15 ans de la loi handicap : encore un long chemin pour faire évoluer les mentalités Bleu Saint-Étienne Loire - Lorette - 10 février 2020 - Par Margaux Caroff

Aujourd'hui on compte 12 millions de personnes en situation de handicap en France. 15 ans après la loi handicap, l'accessibilité reste un enjeu majeur. Du progrès reste encore à faire aussi dans les mentalités. Témoignage d'une ligérienne, handicapée moteur de naissance.

Aujourd'hui le handicap, qu'il soit moteur, sensoriel ou mental, touche 12 millions de français © Maxppp - Franck Boileau

Dans son fauteuil électrique, Rosette Iannuzzo, 47 ans, handicapée de naissance, a vu les choses évoluer depuis la loi handicap de 2005. En terme d'accessibilité il y a eu des avancées, mais elle regrette tout de même que cela ne soit pas réellement rentré dans les habitudes des français : "On préfère la solution de facilité, on se dit que c'est trop compliqué de mettre un logement en accessibilité, alors on choisit de créer des exceptions. Il faudrait que le principe de base soit de construire un bâtiment quel qu’il soit, prévu pour des personnes en situation de handicap."

Changer les mentalités pour être considéré comme une citoyenne à part entière

Au delà des difficultés d'accès ou de déplacement, ce qui agace cette habitante de Lorette c'est surtout les regards condescendants qu'elle croise encore trop souvent : "Si je suis accompagnée d'une personne valide, mon interlocuteur s'adressera d'emblée à elle plutôt qu'à moi. Quand on me voit, mon handicap moteur paraît assez lourd donc on se dit que je ne vais pas être capable de répondre à une question." Qu'il soit moteur, mental ou sensoriel, "le handicap est toujours synonyme d'incapacité intellectuelle" regrette-t-elle.

"L'accessibilité au sens large"

Rosette Iannuzzo, qui a été représentante territoriale pour l'Association des Paralysés de France pendant dix ans, milite pour un changement de mentalité dans notre société. Pour elle, l'accessibilité ne se limite pas aux obstacles physiques : "Ce n'est pas uniquement qu'une histoire de trottoirs, d'accès à la voirie, ou aux magasins, c'est l'accessibilité au sens large." Éternelle optimiste, elle se dit chanceuse d'avoir eu une éducation complète et des opportunités notamment grâce à son adhésion à l'APF. Mais cela reste insuffisant, aujourd'hui elle souhaite pour les jeunes générations de personnes en situation de handicap qu'il n'y ait plus de stigmatisation négative à leur égard : "Il faut absolument qu'on permette à la personne handicapée de trouver encore plus sa place qu'aujourd'hui et qu'on lui permette d'investir tous les domaines qu'elle souhaite." affirme-t-elle. Agnès Jaoui, mère de deux enfants "multi-dys" : Il est temps que notre regard sur le handicap change ! JDD – Société - 9 février 2020 – Par Juliette Demey

TEMOIGNAGE - Mère de deux enfants "multi-dys", la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui déplore le manque d'information sur ces troubles cognitifs entraînant des difficultés de langage ou de développement moteur.

Alors qu' lance mardi son grand plan pour les droits des personnes handicapées, l'artiste Agnès Jaoui livre son regard sur le handicap. La comédienne réclame une meilleure reconnaissance des troubles "dys", qui touchent ses deux enfants. Voici son témoignage : "J'étais incroyablement ignorante sur les troubles 'dys' jusqu'à ce que je les rencontre avec mes enfants. 'Ils ne font pas d'efforts', me disais-je, y voyant une excuse de mauvais élève. Et c'est ce que j'ai entendu à la dernière réunion parents-profs au sujet de ma fille et de sa difficulté à lire en public : 'Elle ne fait pas d'efforts.'

« Leur demander d'écrire sans faute, c'est exiger d'un unijambiste qu'il courre le 100-mètres ! »

En réalité, le cerveau des 'dys' fonctionne différemment. Ils compensent avec plus d'efforts. Mon fils et ma fille, nés au Brésil, sont arrivés en France à 5 et 7 ans. Leurs difficultés sont apparues lors de l'apprentissage de la lecture. J'ai d'abord cru que cela venait du fait que le français n'est pas leur langue maternelle. Je ravalais des pensées horribles : 'Tu fais exprès! Tu es bête ou quoi?' Puis j'ai compris que de nombreux enfants souffrent des mêmes troubles : pour eux, B-A ne fera jamais BA. Leur demander d'écrire sans faute, c'est exiger d'un unijambiste qu'il courre le 100 mètres! Hélas, en France, l'orthographe, qui ne mesure en rien l'intelligence, reste discriminante dans un CV comme dans une lettre d'amour.

Il a fallu un à deux ans pour obtenir le diagnostic, en multipliant les démarches auprès de profs souvent aussi peu informés que moi, avec un orthophoniste. Mon fils et ma fille sont 'multi-dys'. Malgré des progrès, cela reste un parcours du combattant. Il faut se répertorier à la Maison départementale des personnes handicapées. Certains ont voulu m'en dissuader, craignant de les stigmatiser. Enfant, on n'a pas envie d'assumer l'étiquette 'handicapé', surtout quand ce n'est pas visible. Le mépris reste immense.

« En classe, ils ont subi des moqueries. Ils sont pourtant ingénieux – pour peu qu'on ne les brise pas. »

La reconnaissance donne droit à des aides, comme des auxiliaires de vie scolaire, indispensables mais mal payés et trop peu nombreux. Au lycée, mes enfants doivent en partager un. Il existe aussi des aides financières pour des ordinateurs ou des logiciels. J'ai la chance de ne pas en avoir besoin. Outre l'orthophoniste deux fois par semaine, ils sont aidés au quotidien pour leur travail. En classe, ils ont subi des moqueries. Ils sont pourtant ingénieux – pour peu qu'on ne les brise pas. Entendre tous les jours qu'on est nul, c'est tragique pour l'estime de soi. Certains profs font un travail extraordinaire, mais la méconnaissance reste abyssale. Bien qu'hyperprivilégiée, je ressors laminée de 90% des réunions parents-profs, avec mon môme laminé. À chaque fois, il faut remonter la confiance.

« En Angleterre, en Belgique ou au Canada, les 'dys' sont perçus comme 'haut potentiel » À 17 et 19 ans, mes enfants sont presque fiers de leur différence. En Angleterre, en Belgique ou au Canada, les 'dys' sont perçus comme 'haut potentiel'. Des génies auraient souffert de ces troubles, notamment Léonard de Vinci. Il est temps que le regard change en France!". Allocation adulte handicapé : les députés votent une valorisation contre l’avis du gouvernement Le Monde – 13 février 2020 - Par Manon Rescan

Les députés LRM et MoDem ont été mis en minorité sur ce texte, qui rappelle que le Parlement dispose bien du pouvoir de faire la loi, dans une Ve République où il est, la plupart du temps, supplanté par l’exécutif.

A l’Assemblée nationale, l’adoption d’un texte proposé et rédigé par des députés qui ne sont pas membres de la majorité gouvernementale est un phénomène rare. Qu’elle se fasse contre l’avis du gouvernement l’est encore plus. C’est pourtant ce qui est arrivé, jeudi 13 février, au Palais-Bourbon avec le vote d’une proposition de loi portant sur le handicap défendue par le groupe Libertés et territoires (un collectif hétéroclite de députés corses, centristes ou macronistes en rupture de ban). Les députés ont adopté en première lecture ce texte qui propose une individualisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et son déplafonnement. Il propose aussi de repousser à 65 ans l’âge limite pour percevoir la prestation de compensation du handicap (PCH).

Ce vote singulier pourrait simplement rappeler que le Parlement dispose bien du pouvoir de faire la loi, dans une Ve République où il est, la plupart du temps, supplanté par l’exécutif. Mais cet épisode s’inscrit surtout dans une crise pour le gouvernement et la majorité, quinze jours après le vote controversé d’une autre proposition de loi – cette fois du groupe UDI, Agir et Indépendants (centre-droit) – concernant le congé pour parents endeuillés.

Crise ouverte entre les députés et le gouvernement

Le 30 janvier, des députés La République en marche (LRM) avaient mal vécu d’être inondés d’insultes sur leurs boîtes mail et les réseaux sociaux pour avoir rejeté l’allongement de ce congé à douze jours au lieu de cinq. Ils ont été accusés de manquer d’« humanité » par l’opposition et ils ont été brocardés au sein de leur propre famille politique pour avoir été trop loyaux à l’égard des consignes du gouvernement, ou trop « techniques » dans leur approche du texte. Le tollé provoqué dans l’opinion a conduit le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à intervenir pour rétropédaler. Cette semaine, les députés macronistes ont d’ailleurs fait connaître une série de propositions pour revenir sur leur vote et aller plus loin que la proposition de loi UDI, Agir et Indépendants.

L’épisode du congé de deuil a surtout déclenché une crise ouverte entre les députés et le gouvernement, certains des premiers jurant de ne plus se fier aveuglément aux recommandations du second. Tous promettant de ne plus se faire prendre au « piège », disaient-ils, des « niches parlementaires », ces journées où chaque groupe politique a, environ une fois par an, l’initiative de l’ordre du jour et une opportunité de faire un « coup ».

Fragilité d’une majorité rudoyée

Tous les ingrédients étaient réunis pour qu’un nouveau tollé se produise jeudi dans l’Hémicycle. D’abord, une proposition de loi sur un sujet sensible : le handicap. Ensuite, une majorité justifiant son rejet en renvoyant la discussion à des réformes futures. Enfin, la présence de députés d’opposition au flair politique affûté.

Pour la droite, Aurélien Pradié, tempétueux élu Les Républicains (LR) du Lot, fustigeant une majorité qui n’apprenait pas « de ses erreurs ». Pour la gauche, François Ruffin, député La France insoumise (LFI), pas moins habitué des coups d’éclat : « Vous avez la possibilité de l’humanité ! » Et l’élu de la Somme de prévenir : « Vous serez seuls dans cet Hémicycle et dans le pays. » Un avertissement qui ressemble à s’y méprendre à une autre menace, lancée par le même François Ruffin, lors du rejet d’une autre proposition de loi sur le handicap, à l’automne 2018. « J’espère que le pays ne vous pardonnera pas », avait-il tancé à l’époque. Les macronistes qui s’étaient opposés au texte avaient, déjà, reçu des tombereaux d’insultes.

Dans un contexte de fragilité d’une majorité rudoyée, notamment sur le terrain, dans le cadre de la réforme des retraites, supportant de moins en moins d’être accusée de manquer d’humanité, subissant le calendrier du gouvernement et promettant de s’en émanciper, le vote de jeudi a eu des airs de match retour de celui sur le congé de deuil.

La proposition de loi du groupe Libertés et territoires a été adoptée principalement avec les voix de l’opposition, mais aussi celles de quatre députés LRM. La majorité n’est pas parvenue à mobiliser suffisamment de troupes opposées au texte, et certains députés macronistes et MoDem se sont abstenus. Cette adoption du texte en première lecture ne dit rien encore de la mise en application des mesures qu’il contient. Il faudra pour cela qu’il suive la navette parlementaire classique (deux lectures – à l’Assemblée et au Sénat), ce qui peut prendre un peu de temps. Quand bien même il serait adopté définitivement, sa mise en application nécessiterait que les crédits budgétaires soient accordés pour les financer. Le vote de jeudi est donc surtout symbolique d’une opposition qui a trouvé les ressorts pour déstabiliser la majorité. Et la battre en faisant adopter ses propres textes, inversant l’articulation classique du processus législatif sous la Ve République.

Comment fonctionne l’allocation adulte handicapé ?

L’AAH peut vous être accordée, dans le cas général à partir de 20 ans, si votre taux d’incapacité est d’au moins 80 %, ou s’il est compris entre 50 et 79 % et que vous subissez une « restriction substantielle et durable d’accès à un emploi ». Il s’agit d’une aide « différentielle ». Ce qui signifie que vous ne touchez son montant maximal, 900 euros, donc, désormais, que si vous n’avez pas d’autres ressources. Si vous avez des revenus par ailleurs, ou si c’est le cas de votre foyer, votre allocation sera réduite du montant de ces derniers. Attention : les ressources prises en compte ici sont celles de l’année N-2 et ne correspondent pas aux revenus réels, des abattements sont appliqués (renseignements auprès de la caisse d’allocations familiales). Autisme : quelles pistes pour améliorer la prise en charge des patients ? L’Express – 11 février 2020 - Céline Delbecque

Au-delà de la création de place dans les établissements spécialisés, les associations réclament un meilleur investissement pour la formation et la recherche.

C'était une conférence très attendue par les associations : à l'occasion des quinze ans de la loi pour l'égalité des droits et des chances, Emmanuel Macron a développé ce mardi ses solutions pour améliorer la situation des personnes en situation de handicap en France.

Parmi elles, le chef de l'État a notamment promis la création de 1 000 emplacements supplémentaires en établissements spécialisés pour les adultes et enfants handicapés entre 2021 et 2022, en plus des 2 500 déjà prévues sur ces deux ans. Selon Le Monde, 2 500 places dans des structures intermédiaires sont également prévues, pour arriver au total à 6 000 places supplémentaires d'ici 2022.

Ces disponibilités permettraient notamment, selon le chef de l'État, d'éviter le départ de nombreuses familles dans les pays frontaliers comme la Belgique pour obtenir des soins. Ce phénomène, qui touche particulièrement les patients atteints de trouble du spectre de l'autisme (TSA), n'a fait qu'amplifier ces dernières années. Alors que l'INSERM évalue le nombre de personnes autistes en France à environ 700 000 - dont 100 000 ont moins de 20 ans -, très peu de patients sont actuellement pris en charge sur le territoire. "La France n'a jamais fait d'études épidémiologiques sur l'autisme, ce qui est en soi étonnant. Mais on estime à seulement 10% le nombre d'autistes pris en charge aujourd'hui dans le pays, et très peu bénéficient d'un suivi adapté", déplore auprès de L'Express M'hammed Sajidi, président fondateur de l'association Vaincre l'autisme.

Pour lui, la question du nombre de place en établissement dédié n'est pourtant pas "l'unique problème". "Ce qui manque, ce n'est pas tant l'argent pour financer les établissements qu'un système qui soit adapté à la prise en charge des patients. Aujourd'hui, ce système est totalement défaillant", estime-t-il.

"Il y a de l'argent qu'on devrait utiliser autrement"

Actuellement, le fameux "système" permet aux personnes atteintes de TSA d'accéder à plusieurs types d'établissement. "Pour les adultes, il y a les foyers d'accueil médicalisés, qui sont financés par le Département, et les maisons d'accueil spécialisées, financées par la Sécurité sociale", explique à L'Express Danièle Langloys, présidente de l'association Autisme France. "Pour les enfants, d'autres types de prises en charges sont disponibles, comme les instituts médico-éducatifs ou le Service d'éducation spéciale et de soins à domicile, toutes financées par la Sécurité sociale".

"Il y a 18 000 établissements et services en tout dans le champ du handicap en France, mais on ne peut pas savoir combien sont exclusivement dédiés aux autistes enfants ou adultes, et combien en accueillent. Certains le font sans le savoir car ces derniers n'ont pas été diagnostiqués, d'autres le font sans agrément", explique Danièle Langloys. Mais pour la présidente, une chose est sûre : "Il existe une très forte demande pour très peu de place".

"Il y a donc effectivement un problème financier", admet-elle, soulignant que "des adultes autistes se retrouvent aujourd'hui totalement abandonnés, sur une liste d'attente de foyer pour laquelle il peut y avoir dix ou vingt ans d'attente". Un casse-tête pour les profils les plus sévères, loin de l'autonomie, pour qui "ces centres sont nécessaires, mais dont la prise en charge doit être complétée par d'autres outils", martèle Danièle Langloys.

Selon M'hammed Sajidi, le coût des "places" dans ce type d'établissement est extrêmement variable. "On peut aller jusqu'à 70 000 euros par personne et par an dans les instituts médico-éducatifs, tandis que les Services de soins à domicile coûtent entre 30 000 et 40 000 euros par an", estime-t-il. "Au total, la Cour des comptes a estimé en décembre 2017 que le coût de l'autisme en France s'élevait à environ sept milliards d'euros : quatre milliards dans l'ouverture directe de places dans des centres, et trois milliards dans la prise en charge indirecte de personnes qui ont été mal diagnostiquées et ont malheureusement été orientées dans des structures hospitalières non-adaptées".

Pour le président de Vaincre l'autisme, c'est précisément sur ce point que "le bât blesse". "Des milliards d'euros sont donc aujourd'hui dépensés dans des prises en charge non adaptées", regrette-t-il. "Beaucoup d'adultes autistes croupissent en psychiatrie dans des établissements où ils n'auraient jamais dû être amenés en premier lieu, et la collectivité y investit plusieurs centaines d'euros par jour. Là, il y a de l'argent qu'on devrait utiliser autrement", abonde Danièle Langloys. "Il faut refonder le système"

"Le budget déployé aujourd'hui par l'État pourrait être suffisant, s'il était bien dépensé", précise Florent Chapel, président d'Autisme info service et auteur d'Autisme, la grande enquête (Les Arènes, 2016). Pour lui, le problème est "pris à l'envers" depuis le début. "Les enfants autistes n'ont pas été bien dépistés, et pas bien accompagnés, pour tout un tas de raisons. Aujourd'hui, ils sont donc dépendants d'établissements qui n'ont pas assez de places libres pour les recevoir", explique-t-il. "Mais cela aurait pu être évité. On ne devrait pas réfléchir en termes de place, mais en termes de parcours".

Pour ce père de famille, des solutions concrètes et bien moins coûteuses sur le long terme que les établissements dédiés pourraient rapidement être mises en place. "Si on investit dans le dépistage précoce, il sera possible d'accompagner un enfant autiste dès le début de sa vie, via un éducateur. En grandissant, il n'aura plus forcément besoin d'une place en centre, puisqu'il sera autonome dans une société dans laquelle il a été inclus", témoigne-t-il. Une initiative "bien plus logique", ajoute M'hammed Sajidi. "On fait un investissement qui est au départ intense, mais qui permet le développement de l'enfant et le développement de compétences de ses parents".

D'autres pistes peuvent également être privilégiées, selon Danièle Langloys. "Trop d'établissements qui accueillent aujourd'hui les personnes autistes sont financés mais pas adaptés", tranche-t-elle. "Dans beaucoup de cas, ce sont des garderies améliorées où les personnes sont isolées, voire attachées. Il faut refonder le système, pour que cela cesse : sélectionner les établissements qui fonctionnent bien, et étendre leurs capacités, créer des annexes", propose-t-elle. "Il faut arrêter de donner de l'argent aux gens qui ne savent pas faire. Le système institutionnel tel qu'il est ne fait que marginaliser un peu plus les personnes autistes", martèle la présidente d'Autisme France.

L'enjeu de la formation et la recherche

Pour "refonder" ce système, Danièle Langloys compte bien s'appuyer sur la formation des professionnels, qu'elle qualifie de "nerf de la guerre". "Il n'y a pas que l'argent : la qualité de la prise en charge des éducateurs et des psychologiques est extrêmement importante", explique-t-elle.

Pour André Masin, président de l'Association Française de Gestion de services et établissements pour personnes autistes (AFG Autisme), la formation du personnel est en effet une question "primordiale". "Les formations ne prévoient aujourd'hui aucun cursus dédié à l'autisme, la spécialisation se fait au hasard des stages. Il faut investir dans une formation plus pointue, qui permettra notamment un accompagnement individualisé", conseille-t-il.

Enfin, "il ne faut pas oublier l'investissement dans la recherche", rappelle M'hammed Sajidi. "L'autisme est une maladie dont on ne connaît que 10% des causes. Améliorer la recherche, c'est améliorer les solutions", souligne le président de Vaincre l'Autisme. Autisme : quelles pistes pour améliorer la prise en charge des patients ? L’Express – 11 février 2020 - Céline Delbecque

Au-delà de la création de place dans les établissements spécialisés, les associations réclament un meilleur investissement pour la formation et la recherche.

C'était une conférence très attendue par les associations : à l'occasion des quinze ans de la loi pour l'égalité des droits et des chances, Emmanuel Macron a développé ce mardi ses solutions pour améliorer la situation des personnes en situation de handicap en France.

Parmi elles, le chef de l'État a notamment promis la création de 1 000 emplacements supplémentaires en établissements spécialisés pour les adultes et enfants handicapés entre 2021 et 2022, en plus des 2 500 déjà prévues sur ces deux ans. Selon Le Monde, 2 500 places dans des structures intermédiaires sont également prévues, pour arriver au total à 6 000 places supplémentaires d'ici 2022.

Ces disponibilités permettraient notamment, selon le chef de l'État, d'éviter le départ de nombreuses familles dans les pays frontaliers comme la Belgique pour obtenir des soins. Ce phénomène, qui touche particulièrement les patients atteints de trouble du spectre de l'autisme (TSA), n'a fait qu'amplifier ces dernières années. Alors que l'INSERM évalue le nombre de personnes autistes en France à environ 700 000 - dont 100 000 ont moins de 20 ans -, très peu de patients sont actuellement pris en charge sur le territoire. "La France n'a jamais fait d'études épidémiologiques sur l'autisme, ce qui est en soi étonnant. Mais on estime à seulement 10% le nombre d'autistes pris en charge aujourd'hui dans le pays, et très peu bénéficient d'un suivi adapté", déplore auprès de L'Express M'hammed Sajidi, président fondateur de l'association Vaincre l'autisme.

Pour lui, la question du nombre de place en établissement dédié n'est pourtant pas "l'unique problème". "Ce qui manque, ce n'est pas tant l'argent pour financer les établissements qu'un système qui soit adapté à la prise en charge des patients. Aujourd'hui, ce système est totalement défaillant", estime-t-il.

"Il y a de l'argent qu'on devrait utiliser autrement"

Actuellement, le fameux "système" permet aux personnes atteintes de TSA d'accéder à plusieurs types d'établissement. "Pour les adultes, il y a les foyers d'accueil médicalisés, qui sont financés par le Département, et les maisons d'accueil spécialisées, financées par la Sécurité sociale", explique à L'Express Danièle Langloys, présidente de l'association Autisme France. "Pour les enfants, d'autres types de prises en charges sont disponibles, comme les instituts médico-éducatifs ou le Service d'éducation spéciale et de soins à domicile, toutes financées par la Sécurité sociale".

"Il y a 18 000 établissements et services en tout dans le champ du handicap en France, mais on ne peut pas savoir combien sont exclusivement dédiés aux autistes enfants ou adultes, et combien en accueillent. Certains le font sans le savoir car ces derniers n'ont pas été diagnostiqués, d'autres le font sans agrément", explique Danièle Langloys. Mais pour la présidente, une chose est sûre : "Il existe une très forte demande pour très peu de place".

"Il y a donc effectivement un problème financier", admet-elle, soulignant que "des adultes autistes se retrouvent aujourd'hui totalement abandonnés, sur une liste d'attente de foyer pour laquelle il peut y avoir dix ou vingt ans d'attente". Un casse-tête pour les profils les plus sévères, loin de l'autonomie, pour qui "ces centres sont nécessaires, mais dont la prise en charge doit être complétée par d'autres outils", martèle Danièle Langloys.

Selon M'hammed Sajidi, le coût des "places" dans ce type d'établissement est extrêmement variable. "On peut aller jusqu'à 70 000 euros par personne et par an dans les instituts médico-éducatifs, tandis que les Services de soins à domicile coûtent entre 30 000 et 40 000 euros par an", estime-t-il. "Au total, la Cour des comptes a estimé en décembre 2017 que le coût de l'autisme en France s'élevait à environ sept milliards d'euros : quatre milliards dans l'ouverture directe de places dans des centres, et trois milliards dans la prise en charge indirecte de personnes qui ont été mal diagnostiquées et ont malheureusement été orientées dans des structures hospitalières non-adaptées".

Pour le président de Vaincre l'autisme, c'est précisément sur ce point que "le bât blesse". "Des milliards d'euros sont donc aujourd'hui dépensés dans des prises en charge non adaptées", regrette-t-il. "Beaucoup d'adultes autistes croupissent en psychiatrie dans des établissements où ils n'auraient jamais dû être amenés en premier lieu, et la collectivité y investit plusieurs centaines d'euros par jour. Là, il y a de l'argent qu'on devrait utiliser autrement", abonde Danièle Langloys. "Il faut refonder le système"

"Le budget déployé aujourd'hui par l'État pourrait être suffisant, s'il était bien dépensé", précise Florent Chapel, président d'Autisme info service et auteur d'Autisme, la grande enquête (Les Arènes, 2016). Pour lui, le problème est "pris à l'envers" depuis le début. "Les enfants autistes n'ont pas été bien dépistés, et pas bien accompagnés, pour tout un tas de raisons. Aujourd'hui, ils sont donc dépendants d'établissements qui n'ont pas assez de places libres pour les recevoir", explique-t-il. "Mais cela aurait pu être évité. On ne devrait pas réfléchir en termes de place, mais en termes de parcours".

Pour ce père de famille, des solutions concrètes et bien moins coûteuses sur le long terme que les établissements dédiés pourraient rapidement être mises en place. "Si on investit dans le dépistage précoce, il sera possible d'accompagner un enfant autiste dès le début de sa vie, via un éducateur. En grandissant, il n'aura plus forcément besoin d'une place en centre, puisqu'il sera autonome dans une société dans laquelle il a été inclus", témoigne-t-il. Une initiative "bien plus logique", ajoute M'hammed Sajidi. "On fait un investissement qui est au départ intense, mais qui permet le développement de l'enfant et le développement de compétences de ses parents".

D'autres pistes peuvent également être privilégiées, selon Danièle Langloys. "Trop d'établissements qui accueillent aujourd'hui les personnes autistes sont financés mais pas adaptés", tranche-t-elle. "Dans beaucoup de cas, ce sont des garderies améliorées où les personnes sont isolées, voire attachées. Il faut refonder le système, pour que cela cesse : sélectionner les établissements qui fonctionnent bien, et étendre leurs capacités, créer des annexes", propose-t-elle. "Il faut arrêter de donner de l'argent aux gens qui ne savent pas faire. Le système institutionnel tel qu'il est ne fait que marginaliser un peu plus les personnes autistes", martèle la présidente d'Autisme France.

L'enjeu de la formation et la recherche

Pour "refonder" ce système, Danièle Langloys compte bien s'appuyer sur la formation des professionnels, qu'elle qualifie de "nerf de la guerre". "Il n'y a pas que l'argent : la qualité de la prise en charge des éducateurs et des psychologiques est extrêmement importante", explique-t-elle.

Pour André Masin, président de l'Association Française de Gestion de services et établissements pour personnes autistes (AFG Autisme), la formation du personnel est en effet une question "primordiale". "Les formations ne prévoient aujourd'hui aucun cursus dédié à l'autisme, la spécialisation se fait au hasard des stages. Il faut investir dans une formation plus pointue, qui permettra notamment un accompagnement individualisé", conseille-t-il.

Enfin, "il ne faut pas oublier l'investissement dans la recherche", rappelle M'hammed Sajidi. "L'autisme est une maladie dont on ne connaît que 10% des causes. Améliorer la recherche, c'est améliorer les solutions", souligne le président de Vaincre l'Autisme.

Claude Chirac, le retour surprise de la fille de Jacques Chirac à l'Elysée Femme Actuelle - 8 février 2020

Treize ans après avoir quitté l'Elysée, la fille cadette de Jacques Chirac s'apprête à faire son grand retour au palais de l'Elysée, le 11 février 2020, à l'occasion de la conférence nationale du handicap. Ce sera sa première prise de parole publique depuis le décès de son père, le 26 septembre 2019.

De retour pour défendre une grande cause. Ce mardi 11 février 2020, Claude Chirac, spécialiste en communication et fille cadette de Jacques et Bernadette Chirac, reviendra pour la première fois depuis treize ans à l'Elysée, nous révèle Le Parisien. Ce bâtiment, qu'elle a côtoyé longuement durant la présidence de son père, accueillera la conférence nationale du handicap, à laquelle le chef de l'Etat Emmanuel Macron ainsi que le premier Ministre Édouard Philippe sont également très attendus. À cette occasion, la présidente de la Fondation Chirac viendra parler, entre autres, de la loi de 2005 sur le handicap, qui a été votée durant la présidence de son père Jacques Chirac.

Initialement lancée en 1987, cette loi a pour objet d'instaurer des quotas d'embauche au sein des entreprises. Ainsi, chaque chef d'entreprise se doit de compter un minimum de 6 % de personnes en situations de handicaps dans ses effectifs. Le thème du handicap a toujours tenu à cœur de la famille Chirac et tous luttent depuis des décennies pour aider les personnes aux capacités limitées. Le décès de Laurence Chirac, fille aînée de Jacques et Bernadette Chirac et soeur de Claude, des suites d'une anorexie dévastatrice contre laquelle elle s'est battue toute sa vie, y est vraisemblablement pour beaucoup.

C'est à travers la fondation Chirac que la mère de Martin Rey-Chirac oeuvre pour les personnes en situations de handicap. Créée en juin 2008 par l'ex-président au terme de son deuxième mandat, elle regroupe une vingtaine de centres qui accueillent près de 1200 individus en situation de handicap. Son siège est situé à Ussel, en Corrèze, la ville de François Hollande. C'était peut-être un signe pour Claude Chirac et son père, qui ont tous deux soutenu publiquement le socialiste lors des élections présidentielles de 2012. Conférence nationale du handicap : des annonces présidentielles séduisantes sur le papier Faire Face – 11 février 2020 - Sophie Massieu

La conférence nationale du handicap a été retransmise en direct sur les réseaux sociaux et traduite en langue des signes.

Lors de la Conférence nationale du handicap, Emmanuel Macron a fait aujourd’hui des annonces susceptibles, si elles se concrétisent, d’améliorer quelques aspects de la vie quotidienne des personnes handicapées. En particulier en matière de compensation et de ressources. Mais sans que ne se dessinent encore les modalités de financement.

Les attentes étaient fortes, les annonces du président de la République leur répondent en partie. Le 11 février 2020, s’est tenue la 5e conférence nationale du handicap, au palais de l’Élysée. Quinze ans, jour pour jour, après la promulgation de la loi de 2005. Alors que les personnes en situation de handicap ont le sentiment de voir leurs droits reculer, dans son discours conclusif, Emmanuel Macron a sans doute voulu déminer le terrain.

