Mémoire De DEA De Droit De L'environnement
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Louis Meunier ! 21/12/10 18:34 Mis en forme: Tabulations : 1,5 cm, Left Mémoire de DEA de Droit de l’environnement Sous la direction de Mr. le Professeur Laurent Fonbaustier. Les nouveaux fondements constitutionnels du droit de l’environnement Les apports de la Charte de l’environnement à l’ordre juridique interne Ce mémoire a été soutenu le 3 septembre 2003 devant un jury composé de Monsieur le Professeur Yves Jégouzo et de Monsieur le Professeur Laurent Fonbaustier Nicolas Huten, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et de Paris II Panthéon-Assas, Année universitaire 2002-2003 1 Sincères Remerciements : A Monsieur le Professeur Yves Jégouzo A Maître Christophe Sanson A Marie-Agnès Irola Avertissement : La Charte de l’Environnement est encore à l’état de projet de loi constitutionnelle à la date d’achèvement du présent mémoire. Elle a pourtant déjà fait couler beaucoup d’encre et noirci d’innombrables feuilles de papier, notamment dans le cadre de la Consultation Nationale à laquelle elle a donné lieu. Afin de ne pas alourdir inutilement le coût environnemental paradoxal de ce texte condamnant « l’exploitation excessive des ressources naturelles » (cf. préambule de la Charte), ce mémoire a été imprimé recto verso en dépit des usages universitaires. Gageons que cette pratique de simple bon sens, initiée par une étudiante du DEA de droit de l’environnement des Universités de Paris 1 et 2, Laure Shabnam Anvar, saura s’imposer au moins dans la sphère universitaire. 2 Sommaire Première Partie La « floculation » tardive du droit constitutionnel de l’environnement en France ......................................................................... 16 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 15 Chapitre 1 Le long statut infra-constitutionnel des normes environnementales en France................................................................. 16 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 15 Section 1 Un statut maintenu en l’état au niveau national........... 17 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Section 2 Un statut partiellement compensé par le droit Supprimé: 16 communautaire et le droit international ............................................ 26 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 25 Chapitre 2 La gestation laborieuse de la Charte de l’environnement .......................................................................................... 34 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 33 Section 1 Le travail difficile de la Commission Coppens ............. 35 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Section 2 La correction et les arbitrages du Gouvernement....... 51 Supprimé: 34 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Deuxième Partie Une Charte prudente à la portée incertaine ........... 59 Supprimé: 50 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 58 Chapitre 1 Une Charte au contenu ambigu ......................................... 60 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 59 Section 1 Un contenu avant-gardiste du point de vue international .............................................................................................. 61 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Section 2 Un contenu modeste du point de vue interne............... 71 Supprimé: 60 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 70 Chapitre 2 Une Charte à la portée incertaine .................................... 102 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 101 Section 1 Une portée dépendant principalement du Conseil constitutionnel........................................................................................ 102 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Section 2 Une portée dépendant accessoirement d’autres Supprimé: 101 acteurs publics....................................................................................... 134 Louis Meunier ! 21/12/10 18:35 Supprimé: 133 3 Introduction « Quand je fouillais dans le sud de l’Ethiopie dans les années 60-70, je prenais l'eau (…) dans le fleuve Omo, et dans ce fleuve, l’eau était plutôt chargée de sédiments (…). Or, les indigènes m’avaient appris à l'éclaircir en utilisant les racines d'une mimosée, d'un épineux qu'ils appellent d'ailleurs joliment "Godjaguidoko" (…). Il fallait donc éplucher la racine et puis remuer lentement l'eau du fût comme on aurait remué avec une cuillère. Et le miracle s'opérait, en deux temps : l'eau s'éclaircissait d'abord doucement, peu à peu, de manière continue mais lente, et puis tout d'un coup, l'argile floculait et tombait au fond du fût et l'eau était étonnamment limpide, l'essentiel de son contenu solide s’étant sédimenté. Les soucis posés par l'entretien de l'environnement, en harmonie avec le développement des hommes et le confort de leur société, sont probablement apparus dans l'esprit des gens, il y a seulement quelques dizaines d'années, comme une pollution, comme un sédiment trouble en suspension. Beaucoup d’experts, beaucoup de personnes, beaucoup de personnalités, beaucoup d’associations responsables ont sonné l’alarme, souvent d'ailleurs de manière excessive, mais de manière