A La Recherche Du Temps Perdu : La Metafiction De La Metaphore
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A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU : LA METAFICTION DE LA METAPHORE By JUAN WANG B.S. Nankai University, People‟s Republic of China, 1985 M.S. Purdue University, 1989 Ph.D. Purdue University, 1996 M.A. Purdue University, 2003 A thesis submitted to the Faculty of the Graduate School of the University of Colorado in partial fulfillment of the requirement for the degree of Doctor of Philosophy Department of French and Italian 2010 This thesis entitled: A la Recherche du temps perdu : La métafiction de la métaphore written by Juan Wang has been approved for the Department of French and Italian _______________________________________________ Professor Warren Motte, Chair of the Advisory Committee _______________________________________________ Professor Elisabeth Arnould-Bloomfield Date______________________ The final copy of this thesis has been examined by the signatories, and we find that both the content and the form meet acceptable presentation standards of scholarly work in the above mentioned discipline iii Wang, Juan (Ph.D., Department of French and Italian) A la recherche du temps perdu : La métafiction de la métaphore Thesis directed by Professor Warren Motte A la recherche du temps perdu de Marcel Proust fait l‟objet de nombreuses critiques littéraires depuis sa première publication. La métaphore occupe une place privilégiée dans ces études : la diversité et la spécificité de la métaphore proustienne, ainsi que ses fonctions descriptive, diégétique et narrative, ont été discutées par bien des critiques. D‟autres ont signalé l‟aspect autoréflexif de la Recherche en y découvrant une source foisonnante d‟idées esthétiques. Cependant, le rapport entre la métaphore et l‟autoréflexivité proustiennes n‟a pas encore été traité de manière systématique. Mon étude démontre, pour la première fois, le lien étroit entre la métaphore et l‟autoréflexivité proustiennes. Je relève d‟abord des réflexions théoriques thématisant la conception de l‟œuvre d‟art comme métaphore. Ensuite, j‟analyse la fonction autoréflexive de certaines métaphores qui servent de technique de mise en abyme. Finalement, je me concentre sur une autre forme de métaphore, à savoir la réminiscence, sur laquelle se modèle la lecture aussi bien que la narration. Tout en soulignant la fonction autoréflexive de la métaphore proustienne, mon étude s‟étend à d‟autres formes d‟autoréflexivité (notamment l‟autoréflexivité narrative et linguistique), qui caractérisent la métafiction postmoderne, et qui semblent avoir échappé à toute analyse rigoureuse. Par là, mon étude à la fois rend hommage à la Recherche en tant que précurseur de la métafiction postmoderne, et la resitue d‟emblée au sein de la littérature moderne. Ainsi se trouve confirmée la position d‟« entre deux » de la Recherche Ŕ postulée par certains critiques Ŕ dans une nouvelle perspective, celle de l‟autoréflexivité. iv CONTENTS INTRODUCTION………………………………………………………………………………...1 CHAPITRE I. METAPHORE METAFICTION………………………………………………...16 La métaphore et la littérature………………………………………………………...16 Les théories de la métaphore…………………………………………………………19 Les théories de la métafiction………………………………………………………..25 CHAPITRE II. L‟ŒUVRE D‟ART COMME METAPHORE………………………………….38 Les spécificités de la métaphore proustienne………………………………………..38 La métonymie et l‟écart dans la métaphore proustienne…………………………….39 L‟écart et la métonymie dans la conception proustienne de l‟œuvre d‟art…………..45 CHAPITRE III. LA MISE EN ABYME Ŕ LA METAPHORE AUTOREFLEXIVE…………..85 Une définition de la mise en abyme…………………………………………………85 Les catégories de la mise en abyme et leur fonction métafictionnelle……………....87 La mise en abyme transcendantale………………………………………90 La mise en abyme du code de l‟écriture …………...……………………92 La mise en abyme du code de la lecture…………………………………95 La mise en abyme du texte……………………………………………...103 La mise en abyme de l‟énonciation…………………………………….105 La typologie de la mise en abyme et sa fonction métafictionnelle………………….111 CHAPITRE IV. L‟AUTOREFLEXIVITE NARRATIVE COUVERTE………………………125 A la lumière de la narratologie……………………………………………………...128 L‟autoréflexivité narrative à travers les modèles métafictionnels………………….139 La narration métaphorique………………………………………………………….147 v CHAPITRE V. L‟AUTOREFLEXIVITE LINGUISTIQUE……………………………….167 L‟autoréflexivité linguistique explicite……………………………………………..168 La primauté du langage et d‟autres systèmes sémiotiques……………..168 L‟autoréflexivité textuelle………………………………………………176 La parodie et le pastiche………………………………………………..178 Les jeux de mots………………………………………………………..181 Les étymologies………………………………………………………...184 Le nom propre ou la distinction entre le signifié et le référent ………...191 L‟autoréflexion linguistique couverte……………………………………………...195 Le