15 Ans De La Loi Handicap : Encore Un Long Chemin Pour Faire Évoluer Les Mentalités France Bleu Saint-Étienne Loire - Lorette - 10 Février 2020 - Par Margaux Caroff

15 Ans De La Loi Handicap : Encore Un Long Chemin Pour Faire Évoluer Les Mentalités France Bleu Saint-Étienne Loire - Lorette - 10 Février 2020 - Par Margaux Caroff

15 ans de la loi handicap : encore un long chemin pour faire évoluer les mentalités France Bleu Saint-Étienne Loire - Lorette - 10 février 2020 - Par Margaux Caroff Aujourd'hui on compte 12 millions de personnes en situation de handicap en France. 15 ans après la loi handicap, l'accessibilité reste un enjeu majeur. Du progrès reste encore à faire aussi dans les mentalités. Témoignage d'une ligérienne, handicapée moteur de naissance. Aujourd'hui le handicap, qu'il soit moteur, sensoriel ou mental, touche 12 millions de français © Maxppp - Franck Boileau Dans son fauteuil électrique, Rosette Iannuzzo, 47 ans, handicapée de naissance, a vu les choses évoluer depuis la loi handicap de 2005. En terme d'accessibilité il y a eu des avancées, mais elle regrette tout de même que cela ne soit pas réellement rentré dans les habitudes des français : "On préfère la solution de facilité, on se dit que c'est trop compliqué de mettre un logement en accessibilité, alors on choisit de créer des exceptions. Il faudrait que le principe de base soit de construire un bâtiment quel qu’il soit, prévu pour des personnes en situation de handicap." Changer les mentalités pour être considéré comme une citoyenne à part entière Au delà des difficultés d'accès ou de déplacement, ce qui agace cette habitante de Lorette c'est surtout les regards condescendants qu'elle croise encore trop souvent : "Si je suis accompagnée d'une personne valide, mon interlocuteur s'adressera d'emblée à elle plutôt qu'à moi. Quand on me voit, mon handicap moteur paraît assez lourd donc on se dit que je ne vais pas être capable de répondre à une question." Qu'il soit moteur, mental ou sensoriel, "le handicap est toujours synonyme d'incapacité intellectuelle" regrette-t-elle. "L'accessibilité au sens large" Rosette Iannuzzo, qui a été représentante territoriale pour l'Association des Paralysés de France pendant dix ans, milite pour un changement de mentalité dans notre société. Pour elle, l'accessibilité ne se limite pas aux obstacles physiques : "Ce n'est pas uniquement qu'une histoire de trottoirs, d'accès à la voirie, ou aux magasins, c'est l'accessibilité au sens large." Éternelle optimiste, elle se dit chanceuse d'avoir eu une éducation complète et des opportunités notamment grâce à son adhésion à l'APF. Mais cela reste insuffisant, aujourd'hui elle souhaite pour les jeunes générations de personnes en situation de handicap qu'il n'y ait plus de stigmatisation négative à leur égard : "Il faut absolument qu'on permette à la personne handicapée de trouver encore plus sa place qu'aujourd'hui et qu'on lui permette d'investir tous les domaines qu'elle souhaite." affirme-t-elle. Agnès Jaoui, mère de deux enfants "multi-dys" : Il est temps que notre regard sur le handicap change ! JDD – Société - 9 février 2020 – Par Juliette Demey TEMOIGNAGE - Mère de deux enfants "multi-dys", la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui déplore le manque d'information sur ces troubles cognitifs entraînant des difficultés de langage ou de développement moteur. Alors qu'Emmanuel Macron lance mardi son grand plan pour les droits des personnes handicapées, l'artiste Agnès Jaoui livre son regard sur le handicap. La comédienne réclame une meilleure reconnaissance des troubles "dys", qui touchent ses deux enfants. Voici son témoignage : "J'étais incroyablement ignorante sur les troubles 'dys' jusqu'à ce que je les rencontre avec mes enfants. 'Ils ne font pas d'efforts', me disais-je, y voyant une excuse de mauvais élève. Et c'est ce que j'ai entendu à la dernière réunion parents-profs au sujet de ma fille et de sa difficulté à lire en public : 'Elle ne fait pas d'efforts.' « Leur demander d'écrire sans faute, c'est exiger d'un unijambiste qu'il courre le 100-mètres ! » En réalité, le cerveau des 'dys' fonctionne différemment. Ils compensent avec plus d'efforts. Mon fils et ma fille, nés au Brésil, sont arrivés en France à 5 et 7 ans. Leurs difficultés sont apparues lors de l'apprentissage de la lecture. J'ai d'abord cru que cela venait du fait que le français n'est pas leur langue maternelle. Je ravalais des pensées horribles : 'Tu fais exprès! Tu es bête ou quoi?' Puis j'ai compris que de nombreux enfants souffrent des mêmes troubles : pour eux, B-A ne fera jamais BA. Leur demander d'écrire sans faute, c'est exiger d'un unijambiste qu'il courre le 100 mètres! Hélas, en France, l'orthographe, qui ne mesure en rien l'intelligence, reste discriminante dans un CV comme dans une lettre d'amour. Il a fallu un à deux ans pour obtenir le diagnostic, en multipliant les démarches