Pas d’AAH diluée dans le RUA

D’abord en matière de ressources. Il a affirmé que l’AAH ne serait pas transformée, ni diluée, ni supprimée au bénéfice du RUA, le futur Revenu universel d’activité. Il faut sans doute y voir une réponse à la protestation des associations représentatives des personnes handicapées. Le 4 février, les quatre plus grandes d’entre elles, dont APF France handicap, ont en effet quitté la concertation autour de la mise en place de ce nouveau dispositif. Restera à voir comment les deux revenus pourront s’articuler. Et si l’AAH ne risque pas, comme l’Aide personnalisée au logement, avant elle, de devenir un supplément au RUA. Au sujet des retraites, Emmanuel Macron n’a fait aucune annonce. Il a juste rappelé que, dans le nouveau système, il demeurerait possible pour les personnes handicapées de partir plus tôt, sans décote. Il a aussi mentionné les congés de proches aidants, indiquant qu’ils ouvriraient des droits. Sans plus de précisions à ce stade.

Compensation : deux nouveaux droits

La compensation a occupé une part non négligeable de son temps de parole. Il a annoncé l’ouverture de cette prestation en aides humaines et techniques à la parentalité, jusqu’aux 7 ans de l’enfant de parents handicapés. Il a affirmé que l’État devait assumer le coût de cette mesure, sans que les départements ne le supportent. Mais sans donner toutefois la moindre indication du montant ou de la façon de le prendre en charge. Les aides humaines intégreront aussi, désormais, la préparation des repas et la vaisselle. Rien, en revanche, sur une revalorisation des montants. Il a promu la qualité d’usage, pour développer l’accessibilité, et promis un calendrier précis pour l’accessibilité des bâtiments publics propriété de l’État. Il a invité les candidats aux élections municipales à en faire un thème de campagne.

Éducation : des engagements incantatoires ?

L’éducation a donné lieu, quant à elle, à l’énoncé d’engagements qui pourraient bien être plus incantatoires que réels. Emmanuel Macron voudrait ainsi qu’à la rentrée prochaine, plus un seul enfant ne soit sans solution (ils étaient 8 000 en 2019). Pour y parvenir, il a promis 11 500 recrutements supplémentaires d’accompagnants d’élèves en situation de handicap d’ici à 2022 et de les fidéliser en leur offrant un travail à plein-temps. Autres leviers mentionnés : la collaboration de l’Éducation nationale avec les établissements et services médico-sociaux ou un module de formation introduit à la rentrée prochaine dans le cursus des enseignants.

Une convention pour une plus grande équité territoriale

Enfin, la Conférence nationale du handicap a mis au-devant des préoccupations la mise en place d’une meilleure équité territoriale. Pour tenter de réduire les inégalités de traitement, l’État, l’Association des départements de France et les associations représentatives des personnes handicapées et gestionnaires de structures médico-sociales ont signé une convention d’engagements. Premier engagements pris ? Justement celui de faire de l’équité territoriale un « impératif d’action ». Pour la rendre opérationnelle, deux accords de méthode sont énoncés. L’un sur le fonctionnement et le pilotage des Maisons départementales des personnes handicapées, l’autre relatif à l’évolution de l’offre médico-sociale.

Des ministres du budget absents

Plus de dix ministres étaient présents et ont pris la parole lors de cette matinée. À noter cependant l’absence de ceux du budget, ou des finances, pourtant a priori, eux aussi, concernés par la concrétisation des mesures annoncées… https://youtu.be/wpXhD57RhJc

UN COMMENTAIRE

HENRY Gabrielle 11 février 2020 at 18 h 16 min Mon commentaire portera sur l’AAH qui selon l’annonce présidentielle ne sera ni transformé dans le RUA. En tant que Vice-président d’un collectif d’associations de personnes handicapées j’ai écrit au Premier ministre pour dire notre demande de maintenir l’AAH en dehors du RUA. Il nous a répondu qu’il comprenait notre demande qu’il existe un supplément Handicap au RUA et que c’est bien ce qui se fera. Mais ce n’est pas notre demande ! Donc l’AAH sera bien transformée en supplément RUA et ne sera plus l’AAH, d’autant qu’il se demande comment l’articuler : la réponse est en modeste supplément. Convention d’engagement entre Etat, départements et associations Handirect - 13 février 2020

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La convention d’engagement signée le 11 février lors de la CNH, par Sophie Cluzel, le président de l’ADF et les représentants des associations, est un accord de portée générale qui met l’accent sur la qualité de l’accompagnement a mettre en oeuvre dans la recherche de solutions et une véritable équité dans l’accès aux droits sur tout le territoire. Cet accord prévoit aussi un programme intitulé “Ma MDPH demain” ainsi qu’un futur accord de méthode sur le fonctionnement et le pilotage des MDPH.

Cette convention propose une série d’engagements destinés à faciliter et fluidifier le parcours des personnes handicapées, en particulier dans leurs relations avec les maisons départementales des personnes handicapées. Il s’agit de fluidifier les démarches administratives qui représentent aujourd’hui un obstacle quand il s’agit de faire valoir ses droits.

La convention d’engagement ne comporte ni objectif chiffré, ni indicateur de suivi, mais uniquement des engagements généraux et des “principes d’action” Le premier des grands engagements est de faire de la co-construction avec les personnes. C’est même le principe moteur de la politique du handicap. L’accord vise “une offre de service à 360°, qui répond aux parcours de vie personnalisés, modulables, évolutifs des individus et respecte leurs choix de vie. Il permettra de faire de la “pair expertise” et de l’expertise d’usage des aidants de véritables leviers d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap dans l’expérimentation de leurs nouveaux choix de vie.

Pour une véritable équité des droits Le second engagement est de rétablir l’équité dans l’accès aux droits sur tout le territoire. On peut constater aujourd’hui et ce depuis de nombreuses années des écarts très importants entre départements, dans l’attribution de doits mais aussi en termes de délais de traitement de demandes. Cette équité serait garantie par un programme intitulé “Ma MDPH demain”. Ce sont les MDPH qui seront à la fois les garantes de la simplification de l’accès aux droits, d’une haute qualité de service et de la participation effective des personnes handicapées à leur propre choix. Lors de la CNH, Emmanuel Macron a même fixé l’objectif de ramener le délai maximal de traitement des demandes à 3 mois alors que la réalité actuelle se situe entre 2 mois et 2 ans pour une même demande.

Un accompagnement quelle que soit la situation Le troisième engagement prévoit de faire de l’accompagnement à la jouissance des droits une exigence incontournable. Emmanuel Macron s’est fixé pour objectif lors de la CNH du 11 février que “les personnes ne pourront plus être laissées seules sur une liste d’attente à rechercher par elles-mêmes des solutions d’urgence, de transition et de long terme, quel que soit leur choix de vie”. Le quatrième engagement se porte sur la vigilance et la nécessaire transparence pour progresser ensemble et en confiance. Il s’agit là de “renforcer les dispositifs de recueils des signaux préoccupants quand à l’accompagnement des personnes les plus vulnérables”. Le dernier engagement quand à lui prévoit de “faire de l’expertise médicosociale le moteur d’une société de compétences”, ce qui induit le fait de faciliter le partage et la diffusion des expertises et bonnes pratiques sur le handicap.

Engagements d’actions de transparence et de traçabilité Ces engagements sont complétés par une méthode d’action commune basée sur quatre principes. Le premier relève de Lapalisse puisqu’il prévoit d'”engager chaque acteur dans le champ de sa responsabilité”, on aurait pas dit mieux. Le second plus concret défini que des “accords de méthode soutiendront et déclineront l’opérationnalité de l’accord de confiance”. Exemple, le premier accord de méthode, conclu entre l’État et l’Association des Départements de France, portera sur le fonctionnement et le pilotage des MDPH. C’est à ce niveau que pourrait si situer la demande d’Emmanuel Macron sur le délai maximum de trois mois pour le traitement des demandes. Le deuxième accord qui porte sur l’évolution de l’offre médicosociale, associera l’État, les départements, les associations et les organismes gestionnaires. Le troisième principe porte sur la manière de “garantir les conditions de réussite de la présente convention d’engagement “, ce qui se fera entre autre par une déclinaison à l’échelon départemental et une participation à la démarche des “territoires 100 % inclusifs”. Le dernier principe consiste à “prévoir la mesure de notre action et en faire une condition d’un pouvoir d’agir transparent”. Ce qui signifie que les acteurs doivent par concertation définir les “indicateurs de mesure”, qui permettront de concrétiser tous les engagements de portée générale.

Téléchargez la convention d’engagement : Convention d’engagement Etat ADF OG Dans la Vienne, l'ESAT Essor emploie une centaine de travailleurs handicapés à l'année France Bleu Poitou - Mignaloux-Beauvoir - 11 février 2020 - Par Marius Delaunay

A Mignaloux-Beauvoir près de Poitiers, l'ESAT Essor fait travailler à temps plein près de 181 personnes en situation de handicap psychique pour leur permettre de s'insérer dans le monde professionnel avec au choix plusieurs secteurs d'activité.

Une dizaine de personnes travaillent au pôle couture de l'ESAT Essor. © Radio France - Marius Delaunay

L'accès à l'emploi n'est pas toujours chose aisée, surtout pour les personnes en situation de handicap. C'est pourquoi depuis plusieurs décennies, l'Etablissement de Service et d'Aide par le Travail (ESAT) Essor, basé à Mignaloux-Beauvoir, fait travailler jusqu'à 181 personnes en situation de handicap psychique. Des personnes qui peuvent aussi bien être atteintes de troubles du comportement, de bipolarité ou encore de schizophrénie, et qui trouvent un travail au sein de l'ESAT.

Dix secteurs de métiers différents

L'ESAT fait partie intégrante du pôle médico-social du Centre hospitalier Laborit de Poitiers. Il aide donc les personnes en situation de handicap à trouver une activité professionnelle tout en les encadrant dans leurs pratiques. Au total, de la blanchisserie en passant par la menuiserie, ou encore la restauration de fauteuils, dix secteurs de métiers différents répartis en quatre pôles sont proposés.

Des conditions de travail aménagées

Même si la plupart des travailleurs sont à temps plein, leurs conditions de travail ne sont pas les mêmes que dans des entreprises dites"classiques". Leurs tâches sont bien choisies suivant leur niveau de handicap. Chaque employé bénéficie aussi d'un suivi personnel et d'une aide de la vingtaine d'encadrants de l'ESAT pour l'accompagner dans son travail.

Plusieurs passerelles

Caisses à vin, sommiers pour les lits ou encore entretien des espaces verts... Les services proposés par l'ESAT sont nombreux et s'apparentent ni plus ni moins à ceux d'une entreprise normale à la différence que l'encadrement est bien plus poussé que dans le monde du travail "classique".

Les employés, qui ont parfois déjà travaillé dans des entreprises extérieures, peuvent ensuite aussi effectuer des stages au sein de l'ESAT pour découvrir de nouveaux corps de métier mais aussi s'orienter vers des entreprises au travail adapté si leur autonomie le permet. De nouvelles mesures pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées L’Usine Nouvelle - Rh , Economie , Droit Du Travail - 11 février 2020 - Hubert Mary

A l'occasion de la cinquième Conférence nationale du handicap, organisée le 11 février à l’Elysée, de nouvelles mesures ont été prises pour l’insertion des travailleurs handicapés dans les entreprises.

Il suffira d’être reconnu travailleur handicapé pour avoir accès aux CDD "Tremplin" dans les entreprises adaptées. © Pascal Guittet

"Le taux de chômage des personnes handicapées est aujourd’hui le double de celui de la population nationale", selon les chiffres officiels du gouvernement. Ce dernier s'est emparé du sujet en lançant la stratégie "ensemble, osons l’emploi" en novembre 2019. Objectif, améliorer la situation des personnes en situation de handicap en renforçant le cadre légal.

Un référent handicap est désormais présent dans chaque entreprise de plus de 250 salariés et plus de 90 000 travailleurs handicapés sont entrés en formation en 2019 dans le cadre du plan d’investissement compétences, soit une augmentation de 15 % sur un an.

"Gagner le pari de la qualification et de l’emploi"

La méthode du gouvernement pour inclure les personnes en situation de handicap dans le monde professionnel débute par l’apprentissage. Le gouvernement souhaite atteindre l’objectif de 10 000 apprentis d’ici 2021 et d’au moins 6 % d’apprentis en situation de handicap, accueillis dans la fonction publique.

L’accent est également mis dans l’enseignement supérieur. Pour cela, le gouvernement souhaite améliorer les conditions d’études, de vie étudiante et d’insertion professionnelle. Sur le court terme, il prévoit la création d’un comité national de suivi de la politique inclusive de l’enseignement supérieur, décliné dans les territoires par un conseil académique dédié.

En ce qui concerne le milieu professionnel, les pouvoirs publics souhaitent lever les freins à l’activité professionnelle, en définissant "avant l'été les modalités du relèvement du seuil de 17,5 heures pour le cumul de l'AAH (allocation aux adultes handicapés, ndlr) avec un contrat de travail à temps partiel." Enfin, l’Etat veut simplifier l’accès aux emplois passerelles vers le milieu dit ordinaire. "A compter du 1er mars 2020, il suffira seulement d’être reconnu travailleur handicapé pour avoir accès aux CDD "Tremplin" dans les entreprises adaptées", annonce le gouvernement. De nouvelles offres pour entreprendre avec son handicap Ouest-France – Guingamp – 9 février 2020 - Fabienne MENGUY

Les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier d’un accompagnement spécifique, dans le cadre d’un projet de reprise ou de création d’entreprise. Le dispositif proposé par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) est déployé dans les Côtes-d’Armor par BGE (ex-Boutiques de gestion).

Emmanuelle Mary, directrice de BGE 22, et Delphine Mary, chargée d’étude et développement chez Agefiph Bretagne (à droite) ont présenté le dispositif aux différents prescripteurs. | Ouest-France Afficher le diaporama

« Prendre en compte le handicap dans le parcours de porteurs de projet visant la création ou la reprise d’une entreprise », tel est le dispositif qu’a présenté Delphine Mary, chargée d’étude et développement chez Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) Bretagne, jeudi matin, dans les locaux de la BGE 22 (ex-Boutique de gestion) de Guingamp. Ce dispositif, valable durant deux ans et renouvelable, sera déployé par les antennes BGE des Côtes-d’Armor.

« L’idée est d’accompagner durant tout leur parcours les personnes ayant une reconnaissance de travailleur handicapé, ou en passe de l’obtenir, projetant de créer ou de reprendre une entreprise, déroule Delphine Mary. Avec une mise en œuvre de moyens spécifiques, en fonction de la typologie du handicap ». Et d’expliquer qu’un porteur de projet pourrait, dans ce cadre, bénéficier de l’aménagement de son poste de travail, voire de son véhicule, etc.

Compenser le handicap

« Cette aide vient en complémentarité des dispositifs de droit commun : Activ’créa, par Pôle Emploi, et Pass Création de la Région, poursuit-elle. Ce qui nous importe est de mettre l’accent sur la compensation du handicap ».

En 2019, les antennes BGE des Côtes-d’Armor ont ainsi accompagné une trentaine de personnes handicapées dans leur projet de création ou de reprise d’entreprise, « sur 250 projets aboutis, pour cette dernière année », précise Emmanuelle Mary, directrice de la structure. Et la directrice espère bien que ce chiffre sera en augmentation, dans les deux années à venir.

Contact : BGE 22, tél. 02 96 21 17 75 ou [email protected] Des campagnes électorales accessibles : ce n'est pas gagné ! 10 février 2020 • Par Handicap.fr / E. Dal'Secco

A l'approche des élections municipales, où en est l'accessibilité des campagnes des candidats ? "Peau de chagrin", regrette Jérémie Boroy, président du CNCPH. Le 11 février, il appelle Emmanuel Macron à prendre des mesures concrètes!

Le 28 janvier 2020, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) et le Conseil national du numérique (CNNum) ont présenté leurs recommandations pratiques pour que les candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars puissent s'adresser, aussi, aux électeurs en situation de handicap lors des campagnes et scrutins.

Handicap.fr : Pourquoi avoir organisé cet événement ? C'était une première ? Jérémie Boroy : Oui. Parce que nous devons encore mobiliser les partis politiques et les acteurs sur l'intérêt de rendre les campagnes accessibles à tous. Il n'y avait pas de vocation revendicative mais juste un partage de « mode d'emploi » pour définir, notamment, les besoins de ce public. L'idée, c'est aussi de faire comprendre qu'il y a des choses à mettre en place dans les plus petites communes, même sans budget.

H.fr : Qui a répondu présent ? JB : Pour être franc, il y avait peu de participants car les invitations ont été lancées peu de temps avant. Nous ferons le bilan quand nous aurons relevé les compteurs de la lettre ouverte à destination des candidats.

H.fr : De quoi s'agit-il ? JB : Un mémento mis en ligne sur le site du ministère de l'Intérieur, avec, en parallèle, une lettre adressée à tous les chefs de partis.

H.fr : L'accessibilité des campagnes n'est pas obligatoire ? JB : Non, aucun candidat n'est obligé de proposer des vidéos sous-titrées, des interprètes en langue des signes lors de ses meetings, des programmes en facile à lire et à comprendre (FALC), des sites Internet et des salles accessibles… On observe quelques efforts sur des gros scrutins comme les élections présidentielles mais, disons-le clairement, cela reste insuffisant et, en 2020, on ne peut plus s'en contenter. Il y a surtout une idée qui m'est insupportable, c'est de me dire qu'un candidat serait choisi en fonction de l'accessibilité de sa campagne.

H.fr : Comment faire pour que les choses changent ? JB : Nous comptons sur la Conférence nationale du handicap le 11 février 2020 à l'Elysée, en présence d'Emmanuel Macron (article en lien ci-dessous), pour qu'il inscrive un vrai cap dans la loi et le code électoral. Quand je vois le budget consacré par la force publique aux campagnes, plusieurs dizaines de millions d'euros, je me dis qu'il justifie une meilleure accessibilité. C'est inconcevable qu'il n'y ait aucune contrepartie.

En 2014, même si c'était un autre quinquennat, un rapport a été rédigé par deux parlementaires sur l'accessibilité des campagnes électorales, avec des propositions concrètes. L'un de ses auteurs, une sénatrice, s'appelle et elle est aujourd'hui ministre de la Cohésion des territoires de ce gouvernement. Je n'ose pas imaginer que ce rapport est tombé dans les oubliettes. Alors ça aurait vraiment du sens qu'Emmanuel Macron annonce une étape nouvelle du processus électoral pour que, en vue des Présidentielles de 2022, le cadre soit posé. H.fr : Le CNCPH, dont vous êtes président depuis janvier 2020, compte-t-il mener des actions en ce sens ? JB : Oui. Après les municipales, il entend se rapprocher du Sénat, de l'Assemblée et du CESE (Conseil économique social et environnemental) pour échanger sur leur propre accessibilité afin que tous les citoyens puissent suivre les débats. L'Assemblée nationale propose un sous-titrage et une traduction en LSF pour ses questions au gouvernement mais ce n'est pas suffisant. Il y a encore beaucoup à faire, et nous devons également voir comment accompagner les parlementaires dans l'accessibilité de leur propre media, par exemple lorsqu'ils diffusent leurs interventions issues de la Chaîne parlementaire. Nous allons nous y atteler dès ce printemps…

H.fr : Les choses évoluent-elles dans le bon sens malgré tout ? JB : Franchement, pour moi qui milite depuis des années sur ce sujet, ça n'avance pas, en tout cas pas suffisamment. On observe une timide prise de conscience, on en parle, mais la traduction dans les faits est encore lente. Pour pas mal de politiques, la notion d'accessibilité reste nébuleuse. Et difficile de prendre chacun par la main pour leur dire de la mettre sur leur check-list.

En décembre 2019, dans le cadre du Comité interministériel du handicap (CIH) porté par Edouard Philippe, un manifeste pour un Etat inclusif a été diffusé ; parmi ses engagements, il y a la promesse d'une accessibilité sur tous les temps forts de la communication du gouvernement et surtout en temps réel et pas trois jours après. Encore une fois, j'espère que, ce 11 février, le président nous offrira une vraie « preuve d'amour »…

H.fr : 300 000 personnes sous tutelle peuvent désormais voter sans restriction (article en lien ci-dessous). Cette nouvelle étape peut-elle avoir un impact positif ? JB : Oui, c'est un mouvement énorme et une chance pour nous tous, tous handicaps confondus. C'est un peu le déclic qui manquait pour une vraie prise de conscience. C'est aussi pour cette raison que nous avons organisé la rencontre du 28 janvier. Le président de Nous aussi, une association de personnes handicapées mentales auto représentées, a fait un exposé très percutant qui peut marquer les esprits.

H.fr : En quoi cela peut-il changer la donne ? JB : Les candidats seront peut-être plus attentifs à ce public lorsqu'ils rédigeront leur tract, leur profession de foi ou leur site. Ils se diront qu'ils doivent être compris du plus grand nombre en évitant de laisser la simplicité des messages aux seuls candidats populistes dont c'est la marque de fabrique.

H.fr : Y a t il, sur cette question, des partis plus engagés que d'autres ? JB : Lors des élections présidentielles, en général, les plus grands partis mènent quelques actions, par exemple la LSF sur leurs gros meetings mais cela reste anecdotique et ne pose pas la question des autres handicaps dont la prise en compte est insuffisante.

H.fr : Que faire alors ? JB : On aura franchi un cap lorsque la question de l'accessibilité sera inscrite dans les manuels de marketing électoral -c'était d'ailleurs ma formation d'origine. Lorsque les communicants prendront conscience qu'ils peuvent se faire « ramasser » sur les réseaux sociaux à ce sujet, on aura gagné ! Des mesures pour améliorer la vie des personnes handicapées Le Télégramme – France - 11 février 2020

(Gonzalo Fuentes/EPA)

Davantage d’accompagnants pour la scolarisation des enfants, des places supplémentaires dans les établissements spécialisés, des garanties sur l’Allocation adultes handicapés… Emmanuel Macron a présenté, ce mardi, des mesures pour améliorer la vie des personnes handicapées.

« Les Français doivent tous se mobiliser » pour améliorer la vie des 12 millions de personnes handicapées, a déclaré ce mardi Emmanuel Macron, en annonçant une série de mesures sur la scolarisation, l’accès aux droits ou l’emploi.

« Ce que je voudrais lancer aujourd’hui, c’est véritablement un appel à la mobilisation nationale » car « le handicap ne touche pas simplement 12 millions de Français » mais « chacun d’entre nous peut y être confronté à un moment de sa vie », a déclaré le président en concluant la Conférence nationale sur le handicap (CNH).

Organisé à mi-mandat, cet événement a réuni 500 personnes à l’Élysée pour tirer un « premier bilan » des mesures décidées depuis le début du quinquennat et en prendre d’autres « que nous avons encore le temps de mettre en œuvre » d’ici à 2022, selon l’Élysée.

Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a ainsi décliné une série de décisions, sans toutefois détailler leur financement.

Davantage de postes d’accompagnants d’enfants

Il a ainsi fixé l’objectif que « plus aucun enfant » handicapé ne soit laissé « sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre ». Leur nombre a déjà été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, de 15 000 à 8 000. Mais « le vrai sujet est qu’on manque d’accompagnants » pour aider ces enfants à l’école. Pour y remédier 11 500 postes d’accompagnants supplémentaires seront créés d’ici à 2022, s’ajoutant aux 66 000 prévus à la fin de l’année.

Le président a également annoncé la mise en place d’un numéro d’appel unique (le 360) pour répondre à l’angoisse des familles et la création de 1 000 places supplémentaires dans les établissements spécialisés.

Pas de fusion de l’AAH dans le revenu universel d’activité

Emmanuel Macron a par ailleurs répondu aux inquiétudes des associations sur l’avenir de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à 1,2 million de personnes. Cette prestation ne sera « jamais transformée, diluée ou supprimée » au bénéfice du futur revenu universel d’activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs annoncé que le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, sera étendu dès l’an prochain de manière à couvrir les aides ménagères, mais aussi l’assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s’occuper de son jeune enfant. Sur le front de l’emploi, le gouvernement entend mettre l’accent sur le développement de l’apprentissage. Il a en outre souligné que la question du droit à la vie sexuelle de ces personnes ne devait « pas être un tabou dans la société ».

« C’est vous qui avez les manettes »

Avant l’intervention d’Emmanuel Macron, personnes handicapées, aidants familiaux et militants associatifs ont interpellé la douzaine de ministres présents sur la lenteur des démarches ou le manque de solutions d’accompagnement.

« On a envie de prendre notre place dans la société, mais on a besoin de vous pour faire bouger les choses, c’est vous qui avez les manettes », a résumé une femme atteinte d’un handicap visuel, jugeant « anormal » que certaines démarches prennent « quatre mois dans la Marne et deux en Seine-Saint-Denis ».

« Notre pays compte des milliers de personnes sans solutions d’accompagnement adapté », a souligné de son côté Luc Gateau, le président de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei).

Son homologue de l’APF France handicap, Alain Rochon, a réclamé des « sanctions » contre les établissements recevant du public qui rechignent à faire des travaux pour se rendre accessibles aux handicapés.

Accroître l’accessibilité des démarches en ligne

En réponse, les ministres ont reconnu que les efforts devaient encore être accentués. Le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a ainsi noté que les démarches administratives en ligne étaient encore insuffisamment accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, et a fixé un objectif de 80 % d’accessibilité d’ici à deux ans.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s’est engagée à ce que tous les discours du président et du Premier ministre soient sous-titrés et traduits en langue des signes d’ici à quelques mois.

Symboliquement, cette conférence a été programmée exactement 15 ans après l’adoption d’une loi majeure pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi, adoptée sous la présidence de Jacques Chirac, a permis une « démarche vers l’autonomie » et revêtait une « dimension symbolique », a souligné devant les invités Claude Chirac, la fille de l’ancien président, qui s’est dite « très émue ». Quinze ans plus tard, « les préjugés demeurent. Avant d’être l’affaire de l’État, c’est l’affaire de tous », a ajouté Claude Chirac.

Sous le slogan « Un droit ce n’est pas une faveur », des familles avaient prévu de manifester mardi dans une quarantaine de villes partout en France, y compris outre-mer, pour dénoncer les « défaillances du système ». Les protestataires réclament notamment que les pouvoirs publics fassent « respecter les législations déjà en vigueur ». Dossier : Handicap, un défi pour la société The Conversation - Education - 10 février 2020 - Aurélie Djavadi, Lionel Cavicchioli

Rentrée scolaire en 2016 dans un lycée de Caluire-et-Cuire (région lyonnaise), en pointe sur la question de l'inclusion. AFP/Philippe Desmazes

« Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté ». Voilà ce que proclamait en 2005 la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

Quinze ans après, la réalité du terrain correspond-elle vraiment à ces principes ? Alors qu’Emmanuel Macron doit présider ce mardi 11 février la Conférence nationale du handicap, le collectif Handicaps fédérant 47 associations pointe des inégalités persistantes au quotidien.

« Chaque jour, des enfants ne peuvent accéder à une école, des travailleurs doivent quitter leur entreprise car les logiciels utilisés ne sont pas adaptés, des personnes ne peuvent aller où elles veulent en raison de multiples obstacles », énumère-t-il dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, tandis que Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, répond que la méthode du gouvernement « porte ses fruits ».

Dans ce contexte, nous vous proposons de relire les analyses de nos auteurs sur l’école inclusive, l’accès au marché du travail et le discours sur la différence. Un recul de la recherche précieux pour comprendre que les écueils ne résident pas seulement dans les moyens mais aussi dans les mentalités.

En 2004, il y avait 37 000 élèves en situation de handicap dans le secondaire. Ils sont aujourd’hui 140 000 environ. Mais derrière les chiffres se pose la question de leur réelle intégration.

L’école inclusive peut-elle profiter à tous les élèves ?

Une école ouverte à tous, est-ce une chance pour les jeunes souffrant de handicap ? Peut-être. Mais les autres élèves peuvent aussi en tirer des bénéfices, comme le montre un panorama de la recherche.

Recherche de stage et d’emploi : faut-il révéler son handicap ?

En déclarant leur handicap, les jeunes ont droit à des aménagements de poste. Mais certains redoutent d’être stigmatisés. Le point à l’occasion de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées.

Ils sont malades de longue durée et ils travaillent

Dix millions de personnes exercent un emploi tout en étant suivies pour une affection longue durée. Un management humaniste permettrait de mieux les intégrer et serait profitable à tous les salariés.

Intégration des personnes autistes : un atout pour l’entreprise Les personnes autistes ont des qualités à part. Certaines entreprises l’ont compris, et se sont adaptées pour valoriser leur potentiel via des business models innovants, dont tout le monde sort gagnant.

Favoriser le retour au travail après un cancer ou un handicap : encore un (gros) effort

Il est plus difficile de garder son emploi après un cancer ou un handicap, ou d’en retrouver un. Les propositions des candidats à la présidentielle sont trop modestes au vu de l’ampleur du phénomène.

Comment les contes parlent de handicap aux enfants

Si la plupart des contes s’achèvent heureusement, ils abordent aussi sous couvert de merveilleux les questions de handicap et de différence qui préoccupent les enfants. Trois exemples de classiques. Douze millions de Français sont concernés par le handicap JDD - 9 février 2020 – Par Juliette Demey

La notion de handicap regroupe des pathologies variées, souvent invisibles et pas toujours diagnostiquées. Malgré de multiples dispositifs et un lourd budget consenti par l'État, l'égalité réelle visée par la loi de 2005 n'est pas atteinte.

Le handicap n'est pas forcément moteur, ni visible. (AFP)

C'est quoi, le handicap?

La loi du 11 février 2005, pose une définition large du handicap : "[…] toute limitation d'activité ou restriction à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant." Un panorama de réalités contrastées dépassant l'image emblématique des personnes en fauteuil (2% des cas). On distingue cinq familles de handicaps : moteur ; sensoriel (visuel et auditif) ; psychique (pathologies psychiatriques ou perturbant la personnalité) ; déficience intellectuelle ; maladies invalidantes temporaires, évolutives ou permanentes (pathologies respiratoires, digestives, parasitaires ou infectieuses). Cela inclut aussi bien l'asthme, le diabète, le sida ou le cancer que les troubles musculosquelettiques. …

Qui est concerné?

