le passé par les Indiens Aménagé au début des années 1990 pour servir de réservoir d’eau caraïbes, ce site placé sur la commune d’Anse-Bertrand sera à des fins agricoles, il s’étend sur une centaine d’hectares et atteint valorisé par l’installation d’un panneau thématique sur l’histoire de les 4 km dans sa partie la plus longue. Déclaré zone d’intérêt ce peuplement dans la moitié nord de la Guadeloupe.

18 destination Guadeloupe

Porte d’Enfer La Mahaudière

Anse Laborde : Une des plus belles plages de la Guadeloupe, nique. La mise en place de la boucle devrait déboucher sur la sauvage et tourmentée. Sable blanc et rose à gros grains, eaux construction d’une « kaz de repos » et la pose d’un panneau théma- turquoise et agitées dominées par de hauts raisiniers bord de tique sur la spécificité des paysages du Nord Grande-Terre. mer… Le cadre idéal pour l’implantation d’une « kaz de repos » et d’une signalétique sur la dangerosité des courants marins. Anse Maurice : Autre jolie plage que l’on trouve à Petit-Canal, au bout d’un chemin en pente raide à l’écart des habitations et des Porte d’Enfer : Située au carrefour de plusieurs itinéraires et routes fréquentées, l’Anse Maurice est l’un des fiefs des campings sentiers de découverte - à l’image de celui qui parcourt la barre de de Pâques et des concours de bœufs tirants. Une « kaz de repos » Cadoue et se termine au pied du lagon -, la Porte d’Enfer d’Anse- y sera implantée en lisière de forêt, ainsi qu’un panneau informant Bertrand bénéficie déjà de nombreux aménagements pour l’accueil sur la tradition des compétitions de bœufs tirants. du public, carbets, pontons, tables et bancs. Il s’agira donc simplement d’ajouter à ces équipements une « kaz de repos » pour Habitation Maisoncelle : Beau point de vue sur une parcelle de les usagers de la boucle. canne à sucre, fermé par la forêt départementale de Deville- Maisoncelle et une percée visuelle sur le bourg de Petit-Canal, Habitation La Mahaudière : Propriété du conseil général et théâtre l’habitation Maisoncelle abrite un vestige de moulin et plusieurs d’une histoire mouvementée, ce site datant du XVIIIe siècle est autres installations, comme un puits. La « kaz de repos » devrait intégré au circuit touristique « La route de l’esclave » et contient les être localisée sur un promontoire près du moulin, en accord avec vestiges du moulin, de la cheminée sucrière et d’une partie de la l’association « Ka ki mélé yo » qui assure l’animation et la valori- maison de maître. Aperçu des paysages typiques du Nord Grande- sation de ce site. Terre, entre mornes verdoyants ou dorés - selon la saison -, et grandes prairies jalonnées de mares où viennent se rafraîchir les animaux, l’habitation La Mahaudière comprend également un parc paysager, un parcours sportif, un boulodrome et une aire de pique- Anse Maurice

Pointe des Mangles 20 destination Guadeloupe

Portfolio Portfolio Par Barbara Keller

Délices d’épices

Délices d’épices est une recherche photographique originale née de l’amitié entre un marchand d’épices affable et Barbara Keller, correspondante de presse et photographe.

Leur passion pour les beautés inépuisables de la nature les a guidés sur des sentiers colorés et parfumés sur fond de recettes ancestrales des vertueuses épices que les familles antillaises se transmettent de génération en génération.

Soixante clichés composent la série photo complète dont une trentaine a sillonné la Guadeloupe ces dernières années lors de plusieurs expositions tant esthétiques que didactiques.

Ces petites mises en scène immortalisent une farandole d’épices locales et du monde, mises en valeur par le biais d’objets tradi- tionnels propres au patrimoine guadeloupéen : ka (tambour), chapeau de paille, kwi (récipient en calebasse), tissu madras, mais aussi des graines, fleurs et végétaux locaux.

Le comité du tourisme des Iles de Guadeloupe a choisi ces clichés pour orner son calendrier officiel 2012 et une série de photos exclu- sives apparaîtra sur les enveloppes de La Poste en outre-mer dès le mois de juin. L’histoire n’est pas terminée puisque les grands formats d’expo- sition font place aux petits formats de cartes postales qui seront commercialisées prochainement.

22 destination Guadeloupe Piments oiseaux, minuscules mais costauds ! Petits fagots de cannelle Lit d'anis étoilé

destination Guadeloupe 23 Baies et feuilles de Bois d'Inde Baies rouges avec conque de lambis, Mélange de 3 poivres coquillage emblematiqué des Antilles

24 destination Guadeloupe Grains de Fénugrec Agrumes décorés aux Graines et cosses de Roucou couchés sur tissu africain clous de girofle sur fond de madras, tissu créole traditionnel

destination Guadeloupe 25 Les rendez-vous des vacances

26 destination Guadeloupe Un programme riche et varié pour petits et grands

D’évènements sportifs en festivals, en passant par les fêtes de communes, le programme d’ani- mations des grandes vacances 2012 sera riche et varié. Deux Tours - le Tour de Guadeloupe en voile tradition- nelle en juillet et le Tour cycliste en août - focaliseront toutes les atten- tions. Les amateurs de musique et de danse oscilleront, quant à eux, entre fêtes de communes et musique, contemporaine au festival de zouk de Petit-Bourg ou traditionnelle au festival de gwo ka de Sainte-Anne. Enfin, petits et grands sont attendus durant toutes les vacances au cœur du Parc national pour un programme nature et culture très varié. Et le 22 juillet, il faudra réserver sa journée pour assister à l’hippo- drome St Jacques à l’une des deux grandes courses de l’année, le Grand prix du conseil régional, doté de 40 000 euros de gain. De l’animation en perspective… Destination nature avec p.28 le Parc national de la Guadeloupe

Le Tour de Guadeloupe, p.30 un petit tour de France

Molia VS Pauline p.34 un duel mythique

Fêtes patronales, p.38 l’effervescence estivale

Parier à l’Hippodrome p.40 Saint-Jacques

destination Guadeloupe 27 Les rendez-vous des vacances

Dossier -

Destination nature avec le Parc national de la Guadeloupe Par Céline Malraux Photos Parc national de la Guadeloupe Le Parc national de la Guadeloupe annonce la couleur de vos vacances : autant de vert que de bleu ! Son programme de découverte « Nature et Culture » 2012 s'adresse à tous, petits et grands, et s'enrichit cette année de nouvelles animations. Pas une minute à perdre : du 7 juillet au 12 août, on enfile baskets et casquettes et en route pour l’aventure !

28 destination Guadeloupe Vous avez aimé les animations nature de vos dernières grandes cette précieuse nature tropicale à travers énigmes et indices, avec vacances ? Vous adorerez le programme d’animation mis en place, ce délicieux parfum végétal pour seule inspiration et un sixième pour la cinquième année consécutive, par le Parc national de la sens qui nous guide tout naturellement… En parcourant les Guadeloupe... Du samedi 7 juillet au dimanche 12 août prochains, sentiers, on comprend aussi que la réglementation du Parc national un éventail d’activités ludiques et pédagogiques s’ouvre à vous. De n’est pas seulement nécessaire, elle a surtout un sens qui nous 7 à 77 ans, chacun y trouvera son compte ! Pour l’édition 2012, la concerne ! C’est alors bien plus facile de la respecter. Ressentez thématique retenue est celle des paysages. La Guadeloupe jouit en l’influence du temps et des hommes sur les paysages guadelou- effet d’une immense diversité naturelle, entre paysages canniers et péens, à travers une exposition sur leur évolution depuis la fin du plateaux du Nord Grande-Terre, mornes des Grands-Fonds, XIXe siècle ainsi qu’une autre, sur les panoramas sous-marins ! montagnes du Sud Basse-Terre et plaines de la Côte-au-Vent, Développez votre créativité et découvrez-vous un talent caché, avec vallées de la Côte-sous-le-Vent, vallons canniers du Nord Basse- des ateliers peinture et photo, du land art, de la poterie, du chant et Terre, lagon du grand Cul-de-Sac-marin et mangroves... Quel de la musique, des contes, etc. ! La valeur ajoutée de vos vacances bonheur de passer de l’un à l’autre, de façon simple et fluide ! Mais en Guadeloupe, le Parc national vous l’offre sur un plateau d’… attention, pas question de zapper ! Ces paysages, qu’ils soient euh, vert vif… ! terrestres, sous-marins ou même célestes (en nocturne), méritent À travers son programme annuel de découverte « Nature et que l’on prenne le temps d’une découverte approfondie : à pied, en Culture », le Parc national de la Guadeloupe creuse le lien qui l’unit authentique charrette à bœufs ou encore, vus de la mer (en kayak à ceux sans qui sa présence n’aurait pas de sens et prouve par la par exemple), à travers des dizaines d’animations originales sur les même occasion que la nature est avant tout un lieu de vie pour sites du Parc national (Maison de la Forêt, Chutes du Carbet, tous. Soufrière, Route de la Traversée, Grand Cul-de-Sac marin) et sur ses territoires : en ses divers cœurs de Parc ou sur ses aires À l’heure où nous mettons sous presse, le détail du programme d’adhésion (zones limitrophes des cœurs de Parc). d’animations du Parc national de la Guadeloupe n’est pas encore finalisé. Pour organiser au mieux vos activités, il est Randonnées, rallye, poterie, expos… conseillé de se rendre sur le site web du Parc : http://guade- Devenez incollable sur la Guadeloupe, avec des lectures de loupe-parcnational.com ou encore de contacter le siège du paysages, des randonnées terrestres ou subaquatiques, un rallye Parc national afin de vous procurer la brochure. d'orientation, des sorties naturalistes à la découverte des tortues ou Tél. : 0590 80 86 00 des oiseaux, et des jeux ! Incroyable de voir comme on (re)découvre

