2002-3 Pages Int.Rieures.Indd
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116 Séance inaugurale du vendredi 19 avril 2002 Henry Roux-Alezais, président du Club de Marseille et de World-Med’ 2002 Robert Klapisch, président de l’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS) Émile Arrighi de Casanova, président de l’Institut de la Méditerranée Henry Roux-Alezais : est de valoriser le rôle de ce qu’on appelait du temps World-Med’ poursuit trois objectifs : conduire une des Romains, le mare nostrum, et en tant que facteur de réfl exion fondée sur l’observation scientifi que, faire une développement des territoires qui en dessinent le pourtour. proposition concrète, et ainsi créer une nouvelle dynami- Notre motivation profonde, traduisant celle de nos mem- que euro-méditerranéenne. La réfl exion et l’observation bres fondateurs, la Région, la Ville de Marseille, le Dépar- sont essentielles. Claude Bernard, qui est le père de la tement, la Chambre de commerce et la Caisse d’Épargne, méthode expérimentale (et de l’AFAS !), en a établi les était de faire en sorte que, travaillant en coopération de règles. Nous souhaitons, à travers trois réfl exions, dans plus en plus affi rmée, cet ensemble marqué du sceau de les trois espaces, scientifi que, humain et technologique, à l’histoire, de la culture, de la spiritualité s’affi rme parallè- la fois préciser notre connaissance de cette grande région lement et de plus en plus comme un facteur majeur d’art et essayer d’analyser les contraintes et les blocages à son de vivre et, en conséquence, d’équilibre et de paix dans un développement. univers mondialisé. Je suis heureux que le Club de Mar- La proposition est à la fois urgente et audacieuse. seille, dont le président, Henry Roux-Alezais, est le fonda- Urgente car la Méditerranée occidentale - l’Institut de la teur et l’animateur, travaille désormais en lien étroit avec Méditerranée, que préside Émile Arrighi de Casanova, l’a l’Institut de la Méditerranée. Je n’oublie pas d’ailleurs que bien montré - enregistre un décalage économique croissant le président Roux-Alezais a porté l’Institut de la Médi- entre ses deux rives, avec son cortège de frustrations, de terranée sur les fonds baptismaux, puisqu’il présidait la radicalisation, d’immigration. Audacieuse parce qu’il ne Chambre de commerce Marseille-Provence. s’agit pas de transférer au Sud les recettes du Nord, mais Les échanges auxquels vous allez procéder, sur la bien de promouvoir ensemble cet espace, en prenant appui société de la connaissance et des compétences, ne man- sur les leviers actuels du développement, c’est-à-dire la queront pas d’enrichir nos propres réfl exions et nos tra- connaissance et la compétence. La dynamique que nous vaux. Ceci, je tiens à le rappeler expressément, exprime allons initier est une première ; elle consiste à mettre les notre volonté de ne pas laisser le processus de Barcelone hommes au cœur de la mondialisation et non pas à les lais- fi gurer au rang des simples déclarations d’intention. Grâce ser se développer sans se préoccuper de leur existence. aux compétences et à l’autorité reconnue du professeur Il y a 10 ans, nous créâmes un Club de Marseille sur Reiffers, qui est le président de notre conseil scientifi que, un thème qui épargnait l’homme ; aujourd’hui, nous invi- plusieurs rapports sur la Méditerranée ont été élaborés ; le tons les acteurs de cette grande région euro-méditerra- dernier, datant de moins de 2 ans, s’intitulait : «La Médi- néenne à partager une même ambition, une volonté com- terranée, 20 ans pour réussir». Ce rapport met l’accent sur mune, à l’image de nos prédécesseurs qui, en 1950, ont les potentialités existantes et la manière de les transfor- eu l’audace d’édifi er la Communauté du charbon et de mer en réalités stimulantes, afi n que le grand ensemble l’acier pour initier le mouvement européen ; et il aura euro-méditerranéen, autrement dit la collaboration entre fallu 50 ans pour que l’Europe soit, mais elle n’est pas la rive Sud de l’Europe et la rive Nord de l’Afrique, sans encore politiquement terminée. À leur image, nous vou- oublier le Proche et le Moyen-Orient, aboutisse à la for- lons construire la Communauté méditerranéenne de la malisation d’un pôle capable de faire de la mondialisa- connaissance et des compétences pour promouvoir un tion, non la domination d’une puissance, mais l’avène- espace euro-méditerranéen de paix et de prospérité. C’est ment d’une ère de stimulations enrichissantes dans le res- un défi que nous nous fi xons parce que nous sommes con- pect des personnes et le souci constant de la paix. vaincus qu’il est à la mesure des exigences actuelles ; Sur un plan plus concret, l’Institut de la