Le handicap touche environ 12 millions de Français, mais la moitié seulement s'en déclareraient porteurs. Une personne sur deux pourra y être confrontée dans sa vie, par exemple à la suite d'un accident, d'une maladie ou d'une blessure. Un chiffre en hausse, notamment à cause du vieillissement et de progrès dans le dépistage. Une grande majorité (80 %) de ces handicaps sont dits "invisibles". Les personnes qui en souffrent rechignent à les révéler : crainte de l'isolement, de la stigmatisation, méconnaissance du cadre professionnel… D'autre part, l'accès au diagnostic, sésame pour réclamer une reconnaissance et obtenir une aide adaptée, reste inégal. Ce que déplore la Fédération française des dys (qui défend les personnes atteintes de troubles cognitifs spécifiques comme la dyspraxie, la dyslexie, la dyscalculie…) : 6 à 8% de Français en seraient atteints.

Quels sont les droits ?

Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) étudient les demandes de reconnaissance et calculent les droits, versés aux bénéficiaires par financements croisés entre État et collectivités. La majorité des 4,6 millions de personnes concernées âgées de moins de 60 ans vit sans aucune aide ni compensation. On compte 1,195 million de bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé (AAH) en 2018. Ce revenu mensuel de 900 euros pour une personne seule est accordé sur justification d'un taux d'incapacité permanente de 50 % minimum et selon des critères d'âge, de ressources et de résidence. Son coût global a bondi de 70% en dix ans. D'autres aides s'ajoutent, comme la prestation de compensation du handicap (PCH), accordée à près de 300.000 personnes. Elle couvre des dépenses liées à la vie courante et sociale, tel l'aménagement du logement ou de la voiture. Que se passe-t-il au travail et à l'école?

Au travail, les entreprises de plus de 20 salariés doivent compter au moins 6 % de personnes handicapées. En 2017, ce taux plafonnait à 3,4 % dans le privé et 5,2% dans le public. Faute de remplir cette obligation, les entreprises versent une contribution à l'Agefiph, l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées. En 2018, près de 450 millions d'euros ont ainsi été collectés. Ces sommes financent des aménagements de postes, des formations et des accompagnements pour les personnes ayant obtenu la reconnaissance professionnelle du handicap. Depuis janvier, les entreprises de moins de 20 salariés doivent aussi respecter cette obligation, mais sans encourir de pénalité. À l'école, 272 000 jeunes perçoivent l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH, au minimum de 132,21 euros mensuels) destinée aux moins de 20 ans. À cette aide peut s'ajouter un complément selon les besoins spécifiques et le taux d'incapacité. Aujourd'hui, 380 000 enfants et adolescents sont scolarisés. La MDPH peut leur attribuer des accompagnants (AESH, ex-auxiliaires de vie scolaire) en classe et sur le temps périscolaire. Mais le manque de personnel est criant, et l'aide souvent limitée à quelques heures par semaine. À la rentrée 2019, 4% des élèves concernés n'avaient aucun accompagnant.

Pourquoi ça coince?

L'État consacre chaque année plus de 46,6 milliards d'euros au sujet. Néanmoins 2 millions de personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté. "Nombre de droits restent des droits formels dont l'effectivité n'est pas assurée", concluaient le député Adrien Taquet (devenu secrétaire d'État) et le conseiller du Cese Jean-François Serres dans un rapport en 2018. "Le système global de prestations […] est marqué d'une complexité probablement sans égal dans l'univers administratif français". Délais inégaux selon les territoires, acronymes barbares, empilement de dispositifs, multiplicité d'acteurs… Un système "illisible", résumaient-ils. Emmanuel Macron n’a pas totalement convaincu le monde du handicap Ouest-France – Handicaps – 13 février 2020 - Laetitia HÉLARY

Ecole, diagnostic, allocation, retraite… Le président de la République a fait des annonces mardi 11 février, à mi-mandat, lors d’une conférence nationale sur le handicap, qui touche 12 millions de Français. Certaines mesures sont appréciées, mais toutes les associations ne sont pas convaincues que le quotidien des handicapés va en être amélioré.

En France, douze millions de personnes sont en situation de handicap. | Getty Images, Istockphoto

« Le chemin n’est pas terminé », a admis ce mardi 11 février 2020 Emmanuel Macron concernant l’amélioration de la vie des 12 millions de personnes handicapées en France. Devant 500 personnes (associations, chefs d’entreprises, élus…) invitées à l’Élysée pour cette conférence nationale sur le handicap, il a salué les actions engagées par son gouvernement et annoncé une série de mesures applicables d’ici la fin de son mandat.

Aucun élève sans solution

C’était déjà la promesse du gouvernement à la rentrée 2019, or 8 000 enfants n’avaient pas d’accompagnant pour leur scolarité (AESH) à la rentrée dernière (contre 15 000 en 2018). Il n’empêche. Emmanuel Macron a redit ce mardi qu’« aucun enfant ne sera sans solution de scolarisation en septembre prochain. Le 8 000 doit passer à zéro. On ne doit rien lâcher . ». Il a ainsi annoncé l’embauche de 11 500 AESH supplémentaires d’ici à 2022 et « un contrat digne » pour ces professionnels trop souvent à temps partiel et payés au Smic. « Nous devons travailler à leur stabilisation pour leur donner au moins 35 heures par semaine. » Jusque-là inexistant, un module sur le handicap sera aussi intégré dans la formation initiale des professeurs de l’Éducation nationale dès septembre.

Elargir le diagnostic de l’autisme et des troubles du comportement

Existant pour les enfants de moins de 6 ans, le forfait précoce du diagnostic de l’autisme et de sa prise en charge (ergothérapeute, psychologue…), sans reste à charge pour les familles, sera étendu aux enfants jusqu’à 12 ans et aux troubles dys (dyslexie, dyspraxie…) à compter de 2021. Une maison de l’autisme, lieu de ressources pour les familles et les professionnels, sera aussi créée.

Un numéro unique

Pour éviter la « montagne administrative » et « l’errance de guichet en guichet », un numéro de téléphone (le 360) dédié à l’appui des adultes et enfants handicapés sera mis en place en 2021. Il sera relayé par 400 équipes locales qui seront créées d’ici à 2022. Emmanuel Macron, conscient qu’il y a « trop de différences » selon les départements, souhaite aussi associer les Maisons France service, afin de définir un lieu unique d’accès. Concernant, le temps de traitement des dossiers, très variables selon les territoires (de 2 à 8 mois pour une réponse de l’AAH), le Président a affirmé qu’au 1er janvier 2021, « aucune demande ne doit être traitée en plus de trois mois ». Pour Jean-Luc Duval, du collectif Citoyen handicap (celui qui monte dans les grues pour réclamer des accompagnants scolaires), ces mesures ne changeront rien au quotidien des personnes handicapées. Il ne croit pas au numéro unique : Nous avons l’habitude de ceux qui ne répondent plus : Aide handicap école, ceux des maisons du handicap… 1 000 places supplémentaires

Afin d’éviter les exils vers la Belgique, 1 000 places supplémentaires seront créées dans les établissements spécialisés dans trois régions prioritaires (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est), en plus des 2 500 places déjà programmées pour 2021-2022 sur tout le territoire. Son objectif ? Il ne souhaite « d’ici fin 2021, plus un départ contraint vers l’étranger » et veut permettre des retours vers la France.

Pas touche à l’allocation adulte handicapée

Le président a affirmé clairement que l’allocation adulte handicapée (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne serait pas « diluée » dans le futur revenu universel d’activité (RUA). Le RUA doit fusionner plusieurs allocations : RSA, prime d’activité, allocations logement. Une réponse à l’inquiétude d’associations qui avaient claqué la porte des négociations sur le RUA, la semaine dernière, pour marquer leur refus de voir l’AAH intégrée dans ce dispositif. Cette clarification sur l’AAH a été saluée par Alain Rochon, de l’APF France handicap, qui pointe toutefois l’absence de chiffre sur les financements.

Pari sur l’apprentissage

D’ici à 2021, 10 000 places en apprentissage seront réservées aux personnes handicapées. L’idée est d’atteindre le cap de 6 % de recrutement de personnes handicapées. Aujourd’hui, il n’est qu’à 3,5 %.

Retraite anticipée garantie

Dans le cadre du système universel, la retraite anticipée à partir de 55 ans sera simplifiée pour les travailleurs handicapés, qui pourront bénéficier d’une bonification de points. Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable à une retraite progressive dès 55 ans pour les travailleurs handicapés et à une majoration spécifique pour la retraite des parents d’enfants handicapés. Enfin, les congés de proches aidants ouvriront des droits.

Réactions : des satisfactions et des déceptions

Regroupant 48 associations, le collectif Handicaps a salué l’humilité dans le bilan des actions passées et des engagements qui répondent pour certaines d’entre elles aux attentes. Néanmoins, il pointe le manque de débats. On a beaucoup entendu parler les ministres et les associations étaient juste là pour applaudir, regrette Jean-Louis Garcia, président de l’APAJH, premier mouvement regroupant tous les handicaps. Dénonçant des discussions difficiles avec la secrétaire d’État Sophie Cluzel et son mépris, il est satisfait du discours ferme et engagé du Président.

Cependant davantage de mesures concrètes étaient sans doute attendues. Marie-Jeanne Richard, présidente de l’UNAFAM (Union de familles de handicapés psychiques), est en colère. Elle déplore que lors de la conférence, il n’y ait pas eu un mot sur le handicap psychique, qui touche trois millions de personnes. Il est grand temps de rendre visible le handicap lié aux troubles bipolaires, aux troubles obsessionnels compulsifs, à la schizophrénie… Emmanuel Macron rassure les associations sur le futur revenu universel Ouest-France avec AFP - 11 février 2020 -

Emmanuel Macron a assuré, ce mardi 11 février, que l’allocation aux adultes handicapées (AAH) ne serait pas diluée dans le revenu universel d’activité (RUA).

Emmanuel Macron, ce mardi 11 février. | EPA-EFE/Gonzalo Fuentes / Pool

L’allocation aux adultes handicapés (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne sera jamais transformée, diluée ou supprimée au bénéfice du futur revenu universel d’activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a affirmé ce mardi 11 février Emmanuel Macron, répondant ainsi aux inquiétudes des associations.

Rassurer les associations

L’objectif de la concertation actuellement menée par le gouvernement pour dessiner les contours du futur RUA n’est pas de remplacer l’allocation adultes handicapés ou de la diluer dans le revenu universel d’activité, a affirmé le chef de l’État lors d’un discours à l’Élysée, à l’occasion de la Conférence nationale du handicap. Je vais être ici très clair, ça n’arrivera pas. Et donc l’allocation adultes handicapés demeurera, a insisté le président.

Quatre associations de défense des personnes handicapées avaient claqué la porte la semaine dernière de la concertation gouvernementale sur le RUA, pour marquer leur refus de voir l’AAH intégrée dans ce dispositif.

Le RUA, qui pourrait concerner près de 15 millions de personnes à l’horizon 2023, doit intégrer au minimum les actuels RSA, prime d’activité et allocations logement. Mais aussi, potentiellement, d’autres prestations, parmi lesquelles le minimum vieillesse et l’AAH, selon les hypothèses évoquées jusqu’à présent par le gouvernement.

Désormais, il est très important que l’ensemble des associations soient présentes autour de la table pour définir le RUA, car il touche aussi des personnes en situation de handicap qui ne sont pas forcément à l’AAH mais ont une activité adaptée, partielle, et il faut qu’on prenne en compte leur situation quand on définit le RUA, a encore détaillé le président.

Je souhaite que (les associations) reviennent à la table, mais avec un principe ici posé officiellement et clairement : jamais l’AAH ne sera transformée, diluée ou supprimée au bénéfice du RUA, a-t-il ajouté.

Le président de l’association APF France Handicap, Alain Rochon, s’est félicité de cette clarification. Le discours est parfaitement clair, je pense que les éléments sont réunis […] pour revenir à la table des négociations sur cette base, a-t-il commenté.

Conférence nationale du handicap. Macron promet des solutions de scolarisation pour les enfants Ouest-France avec AFP - 11 février 2020 Emmanuel Macron présidait la conférence nationale du handicap. Le chef de l’État a notamment promis qu’il n’y aurait plus d’enfants handicapés sans solution de scolarisation en septembre.

Il ne faudra plus aucun enfant handicapé sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre, a déclaré mardi Emmanuel Macron, en annonçant l’embauche de 11 500 accompagnants d’ici 2022.

Nous ne devons jamais nous habituer à ce que des enfants en situation de handicap soient privés de la chance d’aller à l’école, de la joie d’apprendre et du bonheur de tisser des liens, a dit le chef de l’État en concluant la Conférence nationale sur le handicap à l’Élysée, en présence de 500 acteurs du secteur.

Il a pour cela fixé l’objectif qu’aucun enfant sans solution de scolarisation ne puisse encore exister au mois de septembre prochain.

« Manque d’accompagnants »

Selon lui, le nombre d’enfants qui étaient en attente d’un accompagnant a été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, de 15 000 à 8 000 mais on doit réussir à tomber à zéro.

Le vrai sujet est qu’on manque d’accompagnants pour aider ces enfants à l’école, a-t-il regretté. Leur nombre a pourtant progressé de 55 000 en 2017 à 66 000 à la fin de l’année 2020, mais un trop grand nombre d’entre eux travaillent à temps partiel.

Il a indiqué que 11 500 postes d’accompagnants supplémentaires seraient créés d’ici la fin du quinquennat en 2022. Accompagné de son épouse Brigitte, très impliquée sur le dossier du handicap, Emmanuel Macron a souligné que la politique du gouvernement était basée sur une philosophie nouvelle qui considère les personnes handicapées comme des citoyens à part entière, qui ont droit à une vie de dignité, une vie de liberté, une vie comme les autres au milieu des autres.

Un numéro d’appel, le 360, pour répondre à l’angoisse des familles

Un numéro d’appel unique, le 360, sera mis en place pour répondre à l’angoisse des familles. 1 000 places supplémentaires dans les établissements spécialisés vont être également créées.

Emmanuel Macron a par ailleurs répondu aux inquiétudes des associations sur l’avenir de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à 1,2 million de personnes. Cette prestation ne sera jamais transformée, diluée ou supprimée au bénéfice du futur revenu universel d’activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs annoncé que le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, sera étendu dès l’an prochain de manière à couvrir les aides ménagères, mais aussi l’assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s’occuper de son jeune enfant.

Sur le front de l’emploi, le gouvernement entend mettre l’accent sur le développement de l’apprentissage. Il a en outre souligné que la question du droit à la vie sexuelle de ces personnes ne devait pas être un tabou dans la société.

« C’est vous qui avez les manettes »

Avant l’intervention d’Emmanuel Macron, personnes handicapées, aidants familiaux et militants associatifs ont interpellé la douzaine de ministres présents sur la lenteur des démarches ou le manque de solutions d’accompagnement.

On a envie de prendre notre place dans la société, mais on a besoin de vous pour faire bouger les choses, c’est vous qui avez les manettes, a résumé une femme atteinte d’un handicap visuel, jugeant anormal que certaines démarches prennent quatre mois dans La Marne et deux en Seine-Saint-Denis.

Notre pays compte des milliers de personnes sans solutions d’accompagnement adapté, a souligné de son côté Luc Gateau, le président de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei). Son homologue de l’APF France handicap, Alain Rochon, a réclamé des sanctions contre les établissements recevant du public qui rechignent à faire des travaux pour se rendre accessibles aux handicapés. En réponse, les ministres ont reconnu que les efforts devaient encore être accentués.

Un objectif de 80 % d’accessibilité aux personnes aveugles ou malvoyantes d’ici 2022

Le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a ainsi noté que les démarches administratives en ligne étaient encore insuffisamment accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, et a fixé un objectif de 80 % d’accessibilité d’ici à deux ans.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s’est engagée à ce que tous les discours du président et du Premier ministre soient sous-titrés et traduits en langue des signes d’ici à quelques mois. Symboliquement, cette conférence a été programmée exactement 15 ans après l’adoption d’une loi majeure pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi, adoptée sous la présidence de Jacques Chirac, a permis une démarche vers l’autonomie et revêtait une dimension symbolique, a souligné devant les invités Claude Chirac, la fille de l’ancien président, qui s’est dite très émue.

Quinze ans plus tard, les préjugés demeurent. Avant d’être l’affaire de l’État, c’est l’affaire de tous, a ajouté Claude Chirac.

Sous le slogan Un droit ce n’est pas une faveur, des familles avaient prévu de manifester mardi dans une quarantaine de villes partout en France, y compris outre-mer, pour dénoncer les défaillances du système. Les protestataires réclament notamment que les pouvoirs publics fassent respecter les législations déjà en vigueur. Emmanuel Macron sort l’AAH du RUA Faire Face – 13 février 2020 - Franck Seuret

En décidant de ne pas mettre l'AAH dans le panier commun du RUA, Emmanuel Macron reconnaît la spécificité de cette allocation.

Emmanuel Macron l’a assuré en clôturant la Conférence nationale du handicap, le 11 février : « Jamais l’allocation adulte handicapé ne sera transformée, diluée, supprimée au bénéfice du revenu universel d’activité ». Un engagement qui rassure… mais ne clôt pas le débat sur l’insuffisance des ressources des personnes handicapées. Il n’aura pas fallu attendre la fin de la concertation sur le revenu universel d’activité (RUA) pour savoir si, oui ou non, il allait intégrer l’allocation adulte handicapé (AAH). Dans son discours de clôture de la Conférence nationale du handicap, Emmanuel Macron a mis fin au suspens.

« L’AAH demeurera »

« Quand j’ai proposé de mettre en place le revenu universel d’activité, je n’ai jamais parlé de l’allocation adulte handicapé. L’objectif assigné et poursuivi n’est pas de remplacer l’allocation adulte handicapé ou de la diluer dans le revenu universel d’activité. Je vais être ici très clair : ça n’arrivera pas. Et donc l’allocation adulte handicapé (…) demeurera. Cela n’est pas une situation transitoire, ce n’est pas une situation d’activité. (…) Jamais l’allocation adulte handicapé ne sera transformée, diluée, supprimée au bénéfice du revenu universel d’activité ».

Toutes les options étaient sur la table

Le changement de ton est radical. Car, jusqu’à présent, ministres, secrétaires d’État et autres personnes en charge du dossier assuraient que toutes les options étaient sur la table : intégrer l’AAH ou la laisser en dehors du RUA. Et que la décision ne serait prise qu’à l’issue de la concertation menée depuis juin 2019. Mais tout laissait penser que l’idée de l’intégration avait la faveur des décideurs.

Quatre associations avaient quitté la concertation…

La semaine dernière, quatre grandes associations de personnes handicapées – l’Apajh, APF France handicap, l’Unafam et l’Unapei – avaient d’ailleurs annoncé qu’elles quittaient la table des discussions. Elles dénonçaient « un simulacre de concertation ». Leur coup de pression semble avoir été payant, à en croire la clarification opérée par le président de la République.

…Emmanuel Macron les invite à revenir

« Je souhaite que ces associations reviennent à la table », a-t-il d’ailleurs ajouté. Mais les objectifs de la concertation seront, cette fois, différents. « Le revenu universel d’activité touche aussi des personnes en situation de handicap qui ne sont pas forcément à l’allocation adulte handicapé mais ont une activité adaptée, partielle. Et il faut qu’on prenne en compte leur situation quand on définit le revenu universel d’activité ».

La revendication d’un revenu d’existence individuel

« Le cadre de discussion qu’il nous propose n’est plus le même qu’auparavant, se félicite Marie-Jeanne Richard, la présidente de l’Unafam. Il n’est plus question de voir comment faire rentrer l’AAH dans le RUA puisqu’il a écarté cette idée ». « Nous nous réjouissons de cet engagement présidentiel, ajoute Pascale Ribes, administratrice d’APF France handicap. Cela apporte un point final au débat sur l’intégration de l’AAH au RUA mais pas à l’insuffisance des ressources. Nous réclamons de longue date un revenu d’existence individuel afin que les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladie invalidante puissent vivre dignement. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».

Le président reconnaît l’insuffisance des ressources

Emmanuel Macron l’a d’ailleurs reconnu dans son discours. « Le chemin n’est pas terminé parce qu’on reste sous le seuil de pauvreté. Je le dis à tous ceux qui expliquent qu’on a été trop loin ou qu’on dépense trop d’argent pour ces allocations. On reste sous le seuil de pauvreté, qu’on ne se trompe pas. Donc c’est de continuer à aller sur le chemin de l’allocation digne pour toutes les personnes en situation de handicap ».

Une journée de mobilisation le 5 mars

« C’est bien de le reconnaître mais nous voulons des actes », insiste Pascale Ribes. APF France handicap prend donc le Président au mot et maintient son appel à une journée de mobilisation, le 5 mars. Parce que l’AAH n’est pas assez élevée. Que son montant se calcule en incluant les ressources du conjoint. Que de nombreuses pensions d’invalidité sont dérisoires. Bref, que les personnes handicapées sont plus exposées à la pauvreté, comme l’a montré l’Insee. Le mot d’ordre : « Pouvoir vivre dignement, c’est la base ! » Emmanuel, parent d'un enfant handicapé : "La proposition de Macron est irréelle !" RMC – 12 février 2020

Emmanuel Macron a promis que tous les enfants handicapés pourront être scolarisés dès la rentrée de septembre. Une annonce qui fait réagir Emmanuel, auditeur des GG et parent d'un enfant handicapé. https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/emmanuel-parent-d-un-enfant-handicape-la-proposition-de- macron-est-irreelle-1222140.html

Les " Grandes Gueules ", le show animé par Alain Marschall et Olivier Truchot qui vous parle et qui parle de vous ! Agriculteur, avocat, cheminot… Les 16 «Grandes Gueules », toutes représentatives de la diversité de la société française, n’ont jamais peur de défendre leurs idées. Entre débats animés, accrochages et éclats de rires : trois heures de talk-show pour parler, décrypter et débattre de l’actualité et des véritables préoccupations des Français. De 9h à 12h sur RMC et en simultané sur RMC Story. Être handicapé n’est pas une faute Le Télégramme – Quimper – 11 février 2020

Les aidants rassemblés, mardi matin, pensent déjà à d’autres actions à mener sur le territoire. (Le Télégramme/Léa Gaumer)

Mardi matin, une quinzaine de personnes venues de tout le département a répondu à l’appel au rassemblement lancé par Sophie Ménard, mère d’un enfant handicapé. Ils se sont retrouvés devant la Maison des personnes handicapées 29, à Quimper. Une initiative qui a essaimé dans 30 départements aux quatre coins du pays.

Sophie Ménard n’a plus le temps de lire. À 52 ans, celle qui aimait à dévorer ses six mètres linéaires de livres est bien trop fatiguée pour ouvrir un bouquin, lorsque vient la fin de sa journée. Depuis quelque temps, elle traîne un mal de dos persistant. Cheveux grisonnants sobrement attachés en chignon, les traits un peu tirés, la maman de Loig est à l’origine du rassemblement finistérien organisé devant la Maison des personnes handicapées (MDPH), mardi matin. Une date qui n’a pas été choisie au hasard par le collectif de familles qui s’est constitué pour appeler à un grand rassemblement à l’échelle du pays, puisqu’elle marque le quinzième anniversaire de la loi Handicap et la tenue de la Conférence nationale du handicap.

« Nous sommes des invisibles désabusés. On nous prête de l’attention seulement pour de la récupération immédiate ».

Loig a 16 ans. Il est polyhandicapé et présente des troubles autistiques . Scolarisé jusqu’à l’âge de 6 ans, il n’a pu poursuivre son cursus scolaire faute de mesures adaptées. Aujourd’hui, c’est Sophie qui l’accompagne au quotidien. Excédée, cette dernière souhaite passer un coup de gueule, « pas contre la MDPH mais contre le système qui nous égorge tous ». « Nous sommes des invisibles désabusés. On nous prête de l’attention seulement pour de la récupération immédiate ». La volonté de cette mère courage ? Sortir de l’anonymat et rompre avec une solitude « renforcée par les difficultés administratives et d’intégration sociale ». « On demande juste le droit pour nos enfants d’exister, d’être des citoyens comme les autres. Arrêtons de faire croire que le handicap ne touche que les autres », martèle-t-elle en jetant un œil attendri à Loig, parti en vadrouille quelques mètres plus loin.

Un cahier de doléances remis à la direction de la MDPH

À ses côtés fleurissent chasubles jaunes et pancartes, qui crient la colère de leur propriétaire : « Être handicapé n’est pas une faute ! », « Tout doit disparaître : handicapés, chômeurs, retraités ». Les griefs fusent. Contre un manque de moyens alloués par l’État - « Le Conseil départemental se voit forcer de jongler avec des budgets qui ne sont pas extensibles », observe une aidante -, des délais de traitement trop longs, un suivi jugé « purement administratif et pas du tout humain ». « Que des gratte-papier », murmure-t-on dans les rangs. « Les dossiers sont étudiés trop vite donc forcément, le suivi n’est pas à la hauteur ». Alors, lorsque la direction de la MDPH du Finistère, venue spontanément à la rencontre des aidants, estime à 60 000 le nombre de demandes à traiter par an, un soupir parcourt l’assemblée. Un cahier de doléances de 29 pages, composé de 25 témoignages de mamans venues des quatre coins du Finistère, a d’ailleurs été remis à la directrice adjointe de l’établissement, en préambule du rassemblement.

D’autres actions - « toujours pacifiques » - sont d’ores et déjà prévues par le collectif. « Nous sommes tous solidaires. Et ça fait plaisir de voir qu’il nous reste encore un peu d’énergie », sourit Sophie, ravie de l’engouement suscité. Françoise et Philippe, le sport les rend plus forts Le Télégramme – Briec – 9 février 2020

Françoise Le Grand et Philippe Stervinou ont été mis à l’honneur à l’occasion Trophées du Sport Adapté 2020, qui se sont déroulés samedi, à Quimper.

Françoise Le Grand et Philippe Stervinou, qui travaillent au sein de l’Établissement Service d’Aide par le Travail de Briec, ont été mis à l’honneur ce week-end. Non pas pour leur implication au travail mais pour leurs exploits sportifs !

Quelques sportifs de l’Esat de Briec ont pris part, samedi 8 février, à l’assemblée générale du comité départemental de sport adapté 2020, à la Maison des sports de Ty Nay, à Quimper. Quatre sportifs ont été mis à l’honneur et ont reçu les Trophées du sport adapté 2020, parmi lesquels Françoise Le Grand et Philippe Stervinou, qui s’entraînent dans les rangs de l’Association de sport et de loisirs de Briec.

Athlétisme, basket, football, tennis de table, tennis, et pétanque

Françoise Le Grand, petit bout de femme de 55 ans, commence le sport à l’IME de Briec. Après un détour par l’Esat de Châteaulin, elle arrive à l’Esat de Briec en 1997. Le sport tient toujours une grande place dans son emploi du temps. Et elle ne fait pas semblant, elle donne tout, au point pour ses coaches de parfois devoir la tempérer. C’est ainsi, qu’en 23 ans au sein de l’Association de sport et de loisirs de Briec, elle a pratiqué une multitude de sports : natation, athlétisme, basket, un peu de football, du tennis de table et du tennis, et son coup de cœur : la pétanque, qui est devenue sa discipline de prédilection. Régulièrement médaillée, Françoise a notamment été Championne Fédérale 2013 en lancer de poids D3. Aujourd’hui, l’âge et la fatigue la contraignant à refréner ses ardeurs, elle se concentre davantage sur la pétanque, la marche, les activités motrices et, de temps en temps, la natation. Mais une chose est certaine, elle a encore de belles heures d’activités physiques devant elle ! « Qui gagne, qui perd, on s’en fiche ! »

Philippe Stervinou, quant à lui, est à l’Esat de Briec depuis son arrivée en 1986. Il a adhéré immédiatement à l’Association de sport et loisirs briécoise. En 34 ans, son palmarès est aussi impressionnant que celui de Françoise. Il a pratiqué le cyclotourisme, le judo, le football, le basket, la natation, le tennis de table, le tennis, la pétanque, l’athlétisme et l’équitation, rien que ça ! Aujourd’hui âgé de 54 ans, Philippe pratique toujours l’équitation, le tennis de table et la pétanque, et participe aux défis natation et aux activités motrices dès qu’il le peut. On ne compte plus les titres qu’il a décrochés : plusieurs fois Champion du Finistère et de Bretagne vétéran D3 en tennis de table, Champion de Bretagne vétéran D2 en brasse et nage libre 50 m. Mais aussi en pétanque, avec une qualification au prochain Championnat de France. à la fois compétiteur et philosophe, sa devise : « Qui gagne, qui perd, on s’en fiche ! ». Handicap : cacophonie à l'Assemblée dans la majorité valeursactuelles.com -14 février 2020

L’opposition a réussi à adopter des dispositions sur les personnes handicapées à l’Assemblée nationale malgré l’avis défavorable du gouvernement. Fautes d’élus LREM.

Un imbroglio de plus dans le camp de la majorité. Après le congé de deuil parental, la circulaire Castaner, le rétropédalage de dans l’affaire Mila et les accusations d’amateurisme, les députés LREM accusent un nouveau revers cette fois-ci à l’Assemblée, rapporte le Huffington Post. Une proposition de loi du groupe Libertés et Territoires (centre gauche et droit) sur le quotidien des personnes en situation de handicap a été adoptée contre l’avis du gouvernement. Une proposition de loi qui comporte « diverses mesures de justice sociale ».

Ainsi, sur les six articles proposés, quatre ont été adoptés. Une situation rendue possible par le manque d’élus de la majorité présents à l’Assemblée. Adopté à 44 voix contre 31, le texte fait évoluer l’allocation Adulte Handicapé. Car sur les 35 élus du groupe de la majorité, seul 28 ont suivi la position de l’exécutif alors que quatre ont rejoint l’opposition et trois se sont abstenus. LCI précise que les députés UDI-Agir et une élue MoDem ont apporté leur soutien à la proposition. La suspension de séance demandée par la majorité n’aura pas été d’une grande utilité.

L’opposition unie

Le gouvernement qui s’était opposé aux mesures avait mis en avant un problème de timing. « Je voudrais dire que je souhaiterai pouvoir concerter avec les départements, chefs de file des politiques de solidarité. C’est ainsi que depuis deux ans et demi nous avons travaillé », avait mis en avant Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, qui avait plaidé pour « prendre vraiment les bonnes décisions » sur le sujet.