jeu de mots producteur du texte……………………………………..195 La nature métalinguistique de la métaphore……………………………199 CONCLUSION………………………………………………………………………………....207 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………...219 1 INTRODUCTION Presqu‟un siècle après sa première publication, A la recherche du temps perdu de Marcel Proust fait encore l‟objet de nombreuses études critiques. Parmi ces dernières, celles sur la métaphore occupent une place privilégiée. Pourtant, la plupart des critiques qui ont écrit sur la métaphore chez Proust ne la traitent que comme une question de technique ou de style,1 bien que Proust lui-même proclame que le style soit une vision du monde.2 Comme les critiques sont unanimement d‟accord sur le fait que la métaphore caractérise le style dans la Recherche, la métaphore équivaut à la vision du monde proustienne. Selon Proust, cette vision métaphorique ne peut se traduire que par l‟œuvre d‟art.3 Ainsi, d‟une manière indirecte, un rapport d‟analogie s‟établit entre la métaphore et l‟œuvre d‟art. La métaphore n‟est plus une technique employée pour représenter le monde réel, mais une réflexion de l‟œuvre d‟art. La conception proustienne de l‟œuvre d‟art comme métaphore converge avec la théorie de la métaphore selon Paul Ricœur, pour qui la métaphore est un « poème en miniature ».4 Cette fonction autoréflexive de la métaphore rejoint les théories métafictionnelles postmodernes. La Recherche de Proust fournit ainsi un champ de rencontre entre la métaphore et la métafiction. Les diverses manifestations et techniques de cette rencontre feront l‟objet principal de ma présente étude. Avant d‟analyser les diverses manifestations et techniques de cette rencontre dans la Recherche, je vais d‟abord retracer l‟évolution de la critique sur la métaphore proustienne, en commençant par ses débuts stylistiques, en passant par la notion du style comme vision du monde, pour aboutir à ses nouveaux tournants métafictionnels. Ce trajet critique correspond, bien que de façon rétrospective, à une évolution théorique de la littérature Ŕ de la conception de la littérature comme représentation du monde à celle de l‟œuvre d‟art en tant que vision du monde en rupture avec la perception habituelle. 2 Parmi les études sur la métaphore stylistique proustienne, les deux ouvrages de Stephen Ullmann, par leurs analyses les plus systématiques et les plus approfondies, par la place fondamentale et historique qu‟ils occupent parmi les études sur ce sujet, et avant tout, par leur annonciation implicite de l‟approche métafictionnelle, méritent d‟être présentés ici en détail. Dans son premier livre, Style in the French Novel, la métaphore ou l‟image en général est traitée dans le cadre plus large du style. L‟approche d‟Ullmann ici est d‟intégrer les deux écoles de la stylistique Ŕ celle qui est fondée sur la linguistique saussurienne et traite le style comme ressources expressives de la langue, et celle qui considère le style comme l‟expression artistique originale de chaque écrivain. La première adopte une perspective structurale basée sur la présence des expressions équivalentes dans la langue, telle que la synonymie, tandis que la deuxième implique une démarche psychologique centrée sur le choix spécifique de chaque auteur. Par conséquent, l‟école structurale puise dans les ressources linguistiques, tandis que l‟école individuelle se focalise sur les ouvrages littéraires. Pour les stylisticiens structuraux, le style est plutôt une technique expressive visant à exprimer, par connotation, certains tons ou certaines émotions. Pour ceux de l‟école littéraire, le style est l‟expression de la vision de l‟écrivain. Ullmann cite Flaubert et Proust comme illustrateurs de la deuxième école : Flaubert was even more categorical : « le style », he proclaimed, « est à lui tout seul une manière absolue de voir les choses. » These ideas were developed by Proust into an ingenious theory. In his view, whatever a great artist writes has his own unmistakable hallmark because he will extract from each objet those elements which are congenial to him and have an affinity to his own mind. In this sense, style is inimitable. (2) Cette tentative d‟intégrer les deux écoles stylistiques réclame une place primordiale pour l‟image parmi toutes les ressources stylistiques, car l‟image « takes us to the very heart of an 3 author‟s style. It is the field where his creative power has full scope, untrammeled by linguistic conventions » (16). La primauté de l‟image dans la stylistique est analysée d‟une manière plus nuancée dans The Image in the Modern French Novel, par le même auteur : Firstly, there is the factor of choice which has been recognized as fundamental to any stylistic study. In the field of vocabulary and grammar, a writer can choose only between a limited numbers of alternatives for the expression of the same idea. In the field