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Les rendez-vous des vacances

Dossier -

Le Tour de Guadeloupe un petit tour de France

Par Marie-Ange Terrasse

La passion incroyable que voue la Guadeloupe à la « petite reine » se manifeste chaque année lors du Tour de Guadeloupe. Cette compétition, hors du commun pour une petite île, a de quoi surprendre. Et pourtant, cette course de vélos, classée épreuve de catégorie 2.2, est l’événement majeur de l’île et un rendez-vous incontournable dans le calendrier cycliste français et caribéen. Rendez-vous est donné du 3 au 12 août prochain pour sa 62e édition. Les premiers tours de roue s’effectuent aux Terre et en deux jours seulement. Un exploit alentours des années 30 sur l’île. A quand on sait que si la Grande-Terre l’époque, rares sont les routes goudronnées, possède un relief légèrement vallonné, tout autant que les cyclistes disposant de balayé par les vents des alizés, la Basse- bicyclette. Si quelques coureurs faisaient Terre en revanche est très montagneuse et déjà vibrer les supporters lors de compéti- recouverte d’une forêt très dense. Le tions communales, c’est en 1948 que Guadeloupéen Robert Carlos sera le premier Camille Jabbour, homme politique, écrivain à inscrire son nom au palmarès… Le et journaliste devenu le premier président cyclisme guadeloupéen devient majeur et du comité régional de l’époque, crée offcie- entre dans la légende. Voilà ce que disait le lement, en souvenir du centenaire de l'abo- journal Le Sportif de la Martinique en 1952, lition de l'esclavage, le premier Tour de sous la plume d’Omer Kromwell : « Je viens © Sylvain Pigeau-Comité Régional de Cyclisme Guadeloupe couru en deux étapes ; un tour d’assister à quelque chose de fantastique. de Guadeloupe- www.guadeloupecyclisme.com de la Grande-Terre et un tour de la Basse- J’ai été impressionné par l’enthousiasme, la

30 destination Guadeloupe © Sylvain Pigeau - Comité Régional de Cyclisme de Guadeloupe www.guadeloupecyclisme.com

frénésie avec laquelle les Guadeloupéens vivent cet évènement sportif unique dans les Antilles, et je suis persuadé que, si pour une raison quelconque, le Tour de la Guadeloupe était supprimé du calendrier sportif, le peuple de l’île en éprouverait un immense chagrin ». Cette même année, le tour se dote d’une troisième étape, une course contre la montre individuelle sur 52 km. C’est aussi l’époque où les valeureux Guadeloupéens se lancent, en allant affronter des coureurs étrangers à Porto-Rico et en Amérique du Sud. 1961 voit l’arrivée de la toute première équipe de France métro- politaine sur le sol guadeloupéen. Depuis lors, la compétition fut organisée chaque année, sauf en 1965 pour querelle interne au comité et 1968 en raison d'une alerte cyclonique. En 1967, les parcours changent grâce à la construction de la route de la traversée. Les possibilités de tracés augmentent et l’accès de la Côte-sous-le-Vent est bien sûr facilité. Un an plus tôt, la Guadeloupe vibrait pour deux coureurs guade- loupéens, Alain Pauline et Saturnin Molia. Une parenthèse qui divisa l’archipel en deux camps (voir l’article Molia VS Pauline p.34).

Le règne de l’USL Durant les années 70, l'USL, l’Uni-Sport-Lamentinois, domine de la tête et des épaules le cyclisme guadeloupéen et antillais, au point même que certains, baptisés « les Roses-bonbons » en référence à la couleur de leur maillot, terminaient parfois les épreuves… à pied ! Charles Robert, Pierre Lapilus, Bertin Bozor, Christian ou José Merlot étaient de ceux-là. Un club, le VCS (Vélo Club Saintannais) emmené par le valeureux Babylas Jacobin secondé par les Couriol, Claudy Gob, Georges Galtier a bien essayer de résister. Sans succès… En 1975, l’USL règne sans partage sur la Guadeloupe mais aussi sur tout le cyclisme français puisque Christian Merlot, jeune cycliste guadeloupéen originaire du et membre du club, devient champion de France junior à Saumur. Aujourd'hui

© Sylvain Pigeau - Comité Régional de Cyclisme de Guadeloupe www.guadeloupecyclisme.com encore, cette prouesse reste unique dans les annales du Tour de Guadeloupe 2012 cyclisme local. A son retour, le jeune Merlot sera accueilli à Étapes et parcours l'aéroport du Raizet comme un véritable chef d'Etat. Par la suite, l'USL n'a jamais pu retrouver un tel rayonnement. Vendredi 03 août 2012 P/ Baie-Mahault - 4 km Un Tour international Samedi 04 août 2012 Le cyclisme guadeloupéen prend un tournant décisif quand, en 1/ Baie-Mahault > Morne-à-l'Eau - 164 km 1979, le comité régional de cyclisme obtient le label interna- Dimanche 05 août 2012 tional et voit ainsi la venue d’équipes européennes et sud- 2a/ Morne-à-l'Eau > - 102.4 km américaines sur le sol guadeloupéen. Le niveau monte encore Dimanche 05 août 2012 d’un cran et de futurs grands noms s’affrontent sur les routes 2b/ Abymes (ITT) - 20.04 km de l’archipel. Parmi eux, le Colombien Pablo Wilches Lundi 06 août 2012 3/ Abymes > Goyave - 146 km “Le niveau monte encore d’un Mardi 07 août 2012 cran et de futurs grands noms 4/ Goyave > Vieux-Habitants - 136.7 km s’affrontent sur les routes de Mercredi 08 août 2012

Les rendez-vous des vacances l’archipel.„ 5/ Vieux-Habitants > Pointe-Noire - 140 km Jeudi 09 août 2012 (vainqueur en 1982 et passé professionnel peu après), Jens 6/ Pointe-Noire > Pointe-à-Pitre - 151 km Voigt (vainqueur d’étape sur le Tour de France), Walter Vendredi 10 août 2012 Benéteau, Cameron Evans, Dimitri Champion (champion de 7/ Pointe-à-Pitre > Bouillante - 144 km

Dossier - France professionnel en 2009). En 2003 Rony Martias se Samedi 11 août 2012 distingue en devenant le premier coureur cycliste profes- 8a/ Bouillante > Basse-Terre - 105 km sionnel antillais. Yohann Gène le rejoindra deux ans plus tard. Samedi 11 août 2012 8b/ Basse-Terre > Saint-Claude (ITT) - 6.3 km Une affaire qui roule ! Dimanche 12 août 2012 Depuis, l’épreuve est vraiment réservée aux professionnels, 9/ Lamentin > Lamentin - 137.6 km tant le niveau technique est élevé. La course cycliste guadelou- péenne a depuis 2005 intégré l’UCI America Tour (ensemble de courses qui se déroulent en Amérique du Nord et en Amérique du Sud), et à ce titre, fait depuis partie du palmarès des circuits Un tour écologique continentaux de cyclisme. Organisé depuis sa création par le comité régional de cyclisme, ce dernier n’est pas en manque Les étapes du tour cycliste de Guadeloupe permettent de d’imagination pour pimenter la compétition. Cette stature découvrir la nature généreuse de l’île. En moyenne, la distance continentale a permis d’attirer sur le Tour de Guadeloupe de totale oscille entre 1200 et 1300 kilomètres alternant parcours grands coureurs, parmi lesquels José Flober Peña, un coureur plats du bord de mer et côtes du centre de l’île. Les principales colombien qui a gagné quatre fois le titre, en 2004, 2005, 2007 difficultés, programmées presque chaque année, sont la traversée et 2008. Nul autre cycliste n’a depuis lors renouvelé cet de la Route des deux Mamelles et le fameux mur de Saint-Claude. exploit. On notera également la victoire de Francisco Mancebo Ces impressionnantes épreuves sont souvent décisives pour la en 2010. En 2011, la Guadeloupe est à l’honneur avec la victoire finale et attirent le long du parcours des centaines de victoire de Boris Carène, un coureur natif de l’île. 20 ans que la passionnés. Guadeloupe attendait le succès d'un des siens dans le Tour. Il Les étapes longeant les falaises sont très impressionnantes. A met fin à cette attente en remportant la 61e édition, succédant chacune d’elle, des animations permettent de mettre en avant la ainsi à Molière Gène, dernier vainqueur guadeloupéen en culture locale. La couverture médiatique occasionnée par l’évè- 1991. nement pousse également les Guadeloupéens à valoriser leur patrimoine. Pour ces derniers, il est impensable de ne pas assister au défilé de la caravane du tour où les nombreux sponsors