Les mesures qui prévoyaient la suppression de la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’Allocation pour adulte handicapé ou le relèvement de l’âge maximum pour bénéficier de la prestation de compensation de handicap à 65 ans au lieu de 60 ans avaient réussi à rassembler toute l’opposition. De Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Valérie Rabault (Parti socialiste), en passant par Aurélien Pradié (LR). Ce dernier qui a d’ailleurs déploré « une majorité qui n’apprenait pas de ses erreurs ». Avant son adoption, reste à faire valider le texte au Sénat, une procédure qui prendra encore un peu de temps. Handicap : ce qu'il faut retenir des solutions proposées par Emmanuel Macron Par LEXPRESS.fr avec AFP – 11 février 2020

Le président de la République a annoncé notamment la création de postes d'accompagnants pour les enfants.

Les objectifs sont fixés, encore faudra-t-il les tenir... Emmanuel Macron a développé ce mardi, à l'occasion de l'ouverture de la conférence nationale sur le handicap, ses solutions pour améliorer la situation des personnes en situation de handicap en France, qui faisaient partie de ses priorités du quinquennat lors de sa campagne. Environ douze millions de Français sont dans cette situation et réclament une vie comme les autres citoyens.

Le président répond aux besoins en trois objectifs : "plus aucun enfant sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre" ; "d'ici à 2021, aucune personne, enfant comme adulte, laissée seule dans la recherche de sa solution" ; "permettre à chacun de vivre une vie digne et libre".

Scolarisation des enfants

Ces trois objectifs se déclinent en annonces précises, à commencer, donc, par la scolarisation des enfants en situation de handicap. "Le nombre d'enfants en attente d'un accompagnant a été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, de 15 000 à 8000" sur 360 000 élèves en situation de handicap, selon le chef de l'État, qui prévoit alors la création de 11 500 postes d'accompagnants d'ici 2022 pour y remédier.

Il a ainsi fixé l'objectif "qu'aucun enfant sans solution de scolarisation ne puisse encore exister au mois de septembre prochain". "Nous ne devons jamais nous habituer à ce que des enfants en situation de handicap soient privés de la chance d'aller à l'école, de la joie d'apprendre et du bonheur de tisser des liens", a dit le chef de l'État. De plus, Emmanuel Macron annonce la création d'un "module handicap dans la formation initiale de professeurs des écoles et des enseignants du secondaire".

A propos des enfants atteints d'autisme, le président de la République souhaite étendre le "forfait diagnostic et intervention relatif à l'autisme" aux 7 à 12 ans, actuellement prévu pour les enfants de 0 à 6 ans, dès le 1er janvier 2021. Une mesure qui devrait permettre de mieux détecter l'autisme.

Un numéro unique pour accompagner

Une autre nouveauté, c'est la création d'un numéro national unique, le 360, à partir du 1er janvier 2021. Il permettra d'accompagner les personnes qui souhaitent une place en établissement spécialisé ou pour une aide scolaire. "400 communautés d'accompagnement qui se coordonneront pour trouver des solutions", précise le président, pour "faire en sorte que d'ici 2021, aucune personne en situation de handicap, enfant comme adulte, soit laissée seule dans sa recherche de solution".

En ce qui concerne les établissements spécialisés, le manque de place est un réel problème aujourd'hui et conduit au départ de nombreuses personnes notamment en Belgique. C'est pourquoi Emmanuel Macron prend l'engagement de la création de 1000 emplacements entre 2021 et 2022 en plus des 2500 créations déjà promises. Le Monde ajoute que 2500 places dans des structures intermédiaires sont aussi prévues, pour arriver, au total, à 6000 places supplémentaires d'ici 2022.

Une vie digne, notamment via une aide financière

"Le troisième objectif, c'est de permettre à chacune et chacun de vivre une vie digne, une vie libre", a-t-il déclaré. Emmanuel Macron souhaite alors un traitement plus rapide de l'allocation handicapée qui, au 1er janvier prochain, n'excédera pas les trois mois. Il souhaite aussi "poursuivre le chemin vers une allocation digne", sans donner davantage de précisions.

Le droit à être parent sera d'autre part assuré au début 2021, avec "une aide humaine et des aides techniques nécessaires aux parents en situation de handicap d'enfants âgés de 0 à 7 ans intégrée à la compensation". Emmanuel Macron a abordé aussi la situation des proches aidants dont il compte "reconnaître la part d'activité" et leur accorder des congés. "C'est de la dignité, ça ne doit pas être un tabou", a-t-il commenté en évoquant la sexualité des personnes en situation de handicap, sans trancher sur la question des assistants de vie sexuelle.

Il a conclu en abordant le sujet du vieillissement des personnes handicapées et leur accueil en Ehpad pas toujours adapté. "Il faut lancer une réflexion profonde sur le vieillissement des personnes en situation de handicap", a encore déclaré le chef de l'État.

LIRE NOTRE DOSSIER COMPLET Handicap et discriminations : Assistants de vie sexuelle pour handicapés : pourquoi ça bloque en France Handicap: Sophie Cluzel "favorable" à des "assistants de vie sexuelle" Loi handicap: quinze ans après, l'amer bilan Handicap : Le décalage entre l’ambition et la réalité est aujourd’hui énorme La Voix du Nord – Lille – 10 février 2020 - Julien Lécuyer

Jean-Louis Garcia, président de la fédération APAJH (Association pour adultes et jeunes handicapés, qui représente 14 000 salariés et 700 structures), estime nécessaire que le gouvernement s’attache à des mesures concrètes plutôt qu’à « des gadgets » tels que le numéro unique.

Jean-Louis Garcia, président de la fédération APAJH, s’est étonné que la secrétaire d’État Sophie Cluzel relance le débat des assistants sexuels. Photo APAJH

– À la veille de la Conférence nationale du handicap, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ? « À la fois très calme et en colère. Il y a deux ans et demi, lors de son débat face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron avait fait du handicap sa carte blanche. On avait dit : « chapeau !» Mais le décalage entre l’ambition et la réalité est aujourd’hui énorme. Pour ne citer qu’un exemple, comment a-t-on pu revenir sur le 100 % accessible dans l’habitat neuf pour le fixer à seulement 20 % ? ».

– Vous avez rencontré le président vendredi. Que lui avez-vous demandé ? « Il nous a semblé ouvert et attentif. Il nous a demandé d’être francs et directs, il n’a pas été déçu ! Nous lui avons rappelé que le monde associatif méritait le respect. Or, il est souvent oublié, quand il n’est pas méprisé. Nous avons pu renouveler notre opposition à l’intégration de l’allocation pour adulte handicapé (AAH) dans le revenu universel d’activité. Il s’est dit attaché à l’AAH, a réaffirmé que rien ne serait acté avant juillet tout en nous invitant à revenir dans la concertation ».

– Parmi les mesures annoncées, certaines vous semblent-elles aller dans le bon sens ? « On peut citer l’accord de synergie, que nous avons signé le 10 janvier, entre l’Éducation nationale et le médico- social. L’effort de formation est louable. Je crois davantage à ça qu’aux gadgets que constituent pour moi le numéro unique, la plateforme numérique des maisons départementales des personnes handicapées ou encore l’accord de confiance avec les Départements. Ce machin mal fait, bâclé, qu’on nous dévoile à la dernière minute, ne sera pas signé par l’APAJH, l’APF et l’UNAPEI (les trois plus importants gestionnaires) si des modifications n’y sont pas apportées ».

– Lesquelles ? « Il faut qu’apparaissent les associations représentatives des personnes, la convention de l’ONU et qu’on change ce nom, accord de confiance, pour celui de convention d’engagement ».

– Avez-vous été surpris de voir ressurgir la question des assistants sexuels ? « C’est un vrai sujet concernant un droit pour lequel on se bat, mais nous sommes étonnés par le timing alors que la priorité serait plus le traitement de la pauvreté ou des violences qui touchent les personnes handicapées. Mais évidemment, parlons-en. C’est un sujet compliqué, déjà écarté par le Conseil consultatif national d’éthique en 2012, qui pose des questions sur le plan législatif. Aujourd’hui, une telle assistance tombe sous le coup de la loi contre la prostitution. Il faut donc tout remettre à plat, tranquillement ».

Il reste beaucoup de chemin à parcourir sur le handicap Le Télégramme – France – 11 février 2020

Les associations attendent des annonces lors de la conférence nationale du handicap. (Illustration François Destoc)

Emmanuel Macron préside, ce mardi, une conférence nationale du handicap lors de laquelle des annonces devraient être faites. Qu’en attendent les associations et où en sommes-nous, quinze ans après la « loi sur l’égalité des droits et des chances » ? Thierry Duval, directeur de la délégation finistérienne de l’Association des paralysés de France, fait le point.

À quoi doit servir cette conférence nationale ? Ces conférences sont un engagement pris lors de la loi de 2005. Il faut bien dire que ce sont des grands-messes, mais le gouvernement a quand même promis un certain nombre d’annonces, dont je ne connais pas précisément la teneur.

Qu’en attend l’Association des paralysés de France ? Si on veut parler d’inclusion, l’accessibilité est la première condition à remplir. Le chemin qui reste à parcourir est encore très important. On espère aussi des annonces sur l’accès aux droits, à l’école, à l’emploi…

Il est toujours compliqué, au quotidien, d’être handicapé, en ville ? Oui, il reste beaucoup de travail pour rendre accessibles les voiries et les bâtiments dans les villes. Aucune ville ne peut, selon moi, dire que plus de 50 % de ses trottoirs sont accessibles. Et si on ajoute à cela les incivilités, comme les voitures sur les trottoirs, ou encore les poubelles, ça peut être très compliqué. Il reste encore de nombreux établissements recevant du public auxquels il est difficile d’accéder, les contrôles n’étant quasiment pas effectués. Certains lieux, notamment des petits commerces, sont très difficilement adaptables, donc ils peuvent demander une dérogation à la préfecture, mais de nombreux établissements n’ont ni demandé de dérogation, ni programmé de travaux de mise en accessibilité, ce qui est illégal. Autre exemple aussi étonnant qu’embêtant : on voit beaucoup de cabinets médicaux et paramédicaux qui sont inaccessibles parce qu’ils sont situés dans de vieux immeubles, à un étage sans ascenseur, etc. Il suffit que la copropriété refuse des travaux de mise en accessibilité pour que le professionnel bénéficie d’une dérogation. À l’occasion de cette conférence nationale, l’État devrait réaffirmer de manière forte les obligations d’accessibilité et renforcer les moyens de contrôle. Si les moyens ne sont pas là, c’est que la volonté politique n’est pas forcément là non plus.

Avec d’autres associations, l’APF a quitté la concertation sur le futur revenu universel d’activité (RUA), pourquoi ? On craint fortement que le gouvernement ne décide d’intégrer l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) dans ce futur RUA, qui doit regrouper plusieurs minima sociaux. L’AAH doit rester une allocation qui équivaut à un revenu universel lié au handicap et non pas lié à l’inactivité professionnelle. Car c’est ça l’objectif du RUA : favoriser le retour à l’emploi. Cela signifierait, à terme, une diminution des ressources des personnes et du nombre de bénéficiaires, mais aussi l’impossibilité de toute évolution future de l’AAH. On aimerait qu’elle devienne un véritable revenu d’existence d’un montant digne, qui soit déconnecté des revenus du foyer fiscal. On nous propose une concertation, mais on a le sentiment que tout est joué d’avance… Les associations ont donc décidé d’un mouvement revendicatif le 5 mars prochain.

Vous évoquiez des attentes sur l’accès aux droits… Il y a un souci quant à l’accès aux droits des personnes handicapées. Les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), structures créées par la loi de 2005 qui servent de guichet unique pour attribuer les droits aux personnes en situation de handicap, sont toutes ou quasiment toutes confrontées à un nombre de demandes important. On aboutit à des délais de traitement de dossier inacceptables. Dans le Finistère, on est à un an et demi d’attente pour certaines demandes. On est à un point de rupture. Le gouvernement doit annoncer des mesures, mais attendons de voir : si c’est pour faire un traitement de masse des demandes, ce ne sera pas satisfaisant, car chaque dossier nécessite un regard particulier, les situations étant très différentes. Aujourd’hui, le poids financier des MDPH repose essentiellement sur les conseils départementaux, l’État s’en est progressivement désengagé…

« Quand on parle de handicap, on parle de fric… »

Vous attendez donc plus de moyens de la part de l’État ? Prenons un exemple. La prestation compensatoire du handicap, qui est basée sur le projet de vie de la personne et tout un tas de critères, doit lui permettre de vivre à son domicile, par exemple en permettant de financer des aménagements de logement, de faire appel à des aides à domicile, etc. Elle repose sur un certain nombre de tarifs et de barèmes, qui n’ont pas évolué depuis quinze ans. On attend que ces barèmes soient réévalués pour coller davantage à la réalité, mais on se heurte à des considérations financières. Désolé d’être aussi cru mais quand on parle de handicap, on parle de fric. Les arguments qui sont opposés aux demandes des associations sont quasiment tout le temps des arguments financiers, on ne nie pas le bien-fondé de nos demandes.

Les choses évoluent-elles dans le bon sens en ce qui concerne l’école et l’emploi ? L’inclusion des enfants en situation de handicap à l’école s’améliore, c’est certain, mais il reste beaucoup de chemin à faire, surtout sur leur accompagnement pendant le temps scolaire. Les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) sont encore en nombre insuffisant, avec un statut précaire. Tout enfant doit pouvoir avoir une place à l’école de la République, quel que soit son handicap. Du côté de l’emploi, malgré tous les dispositifs qui existent, on constate toujours que le temps de chômage pour une personne reconnue comme travailleur handicapé est double par rapport à une personne qui ne l’est pas. Les choses se sont améliorées pour un certain nombre de personnes, mais pas forcément pour celles qui étaient les plus éloignées de l’emploi, souvent plus lourdement handicapées. Je pense qu’il y a encore des dispositifs à inventer pour ces personnes, car un système comme celui des quotas de travailleurs handicapés ne leur bénéficie pas. L’art de partir au foyer de Ty-Menez Le Télégramme – Pencran – 11 février 2020

Les résidents à la remise de la BD.

Au Foyer de Ty-Menez (Association Don Bosco) à Pencran, au printemps prochain, les résidents quitteront les locaux actuels pour intégrer leur nouvel établissement sur Landerneau, Amezeg.

Pour accompagner les résidents dans ce changement, les professionnels ont mis en place plusieurs actions. Ainsi, ce vendredi, a eu lieu une exposition « l’Art de partir », pour présenter les créations de l’atelier Imagines et Moi. Chacun d’eux a reçu la BD qu’ils ont réalisée pour exprimer, à leur façon, leurs émotions face à ce changement de lieu de vie. Delphine, présidente du conseil de vie sociale, s’est exprimée au nom de tous.

Le foyer de vie non médicalisé pour adultes handicapés psychiques et intellectuels, est ouvert depuis 1976; il compte à ce jour 20 résidents âgés de 21 ans à 67 ans.

La BD « Amezeg » est en vente au foyer au prix de 5 euros. Le faux handicapé cachait des bouteilles dans son fauteuil pour les voler RTL – 14 février 2020 - Charles Deluermoz

VU DANS LA PRESSE - Âgé de 44 ans, un Dijonnais est soupçonné d'avoir volé plusieurs bouteilles d'alcool en se faisant passer pour un handicapé.

Une personne en fauteuil roulant (Illustration)Crédit : AFP / Archives, Joël Robine

Il pensait être au-dessus de tout soupçon en se faisant passer pour un handicapé. Il devra finalement répondre de ses actes devant la justice pour avoir commis plusieurs vols à l'étalage en Côte-d'Or en dissimulant son butin dans un fauteuil roulant.

C'est après avoir dérobé cinq bouteilles de vodka et dix bouteilles de whisky dans un supermarché de Nuits-Saint- Georges, pour un préjudice estimé à 408 euros, que les gendarmes de la compagnie de Beaune ont pu remonter jusqu'à lui.

Comme le relate Le Bien Public, l'homme de 44 ans, aidé d'un complice, aurait commis plusieurs autre vols dans le reste de la Côte-d'Or et en Haute-Marne. Il a été interpellé par la Brigade anticriminalité, lundi 10 février, à son domicile où plusieurs bouteilles d'alcools forts ont été retrouvées.

Placé en garde à vue puis incarcéré à la maison d'arrêt de Dijon, il devra être jugé en comparution immédiate. Les 12 travaux de Macron en faveur de l'inclusion 11 février 2020 • Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr

11 000 postes d'AESH supplémentaires, 45 unités d'enseignement autisme, un numéro d'appel unique, 1 000 places en établissements pour en finir avec l'exil belge... Macron dévoile 12 nouveaux engagements pour un acte 2 du quinquennat plus inclusif.

« Il y a eu un avant et un après la loi de 2005, même si le chemin n'est pas terminé... Revalorisation de l'Allocation adulte handicapé (AAH), droit de vote accordé aux majeurs sous tutelle, attribution des droits à vie, école inclusive, stratégie autisme... Toutes ces mesures participent à une philosophie nouvelle où l'on ne considère plus les personnes handicapées comme des figures d'altérités, eux, mais comme des citoyens à part entière, nous. Il n'y a pas, d'un côté, des personnes handicapées et, de l'autre, celles que le destin ou l'existence auraient épargné. » Quinze ans, jour pour jour, après la loi du 11 février 2005, qui a reconnu, pour la première fois, l'égalité des droits et des chances et la participation des personnes handicapées, Emmanuel Macron se veut rassurant et optimiste en matière d'inclusion. Après avoir dressé un bilan des mesures « phares » mises en œuvre à mi-mandat, le président de la République dévoile 12 nouveaux engagements pour l'acte deux du quinquennat. « L'AAH demeurera. Jamais l'Allocation adulte handicapé ne sera transformée, diluée ni supprimée au bénéfice du revenu universel d'activité », assure-t-il en préambule.

Premier engagement : réussir l'école inclusive. « En septembre 2020, aucun enfant ne doit se retrouver sans solution de scolarisation », exige Macron. Et de rappeler le numéro de téléphone de la cellule nationale aide handicap école (0800 730 123) qui informe les familles sur les dispositifs existants. Fin 2020, tous les nouveaux enseignants seront formés pour mieux prendre en compte les besoins éducatifs particuliers des élèves handicapés, via un module obligatoire en formation initiale. D'autre part, 45 unités d'enseignement autisme, en plus de celles déjà prévues dans la stratégie nationale, seront créées. Un livret numérique de parcours inclusif , regroupant l'ensemble des adaptations nécessaires aux enfants handicapés, sera également proposé. Pour améliorer les conditions d'emploi des accompagnants, une instance dédiée et un agenda social programmé seront mis en place au premier trimestre 2020. Dès le 1er janvier 2021, le forfait d'intervention précoce sera étendu à 12 ans pour les enfants ayant des troubles du neuro-développement (actuellement limité à 6 ans) et aux enfants « dys ». Par ailleurs, 11 000 postes d'AESH (accompagnant de l'élève en situation de handicap) supplémentaires seront créés en 2020.

Deuxième engagement : gagner le pari de la qualification et de l'emploi. Pour ce faire, l'Etat se fixe notamment un objectif de 10 000 apprentis en situation de handicap d'ici fin 2021 et au moins 6 % accueillis dans la fonction publique. En 2017, 24 000 étudiants étaient handicapés, contre 35 000 en 2020. « Un bond historique », estime Macron. Pour continuer à progresser dans ce sens, un Comité national de suivi de la politique inclusive de l'enseignement supérieur, décliné en territoire par un conseil académique dédié, sera mis en place « à court terme ». Afin de lever les freins à l'activité professionnelle, le gouvernement souhaite définir, avant l'été, les modalités du relèvement du seuil de 17,5 heures pour le cumul de l'AAH avec un contrat de travail à temps partiel. Pour simplifier l'accès aux emplois passerelles vers le milieu ordinaire, à compter du 1er mars 2020, il suffira seulement d'être reconnu travailleur handicapé pour avoir accès aux CDD « tremplin » dans les entreprises adaptées.

Troisième engagement : prendre en compte le handicap dans le système universel de retraite. Pour prendre en compte leur spécificité, certains travailleurs handicapés pourront bénéficier d'une retraite progressive dès 55 ans ou encore d'un départ anticipé sans décote. Le gouvernement s'engage également à garantir des droits à la retraite pour les aidants, pour toutes les périodes, indemnisées ou non, pendant lesquelles l'assuré accompagne une personne handicapée.

Quatrième engagement : accélérer la mise en accessibilité universelle. Pour vivre dans une ville accessible, 1 000 « ambassadeurs » du service civique seront chargés d'accompagner les commerçants, les gares etc. pour renforcer l'accès aux services du quotidien. Autre promesse : accéder aux campagnes électorales, quel que soit son handicap. D'autre part, le projet de loi audiovisuel renforcera l'accessibilité des programmes essentiels, tels que les campagnes électorales et autres évènements « d'importance majeure », tandis que l'accessibilité de la communication gouvernementale et de l'Elysée sera également améliorée. « A compter de la fin du premier trimestre 2020, les principaux discours du président de la République seront intégralement accessibles et ceux du Premier ministre sous-titrés sous 24 h et traduit en langue des signes française (LSF) », précise Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement. Cinquième engagement : sensibiliser pour mobiliser. A ce titre, une grande campagne nationale de sensibilisation sera lancée prochainement pour « accélérer le changement de représentations associées au handicap ».

Sixième engagement : organiser l'inconditionnalité de l'accompagnement et rompre l'isolement des familles, via la mise en place du numéro d'appel unique (le 360), dès le 1er janvier 2021, dédié à l'accompagnement et à l'accès aux droits des personnes handicapées. « Quand on est en situation de handicap, on devient recordman du nombre d'administrations interpellées et champion de l'acronyme », déplore Emmanuel Macron.

Septième engagement : accélérer le déploiement des solutions adaptées aux personnes ayant les besoins les plus soutenus et stopper l'exil en Belgique. Le plan de prévention des départs en Belgique permettra notamment la création de 1 000 places supplémentaires dans trois régions prioritaires (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand- Est), en plus des 2 500 places déjà programmées sur tout le territoire pour 2021-2022.

Huitième engagement : accompagner les projets de vie en créant 2 500 places supplémentaires, en établissements ou en services, pour accompagner les transitions et garantir le retour vers le milieu spécialisé si nécessaire. Des travaux sur le « logement inclusif » seront également engagés, à travers la mission confiée à Denis Piveteau et Jacques Wolfrom pour identifier les freins juridiques et financier à lever pour pouvoir « vivre en autonomie mais sans isolement ».

Neuvième engagement : engager une réflexion devant aboutir, avant 2022, à une meilleure prise en charge par l'Assurance maladie des parcours de soin de rééducation, sans reste à charge pour les familles.

Dixième engagement : étendre la compensation individuelle des besoins et reconnaître les personnes handicapées dans leur rôle de parents. Pour ce faire, les besoins attachés à la parentalité seront intégrés en 2021 dans la prestation de compensation du handicap (PCH), avec un plan d'aide gradué selon les besoins. 184 millions d'euros seront mis sur la table d'ici 2022 pour financer ce nouveau droit. Le gouvernement annonce également deux lancements, tout d'abord, celui de travaux pour une adaptation effective de la PCH au handicap psychique et aux troubles du neuro-développement et celui d'un débat sur l'accompagnement à la vie intime et sexuelle, « qui ne doit pas être un tabou », souligne le président de la République.

Onzième engagement : lancer un grand programme national pour l'innovation technologique au service de la vie quotidienne et de l'autonomie des personnes. Et d'annoncer la mobilisation d'un plan d'investissement d'avenir, à hauteur de 30 millions d'euros pour communiquer, apprendre, se déplacer et vivre chez soi.

Douzième et ultime engagement : mettre en place une « garantie de délai » pour l'octroi des prestations. « Aujourd'hui, une demande d'AAH peut par exemple être traitée en deux mois dans certains départements et en huit mois dans d'autres », déplore le gouvernement. Pour changer la donne, il entend mobiliser les MDPH pour favoriser une « équité » sur tout le territoire. Pour concrétiser les engagements réciproques de l'Etat et des départements, différents acteurs ont signé un accord de méthode qui prévoit notamment la transparence sur la qualité du service rendu aux personnes. 25 millions d'euros sont prévus chaque année, en 2021 et 20222, dont 10 millions pour résorber les retards les plus importants dans le traitement des demandes. « Au 1er janvier 2021, aucune demande d'AAH ne devra être traitée en plus de trois mois, dans aucun département », exige Macron.

« Le handicap ne touche pas simplement 12 millions de Français, chacun d'entre nous peut y être confronté au cours de sa vie (...) Ils sont tous concernés et doivent tous se mobiliser », conclut le président de la République, en écho au slogan de cette 5e CNH : « Tous mobilisés, tous concernés ». On ne doit jamais être de ceux qui détournent le regard ou qui consistent à dire 'qu'il s'adaptent' ». Les acteurs du sport adapté en Finistère mis à l’honneur Le Télégramme – Quimper – 12 février 2020

René Le Fourn, bénévole investi dans le sport adapté, Christine Cadiou, présidente du CDSA 29, et Elyane Pallier, déléguée au sport, à l’égalité hommes-femmes et à la vie associative au sein du CD29.

La 39e assemblée générale du Comité départemental du sport adapté (CDSA 29) s’est tenue vendredi, dans la Maison des sports de Quimper, devant une soixantaine de personnes. L’occasion de mettre à l’honneur quatre sportifs finistériens lors de la remise des trophées : Camille Jézéquel, Gurvan Péton, Françoise Le Grand et Philippe Stervinou, que ce soit pour leurs performances sportives, leur investissement, leur fair-play ou encore leur polyvalence dans les sports.

Le sport adapté, c’est 66 000 licenciés en France, 3 289 en Bretagne dont 1 396 dans le Finistère répartis dans 29 associations, destinées aux personnes en situation de handicap mental et/ou psychique. L’association Mets ton survêt, de l’IEM (Institut d’éducation motrice) de Landerneau, a été mise en avant suite à son affiliation en 2019. Sa présidente, Christine Cadiou, a été récompensée d’une médaille de bronze par le Comité départemental des médaillés de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif (CDMJSEA) pour son investissement au sein du CDSA et de l’Association sportive et culturelle des Genêts d’Or (ASCGO), à Saint-Pol-de-Léon, dans laquelle elle est aussi présidente.

Faciliter l’accès au public

« Le CDSA 29 met tout en œuvre pour faciliter l’accès à un public de plus en plus large et veut toucher les personnes en situation de handicap qui sont isolées hors des structures et foyers. Pour 2020, il convient de poursuivre le développement dans le Sud-Finistère, chapeauté par Camille Rassinoux, conseillère technique fédérale, et de faire du Sud-Finistère une terre forte du sport adapté, notamment grâce à la nouvelle recrue du CDSA 29, Élisa Roudaut. Un des grands axes est de rendre le sport accessible à tous grâce au développement de nouvelles sections et affiliations », a précisé Christine Cadiou. Les annonces d'Emmanuel Macron sur le handicap ne convainquent pas les associations finistériennes France Bleu Breizh Izel – Société - 12 février 2020 - Par Thomas Biet,

Le chef de l'État a fait ce mardi un plaidoyer pour donner plus de places et de chances aux personnes handicapées dans la société. Mais au delà des mots, le Sessad APF du Finistère regrette le manque de moyens annoncés.

2/3 des personnes handicapées rencontrent des difficultés dans leurs déplacements en ville selon une étude de l'APF © Radio France - Bertrand Hochet

Emmanuel Macron demande aux Français de se mobiliser pour le handicap. Le chef de l'État a présenté son plan handicap, ce mardi.

Il affirme qu'il ne veut plus d'enfant sans solution à la rentrée. Il y en avait 15 000 en 2018, il en restait 8 000 cette année.

« Il faut une formation de base pour les enseignants »

Mais pour Anne-Laure Le Gall la directrice de Sessad APF dans le Finistère qui s'occupe de la scolarisation de ces enfants, il faut miser sur la formation et le compte n'y est pas : "On attend que cela se concrétise en terme de moyens. Il manque du monde et il manque des formations pour les enseignants qui accueillent des enfants. Ils ne connaissent pas les problématiques, le développement d'enfants ou les besoins spécifiques de ces enfants. Donc ils ont besoin d'appui et d'une formation de base en fait".

Accessibilité : la balle dans le camp des maires ?

Même déception sur la question de l'accessibilité alors que certaines mesures n'ont jamais été appliquées, 15 ans après le plan Handicap de 2005 : "On attend le gouvernement sur les moyens et les mesures incitatives. Or, 9 personnes sur 10 éprouvent encore des difficultés d'accessibilité lors de leurs déplacements. On peut juste noter que le président de la République appelle les candidats aux municipales à s'engager mais il n'y a aucune aide incitative et aucune sanction pour les réfractaires". Les bonnes intentions de Macron contre le handicap Le Figaro – Société – 11 février 2020 - Stéphane Kovacs

Quinze ans après la loi pour l’égalité des chances, les problèmes demeurent. Plusieurs mesures ont été avancées.

Comment faire pour simplifier la vie des 12 millions de Français en situation de handicap? Scolarisation, accès aux droits ou à l’emploi… Quinze ans jour pour jour après l’adoption de la loi sur «l’égalité des chances et des droits, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées», Emmanuel Macron a fait, mardi, toute une série d’annonces- sans toutefois détailler leur financement.

« Les handicapés ont droit à une vie de dignité, une vie de liberté, une vie comme les autres, au milieu des autres » Emmanuel Macron

«Ce que je voudrais lancer aujourd’hui, c’est véritablement un appel à la mobilisation nationale», a déclaré le président en concluant la Conférence nationale sur le handicap. Accompagné de son épouse Brigitte, très impliquée sur ce dossier, il a souligné que la politique du gouvernement était basée sur «une philosophie nouvelle» qui considère les personnes handicapées «comme des citoyens à part entière», qui «ont droit à une vie de dignité, une vie de liberté, une vie comme les autres, au milieu des autres».