sincère ou presque, et il convient de leur rendre hommage de toute manière. Ils ont recueilli la racine, l'ont épluchée, ont lancé le processus 1 de clarification de l'affaire et aujourd’hui, réjouissons-nous ! ça flocule ! » . Cette métaphore originale utilisée par le paléontologue Yves Coppens, président de la Commission chargée en juin 2002 de rédiger le projet de Charte de l’environnement, décrit particulièrement bien l’évolution de la prise en compte de l’environnement en France. En effet, il y a seulement vingt cinq ans, le Professeur Jean Untermaier écrivait « L’introduction d’un droit de l’homme à l’environnement, général et absolu, n’est guère concevable dans l’immédiat, en raison des bouleversements sociopolitiques et économiques qu’elle pourrait provoquer. Elle devrait être, en tout état de cause, précédée d’un vaste débat national »2. Et pourtant, le droit de l’homme à l’environnement sera une réalité dans quelques mois, dès que les deux chambres auront voté à la majorité simple et dans les mêmes termes le projet de loi constitutionnelle déposé par le Gouvernement le 27 juin 2003 devant l’Assemblée Nationale et que le Congrès l’aura adopté à la majorité des trois cinquièmes. Mais que s’est-il donc passé en vingt-cinq ans pour que la constitutionnalisation du droit de l’environnement devienne concevable, pour que « ça flocule » ? 1 Yves COPPENS in Actes du Colloque sur les enjeux scientifiques et techniques de la Charte de l’environnement, http://www.charte.environnement.gouv.fr/UPLOAD/images/187_592_ColloqueFin.pdf 2 J. UNTERMAIER, Droit de l’homme à l’environnement et libertés publiques. RJE 1978 N°4. p.357 4 Voyons d’abord comment l’idée de constitutionnaliser le droit de l’environnement s’est peu à peu imposée en France, avant d’examiner quelles ont été les étapes du processus d’élaboration de la Charte de l’environnement. La lente maturation du droit constitutionnel de l’environnement en France Pour reprendre la métaphore d’Yves Coppens (« l'eau s'éclaircissait d'abord doucement, peu à peu, de manière continue mais lente »), la période de décantation du droit constitutionnel de l’environnement a été assez longue : elle s’est faite de façon très progressive. La prise en compte de l’environnement en France par les pouvoirs publics remonte au début des années 1970 : le Gouvernement de Jacques Chaband-Delmas commande alors à la DATAR (cf. liste des abréviations) une étude sur l’état de l’environnement et sur les mesures de préservation à adopter. « Cent mesures pour l‘environnement » ont alors été avancées par cette administration dans un rapport élaboré sous la direction de Louis Armand. Ce rapport suggérait déjà l’inscription dans la Constitution du droit de l’homme à l’environnement : « L’heure est peut être venue d’établir une déclaration des droits de l’homme à un bon environnement. Un pays doit, en tous cas, poser à certains moments de son histoire les principes généraux qui doivent guider son action »3. Le Président de la République, Georges Pompidou, s’est également impliqué dans ce nouveau souci de prendre en compte l’environnement en déclarant à New York le 28 février 1970 : « il faut créer et répandre une sorte de morale de l’environnement s’imposant à l’Etat, aux collectivités, aux individus, le respect de quelques règles élémentaires faute desquelles le monde deviendrait irrespirable »4.La protection de l’environnement, au sens large du terme, est alors devenue à partir de cette époque un enjeu relayé dans la plupart des programmes politiques. Le programme électoral des deux principaux candidats aux élections présidentielles de 1974, François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing ont ainsi réservé une place non négligeable à ce sujet. Alors que François Mitterrand proposait de compléter le Préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 par une « Charte des libertés et des droits fondamentaux » comprenant le droit de l’homme à l’environnement, Valéry Giscard d’Estaing proposait 18 mesures de protection de l’environnement. 3 e Michel PRIEUR, Droit de l’environnement, 4 édition, Dalloz, Collection droit public science politique, p.60 4 Michel PRIEUR, op. cit., p.26 5 L’environnement fait alors l’objet de discours fondateurs dont le premier est celui du Garde des Sceaux Jean Lecanuet à l’occasion de l’inauguration du Tribunal de Grande Instance de La Roche-sur-Yon en 1976. Lors de ce discours, il a exhorté les magistrats français à sanctionner les atteintes à l’environnement « au même titre que certains actes qui depuis longtemps tombent sous le coup de la loi pénale »5. L’idée de constitutionnaliser le droit de l’environnement a par la suite été relayée dans d’autres discours majeurs de plusieurs personnalités politiques. En 1989, le Président de l’Assemblée Nationale, Laurent Fabius, a ainsi plaidé en faveur de la révision de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 pour y introduire « le droit fondamental de tout être humain à un environnement qui préserve sa santé, son équilibre, son bien-être et ceux des générations futures »6. Par la suite, le Premier ministre Edouard Balladur, candidat aux élections présidentielles de 1995, s’est engagé au Mont Saint Michel à faire inscrire, une fois élu, le droit à un environnement sain dans la Constitution7.