Discours De Madame Rama YADE Secrétaire D'etat Chargée Des
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Discours de Madame Rama YADE Secrétaire d’Etat chargée des Sports, En ouverture des premières Assises du Sport et du Développement Durable Paris, jeudi 20 mai 2010 ***** Madame la Ministre, chère Chantal, Monsieur le Président, cher Denis, Cher Yann Arthus-Bertrand, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Nous venons d’entendre une belle voix simple, j’allais dire une voix d’humanité. Ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est justement une certaine idée de l’Homme, de son rapport aux autres, et à son environnement. Longtemps, nous avons cru que l’Homme était maître de l’univers comme de lui-même. Cet orgueil, cette foi prométhéenne dans l’activité des hommes, nous savons aujourd’hui qu’ils conduisent à des dérèglements irréversibles, qu’ils soient climatiques, économiques ou sociaux. Il ne s’agit pas de mettre en cause les progrès de la science ou le développement économique : je crois profondément à l’intelligence collective de nos sociétés et en la capacité de chacun de prendre la mesure des défis que nous devons relever. La liberté de l’Homme, c’est d’arrêter l’irréversible. Il y a une urgence environnementale. Nous devons y faire face. C’est le défi de ce nouveau siècle ; c’est le défi de notre temps. C’est pourquoi c’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir ici pour le lancement de ces premières Assises nationales du sport et du développement durable. Je vous remercie d’avoir répondu si nombreux à notre invitation. Notre invitation : le pluriel est important. Le sport, 1/5 Seul le prononcé fait foi même individuel, est un moment de partage. Le développement durable est un projet collectif.. Des Assises du sport et du développement durable ont donc vocation à rassembler. Rassembler les énergies. Rassembler les compétences. C’est ce que nous avons fait, tout au long de la préparation de cette journée : avec le CNOSF ; avec le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer, ainsi que l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, qui en sont les partenaires. Ce rassemblement autour du sport et du développement durable, j’ai souhaité qu’il soit le plus large possible. Nous devons non seulement rassembler l’ensemble du mouvement sportif – ce qui n’est que trop rarement fait – mais aussi mobiliser à l’extérieur de celui-ci. Il faut à la fois faire appel à des compétences nouvelles, et donner au sport l’occasion de montrer aux autres secteurs ses compétences propres. Les défis sont vastes, le sujet est complexe, les enjeux, surtout, sont immenses. Nous n’aurons pas raison seuls. Nous devons écouter. Nous devons partager. Aujourd’hui comme demain, ces Assises seront un espace d’ouverture et de dialogue. J’y tiens. C’est pourquoi je me réjouis de la présence des représentants des collectivités territoriales, des entreprises, des scientifiques, des ONG environnementales et bien sûr du mouvement sportif et des sportifs eux-mêmes. Je remercie tout particulièrement Chantal JOUANNO et Yann ARTHUS-BERTRAND pour leur présence à l’ouverture de cette journée. Chantal, mes premiers mots seront pour toi. Qu’une femme de conviction comme toi vienne à nous, qu’une sportive et une écologiste, réunies en une, viennent évoquer la manière dont le sport et l’écologie peuvent se retrouver, on ne pouvait bénéficier d’un plus beau soutien. Quant à vous, Yann Arthus-Bertrand, nous rêvons déjà du jour, grâce à vos magnifiques films, où vous pourrez donner à voir tout ce que le sport peut apporter au développement durable. On ne rassemble pas si l’on ne convainc pas. Et l’on ne convainc pas si l’on n’est pas soi- même convaincu. J’ai décidé d’organiser ces Assises à l’automne dernier. Je les avais d’ailleurs annoncées à la Sorbonne. Depuis, la question m’a été maintes fois posée. Des Assises du Sport et du Développement Durable ? Pour quoi faire ? J’ai tout entendu. Les uns doutaient de l’importance du développement durable pour le sport. Les autres mettaient en cause l’impact du sport dans le développement durable. C’est toujours, j’allais dire, la même 2/5 Seul le prononcé fait foi rengaine lorsque l’on parle du sport. Cette interrogation teintée d’un léger mépris ou d’un manque de sérieux. Alors que le sport est au cœur de la Cité. Pourtant, comment un tel enjeu, qui concerne tous les secteurs d’activité, pourrait-il ne pas concerner le sport ? Ce serait être aveugle et sourd aux changements majeurs qui nous entourent et qu’a si bien expliqué Jean-Louis ETIENNE. Ce serait faire le choix de l’individualisme, le choix de l’irresponsabilité. Ce serait, tout simplement, renier le sport. Ce serait se renier. Ce serait ignorer, surtout, les atouts que nous avons en