Des mesures concrètes

À la rentrée de septembre, a-t-il promis, «plus aucun enfant» handicapé ne sera laissé «sans solution de scolarisation». Selon l’Élysée, «le nombre d’enfants en attente d’un accompagnant a été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, passant de 15.000 à 8000». Mais «le vrai sujet est qu’on manque d’accompagnants» pour aider ces enfants à l’école: 11.500 postes d’accompagnants supplémentaires seront créés d’ici à 2022, s’ajoutant aux 66.000 prévus à la fin de l’année.

La création d’ici à l’an prochain d’un numéro d’appel unique, le 360, permettra aux familles de sortir de «l’errance de guichet en guichet». Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) recevront 50 millions d’euros supplémentaires, sur les deux ans, qui viennent pour pouvoir répondre plus rapidement aux demandes. Le gouvernement entend également lutter contre les départs contraints vers des établissements spécialisés en Belgique: un millier de nouvelles places doivent être créées dans trois régions prioritaires (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand Est), plus 2500 solutions en établissements ou dans des services médico-sociaux dans toute la France. Pour renforcer l’accès aux services du quotidien, «1000 ambassadeurs d’accessibilité», des jeunes du service civique, sillonneront les territoires pour aller faire de la pédagogie auprès des commerçants. Sur le front de l’emploi des handicapés, le gouvernement entend mettre l’accent sur le développement de l’apprentissage.

Enfin, l’allocation aux adultes handicapés (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne sera «jamais transformée, diluée ou supprimée» au bénéfice du futur revenu universel d’activité (RUA), qui doit fusionner plusieurs allocations, a assuré Emmanuel Macron. Quant à la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, elle a également rouvert ce week-end le débat sensible sur le recours à des assistants sexuels pour les personnes handicapées: estimant que «la société a mûri» sur ce sujet, elle a saisi le Comité consultatif national d’éthique (CCNE).

Les résultats de la consultation citoyenne en ligne

En mai dernier, le secrétariat d’État avait lancé, avec l’appui de Make.org, une grande consultation en ligne autour de la question «Comment la société peut-elle garantir une vraie place aux personnes handicapées?». Les résultats ont été rendus publics mardi. Premier plébiscite, les propositions relatives à l’accompagnement (valoriser le statut des aidants, améliorer les conditions d’exercice des AVS ou auxiliaires de vie, créer plus de structures d’accueil) émergent devant le thème de l’emploi (favoriser la formation professionnelle, adapter les entreprises) et celui des représentations associées aux personnes handicapées (mieux parler des handicaps invisibles). Alors que se tenait, mardi, ce «point d’étape à mi-mandat», des familles manifestaient dans une quarantaine de villes partout en France sous le slogan «Un droit, ce n’est pas une faveur». Pour réclamer notamment que les pouvoirs publics fassent «respecter les législations déjà en vigueur».

Handicap: ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron Le président a annoncé une série de mesures sur la scolarisation, l'accès aux droits ou à l'emploi, en concluant mardi la Conférence nationale sur le handicap.

Handicap: ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron - Regarder sur Figaro Live Les handicapés veulent juste vivre, comme tout le monde Le Point – Société – 11 février 2020 – Par Thibaut Déléaz

Emmanuel Macron préside ce mardi 11 février la Conférence nationale du handicap. Les associations attendent des engagements forts, mais surtout des actes.

Manifestation de membres d'APF France Handicap à Paris le 14 mai 2019, « déçus et en colère » du bilan d'Emmanuel Macron en matière de handicap deux ans après son élection. © Leon Tanguy / MAXPPP

« Il faut une prise de conscience ». À l'instar d'Alain Rochon, président d'APF France Handicap, les associations représentant les personnes en situation de handicap attendent beaucoup de la Conférence nationale du handicap (CNH) organisée ce mardi 11 février.

Quinze ans jour pour jour après la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, Emmanuel Macron présidera cette CNH un peu particulière, qui arrive à la moitié de son mandat. « Cette conférence n'arrive que tous les trois ans, et il est facile de faire des promesses en fin de mandat, explique Alain Rochon. Là, le président a bien conscience que ce qu'il va annoncer, il faudra le traduire en actes ».

Le bilan mitigé de Macron

Et il y a du travail : à mi-mandat, les associations dressent un bilan plutôt mitigé de l'action gouvernementale. « Il y a eu des avancées », concède Jean-Louis Garcia, président de l'Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés). Et de citer notamment le cas du droit de vote donné aux personnes sous protection ou les droits à vie à l'allocation adulte handicapé (AAH) dans certains cas. « On ne va plus demander tous les trois ans à un amputé de vérifier si ses jambes n'ont pas repoussé ! ».

En revanche, il regrette « des reculs », comme la loi Elan. Votée en 2018, elle a fait passer de 100 % à 20 % la part de logements devant être accessibles dans les constructions neuves. « C'est un loupé, les bétonneurs ont gagné, acquiesce Alain Rochon. [ministre chargé du Logement, NDLR] devait construire beaucoup et vite, donc il a fait fi de toutes les normes. Mais un logement accessible, ça ne coûte pas plus cher quand c'est fait dès la construction ».

Dans Le Journal du dimanche, la secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées Sophie Cluzel a défendu la « dynamique enclenchée » par le gouvernement en matière de handicap, sur la scolarisation, l'insertion par l'emploi, l'octroi des droits à vie… Tout en reconnaissant qu'il reste encore à faire.

Pas de quoi convaincre les 47 associations réunies dans le collectif Handicaps, dont APF France Handicap, l'Apajh et l'Unapei, qui ont signé une tribune dans le même journal : « Il est temps de taper du poing sur la table et d'affirmer qu'il n'est plus possible de ne pas appliquer la loi, de connaître une telle inégalité de traitement selon les territoires, de voir taire de telles souffrances ».

La France mauvaise élève pour l'accessibilité

Quinze ans après la loi de 2005, l'accessibilité reste problématique. Neuf personnes sur dix, valides comme non valides, éprouvent des difficultés pour se déplacer, selon un sondage révélé par APF France Handicap en janvier. « La France fait partie des mauvais élèves, regrette Alain Rochon. Je suis dans un fauteuil depuis 22 ans, et c'est toujours compliqué de trouver un logement, de prendre les transports ou de trouver un restaurant avec des toilettes accessibles… La mise en accessibilité est toujours considérée comme une charge, alors que ça peut être du gagnant-gagnant ».

Et en matière d'accessibilité, les services publics sont loin d'être les premiers de la classe. Début février, un rapport du Conseil national du numérique pointait le manque d'accessibilité des sites internet de l'administration, notamment pour les malvoyants. Un comble alors que les démarches administratives sont de plus en plus dématérialisées.

Les associations demandent également un élargissement de la compensation, pour les aides à domicile et les aides ménagères, ainsi qu'une augmentation de l'AAH. « Le président a rempli son contrat : il avait annoncé 900 euros, et on y est, souligne Alain Rochon. Mais on reste dans la précarité, ce n'est pas suffisant pour vivre».

Autre crainte, celle d'une fusion de l'AAH avec le revenu universel d'activité (RUA) sur lequel planche le gouvernement. Jean-Louis Garcia s'y oppose, car il « craint que les personnes en situation de handicap y perdent ». Dans Le JDD, Sophie Cluzel tente de rassurer : « Aucune décision quant à l'inclusion éventuelle [de l'AAH] dans le RUA n'est prise et ne le sera avant juillet».

Faire changer le regard de la société

Au-delà des aides, il reste aussi du travail à faire pour faciliter l'emploi des personnes handicapées. Aujourd'hui, seul un tiers d'entre elles a un emploi. « Nous, on ne demande qu'à travailler », rappelle Alain Rochon. Malgré les quotas imposés aux entreprises, embaucher des personnes handicapées n'est pas devenu naturel.

C'est peut-être là que réside le plus gros défi : faire changer le regard de la société sur le handicap. « Nous, ce que nous souhaitons, c'est vivre, comme tout le monde », plaide Alain Rouchon, reconnaissant que « le regard de nos concitoyens valides bouge peu à peu : aujourd'hui, on trouve normal de nous avoir dans la société ». Une évolution de la société que constate aussi Jean-Louis Garcia. « Des films comme Intouchables notamment, centrés sur le handicap, n'auraient pas marché il y a 15 ans. » Signe, selon lui, que le sujet devient un véritable débat de société : « En douze ans de présidence, j'en ai vu des CNH, et c'est la première fois que les médias sont si mobilisés».

« Il y a une attente forte, qui a été suscitée par un président qui a fait du handicap un sujet majeur de son quinquennat », résume Luc Gateau, président de l'Unapei. « La loi de 2005 a ouvert beaucoup de possibilités, maintenant, il faut mettre les moyens sur les solutions qu'on veut développer». « Je pense qu'on va avoir un beau discours », prédit Alain Rochon, « la difficulté ensuite sera dans la mise en pratique ». Les mesures de Macron pour que les personnes handicapées aient une vie comme les autres et au milieu des autres Le Monde – Handicap – 11 février 2020 - Béatrice Jérôme

Numéro de téléphone unique, scolarisation, places d’hébergement… les mesures promises à l’issue de la cinquième conférence nationale du handicap.

Ils doivent devenir « des citoyens à part entière », a-t-il insisté. Emmanuel Macron a dévoilé, mardi 11 février, une batterie de mesures pour que les quelque douze millions de personnes handicapées en France aient « une vie comme les autres et au milieu des autres ». La date choisie pour ces annonces n’est pas un hasard : le chef de l’Etat a pris prétexte des 15 ans de la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », votée sous le second mandat présidentiel de Jacques Chirac.

Il en a profité pour mettre ses pas dans ceux du président récemment disparu en conviant sa fille Claude Chirac, et a rappelé l’esprit dans lequel son père avait conçu la loi de 2005. A un mois des municipales, le chef de l’Etat a voulu montrer sa fibre sociale sur un dossier qui rassemble les Français et dont il avait fait dès 2017 « une des priorités du quinquennat ».

M. Macron s’est exprimé à l’issue de la cinquième conférence nationale du handicap. Un rendez-vous de l’exécutif prévu tous les trois ans par cette même loi, mais auquel il a donné « un relief particulier » en conviant à l’Elysée une dizaine de ministres, quelque cinq cents élus locaux, parlementaires, grands patrons, représentants associatifs et personnalités. Devant eux, il a mis en exergue « la philosophie radicalement nouvelle » qui l’inspire. Celle « où l’on ne considère plus les personnes en situation de handicap comme des figures d’altérité (…) mais comme des citoyens qui ont droit à une vie de dignité, une vie de liberté ».

La scolarisation des enfants handicapés

Au nom de cette ambition, il s’est assigné « trois objectifs ». Le premier est de faire en sorte que « plus aucun enfant » ne soit « sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre » 2020. Depuis 2017, « nous avons engagé une révolution culturelle pour que la scolarisation des enfants handicapés ne soit plus incantatoire mais bien réelle », s’est félicitée Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, dans les colonnes du Journal du dimanche du 9 février. Le nombre d’enfants handicapés scolarisés a crû de soixante mille depuis la rentrée 2018. Le chantier du gouvernement pour une « école inclusive » s’est traduit par un effort financier de 900 millions d’euros supplémentaires engagés par le ministère de l’éducation nationale depuis trois ans.

« Nous visons le recrutement de 11 500 AESH supplémentaires d’ici à 2022 », a promis M. Macron

Trouver un accompagnant scolaire relève pourtant toujours du parcours du combattant. Pour remédier à la pénurie d’assistants d’élèves en situation de handicap (AESH), le gouvernement veut rendre le métier plus attractif. Depuis la disparition des emplois aidés, les AESH sont embauchés avec de « vrais contrats passés avec l’éducation nationale (…). Nous visons le recrutement de 11 500 AESH supplémentaires d’ici à 2022 », a promis M. Macron. Ils seront 66 000 fin 2020, contre 55 000 en 2017.

Le chef de l’Etat a annoncé mardi l’introduction d’un « module handicap dans la formation initiale de professeurs des écoles et des enseignants du secondaire ». De son côté, Mme Cluzel s’attelle au déploiement d’« unités psychosociales » au sein des écoles ou en lien avec elles. Ces équipes devront travailler avec les équipes éducatives. Aux quelque 225 « unités » déjà prévues, quarante-cinq supplémentaires d’ici à 2022 ont été annoncées lundi 10 février par le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées.

Pour les enfants autistes, le chef de l’Etat s’est engagé à étendre aux 7-12 ans le « forfait diagnostic et intervention précoce » instauré en 2019 pour les enfants de 0 à 6 ans. Les familles modestes pourront avoir accès à des séances avec un psychologue ou un ergothérapeute, prises en charge par la Sécurité sociale pendant au moins douze mois.

Création d’un numéro unique

Deuxième objectif : faire en sorte que « d’ici à 2021, aucune personne » handicapée, « enfant comme adulte, ne soit laissée seule dans la recherche de sa solution », a énoncé M. Macron. Pour aider les familles à trouver un accompagnant scolaire ou une place en établissement, un numéro de téléphone unique, le 360, sera créé le 1er janvier 2021. Il permettra de joindre « quatre cents communautés d’accompagnement qui se coordonneront pour trouver des solutions » sur un territoire.

6 500 adultes et 1 500 enfants handicapés sont hébergés dans des établissements en Belgique

Aujourd’hui, 6 500 adultes et 1 500 enfants handicapés sont hébergés dans des établissements en Belgique, faute de places en France. Ces séjours coûtent près d’un demi milliard d’euros à la Sécurité sociale, qui les prend en charge. Le chef de l’Etat s’est engagé à créer mille places en établissement entre 2021 et 2022, qui viennent s’ajouter aux 2 500 déjà prévues sur ces deux ans. Il a aussi promis, mardi, de créer 2 500 places dans des structures intermédiaires entre le logement classique et l’établissement spécialisé. Au total, 6 000 places sont programmées d’ici à la fin du quinquennat.

Aide financière supplémentaire

Troisième objectif : « Permettre à chacun de vivre une vie digne, une vie libre », a martelé le chef de l’Etat. Après avoir donné, en mars 2019, le droit de vote aux adultes handicapés sous tutelle, la possibilité de se pacser, de se marier ou de divorcer, M. Macron veut leur garantir le « droit d’être parent ». Une mère ou un père handicapé qui a besoin d’une assistance technique ou physique pour la prise du biberon, du bain ou du repas de son enfant pourra bénéficier d’une aide financière pour ces tâches quotidiennes. Cette nouvelle aide sera versée à travers la prestation de compensation du handicap, aujourd’hui financée à 70 % par les départements.

Pour les personnes victimes d’un handicap irrémédiable, le gouvernement a d’ores et déjà ouvert la possibilité d’avoir des « droits à vie ». Ils n’ont ainsi plus à justifier de leur infirmité, tous les trois ans, pour percevoir l’allocation adulte handicapé (AAH).

Financée par l’Etat, l’AAH, revalorisée de 90 euros depuis 2017 pour atteindre 900 euros par mois, est attribuée par les départements par le biais des maisons départementales des personnes handicapées. Or les délais d’attribution de cette allocation vont de deux à huit mois selon les départements. Mardi, un « accord de confiance » a été signé entre l’Etat et Dominique Bussereau, président de l’Association des départements de France, pour que d’ici à 2021, « aucune demande d’AAH » ne soit « traitée en plus de trois mois », a prévenu M. Macron. L’Etat allouera 25 millions d’euros par an en 2021 et 2022 pour aider les départements « à faire descendre la jauge » des dossiers qui s’accumulent.

S’agissant de l’AAH, M. Macron a profité de la conférence pour tenter de désamorcer une fronde des associations. Le 4 février, quatre d’entre elles, dont l’Association pour adultes et jeunes handicapés, qui regroupe 25 000 adhérents, ont quitté la concertation sur le revenu universel d’activité (RUA) que le gouvernement souhaite créer d’ici à 2021. Elles s’alarmaient de « la disparition programmée » de l’AAH, vouée à être fondue, selon elles, dans le futur RUA. « Je prends l’engagement que l’AAH ne se diluera pas dans le RUA », les a rassurées le chef de l’Etat, qui a également lancé un appel aux entreprises pour qu’elles embauchent davantage de personnes handicapées – 500 000 d’entre elles sont au chômage. Une proportion deux fois plus élevée que dans le reste de la population. Les temps forts de la Conférence nationale du Handicap 2020 Unapei – 12 février 2020

Le mardi 11 février, 15 ans après la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, nous étions réunis ; présidents d’associations de la sphère du handicap, chefs d’entreprise et élus pour assister à la Conférence Nationale du Handicap.

Une victoire – La non intégration de l’Allocation Adultes Handicapés au revenu universel d’activité Fruit d’un combat collectif, orchestré par les associations Unapei du territoire ainsi que par la récente action menée en inter-associatif aux côtés de la Fédération APAJH, l’APF France Handicap, l’Unafam et l’Unapei (départ de la concertation gouvernementale sur le revenu universel d’activité), nous sommes satisfaits que le chef de l’Etat ait assuré que l’allocation versée à 1,2 million de personnes ne sera ni transformée, ni diluée dans le revenu universel d’activité. ( les déclarations concernant l’ AAH se trouvent à 27 min. et 27 sec de cette vidéo )

Un défi – Apporter une réponse aux sans solution Lors de cette CNH, Luc Gateau, président de l’Unapei a interpellé les membres du gouvernement sur l’urgence de développer des nouvelles solutions d’accompagnement pour les adultes et les enfants en situation de handicap. Il a notamment rappelé l’importance de prendre en considération ces milliers de personnes toujours laissées à la charge de leur famille sans aucun accompagnement.

Discours du Président de l’Unapei, Mr Luc Gateau https://youtu.be/GtVJGyHKTUg

Le président de la République, Emmanuel Macron, souhaite accélérer le déploiement de solutions adaptées aux personnes ayant les besoins les plus soutenus, et stopper l’exil vers la Belgique. Un plan de prévention des départs en Belgique devrait permettre la création de 1 000 places dans trois régions prioritaires (Île-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est). De plus, le Président de la République a annoncé la création de 2 500 places supplémentaires en établissements ou en services pour accompagner les transitions, et garantir le retour vers le milieu spécialisé en cas de nécessité.

Une volonté affichée – L’école pour tous

L’objectif du Président est qu’aucun enfant ne soit laissé sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre. Pour répondre à cette ambition, 11 500 postes d’accompagnants supplémentaires devraient être créés d’ici à 2022, s’ajoutant aux 66 000 prévus à la fin de l’année. Des engagements pour lesquels les modes de financement n’ont pas été détaillés. L’Unapei restera très attentive quant à la mise en œuvre de ces annonces, et assurera son rôle de porte-parole de ces enfants et parents notamment grâce au site marentree.org,

Une signature – La convention d’engagement

L’Unapei a signé une convention d’engagement quadripartite entre l’Etat, l’Assemblée des Départements de France (ADF), les associations représentatives des personnes en situation de handicap et les organisations du secteur de l’offre d’accompagnement du handicap. L’Unapei reste vigilante quant à la mise en œuvre des accords de méthode et aux moyens qui seront donnés par les pouvoirs publics, Etat et départements, pour respecter cet engagement. Loi handicap de 2005 : des lendemains qui déchantent Faire Face - 10 février 2020 - Franck Seuret

La loi de 2005 avait consacré de nouveaux droits en matière d'accessibilité, de compensation ou encore de ressources. Mais la réalité n'est pas à la hauteur des mots.

La loi de 2005 pour l’égalité des chances avait suscité l’espoir. Quinze ans plus tard, certains droits accordés aux personnes handicapées ne sont toujours pas effectifs. D’autres ont été rayés d’un trait de plume.

« Aujourd’hui, il est temps de taper du poing sur la table et d’affirmer qu’il n’est plus possible de ne pas appliquer la loi ». Dans la dernière ligne droite avant la Conférence nationale du handicap, qui doit se tenir mardi 11 février, les associations de personnes handicapées mettent la pression sur le gouvernement. C’est le sens de la tribune du Collectif handicaps, qui en regroupe 47, publiée dans le Journal du dimanche, le 9 février. « Il est temps », quinze ans après l’adoption de loi de février 2005. Un texte au nom plein de promesses, “Pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”. Il avait, en effet, consacré de nouveaux droits. Et ceci dans au moins trois domaines : l’accessibilité, les ressources et la compensation.

Accessibilité : de retards en reculs

Trouver un logement dans les nouveaux immeubles d’habitation va devenir beaucoup plus compliqué pour les personnes en fauteuil roulant. Le cap était fixé : la France serait accessible en 2015 ! La loi imposait la mise aux normes de tous les établissements recevant du public d’ici dix ans au plus tard. Mais en 2014, le gouvernement Valls décide de repousser l’échéance pour les nombreux retardataires. Les agendas d’accessibilité programmés leur permettent alors d’obtenir un délai supplémentaire de trois à neuf années, selon l’importance de leur parc. Voire plus. Et en 2018, le gouvernement d’Édouard Philippe a donné un nouveau – gros – coup de canif dans le contrat en allégeant les obligations portant sur les immeubles d’habitation neufs. Il a abaissé de 100 % à 20 % le quota d’appartements devant être accessibles. Les autres devront simplement être adaptables.

Ressources : l’AAH augmente, la garantie disparaît

En supprimant le complément de ressources, le gouvernement remet en cause l’un des acquis de la loi de 2005 : la garantie de ressources pour les personnes dans l’incapacité de travailler. La loi de 2005 n’a pas révolutionné le dispositif existant. Elle avait toutefois créé une « garantie de ressources » pour les personnes les plus lourdement handicapées. En l’occurrence, celles justifiant à la fois d’un taux d’incapacité d’au moins 80 % et d’une capacité de travail inférieure à 5 %. Cette garantie de ressources était composée de l’AAH et du complément de ressources. Marie-Anne Montchamp, la secrétaire d’État alors en poste, s’était engagée à ce qu’il soit égal à 80 % du Smic net. Le gouvernement y a de facto mis fin, en décembre dernier. Il a supprimé le complément de ressources de 179 €. Les personnes qui y avaient droit, à cette date, continueront toutefois à le percevoir jusque 2029. Seule subsiste désormais la majoration pour la vie autonome (MVA. Un autre complément au montant inférieur (104 €) et attribuable sous d’autres conditions. Comme avant 2005. Sophie Cluzel, l’actuelle secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, a beau jeu de dire qu’ elle a fait passer l’AAH de 810 € à 900 €. En y ajoutant les 104 € de MVA, les allocataires sont au-dessus du seuil de 80 % du Smic net, comme promis en 2005. Mais tous ceux qui bénéficiaient, ou auraient dû bénéficier, du complément ne pourront pas basculer vers la MVA. Ils devront se contenter de l’AAH, soit 73 % du Smic net. Moins que les 80 % attendus.

Compensation : une prestation pas à la hauteur des besoins

En 2017, la MDPH a fait passer de 8 heures à 2 heures 22 le nombre d’heures quotidiennes d’aide humaine de Sarah Salmona. © Franck Seuret C’était l’une des plus belles avancées de la loi du 11 février 2005. Sur le papier, du moins. « La personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap », précise le texte. La création de la prestation de compensation du handicap (PCH) a notamment permis aux personnes les plus dépendantes de bénéficier enfin d’une aide humaine conséquente, jusqu’à 24 heures par jour, voire plus. Mais malgré ce réel progrès, la PCH n’est pas une prestation accessible à tous. Elle ne compense pas toutes les conséquences du handicap. Et les montants attribués ne sont pas à hauteur des besoins réels. Surtout, la situation se dégrade. L’évaluation des besoins est de plus en plus restrictive. Sous la pression des financeurs de la PCH, les conseils départementaux, cherchant à en limiter le coût. Sarah Salmona, qui avait vu son nombre d’heures d’aide humaine presque divisé par quatre, en a témoigné devant la caméra de Faire-face.fr. Jusqu’à présent, aucun gouvernement n’a fait progresser les contours de la prestation. Tout juste Sophie Cluzel a-t- elle accepté de soutenir une proposition de loi. Le principal changement sera modeste : il n’y aura plus de limite d’âge pour demander la PCH… sous réserve que le demandeur remplissait les conditions d’éligibilité avant 60 ans. Après les grands droits, les petits pas… Lourdeur bureaucratique, manque d'effectifs, déficit de formation... La difficile gestion du handicap en milieu scolaire Marianne – 12 février 2020 - Jean-Paul Brighelli

Enseignant et essayiste. Dernier ouvrage paru : C'est le français qu'on assassine (Hugo et Cie, coll. Paradoxe, 2017)

Dans son copieux discours sur le handicap prononcé ce 11 février, Emmanuel Macron a notamment promis de scolariser dès la rentrée prochaine les 8 000 enfants handicapés en situation d’attente, et de viser "le recrutement de 11 000 accompagnants d’ici 2022". De bonnes intentions, certes. Mais quid de l'action ?

Les enseignants sont un peu autistes, à leur manière : dans le copieux discours d’Emmanuel Macron sur le handicap prononcé le 11 février, ils n’ont retenu que ce qui les concernait directement. « La solution, a dit le président de la République, ce n’est pas un accompagnant par enfant » — non, ce serait du luxe… Il faut « mieux former nos enseignants ». Et pour cela, « un module handicap sera intégré dans la formation des professeurs des écoles et des enseignants du secondaire. Si on forme mieux les enseignants, on n’a pas forcément besoin d’un accompagnant à temps plein ».

À noter, pour être complet, qu’il a aussi promis (en scandant ses phrases d’un «je veux » qui m’a rappelé l’avertissement de ma mère, quand j’étais gosse : « Seul le roi dit "je veux" ») de scolariser dès la rentrée prochaine les 8.000 enfants handicapés en situation d’attente, et de viser « le recrutement de 11.000 accompagnants d’ici 2022 ». « Des bonnes intentions », dit le Figaro, brûlot anti-gouvernemental bien connu. Oui — mais l’action ?

UNIVERS ENFANTIN

Le chef de l’Etat a une vision quelque peu idyllique de l’univers enfantin. « Il suffit de voir ce qu’est une classe quand un enfant en situation de handicap arrive… Une fois qu’on a mis le collectif en disant c’est un enfant de la nation comme les autres, on va s’organiser, la classe l’accueille, la classe est plus forte. » Sans doute a-t-il oublié que comme disait La Fontaine, « cet âge est sans pitié ». C’est même l’un des objectifs de l’enseignement, lui apprendre cette pitié dont il est dépourvu. Pour avoir sanctionné il y a cinq ans des comportements d’agression et de harcèlement d’étudiants majeurs envers une camarade au handicap léger, j’ai des doutes sur la réalisation de cet objectif.

D’autant que l’école, dit Macron, doit être « inclusive », et accueillir aussi bien les handicapés moteurs que les autistes, les dyspraxiques, les dyslexiques, les dyscalculiques, et j’en passe. Le « module handicap » enseigné dorénavant dans les INSPE suffira certainement à colmater ces besoins si divers… Comme dit une collègue : « Plus besoin d'AESH [Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap] à temps plein pour les enfants en situation de handicap puisqu'il y aura un module de formation sur le handicap dans la formation initiale des enseignants ! » Et d’ajouter, tongue in cheek (elle est prof d’anglais) : « Je propose un module « médical » pour remplacer les infirmières scolaires, un module « maçonnerie » pour s’occuper de la réfection des bâtiments scolaires, un module « social » pour remplacer les AS, un module « gestion » pour remplacer les gestionnaires, etc. La revalorisation du métier d’enseignant selon Macron : pas d’augmentation des salaires, pension de retraite divisée par deux et alourdissement de la charge de travail ! ».

Tous des autistes, vous dis-je… Ils ne voient que le petit bout de leur lorgnette…

Il faut savoir de quoi l’on parle. J’ai donc demandé à Isabelle B***, elle-même enseignante, et heureuse maman de deux enfants handicapés, un garçon aujourd’hui âgé de 12 ans, autiste Asperger, dysgraphique, dyspraxique, déficit de l’attention, hyper-activité — un tableau assez fréquent en fait — et une petite fille de 6 ans, autiste non-verbale, handicapée sérieusement suite à un accident à la crèche.

Comme elle me l’écrit — et je tiens l’intégralité de son témoignage à la disposition du lecteur via la rédaction de Marianne —, après le signalement fait par l’instit' de CP, il a fallu déjà deux ans de bilans successifs pour arriver, pour le premier, à un diagnostic complet. Entretemps, il a eu en CE1 un instit' qui le privait régulièrement de récré parce qu’il n’avait pas fini son travail en même temps que les autres. Sans doute n’avait-il pas suivi de module de formation, et il faudra évidemment penser à ces 850 000 enseignants confrontés à des handicaps divers et qui n’ont jamais été formés à cet effet. Puis en CE2 une enseignante plus intuitive qui a mis elle-même en place des aménagements — faire des dictées moins longues, par exemple. Du bricolage plein de bonnes intentions.

LOURDEUR BUREAUCRATIQUE

« Une fois les bilans en main, explique Isabelle B***, nous avons rempli un dossier à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) pour que le handicap de Gabriel soit reconnu et qu’il puisse obtenir les aménagements nécessaires à la poursuite de sa scolarité. En principe, quand votre enfant est reconnu handicapé par la MDPH, une ESS (Equipe de Suivi et de Scolarisation) doit se tenir dans son établissement scolaire en présence des ses parents et professionnels de santé pour remplir un GEVA-SCO (Guide d'évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation) et un PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé). Ces documents sont transmis à la MDPH par l’enseignante référente du handicap pour appuyer votre demande d’AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire, aussi appelée AESH, Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap) qui guidera votre enfant en classe pour compenser ses difficultés. Les textes officiels précisent bien que les comptes-rendus et les documents doivent être soumis aux parents et professionnels pour accord avant transmission à la MDPH. »

Passons sur la lourdeur bureaucratique du processus, justement soulignée par Macron. Mais l’histoire a une suite : "Dans le cas de notre fils, notre demande d’AVS fut refusée par la MDPH pour le motif suivant : « Les aménagements scolaires et les compensations mis en place sont adaptés aux besoins de votre fils. L'accompagnement par un AVS pourrait nuire à son autonomie »." Magnifique argument.

En fait, le GEVA-SCO avait été rempli par un enseignant qui considérait que l’attitude de l’enfant était de la paresse pure — dossier à charge, comme on dit en justice. Après avoir pris un avocat — en vérité je vous le dis, il n’y a que la force qui fait plier l’institution —, le jeune homme s’est vu attribuer une AVS « mutualisée », c’est-à- dire partagée entre plusieurs handicapés divers. L'IA-DASEN du Rhône a d’ailleurs envoyé une note indiquant qu’ « une personne qui effectue vingt heures par semaine pourra accompagner trois élèves porteurs de handicap et un personnel qui effectue vingt-quatre heures par semaine pourra en accompagner quatre, dans la mesure du possible. »(Note de service du 24 août 2017).