auprès de profs souvent aussi peu informés que moi, avec un orthophoniste. Mon fils et ma fille sont 'multi-dys'. Malgré des progrès, cela reste un parcours du combattant. Il faut se répertorier à la Maison départementale des personnes handicapées. Certains ont voulu m'en dissuader, craignant de les stigmatiser. Enfant, on n'a pas envie d'assumer l'étiquette 'handicapé', surtout quand ce n'est pas visible. Le mépris reste immense. « En classe, ils ont subi des moqueries. Ils sont pourtant ingénieux – pour peu qu'on ne les brise pas. » La reconnaissance donne droit à des aides, comme des auxiliaires de vie scolaire, indispensables mais mal payés et trop peu nombreux. Au lycée, mes enfants doivent en partager un. Il existe aussi des aides financières pour des ordinateurs ou des logiciels. J'ai la chance de ne pas en avoir besoin. Outre l'orthophoniste deux fois par semaine, ils sont aidés au quotidien pour leur travail. En classe, ils ont subi des moqueries. Ils sont pourtant ingénieux – pour peu qu'on ne les brise pas. Entendre tous les jours qu'on est nul, c'est tragique pour l'estime de soi. Certains profs font un travail extraordinaire, mais la méconnaissance reste abyssale. Bien qu'hyperprivilégiée, je ressors laminée de 90% des réunions parents-profs, avec mon môme laminé. À chaque fois, il faut remonter la confiance. « En Angleterre, en Belgique ou au Canada, les 'dys' sont perçus comme 'haut potentiel » À 17 et 19 ans, mes enfants sont presque fiers de leur différence. En Angleterre, en Belgique ou au Canada, les 'dys' sont perçus comme 'haut potentiel'. Des génies auraient souffert de ces troubles, notamment Léonard de Vinci. Il est temps que le regard change en France!". Allocation adulte handicapé : les députés votent une valorisation contre l’avis du gouvernement Le Monde – 13 février 2020 - Par Manon Rescan Les députés LRM et MoDem ont été mis en minorité sur ce texte, qui rappelle que le Parlement dispose bien du pouvoir de faire la loi, dans une Ve République où il est, la plupart du temps, supplanté par l’exécutif. A l’Assemblée nationale, l’adoption d’un texte proposé et rédigé par des députés qui ne sont pas membres de la majorité gouvernementale est un phénomène rare. Qu’elle se fasse contre l’avis du gouvernement l’est encore plus. C’est pourtant ce qui est arrivé, jeudi 13 février, au Palais-Bourbon avec le vote d’une proposition de loi portant sur le handicap défendue par le groupe Libertés et territoires (un collectif hétéroclite de députés corses, centristes ou macronistes en rupture de ban). Les députés ont adopté en première lecture ce texte qui propose une individualisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et son déplafonnement. Il propose aussi de repousser à 65 ans l’âge limite pour percevoir la prestation de compensation du handicap (PCH). Ce vote singulier pourrait simplement rappeler que le Parlement dispose bien du pouvoir de faire la loi, dans une Ve République où il est, la plupart du temps, supplanté par l’exécutif. Mais cet épisode s’inscrit surtout dans une crise pour le gouvernement et la majorité, quinze jours après le vote controversé d’une autre proposition de loi – cette fois du groupe UDI, Agir et Indépendants (centre-droit) – concernant le congé pour parents endeuillés. Crise ouverte entre les députés et le gouvernement Le 30 janvier, des députés La République en marche (LRM) avaient mal vécu d’être inondés d’insultes sur leurs boîtes mail et les réseaux sociaux pour avoir rejeté l’allongement de ce congé à douze jours au lieu de cinq. Ils ont été accusés de manquer d’« humanité » par l’opposition et ils ont été brocardés au sein de leur propre famille politique pour avoir été trop loyaux à l’égard des consignes du gouvernement, ou trop « techniques » dans leur approche du texte. Le tollé provoqué dans l’opinion a conduit le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à intervenir pour rétropédaler. Cette semaine, les députés macronistes ont d’ailleurs fait connaître une série de propositions pour revenir sur leur vote et aller plus loin que la proposition de loi UDI, Agir et Indépendants. L’épisode du congé de deuil a surtout déclenché une crise ouverte entre les députés et le gouvernement, certains des premiers jurant de ne plus se fier aveuglément aux recommandations du second. Tous promettant de ne plus se faire prendre au « piège », disaient-ils, des « niches parlementaires », ces journées où chaque groupe politique a, environ une fois par an, l’initiative de l’ordre du jour et une opportunité de faire un « coup ». Fragilité d’une majorité rudoyée Tous les ingrédients étaient réunis pour qu’un nouveau tollé se produise jeudi dans l’Hémicycle. D’abord, une proposition de loi sur un sujet sensible : le handicap. Ensuite, une majorité justifiant son rejet en renvoyant la discussion à des réformes futures.

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