appuyant l’organisation n’hésitent pas à distribuer cadeaux et de Guadeloupe- www.guadeloupecyclisme.com © Sylvain Pigeau-Comité Régional de Cyclisme goodies. Enfin, le tour, depuis 2010 est une occasion pour les responsables de sensibiliser la population à la protection de l’envi- ronnement. Cette année-là, pour que les routes restent propres, est lancée l'opération « pas de déchets pas de klaxon » en parte- nariat avec l'ONF, lors de la traversée du Parc national dans l’incontournable étape des Mamelles. De même, les associations écologistes comme Verte Vallée ou Parcs et Jardins nettoient les routes après le passage du Tour. Le comité de cyclisme de Guadeloupe invite tous les coureurs, supporters, spectateurs, motards, medias, suiveurs, membres de la caravane à redoubler d’efforts pour garder la Guadeloupe belle et propre.

32 destination Guadeloupe L’avantage du Tour, c’est qu’on ne paie pas son ticket… Parole de spectateur

Avec un parcours toujours aussi somptueux, près de 160 coureurs, une vingtaine d’équipes guadeloupéennes et huit équipes invitées venues de tous les continents, les caravanes, les voitures officielles et techniques, la presse, c’est au rythme de la « petite reine » que la Guadeloupe vivra durant 10 jours et profitera d’une animation haute en couleur, au gré des étapes. Sans conteste sport numéro un en Guadeloupe, cette manifes- tation déplace son lot de fans venus acclamer et supporter leurs coureurs. Il n’est pas rare de voir se positionner sur les bords de route les spectateurs, plusieurs heures avant l’arrivée des coureurs. Les connaisseurs arrivent même la veille pour se placer en fonction des endroits stratégiques. Copie conforme du Tour de France, toutes proportions gardées, le Tour de Guadeloupe est reconnu comme l’une des compétitions les plus © Sylvain Pigeau-Comité Régional de Cyclisme dures de la Caraïbe. de Guadeloupe- www.guadeloupecyclisme.com

Entretien avec Bernard Chaulet, président du sionnels du cyclisme antillais sont guadeloupéens, repérés dès comité régional du cyclisme l’âge de 16 ans. Johan Gène, premier guadeloupéen à avoir participé au Tour de France 2011 et Kevin Rezza courent pour « Les premiers professionnels du Europcar, Rony Marcias pour Sojasun. Aucun des trois n’est cyclisme antillais sont Guadeloupéens » jamais redescendu de catégorie quand, sur une vingtaine à passer professionnels chaque année sur le territoire métropo- litain, une dizaine seulement subsiste. Destination Guadeloupe : Le CRCG est, paraît-il, l’un des plus actifs parmi tous les clubs français. La Guadeloupe est à la DG : Quelle sera la conduite à tenir vis-à-vis des coureurs qui pointe dans les DOM-TOM ? présentaient une anomalie au contrôle sanguin au départ du Bernard Chaulet : En effet, le comité ne cesse d’augmenter le Tour de Guadeloupe 2011 ? Et du dopage en général, même nombre de ses licenciés. On compte à ce jour 2 400 licenciés s’il n’est pas spécifique à ce sport ? dont près de 40 % ont moins de 18 ans. Nous avons organisé une B.C : Pour le Tour 2012, le comité régional accentuera encore sa centaine de courses dans le département l’an dernier et les lutte contre le dopage. Cette dernière ne cesse de progresser en cyclistes guadeloupéens ont remporté bien des succès. La Guadeloupe avec l’instigation de contrôles sanguins notamment, sélection de Yohann Gène au Tour de France, le titre de et l’augmentation des tests dans l’ensemble. A l’unanimité, la championne de France de vitesse sur piste de Kristy Cyprien, la motion concernant la « non invitation » des coureurs ayant victoire de Malick Naranin au Tour de Guadeloupe junior, la présenté un contrôle médical anormal au départ du Tour 2011, a victoire sur le Tour de Guyane de Joann Ruffine et le succès de été votée. Cette avancée dans la lutte contre le dopage permettra Boris Carène au Tour de Guadeloupe 2011, 20 ans après Molière de prouver que le CRCG ne laisse rien passer et n’admet pas ces Gène, sont là pour le prouver. Cet évènement, le premier de l’île, pratiques, pour le respect de nos jeunes et du public. enregistre à chaque édition plus de 150 000 déplacements de Bernard Chaulet personnes sur dix jours. Les retombées économiques sont indéniables.

D.G : Quel budget représente cette lourde manifestation ? B.C : Il s’élève à environ 600 000 euros, provenant pour moitié de la Région et pour l’autre du Département. Naturellement, le Tour est également soutenu par de nombreux sponsors locaux.

D.G : On peut s’étonner de ne pas voir plus de cyclistes courir dans l’hexagone. Pourquoi ? B.C : La première des causes en est certainement l’éloignement. 8000 km nous séparent de la France hexagonale, les frais sont forcément plus onéreux qu’une équipe de province qui se déplace faire des compétitions. Nos coureurs ne peuvent donc pas se confronter souvent avec d’autres du même âge, de la même catégorie. Et la concurrence, de ce fait, se déroule plutôt entre eux. En revanche, on notera que les premiers profes-

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Les rendez-vous des vacances

Dossier - Molia VS Pauline un duel mythique

Par Marie-Ange Terrasse & Sophie Vermande

Dans les années 60, le Tour de Guadeloupe est marqué par le duel entre deux hommes, Saturnin Molia dit « Dadou » et Alain Pauline. Une rivalité qui divisa l’archipel en deux camps et fit vibrer les foules.

A l’image du légendaire duel l’attaquant ; de l’autre, Alain Pauline, Anquetil/Poulidor qui régna dans les « moun Gran Tè », le taciturne, le sprinter, années 60 sur le Tour de France, la adopté par la bourgeoisie pointoise, dit le Guadeloupe connut elle aussi un combat gentleman du vélo... Le duel donne au sommet entre deux coureurs naissance aux « pro Molia » et aux « pro d’exception, Saturnin Molia et Alain Pauline ». Pauline. Jean Chomereau-Lamotte, journaliste Les forçats de la route sportif disparu en 2010, ne ratait jamais En 2010, un documentaire intitulé ce rendez-vous qu’il couvrait avec une « Pauline et Molia, un duel mythique », gouaille sans pareil et mitraillait de son réalisé par Gilles Pedoussaut*, revient sur fidèle appareil photo, décrivait ainsi cette l’histoire exceptionnelle de ces deux lutte : « Molia savait bluffer, quand on le coureurs devenus des légendes. « Ils ont pensait KO technique, il trouvait encore déchiré les Guadeloupéens, mais aussi les ressources pour tenir, et tenait tête à apaisé les tensions d’un département tous les autres. On se souviendra qu’avec français en pleine mutation, insiste le les vélos de l’époque, il avait grimpé les pitch du film. Faire revivre ce duel, c’est Mamelles en 21 minutes ! ». aussi parler des enjeux de la relation D’un côté donc, le jeune Saturnin Molia, Guadeloupe/métropole dans ces années « moun Bass Tè », le coureur du peuple, troubles, et du rôle important interprété celui qui savait galvaniser les foules, par les medias ».

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Il est révélé, outre la personnalité de ces deux rivaux, l’analyse tement en pleine mutation. Les exploits de ces rivaux guadelou- des évènements qui se sont déroulés dans cette période péens, ces Anquetil-Poulidor des Caraïbes, ont souvent fait la une charnière des années 60. En effet, en 1967, de terribles émeutes des journaux locaux qui voyaient là une belle opportunité d’aug- faisant suite à des négociations salariales vont faire 87 morts au menter leurs tirages en déchaînant les foules. Molia le bagarreur cours d'affrontements entre les émeutiers et la police. et Pauline le styliste ont marqué les mémoires. Ce dernier finira par emporter les tours 1966 et 1967 alors que son rival attendra La Guadeloupe divisée 1969 pour être couronné. La suprématie des deux coureurs dans cette discipline très Tous deux auraient certainement pu mener une grande carrière populaire va leur permettre à la fois de s’élever socialement et de professionnelle. Mais, ils n'avaient que 20 ans, et déjà le poids de se tailler une réputation inaltérable de forçats de la route. Si toute une île sur les épaules. l’Italie avait Bartali et Coppi, la Guadeloupe, elle, vibrait pour Pauline et Molia. Leurs affrontements sur les routes surchauffées *Films de la Castagne en collaboration avec RFO et de nombreux de l’archipel déchaînaient les passions et divisaient un dépar- partenaires sponsors.