LE TEMPS MORCELÉ DES AUXILIAIRES DE VIE SCOLAIRE

Dans un collège proche de chez moi, une AVS qui accompagne un élève de 6 ème part à toute allure à 11h et demie pour se rendre à l’école primaire du secteur — qui n’est pas « de l’autre côté de la rue » — pour s’occuper d’un gamin et l’aider à manger, ce qu’il ne peut faire seul. Et effectivement, la plupart de ces AVS ont des emplois du temps morcelés, et rarement complets : elles (ce sont la plupart du temps des femmes) se décarcassent donc pour un salaire qui frise les 800 € par mois — Byzance… Telle AVS « mutualisée » d’un collège proche s’occupe ainsi de 4 gamins en situation de handicap, soit 4 handicaps différents (un aveugle et des multi-dys) sur quatre niveaux différents. Sûr que s’occuper exclusivement de l’aveugle nuirait à son autonomie, et à celle du chien qui l’accompagne en classe…

Ajoutons que les courriers — je les ai sous les yeux — adressés depuis juin 2018 au rectorat par le député du coin — Olivier Falorni, un Radical qui a la grand tort de siéger dans le groupe Libertés et Territoires, farci d’indépendantistes corses, ces gueux — à propos de la fille d’Isabelle B*** sont restés sans écho. Sa fille, handicapée à 80 % (c’est beau, les chiffres, ça occulte la réalité du handicap), est scolarisée dans une école Montessori avec une AVS rémunérée par les parents, et aux dires de l’institution, elle n’a pas besoin d’une aide individualisée : « Les besoins de l’enfant, dit la directrice MDPH, nécessitent la présence d’un auxiliaire mutualisé », dont l’intervention « sera orientée vers les activités de la vie sociale et relationnelle… » Ça lui fait, si je puis dire, une belle jambe.

Alors entre en jeu la mécanique kafkaïenne de l’administration, dont Emmanuel Macron a souligné la lourdeur — il ne risquait rien à le faire : « Si l’on souhaite contester, explique la mère en colère, une décision de la MDPH, il faut obligatoirement faire un recours RAPO (Recours Administratif Préalable Obligatoire). Si la MDPH ne répond pas à ce RAPO dans un délai de deux mois, cela équivaut à une décision implicite de rejet de sa part. Dès lors, on a deux mois pour envisager de faire un recours contentieux auprès du pôle social du Tribunal de Grande Instance dont on dépend, ce qui rallonge évidemment les délais vu que les TGI sont débordés. Conséquence, les enfants en situation de handicap se retrouvent sans AVS pendant des mois, voire des années, et sont donc forcément soit en échec scolaire soit non scolarisés ».

On ne s’improvise pas éducateur spécialisé, c’est un métier. D’autant que le garçon d’Isabelle, pendant ce temps, qui avait eu la chance d’avoir au CM2 un instit' qui avait été formé au Canada à la gestion des handicapés, s’est retrouvé en 6ème — dix profs, et autant de risques d’incompétences accumulées (entendons-nous : ce n’est pas leur faute, on ne s’improvise pas éducateur spécialisé, c’est un métier).

Mais tout va s’arranger, la prochaine génération d’enseignants aura bénéficié du module handicap. J’aurais cru, moi, qu’il fallait prioritairement les initier à l’art d’apprendre à lire, à écrire et à calculer selon des méthodes rigoureuses qui ne soient pas celles des pédagos qui contrôlent encore la formation — mais le handicap vient désormais en tête. Les futurs enseignants — aucun problème pour les recruter, bien sûr — en sus de savoirs disciplinaires qu’ils n’ont pas et de compétences pédagogiques qu’on leur fait miroiter sans les leur donner, devront aussi savoir s’occuper des handicapés divers et variés : une prof de Lettres, en 6 ème, en a 14 dans la même classe de 24 élèves — et deux ou trois AVS pour gérer tout ça. Plus le chien. Bonne chance. Macron appelle à la mobilisation nationale 11 février 2020 • Par L'AFP pour Handicap.fr- Par Arnaud Bouvier, Jérôme Rivet

"Tous les Français doivent tous se mobiliser" pour améliorer la vie des 12 millions de personnes handicapées, a déclaré, ce 11 février 2020, Emmanuel Macron, en annonçant une série de mesures sur la scolarisation, l'accès aux droits ou l'emploi.

"Ce que je voudrais lancer aujourd'hui, c'est véritablement un appel à la mobilisation nationale" car "le handicap ne touche pas simplement 12 millions de Français" mais "chacun d'entre nous peut y être confronté à un moment de sa vie", a déclaré le président en concluant la Conférence nationale sur le handicap (CNH), le 11 février 2020. Organisé à mi-mandat, cet événement a réuni 500 personnes à l'Elysée pour tirer un "premier bilan" des mesures décidées depuis le début du quinquennat et en prendre d'autres "que nous avons encore le temps de mettre en œuvre" d'ici à 2022, selon l'Elysée.

Plus d'élève sans solution

Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a ainsi décliné une série de décisions, sans toutefois détailler leur financement. Il a notamment fixé l'objectif que "plus aucun enfant" handicapé ne soit laissé "sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre". Leur nombre a déjà été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, passant de 15 000 à 8 000, mais "le vrai sujet est qu'on manque d'accompagnants" pour aider ces enfants à l'école. Pour y remédier 11 500 postes d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires seront créés d'ici à 2022, s'ajoutant aux 66 000 prévus à la fin de l'année.

Maintien de l'AAH

Le président a également annoncé la mise en place d'un numéro d'appel unique (le 360) pour répondre à l'angoisse des familles et la création de 1 000 places supplémentaires dans les établissements spécialisés. M. Macron a par ailleurs répondu aux inquiétudes des associations sur l'avenir de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à 1,2 million de personnes. Cette prestation ne sera "jamais transformée, diluée ou supprimée" au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a-t-il affirmé. Il a par ailleurs annoncé que la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, sera étendue dès 2021 de manière à couvrir les aides ménagères, mais aussi l'assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s'occuper de son jeune enfant. Sur le front de l'emploi, le gouvernement entend mettre l'accent sur le développement de l'apprentissage. Il a en outre souligné que la question du droit à la vie sexuelle de ces personnes ne devait "pas être un tabou dans la société". Ce "discours mobilisateur" doit désormais être "traduit en actions", a commenté dans un communiqué le Collectif Handicaps, qui regroupe 48 associations. Le collectif a salué notamment les annonces sur la scolarité, l'élargissement de la PCH ou le maintien de l'AAH, cependant "il reste encore à définir de manière concrète les moyens qui seront mis sur la table", a-t-il noté.

Des efforts en matières d'accessibilité

Avant l'intervention d'Emmanuel Macron, personnes handicapées, aidants familiaux et militants associatifs ont interpellé la douzaine de ministres présents sur la lenteur des démarches et le manque de solutions d'accompagnement. "On a envie de prendre notre place dans la société mais on a besoin de vous pour faire bouger les choses, c'est vous qui avez les manettes", a résumé une femme atteinte d'un handicap visuel, jugeant "anormal" que certaines démarches prennent "quatre mois dans la Marne et parfois deux ans en Seine-Saint-Denis". "Notre pays compte des milliers de personnes sans solutions d'accompagnement adapté", a souligné de son côté Luc Gateau, président de l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei). Son homologue de l'APF France handicap, Alain Rochon, a réclamé des "sanctions" contre les établissements recevant du public qui rechignent à faire des travaux pour se rendre accessibles aux personnes handicapées. En réponse, les ministres ont reconnu que les efforts devaient encore être accentués. Le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O, a ainsi noté que les démarches administratives en ligne étaient encore insuffisamment accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, et a fixé un objectif de 80 % d'accessibilité d'ici à deux ans. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s'est engagée à ce que tous les discours du président et du Premier ministre soient sous-titrés et traduits en langue des signes d'ici à quelques mois.

Le handicap, l'affaire de tous

Symboliquement, cette conférence a été programmée exactement 15 ans après l'adoption d'une loi majeure pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi, adoptée sous la présidence de Jacques Chirac, a permis une "démarche vers l'autonomie" et revêtait une "dimension symbolique", a souligné devant les invités Claude Chirac, la fille de l'ancien président, qui s'est dite "très émue". Quinze ans plus tard, "les préjugés demeurent. Avant d'être l'affaire de l'Etat, c'est l'affaire de tous", a ajouté Mme Chirac. Sous le slogan "Un droit ce n'est pas une faveur", des familles avaient prévu de manifester dans une quarantaine de villes partout en France, y compris en outre-mer, pour dénoncer les "défaillances du système". Les protestataires réclament notamment que les pouvoirs publics fassent "respecter les législations déjà en vigueur". "Il y a plein de choses intéressantes dans le discours du président, mais quand on saisit les pouvoirs publics de dysfonctionnements sur le terrain, on est ignoré", a résumé Charlotte Langlois, l'une des organisatrices de ces manifestations. Mobilisation sur le handicap à Nîmes : Les familles sont à bout Midi Libre – Nîmes - 12 février 2020 - Juliette Lerond-Dupuy

Des actes, au delà des discours d’intention. J. L.-D.

Rassemblés devant la MDPH, des parents et des professionnels expriment leur colère.

Ce mardi, devant le nouveau bâtiment du conseil départemental, était organisé un rassemblement de familles et professionnels venus contester l’immobilisme du président de la République dans l’amélioration de la vie des personnes handicapées. La mobilisation nationale a eu lieu en marge de la Conférence nationale sur le handicap (CNH) tenue mardi après-midi. « C’est là où je suis tombée malade, j’ai fait un burn-out » Liliane Alegre-Sichi, mère de Guillhem, tétraplégique, est ici pour défendre les droits de son fils et des familles concernées. À 35 ans, Guillhem est dans une Maison d’accueil spécialisée. "Il a trouvé son équilibre et il heureux mais il est resté 10 ans sur liste d’attente lorsqu’il a quitté son ancien établissement. Il est revenu vivre à la maison. C’est là où je suis tombée malade, j’ai fait un burn-out". Liliane se dit sceptique sur les propositions annoncées par Emmanuel Macron. "On se rend compte que depuis la loi 2005, les choses n’ont pas été respectées. Accessibilité à tout et pour tous, nous en somme bien loin." Accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH), Ingrid Poitevin attend aussi de voir. "Ce ne sont que des paroles. Nous ce qu’on voudrait ce sont des actes."

Besoin de reconnaissance

En plus des retards conséquents dans le traitement des dossiers par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), la mère de Guillhem revendique une “réelle” reconnaissance du statut d’aidant familial. "Les familles sont à bout psychologiquement. Il y a beaucoup de suicides, d’alcoolisme, d’addiction. C’est une non- assistance à personnes en danger".

Un accompagnement fragmenté

Les AESH ont une revendication ciblée : l’arrêt de la mutualisation. Les accompagnants sont regroupés dans des Pôle d’inclusion personnalisée (PIAL) et interviennent sur plusieurs élèves à la fois. "On est des pions qu’on prend et qu’on déplace", s’indigne Ingrid Poitevin. Le problème se pose d’autant plus avec des enfants nécessitant un accompagnement d’hygiène. "Lui mettre tout le temps une personne différente pour l’emmener à la toilette. Il faut un respect pour la personne quand même". Une deuxième mobilisation est prévue vendredi 14 février à la MDPH avec la présence des syndicats.

Conclusion de la conférence

En conclusion de la Conférence nationale sur le handicap organisé ce mardi, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures : la création de 11 500 postes d’accompagnants pour 2022, la mise en place d’un numéro d’appel (le 360) pour les familles préoccupées, 1 000 places supplémentaires dans des établissements d’accueils spécialisés. Obligation d'emploi et handicap : du nouveau en 2020 ! 13 février 2020 • Par Amandine Pillot, dirigeante d'Atout-caP, consultante politique handicap

Calcul du taux d'emploi, modalités des accords entreprise, sous-traitance, déclaration du nombre de salariés handicapés... Synthèse des principaux changements liés à la réforme de l'Obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH).

Voir la vidéo Titre de la vidéo https://youtu.be/cyT78zAfjdc

La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », promulguée le 5 septembre 2018, modifie l'obligation des entreprises en matière de handicap. Si le taux d'emploi de travailleurs handicapés reste, pour l'heure, fixé à 6 %, pour les sociétés de vingt salariés ou plus-devenant révisable (seulement à hausse) tous les cinq ans- les modalités de calcul, notamment, changent. L'objectif : renforcer l'emploi direct de ce public. Synthèse des changements opérés depuis le 1er janvier 2020...

Déclaration auprès de l'Urssaf  Avant : seules les entreprises de vingt salariés ou plus, soumises à l'OETH (obligation d'emploi de travailleurs handicapés), font leur déclaration annuelle à l'Agefiph via un formulaire Cerfa. A noter, la dernière DOETH (déclaration) papier ou télédéclarée de 2019 est à faire avant le 1er mars 2020. La contribution est versée à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE).  Après : Chaque entreprise (quels que soient ses effectifs) doit déclarer son taux de travailleurs handicapés dans la Déclaration sociale nominative (DSN) ; l'Urssaf sera donc son interlocuteur. Un « logiciel de paie maj 2020 » est nécessaire depuis le 5 janvier 2020. La logique de confidentialité est conservée. Concernant la DSN, dans le bloc contrat, il faut désormais mentionner la qualité de TH (nomenclature avec treize types de statut). Toutes les attestations Esat/EA/TIH seront envoyées avant le 31 janvier 2021, ainsi que pour les entreprises de travail temporaire et les groupements d'employeurs. L'entreprise devra ensuite calculer sa contribution 2020 au début de 2021.

Entités assujetties : un effectif global  Avant : L'entité assujettie est un établissement qui bénéficie d'une autonomie de gestion. Ils peuvent être nombreux dans certaines entreprises.  Après : Désormais, l'entreprise sera assujettie et devra donc additionner les effectifs de ses éventuels établissements pour connaître son nouvel effectif. D'autre part, l'assujettissement aux règles de sécurité sociale, bien connu des services paie, contient désormais plus de particularités dans l'OETH.

Effectifs : moyenne annuelle  Avant : Tous les types de contrat sont concernés (CDI, CDD, alternance, stage, intérim, etc.) et comptabilisés en équivalent temps plein ETP au 31 décembre.  Après : Tous les types de contrat sont toujours concernés mais comptabilisés en moyenne annuelle. Les TH d'ETT (Entreprise de travail temporaire) et de groupements d'employeurs ne sont donc plus comptés dans l'effectif assujetti tandis que les intérimaires sont valorisés différemment via une attestation. Sous-traitance : exit l'emploi « indirect »  Avant : La sous-traitance (ESAT, entreprise adaptée, travailleur indépendant handicapé), qui relève de l'emploi indirect, est comptabilisée en amont dans les 6 %, via les Unités bénéficiaires (UB).  Après : On ne parle plus d'emploi indirect ni d'UB mais 30 % du coût de la main d'œuvre (quelle que soit la nature de l'achat ou de la prestation) sont déductibles de la contribution (en aval). Cela reste donc incitatif. Par ailleurs, c'est désormais valorisé en euros. Le plafond varie en fonction du taux d'emploi de l'entreprise. Celles qui emploient moins de 3 % de TH obtiendront un plafond de 50 % du montant de la contribution due. Pour les autres, ce sera 75 %.

Déduction : plus que 3 catégories  Avant : 13 catégories de dépenses donnent droit à une déduction à hauteur de 10 % de la contribution.  Après : 3 catégories de dépenses donnent doit à une déduction à hauteur de 10 % de la contribution, à savoir : le diagnostic et les travaux d'accessibilité allant au-delà des obligations, le maintien dans l'emploi et la reconversion, mais aussi l'accès et le maintien dans l'emploi, la formation et la sensibilisation.

Accord : renouvelable une fois  Avant : Les entreprises peuvent s'exonérer de leur obligation en signant un accord handicap tripartite, agréé et renouvelable.  Après : Des accords de trois ans peuvent toujours être conclus mais ils ne seront désormais renouvelables qu'une fois.

Minorations supprimées  Avant : Des minorations existent, selon l'effort fait par les entreprises concernées (TH de moins de 26 ans, éloignés de l'emploi…).  Après : Les minorations ont été supprimées au profit de valorisations spécifiques. Les TH de 50 ans et plus comptent, par exemple, pour 1,5 (coefficient). On réduit ceux qui vivent le handicap à des nécessiteux L’Express - 10 février 2020 - Par Sabrina Champenois

Le retard de la France s’explique en partie par son rapport culturel au handicap, estime le chercheur Charles Gardou. Anthropologue, spécialiste du handicap et professeur à l’université Lumière Lyon-II, Charles Gardou est notamment l’auteur de La société inclusive, parlons-en (1), et organisateur des trophées Lumière de l’entreprise inclusive.

La France évolue-t-elle vraiment dans son rapport au handicap ? Indépendamment des partitions politiques, il convient de mentionner des mesures récentes. Dans le domaine des droits effectifs : allongement maximal de certains d’entre eux et attribution sans limite de durée pour les personnes dont le handicap n’est pas susceptible d’une évolution favorable. Ce qui concerne l’allocation aux adultes handicapés (AAH), la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), la carte mobilité inclusion (CMI) et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH). Il faut aussi saluer la revalorisation de l’AHH, portée à 900 euros, même si ce montant est insuffisant au regard du seuil de pauvreté, fixé à 1 026 euros par mois. Je songe encore au droit pour les personnes majeures sous tutelle de voter, de se marier, de se pacser et de divorcer ; à la stratégie autisme et à la place plus conséquente des personnes en situation de handicap au sein du nouveau Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), désormais présidé par l’une d’elles, Jérémie Boroy. Ce qui renvoie aux notions de reconnaissance du pouvoir d’agir (empowerment), d’autodétermination ou d’autoreprésentation. Il s’agit d’autoriser chacun à être acteur de sa vie. Mais des points noirs demeurent. Dans le domaine de la scolarisation, notamment. Faire advenir une société inclusive nécessite un volontarisme plus affirmé en matière d’éducation. Si les progrès d’ordre quantitatif sont indéniables (340 000 élèves en situation de handicap scolarisés, alors qu’ils n’étaient que 100 000 en 2006), il y a carence d’un point de vue qualitatif. Elle tient notamment à la formation des acteurs, pourtant tous concernés : accompagnants, professeurs, chefs d’établissement, inspecteurs, etc.

Quelle formation faudrait-il ? On tend à confondre la sensibilisation, l’information et la formation. Une vraie formation suppose une action plus durable, plus profonde, amenant à l’acquisition de fondamentaux qui préparerait ces acteurs à répondre aux besoins d’un enfant avec des difficultés spécifiques d’apprentissage, en jouant sur des temporalités, des rythmes, des pédagogies. Sans quoi, les professionnels sont démunis. En outre, l’éducation nationale et le médico-social se côtoient sans bien se connaître et interagissent trop peu. Pourquoi ne pas mettre en œuvre, en formation initiale dans les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé), des enseignements communs aux acteurs des deux secteurs ? Il faut édifier des passerelles entre ces «subcultures».

Existe-t-il des pays en pointe ? Comparer est difficile car les paysages culturels, sociaux, politiques et économiques sont très différents. On peut néanmoins noter des choses qui fonctionnent bien. Dans les pays nordiques, par exemple, on permet davantage aux enfants peu ou prou éloignés de la norme scolaire, telle que culturellement construite, à trouver leur place à l’école et à se réaliser à leur mesure. En Italie, une loi de 1977 a octroyé à tous les enfants le droit de fréquenter les classes ordinaires, avec l’ambition que l’enseignant ne soit plus seul dans sa classe mais puisse œuvrer en lien avec un plateau de professionnels. Notre pays, lui, reste encore très attaché à un système où il importe d’être au «bon âge», dans la «bonne classe», dans la «bonne moyenne», faute de quoi l’on se demande s’il est légitime qu’un enfant en situation de handicap y soit «placé». Nous avons à mesurer les progrès à réaliser au sein d’un système éducatif particulièrement normatif. C’est une affaire de culture à réinterroger.

Le handicap reste perçu comme une anormalité… On continue en effet à concevoir les fragilités, dont le handicap est l’une des multiples expressions, comme extraordinaires, alors qu’elles s’inscrivent dans l’ordinaire de la condition des êtres vivants. Cette erreur nous conduit à réduire ceux qui vivent le handicap au quotidien à des nécessiteux, à leurs besoins particuliers, selon l’expression consacrée. Or ils sont, comme nous tous, des êtres de désirs, de projets, de rêves, qu’on ne sait souvent pas entendre parce qu’ils s’expriment différemment. Pour transformer cette donne culturelle, il existe plusieurs leviers : l’éducation, pour commencer, dès la petite enfance. Les structures doivent être très largement inclusives, ouvertes : un enfant qui grandit dans un milieu aseptisé ne peut pas devenir un adulte perméable à la diversité humaine. Il faut aussi former les acteurs de tous secteurs, par exemple le travail, où perdurent trop de représentations péjoratives du type «handicap = incapacité, incompétence, improductivité». Nous restons héritiers d’une culture de l’asymétrie relationnelle et de la compassion. Il y a aussi le levier des médias. En termes d’empreinte laissée dans les esprits, leur pouvoir ne cesse de croître. Or les écoles de journalisme n’ouvrent pas assez leurs portes aux personnes en situation de handicap. Enfin, on a trop parlé et décidé à leur place, en se disant : «Il faut les assister.» Leur parole, fût-elle hésitante, mérite d’être entendue. L’expertise de l’intérieur est irremplaçable.

(1) Erès, «Connaissances de la diversité», 2012. Plan handicap : Macron voit grand, les assos l'attendent au tournant Libération - 11 février 2020 - Par Anaïs Moran

Le Président a dévoilé mardi les trois axes de son plan dédié au handicap : l’école, les places en structures et l’amélioration dans l’accès aux aides. Des mesures ambitieuses qui méritent des «moyens adéquats», jugent les principaux concernés.

Il aura fallu attendre trois années post-promesses de campagne et la date symbolique du 11 février (exactement quinze ans après l’adoption de la loi pour «l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées») pour qu’Emmanuel Macron expose sa stratégie nationale pour la «Grande Cause Handicap». Ce mardi matin, à l’occasion de la cinquième Conférence nationale du handicap, le chef d’Etat s’est exprimé durant presque une heure pour décliner les mesures de sa «philosophie radicalement nouvelle». Concrètement, ça veut dire quoi ? A priori, le projet gouvernemental veut mettre le paquet sur trois «priorités» : l’école, les places en structures et l’amélioration dans l’accès aux aides.

Pour l’école, l’objectif du Président semble limpide : «Plus aucun enfant ne doit être laissé sans solution de scolarisation» en septembre prochain. A la rentrée 2019, ils étaient 8 000 élèves à ne bénéficier d’aucun accompagnement, privés de facto de leur droit d’aller à l’école. «Ce 8 000 doit passer à zéro», a insisté le chef de l’Etat. Pour atteindre sa promesse, le gouvernement veut introduire un «module handicap» dans la formation initiale de professeurs des écoles et des enseignants du secondaire. Et entend surtout créer 11 500 postes supplémentaires d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) d’ici 2022, en misant sur une politique de revalorisation de la profession : «Nous devons offrir à ces personnes des contrats dignes. C’est le seul moyen de continuer à les recruter et à les stabiliser dans l’emploi», a martelé Emmanuel Macron.

Un «forfait diagnostic»

Pour Marion Aubry, vice-présidente de l’association Tous pour l’inclusion (Toupi), ces mesures annoncées «vont dans le bon sens» mais restent largement insuffisantes pour atténuer sa vigilance. «J’ai du mal à croire que tout sera réglé en sept mois, dit-elle. Le groupe de réflexion sur les problèmes d’attractivité du métier d’AESH n’est même pas encore lancé par le gouvernement. Il n’y a pour l’heure aucune piste concrète. De même, on nous annonce des formations spécifiques, mais elles ne concernent que les futurs enseignants. Que fait-on de ceux qui sont actuellement dans les classes de nos enfants ?»

Autre mesure dévoilée pour les enfants : le «forfait diagnostic», instauré par le plan autisme pour les enfants de 0 à 6 ans, devrait être étendu aux 7-12 ans ainsi qu’à l’ensemble des «troubles Dys» (dyslexie, dysphasie, dyspraxie).

Pour pallier le manque criant de places en structures et enrayer le phénomène d’exil en Belgique (où 1 500 enfants et 6 500 adultes seraient pris en charge à l’heure actuelle), le chef d’Etat a également confirmé la création de 3 500 places supplémentaires en établissements spécialisés. «On ne peut pas rester dans cette situation. Moi je ne veux plus d’ici fin 2021 de départ contraint à l’étranger. Ce n’est pas décent pour une nation comme la nôtre», a-t-il admis. Des paroles saluées par Alain Rochon, président de l’association APF France Handicap, qui reste pourtant sur ses gardes : «Deux ans pour créer autant de places ? Je demande à voir. C’est bien de viser ambitieux, mais le budget voté en 2020 est minuscule. Il faudra que le gouvernement mette le paquet sur celui de 2021, s’il veut atteindre son objectif. Chiche !».

«Des paroles mobilisatrices»

Dernier axe : l’amélioration dans l’accès aux droits et aux aides financières. Comme prévu, le chef d’Etat a annoncé la mise en place, pour janvier 2021, d’un numéro d’appel unique (le 360) pour répondre au désespoir des familles en manque de solutions. Et pris l’engagement de réduire, dès l’année prochaine, les délais d’examen des demandes pour l’allocation adulte handicapé (AAH) à «trois mois maximum». L’Etat allouera 25 millions d’euros annuels en 2021 et 2022 pour aider les Maisons départementales des personnes handicapées à gérer l’abondance des dossiers qui s’accumulent. Par ailleurs, Emmanuel Macron a assuré que cette AAH ne sera «jamais transformée, diluée ou supprimée» au bénéfice du futur revenu universel d’activité – une déclaration plus que bienvenue face aux inquiétudes de plus en plus vives des associations à ce sujet.

L’autre bonne nouvelle vient de l’extension envisagée pour la prestation de compensation du handicap (PCH). Actuellement, ce dispositif englobe principalement les aides financières médicales (prestations à domicile notamment) et techniques (fauteuil, lit médicalisé, porte personne). Le gouvernement souhaiterait que cette PCH intègre dès 2021 l’aide à l’alimentation, mais aussi l’assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s’occuper de son enfant.

Globalement, donc ? « Les paroles du Président sont mobilisatrices, les objectifs forts, c’est vrai qu’on s’y retrouve, mais on attend de voir si les annonces vont être suivies de moyens adéquats», résume Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps, qui regroupe les plus grosses associations du secteur, telles que l’Unafam et l’Unapei. «Emmanuel Macron était dans son rôle. On demande à voir les traductions concrètes de ce beau discours». Pour intégrer les enfants handicapés à l'école, il faut plus de "moyens humains" Europe 1 - 9 février 2020 - Par Tiffany Fillon

Des élèves handicapés au collège et au lycée "Élie Vignal" de Caluire-et-Cuire près de Lyon, lors de la rentrée scolaire du 1er septembre 2016. https://www.dailymotion.com/embed/video/x7rns90

Alors que se tiendra mardi la conférence nationale sur le handicap, Julia Slane, professeur des écoles et Caroline Boudet, mère d'une enfant handicapée, ont débattu, dimanche, au micro de François Clauss, sur l'intégration des enfants handicapés à l'école.

ANALYSE Les enfants aux handicaps lourds peuvent-ils être scolarisés dans des écoles ordinaires ? Deux jours avant la conférence nationale du handicap présidée mardi par Emmanuel Macron, Julia Slane, professeur des écoles et Caroline Boudet, journaliste et mère d'une enfant handicapée, ont débattu sur cette question, sur Europe 1.

Actuellement, en France, 320 000 élèves handicapés ont été scolarisés en milieu ordinaire. C'est le cas de Louise, une jeune enfant trisomique de trois ans. Dans L’effet Louise (Stock), sa mère, Caroline Boudet livre un témoignage bouleversant de leur quotidien. Invitée sur Europe 1, face à Julia Slane, professeure des écoles, auteure d’une tribune dans Marianne , elle estime que l'intégration des enfants handicapés dans des écoles classiques est possible.

Des enfants "qui ne supportent pas le bruit, la foule, la lumière"

Cette inclusion devrait même être encouragée, d'après Caroline Boudet. "À l'étranger, de multiples études ont montré que l'inclusion était bénéfique, que ce soit pour les élèves en situation de handicap que pour des élèves qui ne le sont pas", affirme Caroline Boudet. Mais, selon elle, une condition doit être respectée : celle de l'encadrement adapté. "L'inclusion ne peut se faire qu'avec des moyens humains", affirme Caroline Boudet, qui cite l'exemple de l'Italie, où des enseignants spécialisés sont présents en classe.

De son côté, Julia Slane pointe des pathologies qui rendent l'apprentissage très difficile. "Certains enfants ont des troubles tellement importants que le fait d'être en groupe devient problématique pour eux", pointe-elle. Elle cite, par exemple, les enfants qui ont "la phobie des couloirs", ceux qui "ne supportent pas le bruit, la foule, la lumière". "Que fait-on quand on a cet enfant dans une classe avec trente élèves ?", demande la professeure.

Julia Slane regrette également le manque de flexibilité du système scolaire. "Quand on inclut ces enfants dans les écoles, il faut savoir qu'il n'y a aucune réduction des effectifs dans les classes", se désole la professeure. "Dans ma classe, cette année, j'ai 35 élèves. J'ai aussi trois élèves en situation de handicap lourd sans compter ceux qui ont des troubles de l'attention et autres", poursuit-elle.

La professeure s'attaque aussi à la formation des enseignants, qu'elle juge "légère". "Nous n'avons jamais été formés pour prendre en charge des difficultés ordinaires et on nous demande de prendre en charge des difficultés extraordinaires !", s'étonne-t-elle. Julia Stane finit par résumer sa pensée : "certaines inclusions ne sont pas possibles, tous les enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisables en milieu ordinaire", conclut-elle. Pourquoi 7 000 Français en situation de handicap sont accueillis en Belgique Ouest-France – Handicaps – 12 février 2020 - Emmanuelle FRANÇOIS

Plus de 7 000 Français en situation de handicap sont accueillis en Belgique. Le gouvernement français souhaite limiter cet afflux.