main. On ne peut craindre le changement, quand on est soi-même si divers, si multiforme. On ne peut appréhender l’évolution, quand la formation est au cœur de notre identité. Je le sais bien : le regard que l’on pose parfois sur le sport est infantilisant, et à mille lieues de rendre justice à ce que nous sommes. Nous ne sommes pas seulement, comme le dit Shakespeare, de l’étoffe dont sont faits nos rêves. Nous pesons par la vigueur de nos associations. Nous pesons par la solidité de nos équipements, éléments structurants de l’aménagement du territoire. Nous pesons par notre capacité d’accueil et, corollaire, notre capacité d’insertion. Nous pesons par nos événements, qui sont les plus regardés, les plus médiatisés au monde. Nous pesons par nos valeurs. Nous pesons par la cohésion sociale que nous encourageons. Nous pesons par le lien éducatif qui unit nos formateurs à nos jeunes. Et nous pesons aussi, j’y reviens, par nos rêves. Pour continuer de peser comme pour continuer de rêver, pour transmettre nos valeurs aux générations futures, le sport doit assumer sa part de responsabilité. Etre responsable, c’est d’abord réfléchir à l’impact (environnemental, économique et social) de son organisation et de sa pratique. C’est aussi être une force de proposition crédible et incontournable. Anticiper et proposer dès maintenant des solutions. Certes, les contraintes à venir ne doivent pas être ignorées. Mais nul ne peut mieux que le mouvement sportif et ses partenaires réfléchir à une intégration intelligente et responsable de ces contraintes, qui soit de nature à préserver, voire renforcer, le modèle sportif français. Préserver durablement la richesse du sport associatif. Préserver durablement le lien entre sport pour tous et sport professionnel. Préserver durablement le rôle des fédérations. Renforcer durablement les performances du sport de haut niveau. Renforcer durablement, enfin, la capacité de la France à accueillir de grands événements sportifs internationaux. 3/5 Seul le prononcé fait foi Nous aborderons ce défi avec humilité. Et pourtant avec beaucoup d’ambition aussi. Ces dernières années, le Ministère n’a pas fait du développement durable une priorité politique. En disant cela, je n’oublie pas le dynamisme de certains, plus visionnaires ou plus engagés. Et je ne méconnais pas la construction, au fil des ans, d’une expertise réelle, dont témoigne le succès de la politique ministérielle en faveur des sports de nature. Une politique innovante, pragmatique et fédératrice, qui a permis au ministère d’être en première ligne sur de nombreux sujets, tels que sport et biodiversité, et dont nous pouvons aujourd’hui, me semble- t-il, nous inspirer. Le choix d’une telle méthode de concertation pour les Assises nationales du Sport et du Développement Durable doit favoriser, au cours des débats qui s’ouvrent aujourd’hui et se poursuivront dans les mois qui viennent, un partage des expériences de terrain et des bonnes pratiques, une mise en commun des compétences et des savoirs, et l’établissement d’un diagnostic partagé, essentiels à l’élaboration d’une politique commune. A cet égard, j’attache une importance particulière au travail en commun avec le CNOSF. Dès 2002, il a engagé une réflexion sur le développement durable, qui a abouti l’année suivante à l’adoption de l’Agenda 21 du sport français, puis à la création d’une charte et d’un label. Ce travail pionnier mérite d’être souligné. Il constitue le socle de notre action commune. Le moment est venu de le transformer, avec vous, en projet politique. Un projet qui nous permette de mieux intégrer le sport dans les politiques interministérielles et de l’inscrire de plain-pied dans la Stratégie Nationale du Développement Durable et le Plan administration exemplaire. Je suis heureuse de pouvoir vous annoncer que le Ministère réalise d’ailleurs actuellement, chère Chantal, le bilan carbone du site de l’avenue de France. Un projet qui nous permette de mieux impliquer les collectivités et les entreprises, de recentrer l’action de l’Etat sur ses priorités, d’ouvrir le mouvement sportif sur de nouvelles formes de pratiques, moins focalisées sur la compétition. Un projet qui nous permette de porter les valeurs du sport par des actions concrètes, de mettre l’exemplarité du sport au cœur de la politique du ministère en charge des sports. C’est pour incarner cette exemplarité que j’ai demandé à Tony ESTANGUET, double champion olympique de canoë-kayak, d’être l’Ambassadeur du Secrétariat d’Etat pour le développement 4/5 Seul le prononcé fait foi durable. Le choix, cher Tony, relevait pour moi de l’évidence, tant j’ai été frappée dès notre première rencontre, en août dernier, par votre familiarité avec le sujet. Je vous remercie très chaleureusement d’avoir accepté cette proposition.