Les rendez-vous des vacances Mon meilleur ennemi

Près de 50 ans après sa victoire au Tour de Martinique et de Guadeloupe, Saturnin Molia revendique son

Dossier - aversion pour Alain Pauline, son adversaire de toujours.

C’est sur le vélo de son oncle, « Tonbébé » que Saturnin Molia fait ses premières courses « marron », celles qui sont réservées aux non licenciés et organisées par les communes. A cette époque, il a 13 ou 14 ans et court pour la gloire, rivalisant déjà avec des anciens comme Volga, Devaux et consort... Mais l’aventure commence vraiment en 1966, année de son premier Tour. Cette compétition donne également lieu au premier duel avec Alain Pauline, celui qui deviendra alors son « meilleur ennemi ». « Cette année-là, Alain Pauline, m’a volé ma victoire, affirme Saturnin Molia. Alors que j’allais l’emporter, arrivé à la côte de Deshaies, j’assiste à quelques mètres de moi à la chute et la mort d’un ami coureur, Dantin. Je voulais arrêter la course. Mais Pauline en a profité pour me devancer, sans tenir compte de ce drame. Depuis, il est devenu pour moi un ennemi dans le vélo et dans la vie ».

Saturnin Molia, qu’est-il devenu ?

En 1971, Saturnin Molia part en France pour « gagner » Régis Ovion, le champion du monde de l’époque. Il remporte le Paris- Rouen sur 360 coureurs. Il arrête de courir en 1976 mais en 1980, il réenfourche le vélo. « J’ai fait des ravages, affirme-t-il, battant même les plus jeunes. Je ne me suis arrêté qu’en 1990 mais j’ai gardé mes fans ». A 64 ans, il continue à rouler. « Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est faire de la musique. La trompette n’à plus de secret pour moi, j’accompagne ma voix avec la guitare. Dernièrement, je me suis acheté un saxophone et chaque soir, je me mets à mon synthé- tiseur et je joue de la batterie en même temps ! Tout cela quand je ne m’occupe pas de mes bêtes ».

© Hélène Valenzuela 36 destination Guadeloupe

Les rendez-vous des vacances

Dossier -

Fêtes patronales l’effervescence estivale Par Céline Malraux Photos Hélène Valenzuela Tout au long des grandes vacances, grâce à l’engagement des associations, les communes de la Guadeloupe se fêtent dans une surenchère de programmes culturels et sportifs. L’île de Terre-de-Haut, aux Saintes, incarne à elle seule l’esprit festif du 15 août. Fêtes familiales par excellence, les fêtes patro- nales obéissent en Guadeloupe à un rituel tradi- Haut lieu de retrouvailles tionnel, qui veut que chaque commune célèbre Les associations, qui font littéralement vivre le Saint qui la protège. Sur les trente-quatre ces fêtes patronales, sont alors au four et au municipalités de l’archipel, une vingtaine d’entre moulin. Chacune d’entre elles y participe à sa elles ont été baptisées entre les mois de juin et façon : visite culturelle, foire culinaire, jeux, d’août, ce qui donne aux grandes vacances le expositions, bals, etc. Les marchés sont goût d’une effervescence bon enfant. Dans animés avec bien souvent des lots à gagner, chaque commune concernée, se déroule, le les plus nonchalants tapent le carton et jouent temps d’une petite semaine, un florilège d’acti- à la belote ou au scrabble alors que les jeunes vités plus alléchantes les unes que les autres, s’adonnent à des tournois de basket-ball, foot surtout pour les jeunes générations en ou volley. Dans certains bourgs, chaque vacances : rencontres sportives, manèges, section (ou lieu-dit) fait sa fête. Haut lieu de concours de DJ et podiums animés par des retrouvailles de copains d’enfance, de dégus- artistes de renom vibrant au son du dance-hall tation de gâteaux, de danses et de concerts, ou du dernier tube de zouk. On assiste alors à les fêtes de communes brassent plusieurs une surenchère d’offres et de programmes, centaines voire quelques milliers de représentant, pour chaque commune, une part personnes et rassemblent toutes les généra- non négligeable de son budget. tions.

38 destination Guadeloupe Terre-de-Haut : le grand rendez-vous Si plusieurs communes ont choisi le jour de l’Assomption pour sortir banderoles et cotillons, c’est aux Saintes, et plus particulièrement à Terre-de-Haut, que le 15 août est une véritable institution. Trois jours de suite, il s’agit de faire le plein parmi les innombrables festi- vités, qui se terminent par une explosion de feux d’artifices, le 16 août. Si les journées sont sportives - régates à la voile et en kayaks, concours de montage de filets de pêche ou de souffleur de conque à lambis, matchs de football et de water-polo, épreuves de natation, élection de miss -, les soirées sont invariablement le lieu d’un défouloir festif. Distillés sans relâche, les zouks enflammés et jump-ups déchaînés ne viennent à bout des séducteurs et de leurs charmantes qu’au bout de nuits bien arrosées. Pendant quelques jours, le son des Fuckly, Sael et autres artistes de la Caraïbe résonnent sur Terre-de-Haut, avant de laisser l’île exsangue et pacifiée retourner tranquillement à sa pêche et à ses tourments d’amour.

Calendrier festif

Chaque commune organise sa fête autour du jour de son Saint, avec quelques variations en fonction des aléas du calendrier, chaque année. Voici les jours attitrés de chacune d’entre elles :

19/06 Le Lamentin 24/06 Baie-Mahault 24/06 Le Moule 29/06 Deshaies 06/07 Port-Louis 26/07 Goyave 26/07 Sainte-Anne 26/07 Capesterre de Marie-Galante 07/08 Vieux-Fort 15/08 Terre-de-Haut 15/08 Grand-Bourg à Marie-Galante 15/08 Pointe-Noire 15/08 Trois-Rivières 15/08 La Désirade 15/08 Petit-Bourg 17/08 Capesterre-Belle-Eau 23/08 Sainte-Rose 25/08 25/08 Bouillante 25/08 Saint-Louis à Marie-Galante 28/08 Saint-Claude

destination Guadeloupe 39 Les rendez-vous des vacances

Dossier -

Parier à L’hippodrome Saint-Jacques Par Marie-Ange Terrasse Photos Eric Touja Amateurs de courses hippiques, passionnés de chevaux, cavaliers, proprié- taires, entraîneurs, jockeys, éleveurs, endimanchés ou simples flâneurs se donnent rendez-vous de janvier à octobre à l’hippodrome d’Anse-Bertrand.

Les grandes vacances sont proposent déjà accras, bokits, l’occasion toute trouvée de sandwiches, boissons fraîches ou découvrir dans une atmosphère sorbets aux fruits tropicaux. Au bout électrique, matière à se divertir d’un d’une allée de bougainvilliers, les joli spectacle ou à parier sur des clameurs qui montent conduisent chevaux caribéens. Il faut tout naturellement à une tribune où, emprunter une route bucolique où déjà installés depuis le petit matin, champs de canne et anciens les aficionados font face à une piste moulins à vent de l’époque longue de 1400 m. coloniale se succèdent. Posé au milieu des champs de melon d’où Véritable lieu de loisirs pour toutes l’on peut apercevoir les falaises de les générations, les structures la Pointe de la grande Vigie, l’hippo- gonflables sont envahies par les drome dispose d’un grand parking enfants, tandis que les parents, herbeux où les nombreuses vêtus de leurs plus beaux atours, buvettes tenues par de belles encouragent leur canasson favori. doudous en costume local Aux meilleurs chevaux coursiers du

40 destination Guadeloupe XIXe siècle - des noms de Brillant, Bamboula, Pipe en bois ou encore Téléphone - qui faisaient déjà vibrer gens des villes et gens des champs, succèdent désormais des chevaux demi-sang ou pur- sang anglais montés par des jockeys professionnels venus de la Caraïbe, de la Martinique et de la France et qui n'ont rien à envier aux écuries de l'hexagone. Car, c’est grâce à la société des courses Karukera qu’une tradition, un temps délaissée, renaîtra de ses cendres au milieu du XXe siècle.

Une atmosphère de kermesse dans un décor champêtre La sono distille de la musique locale sans parvenir à couvrir les commentaires endiablés d’un speaker depuis une guérite, QG des commissaires de course et des officiels. Une voiture filme le départ donné depuis les dix stalles et la photo finish prise au niveau du poteau tranche en cas de contestation des joueurs ou des jockeys eux-mêmes. Sitôt proclamés les résultats, les parieurs se précipitent pour récupérer les gains des mises, parfois comparables à ceux de l'hexagone. Pour 1 euro joué, le gain peut se monter à six fois la mise ; pour le jumelé, le rapport passe à 2,5 fois la mise. Dans les courses de moins de huit partants, l'ordre exact du pari jumelé doit être précis et il n'y a pas de pari trio.