Fin 2018, 1 436 enfants et adolescents en situation de handicap étaient accueillis dans des établissements belges conventionnés avec la France. | Getty Images/Istockphoto

Hector, jeune Français polyhandicapé de 10 ans et demi, est scolarisé à Tournai, commune belge à une vingtaine de kilomètres de la métropole lilloise, où habitent ses parents. Le matin, un taxi vient le chercher à 7h50 et le ramène à 16h00. Comme plus d’un millier d’enfants sans place en institut médico éducatif (IME) en France, il est scolarisé dans une école d’enseignement spécialisé, qui accueille des enfants avec tous types de handicaps. Dans sa classe, ils sont 8 enfants avec deux instituteurs et un plateau technique important. Pour Christine, sa mère, la qualité de l’enseignement en Belgique vaut le choix difficile de scolariser son enfant à Tournai. Si on avait l’équivalent en France, on ne se poserait même pas la question de partir en Belgique. Les instituteurs sont formés pour faire classe aux enfants avec toutes leurs différences. Dans les IME français, il y a très peu de cours ou d’apprentissages éducatifs. En Belgique, les enfants font de beaux progrès, à leur rythme, ils sont considérés avec bienveillance.

Plus de 7 000 Français accueillis en Wallonie

Fin 2018, il y avait 1 436 enfants, adolescents et jeunes adultes accueillis dans des établissements wallons conventionnés par la France – sans compter les familles qui s’expatrient en Belgique pour se rapprocher de l’école de leur enfant. Tous viennent principalement des Hauts-de-France, du Grand Est et d’Île-de-France. Au 31 décembre 2017, 6 109 personnes handicapées adultes étaient accompagnées par une structure wallonne car, en grande majorité, elles n’avaient pas trouvé de place en France. Il s’agit, pour près de la moitié, de personnes présentant une déficience intellectuelle, puis de personnes portant un handicap psychique (1 417) et ensuite des troubles du spectre autistique pour 800 personnes. Au-delà du manque de places en France, l’accompagnement en Belgique est jugé meilleur par de nombreuses familles.

Le gouvernement souhaite prévenir les départs en Belgique

Le gouvernement souhaite, depuis quelques années, ne laisser aucune personne sans solution en France et, in fine, prévenir les départs en Belgique. Les listes d’attente dans les établissements spécialisés en France peuvent être longues et les établissements de l’Hexagone privilégient l’arrivée de cas plus légers. Une majorité des départs en Belgique est liée au […] refus des cas très lourds, problématiques, des personnes avec des troubles du comportement importants, note le rapport « Prévention des départs non souhaités en Belgique », commandé par le gouvernement. À part quelques idéalistes, comme l’association Le Silence des justes, présentée dans le film Hors normes, personne ne veut prendre les cas compliqués, abonde Isabelle Resplendino, présidente de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique.

Un rapport sénatorial de 2016 estime le coût total pour la France de la prise en charge des personnes handicapées en Belgique à 400 millions d’euros – un montant qui a probablement augmenté depuis. Isabelle Resplendino avance le chiffre de 500 millions d’euros. Une grosse moitié vient des conseils départementaux, le reste est issu du budget de l’Assurance maladie – via le Centre national de soins à l’étranger (CNSE).

Les demandes pour partir en Belgique ne cessent d’augmenter

Les premiers placements financés par l’Assurance maladie remontent à 1954. La Belgique accueille depuis encore plus longtemps des Français en situation de handicap. Historiquement, la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 a poussé de nombreuses congrégations religieuses, qui étaient alors les acteurs majoritaires de la prise en charge du handicap du nord de la France, à traverser la frontière, note le rapport du Sénat.

Côté français, les demandes pour partir en Belgique ne cessent d’augmenter. Je n’ai jamais eu autant de demandes pour des prises en charge en Belgique, explique Isabelle Resplendino. Récemment, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) a rassemblé toutes les Maisons départementales des personnes handicapées des Hauts- de-France, d’Île-de-France et du Grand Est pour leur donner consigne de ne plus orienter en Belgique si une solution était disponible – même une mauvaise solution.

Selon elle, des familles d’Île-de-France se retrouvent avec des propositions de place dans le sud de la France, plus loin pour elles que la Belgique. Le bricolage en France est de plus en plus institutionnalisé, commente-t-elle. Revenu universel d’activité : une certitude et beaucoup de questions Capital – Votre argent – 12 février 2020 - Jean-Victor Semeraro

REVENU UNIVERSEL D'ACTIVITÉ

Alors que la concertation sur le futur revenu universel (RUA) se poursuit, le président Macron a annoncé que l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ne sera pas intégrée dans le futur dispositif. A quoi va donc ressembler le RUA ?

La surprise du chef. À la Conférence nationale du handicap, mardi 11 février, Emmanuel Macron a écarté l’idée d’une intégration de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) dans le futur revenu universel d’activité (RUA). “Quand j'ai proposé de mettre en place le revenu universel d'activité, je n'ai jamais parlé de l'allocation aux adultes handicapés [...] Donc, l'objectif assigné et poursuivi n'est pas de remplacer l'allocation aux adultes handicapés ou de la diluer dans le revenu universel d’activité. Je vais être ici très clair : ça n’arrivera pas”, a déclaré le président de la République. Le chef de l’État a donné raison aux associations de personnes handicapées qui défendent depuis de longs mois la spécificité de l’AAH et militent contre son intégration au sein du futur RUA.

L’allocation aux adultes handicapés laissée à l’écart… À quoi va donc ressembler le revenu universel d’activité ? À ce stade, alors que la concertation avec les associations et les syndicats continue, l’architecture du RUA est encore une esquisse. “L’objectif du revenu universel d’activité (RUA) est de transformer le paysage des aides sociales de notre pays pour renforcer son efficacité en lui donnant plus de lisibilité”, indique une note officielle. Comment ? D’abord en articulant, trois prestations : le revenu de solidarité active (RSA), la prime d’activité et les aides au logement (APL). Ces trois aides sociales couvrent près de 17 millions de personnes. Elles touchent souvent un même public, mais nécessitent des démarches spécifiques et répondent à des critères d’éligibilité différents. Dans un objectif de simplification du système mais aussi d’équité entre citoyens, le RUA devrait rassembler ces prestations en une allocation unique. A ces dernières, la nouvelle allocation pourrait agréger d’autres prestations appelées “suppléments” dans le nouveau système, à l’instar de l’allocation de solidarité spécifique (ASS).

Pour parvenir à la création du RUA, des questions liées à la prise en compte des ressources vont être tranchées dans les prochains mois. Quelles ressources détermineront l’accès ou non à la prestation ? Revenus salariaux, pension, revenus du patrimoine... Comment ces revenus seront-ils pris en compte ? C’est-à-dire en net, en brut, en net versé ou encore en net imposable… Quelle période de référence les organismes sociaux retiendront-ils pour calculer le droit à prestation (l’année n-1, n-2…) ? L’éligibilité au RUA sera-t-elle faite sur les ressources propres de l’allocataire ou en prenant en considération l’ensemble des revenus du foyer ? Enfin, à quelle fréquence la situation du foyer sera-t-elle examinée ?

Un “socle” pour les plus fragiles

Le RUA ne devrait pas supprimer le filet de sécurité que constitue le revenu de solidarité active (RSA) pour les personnes les plus fragiles. Celui-ci devrait être remplacé par une prestation baptisée “RUA socle” qui devrait être d’un montant équivalent au RSA. Parmi les publics fragiles, les jeunes sont également au centre de l’attention. La France compte 5,5 millions de jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans. Le futur système pourrait ouvrir des droits à prestation dès 18 ans. “Exclure les jeunes de 18 à 24 ans du dispositif de droit commun alors que la réforme d’un revenu universel d’activité vise à simplifier le paysage des prestations de solidarité, à renforcer son efficacité, sa lisibilité, et son équité semble difficilement justifiable”, est-il inscrit dans une synthèse de travail de l’exécutif.

Toutefois le coût budgétaire d’une telle intégration pourrait être important… Cependant, l’exécutif pourrait passer outre. Depuis le lancement de la concertation, le gouvernement n’a cessé de répéter que la création du revenu universel d'activité n’a pas pour objectif de réaliser des économies. In fine, c’est même le contraire qui pourrait se produire. En simplifiant l’accès aux prestations sociales - non sur le plan des critères sociaux, mais d’un point de vue administratif - le taux de recours aux prestations pourrait augmenter. Ce qui nécessiterait, peut-être rapidement, d’augmenter l’enveloppe allouée aux aides sociales. Revenu universel : L'AAH demeurera, assure Macron 13 février 2020 • Par L'AFP pour Handicap.fr

"L'Allocation adulte handicapé demeurera ! Elle ne sera jamais transformée, diluée ni supprimée au bénéficie du futur revenu universel d'activité", assure Emmanuel Macron lors de la 5e CNH. Les asso se disent satisfaites de cette clarification.

L'allocation aux adultes handicapés (AAH), actuellement versée à 1,2 million de personnes, ne sera "jamais transformée, diluée ni supprimée" au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a affirmé ce 11 février 2020, Emmanuel Macron, lors d'un discours à l'Elysée, à l'occasion de la Conférence nationale du handicap, répondant ainsi aux inquiétudes des associations. "Je vais être ici très clair, ça n'arrivera pas. Et donc l'AAH demeurera", a insisté le président.

Associations satisfaites

Quatre associations de défense des personnes handicapées avaient claqué la porte, la semaine dernière, de la concertation gouvernementale sur le RUA, pour marquer leur refus de voir l'AAH intégrée dans ce dispositif. Le RUA, qui pourrait concerner près de 15 millions de personnes à l'horizon 2023, doit intégrer au minimum les actuels RSA, prime d'activité et allocations logement. Mais aussi, potentiellement, d'autres prestations, parmi lesquelles le minimum vieillesse et l'AAH, selon les hypothèses évoquées jusqu'à présent par le gouvernement. Désormais, "il est très important que l'ensemble des associations soient présentes autour de la table pour définir le RUA, car il touche aussi des personnes en situation de handicap qui ne sont pas forcément bénéficiaires de l'AAH mais ont une activité adaptée, partielle, et il faut qu'on prenne en compte leur situation quand on définit" le RUA, a encore détaillé le président.

Interrogé par l'AFP, le président de l'association APF France Handicap, Alain Rochon, s'est félicité de cette clarification. "Le discours est parfaitement clair, je pense que les éléments sont réunis (...) pour revenir à la table des négociations sur cette base", a-t-il commenté. Scolarisation des enfants handicapés : un bilan en demi-teinte La Croix - Famille Education – 9 février 2020 - Pierre Bienvault

Alors que doit se tenir mardi 11 février la Conférence nationale du handicap, certaines avancées sur la scolarisation apparaissent plus quantitatives que qualitatives.

Le nombre d’élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire est passé de 100 000 en 2006 à près de 340 000 en 2018. Wavebreakmediamicro - Stock.Adobe.Com

La scolarisation des enfants handicapés ? Avant les chiffres ou les annonces gouvernementales, il y a d’abord les mots des premiers concernés. « Je dis souvent à ma mère que j’ai l’impression d’être seule au milieu de l’océan. C’est comme si on faisait une course à pied et qu’on nous demandait de ne jamais nous arrêter, de ne jamais respirer. » Voilà ce qu’a raconté, en mai 2019, Amandine Torresan, 25 ans, à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’inclusion des élèves handicapés. Un témoignage d’une force rare.

Celui d’une jeune femme, avec un handicap moteur, scolarisée en milieu ordinaire dès l’âge de 3 ans et qui est arrivée jusqu’en en master 2 à Bordeaux. « À l’âge de 10 ans, je suis partie à 140 kilomètres de chez ma mère (…). C’était la seule solution qui s’offrait à moi pour éviter la déscolarisation (…). Souvent, j’ai le sentiment que je n’ai pas le droit d’être, pas le droit d’être là, pas le droit d’être en vie, pas le droit d’être différente », avait-elle poursuivi.

Des progrès incontestables

Comment améliorer le parcours de ces enfants ? Cette question sera, parmi d’autres, au cœur de la Conférence nationale du handicap, présidée par Emmanuel Macron ce mardi 11 février, quinze ans après la grande loi de 2005. L’occasion pour le gouvernement de mettre en avant certains progrès, incontestables. « Le nombre d’élèves en attente d’un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018 », indiquait ce dimanche au JDD, la secrétaire d’État, Sophie Cluzel. D’après le rapport des députés, publié en juillet, le nombre d’élèves scolarisés en milieu ordinaire est passé de 100 000 en 2006 à près de 340 000 en 2018.

Un bond en avant quantitatif mais pas toujours qualitatif. Ces chiffres masquent parfois une forte disparité, notamment au fil de l’âge. « Beaucoup d’enfants avec des déficiences sévères sont scolarisés en maternelle et primaire, mais se retrouvent en grande difficulté au collège ou au lycée faute d’une structure adaptée », souligne Nicolas Eglin, président de la Fnaseph, qui regroupe des associations au service d’élèves handicapés.

Selon une étude de 2016 de l’éducation nationale, à l’âge de 6 ans, 8 élèves sur 10 sont dans une classe ordinaire. Mais en CM2, à 10 ans, ils ne sont plus qu’un sur 4. Les autres, le plus souvent ceux atteints de troubles intellectuels ou cognitifs, partent alors dans des classes ou des établissements spécialisés. Tout comme ceux, note l’étude, issus d’un milieu social défavorisé : « Parce qu’il faut être en mesure de se battre pour maintenir son enfant à l’école », comme l’a expliqué une responsable associative aux députés. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat : Je veux remettre les personnes handicapées en situation de travail Le JDD – Politique - 8 février 2020 – Par Anne-Charlotte Dusseaulx et Emmanuelle Souffi

INTERVIEW - Contestée par les associations, qui ont récemment quitté la table des concertations sur le revenu universel d'activité, la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, défend le bilan du gouvernement en matière de handicap. Avant la présentation du plan d'Emmanuel Macron mardi, elle détaille ses priorités.

Brigitte Macron, Sophie Cluzel et le personnel du Café Joyeux, où la cuisine et le service sont assurés par des personnes en situation de handicap. (Gilles Bassignac/Divergence)

Ecole, travail, numéro unique... mardi, Emmanuel Macron annoncera son plan pour les personnes en situation de handicap. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, détaille dans Le Journal du Dimanche les axes de travail du gouvernement et défend son bilan. Trois priorités ressortent : "la scolarisation des enfants handicapés", "le travail" et la simplification des démarches". Face aux associations inquiètes d'une éventuelle disparition de l'allocation adulte handicapé, elle assure que "aucune décision quant à l'inclusion éventuelle [de l'AAH] dans le RUA n'est prise et ne le sera avant juillet".

Les associations attendent beaucoup de la Conférence nationale sur le handicap (CNH) de mardi. Comment ne pas les décevoir? Cette Conférence nationale du handicap se déroule en milieu de quinquennat, elle est donc très attendue. Les précédentes ayant souvent eu lieu à la fin, elles n'engageaient que les gouvernements suivants… Elle est aussi élargie : 450 personnes, dont beaucoup issues de la société civile, des chefs d'entreprise signataires du manifeste pour l'inclusion, des médias signataires de la charte CSA, des élus, des présidents de conseils départementaux seront présents. Le handicap touche un Français sur cinq. C'est l'affaire de tous.

« Le nombre d'élèves en attente d'un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018 ».

Quelles seront les priorités du gouvernement pour l'acte II du quinquennat ? Notre méthode porte ses fruits. Avec l'Éducation nationale, nous avons engagé une révolution culturelle pour que la scolarisation des enfants handicapés ne soit plus incantatoire, mais bien réelle. Je ne dis pas que tout est abouti, c'est évident, mais la dynamique est enclenchée : le nombre d'élèves en attente d'un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018. Mon mantra, c'est aussi le travail. Nous ne voulons plus, par exemple, de cette errance des demandeurs d'emploi handicapés baladés d'un guichet à l'autre. Ils sont plus de 500.000 et leur taux de chômage est deux fois plus élevé! Nous avons les outils, il nous faut maintenant des résultats concrets pour les personnes.

Dans les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), les dossiers s'accumulent et un appel à manifester a été lancé mardi… Ces guichets cristallisent les frustrations, alors que la simplification des démarches et la réduction des délais est au cœur de nos priorités. Les droits à vie que nous avons créés devraient alléger le traitement administratif des MDPH. Depuis le 1er janvier 2019, vous n'avez plus besoin d'aller chez le médecin tous les trois ans pour prouver votre - handicap s'il est irréversible. Pour autant, cette mesure est appliquée de façon inégale sur le territoire. Fin décembre, 25% des demandes de renouvellement de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) ont débouché sur un octroi à vie, c'est insuffisant. Mais en plus, il s'agit d'une moyenne : cela va de 2% dans certains départements à 60% dans d'autres. Ce n'est pas acceptable.

« Nous avons des délais qui explosent et des situations ubuesques ! Il faut s'attaquer urgemment à ce problème ».

Des familles dénoncent les délais de réponse. Que leur dites-vous? Dans la loi, c'est quatre mois et nous en sommes parfois très loin. Nous avons des délais qui explosent et des situations ubuesques! Il faut s'attaquer urgemment à ce problème. Par ailleurs, l'absence de remontées statistiques régulières et officielles est indigne de notre pays. Comme si on s'était résigné aux listes d'attente à la MDPH, dans les établissements médico-sociaux… Je dis "stop"! Ça n'était pas la priorité des gouvernements précédents. Mais c'est la mienne! Nous aurons fin 2020 un système d'information unique qui nous permettra d'objectiver les situations : nous pourrons savoir ce qui est notifié aux personnes, dans quels délais et quels sont réellement les besoins non couverts, afin de pouvoir agir plus précisément là où se posent les problèmes.

« Une entreprise seule ne saura pas faire si elle n'a pas d'experts pour l'accompagner ».

Comment diminuer le taux de chômage des personnes handicapées ? Le quota actuel (6 %) date de 1987 et n'est pas respecté. Être uniquement coercitif ne fonctionne pas. Une entreprise seule ne saura pas faire si elle n'a pas d'experts pour l'accompagner. À peu près la moitié des bénéficiaires d'un dispositif d'emploi accompagné, qui permet d'avoir un professionnel du handicap auprès de l'entreprise, basculent vers un emploi pérenne. C'est que ça marche. Il faut aussi s'appuyer sur les dispositifs existants. Aujourd'hui, 120 000 personnes sont accueillies dans un établissement et service d'aide par le travail (Esat) ; 35.000 sont salariées d'une entreprise adaptée, l'objectif étant d'arriver à plus de 70.000 d'ici la fin du quinquennat. Nous investissons pour cela 500 millions d'euros.

Des associations ont quitté les concertations sur le revenu universel d'activité (RUA). L'AAH va-t-elle disparaître ? Ça n'est pas du tout le deal de départ ! Son budget sera sanctuarisé, il n'y aura pas de conditionnalité de l'aide à la reprise du travail et l'individualisation en fonction de la pathologie existera toujours. Cela a été donné comme garantie dès le départ. Aucune décision quant à l'inclusion éventuelle dans le RUA n'est prise et ne le sera avant juillet. Mon leitmotiv est de remettre les personnes handicapées en situation de travail, quand elles le souhaitent, de les former, les accompagner, et qu'il y ait un gain indiscutable à la reprise d'activité. Dans une tribune, le collectif Handicaps s’émeut des inégalités de traitement des personnes handicapées Le Monde avec AFP – Handicap – 9 février 2020

De son côté, la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel défend auprès du « JDD » la méthode du gouvernement qui « porte ses fruits ».

Un collectif de 47 associations estime urgent de « taper du poing sur la table » face aux inégalités de traitement que subissent les personnes handicapées. Dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche (JDD) le 9 février, avant la conférence nationale du handicap présidée mardi par Emmanuel Macron, il liste quelques-unes des difficultés rencontrées.

« Chaque jour, des enfants ne peuvent accéder à une école, des travailleurs doivent quitter leur entreprise car les logiciels utilisés ne sont pas adaptés, des personnes ne peuvent aller où elles veulent en raison de multiples obstacles », écrit le collectif Handicaps. Pour lui, « il est temps de taper du poing sur la table et d’affirmer qu’il n’est plus possible de ne pas appliquer la loi, de connaître une telle inégalité de traitement selon les territoires ». « Il est temps de mobiliser l’ensemble des acteurs (départements, administrations, entreprises, architectes, enseignants…) et de sortir d’un débat d’experts pour exposer au grand jour les discriminations dont sont victimes chaque jour les personnes en situation de handicap et faire comprendre que ce n’est plus acceptable », insiste le texte.

Le mantra de Cluzel : l’inclusion par le travail

« Notre méthode porte ses fruits », assure pour sa part la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, dans un entretien également publié par le JDD. « Je ne dis pas que tout est abouti, c’est évident, mais la dynamique est enclenchée : le nombre d’élèves en attente d’un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018 ».

La secrétaire d’Etat relève cependant que l’octroi de droits à vie est appliqué de manière très inégale d’une maison départementale des personnes handicapées (MDPH) à une autre, ce qui « n’est pas acceptable ».

Quant au délai d’instruction des dossiers, « dans la loi, c’est quatre mois et nous en sommes parfois très loin », reconnaît Sophie Cluzel, dénonçant des « situations ubuesques ». En outre « l’absence de remontées statistiques régulières et officielles est indigne de notre pays », estime-t-elle, en promettant pour « fin 2020 un système d’information unique ».

La secrétaire d’Etat défend l’inclusion par le travail, son « mantra ». « Mon leitmotiv est de remettre les personnes handicapées en situation de travail, quand elles le souhaitent », souligne-t-elle, en rappelant que le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois plus élevé que la moyenne.

Comment fonctionne l’allocation adulte handicapé ?

L’AAH peut vous être accordée, dans le cas général à partir de 20 ans, si votre taux d’incapacité est d’au moins 80 %, ou s’il est compris entre 50 et 79 % et que vous subissez une « restriction substantielle et durable d’accès à un emploi ». Il s’agit d’une aide « différentielle ». Ce qui signifie que vous ne touchez son montant maximal, 900 euros, donc, désormais, que si vous n’avez pas d’autres ressources. Si vous avez des revenus par ailleurs, ou si c’est le cas de votre foyer, votre allocation sera réduite du montant de ces derniers. Attention : les ressources prises en compte ici sont celles de l’année N-2 et ne correspondent pas aux revenus réels, des abattements sont appliqués (renseignements auprès de la caisse d’allocations familiales). Un collectif s’émeut d’inégalités persistantes, Sophie Cluzel défend son action Ouest-France – Handicaps – 9 février 2020 -

À trois jours de la conférence nationale du handicap, un collectif de 47 associations dénonce les inégalités de traitement que subissent les personnes handicapées dans le Journal du Dimanche.

(Photo d'illustration) | Kenzo Tribouillard / AFP

Dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche avant la conférence nationale du handicap présidée mardi par Emmanuel Macron, un collectif de 47 associations liste quelques-unes des difficultés rencontrées.

« Chaque jour des enfants ne peuvent accéder à une école, des travailleurs doivent quitter leur entreprise car les logiciels utilisés ne sont pas adaptés, des personnes ne peuvent aller où elles veulent en raison de multiples obstacles », écrit le collectif Handicaps.

Pour lui, « il est temps de taper du poing sur la table et d’affirmer qu’il n’est plus possible de ne pas appliquer la loi, de connaître une telle inégalité de traitement selon les territoires ».

« Il est temps de mobiliser l’ensemble des acteurs (départements, administrations, entreprises, architectes, enseignants…) et de sortir d’un débat d’experts pour exposer au grand jour les discriminations dont sont victimes chaque jour les personnes en situation de handicap et faire comprendre que ce n’est plus acceptable », insiste le texte.

« La dynamique est enclenchée »

« Notre méthode porte ses fruits », assure pour sa part la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, dans un entretien également publié par le JDD.

« Je ne dis pas que tout est abouti, c’est évident, mais la dynamique est enclenchée : le nombre d’élèves en attente d’un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018 », fait-elle valoir.

La secrétaire d’État relève cependant que l’octroi de droits à vie est appliqué de manière très inégale d’une maison départementale des personnes handicapées (MDPH) à une autre, ce qui « n’est pas acceptable ».

Quant au délai d’instruction des dossiers, « dans la loi, c’est quatre mois et nous en sommes parfois très loin », reconnaît Sophie Cluzel, dénonçant des « situations ubuesques ».

En outre « l’absence de remontées statistiques régulières et officielles est indigne de notre pays », estime-t-elle, en promettant pour « fin 2020 un système d’information unique ».

La secrétaire d’État défend l’inclusion par le travail, son « mantra ». « Mon leitmotiv est de remettre les personnes handicapées en situation de travail, quand elles le souhaitent », souligne-t-elle, en rappelant que le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois plus élevé que la moyenne. Soutien à la parentalité et handicaps : le rôle des SAAD familles ASH – Handicap - 13 février 2020

A l’occasion de la Conférence nationale du handicap, quatre acteurs de l’aide à domicile ont publié une étude sur les besoins de soutien en parentalité des familles avec un parent ou un enfant en situation de handicap.

Dans leur étude Le rôle des SAAD familles auprès des enfants et des parents en situation de handicap, ADEDOM, ADMR, FNAAFP/CSF et l’UNA identifient les besoins de soutien des familles pendant la phase de repérage- diagnostic-reconnaissance des troubles chez un enfant, pour la compensation du handicap des parents lors des soins et de l’éducation aux enfants et la prise en compte de la fratrie et le répit des parents.

Pour répondre à ces problématiques, les auteurs de l’étude proposent, d’une part, de “renforcer l’interconnaissance et la coopération entre les acteurs du soutien à la parentalité et de l’accompagnement des personnes en situation de handicap et adapter la formation et l’organisation des services”. A savoir : développer les liens entre les Maisons départementales des personnes handicapées, les services de protection de l’enfance et les caisses d’allocation familiales, améliorer de l’articulation des prestations d’aide à domicile, de compensation du handicap et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, prendre le temps d’analyser les pratiques pour sensibiliser et de former aux spécificités du handicap et intégrer les SAAD familles dans l’accompagnement tout au long de la vie demandé par Emmanuel Macron dans son discours d’ouverture de la Conférence nationale du handicap.

L’étude préconise, d’autre part, de “construire une réponse coordonnant les politiques publiques du handicap, du soutien a la parentalité et de protection de l’enfance pour une approche globale des situations familiales”. Cette réponse passe notamment par l’intervention des SAAD familles en perinatalité auprès de toutes les familles, l’accompagnement des familles lors de la phase de repérage-diagnostic-reconnaissance des troubles chez l’enfant l’accompagnement pérenne des parents en situation de handicap.

SAAD : Services d'Aide et d'Accompagnement à Domicile Syndrome d'Angelman : ces anges aux ailes brisées 15 février 2020 • Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr

Les anges, c'est le nom qu'on donne aux enfants atteints du syndrome d'Angelman. Cette maladie n'est pourtant pas en odeur de sainteté... Témoignage de Virginie Raymond, une maman concernée, à l'occasion de la journée mondiale du 15 février 2020.

Les montagnes russes, voilà à quoi ressemble notre vie. Depuis la naissance d'Arthur, mon mari et moi sommes des funambules, toujours en équilibre sur un fil si mince que la moindre poussière peut tout faire basculer. Pourtant, rien ne laissait présager un tel chamboulement durant ma grossesse : des échographies « normales », pas de douleur, ni même l'ombre d'une complication... On peut difficilement rêver mieux ! Pour preuve, je travaillais encore une semaine avant de donner la vie. Le 15 mars 2002, le rêve se transforme brusquement en cauchemar : un accouchement terrible, digne du moyen-âge. Les sages-femmes montent sur mon ventre pour faire sortir le bébé mais rien n'y fait... Je m'évanouis à plusieurs reprises… Heureusement que mon mari est présent…

Un instinct maternel puissant

Il s'en est fallu de peu... Après des heures d'effort, vient finalement le réconfort. Un bref, très bref réconfort. Dès ses premiers jours, je sens que quelque chose ne va pas. Arthur ne dort pas, mange à peine par manque de réflexe de succion, n'est jamais serein, jamais apaisé. Très vite, un lien fusionnel se créé. Telle une maman louve, je le (sur)protège, je sens qu'il est fragile -bien plus que je ne le crois- et refuse qu'on l'approche. Je ne saurais expliquer pourquoi, c'est de l'ordre de l'instinct, un instinct animal. Plus les jours passent, plus mon inquiétude s'intensifie mais, à l'hôpital, les soignants évoquent un baby blues et taxent mon bébé de « faire la comédie ». Pas de suivi, aucune écoute... Simplement Arthur et moi contre le reste du monde. Quatre jours (laborieux) plus tard, ils me renvoient chez moi, comme pour un accouchement ordinaire, malgré mes interpellations.

2 ans d'errance médicale

La première année d'Arthur, en un mot ? Catastrophique. Aux troubles de l'alimentation, s'ajoutent les problèmes de digestion, de sommeil... Il se réveille toutes les heures, en pleure. Nous retournons plusieurs fois à l'hôpital pour subir une batterie d'examens mais, à mon grand étonnement, ce sont toujours les mêmes. Résultat, aucune évolution en perspective. Nous tentons de récupérer le dossier médical d'Arthur pour nous adresser à d'autres médecins mais la maternité fait barrage. Tenterait-elle de camoufler ses méthodes ancestrales, brutales ? Après deux années d'errance médicale, à sillonner la France à la recherche d'un médecin bienveillant, un neuropédiatre parisien nous oriente vers un centre de génétique à Saint-Étienne. En juin 2004, le couperet tombe: syndrome d'Angelman, une maladie génétique rare. Arthur a une « délétion » sur le chromosome 15, l'allèle maternelle a pêché. Les signes annonciateurs : une peau très claire, une appétence pour l'eau, des accès de rires, une absence de langage oral, des troubles de la motricité, du sommeil et de l'équilibre et ces mystérieux « battements d'ailes », lorsqu'il secoue ses bras comme s'il voulait s'envoler. Tout s'explique... Si j'ai tant souffert lors de l'accouchement, c'est parce qu'Arthur était hypotonique, il n'avait pas les moyens de faire son travail de bébé. Mon couple bat de l'aile

Les professionnels de santé sont extrêmement bienveillants. Nous qui redoutions le milieu médical après une première expérience traumatisante, nous recevons enfin l'accompagnement dont nous avions besoin. « Un diagnostic n'est pas un pronostic », annoncent-ils. 17 ans après, cette phrase résonne encore en moi, elle m'a permis de garder espoir. Sur le chemin du retour, plusieurs sentiments s'entrechoquent : la colère, la tristesse, l'incompréhension mais aussi un certain soulagement, on connaît désormais l'ennemi à abattre. Mais avant cela, il nous faut faire le deuil de l'enfant dont nous rêvions. Notre couple en prend un coup car nous n'évoluons pas à la même vitesse, mais restons soudés face à l'adversité. De nombreux parents prennent le large à l'annonce du handicap de leur enfant. Malgré quelques bourrasques, notre couple a tenu le cap. Après un an coupés du monde, nos proches nous font un électrochoc : « Pour nous aussi c'est difficile mais il faut continuer à vivre ! ». Nous nous étions tellement repliés sur nous-mêmes que nous n'avions pas envisagé la douleur des autres. A plusieurs, on sera plus forts.