Méditerra- c’est aussi un engagement que nous prenons d’apporter née a noué avec la Commission européenne des relations toutes nos contributions pour bâtir un avenir en commun. ayant permis, en partenariat avec le forum du Caire sur la recherche économique, d’amener une centaine d’instituts Émile Arrighi de Casanova : économiques de recherche, implantés dans les 15 pays de Le colloque qui nous réunit aujourd’hui est, pour l’Ins- l’Union européenne et les 12 pays tiers méditerranéens. titut de la Méditerranée, une initiative d’intérêt majeur. Les résultats obtenus ont paru suffi samment prometteurs Elle se situe dans le droit fi l de notre raison d’être qui de collaborations, encore plus stimulantes dans l’ordre de Séance inaugurale du 19 avril 2002 Sciences, 2002-3/4, 3e et 4e trimestre 2002 117 l’effi cacité économique que la première convention avec 119e congrès, a décidé de venir apporter aujourd’hui son l’Union européenne, qui, venue à expiration en 2001, concours à cette formation de la Communauté méditer- vient d’être renouvelée pour une période de 4 ans. C’est ranéenne de la connaissance et des compétences. Nous dire l’intérêt que porte l’Institut de la Méditerranée à l’ini- sommes une société savante et nous avons décidé, il y tiative du Club de Marseille de promouvoir une société de a quelque temps, que, sans rien perdre de notre sérieux, la connaissance et des compétences en Méditerranée. nous devions nous consacrer à un dialogue entre la Une première raison de cet intérêt tient à la fi nalité communauté scientifi que et les problèmes de la société de cette société qui devrait mettre en lumière toutes les civile. C’est pourquoi, pour notre congrès, nous avons potentialités des deux rives, leurs capacités de complé- été séduits par la vision d’Henry Roux-Alezais et de ses mentarité stimulante et d’élévation du niveau d’activité et collègues marseillais de regarder ce problème qui nous donc de génération d’entreprises et par voie de connais- interpelle, auquel nous ne pensons pas tous les jours, du sance, d’emplois, non pas au détriment de la rive Sud, développement inégal entre les deux rives de la Médi- mais pour la stimulation particulièrement réconfortante terranée. Nous avons pensé que notre contribution pou- de cette rive. Une deuxième raison est la valorisation vait être celle de scientifi ques pour lesquels le partage du parallèle des compétences de ceux et celles qui, sur les savoir est nécessité. territoires concernés, peuvent être les responsables, les En effet, comme on vous l’a rappelé, les actes de la opérateurs et donc générateurs d’un art d’y vivre, avec société civile sont souvent des précurseurs des formalités satisfaction pour le présent et ambitions pour l’avenir. entre les États. On vous a cité l’exemple du charbon et de Voilà deux objectifs qui sont dans le droit fi l de nos mis- l’acier. Un autre exemple contemporain de la CECA, éga- sions ; l’approfondissement qui résultera de vos débats lement antérieur à la signature du traité de Rome, a été nous donnera des atouts supplémentaires pour répondre à la fondation du CERN, à Genève, premier institut où l’on l’attente de nos créateurs, de nos partenaires et de toutes partageait d’abord des outils, ensuite de la connaissance, celles et ceux qui, dans les territoires concernés, aspirent et qui, aujourd’hui, est devenu le premier laboratoire du à des réalisations concrètes. monde. Cet endroit avait ceci de particulier que, d’une Je tiens à vous dire, de plus, que nous considérons part, vous aviez des Français, des Anglais, des Allemands cette rencontre comme le préalable à une conférence poli- qui, au sortir d’une guerre cruelle, s’étaient mis à travailler tique que nous envisageons de réaliser d’ici la fi n de l’an- ensemble, mais qu’ensuite, dans les années soixante et née 2002 et au cours de laquelle nous nous attacherons soixante-dix, au plus fort de la guerre froide, on y trou- à impliquer la Banque mondiale dans la concrétisation vait des scientifi ques de l’Union soviétique et de l’ancien du partenariat euro-méditerranéen. Avec le concours de bloc de l’Est. À travers des progrès scientifi ques, se sont celle-ci, nous avons tous l’espoir d’aboutir à fi nancer la tissés ainsi des liens personnels dont je dirais qu’ils ont mise en œuvre de projets de terrain, générateurs d’une eu une infl uence non négligeable sur l’évolution interne de nouvelle dynamique de développement. l’Union soviétique et l’avènement d’un monde aujourd’hui Je voudrais terminer ces quelques mots d’introduc- plus éloigné de la catastrophe nucléaire. tion en évoquant un souvenir remontant à une quinzaine Alors, est-ce que cela peut se reproduire, pour obvier d’années et qui m’a profondément marqué.