40 000 € de prix !

On accourt de partout aux deux courses les plus sélectes de l’année. Rendez-vous le 22 juillet, pour le grand prix du conseil régional, propriétaire du lieu, qui se déroulera à la mi-journée entrecoupé de huit autres courses. Cette épreuve est sans conteste, avec 40 000 euros de prix, la plus dotée des Antilles françaises. Puis, le 16 septembre pour celui du conseil général, à peine plus modeste avec une dotation de 24 000 euros et réservé aux chevaux de deux ans. Deux belles journées hippiques en perspective !

Renseignements : société des courses Karukéra. Hippodrome Saint-Jacques à Anse-Bertrand. Tél. : 05 90 55 91 78.

destination Guadeloupe 41 moun lot bô

© Foto Forey Fumey © Foto Forey Keyza Nubret La communicante des VIP antillais Par Sophie Vermande Diplômée d'une école de commerce et sportive confirmée, Keyza Nubret est une spécialiste de la communication en tout genre. Elle compte parmi ses clients de nombreuses personnalités antillaises et se montre très active dans la communication d'évènements relatifs à l'outre-mer.

Pour les Guadeloupéens, le nom de « Nubret » n’est pas bancs de l’ESICAD, l’école de commerce de Montpellier où inconnu. Dans les années 90, il résonnait régulièrement à la Keyza s’est spécialisée en marketing après avoir fait du radio pour vanter le Shape up Nubret, un club de gym branché, commerce international à St Domingue et fréquenté l’université sorte de filiale du Nubret’s International Club créé à Paris dans de Miami. les années 70 par Marcellus Nubret et son frère Serge, deux figures du culturisme. En Guadeloupe, c’est la fille de Marcellus, …Et de l’outre-mer à Paris Keyza, qui gère l’entreprise familiale. Une fonction qui lui permet Keyza a également travaillé sur les relations presse des deux de mettre en œuvre ses diverses passions : celle de la danse films de Jean-Claude Flamant-Barry : Nèg mawon et Tropiques d’abord - elle est diplômée de l’académie internationale - et amers, de même que sur le montage du partenariat financier et l’organisation d’évènements sportifs. Elle sera ainsi l’instigatrice de toute l’organisation de la première du téléfilm qui a eu lieu à des premiers championnats de Guadeloupe de gymnastique l’Elysées-Biarritz à Paris. sportive, de diverses compétitions d’aérobics et de marathons En 2010 et 2011, elle remporte le marché pour la communi- de fitness. cation et les relations presse du carnaval tropical de Paris, du festival Vibrations Caraïbes qui se déroule à la Maison des La RP des VIP antillais… cultures du monde, du Paris outre-mer organisé par la mairie de « J’ai toujours aimé gérer des évènements, des spectacles », Paris en 2010. Elle gère également la notoriété du Marché de reconnaît cette quadra dynamique, revenue à Paris après sept Noël tropical et du salon Beauty Color pour lesquels elle met en ans de Guadeloupe et aujourd’hui à la tête de KS place la stratégie de communication en partenariat avec la Communication, sa société créée en 2008 et spécialisée plus directrice Marina Marville. particulièrement en relations publiques, relations presse et « Nous avons fait un gros travail pour la communication et les communication évènementielle. Les clients de Keyza sont bien visuels mais aussi pour le e-marketing sur le web et les réseaux souvent des personnalités originaires de Guadeloupe, comme sociaux », explique Keyza. Lilian Thuram, William Gallas, Grégory Baujet l’actuel champion Une implication totale qui a largement contribué au succès des du monde de vélo sur piste ou Christian de Montaguère, gérant deux évènements. d’une épicerie fine de produits tropicaux, rencontré sur les www.agenceks.com

42 destination Guadeloupe

environnement

La parade des géantes Par Muriel Derivery Boîte à malices pleine de surprises, la Guadeloupe réserve à ses visiteurs et ses habitants au moins une curiosité par saison - en plus de celles qui sont inhérentes à sa terre. Après les cétacés, place aux rares reptiles unanimement appréciés, ou presque. Depuis plus de deux mois, les plages de nos îles sont la scène d’un étrange ballet nocturne exécuté au ralenti par des silhouettes massives et fascinantes : la ponte des grandes luth a commencé, et bientôt, tortues imbriquées puis tortues vertes leur emboîteront le pas.

Kroouuuttt, krooouuutt fait la tortue en remontant doucement, très doucement ses nombreux kilos sur la plage… C’est du moins ce que l’on imagine, car Choubouloute n’est pas venue ce soir et la patrouille rentre bredouille. Aléatoire, la vocation d’ange-gardien implique beaucoup de rendez-vous manqués et autant de nuits blanches, mais l’attente en vaut la chandelle quand se produit la rencontre magique. Tout un symbole, cette Choubouloute… Créée pour fêter les vingt ans de la naissance du réseau Tortues Marines en Guadeloupe, elle incarne l’espoir d’une réhabilitation de ces © S. Bédel - Kap Natirel 2011 © S. populations décimées pendant plus de trois siècles mais aujour-

44 destination Guadeloupe que celui de l’ivoire, a conduit à un véritable massacre au cours du XXe siècle -, elles ont frôlé l’extinction au début des années 90 avant que ne soient adoptées des mesures de protection intégrale en 1991 pour la Guadeloupe et 1993 pour la Martinique. Lancée à l’initiative de la Diren, d’associations et de bénévoles, la création en 1999 du réseau Tortues Marines (voir encadré « Des tortues et des hommes ») a permis de mobiliser les énergies autour de cette problématique et de s’organiser pour la collecte de données et la mise au point d’un plan de restauration. Centré sur les trois espèces qui s’alimentent et se reproduisent dans nos parages - la tortue verte, la tortue imbriquée et la tortue luth -, il définit une stratégie à long terme pour renforcer leurs effectifs et fixe plusieurs objectifs : dresser un état des lieux sur les populations de tortues marines aux Antilles françaises pour déterminer leur statut de conservation, identifier et limiter les menaces qui pèsent encore sur elles, engager une coopération régionale et communiquer auprès du grand public. Sur le terrain, les actions entreprises par les membres du réseau ont plus de visibilité dans les médias et commencent à produire leur effet sur les Guadeloupéens, de plus en plus nombreux à adopter cet autre patrimoine naturel.

Les visiteurs du soir A Trois-Rivières, par exemple, on apprécie le spectacle d’une balade sous les étoiles et les pieds dans le sable noir de Grande- Anse à la recherche d’une tortue en train d’émerger ou de tortillons en quête d’horizon. Les habitants connaissent Kap Natirel, et viennent de temps à autre assister à une ponte lors des pics de la saison. Prêté par la mairie et placé en bonne vue sur la plage, le petit local de cette association créée en 2004 en dit déjà long sur la vie trépidante des cinq espèces qui concernent nos îles. Bizarrement, caouannes et tortues olivâtres fréquentent nos eaux à l’année, mais les quittent quand sonne l’heure de la reproduction… d’hui strictement protégées sur l’ensemble des Antilles françaises. Les premières sont les seules à nidifier en dehors des tropiques, les Il y a vingt ans, Choubouloute n’était en effet qu’un petit œuf parmi secondes se dirigent vers les côtes de l’Amérique centrale et une centaine d’autres, pondu sur une plage de l’archipel sous le australe. Les trois autres tortues, en revanche, déposent leurs oeufs regard attentif des premiers animateurs du réseau. Vingt ans plus sur une bonne partie du littoral de Guadeloupe et certaines vouent tard, leur travail aura peut-être permis à Choubouloute version un amour exclusif à leur site de ponte (à l’emplacement près adulte de regagner sa plage de naissance pour y donner la vie à son tour. Car deux décennies, c’est le temps moyen qu’il faut à une tortue marine pour grandir, voyager pour s’alimenter ou s’accoupler, et se reproduire pour la première fois… C’est aussi le temps qu’il aura fallu à cette poignée d’hommes et de femmes de bonne volonté pour voir les signes qui encouragent la poursuite de leurs efforts : les observations en mer ou sur les plages se multi- plient, et la sensibilisation auprès du public progresse.