Ses premiers pas

Ils ont raison, pas question de se laisser abattre ! Entre-temps, j'avais inscrit Arthur à des séances de rééducation en kiné, de bébé nageur ainsi que dans un Sessad (service d'éducation spéciale et de soins à domicile) pour bénéficier d'un accompagnement psychomoteur et orthophonique. Malgré nos innombrables sollicitations et notre détermination à toute épreuve, à 3 ans, il ne tient toujours pas debout. Pour se déplacer, trois solutions : on le porte, le met dans la poussette ou il avance sur les fesses. Le fauteuil roulant ? Impossible, blocage psychologique... A 4 ans, Arthur fait ses premiers pas. Instables, fragiles, saccadés mais il marche ! Un moment d'une intensité folle... En parallèle, nous l'inscrivons en maternelle car il est très sociable et a besoin de contact. C'est simple, sa vie c'est les autres, n'en déplaise à Sartre ! Mais notre motivation est rapidement ébranlée par la multitude d'obstacles qui se dressent sur notre route. Le premier : obtenir un AVS, désormais appelé AESH (accompagnant d'élèves en situation de handicap). Une lutte lourde, harassante, qui marque le début d'un parcours du combattant incessant pour la scolarisation. Je remporte finalement ce premier round avant de me prendre un sacré revers. A 5 ans, Arthur fait une crise d'épilepsie, la première d'une longue série.

Rêve d'inclusion brisé

La réalité des familles concernées par un handicap est très loin de tout ce que l'on peut voir dans certains médias. Malgré les initiatives annoncées par le gouvernement, les AESH ne sont toujours pas formés, les enseignants non plus, faute de moyens. J'en parle en connaissance de cause, étant moi-même accompagnante de jeunes en Ulis (unité localisée pour l'inclusion scolaire). Je voulais passer mon concours pour devenir professeur des écoles mais le destin en a décidé autrement. Envolés mes rêves de scolarité en milieu ordinaire... Arthur ne sachant ni lire ni écrire, ni parler, je dois me rendre à l'évidence. Après son cycle de maternelle, je l'inscris dans un IME (institut médico-éducatif). Un nouveau deuil à surmonter. Mais, avec le recul, je me demande ce qu'Arthur aurait fait en CP sans moyens adaptés. L'inclusion en milieu ordinaire pourrait avoir un sens si elle tenait compte des besoins spécifiques de chaque enfant mais cela va prendre du temps, et nous n'en avons pas.

Aidante à plein temps

Durant 16 longues années, j'ai réussi à cumuler mon emploi et mon rôle d'aidante, le tout parsemé de nuits blanches, jusqu'à ce qu'un burn out me dissuade de continuer à travailler. Mon disque dur a littéralement « grillé » : d'ordinaire hyperactive, je n'ai plus aucune énergie vitale, incapable de cuisiner ni même de parler. A force de thérapie et de remise en question, je reprends peu à peu du poil de la bête et consacre désormais littéralement ma vie à mon fils aîné. Moi qui ne voulais plus entendre parler d'enfant, un professionnel de santé m'a aidée à envisager les choses différemment. Nous l'avons appelé Ange, comme le deuxième prénom d'Arthur et celui donné aux enfants atteints du syndrome d'Angelman. Une pure coïncidence... Au début, Ange prenait plutôt des allures de démon et nous en faisait baver, il voulait attirer l'attention, c'est bien normal... Aujourd'hui, âgés de 14 et 18 ans, les deux frères sont très proches et, surtout, Ange n'a pas honte d'Arthur, au contraire, il est même très protecteur.

Pour le meilleur comme pour le pire

Notre quotidien ? Un ascenseur émotionnel constant, des émotions exacerbées... Il faut être vigilant en permanence, on ne se repose jamais psychiquement. Une simple gastro suffit à envoyer Arthur à l'hôpital pendant une semaine et a chamboulé la vie de toute la famille. A contrario, il nous fait vivre des aventures incroyables, comme l'Iron man de Vichy en 2019. Lui, dans une poussette de course, moi derrière en train de le pousser, mon mari et Ange qui veillent au loin à vélo et, à l'arrivée, une ovation de plusieurs minutes ! Vous imaginez le tableau ? Impensable qu'une ombre ne puisse l'obscurcir, et pourtant... La vie sociale d'Arthur est en sursis. Dans deux ans, il aura dépassé l'âge maximum pour être accueilli dans un IME. Nous voilà face à un nouveau challenge. Alors voilà, notre vie est un combat permanent : social, administratif, médical... Mais nous avons remporté le plus précieux de tous, celui contre la fatalité. Transformation de l’offre d’accompagnement des personnes handicapées Handicap.gouv.fr – 29 janvier 2020

Construire un accompagnement sécurisé des parcours pour favoriser la pleine participation des personnes à la vie en société

Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, et Frédéric Bierry, Président du Département du Bas-Rhin et de la commission Solidarités et affaires sociales de l’Assemblée des départements de France, ont présidé, ce mardi 29 janvier 2019, le deuxième comité de pilotage national dédié à la transformation de l’offre d’accompagnement des personnes en situation de handicap.

Le deuxième comité de pilotage de la transformation de l’offre d’accompagnement des personnes en situation de handicap s’est tenu en présence de toutes les parties prenantes : administrations, services de l’Etat, collectivités territoriales, maisons départementales des personnes handicapées, associations représentant les personnes en situation de handicap, associations gestionnaires. Quelques 15 000 établissements et services sociaux et médico- sociaux accompagnent aujourd’hui plus de 158 000 enfants et 335 000 adultes en situation de handicap. Cette offre a presque doublé en 10 ans.

Réuni à la fondation Saint-Jean-de-Dieu, qui a mis en place des offres d’accompagnement innovantes, en particulier une maison de répit en coeur de ville, le comité de pilotage a permis de partager d’autres initiatives inspirantes, telles que les coordonnateur de projet et de parcours porté par la Fondation OVE ou les assistants au projet de vie du Centre de ressources régional de l’association Trisomie 21 de Nouvelle Aquitaine. Il s’agit d’un véritable levier de l’autodétermination pour les personnes accompagnées afin de concrétiser le principe « Jamais rien pour nous sans nous ! ».

Les membres du comité de pilotage ont fait un point d’étape sur les actions engagées, afin d’accélérer le mouvement de transformation porté par les acteurs de terrain. Il vise à sécuriser les parcours quel que soit le lieu de vie choisi et à garantir à chaque personne un accompagnement souple, modulaire et construit au regard de ses attentes, favorisant son accès effectif aux apprentissages, à la formation et l’emploi, à la santé, au logement, et à toutes activités favorisant sa pleine participation à la vie sociale.

Un plan d’actions a également été présenté, dessinant les engagements partagés pour l’avenir. Il prévoit, en particulier, la mise en place d’une mesure de la satisfaction des personnes accompagnées avec l’appui de la Haute autorité de santé, la modélisation de nouvelles réponses inclusives et la signature d’un engagement de développement de l’emploi et des compétences avec les branches professionnelles du secteur.

La création de nouvelles réponses inclusives, notamment des pôles de compétences et de prestations externalisées, la création dans la loi Elan d’un forfait pour l’habitat inclusif et le lancement des Territoires 100 % inclusifs , constituent des actions marquantes de l’année écoulée. Elles illustrent la politique de co-construction entre l’Etat et l’Assemblée des départements de France qui partagent la responsabilité de cette politique.

Contact presse : [email protected] Tél. 01 40 56 88 02 Tutelles, curatelles : une mesure "injuste" annulée 14 février 2020 • Par L'AFP pour Handicap.fr

Le Conseil d'Etat vient d'annuler un décret gouvernemental qui avait augmenté la participation demandée aux personnes placées sous tutelle ou curatelle pour financer leur protection juridique. Les asso saluent l'annulation d'une "mesure injuste".

Le Conseil d'Etat vient d'annuler un décret gouvernemental de septembre 2018 qui avait augmenté la participation demandée aux personnes placées sous tutelle ou sous curatelle pour financer leur protection juridique, se sont félicitées, le 13 février 2020, les associations à l'origine de ce recours.

Fin d'une mesure injuste

La Fédération nationale des associations tutélaires (FNAT), l'Union nationale des associations familiales (Unaf) et l'Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) se disent réjouies de l'annulation de cette mesure "particulièrement injuste, surtout pour les personnes vivant avec les minima sociaux tels que l'AAH" (allocation aux adultes handicapés). "Le gouvernement a voulu ponctionner les plus fauchés, mais le Conseil d'Etat vient de nous donner raison", en jugeant cette disposition "disproportionnée", a expliqué à l'AFP Hadeel Chamson, délégué général de la FNAT. Pour les personnes concernées, les montants en jeu étaient de l'ordre de "cinq euros par mois", depuis un an et demi. "Pour ces personnes, c'est loin d'être négligeable. C'est comme lorsque l'allocation logement a été amputée de cinq euros", a souligné M. Chamson.

L'Etat doit rembourser

Le décret controversé avait réformé le calcul des montants versés par les adultes placés sous protection juridique - dont certains cumulent les difficultés liées au handicap, à la vieillesse et à la perte d'autonomie - aux associations ou à leurs proches chargés de leur suivi. Le gouvernement avait supprimé la franchise qui s'appliquait en dessous d'un seuil correspondant au montant de l'allocation pour adulte handicapé (AAH). En conséquence, ceux qui perçoivent plus que cette allocation (900 euros par mois pour une personne seule) étaient ponctionnés sur l'intégralité de leurs revenus, et non plus sur la partie qui dépasse ce montant. Ce mécanisme pouvait conduire à ce que des personnes percevant "l'AAH plus quelques centimes, par exemple parce qu'ils ont perçu des intérêts sur leur livret A", soient redevables d'une contribution calculée sur l'ensemble de leurs revenus. Pourtant, "l'AAH c'est un minimum social, insaisissable", avait fait valoir M. Chamson au moment du recours.

La décision du Conseil d'Etat ayant un effet rétroactif, le gouvernement va devoir rembourser les sommes concernées aux personnes vulnérables, selon lui. Un papa d’enfant épileptique : On lui disait qu’elle était possédée Le Télégramme – Quimper – 11 février 2020

Sa fille souffrant d’épilepsie depuis plus de dix ans, Frédéric Ballerin milite pour faire avancer la recherche sur cette maladie qui touche 600 000 personnes en France. (Le Télégramme/Benjamin Pontis)

Sa fille de 17 ans souffre d‘épilepsie depuis l’âge de 6 ans. Elle vient d’être hospitalisée à Quimper. Son père raconte son calvaire.

En France, près de 600 000 personnes sont concernées par l’épilepsie. Il s’agit de la 2e maladie neurologique chronique la plus fréquente après la migraine. Pourtant, cette maladie aux multiples visages est encore méconnue. « L’épilepsie reste taboue, on n’en parle pas suffisamment. On s’y intéresse seulement lorsqu’on y est confronté de près », regrette Frédéric Ballerin, responsable de la délégation départementale du Finistère de l’association Épilepsie France. Un sujet qui le touche particulièrement, sa fille étant épileptique depuis l’âge de 6 ans. « Au départ, ma fille avait une absence épileptique. On a mis presque six mois ou un an à le remarquer », explique son père. « À l’école, on nous disait : Manon est dans la lune. Puis, elle est tombée deux fois. Et là, on nous a dit que c’était un malaise vagal ou de l’hypoglycémie », ajoute-t-il. Jusqu’au jour où sa fille est victime d’une importante crise assortie de convulsions. Le diagnostic tombe. Elle débute un traitement à base de Dépakine.

Victime de harcèlement scolaire

Rapidement, l’école devient synonyme de souffrance pour la fillette. « Une institutrice l’avait installée au fond de la classe et ne voulait pas s’en occuper, car elle estimait que c’était trop contraignant », indique Frédéric Ballerin, qui a alors dû la changer d’établissement. Au collège, la situation ne s’améliore guère : Manon est victime de harcèlement scolaire en raison de sa maladie. « Elle faisait peur. On lui disait qu’elle était possédée, qu’elle n’était pas normale », se souvient-il. Sa fille se renferme petit à petit sur elle-même et perd confiance. Manon intègre ensuite le centre pour enfants épileptiques de Toul Ar C’hoat, à Châteaulin, en classe de 3 e. « Au départ, elle rentrait tous les 15 jours par avion dans l’Allier, où nous vivions. Mais elle faisait des crises pendant les vols. Au bout d’un moment, Air France nous a dit que ce n’était plus possible », explique Frédéric Ballerin. La famille déménage alors en Bretagne.

« On est complètement impuissant »

Deux ans et demi après, la maladie de Manon, désormais âgée de 17 ans, est toujours très handicapante. Elle est déscolarisée. « Le côté psychologique a pris le dessus. Les bases sont de plus en plus fragiles ». Depuis septembre, l’adolescente enchaîne les crises avec des hospitalisations régulières. Comme à Quimper depuis vendredi soir. « On sait quand elle rentre, mais on ne sait pas quand elle va sortir. Une fois, elle a été hospitalisée pendant près de quatre semaines », continue le père.

« On est complètement impuissant. On ne voit pas de solutions. Mais de toute façon, ça ne peut pas être pire qu’aujourd’hui », conclut Frédéric Ballerin. Il ne perd pas espoir qu’un jour, la recherche parvienne à soulager le quotidien des personnes épileptiques. Un rapport demande une meilleure accessibilité des services publics en ligne 20 Minutes avec agences – Handicap – 6 février 2020

ACCESSIBILITÉ : La dématérialisation de l’administration peut avoir des conséquences néfastes pour les personnes en situation de handicap

Un rapport remis ce mercredi au gouvernement préconise des efforts pour rendre les services publics en ligne plus accessibles aux personnes handicapées. Cette accessibilité « demeure l’exception et non la norme », déplore le Conseil national du numérique (CNNum), une instance consultative indépendante placée auprès du secrétaire d’État chargé du dossier, Cédric O.

Or, « dans un contexte de dématérialisation de l’administration, les conséquences peuvent être dramatiques pour l’accès aux droits des personnes en situation de handicap », poursuivent les auteurs du rapport. Rendre les sites accessibles est déjà « une obligation légale et sanctionnée par la loi », mais dans les faits « cette nécessité n’est pas suffisamment prise en compte par les acteurs publics et privés », déplorent-ils encore.

Handicap_gouv ✔ @handicap_gouv

Communiqué | Dans la perspective de la Conférence nationale du handicap (CNH) du 11 février 2020, le @ CNNum publie un rapport sur l’ # AccessibilitéNumérique qui a été remis aux Ministres le 5 février 2020.

Rapport : https:// cnnumerique.fr/files/uploads/ 2020/2020.02.03.Rappport_CNNum_Accessibilite_Numerique.p df …

CP : https:// handicap.gouv.fr/presse/communi ques-de-presse/article/le-conseil-national-du- numerique-publie-un-rapport-sur-l-accessibilite …

22 10:01 - 6 févr. 2020 Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

29 personnes parlent à ce sujet Généraliser les applis de sous-titrage

Ils préconisent la création d’une « délégation ministérielle de l’accessibilité numérique », laquelle serait dotée d’un « pouvoir de sanction sur autosaisine ou sur plaintes d’usagers ». Une plateforme de signalement des problèmes devrait également être mise à la disposition des internautes, selon eux. Le CNNum suggère en outre de renforcer l’accessibilité des contenus audiovisuels, notamment en généralisant sur les applis mobiles le sous-titrage pour sourds ou malentendants, ainsi que des ressources pédagogiques numériques.

Enfin, il faut « intégrer » cette question de l’accessibilité « dans la formation initiale et continue des professionnels du numérique », selon les experts. Selon l’entourage de Cédric O, une partie des propositions formulées dans le rapport pourraient être reprises à son compte par l’exécutif, dont certaines dès la Conférence nationale du handicap organisée mardi à l’Élysée par Emmanuel Macron. Un verger cidricole pour Kan ar Mor sera planté à Kerbernez Le Télégramme – Quimper – 4 février 2020

De gauche à droite : Valérie Pierre, directrice financière et Richard Hutin, directeur général de la Fondation Claude Pompidou, Hervé Jacq, président de Massé-Trévidy, André Guéguen, président de Kan ar Mor, Steven Tréguer, directeur général de Massé-Trévidy et Sébastien Maillard, directeur général de Kan ar Mor. (Le Télégramme/Ronan Larvor)

Un verger cidricole va être planté sur deux hectares à Kerbernez. Il permettra de sécuriser l’apport de pommes pour la cidrerie de Mahalon gérée par Kan ar Mor. La Fondation Claude Pompidou a apporté son soutien financier.

« Cette année nous avons pressé environ 160 tonnes de pommes à la cidrerie de Tromelin à Mahalon. Nous n’avons pas l’ambition d’augmenter la production mais de la sécuriser car les petits vergers autour de nous dans le Cap- Sizun sont vieillissants tout comme leurs propriétaires. Nous avons donc décidé de planter nos pommiers ». En quelques mots André Guéguen, président de Kan ar Mor a résumé l’enjeu du partenariat inauguré, ce mardi, au lycée horticole de Kerbernez à Plomelin. Un verger cidricole va y voir le jour sur trois hectares.

30 tonnes de pommes attendues

« Depuis des années, Massé-Trévidy et Kan ar Mor travaillent ensemble dans le cadre du réseau Solida’Cité », explique Sébastien Maillard, directeur de Kan ar Mor. Logiquement la volonté des uns de gérer au mieux l’approvisionnement de la cidrerie et les variétés utilisées a trouvé une écoute au lycée horticole qui dispose de compétences et de terrains… Les pommiers, si possible des variétés anciennes et locales, seront plantés sur trois hectares à proximité des bâtiments du lycée par étapes à partir de l’automne prochain. Les premières récoltes auront lieu dans quatre ou cinq ans. « À terme, nous espérons ici une production de 30 tonnes de pommes ce qui représentera environ un quart de ce que nous consommons », continue André Guéguen. À Mahalon, Kan ar Mor a également planté sur deux hectares à proximité de la cidrerie, 400 pommiers pour une production à peu près équivalente. Le tout est garanti bio. « Nous avons quelques pommiers ici, mais surtout des pommes à couteau, précise Frédéric Ficheroul, directeur de Kerbernez. Ce projet aura aussi une valeur pédagogique pour les élèves ».

30 000 € de la Fondation Claude Pompidou

La Fondation Massé-Trévidy propriétaire de Kerbernez et l’association Kan ar Mor, ont signé ce mercredi un partenariat avec un troisième acteur inattendu : la fondation Claude Pompidou. « Nous avons décidé de soutenir ce projet car il correspond à nos valeurs, explique son directeur Richard Hutin. C’est aussi un clin d’œil à Claude Pompidou qui aimait séjourner dans sa maison près d’ici à Sainte-Marine ». La fondation, présidée par le professeur Alain Pompidou, apportera 30 000 € pour démarrer le projet de verger. Une classe pour jeunes autistes à la rentrée prochaine Actu.fr - Le Trégor – Lannion – 12 février 2020

Une classe pour jeunes autistes va ouvrir à Lannion à la rentrée 2020. La deuxième dans le département.

L’école du Kroas-Hent à Lannion va accueillir la classe pour jeunes autistes. (©Le Trégor)

Patrice Kervaon, adjoint aux affaires scolaires, l’a annoncé, vendredi soir lors du conseil municipal de Lannion :

« Une unité d’enseignement pour les autistes va ouvrir à Lannion à la rentrée 2020 ».

Pour sept enfants

L’agence régionale de santé a confirmé la nouvelle. La classe est prévue pour sept enfants avec un accompagnement spécialisé.

« On y travaille depuis 2014. On s’est beaucoup mobilisé pour l’obtenir ».

Elle ouvrira à l’école du Kroas Hent, dans le quartier de Brélévenez à Lannion.

Deux dans le département

« C’est une très bonne nouvelle pour les familles concernée ».

Ce sera la seconde classe de ce type dans le département après Saint-Brieuc. Une CNH en demi teinte pour les associations 11 février 2020 • Par L'AFP pour Handicap.fr

Les asso de défense des personnes handicapées ont apporté un soutien prudent aux annonces d'Emmanuel Macron lors de la Conférence nationale du handicap (CNH), mais se sont interrogées sur leur financement et ont émis plusieurs réserves et critiques.

Dans un communiqué, le collectif Handicaps, qui regroupe 48 associations, a salué le "discours mobilisateur" d'Emmanuel Macron, lors de la Conférence nationale du handicap (CNH), ajoutant: "Reste maintenant à transformer la vie quotidienne des personnes en situation de handicap". Si ce collectif souligne des "engagements concrets" du gouvernement sur la scolarisation des enfants en situation de handicap, l'élargissement de la prestation de compensation aux aides à l'alimentation et à la parentalité, la réduction du délai à 3 mois pour obtenir une réponse à une demande d'allocations aux adultes handicapés, l'invitation à faire du handicap un enjeu des élections municipales, il regrette aussi des échanges parfois "trop policés" et un "manque de débats" avec les personnes directement concernées. Aussi, le collectif demande, comme le prévoit la loi, que le rapport qui sera issu de cette conférence donne lieu à un débat au Parlement.

Maintien de l'AAH

"Nous allons être très vigilants pour voir comment tout ceci va être mis en musique", d'autant que l'allocution du chef de l'Etat ne comportait "aucun chiffre sur les financements", a regretté auprès de l'AFP le président d'APF France Handicap, Alain Rochon. Ce responsable associatif a salué la clarification apportée par le chef de l'Etat sur l'avenir de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), qui ne sera pas intégrée dans le futur revenu universel d'activité (RUA), mais aussi sur l'ouverture d'un débat concernant l'assistance sexuelle pour les personnes handicapées. L'AAH, actuellement versée à 1,2 million de personnes, "ne sera jamais transformée, diluée ni supprimée au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA)", qui doit fusionner plusieurs allocations, a affirmé Emmanuel Macron. "Je vais être ici très clair, ça n'arrivera pas. Et donc l'AAH demeurera", a-t-il insisté. Quatre associations de défense des personnes handicapées avaient claqué la porte, la semaine dernière, de la concertation gouvernementale sur le RUA, pour marquer leur refus de voir l'AAH intégrée dans ce dispositif.

Retour des associations à la table

Le RUA, qui pourrait concerner près de 15 millions de personnes à l'horizon 2023, doit intégrer au minimum les actuels RSA, prime d'activité et allocations logement. Mais aussi, potentiellement, d'autres prestations, parmi lesquelles le minimum vieillesse et l'AAH, selon les hypothèses évoquées jusqu'à présent par le gouvernement. Désormais, "il est très important que l'ensemble des associations soient présentes autour de la table pour définir le RUA, car il touche aussi des personnes en situation de handicap qui ne sont pas forcément bénéficiaires de l'AAH mais ont une activité adaptée, partielle, et il faut qu'on prenne en compte leur situation quand on définit" le RUA, a encore détaillé le président. "Je pense que les éléments sont réunis (...) pour revenir à la table des négociations sur cette base", a commenté Alain Rochon. De son côté, Luc Gateau, président de l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), a salué des avancées concernant le maintien de l'AAH, ainsi que la scolarisation et la simplification des démarches. Cependant, "le compte n'y est pas", notamment en ce qui concerne le manque de places dans les structures spécialisées, a-t-il estimé. Les 1 000 places supplémentaires annoncées sont "notoirement insuffisantes", a jugé M. Gateau, qui réclame "un plan d'urgence" pour aider les familles "gardant chez elles des personnes lourdement handicapées".

Handicap psychique et déficience visuelle : exclus ?

Pour la Fédération des aveugles de France, "des engagements ont été pris sur l'inclusion scolaire, le nombre de places en établissements ou l'accessibilité numérique", cependant "nombre de ces mesures demeurent encore floues et les dispositions concrètes pour les mettre en œuvre restent à découvrir". "Nous attendons du concret. En particulier, les personnes aveugles n'ont rien entendu sur l'accès au livre, sujet pourtant bien connu du gouvernement puisque seuls 8% sont accessibles", a souligné son président Vincent Michel dans un communiqué. Quant à l'Unafam, qui représente les familles de personnes malades et/ou handicapés psychiques, elle a déploré que cette thématique n'ait pas été évoquée. Sa présidente Marie-Jeanne Richard a exprimé dans un communiqué sa "colère de voir que les trois millions de personnes en situation de handicap psychique ont été exclues ce matin: le terme n'a même pas été mentionné". Une mère de famille excédée par toutes les démarches administratives témoigne France Bleu Maine – Le Mans - 11 février 2020 – Par Victor Vasseur,

Une trentaine de manifestants se sont rassemblés au Mans ce mardi devant les locaux de la MDPH, la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Dans le même temps, Emmanuel Macron organisait à l'Elysée la cinquième conférence nationale du handicap.

Une trentaine de manifestants se sont rassemblés au Mans ce matin devant les locaux de la MDPH. © Radio France - Victor Vasseur

En finir avec "la montagne administrative et le parcours du combattant". Emmanuel Macron a conclu la conférence nationale du handicap ce mardi. Cette montagne administrative, Sandrine l’a connaît bien. Elle, comme ses trois enfants, sont reconnus handicapé : "C’est une catastrophe, je n’en peux plus. Je n’ai pas fini un dossier que j’en redémarre un autre."

Sandrine a une maladie génétique qui lui empêche de marcher. "En plus, on n’a pas de date. J’ai fait une boulette, j’ai oublié de renouveler le miens. Donc mon allocation va arriver le 5 mars, mais le 5 avril je ne sais pas comment on va manger. Les temps de traitements sont très longs" assène-t-elle. Olivier, l'organisateur de la manifestation au Mans ce mardi matin devant les locaux de la MDPH. © Radio France - Victor Vasseur

Un dossier de 20 pages

Par exemple à chaque achat de matériel pour sa fille handicapée, Christelle doit déposer une demande à la MDPH, pour ensuite obtenir une aide. En ce moment, Océane est dans un fauteuil manuel car son fauteuil électrique est en panne précise Christelle : "Les batteries nous coûtent 600 euros. Chaque demande, c’est un dossier complet de 20 pages. C’est vraiment très fatigant".

Une trentaine de manifestants se sont rassemblés au Mans ce matin devant les locaux de la MDPH. © Radio France - Victor Vasseur

L'allocation aux adultes handicapés, ni transformé ou supprimé

Ce que regrette Olivier, l'organisateur de la manifestation au Mans, ce sont les contrôles réguliers pour obtenir des allocations. Son fils de 25 ans est sourd : " Il fallait renvoyer tous les deux ou trois ans qu’il fallait renvoyer des dossiers. Mais je disais « on n’est pas allé à Lourdes, il n’y a pas eu de miracle, arrêtez de nous embêter pour des papiers. C’est à vie son handicap »."

En revanche, Olivier est soulagé par l’une des annonces d'Emmanuel Macron, l'allocation aux adultes handicapés ne sera pas transformée ou supprimée.

Vive la fête, l’électro par et pour les personnes en situation de handicap Le Télégramme – Brest – 13 février 2020

Vive la fête a été l’occasion de restituer des résultats d’ateliers menés autour de l’électro. (Team astro)

La troisième édition de « Vive la fête », organisée par la Carène et Astropolis, a eu lieu ce mercredi. La fête électro, spécialement pensée pour les personnes en situation de handicap, a été l’occasion de présenter des méthodes pour mixer différemment.

Pour la troisième fois, Astropolis et la Carène proposaient « Vive la fête » un événement organisé pour et par les personnes en situation de handicap. Une heure et demie de fête imaginée, cette année, avec An Avel Vor et la ville de Bohars.

Ils étaient plus de 130 résidents, issus d’une vingtaine d’instituts et de foyers finistériens, de La Roche-Maurice, Pencran, Dirinon, Ploudaniel… Tous avaient fait le déplacement, avec leurs accompagnants, jusqu’à la salle Roz- Valan, transformée pour l’occasion en piste étoilée. Sous les boules à facettes, et au milieu des plantes et ballons gonflés où l’on s’installe, l’excitation était palpable, car tous attendaient l’événement. Pour ceux qui pour la première fois, se sont produits en public, c’était le trac avant la fierté.

Première performance proposée : l’Instrumentarium, fruit de deux ans d’un travail initié par la Carène, l’association « Kogumi » et la Mutualité, puis François Joncour. La performance a présenté des instruments pensés et conçus en fonction des besoins spécifiques des cinq résidents participants au projet. Ces petits boîtiers (pour l’heure à l’état de prototypes) actionnent effets et samples enregistrés (voix, bruits de corn flakes etc.) pour créer des atmosphères sonores illustrant les univers respectifs. S’ensuivit plus d’une heure de danse, d’un plaisir évident ! Devant l’écran animé par les vidéos Daff, du studio Vïsü (scénographie et mise en lumières), et face à un public enthousiaste et curieux, des DJs de l’IME de Landerneau et des Genêts d’Or de Ploudalmézeau (GVL et Benny E respectivement avec Ali, 19 ans, et Lowrence, 45 ans, tous deux novices) ont présenté le fruit d’un atelier commencé en octobre. Deux Dj sets et des sourires après, si pour beaucoup la fête s’est achevée trop tôt, pour tous elle aura marqué les esprits, et créé des vocations, comme pour Nicolas, 21 ans, qui, dans le hall d’à côté, a fini par s’essayer au mix, lors de l’atelier de découverte dédié.