Si cette tendance se confirme doucement, les tortues marines reviennent de si loin qu’il faudra encore longtemps les suivre avec bienveillance. Très abondantes du temps des Caraïbes, elles ont commencé à décliner à l’arrivée des colons et la situation n’a fait La patrouille de nuit en pause qu’empirer avec l’apparition de nouvelles techniques de capture et parfois), voire à leur plage de naissance. Malencontreusement, les de nouveaux appétits. Surexploitées pour leur chair, leurs œufs et moins fidèles de toutes sont naturellement nos tortues luth tant leur carapace - le commerce des écailles, presque aussi lucratif attendues mais toujours invisibles. « Les luth pondent entre 6 et 8

destination Guadeloupe 45 fois par saison tous les 9 à 11 jours… On se base sur ces inter- desquelles la luth déblaie une zone en s’aidant de ses quatre valles pour estimer leur retour, mais c’est loin d’être une science pattes - , puis le creusement du nid en 25 minutes avec les pattes exacte ! ». Intervenante du réseau et biologiste de formation, Sophie arrières. Sorte de puits d’une profondeur de 70 à 80 cm, il accueille Bédel empoigne sa petite lampe rouge et lance le départ d’une la ponte (en moyenne 80 œufs en 20 minutes) avant d’être comblé, deuxième ronde de nuit pleine d’espoir. Pendant qu’Olivia - l’unique tassé et camouflé pendant 30 minutes supplémentaires... « Une fois salariée de Kap Natirel - part sur la gauche av ec un groupe de qu’elles ont commencé à pondre, elles ne peuvent plus être bénévoles, on suit Sophie en direction opposée. perturbées et on peut les approcher pour prendre des mesures, les marquer et éventuellement les photographier, murmure à nouveau Sophie. Mais il faut une autorisat ion préfectorale individuelle pour pouvoir les manipuler. » Adepte de la méthode douce plutôt que du répressif, Kap Natirel incite d’ailleurs beaucoup les promeneurs isolés à suivre les patrouilles : « On préfère qu’ils nous rejoignent pour entendre les explicat ions qu’on donne, ce qui évite qu’ils aillent trop près d’une tortue quand elle remonte, qu’ils la touchent ou qu’ils l’éclairent : elle repartirait à coup sûr vers la mer. » Or si les dangers qui les menacent en mer sont toujours nombreux - des prises acciden- telles dans des filets de pêche aux pollutions diverses, dont celle causée par les sacs plastiques que les luths av alent en les prenant pour des méduses -, ceux qui les guettent sur terre sont tout aussi nocifs au développement de leurs populations : le braconnage, la destruction ou la modificat ion des sites de ponte, l’appétit des chiens errants, rats ou mangoustes pour les bébés tortues, le passage sur les plages de quads et autres engins motorisés, ou © Sophie Bédel - Kap Natirel 2011 encore la pollution lumineuse...

Un profil très bombé surgit du noir ambiant, juste au bord de Lorsque les tortillons éclosent après une incubation de 60 à 70 l’eau… Sursaut cardiaque vite remballé, la forme était celle d’une jours, ils se dirigent en effet vers le point le plus brillant à l’horizon - roche volcanique. Sophie sourit : « Quand elles sont là, on ne peut ce qui les conduit parfois à s’aventurer dangereusement sur les pas les rater : elles sont énormes et laissent des traces qui ressem- routes éclairées en bordure de plage... Ce n’est pas le cas à blent à celles d’un engin de chantier équipé de chenilles. Leur Grande-Anse, site de ponte majeur pour les trois espèces de ascension sur la plage dure environ 10 minutes, jusqu’à ce qu’elles tortues, et il y a sans doute une autre explicat ion au lapin posé ce atteignent la première ligne de végétat ion. » soir… Choubouloute, Fa lbala - ou quel que soit leur nom - ont sans doute choisi cette fois de varier les plaisirs et d’aller déposer leurs Les travaux d’Hercule œufs sur une plage voisine, à l’abri des regards… Viennent alors l’opération balayage - 15 minutes au cours

© Fanny Delcroix - 2008 Delcroix © Fanny

Typologie des plages de ponte

46 destination Guadeloupe © A Leveque Des tortues et des hommes

Cinq des sept tortues marines existant dans le monde fréquentent nos îles et trois d’entre elles viennent à la fois pour le gîte et le couvert, honneur qui commande une protection rapprochée. Tous les deux ans ou plus, tortues luth, tortues imbriquées et tortues vertes viennent pondre sur nos plages et sont inlassablement comptées, mesurées, identifiées et surveillées par un réseau d’anges-gardiens devenu grand. Leurs actions passées et présentes nous permettent d’espérer un meilleur avenir pour les tortues.

Tortue luth (bataklin ou tôti fran en créole, kawana en amérindien) Adepte du grand large, cette espèce pélagique qui se nourrit essen- tiellement de méduses ne s’approche des côtes que pour pondre. Dans l’Atlantique, ses principales zones d’alimentation sont localisées dans l’ouest africain, le long des côtes européennes ou de celles de l’est des Etats-Unis et du Canada. Ses sites de ponte de prédilection sont plutôt les plages des Guyanes ou du Gabon, mais la majorité des îles antillaises accueille quelques pontes. Seule tortue ayant adopté le manteau de cuir bleu nuit plutôt que les écailles cornées, elle peut mesurer jusqu’à 2 mètres et dépasser les 900 kg - ce qui fait d’elle la plus lourde d’entre toutes. Sa tête énorme est terminée par un bec supérieur doté d’une pointe médiane et de deux encoches, et sa dossière est traversée par 7 carènes longitudinales de couleur blanchâtre. C’est la seule tortue dont la carapace n’est pas liée à la colonne vertébrale et aux côtes : elle en est séparée par une couche adipeuse. Sa maturité sexuelle semble précoce (autour de 8-10 ans) et sa période de ponte s’éche- lonne de février à août avec un pic en mai-juin. En 2000, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classé la tortue luth « en danger critique d’extinction ».

© Fanny Delcroix - 2008 Delcroix © Fanny

Tortue imbriquée (karet en créole, cararou ou abalatali en amérindien) Seul reptile spongivore connu, la tortue imbriquée vit à proximité des côtes dans l’ensemble des mers tropicales et se nourrit aussi d’herbes, d’invertébrés, de céphalopodes, d’oursins, de crabes ou de coraux. Reconnaissable à ses écailles épaisses qui s’imbriquent comme les tuiles d’un toit - caractère qui s’estompe avec l’âge -, sa dossière est brun rouge et présente des dessins noirs et jaunes. Dotée d’une carapace en forme de cœur et d’une petite tête munie d’un bec particulièrement crochu, elle ne dépasse pas le mètre pour un poids moyen de 60 kg. Sexuellement mature au bout d’environ peut migrer vers des eaux plus riches pour se nourrir en été. Elle atteint sa maturité sexuelle entre 25 et 30 ans et se dirige alors vers un site de ponte (auquel elle sera relativement fidèle) situé princi- palement dans les régions tropicales ou subtropicales. Sa saison de ponte s’étend de mars-avril à octobre-novembre, période pendant laquelle elle pondra 2 à 5 fois avec un intervalle de 11 à 15 jours. Son statut à l’UICN est « en danger d’extinction ».

Le Plan d’Action Guadeloupe issu du programme de restauration des tortues marines a pour objectif premier la reconstitution des populations de tortues imbriquées et de tortues vertes - particuliè- rement emblématiques de notre région -, ainsi que la surveillance et la protection des tortues luth.

© Nicolas Charpin - KapNatirel 20 ans, sa saison de ponte s’étale de mai à octobre, avec un pic entre juin et août : elle effectue 3 à 6 pontes par saison à intervalle de 14 à 16 jours et s’avère très fidèle à son site. Longtemps recherchée pour la qualité de ses écailles, c’est l’une des espèces de tortues de mer les plus menacées, classée « en danger critique d’extinction » par l’UICN. Cependant, différentes études tendent à montrer une amélioration de leur statut au niveau mondial.

Tortue verte (Tôti blan, tôti vèt en créole, catallou ou kadalu en amérindien) Plutôt brunâtre que véritablement verte, elle possède une carapace en forme de cœur elle aussi, mais sa dossière est bombée à l’avant et plus fine vers l’arrière. Pouvant atteindre les 35 km/h à la nage, c’est la plus rapide des tortues marines et l’une des plus grandes : elle mesure de 80 à 130 cm pour un poids allant de 160 à 400 kg. Fidèle à son aire d’alimentation, on la trouve fréquemment aux Antilles sur les zones d’herbiers sous-marins et d’algues, mais elle © Nicolas Tirard

Cycle de vie

L’émergence : les nouveaux-nés sortent des œufs 60 jours environ en moyenne deux heures sur la plage, dont 20 minutes environ après la ponte (éclosion). La sortie du sable, ou émergence, a lieu pour pondre de 100 à 200 œufs. généralement la nuit : les tortillons se dirigent vers la mer, attirés par la luminosité. Migrations : les tortues marines migrent tous les 2 à 4 ans sur plusieurs centaines de kilomètres. Elles retrouvent ainsi leur zone La zone d’alimentation pélagique (stade juvénile pélagique) : de naissance et s’y reproduisent. Ensuite, elles regagnent leur zone les jeunes tortues passent leurs deux premières années en haute d’alimentation. mer à s’alimenter de façon opportuniste et se laissent porter par les courants marins.

La vie côtière (stade juvénile benthique) : tortues vertes et imbri- quées reviennent le long des côtes et recherchent une zone d’ali- mentation. Leur régime se spécialise. Les tortues luth, elles, restent pélagiques.

La zone de reproduction : les accouplements ont lieu en mer, près de sites de ponte. Selon les espèces, les tortues commencent à se reproduire entre 8 et 30 ans après leur naissance.

La ponte : elle se déroule généralement la nuit. Les tortues passent

48 destination Guadeloupe Réseau Tortues Marines, 20 ans après

Aujourd’hui, le réseau regroupe dix associations, les organismes de l’Etat en charge de la protection de la nature (Parc national, DEAL, Réserves naturelles, ONF, ONCFS, Conservatoire du littoral), différents pouvoirs de police (Direction de la mer Guadeloupe, Gendarmerie nationale et Brigade nautique de la Gendarmerie, Direction des Douanes Guadeloupe), la Mairie de Terre-de-Haut, l'Association des Pêcheurs de Basse-Terre, le Syndicat des marins pêcheurs, des clubs de plongée issus du comité régional de la fédération française d'étude et de sports sous-marins, Apnée 7 (association d’apnéistes affiliée à la FFESSM), l’ACED (Association Conseil Environnement Développement Durable) et l'Université des Antilles-Guyane… ainsi que de nombreux bénévoles anonymes.

Les dix associations de protection de la nature et gestionnaires de réserves naturelles sont réparties dans l’archipel par secteurs : - Kap Natirel en Nord Grande-Terre, Côte-au-Vent, Sud Basse- Terre et aux Saintes - Le Gaïac en Nord Basse-Terre - L’AEVA en Sud Grande-Terre - Ecolambda à Marie-Galante - Evasion Tropicale en Côte-sous-le-Vent - Ti Tè à Petite-Terre - Karet, centre de soins des tortues marines, à l’aquarium du Gosier - L’école de la mer à l’aquarium - Les réserves naturelles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy

Local Kap Natirel

destination Guadeloupe © L. Pertuisel - Kap Natirel - 2011 49 50 hébergement destination Guadeloupe Le Jardin Malanga Aux Champs-Alizés Par Muriel Derivery - Photos Hélène Valenzuela Hélène Photos - Derivery Muriel Par Rencontre idyllique entre la brise chantante qui monte de l’océan et le vert lumineux des flancs de la Madeleine, le Jardin Malanga semble placé « tout au bout de la terre, là où la plus douce vie est offerte aux humains ». Perchée sur les hauteurs de Trois-Rivières, face à l’un des points de vue les plus époustouflants de Guadeloupe, cette propriété familiale transformée en hôtel charme avec un naturel raffiné les bienheureux qui y séjournent.

On y accède par un grand portail en bois construite en 1927 et rénovée à l’ancienne sombre, derrière lequel flamboient toutes les jusqu’au toit en tuiles de bois surplombe le couleurs de l’arc antillais. Une allée de clou du spectacle : une vue renversante sur palmiers royaux en fleurs entame la décou- l’archipel des Saintes et sur la montagne verte du jardin tropical, dont les courbes hérissée de cocotiers géants. Un ange passe. révèlent peu à peu trois jolis cottages qui On resterait bien des heures à contempler ce semblent avoir poussé tout seuls au milieu paysage de rêve, allongé sur l’un des transats des bouquets de crotons fuschias, de disposés autour de la piscine qui déborde bougainvilliers violets et d’alpinias rouges. Au dans la mer des Caraïbes… Mais d’autres bout du chemin jalonné de roches volca- plaisirs attendent. L’ombre bienfaisante que niques, la très belle habitation coloniale proposent la terrasse traditionnelle qui borde

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la maison ou le petit salon intérieur, meublé de berceuses et de terrasse panoramique, ainsi que d’une salle de bains avec double fauteuils planteurs, appelle une nouvelle halte pour s’imprégner vue imprenable sur la mer et les pentes de l’ancien volcan de la d’une ambiance différente, empruntée au temps où le Jardin Madeleine, sœur endormie de la Soufrière. Malanga était un domaine familial. On s’y retrouvait alors nombreux pour passer week-ends et vacances, entourés d’une joyeuse troupe Juste dosage entre élégance et simplicité, l’hôtel offre un cadre de d’enfants occupés à se courser en faisant craquer les parquets, à détente idéal après avoir crapahuté à la découverte des beautés grimper aux arbres ou à patauger dans le bassin en pierre. La naturelles de la Basse-Terre… dont certaines, plus secrètes, seront piscine a remplacé son ancêtre le bassin, mais les rires et les soufflées aux visiteurs par Simon Fabre, autre atout du Jardin parfums de l’époque semblent encore flotter dans l’atmosphère. Malanga. Peut-être parce que la famille Arnoux, propriétaire des lieux depuis 1940, continue à veiller sur ce patrimoine rare... Services à la carte Car si l’on revient ici fidèlement d’une année à l’autre, c’est aussi Devenu hôtel de charme en 1993 et alors intégré au réseau du pour lui. À la fois directeur de l’hôtel, guide improvisé et chef groupe Leader Hôtels co-fondé par Daniel Arnoux et Patrick Vial- confirmé, à 30 ans, Simon Fabre n’a certes pas les deux pieds dans Collet, le Jardin Malanga compte aujourd’hui quatre étoîles et figure la même mika - équivalent local du sabot. Boule d’énergie et au 4e rang des meilleurs établissements de Guadeloupe selon Trip d’enthousiasme, cet ancien de la célèbre école hôtelière de Advisor, qui lui a également attribué un certificat d’excellence deux Lausanne - également juriste, père de famille, bourreau de travail années de suite. et amateur de voile et de surf - sait à peu près tout faire et prêche Spacieuses et pudiquement habillées de bois et de blanc - ce qui la convivialité discrète. Pas avare de conseils privatisés en direction contraste agréablement avec l’exubérance extérieure et procure de ses clients, dont il va jusqu’à planifier le séjour à la demande, il une impression d’intimité douillette -, les neuf chambres réparties les régale en outre à sa table d’hôte, située entre la maison sur les deux étages de la maison coloniale et dans les cottages, coloniale et la piscine. peuvent accueillir de deux à quatre personnes. Indépendantes ou Récemment classé au top 5 des meilleurs restaurants pour le organisées en suite, elles disposent dans les cottages d’une Lonely Planet, le « Panga » propose une cuisine belle et délicate,

52 destination Guadeloupe élaborée autour des produits locaux : sucette croquante de thon sauce chili citron vert, colombo crémeux façon Malanga ou céviche de ouassous, côté salé ; moelleux au chocolat fourré à la noix de coco ou pain perdu à la cannelle du jardin en version sucrée… Le petit-déjeuner à base de café produit en Guadeloupe et de fruits fraîchement cueillis sur l’un des 1000 arbres du jardin peuplé de manguiers, citronniers, caramboliers ou mandariniers, complète le programme de dégustation, qui évolue selon les envies du chef et la saison. Les dîners se font sur réservation et norma- lement pour un nombre minimal de deux gourmands… Mais Simon n’aime laisser personne sur sa faim : il lui arrive même de convier à sa propre table les clients esseulés !

Le Jardin Malanga L’Hermitage - 97114 Trois-Rivières Tél. : 0590 92 67 57. Fax : 0590 92 67 58 www.jardinmalanga.com Groupe Leader Hôtels (label Des hôtels et des îles) : www.deshotelsetdesiles.com gastronomie

Ô z’épices Suivre l’étoile

Par Muriel Derivery Photos Hélène Valenzuela

Jolie nouveauté de la Côte-sous-le-Vent située au carrefour des Indes occidentales et orientales, Ô z’épices est la concrétisation d’une quête et le point de départ d’une autre, qui mène à la reconnaissance. Créateurs et âme de leur restaurant, Sandra la Réunionnaise et Jimmy le Guadeloupéen ne ménagent pas leurs efforts pour faire de leur adresse un lieu où l’on se rend nombreux et au pas de course. Leur recette : assiettes belles et sainement gourmandes, cadre pétillant et sourires naturels.

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux vents et de bonnes surprises. L’œil s’attarde personnes et deux mondes, puis celle de palais d’abord sur l’ambiance aux tonalités solaires qui gourmets avec une cuisine réjouissante. Tout s’apprécie dans les moindres détails : planchers est contenu dans ce petit restaurant perché sur en dénivelés dotés de petits recoins prévus pour une falaise de Bouillante. Une maison en bois le délassement - version salon ou bar et hauts coquette, pleine de volets ouverts aux quatre tabourets -, chaises ajourées rouges ou orange

54 destination Guadeloupe amusantes et modernes, fleurs tropicales fraîches magnifiées par à marier nos deux départements, raconte Sandra, restée très leur solitude sur chaque table, couvert soigné… Jusqu’aux toilettes attachée à ses origines. Je vais à peu près tous les deux ans à La aux allures de spa, cachés derrière un rideau en toile de jute. Le Réunion et je fais le tour des marchés pour ramener mon stock de tableau d’ensemble exprime chaleur et énergie, et l’on se plaît à safran pays, de combavas (NDLR : agrume notamment cultivé à La penser que le bon goût se prolongera dans l’assiette, dont les Réunion) ou de massalé… On parfume nos plats en les mélangeant arômes aguichants commencent à nous parvenir. Entre alors en aux épices d’ici, ou en les associant aux plantes que l’on cultive à scène Sandra, maîtresse de maison et décoratrice en chef, qui côté du restaurant ou chez nous, comme la citronnelle, le gros officie à l’accueil, en salle et aux finitions. Réunionnaise convertie thym, le basilic… » aux Antilles depuis l’enfance, elle y a rencontré son futur mari Jimmy Bibrac dans les années de collège, ils ont ensemble suivi Sur l’ardoise, qui varie selon les arrivages, on découvre le résultat des études, se sont unis et ont eu un beau bébé, Ô z’épices, né le de cette fusion d’un œil avide : poisson cru mariné aux agrumes et 1er janvier dernier après 9 mois de rénovation du sol au plafond et à l’huile de roucou, entrecôte sauce cacao pays et gros thym, cari beaucoup d’heures de sommeil en moins. « Notre cuisine consiste de crevettes au combava et safran pays... Mmmmh. C’est à cet instant qu’arrive Jimmy, le chef, pour fournir quelques précisions sur son credo : « Je travaille essentiellement les produits frais du pays, que j’achète à des cultivateurs de Vieux-Habitants et à des pêcheurs du coin, ou encore sur le marché de Baillif... J’essaie d’en faire ressortir les saveurs, en m’appuyant sur mes petits mélanges d’épices et de plantes aromatiques ou médicinales, et je me sers de mon imagination... » Puis il retourne à ses fourneaux en concluant d’un surprenant « Au fait, j’adore les critiques ! ». Voilà qui semble plutôt inhabituel chez un chef, mais Jimmy et Sandra, jeune couple à peine trentenaire, sont de toutes façons assez atypiques. Oser entreprendre en ces temps agités, quand on a chacun déjà un emploi à temps plein en journée, est forcément le signe d’une grande passion - et la preuve que l’on a conscience d’avoir plus d’un tour dans son sac…

Amour d’enfance De fait, on découvre peu à peu plusieurs facettes de la personnalité de nos hôtes, employés le jour d’un institut médico-éducatif pour jeunes déficients intellectuels et restaurateurs accomplis le soir. Pour Jimmy, la cuisine reste néanmoins un fil conducteur, puisque

destination Guadeloupe 55 c’est pour la faire qu’il travaille à l’IME, en formant occasionnel- lièrement plaisante. La suite ne fera que renforcer l’excellent lement des jeunes venus de l’extérieur à cet art, ou en apprenant souvenir laissé par l’entrée. Magnifique et délicieux, le carré aux enfants de l’Institut à devenir plus autonomes pour se nourrir. d’agneau sauce cacao et gros thym serti de pétales de patate « Jimmy adore transmettre son savoir aux jeunes - certains sont douce sanguine accompagné de sa farandole de légumes pays d’ailleurs employés aujourd’hui dans des grands restaurants à Paris (carottes glacées à la vanille, aumônière de giraumon, bananes - et échanger ses expériences avec d’autres chefs, confie Sandra. frites et gratin de cristophine) fait place au dessert présenté façon Il est toujours curieux et cherche constamment à faire mieux. » café très très gourmand : un métis au chocolat croquant et à la L’amour de la bonne chère semble d’ailleurs être inscrit dans ses crème brûlée au coco fondante - orné d’une fleur de mangue gènes, avec une famille qui compte plusieurs cuisiniers dans ses fraîche - côtoie sur une assiette rectangulaire une bouchée de rangs et pour laquelle manger est une fête. Jimmy confirme : « J’ai cerises pays au sirop et un carpaccio d’ananas garni de popotes de commencé à cuisiner pour mes parents vers 12 ans, dès que j’ai su fruit à pain confites. Encore une fois, mmmmh. La reconnaissance tuer une poule ! » Depuis, il s’est formé à ce métier : neuf ans en des pairs ne devrait pas tarder pour Jimmy et Sandra, dès que restauration et un passage par le lycée hôtelier de Saint-Claude, Radio Bois Patate - le bouche à l’oreille d’ici - aura fait le tour de des stages de perfectionnement ici et en métropole, 6 ans en tant l’île. En attendant, celle des clients initiés leur est acquise. que traiteur à domicile… Jusqu’à ce que le rêve Ô z’épices prenne forme. Restaurant Ô z’épices Falaise - 97125 Bouillante Et justement, les premiers plats préparés à la minute arrivent, Tél. : 590 38 87 61 précédés d’un nuage de senteurs exotiques. Best-seller du Ouvert du lundi au samedi de 19h à 21h30 et le midi de 12h à restaurant, la très belle assiette de poisson mariné aux agrumes et 14h les samedi et dimanche. à l’huile de roucou tient toutes ses promesses : les goûts différents Menu enfant à 10 euros (hamburger maison et frites de se complètent idéalement pour exploser en bouche et les fleurs de légumes pays + boisson et dessert). basilic qui décorent le plat apportent une note de fraîcheur particu-

56 destination Guadeloupe & Recevez les 4 prochains numéros (version papier) • 25 € pour les envois Je m'abonne au magazine Destination Guadeloupe à partir du numéro en Guadeloupe et en Martinique • 19,80 € pour les envois Mes coordonnées : en Métropole Nom : • Autres : nous consulter Prénom : Je règle par chèque à l’ordre de E.A.P. Adresse : Et je retourne le bulletin ci-joint, accompagné de mon réglement à : Code Postal : Ville : Editions Antillaises de Presse 1 rue Bellevue - 30730 Montpezat. E-mail ou Tél. :

La version numérique est téléchargeable à partir des sites www.destination-guadeloupe.com - www.relay.fr - www.virginmega.fr www.lekiosque.fr (Rubriques voyages - loisirs) La version papier est toujours en vente chez votre marchand de journaux

destination Guadeloupe 57 Destination Guadeloupe & Les 3 Fermiers vous proposent de plonger dans le secret des saveurs antillaises.

Beignets d’aubergine et sa crème de pourpier Marie-Laure Lagrin

Pour 10 personnes Préparation : 15 mn Pour les beignets Cuisson : 15 mn 3 aubergines moyennes Au marché 30 g de farine Pour la crème 10 cl de lait 250 g de pourpier 2 œufs 30 cl de crème liquide 2 branches de cive 1 gousse d’ail 1 branche de persil 1 oignon Huile pour friture Sel, poivre, piment Sel, poivre

Préparation 1. Dans un saladier, verser la farine, les deux œufs battus, les cives et le persil ciselés, le sel et le poivre. Mélanger énergiquement puis ajouter le lait tiédi, battre à la main jusqu’à l’obtention d’un appareil crémeux et réserver. 2. Peler les aubergines si vous le désirez, puis coupez-les en rondelles fines. 3. Mettre à chauffer un peu d’huile de friture dans une poêle. 4. Passer vos rondelles dans votre mixture, puis faire frire moins de 2 minutes les deux faces à feu vif. 5. Pour la crème : faire cuire les branches de pourpier pendant 7 minutes dans de l’eau. Egoutter, puis passer au mixeur en rajoutant la crème liquide, l’ail, l’oignon et les épices. Porter la crème obtenue sur le feu pendant 3 minutes. Goûter et rectifier le sel et les épices à votre convenance. Conseil de la fermière : si vous ne voulez pas retrouver le croquant des aubergines, vous pouvez les blanchir à l’eau pendant 5 minutes avant d’entamer la préparation. Cette recette est idéale pour rendre un apéro original et authentique, à servir chaud !

Flan à la papaye et son coulis de cythère Marie-Laure Lagrin

Pour 6 personnes

Cuisine du terroir Préparation : 15 mn Pour le flan Cuisson : 40 mn 450 g de papaye mûre 400 g de lait concentré non sucré Au marché 300 g de lait concentré sucré Pour le coulis 4 œufs 150 g de pulpe de cythère verte 1 gousse de vanille 80 g de sucre Cannelle, muscade 10 cl de creme fraîche 5 doigts de rhum vieux Une noix de beurre

Préparation 1. Laver, éplucher et épépiner la papaye. 2. Ajouter la papaye, le lait concentré sucré et non sucré, les œufs, le rhum vieux et les épices dans un mixeur pendant 4 minutes. 3. Beurrer vos ramequins et verser la préparation obtenue. 4. Faire cuire au bain-marie pendant 40 minutes. 5. Réserver au frais pendant 2h. 6. A déguster bien frais. 7. Pour le coulis : bien laver les cythères, éplucher, puis récupérer la pulpe. Cuire pendant 10 minutes dans une casserole avec le sucre et les épices. Mixer ensuite et passer au chinois pour obtenir un coulis homogène et onctueux. On vous dit tout : la papaye améliore la digestion et le transit intestinal grâce à l’un de ses composants : la papaine.

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